vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 28 ; De ceux, qui souvent repris, ne veulent pas s’amender. écrit le 12 décembre 2024
Verset(s) :

1. Si un frère a été fréquemment repris pour une faute quelconque, si même après excommunication il ne s'amende pas, on lui infligera une punition plus rude, c'est-à-dire qu'on lui fera subir le châtiment des coups.

2. S'il ne se corrige pas non plus par ce moyen, ou que même, ce qu'à Dieu ne plaise, il se laisse emporter par l'orgueil et veuille défendre sa conduite, alors l'abbé agira comme un médecin sagace :

3. s'il a appliqué tour à tour les cataplasmes, l'onguent des exhortations, la médecine des divines Écritures, enfin le cautère de l'excommunication et des coups de verge,

4. et s'il voit que son industrie ne peut plus rien désormais, il aura encore recours à un remède supérieur : sa prière pour lui et celle de tous les frères,

5. afin que le Seigneur, qui peut tout, procure la santé à ce frère malade.

6. S'il ne se rétablit pas non plus de cette façon, alors l'abbé prendra le couteau pour amputer, comme dit l'Apôtre : « Retranchez le pervers du milieu de vous » ;

7. et encore : « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille »,

8. de peur qu'une brebis malade ne contamine tout le troupeau.

Commentaire :

Ce chapitre nous fait bien sentir la tension qui existe toujours dans n’importe quelle vie en société, entre la recherche du bien de la personne et recherche du bien du groupe ici, de la communauté. Et comme déjà dans le chapitre lu hier, les deux images christiques associées à l’abbé, celles du médecin et du pasteur, éclairent bien cette tension. L’abbé médecin a le souci de la santé du frère. Il déploie toute son « industrie » pour rejoindre le frère qui s’isole de plus en plus dans le désir de justifier sa conduite. Après, les exhortations, les divines Ecritures, l’excommunication et les coups de verge, il met en œuvre une prière plus instante à laquelle tous les frères se joignent. La prière d’intercession est ici présentée comme le remède supérieur, montrant combien la conversion du frère reste toujours en dernier recours une œuvre de la grâce… Mais si le frère s’obstine, l’abbé pasteur se doit de prendre une mesure radicale pour se séparer d’un frère qui pourrait faire du tord à toute la communauté. L’abbé pasteur ne doit alors jamais oublier sa responsabilité du bien de tout le troupeau et prendre des décisions parfois bien difficiles.

Bien de la personne, bien de la communauté… Il me semble que plus la communauté est forte et unie dans son désir de se donner à la vie monastique, plus elle peut porter des frères en peine sans être trop fragilisée dans son élan. Car la communauté est ce milieu porteur, « matricielle », qui est fort d’une histoire et d’une tradition. Si cette tradition reste vivante, toujours en quête de sa propre justesse, elle transmet vraiment la vie à chacun. Greffé au tronc communautaire, chacun de nous, avec ses faiblesses et ses lenteurs à nous convertir y reçoit une énergie que l’on ne soupçonne pas toujours. Mais dans le même temps, que serait le corps communautaire sans la part apportée par chacun de ses membres ? On mesure alors combien, chacun, nous sommes responsables du bien de tous, par le don que nous faisons de nous-même. Nous extraire du corps communautaire, c’est lui porter un préjudice certain. Nous le privons d’une énergie précieuse, celle que l’Esprit Saint insuffle en nous pour notre bien et celui de tous. De même notre tiédeur ou nos compromis peuvent être autant de freins mis à l’action de l’Esprit en nous et dans la communauté. Cet équilibre entre bien de la personne et bien de la communauté peut parfois nous éprouver lorsqu’on a le sentiment qu’on en fait beaucoup pour un frère en peine. Essayons alors d’ouvrir les yeux, et sur ce dont nous sommes nous-mêmes les grands bénéficiaires de la part de la communauté, et sur notre part à apporter pour que la communauté reste bien vivante.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 27 ; Combien l’abbé doit avoir de sollicitude pour les excommuniés. écrit le 11 décembre 2024
Verset(s) :

1. C'est avec toute sa sollicitude que l'abbé prendra soin des frères délinquants, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

2. Aussi doit-il user de tous les moyens comme un médecin sagace ;: envoyer des senpectas , c'est-à-dire des frères anciens et sagaces,

3. qui comme en secret consoleront le frère hésitant et le porteront à satisfaire humblement, et le « consoleront pour qu'il ne sombre pas dans une tristesse excessive »,

4. mais comme dit encore l'Apôtre : « Que la charité s'intensifie à son égard », et que tous prient pour lui.

5. En effet, l'abbé doit prendre un très grand soin et s'empresser avec tout son savoir-faire et son industrie pour ne perdre aucune des brebis qui lui sont confiées.

6. Qu'il sache en effet qu'il a reçu la charge des âmes malades, non une autorité despotique sur celles qui sont en bonne santé.

7. Et qu'il craigne la menace du prophète, par laquelle Dieu dit : « ;Ce qui vous paraissait gras, vous le preniez, et ce qui était chétif, vous le rejetiez. »

8. Et qu'il imite l'exemple de tendresse du bon pasteur, qui abandonnant ses quatre-vingt-dix-neuf brebis sur les montagnes, partit à la recherche d'une seule brebis qui s'était perdue ;

9. sa misère lui fit tellement pitié, qu'il daigna la mettre sur ses épaules sacrées et la rapporter ainsi au troupeau.

Commentaire :

En retrouvant ce chapitre majeur de notre règle, me revenait à l’esprit la belle conviction que nous offre la liturgie de la vigile pascale, lorsque dans « l’Exultet » on chante « heureuse faute qui nous valut un tel rédempteur ». Le mystère du mal qui s’est acharné sur le Christ, pour le maltraiter, le faire souffrir et finalement le tuer, a dévoilé en filigrane d’abord, puis dans la lumière du matin de Pâques, la profondeur de l’amour rédempteur du Christ. Il n’a pas subi la passion. Il s’est livré à son mouvement mortifère, animé par son amour qui a réalisé une œuvre plus puissante que l’œuvre de la mort. S’est opéré alors le salut, le rachat, l’effacement de la dette et la victoire sur le mal qui jusqu’alors semblait avoir le dernier mot. Mutatis mutandi, ne peut-on pas dire à propos du frère excommunié de ce chapitre, mais aussi de tout frère pris dans les affres du mal ou du renfermement sur soi : heureuse faute…. Non pas qui nous valut un tel rédempteur, mais qui vient exciter l’abbé et la communauté à aller chercher en eux des ressources spirituelles peut-être un peu endormies jusqu’alors.

S’il n’y a qu’un Rédempteur le Christ, dans la pensée de Benoit, l’Abbé médecin et pasteur, lui est étroitement associé. L’Abbé et la communauté deviennent l’instrument du Christ vis-à-vis du frère en peine. Ils sont comme le « prolongement » de son cœur pour reprendre des mots entendus hier au réfectoire dans l’encyclique du Pape François, « Dilexit nos ». Je le cite : « Notre coopération peut permettre à la puissance et à l’amour de Dieu de se répandre dans nos vies et dans le monde, tandis que le rejet ou l’indifférence peuvent l’empêcher (192) ». Oui, lorsque nous voyons un frère qui peine, qui a perdu ses repères dans le cadre monastique, peut-être nous faut-il apprendre à entrer dans une nouvelle dynamique spirituelle. Au lieu de nous lamenter, ou pire encore de juger le frère au nom de la Ste Observance de la Règle, regarder le Christ « doux et humble de cœur » et apprendre de lui à déployer les trésors d’amour et de miséricorde qu’il a déjà mis en nous depuis notre baptême. Cet amour pour le frère prendra chez certains la forme d’une parole bienveillante qui encourage, ou bien celle d’un geste qui manifeste la fraternité sans jugement. Pour tous, cet amour est appelé à prendre la forme d’une prière plus instante pour le frère qui peine, une prière dont la première vertu est de transformer notre cœur en un cœur compatissant. Un cœur, dirait le pape François, qui « se sent de plus en plus frère de tous les pécheurs du monde, …davantage frère, sans aucun sentiment de supériorité ou de dureté de jugement, mais toujours avec le désir d’aimer et de réparer (190) ». Oui, apprenons à entrer dans cette attitude du cœur, la seule dont notre frère qui peine a vraiment besoin…

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 26 ; De ceux qui entrent en rapport avec les excommuniés sans permission. écrit le 10 décembre 2024
Verset(s) :

1. Si un frère se permet, sans permission de l'abbé, d'entrer en rapport avec un frère excommunié de n'importe quelle façon, ou de lui parler ou de lui faire parvenir un message,

2. il subira une peine d'excommunication similaire.

Commentaire :

Ce chapitre un peu surprenant pour nous reste cependant bien dans la logique de la mesure de l’excommunication. Il s’agit de faire ressentir fortement au frère excommunié, l’isolement dans lequel il s’est mis par sa faute ou son obstination. Dans notre contexte qui est différent de celui de Benoit, nous pourrions peut-être entendre et formuler la question autrement. Comment nous aider les uns et les autres à ne pas nous laisser entrainer dans la négligence, voire dans le mal ? Ou posée positivement, la question pourrait être : comment nous nous tirons les uns et les autres vers le haut ? Notre vie monastique a ceci de particulier, c’est d’être faite d’un ensemble de pratiques et de coutumes qui veulent nous vivifier tous les domaines de la vie, et nous garder tournés vers le Seigneur, nous convertir à Lui. La monotonie ainsi que la fatigue des jours et des années peuvent émousser notre désir et nous rendre plus tièdes dans notre élan. Et le plus dommageable serait qu’on s’entraine mutuellement à une certaine médiocrité, qu’on s’habitue ensemble à une certaine insouciance ou nonchalance.

Comment donc nous entraider dans le maintien d’un tonus communautaire de don et de générosité ? La question est à la fois personnelle et communautaire. Personnelle dans la quête qui essaie de ne pas relâcher, quoi ? son effort ? pas sûr. Je dirai plutôt son désir : le désir de se donner, désir qui nous vient à l’origine du Seigneur qui l’a mis en nous par son appel. Désir convient mieux qu’effort, car parfois lorsque la fatigue est là, l’effort semble insuffisant. Par contre le désir, lui peut se conjuguer avec notre faiblesse et notre fatigue. Ces dernières reconnues et priées pour demander l’aide du Seigneur, et la patience des frères, n’empêchent pas le frère d’exprimer par sa présence fidèle son désir de se donner, comme il est maintenant. Communautairement, comment nous entraider ? En veillant à ne pas s’habituer à transgresser certaines règles. Je pense au silence en certains endroits, en s’aidant en allant parler dans les lieux adéquats, en ne nous habituant pas à être en retard à la prière, à la table ou aux rencontres communautaires, en étant capable de mettre la main à la pâte pour un service ou un nettoyage qu’il ne nous revient pas normalement de faire, en faisant tomber une manière un peu fonctionnaire de se cantonner à son seul travail, sans vouloir à l’inverse se mêler de tout, en essayant d’être toujours ouverts, disponibles… Ici, comme dans une course de relais, l’élan reçu du frère qui s’engage un peu plus hors de sa zone de confort m’aide à mon tour à sortir davantage de moi-même… La générosité est contagieuse et très génératrice d’énergie pour nous tirer tous vers le haut. Avec le psalmiste, demandons : « Que l’esprit généreux me soutienne » (Ps 50, 14).

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 25 ; Des fautes graves écrit le 05 décembre 2024
Verset(s) :

1. Quant au frère qui est coupable de faute grave, il sera exclu à la fois de la table et de l'oratoire.

2. Aucun frère n'entrera aucunement en rapport avec lui sous forme de compagnie ou d'entretien.

3. Qu'il soit seul au travail qu'on lui aura enjoint, persistant dans le deuil de la pénitence, sachant cette terrible sentence de l'Apôtre :

4. « Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur. »

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul, dans la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées convenables pour lui.

6. Personne ne le bénira en passant, pas plus que la nourriture qu'on lui donne.

Commentaire :

« Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur ». En reprenant cette citation de Paul aux Corinthiens (1 Co 5,5) tout en omettant la mention à Satan, Benoit s’inscrit dans la même logique. De même que Paul demandait de ne pas prendre son repas avec un homme coupable d’inceste, de même ici, il ne veut ni qu’on ne mange avec un frère coupable de fautes graves, ni qu’on le bénisse. Cette mesure d’excommunication semble donc s’apparenter à ce que Paul nomme la « mort de la chair ». Le frère, éprouvant dans tout son être comme une mort, pourra peut-être se réveiller, changer son attitude d’endurcissement et se convertir.

Cette expression « mort de la chair » pour expliciter la mise à l’écart de la communauté est parlante. C’est comme si on amputait un membre, et qu’on le laissait sans lien avec le corps…Il dépérit. Il se détruit. Nous savons tous que si un jour, nous avions un membre coupé (un doigt, la langue, une main) il faudrait tout faire pour le récupérer vite et le protéger en vue d’une opération éventuelle qui pourrait recoudre et réparer le dommage. Un frère qui est excommunié, ou qui s’excommunie, est un frère en danger de mort. Il perd son lien vital avec la communauté, ce corps d’où il tire sa substance. Cette réalité extrême peut nous faire réfléchir sur la grandeur et la valeur du lien de communion entre nous. Nous sommes membres d’un même corps duquel nous nous recevons, et auquel nous nous donnons. C’est dans un même mouvement que nous nous recevons et que nous nous donnons. Si nous refusons de nous recevoir de la communauté en acceptant la vie qu’elle nous propose, de la manière qu’aujourd’hui elle la vit, nous risquons d’exténuer et de fragiliser le lien de communion. Finalement, nous risquons de nous isoler et de ne plus nous donner, ou de nous donner à moitié. Certain réflexe de bouderie ou de murmure ou de peur sont souvent la manifestation de cela. Vivre la communion entre frère est vraiment une affaire à re-choisir jour après jour. Elle est le beau et rude combat de la charité qui regarde la réalité, non d’abord à partir de soi, mais à partir des autres. « Personne ne recherchera ce qu’il juge être son avantage, mais plutôt celui d’autrui » (RB 72, 7), on pourrait ajouter, chercher le bien du corps. Cette recommandation de Benoit peut être une bonne boussole pour demeurer des vivants dans la communion à construire.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 24 ; Quelle doit être la gravité de l’excommunication ? écrit le 04 décembre 2024
Verset(s) :

1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.

2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.

3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.

4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :

6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,

7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.

Commentaire :

Lorsque qu’un frère commet une faute légère, Benoit demande de prendre des mesures d’excommunication au réfectoire et à la prière commune. Pourquoi en ces deux lieux plus spécifiquement ? Dans un de ses commentaires de ce chapitre, le P. Denis dit que « l’office commun et la table commune sont les deux endroits privilégiés où va se jouer l’office médicinal de la communauté » (Ecoute 1964, Comtaire RB p 337). « L’office médicinal de la communauté ». L’expression est suggestive. C’est par la privation, que ce travail de guérison va s’exercer. Autrement dit, St Benoit recommande la diète, le manque pour guérir quelque chose qui a été de l’ordre d’une enflure, l’enflure de l’orgueil par laquelle le moine s’est montré récalcitrant, désobéissant ou murmurateur, comme le précédent chapitre l’énumérait. Par la diète, le frère n’a plus sa place active à l’office dans la psalmodie et les lectures, et il prendra ses repas seul après tout le monde. Apparait alors la solitude dans laquelle il s’est mis par son entêtement. En l’isolant un peu plus, on veut le secouer. Si la prière commune et le repas peuvent jouer ici exceptionnellement un rôle médicinal, c’est parce fondamentalement ils sont les lieux nourriciers de notre communion fraternelle. Là, jour après jour, notre communion se construit à notre insu par la présence active et bien réelle au partage de la Parole et au partage du pain.

Ensemble, nous sommes nourris par les psaumes récités et la Parole entendue, ainsi que par la nourriture reçue et les lectures écoutées. Si chacun refait ses propres forces, nous nous refaisons ensemble dans une action accomplis de concert. Et nous nous refaisons les uns par les autres. Mystère d’une communion qui se réalise sans que l’on sache trop comment, mais que l’on mesure cependant mieux lorsqu’un ou plusieurs frères sont absents. Ces absences nous font toucher du doigt combien être ensemble en ces deux moments privilégiés n’est pas facultatif ou optionnel. On ajouterait volontiers le lieu de chapitre et des rencontres communautaires. Là, ensemble nous avons rendez-vous, pour être faits ensemble et les uns par les autres. Ensemble, à la manière de la pâte du pain mis au four, nous nous élevons, nous prenons notre mesure de personne et de corps communautaire. Dans la foi, nous reconnaissons là une œuvre divine que nos seules forces humaines ne suffiraient pas à déployer. Car il ne suffit pas d’être présent au même moment et au même endroit pour que quelque chose se passe. Il faut que chacun vienne là avec le désir d’être là pour écouter, pour faire attention aux voisins, pour chanter ensemble et manger en s’attendant. Il nous revient à chacun de nous laisser guider par l’Esprit, par ce Souffle bienfaisant, qui veut nous rendre un peu plus nous-mêmes en étant un peu plus avec et pour les autres.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 22 ; Comment les moines dormiront. écrit le 23 novembre 2024
Verset(s) :

1. Ils auront chacun un lit pour dormir.

2. Ils recevront, par les soins de leur abbé, une literie adaptée à leur ascèse personnelle.

3. Si faire se peut, tous dormiront dans un même local. Si leur grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt avec leurs anciens, qui veilleront sur eux.

4. Une lampe brûlera continuellement dans cette pièce jusqu'au matin.

5. Ils dormiront vêtus et ceints de ceintures ou de cordes, pour ne pas avoir de couteaux à leur côté pendant qu'ils dorment, de peur qu’ils ne blessent le dormeur pendant son sommeil,

6. et pour que les moines soient toujours prêts et que, quand on donne le signal, ils se lèvent sans attendre et se hâtent de se devancer à l'œuvre de Dieu, mais en toute gravité et retenue.

7. Les frères encore adolescents n'auront pas leurs lits les uns près des autres, mais mêlés aux anciens.

8. En se levant pour l'œuvre de Dieu, ils s'exhorteront mutuellement avec retenue, à cause des excuses des somnolents.

Commentaire :

Pourquoi les moines dorment-ils ? A cette question, il ne me semble pas exagéré que Benoit répondrait : pour mieux se lever en vue de chanter l’œuvre de Dieu. C’est ce qui ressort de ce chapitre consacré au « comment » les moines dormiront, lorsque Benoit insiste par deux fois sur la nécessité pour les moines d’être toujours prêts au signal pour « se hâter de se devancer à l’œuvre de Dieu » en s’exhortant mutuellement. Ainsi le sommeil est ordonné à notre office principal qui est de veiller pour le Seigneur dans la louange de son nom. Cette conviction de Benoit est bonne à retenir pour nous aujourd’hui encore. Nous nous reposons, nous reprenons des forces, nous nous détendons non pour nous relâcher, pour enfin avoir du bon temps comme si là était le but de notre vie. Non, nous reposons pour mieux veiller, mieux nous donner dans le service du Seigneur. De ce point de vue, nous sommes un peu en décalage avec la culture du loisir qui est très prégnante dans notre monde occidental. Combien de fois, entendons-nous : vivement le WE, ou vivement les vacances, ou encore vivement la retraite que je puisse enfin me reposer, sous-entendu enfin vivre !

Certes dans certaines bouches, ces paroles peuvent être une légitime aspiration au repos dans des vies de travail qui sont très tendues, voire exténuantes. Mais globalement, pour beaucoup le travail est vécu comme un pis-aller dont il faut s’acquitter pour enfin jouir du repos dominical ou des vacances. Les jours de congés deviennent l’horizon vers lequel tend le désir, pour enfin vivre. La vie monastique nous invite à inverser la perspective. Sans négliger le repos afin d’être « dispos au lever » comme le précise ailleurs Benoit (RB 8), l’essentiel n’est pas le repos ou le WE. Mais l’essentiel est notre capacité à demeurer en éveil pour chanter les louanges de Dieu, parce que là est notre plus secret bonheur. Dire ceci, nous invite à examiner en retour comment nous dormons. Quel soin et quelle juste mesure gardons-nous pour nous reposer ? Si on lit le soir, est-ce dans la limite qui nous permettra de nous lever sans effort ? Le temps qui précède le coucher va souvent déterminer en bonne part la qualité de notre sommeil. On sait maintenant qu’il n’est pas bon pour les yeux de travailler à l’ordinateur ou de passer du temps devant les écrans avant de dormir. Chacun, nous sommes responsables de notre hygiène de vie. Cela peut être aussi un point à aborder dans le dialogue spirituel, pour vérifier l’équilibre que nous avons. « Dans la paix, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter seul dans la confiance » dit le psalmiste (Ps 4). La paix, la confiance, l’abandon à Dieu à qui nous remettons notre journée et notre vie seront des gages d’un sommeil vraiment réparateur.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 21 ; Des doyens du monastère écrit le 22 novembre 2024
Verset(s) :

1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,

2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.

3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.

4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.

5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera

6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.

7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.

Commentaire :

Il y a quelques jours, nous entendions un article sur les choix de conseillers et de ministres fait par Donald Trump. Nous pouvions y percevoir une sourde inquiétude face au profil de certains personnes choisies, compte tenu de leur posture sur des questions d’actualité brûlantes comme l’environnement ou la géopolitique. La crainte est de voir certain jouer de leur influence auprès du nouveau président pour faire peser les décisions de ce dernier vers des positions extrêmes. Ainsi regarde-t-on attentivement non seulement qui est le président, mais aussi qui sont les personnes dont il s’entoure. Mutatis mutandi, peut-on dire qu’il en est ainsi dans un monastère ? L’abbé a besoin lui aussi de conseillers. La règle le prévoit et nos constitutions ont affiné les critères de choix et ainsi que les attributions des conseillers. Le fait que le conseil soit en partie choisi par l’abbé et en partie élu par la communauté lui donne déjà une réelle légitimité. Si chaque conseiller arrive avec sa personnalité, ses marottes et sa vision du monastère et de la vie monastique, est-il là cependant pour vouloir jouer de son influence et faire passer avant tout ses idées ? Nous espérons que là intervient une grosse différences avec un jeu politique où il s’agit souvent davantage de faire valoir les idées de son courant de pensée que d’œuvrer ensemble au bien commun.

L’expérience montre quels sont les conseils dont on sort heureux et ceux au contraire qui sont plus pesants. On sort heureux d’un conseil lorsqu’on a pu s’écouter, et confronter nos avis de manière assez paisible, pour laisser peu à peu se dégager un certain consensus au cours de la discussion. Ce consensus parfois laborieux est le fruit de ce lent travail d’écoute de l’autre qui change mon point de vue ou bien au contraire l’affermit au contact d’un assentiment partagé. Un conseil fonctionne bien lors qu’on sort en se disant que l’on a pu s’écouter et qu’on est parvenu à avancer ensemble dans une direction. Certains conseils sont plus peineux parce qu’on a le sentiment que rien n’avance, qu’on tourne en rond. Les raisons de cet apparent échec sont multiples. Parfois, le sujet étant fort complexe, il n’est pas étonnant alors, que les choses prennent du temps à se dégager en vue d’élaborer un chemin. Parfois, cela peut être dû au manque de méthode pour aborder avec précision une question. Parfois cela peut venir, mais finalement plus rarement, du fait de l’incapacité des uns et des autres à entrer dans un point de vue autre, et à faire alors de la résistance. Le fait de sortir en trainant les pieds, avec un sentiment de tourner en rond est bon à prendre en compte, pour ne pas se boucher les yeux, et chercher s’il n’y a pas un vice de forme ou de méthode. Mais il nous faut aussi parfois accepter que l’on n’avance pas ensemble toujours à la vitesse avec laquelle chacun aimerait voir le groupe progresser. Je crois qu’il va ainsi pour toutes nos discussions.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 20 ; De la révérence dans l’oraison écrit le 21 novembre 2024
Verset(s) :

1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,

2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !

3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.

4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.

5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.

Commentaire :

Une attention majeure ressort de ces lignes de Benoit sur la prière, celle de voir les moines prier d’une manière « pure ». Le mot revient deux fois avec le substantif « puritas » (pureté), et une fois comme adjectif « pura » (pur). Que veut dire « pur-pureté » pour Benoit ? Les association de mots dans lesquelles ces mots se retrouvent nous aident à mieux les cerner : il s’agira de prier « en toute humilité et très pure dévotion », « par la pureté du coeur et les larmes de la componction ». La prière devra « être brève et pure » … Pureté comme humilité, avec les larmes de la componction, avec brièveté… Rien à voir avec une belle prière que l’on se composerait, que l’on voudrait voir dégager de toutes les choses pas très belles, notamment de notre péché. Non, la pureté de la prière au contraire sera dans notre capacité à nous tenir vraiment comme nous sommes devant le Seigneur, avec notre péché, nos lourdeurs, les sentiments qu’on a du mal à s’avouer à soi-même, à fortiori aux autres. Être dans la conscience de notre pauvreté, en l’offrant, en la remettant, en la pleurant de ces larmes de repentir qui seront l’expression de notre confiance dans le Seigneur, et non de notre dépit sur nous-mêmes…

St Benoit insiste en final sur la brièveté de la prière, à moins qu’un « sentiment inspiré par la grâce divine » ne la prolonge. Qu’est-ce que ce « sentiment » ? Des paroles de St Augustin dans la lettre à Proba peuvent l’éclairer : « Contrairement à ce que pensent quelques-uns, prier très longuement, ce n’est pas prier avec une abondance de mots. Une chose est l’abondance des paroles, autre chose un sentiment qui se prolonge. De fait, on a écrit du Seigneur lui-même qu’il passa la nuit à prier, et qu’il priait plus longuement » (Lettre à Proba 19). Autre chose un sentiment qui se prolonge… On pourrait peut-être comprendre : autre chose est cet élan filial qui nous tourne vers le Père, avec le Christ, à la manière du Christ et qui peut se prolonger… Evagre dans son traité sur la prière insiste aussi sur le sentiment. Il écrit : « Que tu pries avec des frères ou seul, tâche de prier non par habitude, mais avec sentiment » (Or 42). Et il ajoute pour faire mieux comprendre ce qu’est le sentiment : « Le sentiment de prière est un état d’esprit composé de respect, de componction et de douleur d’âme dans la confession des fautes, avec des gémissements étouffés » (Or 43). Avec le mot « componction », on retrouve ce que St Benoit suggère, de prier dans toute la vérité de notre être, en osant être tel que nous sommes devant notre Dieu, avec respect ou crainte filiale, mais certainement aussi avec confiance, cette confiance que nous pouvons avoir en Jésus, le Fils qui nous a délivrés de nos péchés et qui nous apprend à dire « Père » avec lui.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 19 ; De la tenue quand on psalmodie écrit le 19 novembre 2024
Verset(s) :

1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »

2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.

3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;

4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;

5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »

6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,

7. et quand nous nous tenons debout pour psalmodier, faisons en sorte que notre esprit concorde avec notre voix.

Commentaire :

Je m’arrêterai ce matin sur le titre de ce chapitre, plus particulièrement sur le mot « de la tenue », en latin « de disciplina ». Ce mot disciplina revient assez souvent dans la règle : le plus souvent pour évoquer l’ordre à respecter, ou encore les sanctions que l’on devra prendre contre un frère récalcitrant… Son usage ici est assez unique car il ne désigne pas une quelconque discipline qui s’imposerait à tous de l’extérieur en vertu de la règle commune. Non, est visée ici une discipline intérieure, la capacité à se tenir vraiment présent durant la psalmodie, sous le regard de Dieu, de telle sorte que « notre esprit concorde avec notre voix ». St Benoit utilise trois mots qui peuvent nous y aider : croire, crainte et sagement.

Croire. Par deux fois, St Benoit insiste : « nous croyons que la divine présence est partout…cependant c’est surtout à l’office que nous devons le croire »… Croire, non pas d’une foi intellectuelle qui sait d’un savoir théorique, Dieu est là, c’est évident puisqu’il est partout présent, infini, transcendant… Croire plutôt dans le sens d’une remise confiante sous le regard d’un Père qui nous aime, de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous sauve aujourd’hui encore. Dans le temps qui nous est offert depuis la cloche jusqu’au verset d’ouverture, il nous est proposé de nous remettre dans cette disposition de foi-confiance. Si nous venons à l’église, c’est pour répondre à un appel, celui d’entrer dans la louange qui est due à notre Créateur et Sauveur.

Crainte. « Servez le Seigneur dans la crainte ». Parler de crainte n’est-ce pas contradictoire après la confiance ? Prise dans son sens biblique, la crainte est en nous ce sentiment qui témoigne que notre conscience s’affine devant Dieu et son mystère. La confiance qui nous habite n’est pas insouciance. Mais renforcée par la crainte, elle s’élargit par le respect filial et aimant qu’elle suscite en nous. Devant notre Dieu, nous n’arrivons pas les mains dans les poches. Non, dans la crainte, nous grandissons dans la conscience que son amour pour nous est si délicat et si profond que nous voudrions de moins en moins le blesser, comme en amitié, on ne veut pas blesser.

Sagement. « Psalmodiez sagement ». Il est heureux que St Benoit convoque ici, après la foi et la crainte, la sagesse. Plus nous entrons dans l’intelligence des psaumes, mais aussi des lectures, plus les mots que nous prions acquièrent une résonnance et une profondeur. Tout ce qu’on peut glaner comme connaissance à travers nos lectures, la lectio, ou simplement à travers l’expérience,va nous aider à ne pas laisser glisser les mots dans notre bouche sans en retenir au moins quelques saveurs. Nous le savons cette discipline intérieure faite de foi, de crainte et de sagesse, est toujours le fruit d’une grâce à demander, en nous préparant durant les minutes qui précèdent l’office, en laissant le fardeau du jour et du travail, et en implorant « Dieu viens à mon aide ! »

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, 22-25 ; En quel ordre faut-il dire ces psaumes ? écrit le 16 novembre 2024
Verset(s) :

22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,

23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,

24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,

25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !

Commentaire :

« Les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion quand ils psalmodient moins que le psautier, en l’espace d’une semaine » …Par cette expression « service de dévotion », Benoit désigne l’ensemble de notre office monastique. De manière analogue Cassien parle des « devoirs de piété » (pietatis officia) (Inst 3,3,8). Là où Benoit exhorte ses frères à ne pas être paresseux en psalmodiant tout le psautier en une semaine, Cassien convie ses lecteurs à tenir fidèlement la prière des heures, leur « devoir de piété », durant la journée. St Benoit prend appui sur l’exemple des moines du désert, Cassien se réfère aux apôtres dont certaines notations des Actes, nous font comprendre qu’ils priaient à plusieurs reprises durant la journée. Je le cite : « En un autre passage, des Actes des Apôtres, on rapporte ceci, concernant le même temps (la neuvième heure) : ‘Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure’. Tout ceci prouve clairement que ces heures, consacrées non sans raison au service religieux par des hommes saints et apostoliques, nous devons les observer de la même façon, nous qui, à moins d’être contraints comme par une loi à nous acquitter de ces devoirs de piété au moins à des moments déterminés, passons tout le jour dans l’oubli et la tiédeur, ou accaparés par nos occupations, sans recourir à la prière » (Cassien, Inst. 3, 3, 7-8).

Pour Benoit et Cassien, les moines ont un devoir, un service à acquitter, service de dévotion, devoir de piété…Ces mots « dévotion et piété » ont perdu leur caractère de don total de soi dans la relation avec Dieu, pour évoquer surtout des pratiques qui nous resteraient en partie extérieure. Il est impératif de retrouver la profondeur de sens de ces mots. Dans celui de « dévotion », il y a la notion de vœu, et d’engagement, d’attachement sans réserve : un sentiment, un mouvement qui engage toute la personne, en toutes ses dimensions. Dans le mot « piété », il y a une conscience de ses devoirs envers Dieu, les parents (piété filiale) ou la patrie (patriotisme) qu’on veut accomplir totalement : la personne entre dans un mouvement qui la prend tout entière dans sa relation à Dieu, aux parents, à la patrie, incluant son affectivité… Lorsque ces deux termes sont repris dans le cadre de la prière, pour exprimer la relation avec Dieu, ils manifestent que c’est toute la personne qui est convoquée à la prière, et qu’en conséquence, en toutes ses activités, elle est appelée à se tourner vers Dieu. En vivant l’office, nous moines sommes conviés à nous donner vraiment, dans le temps imparti, dans l’horaire haché consenti, dans la qualité de la présence durant la prière. Réjouissons-nous d’être appelés à offrir le fruit de nos lèvres, en associant avec nous tant d’hommes et de femmes qui ne peuvent le faire. Ce service, ce devoir d’amour et de prière nous le remplissons autant dans la conscience d’un cadeau qui nous est fait que dans celle d’un service à rendre à toute l’Eglise et à l’humanité.