vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 60 01-09 Des prêtres qui voudraient habiter au monastère les recevoir écrit le 05 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.

2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle

3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»

4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;

5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.

6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,

7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.

8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,

9. à condition toutefois qu'ils promettent eux aussi l'observation de la règle et leur propre persévérance.

Commentaire :

En guise de commentaire de ce chapitre sur les prêtres qui voudraient habiter au monastère, et St Benoit invite a l'humilité, je voudrais reprendre quelques lignes du pape François qui met en garde contre la mondanité spirituelle qui peut tous nous guetter. Le pape nous invite tous a nous demander: finalement, qui est-ce que je veux servir dans la vie monastique, moi ou bien le Christ et son Église ?

93. La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d 'amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel. C 'est ce que le Seigneur reprochait aux pharisiens : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire !es uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jn 5, 44). Il s 'agit d'une manière subtile de rechercher

« ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Ph 2, 21) ( ..) Du moment qu 'elle est liée à la recherche de l'apparence, elle ne s 'accompagne pas toujours de péchés publics, et, extérieurement, tout semble correct. Mais si elle envahissait l'Eglise, « elle serait infiniment plus désastreuse qu'une quelconque autre mondanité simplement morale ».

95. Celle obscure mondanité se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment opposées mais avec la même prétention de "dominer l'espace de l'Église ". Dans certaines d'entre elles on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l 'Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l 'histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d'un petit nombre. Dans d'autres, la même mondanité spirituelle se cache derrière la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, ou clans une vaine gloire liée à la gestion d'affaires pratiques, ou dans une attraction vers les dynamiques d'auto-estime et de réalisation autoréférentielle ( ..). Dans tous !es cas, elle est privée du sceau du Christ incarné, crucifié et ressuscité, elle se renferme en groupes d'élites, elle ne va pas réellement à la recherche de ceux qui sont loin, ni des immenses multitudes

assoiffées du Christ. II n'y a plus de ferveur évangélique, mais la fausse jouissance d 'une autosatisfaction égocentrique. (Evangelii Gaudium 93, 95)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 59 01-08 Des fils de nobles ou de pauvres qui sont offerts écrit le 04 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,

2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.

3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –

4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,

5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.

6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.

7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.

8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.

Commentaire :

II y a quelques jours, pour !es Sts Anges Gardiens, nous entendions dans l'évangile de Mt, la parole de Jésus : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pour devenir comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux ». Jésus inverse l'ordre de valeur habituel pour nous révéler celui du Royaume : « Celui qui se fera petit comme un enfant, celui­-ci est le plus grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3-4). II me semble que c'est à la lumière de cette loi nouvelle que nous pouvons le mieux entendre ce chapitre de la RB, obsolète aujourd'hui en sa réalisation concrète. S'il y a un enfant à offrir aujourd'hui, c'est bien chacun de nous en ce qu'il devient ou voudrait devenir un peu plus comme un enfant. Bien sur, cela n'a rien a voir avec « un retour a l'enfance » qui est plus un phénomène de régression psychologique qu'un dynamisme spirituel. Car il s'agit de devenir comme un enfant, et non pas de revenir à l'enfance. C'est une posture d'adulte qui emprunte à l'enfant l'élan de spontanéité, de simplicité et de confiance, et non pas les travers de l'enfant capricieux ou tout-puissant. L'enfant, c'est aussi celui qui est totalement dépendant des autres pour grandir. Seul, il ne peut rien. Comment grandir sur ce chemin de l'enfance spirituelle ? La suite de la parole de Jésus peut nous guider:« Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m'accueille. moi » (Mt 18, 5). Le parallèle de ce passage en Luc ajoute : « Et celui qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé » (Lc 9, 48). Accueillir un enfant en son nom, c'est accueillir Jésus, et accueillir Jésus, c'est accueillir le Père. Regarder un enfant, pour y reconnaitre Jésus; regarder Jésus pour y reconnaitre le Père. Jésus ne craint pas de s'identifier à l'enfant. En Jésus, l'enfant

qu'il a été, demeure dans toute sa beauté, à travers sa simplicité (pas de duplicité en lui). En même temps, Jésus adulte a appris en son âge mur à devenir pleinement l'enfant du Père en acceptant au gré de sa vie de plus en plus conflictuelle avec les chefs et les anciens, a s'en remettre totalement a Lui. Sa mort est l'acte où il est suprêmement adulte en y consentant librement. Elle est l'acte ou il est suprêmement enfant du Père, en acceptant de s'abandonner et de dépendre totalement du bon vouloir du Père qui le relèvera. A la suite de Jésus, pour nous moine, devenir enfant sera entrer de manière adulte et consentie en une dépendance de plus en plus abandonnée. La pédagogie monastique nous apprend à ne plus compter sur nos seules forces, pour le jour elles nous feront complétement défaut. Nous pourrons alors nous offrir heureusement au bon soin de nos frères, dans l'attente d'être recueilli dans les bras de notre

Père. Apprends-nous Seigneur Jésus à devenir à ta suite cet enfant qui reçoit tout de son Père.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 24-29 De la façon de recevoir les frères écrit le 03 octobre 2023
Verset(s) :

24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,

25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.

26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.

27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,

28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.

29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.

Commentaire :

Avec cette fin de chapitre, nous arrivons au terme du rite de profession tel que Benoit le définit. Vient le moment de sceller par des actes concrets l'entrée en communauté. C'est la renonciation des biens, en faveur soit des pauvres soit de la communauté, et puis le changement d'habits pour revêtir les effets du monastère. Par ses rites, est signifiée une radicalité évangélique : celle de l'abandon de tout l'être à Dieu à travers une communauté concrète de laquelle on dépendra désormais. Mais cette radicalité n'exclue pas la prudence de Benoit lorsqu'il évoque les effets du frère qui sont conservés au cas où il partirait. Petite mention de sagesse qui n'amoindrit pas la radicalité de l'engagement. Mais elle nous rappelle à tous que la persévérance est un don fait à notre faiblesse humaine. Celle-ci doit sans cesse s'y replonger pour avancer. Les difficultés d'engagement ne sont pas d'aujourd'hui.

Je voudrais m'arrêter sur l'expression choquante pour nos oreilles modernes: « puisqu'à partir de ce jour, il sait qu 'il n'aura même plus pouvoir sur son corps ». Prise littéralement, elle pourrait prêter a bien des abus qui apparenteraient la vie monastique a de l'esclavage. La suite qui évoque un possible départ du monastère nous indique déjà qu'il ne s'agit pas de contrainte extérieure. Le moine « sait », dit Benoit. Il a une conscience des implications de son choix. Comment entendre le « Il n'aura même plus pouvoir sur son corps »? Peut-être Benoit veut-il dire qu'en entrant au monastère, il accepte de ne pas disposer par lui-même de ce dont il a besoin pour son corps: la nourriture et les vêtements qu'il reçoit ainsi que les objets nécessaires a son quotidien. De même, il renonce à décider par lui-même de ses allers et venues, de ses emplois ou obédiences, en les recevant de la communauté par l'abbé. En ce sens, il n'a pas pouvoir sur son corps. Ces renoncements restent des choix libres. Ils ne peuvent être imposés de manière arbitraire ou sous une forme de chantage par l'autorité. Ils viennent toujours chercher chacun au lieu d'un consentement profond, qui lui fasse dire oui ou non en toute liberté. Avec le temps, et pas seulement le jour de la profession, chacun est entrainé à exercer sa liberté pour vivre ces renoncements comme un vrai don de soi au Christ, et non comme une obligation qu'on ne peut éviter. Avec le temps, ces renoncements trouvent des concrétisations qui évoluent. Depuis St Benoit, on ne reçoit plus ce dont on a besoin de la même manière. Entre notre entrée et l'avancée dans la vieillesse, la dépendance ne se vit pas de la même manière. Tous ensemble, il nous revient de veiller pour que la dépendance vécue dans l'obéissance fasse sens et demeure une authentique expression de notre don au Christ.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 17-23 De la façon de recevoir les frères écrit le 30 septembre 2023
Verset(s) :

17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,

18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.

19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.

20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.

21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»

22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».

23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.

Commentaire :

« Il promettra devant tous »... Au regard de la difficulté que je soulignais hier de s'engager aujourd'hui « pour toujours », que veut-dire promettre persévérance, conversion de ses mœurs et obéissance_? Est-ce qu'on promet ou fait voeux parce qu'on est sûr d'être fidéle pour toujours? Je pense qu'il faut ressaisir cette promesse à la lumière de l'ensemble du rite proposé, et qui demeure notre rite de profession. Le frère promet certes, mais il le fait devant tous, devant les saints et il implore l'aide de Dieu avec le « Suscipe ». Autrement dit, quand il s'engage, il n'est pas seul. Je reviens tout d'abord sur la promesse. Le verbe promettre traduit le mot latin « promitto, ere » qui se traduit par « faire aller en avant, laisser aller en avant, assurer prédire, promettre, garantir ». Je retiens le premier sens « faire aller en avant". Lorsque le frère promet, lorsqu'il professe, mot à mot lorsqu'il « lit devant tous » ses voeux, il exprime publiquement qu'il veut aller de l'avant, qu'il est déterminé à marcher dans la persévérance, la conversion et l'obéissance. Il ne promet pas qu'il va y arriver, mais il dit sa volonté de faire aller de l'avant sa vie selon cette orientation. Il veut placer sa vie sous le dynamisme de la persévérance, de la conversion et de l'obéissance. Ensuite, il le fait devant tous les frères, l'abbé et les saints. Le premier sens que l'on entend avec raison c'est qu'il les prend à témoin. Chacun de ceux qui sont présents ici-bas, mais aussi !es saints qui sont présents d'une manière propre dans la communion de l’Église, entendent la promesse faite. Mais d'une autre manière, ils sont aussi pris à parti pour accompagner ce frère par leur prière et par leur soutien fraternel. « II se prosternera au pied de chacun afin que l'on prie pour lui » dit Benoit. Que le frère puisse accomplir jour après jour sa promesse dépend aussi des frères. La promesse du frère les engage. C'est la réalité de l'alliance qui nous lie mutuellement, et qui nous rend responsable les uns des autres. Enfin il demande l'aide de Dieu par le chant du « Suscipe » : « Reçois-moi, Seigneur selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente ». A travers sa parole reconnue comme un appel, le Seigneur nous a fait entendre la promesse de nous rendre heureux en cette vie en vue de l'être pleinement dans l'autre. Lors de la profession, le frère lui demande

instamment de tenir sa promesse, et de lui faire grâce pour qu'à son tour, il soit fidèle à sa promesse. La profession monastique nous entraine à mettre là toute notre assurance. Notre avenir ne repose pas sur nos propres forces ou capacités de tenir par nous-mêmes, mais dans la grâce du Seigneur et son amour qui ne confondra pas notre attente. Jour après jour, il marchera

à nos cotés.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 11-16 De la façon de recevoir les frères écrit le 29 septembre 2023
Verset(s) :

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.

13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.

14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,

15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,

16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.

Commentaire :



« Il ne lui sera pas permis. à dater de ce jour, de sortir du monastère ". Le long processus propose par Benoit pour affermir le candidat dans son engagement veut conduire de toute évidence à un choix irrévocable. La vie monastique implique pour Benoit un « pour toujours". Comment comprendre et faire comprendre cette conviction ainsi fortement affirmée, alors que notre époque peine de plus en plus à envisager n'importe quel engagement pour toujours ? Benoit ne la justifie pas vraiment. Est-il habité par une vision de la vie terrestre qui serait déjà une première étape de la vie dans l' Au-delà ? Et qu'en conséquence, toute remise en cause d'un engagement promis devant Dieu, pourrait être préjudiciable pour la vie a venir, a l'instar du juste redevenu méchant chez le prophète Ezéchiel ?

Comment pouvons-nous comprendre cette invitation a un « pour toujours" qui reste au coeur de notre vocation? Je relèverai deux aspects : Tout d'abord, celui de la vocation personnelle au célibat qui nous engage dans une relation privilégiée avec Dieu ou plus précisément avec le Christ. Nous avons tous perçu cet appel a entrer dans une intimité particulière avec Dieu, avec le Christ. Certes la vie monastique n'est pas seule voie, mais c'est la nôtre, c'est-a-dire la forme que je juge la plus apte à m'aider à entrer dans une meilleure connaissance et un plus grand amour du Christ. Cette forme de vie sera le pédagogue patient qui, jour après jour, nous apprend à découvrir qui est le Christ. Elle nous entraine à regarder le Christ comme l'objet de plus en plus conscient de notre amour et de notre désir. Je suis entré parce que j'ai perçu que j'étais très aimé par Dieu et qu'un bonheur m'était promis là. Je reste parce que je découvre que l'amour reçu est comme un ferment puissant de vie. Il creuse en moi,

à travers le genre de vie monastique, le désir d'aimer le Christ de plus en plus. Je reste parce que je découvre que cet amour ne demande qu'à grandir si je m'y donne fidèlement dans les moyens qui me sont offerts. Inséparablement à cette relation privilégiée avec le Christ, le "pour toujours" s'éclaire à la lumière de la vie du Royaume à venir. Au fur et mesure du chemin sur lequel prend consistance notre relation avec le Christ, grandit la conscience qu'à l'horizon du Royaume, elle va s'approfondir encore. La Vie ici-bas semble naturellement faite pour demeurer et s'épanouir dans l'Au-delà. L'amour cherché et expérimenté dès à présent, appelle comme irrésistiblement l'amour espéré dans le futur. Oui, faisons confiance au don reçu !ors de notre entrée, il est comme la graine d'une plante, d'un arbre qui s'enracine peu à peu pour étendre ses branches jusque dans le Ciel.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 07-11 De la façon de recevoir les frères écrit le 28 septembre 2023
Verset(s) :

7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.

8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.

9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,

10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

Commentaire :



« On observera s'il cherche vraiment Dieu, s'applique avec soin à l'oeuvre de Dieu, à l'obéissance et aux pratiques d'humilité ». Je suis interessé par le verbe latin traduit ici par « s'appliquer », le verbe « sollicito, are» qu'on peut traduire par« remuer totalement, agiter, troubler, inquiéter, tourmenter, exciter, soulever, attirer... » De cette variété de sens offerts par le dictionnaire, je retiens !es premiers « remuer agiter totalement, inquiéter...". "Si sollicitus est": on pourrait traduire en poussant un peu, s'il est entièrement remué, agité par l'oeuvre de Dieu. l'obéissance et les pratiques d'humilité ou encore s'il se remue, s'agite entièrement pour l'oeuvre de Dieu, l’obéissance, les pratiques d’humilité ... En français familier, on dirait « s'il se bouge vraiment". A travers ces nuances de sens, on peut entendre que St Benoit invite à discerner chez le nouveau-venu le degré plus ou moins profond d'investissement. Est-ce qu'il est touché, pris aux tripes par la vie qu'il découvre et qu'il apprend, ou non? Est-ce qu'il s'y engage du bout des lèvres ou bien entièrement ?

Ces nuances de sens qui vont jusqu'à impliquer une certaine inquiétude, ou profonde insatisfaction, disent combien l'oeuvre de Dieu, mais aussi l’obéissance et le désir de l’humilité sont un labeur de tout l'être dans la vie monastique. Si le nouveau-venu ne cherche pas à s'y donner pleinement, il vaut mieux qu'il s'en aille. "Si tu ne peux pas, tu es libre, tu peux t'en aller". Ici se situe comme un passage étroit obligé dont il est toujours important de nous rappeler le sens, pour ne pas nous décourager lorsqu'on affronte ensuite !es difficultés, ou pour ne pas paraitre masochiste à nos propres yeux comme à ceux de qui nous regardent. L'oeuvre de Dieu, l'obéissance et l'humilité ne sont pas cherchées pour elles-mêmes. Si l'on s'y engage entièrement, c'est parce qu'on a perçu, d'une manière ou d'une autre, qu'en les vivant, nous sommes profondément unis au Christ, Lui en qui notre vie prend sens. Se remuer, se bouger pour aller à l'oeuvre de Dieu, c'est inséparablement nous remuer. nous décider pour honorer le Christ qu'on ne veut préférer à rien d'autre. Si on s'engage librement à obéir, à un horaire, au supérieur, aux frères, c'est parce qu'on est profondément comme inquiet dans le désir de ne pas manquer la Parole que Dieu nous offre jour après jour. Si on se donne dans la voie de l'humilité, c'est qu'on a compris que par elle, le Christ nous a sauvés de l'orgueil du péché. Nous qui ne sommes plus au noviciat, et nous savons le poids, la peine parfois que représente cette fidélité à nous remuer, à nous bouger pour demeurer vivant dans l'oeuvre de Dieu, l'obéissance et

l'humilité. Mais gardons vivante la conscience que l'appel de Dieu nous associe par là, avec le Christ, au mystère du salut à l'oeuvre aujourd'hui dans notre monde. Nous annonçons par toute notre vie le Règne de Dieu qui est à l'oeuvre.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 05-06 De la façon de recevoir les frères écrit le 27 septembre 2023
Verset(s) :

5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.

6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.

Commentaire :



Du logement des hôtes, le nouveau venu passe au logement des novices. Entre !es deux, il y a une marche très sensible. Car désormais, il va consacrer la majeure partie de son temps à apprendre, sans oublier de manger et de dormir, précise st Benoit. Apprendre (meditare) : apprendre les usages du monastère et une manière de vivre ; apprendre à prier et une manière d'être en présence de Dieu, non seulement durant !es offices ou la lectio, mais aussi durant la journée par la garde du coeur dans le recueillement; apprendre pour entrer dans !'intelligence de la vie monastique à travers la connaissance des sources et des textes qui nous régissent ; apprendre à travailler pour participer à la vie de la communauté et à sa subsistance ; apprendre à vivre avec d'autres en se supportant et s'aimant dans la patience.

Etre capable d'apprendre et de se laisser conduire est la disposition première demandée au novice. Ici, l'ancien apte à gagner les âmes va l'aider à apprendre de telle sorte qu'il ne s'agisse pas de s'humilier ou de se conformer en surface pour faire bonne figure. Non, il va lui montrer comment apprendre de telle sorte que le désir d'apprendre reste en lui comme une profonde disposition. On pourrait dire que le noviciat est ce temps ou l'on apprend la bonne manière d'apprendre. Ce n'est pas le temps où on apprend une fois pour toute, et puis après on est quitte, voire on fait ce qu'on veut. Oui heureux sommes-nous si le noviciat a développé en nous le goût d'apprendre durant toute notre vie. Ici, il s'agit bien plus que de la curiosité intellectuelle pour connaitre des choses nouvelles. Apprendre désigne cette attitude de quête et d'ouverture vis-a-vis du mystère de Dieu. Cultiver le désir d'écouter Celui qui nous a appelés et qui nous offre d'entrer dans son projet d'amour pour chacun et pour le monde. Apprendre sera plus un chemin qui nous transforme qu'une caverne dans laquelle on entasserait des trésors. En même temps, la vie monastique selon st Benoit est une école ou !'on apprend avec d'autres et par !es autres. Nos frères seront souvent des pédagogues malgré eux. Les frictions de la vie

commune qui me heurtent ou me font ma! sont souvent des lieux bénéfiques d'apprentissage pour corriger ma tendance spontanée a me prendre pour le centre du monde. Des frères à mes cotés voient et font les choses autrement. Ils m'apprennent que le monde est toujours plus grand que ce j'en perçois. Heureuse et couteuse cohabitation fraternelle qui m'enlève mes illusions de toute puissance ou de suffisance.

Si celui qui sort du noviciat, sort renforcé dans le désir d'apprendre, il est bien armé pour la vie monastique ... car le chemin d'apprentissage ne fait que commencer.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 57 01-09 Des artisans du monastère écrit le 21 septembre 2023
Verset(s) :

1. S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, si l'abbé le permet.

2. Si l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il a de son métier, dans la pensée qu'il rapporte quelque chose au monastère,

3. on l'enlèvera de ce métier et il n'y mettra plus les pieds, à moins qu'il ne s'humilie et que l'abbé l'y autorise.

4. S'il faut vendre quelque objet fabriqué par les artisans, ceux par les mains desquels se fera la transaction prendront garde de ne commettre aucune fraude.

5. Ils se souviendront toujours d'Ananie et de Saphire, de peur que la mort infligée à ceux-ci en leur corps

6. ne les atteigne en leur âme, eux et tous ceux qui feraient quelque fraude sur les biens du monastère.

7. Le fléau de l'avarice ne doit pas s'insinuer dans les prix,

8. mais on vendra toujours un peu meilleur marché que ne peuvent le faire les autres producteurs séculiers,

9. « pour qu'en tout Dieu soit glorifié ».

Commentaire :

Quand St Benoit parle des artisans, ii est intéressant de voir qu'il pense d'abord à leur santé spirituelle. « ils exerceront leur métier en toute humilité ». Là où nous sommes d'emblée enclin à mesurer !es aptitudes manuelles (« la connaissance qu'il a de son métier »), ou bien encore l'efficacité de la personne pour remplir tel ou tel emploi (« ce qu'il rapporte au monastère »), St Benoit regarde ce qui se passe dans le coeur. Au travail, comme à la prière, comme en tout autre moment ou espace de la vie monastique, le plus important est ce qui se passe dans le coeur de la personne. Ce primat est important à rappeler dans notre monde très matérialiste ou !es personnes sont le plus souvent jugées, toisées sur des critères très extérieurs. Souligner cette dimension intérieure de l'attitude qui motive l'artisan ne veut en rien minimiser les exigences de qualité du travail à accomplir. Mais c'est nous rappeler à tous qu'il ne faut pas nous tromper d'échelle de valeur entre nous. II peut y avoir des jugements ou des appréciations faites sur les autres, avec plus ou moins de mépris, qui n'ont pas droit de cité dans une communauté comme la nôtre. Plutôt que de juger et d'enfermer l'autre selon ses propres catégories, gardons le regard et la posture de celui qui accepte de ne pas tout connaitre. Acceptons de suspendre notre jugement pour laisser à l'autre la possibilité de nous surprendre. Dieu merci, la vie nous donne souvent bien des occasions de nous montrer que nous nous trompons sur les autres.

Cette recommandation de Benoit sur l'humilité dans le travail, vient aussi interroger le regard que nous portons sur notre travail. Est-il modelé sur les critères de notre monde qui distingue vite entre travaux valorisants et travaux moins valorisants ? Pour beaucoup aujourd'hui certains travaux manuels, même d'artisanat, ou bien qui touche la terre, ou l'entretien sont peu pris en compte à la différence de travaux plus intellectuels ou socialement plus reconnus. Allons-nous nous aussi épouser ces critères mondains pour juger de notre travail et de celui des autres ? St Benoit nous invite clairement a quitter ces critères mondains. Dans le monastère, il n'y a pas de différences entre les emplois. Tous ont une égale valeur pour la marche de la communauté, comme un rouage indispensable à la diffusion de la vie entre nous. Le critère ultime de la valeur de nos activités n'est-il pas là : dans la capacité à transmettre la vie entre nous ? Chacun en faisant ce qui lui est demande contribue a ce que la vie passe et vivifie tout le corps. II s'agit de ne plus se soucier de soi-même, mais de se soucier du bien de la communauté dans la confiance que j'en sortirai à mon tour vivifié et que le Seigneur que nous désirons servir en toute chose prendra soin de nous.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 56 01-03 De la table de l'abbé écrit le 19 septembre 2023
Verset(s) :

1. La table de l'abbé sera toujours avec les hôtes et les étrangers.

2. Cependant chaque fois qu'il y a moins d'hôtes, il aura le pouvoir d'inviter ceux des frères qu'il voudra.

3. Cependant il faut toujours laisser un ou deux anciens avec les frères pour le bon ordre.

Commentaire :

Ce petit chapitre apparait en partie décalé aujourd'hui, puisque chez nous tout au moins, la table de l'abbé n'est plus ni avec les hôtes, ni avec les étrangers. Mais elle reste la table de la présidence du repas commun, par sa position et par sa disposition sans vis-a-vis.

Présidence, préséance pour certaines places à certains jours, temps contrôlés, rythme commun, silence, lecture. Tous ces traits peuvent impressionner nos contemporains. Un membre du conseil s'étonnait l'autre samedi que nous mangions toujours en silence. Sans en faire des absolus, car des nuances se remarquent d'une communauté à l'autre, ces repères façonnent notre être de moine. comme un être d'écoute et de mesure. Nous savons qu'ils sont importants. Que nous disent-ils? La présidence par l'abbé nous rappelle à tous que notre unité est dans un autre, le Christ qui est notre chef et dont nous sommes les membres. C'est sous sa parole, que notre unité se vit et s'enracine. La prière du début du repas nous redit combien nous sommes redevables de tout, à l'égard de notre Père des Cieux, la nourriture qui refait nos forces, et le don de la charité qui tisse notre unité. Ainsi la présidence de l'abbé resitue le corps communautaire dans son axe vertical qui le tourne vers le Christ et notre Père des Cieux, mais aussi dans son axe horizontal de la vie fraternelle partagée, sans cesse à promouvoir et à protéger. En effet, il nous faut toujours veiller à la qualité de notre être ensemble. Le risque est grand pour chacun de nous, de s'installer pour « bouffer dans son coin», sans s'occuper de ses voisins. En fait, il s'agit de manger ensemble, de refaire nos forces ensemble, de nous nourrir, et par les aliments et par la lecture entendue. Les repères que nous entendions encore il y a quelques jours dans le coutumier restent d'actualité. Je les rappelle : veillons à nous attendre avant de passer au plat suivant. Ici, ce n'est pas de la charité que de proposer à un frère qui bouffe a toute vitesse, le plat suivant. Non, soyons attentifs à manger ensemble. Un autre repère : ne mettons pas de coté un bon dessert ou un bon plat, au début d'un libre-service. Ne faisons pas de réserve. Mangeons en remerciant Dieu pour ce qu'il donne. S'il n'y a plus rien, soyons heureux pour nos frères. Un dernier point, veillons à nous servir sans tricher ou palper les aliments. Veillons à prendre ce qu'il nous faut, le pain ou le fromage par ex, sans remettre des morceaux. Sans devenir des maniaques, aidons-nous. Gardons de l'humour et une bonne vigilance fraternelle qui ne juge pas, toujours prête à soutenir.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 55 15-22 De la garde-robe et de la chaussure des frères écrit le 16 septembre 2023
Verset(s) :

15. Comme literie, il suffira d'une natte, d'une couverture ordinaire et d'une autre en laine, et d'un chevet.

16. Cependant ces lits seront fréquemment inspectés par l'abbé, à cause des objets appropriés qui pourraient s'y trouver.

17. Et si l'on trouve chez quelqu'un un objet qu'il n'a pas reçu de l'abbé, il subira une sanction très grave.

18. Et pour retrancher radicalement ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui est nécessaire,

19. c'est-à-dire coule, tunique, chaussons, chaussures, ceinturon, couteau, stylet, aiguille, mouchoir, tablette, pour ôter tout prétexte de nécessité.

20. Cependant l'abbé aura toujours égard à cette phrase des Actes des Apôtres ;: « ;On donnait à chacun selon ses besoins. ;»

21. Ainsi donc l'abbé, lui aussi, aura égard aux infirmités des nécessiteux, non à la mauvaise volonté des envieux.

22. Dans tous ses jugements, cependant, il songera à la rétribution de Dieu.

Commentaire :

« Pour ôter tout prétexte de nécessité »... St Benoit est ici assez sévère concernant !es velléités des frères d'accaparer des choses qu'ils n'auraient pas reçues, mais qu'ils se seraient procurer par eux-mêmes. ll désire que l'abbé donne tout ce qui est nécessaire, pour« ôter tout prétexte de nécessité ». Autrement dit, l'abbé déterminera ce qui est vraiment nécessaire. Mais aussitôt après, St Benoit se ravise en quelque sorte en invitant l'abbé à ne pas oublier la phrase des Actes des Apôtres : « on donnait à chacun selon ses besoins ». A travers ces lignes on sent bien la difficulté pour notre vie commune de discerner ce qui est vraiment nécessaire pour tous. Car une communauté chrétienne ne peut oublier les besoins légitimes de chacun.

La petite phrase que je mettais en exergue au début « pour ôter tout prétexte de nécessité » peut nous servir de guide dans la réflexion. Le fait que l'abbé donne à chacun le nécessaire voudrait aider les uns et les autres à grandir dans le discernement de ce qui est vraiment nécessaire et de ce qui l'est moins, voire pas du tout. La vie commune voudrait nous éduquer à prendre distance par rapport à ce qui pourrait n'être que prétexte de nécessité. On croit que cela nous est nécessaire, mais en fait non. En nous, il y a toujours en sommeil cette part d'enfant qui voyant un autre enfant avoir un bel objet qu'il n'a pas, désire avoir le même. S'il fait des pieds et des mains et qu'il obtienne cet objet, il n'est pas rare que peu de temps après, il délaisse cet objet, parce qu'il n'en avait pas vraiment besoin. En quelque sorte, il était jaloux de ce que l'autre avait et pas lui, mais au fond cet objet ne l'intéressait pas vraiment. Il n'en avait pas vraiment besoin. En ôtant tout prétexte de nécessité, St Benoit veut nous faire sortir de cette attitude infantile qui peut vite se réveiller en nous par rapport à des objets, ou bien des possibilités que les autres ont et que je n'ai pas. Lorsque cette tentation vient nous « titiller » qu'allons faire? Jalouser, envier, murmurer? Ou bien n'est-ce pas l'opportunité de prier et de nous mettre en vérité devant le Seigneur pour lui présenter ce désir. Lui remettre en lui demandant de venir l'éclairer: qu'y-a-t-il dans ce désir de vraiment vrai et profond, qu'y-a­ t-il d'illusoire? Demandons-lui de nous éclairer sur ce que j'ai vraiment besoin, sur ce qu'il veut me donner et que je peux demander avec confiance au P. Abbé ou à un frère? Apprenons du Seigneur la grâce d'être un peu plus des fils de Dieu adultes qui accueillent leurs vrais besoins, leur profond désir celui-là qui est souvent très simple et qui nous rend profondément heureux.