vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 01, v 6-13 Des espèces de moines écrit le 20 septembre 2008
Verset(s) :

6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.

7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.

8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.

9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.

10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,

11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.

12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.

13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.

Commentaire :

Dans les monastères aujourd’hui combien on trouve de frères qui sont cénobites, d’autres plus anachorites, mais aussi certains qui sont un peu sarabaïtes, d’autres un peu gyrovagues ! Et chacun d’eux peut reconnaître tel ou tel aspect de sa vie dans les deux portraits entendus ce matin, surtout en parlant des saraboïtes et des gyrovagues, Benoît énumère, de manière négative, les principes de l’art spirituel qu’il va développer ensuite de façon positive. L’élément essentiel, pour Benoît, ce qui nous aide à devenir moine, c’est la Règle. Pour lui elle n’est pas un règlement, mais elle est maîtresse d’expérience et il prend l’exemple de l’or passé au feu. Pour que la Règle l’aide à vivre, le moine doit consentir à apprendre : ne plus se fier seulement à ce qu’il pense, à ce qu’il ressent, à ce qu’il désire mais qu’il s’abandonne, qu’il fasse confiance à la Règle de St Benoît et à l’abbé.

Il convient aussi d’accepter la durée, les belles paroles de suffisent pas pour changer en une heure ! Il faut le contact de la réalité : la vie commune, dans ce qu’elle a de rude ! Elle nous révèle notre égoïsme, notre volonté propre, nos limites. De ce labeur de la vie quotidienne le moine naît à lui-même. Il devient homme de vérité. Nous pouvons être tentés de prendre la fuite ! Car il y a une part de nous-même qui résiste à la grâce. Mais c’est cette vérité de la vie commune qui fait du moine un homme libre, non plus « esclave de sa volonté propre et des plaisirs » Comme dit St Benoît, comme libre enfin d’être lui-même et capable de s’aimer, capable d’aimer. (2008-09-20)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 01, v 1-5 Des espèces de moines - écrit le 19 septembre 2008
Verset(s) :

1. Il est clair qu'il existe quatre espèces de moines.

2. La première est celle des cénobites, c'est-à-dire vivant en monastères ; ils servent sous une règle et un abbé.

3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère

4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,

5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.

Commentaire :

Pour St Benoît, au fond, il n’y a que deux sortes de moines : ceux qui le sont et ceux qui prétendent l’être, ou ne le sont pas.

Alors quel est le ressort profond de la vie monastique ?

A travers les différences qui tiennent à la culture, à la règle, à la communauté, à quoi va-t-on reconnaître un moine ?

Cette question est importante : pas pour juger les autres, mais d’abord pour nous-même. Cette vie me conduit-elle vers Dieu, ou m’éloigne-t-elle de lui ?

Pour Benoît, la première caractéristique du moine, c’est d’être un combattant. La vie monastique est un combat dans les rangs d’une communauté, ou seul au désert. Cette idée du combat du moine n’est pas l’aspect dont on parle le plus aujourd’hui. Le moine se définie plus volontiers comme un chercheur de Dieu, ce qui est vrai aussi. Mais notre expérience rejoint l’enseignement de St Benoît, le combat est là, jour après jour, la paix du moine n’est pas facile. Elle est victoire sans cesse remise en cause. Victoire sur tout ce monde grouillant de pensées obscures, de tentations, de désirs désavoués, et le premier travail du moine, c’est de prendre conscience peu à peu, de la présence de ces adversaires dans son cœur.

Ce combat ne diminue pas avec le temps mais il s’éclaire : nous repérons mieux nos faiblesses.

La règle de St Benoît est là pour nous dire quelles armes utiliser.

Surtout ce combat est nécessaire : c’est grâce à lui que nous nous accrochons au Christ, il est notre bouclier, lui il nous aime.

(2008-09-19)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 45-50 Prologue - écrit le 18 septembre 2008
Verset(s) :

45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.

46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.

47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,

48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.

49. Mais en avançant dans la vie religieuse et la foi, « le cœur se dilate et l'on court sur la voie des commandements » de Dieu avec une douceur d'amour inexprimable.

50. Ainsi, n'abandonnant jamais ce maître, persévérant au monastère dans son enseignement jusqu'à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience, afin de mériter de prendre place en son royaume. Amen.

Commentaire :

Cette finale du prologue est importante, elle énonce en quelques lignes le projet que va développer la Règle entière. St Benoît veut instituer une école pour le service du Seigneur.

Cette école du serviteur du Christ à sa charte de fondation dans la parole du Christ : Mt 11,29

Prenez mon joug sur vos épaules et mettez-vous à mon école .

Cette école devra donc présenter les caractéristiques indiquées par Jésus aussitôt après Mt 11,30 Mon joug est doux et mon fardeau léger . C’est pourquoi Benoît rajoute nous espérons n’y établir rien de trop austère ou pénible

(RB 45).

Dans cette parole de Jésus - le joug facile et le fardeau léger - qui n’est pas la seule, ailleurs dans le même évangile de Mt, il parle des deux voies que suivent les hommes : l’une large et facile et l’autre qui conduit à la perdition. L’autre étroite et resserrée qui nous mène à la vie. Celle-ci prise par un petit nombre veut quelque chose de strict, une certaine étroitesse, fait donc partie aussi de l’école du Christ.

Comment concilier ces caractères qui semblent opposés : douceur et légèreté, stricte exigence ? Benoît se pose la question et trouve une réponse dans l’amour.

(2008-09-18)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 39-44 Prologue - écrit le 16 septembre 2008
Verset(s) :

39. Nous avons donc interrogé le Seigneur, frères, au sujet de celui qui habitera dans sa demeure, et nous avons entendu le précepte donné pour y habiter, mais pourvu que nous remplissions les devoirs incombant à l'habitant.

40. Il nous faut donc tenir nos cœurs et nos corps prêts à servir sous la sainte obéissance due aux préceptes.

41. Et pour ce que la nature en nous trouve impossible, prions le Seigneur d'ordonner au secours de sa grâce de nous l'accorder.

42. Et si, fuyant les châtiments de la géhenne, nous voulons parvenir à la vie perpétuelle,

43. tandis qu'il en est encore temps et que nous sommes en ce corps et qu'il reste le temps d'exécuter tout cela à la lumière de cette vie,

44. il nous faut à présent courir et accomplir ce qui nous profitera pour toujours.

Commentaire :

Au-delà du psaume 14, c’est tout le commentaire des deux psaumes 33 et 14 qui est repris dans ces lignes : on retrouve l’action de l’homme et celle de Dieu, l’impuissance de la nature, et l’aide de la grâce, le recours à la prière pour obtenir cette grâce. Enfin l’urgence : il faut courir, notre temps est limité. Qui habitera ta demeure ?

En latin c’est tabernaculum qui signifie tente. Le mot a une résonance Biblique dans la Bible ! D’abord les tentes où vivait le peuple durant l’exode, les tentes des israéliens dont on retrouve une évocation dans la fête des tentes : c’est l’idée de l’itinérance, le fait que nous soyons étrangers et voyageurs sur la terre. Le monastère est un campement d’homme qui sont mis en route vers le ciel ! Dans le livre de l’exode, la tente c’est aussi la tente de la Rencontre, le lieu où Dieu vient à la rencontre de l’homme.

Le monastère est aussi cette tente, où Dieu s’est laissé voir par Moïse au point que son visage était illuminé. Cette double caractéristique : lieu de passage, d’exode et lieu de la rencontre face à face, nous permet de mieux comprendre ce que Benoît développera tout au long de la Règle.

Le monastère n’est pas un lieu où l'on s’installe, pas un nid douillet où l’on prend ses aises, où l'on accumule tout ce qui pourrait un jour nous servir. C’est un lieu d’exode de libération pour lequel nous nous séparons d’objets qui nous encombrent. C’est aussi le lieu de la rencontre, où Dieu vient à notre rencontre, où Dieu parle au cœur qui écoute, c’est pour cela que nous veillons tous à son climat de silence.

(2008-09-16)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 35-38 Prologue - écrit le 13 septembre 2008
Verset(s) :

35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.

36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,

37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »

38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »

Commentaire :

Le Seigneur attend de nous que nous répondions par des actes à ses enseignements .

Répondre par des actes ! Le monastère est organisé pour que notre vie soit centrée sur Dieu ; nous sommes ici pour nous convertir, c'est à dire nous retourner sans nous lasser vers Dieu. Il nous détourne de notre volonté propre. Cela demande du discernement. Quels obstacles surmonter ? Quels moyens employer ?

Parmi les dangers qui nous guettent, il y a l’accoutumance, l’habitude, la superficialité, surtout peut être, le besoin de s’installer. Il ne faut pas nous endormir, c’est l’œuvre du Seigneur qui est en jeu : il a voulu nous y associer. Par quels moyens ?

Avant tout la prière. A-t-elle toute sa place dans notre vie ? Prions-nous assez = cerner les zones de notre vie où la prière manquerait. La prière est la première condition pour voir clair en nous. Ensuite entrer à fond dans la communauté, c’est pour nous l’Eglise, d’où jaillit sans cesse la source vive. Vivre dans la lumière = ne rien garder en soi qui soit ténèbres. Nous ouvrir. A voir recours au Christ qui nous purifie. Notre conversion n’est jamais finie. Le Seigneur nous attend, il nous cherche.

(2008-09-13)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 22-34 Prologue - écrit le 12 septembre 2008
Verset(s) :

22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.

23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »

24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,

25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;

26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;

27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;

28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.

29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,

30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,

31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »

32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »

33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.

34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»

Commentaire :

Cette section du prologue est consacrée au Ps 14. Comme la précédente l’était au Ps 33.

Nous retrouvons les 2 premiers thèmes :

- Invitation au bonheur : la béatitude éternelle.

- Invitation à la conversion : catalogue de bonnes actions qui correspondent aux requêtes de l’Evangile.

St Benoît cite d’abord textuellement les versets 1et 3 du psaume. Pour les versets 4 et 5, il se contente d’en faire une paraphrase en utilisant d’autres citations scripturaires : les versets du psaume parlent de faux serments, de prêts avec usure, de conceptions judiciaires : plus toutes celles qui n’ont pas de place normalement dans la vie du moine !

Briser contre le Christ les pensées mauvaises . Je m’arrête sur ce conseil de St Benoît. Qui habitera dans ta maison Seigneur ? Benoît répond « celui qui, lorsque le diable lui suggère quelque chose, le repousse loin de son cœur, lui et sa suggestion, le réduit à néant, et s’emparant de ses petits (les pensées qu’il inspire), les écrase contre le Christ (Vs 28).

L’objet de la terrible malédiction du Ps 136 n’est plus Babylone mais Satan, qui a pour rejetons les pensées mauvaises. Cette interprétation du Ps 136 est courante chez les Pères, et le Roc est le Christ comme le dit St Paul. (1Co 4)

Ecraser nos pensées mauvaises contre le Christ, un conseil toujours actuel. Dès que nous repérons en nous ce genre de pensées mauvaises, il faut les apporter à la lumière. Ce qui trouble, les tentations de toutes sortes : la rancune, la jalousie, les rivalités, la mésentente, et prier pour la personne qui est l’occasion de cette pensée. Le Christ nous demande de prier pour nos ennemis, pour ceux qui nous persécutent. Moines nous n’avons peut être pas beaucoup d’ennemis, ni de persécuteurs, mais les épines de scandales ne manquent pas entre nous. Prier pour ces relations moins faciles, faire cesser ces ruminations négatives, mettre la paix dans notre cœur, rétablir une communion entre nous.

Savoir parler au Père Spirituel de ces pensées mauvaises, c’est aussi une bonne façon de les apporter à la lumière. Le Père Spirituel est là pour ça. Souvent il suffit de parler pour que le trouble disparaisse.

N’oublions pas la Parole du Christ : « Laisse là ton offrande, va d’abord te réconcilier avec ton frère .

(2008-09-12)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 21 Prologue - écrit le 11 septembre 2008
Verset(s) :

21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.

Commentaire :

Le texte se réfère à un passage de l’épître aux Ephésiens (Ep 6,14-17)

Cependant St Benoît a résumé ce passage, et surtout atténué son caractère guerrier ! Revêtu de la foi et de la pratique des bonnes œuvres marchons dans ses voies sous la conduite de l’Evangile (V 21). Les armes du combat spirituel, décrites dans l’épître aux Ephésiens deviennent les outils de l’artisan qu’est le moine, dans cet atelier qu’est le monastère. Passage de l’image du champ de bataille, à celle de l’atelier des bonnes œuvres. Bien des chapitres distinguent la carrière militaire du métier d’artisan = le soldat court le monde, à la recherche de la gloire / L’artisan demeure dans son atelier, le soldat vie en alternance de combats violents et de périodes de repos et de paix / L’artisan transforme peu à peu la matière, par un travail régulier et soigneux.

Le choix que fait Benoît esquisse déjà ce que doit être le monastère : atelier où le moine utilise les instruments de l’art spirituel. Ce qui compte pour le moine, c’est l’humble fidélité dans la durée, le travail secret de la grâce. L’art de demeurer dans cet atelier qu’est le monastère. Etre admis à voir celui qui nous a appelés dans son Royaume . Voir Dieu ; comme toujours dans la Règle de St Benoît, l’horizon n’est pas limité, le monastère est comparé à un atelier, le moine est un artisan, mais le but c’est voir Dieu. Deux mots qui résument notre désir. Ca ne sert à rien d’être moine , comme le dit un frère dans le DVD. Mais le monastère, la vie du moine rappelle au monde le sens ultime : chercher Dieu, désirer le connaître, le reconnaître en toute personne mis sur notre route. Se préparer à le voir enfin.

(2008-09-11)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 00, v 14-20 Prologue - écrit le 09 septembre 2008
Verset(s) :

14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :

15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »

16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :

17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.

18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »

19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?

20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.

Commentaire :

Tout le prologue est bâti sur ce thème : d’un côté l’homme qui cherche la vie, qui désire la vie assoiffée de vivre. De l’autre, Dieu qui cherche passionnément à donner la vie à l’homme. Le moyen et le lieu de cette rencontre entre l’homme et Dieu, c’est la parole de Dieu.

Si nous nous mettons à l’écoute, comme nous y invite le premier mot de la Règle de St Benoît, il nous arrivera d’entendre le Seigneur qui nous parle à travers l’Ecriture. C’est l’exemple de St Antoine : la parole entendue dans la liturgie qui me met en route et change une vie.

Pour Benoît c’est l’essence de toute vocation monastique : faire l’expérience que la Parole de Dieu est une parole pour moi ! Cette parole que Dieu adresse à celui qui le cherche a une double tonalité : Invitation au bonheur, invitation à la conversion. Quel est l’homme qui aime la vie et désire voir des jours heureux ? Ps 33. Garde ta langue du mal, tes lèvres des paroles trompeuses : détourne toi du mal et fais le bien, cherche la paix, poursuis là Ps 33. Il s’agit donc d’abord d’une invitation au bonheur.

Pour devenir moine il faut aimer la vie !

Si nous laissons de côté tant de choses ce n’est pas parce que nous n’aimons pas la vie, au contraire, c’est l’amour de la vie qui nous pousse à désirer ce qu’il y a de précieux de plus beau, de plus vrai : Dieu, la vie même. On peut trouver le chemin qui mène à la vie ; il faut laisser tomber beaucoup de chose : le mal, le mensonge mais aussi tout ce qui satisfait qu’un instant. Pour Benoît le renoncement n’est que la conséquence de notre amour de la vie. Une condition pour qu’il puisse aboutir. Il y a des routes qui semblent plus faciles, plus attrayantes, plus larges. Il peut nous arriver de le penser, quand nous voyons la vie des autres, même les frères de l’accueil savent bien que c’est une illusion : il n’y a pas de chemin facile pour celui qui cherche le vrai bonheur.

(2008-09-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 4-7 Prologue - écrit le 06 septembre 2008
Verset(s) :

4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,

5. afin que lui qui a daigné nous mettre au nombre de ses fils, n'ait jamais à s'attrister de nos mauvaises actions.

6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,

7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.

Commentaire :

Il y a la prière pour les autres, il y a la prière pour soi.

Comme Benoît le recommande ce matin, prier pour soi-même, n’est en rien une sorte de repli égoïste. Quand tu commences à faire quelques biens demande au Christ de le conduire à sa perfection . Prier pour que le Christ accomplisse ce que son appel a suscité en nous, c’est exprimer notre désir de faire toute sa volonté tout en reconnaissant notre fragilité.

Oui, la prière est ici notre première réponse à son appel, la première manifestation de notre engagement à chercher sa volonté.

Et peut être, la prière quand elle est profonde, exprime-t-elle le mieux notre foi et notre amour dans le désir qui nous habite de suivre le Christ au plus près. Plus ce désir est grand et plus la prière se fait insistante dans la reconnaissance de notre faiblesse.

Je crois qu’il ne faut pas négliger cette prière dans notre vie spirituelle pour le progrès de notre vie avec le Seigneur. Plus on avance et plus on mesure notre impuissance à être fidèle par nous-même… Plus notre désir de progresser s’affine et plus notre prière nous engage à mendier la grâce de Dieu. Car comme poursuit St Benoît il nous faut obéir au Christ au moyen des biens qu’il met en nous… Notre réponse puise toute son énergie dans les biens qu’Il a disposé en nous : les biens de son Esprit notamment ; notre vie monastique ne serait qu’une observance creuse sans l’énergie du St Esprit.

Sa demande c’est de nous placer au bon endroit, pour prendre une image : prier c’est nous mettre sous la fontaine pour recevoir l’eau, alors on ne risque pas de passer à côté de ce qu’est notre vie avec Dieu, pour Dieu : un échange d’amour, Amour reçu de Lui, par son Esprit. Amour humblement redonné par toute notre vie de prière et de service de nos frères.

Comme nous l’avons fait dans l’oraison de cette 22ème semaine du temps ordinaire, nous pouvons prier :

Resserre nos liens avec toi pour développer ce qui est bon en nous, veille sur nous avec sollicitude pour protéger ce que tu as fait grandir …

(2008-09-06)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 1-2 Prologue - Ecoute - écrit le 03 septembre 2008
Verset(s) :

1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.

2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.

Commentaire :

Le Docteur Tomatis spécialiste des soins de l’oreille qui a mis au point des méthodes pour mieux comprendre les phénomènes de l’audition, disait que plus on devient âgé plus l’oreille devient paresseuse… Aussi prônait-il des exercices pour travailler l’écoute en vue de garder une audition de qualité. Ainsi en va-t-il de notre écoute sensorielle… une écoute à travailler.

En plaçant en tête de sa règle, cette initiation à l’écoute, Benoît nous engage lui aussi à un travail, un travail spirituel celui-là. Il engage le moine à cultiver, à travailler sa manière d’écouter… pour quitter une attitude de non écoute de désobéissance paresseuse.

C’est difficile d’écouter. C’est coûteux car cela nous décentre de nous-même. Chacun de nous est un monde unique avec son histoire et ses particularités. Il peut être tenté de se satisfaire de ce monde-là et de se nourrir uniquement de ce qui lui ressemble. C’est la tentation de la bulle.. la bulle de laquelle on ne voudrait sortir.

Ecoute retentit comme un appel à découvrir la réalité et entrer vraiment en relation. Et cet appel retentit sans cesse à nos oreilles que nous ayons 30, 50 ou 90 ans, car la tentation est là toujours de se murer en soi-même. Et la voix qui nous lance cet appel est la voix d’un père qui nous aime . C’est la voix de la Règle, c’est la voix du Christ dans l’Evangile. C’est la voix du Père qui nous aime tellement qu’il ne veut pas nous laisser dépérir dans notre isolement mortel….

Comme nous le chantons chaque mardi au Psaume invitatoire des vigiles, il ne cesse de nous interpeller de façon pathétique :

Ecoute, je t’adjure ô mon peuple, vas-tu m’écouter Israël… mais mon peuple n’a pas écouté ma voix…Ah si mon peuple m’écoutait, Israël s’il allait sur mes chemins, aussitôt j’humilierais ses ennemis… Je le nourrirais de la fleur du froment (Ps 80)

(2008-09-03)