vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 16-24 De la réception des hôtes. écrit le 14 juillet 2009
Verset(s) :

16. La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part, afin que les hôtes arrivant à des heures incertaines, – ils ne manquent jamais au monastère, – les frères n'en soient pas dérangés.

17. Dans cette cuisine entreront en charge pour l'année deux frères qui remplissent bien la fonction.

18. S'ils en ont besoin, on leur procurera des aides, pour qu'ils servent sans murmure, et inversement, quand ils ont moins d'occupation, ils iront au travail là où on leur commande.

19. Et l'on y veillera, non seulement pour eux, mais aussi dans tous les services du monastère :

20. quand ils en ont besoin, on leur attribuera des aides, et inversement, quand ils sont libres, ils obéiront aux commandements qu'on leur donne.

21. Quant au logement des hôtes, il sera confié à un frère dont l'âme est pénétrée de la crainte de Dieu.

22. Il y aura là des lits garnis en nombre suffisant, et la maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement.

23. Celui qui n'en a pas reçu l'ordre n'entrera aucunement en rapport avec les hôtes ni ne conversera avec eux,

24. mais s'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme nous l'avons dit, et demandant une bénédiction, il passera son chemin en disant qu'il n'a pas permission de converser avec un hôte.

Commentaire :

De la réception des hôtes.

« La maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement. »

Comme le chapitre sur cellérier, on retrouve ici à propos de l’hôtellerie la mention de la « Maison de Dieu » Magnifique expression qui veut qualifier soit, le monastère, soit l’hôtellerie perçue dans leur épaisseur très concrète… A propos du cellérier, il s’agissait de donner les choses de la vie quotidienne en temps voulu. A propos des hôteliers, il s’agit de veiller sur le logement des hôtes, à leur lit afin qu’il y ait de la place pour tout le monde. Qu’est-ce qui va faire que cette maison où l’on travaille ne sera pas seulement une entreprise, mais une maison de Dieu ? Qu’est-ce que ce logement sera plus qu’un hôtel mais plutôt une maison de Dieu ? C’est la qualité des relations qui sont vécues en chacun de ces lieux. C’est le climat de paix et de concorde et de respect qui règne entre les moines et avec les hôtes….et cela au travers de choses toutes simples de la vie quotidienne. Dans la « Maison de Dieu » on ne fait pas des choses extraordinaires ou grandioses, non, ou mène la vie quotidienne de tout le monde mais en y apportant un soin très particulier, soin d’attention aux hôtes, soin de bienveillance entre frères, soin de charité qui regarde l’autre d’abord avec un regard positif, sans juger ou murmurer, de ce monde naîtra la paix.

Je remercie ici nos frères hôteliers pour leur service de nos hôtes, surtout en cette période estivale. Je les invite aussi à prendre soin d’eux-mêmes, en sachant se garder du temps pour se nourrir spirituellement afin de mieux donner.

La paix et la sagesse qui régneront dans l’hôtellerie pour en faire une « Maison de Dieu » ne peuvent venir que du plus profond du cœur. (2009-07-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 6-15 De la réception des hôtes. écrit le 08 juillet 2009
Verset(s) :

6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.

7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.

8. Une fois reçus, on conduira les hôtes à l'oraison, et après cela le supérieur s'assiéra avec eux, lui ou celui qu'il aura désigné.

9. On lira devant l'hôte la loi divine, pour l'édifier. Après quoi, on lui donnera toutes les marques d'hospitalité.

10. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne majeur que l'on ne puisse violer,

11. tandis que les frères continueront à observer les jeûnes accoutumés.

12. L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes.

13. L'abbé, ainsi que toute la communauté, lavera les pieds de tous les hôtes.

14. Après le lavement des pieds, on dira ce verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. »

15. On accordera le maximum de soin et de sollicitude à la réception des pauvres et des étrangers, puisque l'on reçoit le Christ davantage en leur personne, la crainte des riches obligeant par elle-même à les honorer.

Commentaire :

De la réception des hôtes.

Dans un recueil de Maximes spirituelles, on trouve cette phrase d’Evrage » : « L’hôte et le pauvre : collyre de Dieu qui les reçoit, bientôt recouvrera la vue ».

L’hôte et le pauvre telle un collyre, nous ouvrent les yeux sur la présence de Dieu au milieu de nous… Cette conviction d’Evrage n’est-elle pas celle de Benoît quand il propose après le lavement des pieds des hôtes de dire le verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple » Tout se passe en un double regard de foi : le regard de la foi appuyé sur les écritures qui s’applique à accueillir l’hôte comme le Christ … et le regard de la foi qui, après la réception de l’hôte, confesse la présence miséricordieuse de Dieu reconnue dans la rencontre.. Ce double regard de foi peut nous éviter l’écueil d’un certain volontarisme maladroit qui voudrait se forcer à considérer tout hôte comme le Christ. Non, la reconnaissance du Christ en tout hôte n’est pas affaire de décision. Elle est plutôt le fruit d’une attention humble à toute personne qui passe dans une égale disponibilité à tous. Et elle est toujours le fruit d’une grâce de reconnaissance.. Souvent nous ne faisons pas attention ? Nous rencontrons les hôtes, nous les accueillons et les servons du mieux possible. Et parfois nos yeux s’ouvrent de façon émerveillée sur le mystère de la rencontre vécue…. Dieu est là, le Christ est là au milieu de nous… Il est là en la personne du pauvre surtout. Entre le désir de servir tout hôte comme Christ et la reconnaissance émerveillée de la Présence du Christ au cœur de la rencontre, nous sommes toujours des chercheurs de Dieu. Les moments de grâce où le « collyre » agit vraiment pour nous ouvrir la vue sont là pour nous encourager. Ils nous aident dans la monotonie des jours à demeurer des serviteurs de nos frères et des chercheurs de Dieu, qui est là présent. Toute rencontre porte en elle plus qu’elle-même. Elle nous introduit au mystère plus large de toute vie humaine dans la lumière de Dieu. Rendons grâce à notre Dieu de nous introduire à travers nos relations vers une plus grande connaissance de son mystère. (2009-07-08)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapître 52, v 1-5 De l’oratoire du monastère écrit le 07 juillet 2009
Verset(s) :

1. L'oratoire sera ce que signifie son nom, et on n'y fera ou déposera rien d'autre.

2. L'œuvre de Dieu achevée, tous sortiront dans un silence complet et l'on aura le respect de Dieu,

3. en sorte qu'un frère qui voudrait prier à par soi en particulier, n'en soit pas empêché par l'importunité d'un autre.

4. Si en outre, à un autre moment, il voulait prier à part soi en privé, il entrera et il priera sans bruit, non à voix haute, mais avec larmes et application du cœur.

5. Donc celui qui ne fait pas ainsi, on ne lui permettra pas de demeurer à l'oratoire, une fois achevée l'œuvre de Dieu, comme il a été dit, de peur qu'un autre n'y trouve un empêchement.

Commentaire :

De l’oratoire du monastère.

« Il priera sans bruit avec larmes et application du cœur »

Cette précision de Benoît nous donne quelques éléments pour la prière… ce qui est assez rare dans la Règle qui ne se veut pas être un traité sur la prière… Parler de la prière n’est pas facile car elle est cette relation si intime à chacun qu’il est délicat de trop en dire… Et en même temps, les mots des uns peuvent éclairer et révéler l’expérience des autres. Ou encore ce que partagent les uns peu conforter les autres, les encourager à persévérer sur leur chemin.

Ici Benoît nous laisse trois mots qui balisent une manière de prier : « sans bruit, avec larmes, avec application de cœur » « Sans bruit » : Après la prière chorale communautaire, la prière seul en silence. Silence extérieur sur lequel nous devons veiller les uns pour les autres… pour faciliter le silence intérieur… « Sans bruit » nous le savons les bruits intérieurs sont les plus difficiles à faire taire. Chercher à les apaiser en présentant au Seigneur ce qui en est la cause (nos soucis, nos colères ou nos tristesses) est déjà chemin de prière. Chemin qui peut être laborieux.

« Larmes » : Les anciens étaient familiers de la prière avec larmes, non des larmes de tristesse, mais des larmes de repentir qui lavent… Finalement il s’agit de larmes de libération du cœur qui se reconnaît humblement à la fois pécheur et à la fois aimé par Dieu … La confession des péchés libère du joug du remord et de la culpabilité malsaine… Et les larmes expriment ce que le cœur ressent, bien mieux que ne le feraient les mots…

« Application du cœur » : La prière engage notre cœur… Appliquer notre cœur à la prière, nous rendre vraiment disponible. être là vraiment dans la lumière de la présence de Dieu… n’est pas le moindre de notre labeur spirituel… Notre cœur peine souvent à demeurer là, vulnérable, sans maîtrise… La facilité est de divaguer.. de se laisser aller ailleurs… Un des labeurs de notre prière est de vouloir être là sous le regard de notre Père… et de nous appliquer à l’écouter… La répétition d’un mot ou d’un verset entendu est souvent un moyen concret d’appliquer notre cœur à se tenir là présent à la présence de notre Père… Que l’Esprit Saint qui prie en nos cœurs nous vienne en aide. (2009-07-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 1-5 De la réception des hôtes. écrit le 07 juillet 2009
Verset(s) :

1. Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ, car il dira : « J'ai été hôte et vous m'avez reçu. »

2. « A tous » on rendra les honneurs qui leur sont dus, « surtout aux frères dans la foi » et aux étrangers.

3. Lors donc qu'un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité.

4. On commencera par prier ensemble, et ensuite on échangera la paix.

5. Ce baiser de paix ne doit se donner qu'après qu'on ait prié, à cause des illusions du diable.

Commentaire :

De la réception des hôtes.

« On commencera par prier ensemble »

Quand il accueille des hôtes, surtout pour les nouveaux venus, F. Hugues, les accompagne à l’église pour leur montrer le lieu de notre prière.. S’il n’est pas trop naturel aujourd’hui de prier ensemble avec tout hôte qui se présente, nous pouvons dire que l’office célébré au cours de la journée est notre 1er lieu de rencontre avec les hôtes… et le plus souvent pour la plupart d’entre nous, notre unique lieu de rencontre avec les hôtes. Il est heureux qu’il en soit ainsi… la prière est notre vrai lieu de communion avec tous ceux qui passent ici. Pas de paroles échangées entre eux et nous, sinon les mots de la prière adressée à Notre Père… S’il en est ainsi cela requiert de notre part quelques points d’attention si l’on veut que ce lieu de communion soit vécu de façon vraiment juste. J’en relèverai un particulièrement : celui de la discrétion du regard… A la prière, au cours de l’Eucharistie il y a trop de regards tournés vers la nef et cela parfois de façon vraiment indiscrète, voir grotesque… des bras croisés qui regardent et qui regardent… faisons attention à demeurer discret et cela surtout au moment de la communion lors de la messe. Notre présence à l’office et à la messe demande à chacun de nous une vraie qualité d’intériorité et de prière… Appliquer son cœur à la prière, à ce qui se vit au moment, voilà notre labeur spirituel, sans cesse à reprendre. Veillons y tout particulièrement à la communion…. C’est un moment ou nous accueillons le Christ, pain vivant…alors appliquons notre cœur à cette rencontre… ne laissons pas nos yeux divaguer vers la nef comme à un spectacle. Le Christ nous donne rendez-vous… les hôtes veulent apprendre le recueillement, aidons les par le nôtre. (2009-07-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 51, v 1-3 Des frères qui ne partent pas très loin écrit le 04 juillet 2009
Verset(s) :

1. Un frère qui est envoyé pour une commission quelconque et dont on attend le retour au monastère ce jour-là, ne se permettra pas de manger au dehors, même s'il y est invité tout à fait instamment par quiconque,

2. sauf si son abbé lui en a donné l'ordre.

3. S'il fait autrement, il sera excommunié.

Commentaire :

Des frères qui ne partent pas très loin.

« S’il fait autrement il sera excommunié » Faire autrement ici, c’est prendre des libertés par rapport à la communauté, d’est facilement aller chez les voisins et s’attarder avec eux sans en référer à l’abbé… De son propre chef s’arrêter manger chez des voisins. De fait, le frère prend ses distances par rapport à la communauté. Il décide par lui-même…. Il s’excommunie en ne faisant pas corps avec la communauté. Benoît se fait une haute idée de la vie communautaire et de son dynamisme profond. De la communauté, nous recevons tout. D’elle nous recevons non seulement le vivre et le gîte, mais bien plus, nous nous recevons nous même comme membre vivant du corps. La vie monastique nous propose une règle de vie communautaire exigeante, car elle veut nous sortir de cette illusion tenace qui voudrait que nous pouvons nous suffire à nous même… Aucun de nous n’est auto-suffisant … Libre et autonome nous sommes en même temps dépendant les uns des autres et finalement dépendant de Dieu de qui nous recevons sans cesse la vie, le mouvement de l’être. En nous invitant à ne pas agir sans en référer à l’abbé et à la communauté, Benoît veut nous apprendre à vivre dans la conscience de cette dépendance radicale… En embrassant la vie monastique, nous voulons vivre cette dépendance foncière non plus comme un poids subi mais comme un apprentissage à la vraie liberté… Une liberté jusque dans les moindres détails de notre vie et pour être libre par rapport à nos mouvements spontanés, nous référons à un autre. Je rappelle nos coutumes sur ce point… Quand nous nous arrêtons chez des voisins et qu’ils nous invitent à prendre quelque chose, nous ne parlons au retour… Si on reçoit des invitations, nous en parlons avant au P. Abbé qui dira ce qui est possible. Ces paroles peuvent nous coûter car elles nous déplacent dans noter désir d’indépendance…. Mais elles nous remettent chaque fois dans al lumière du Christ sous laquelle nous désirons vivre toute chose… Cela n’a pas de prix.

(2009-07-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 50, v 1-4 Des frères qui travaillent loin de l’oratoire ou qui sont en voyage écrit le 03 juillet 2009
Verset(s) :

1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –

2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –

3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.

4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.

Commentaire :

Des frères qui travaillent loin de l’oratoire ou qui sont en voyage.

« En voyage… les moines ne négligeront pas de s’acquitter de cette prestation de leur service… »

La présence à l’office comme notre prestation de service « fructum servitutis » en latin… Etonnante manière d’envisager la prière, que l’on rangerait plutôt du côté de la gratuité. Mais nous pour les moines, nous dit Benoît, elle est une « prestation de service » L’expression française. Le « pensum » était « le poids de laine que l’esclave devait filer chaque jour …»

Et par extension le pensum est devenu la tâche ou la fonction quotidienne à assumer… L’office serait ainsi le « poids de temps en présence » que le moine consacrera chaque jour pour chanter Dieu. La mesure de ce poids est réglée dans notre vie au monastère. Benoît insiste ici pour que cette mesure ne change pas quand nous sortons en voyage, dans la mesure du possible. Comment entendre cette insistance ? Comme une contrainte à laquelle on va se soumettre plus ou moins bien et avec plus ou moins de bonne grâce ? Ou bien pouvons-nous l’entendre comme une opportunité pour nous réapproprier notre service de prière ? En effet au monastère, l’horaire et les cloches nous portent et nous entraînent sans que l’on y pense le plus souvent. A l’extérieur, laissé à nous-même ou en voyage avec des frères, l’occasion est offerte de nous ressaisir de notre office, de le faire nôtre. Même si la forme est plus légère et différente, continué là où nous sommes à sanctifier les heures et une belle grâce qui nous est faite. Nous pouvons alors mesurer toute l’épaisseur de cette prière qui veut présenter tous les mots humains à notre Dieu Notre Père. Prier dans le train, dans le métro, avec un frère en voiture, dans la chambre d’une ville bruyante… autant de situations qui nous rendent proches et solidaires des hommes nos frères. Autant de situation où nous mesurons l’importance de la prestation de notre service de prière. Dans ce lieu, dans ces heures où tous s’affairent, nous prenons le temps de nous arrêter pour faire monter vers Dieu comme une offrande notre vie humaine et cette de tous les hommes nos frères. (2009-07-03)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 49, v 1-8 L’observance du Carême écrit le 27 juin 2009
Verset(s) :

1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,

2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,

3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.

4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.

5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,

6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,

7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,

Commentaire :

. L’observance du Carême.

De ce petit chapitre, je retiendrai deux mots ou expressions : « en tout temps » et « joie »

« En tout temps », les moines doivent garder l’observance du Carême. Cette affirmation un peu abrupte nous remet face à la radicalité contenue dans noter vie monastique. Radicalité de la vie au désert que nous avons choisi… Cette radicalité, nous l’avons embrassée avec joie et enthousiasme aux premiers jours de notre entrée. Elle s’offre à nous maintenant dans la durée… 1à ans, 20 ans, 4à ans, 60 ans. Dans la radicalité de cette vie au désert, il nous faut apprendre à savoir vivre de peu, sans nous encombrer… sans cesse dans la recherche de l’unique nécessaire et parfois c’est dur de demeurer là… parfois le poids du jour et le poids de notre faiblesse se font davantage sentir. Dans le désert, le Seigneur a conduit son peuple non pour le faire mourir, mais pour le faire vivre. Cette conviction de foi peut nous réconforter si le découragement nous guette. Le Christ ne nous a pas appelés ici pour mourir mais pour vivre à un autre niveau de plénitude. C’est ici que le mot « joie » de ce chapitre peut nous éclairer. Très curieusement, nous le savons, ce mot ne se rencontre que dans ce chapitre sur le Carême et par deux fois. Alors que Benoît engage ses moines sur une voie plus sentie de renoncement, il leur parle de « joie spirituelle »… Je crois que si aucun de nous n’avait pressenti quelque chose de cette joie là, il n’y aurait personne à s’engager dans la vie monastique. C’est cette joie là qui nous fait entrer et tenir. Elle est comme une source profonde, pas immédiatement, ni facilement accessible car elle est toujours un don inattendu de l’Esprit Saint. Et cette joie ne se confond pas avec les joies que l’on serait enclin à chercher dans la possession des biens et dans l’aisance du confort quotidien. Non, cette joie se donne dans l’apprentissage du renoncement à soi-même et dans le pieu travail de lâcher prise par rapport à nos sécurités habituelles. C’est la joie du désert où nous conduit l’Esprit (celle de Jean-Baptiste dont nous parlait Mgr Gaillot,) C’est la joie de l’Amour « répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint… Joie exigeante et forte comme l’Amour, qu’elle nous donne de vivre et chercher… « Viens Esprit Saint nous révéler le goût de cette Joie là … » (2009-06-27)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 48, v 1-9 Le travail manuel quotidien. écrit le 18 juin 2009
Verset(s) :

1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.

2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :

3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.

4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.

5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.

6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.

7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,

8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.

9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.

Commentaire :

Le travail manuel quotidien.

Nous venons de réfléchir en communauté sur nos emplois, sur le travail au monastère. C’est intéressant de voir que Benoît parle du travail des moines en le mettant en relation avec la lection divina. Il cherche à équilibrer ces deux occupations. Dans le cadre tracé par l’office divin, comment répartir les temps de travail et les temps de lectio. Au sujet du travail cela nous rappelle trois convictions de Benoît, que nous croyons toujours importantes et vraies :

L’oisiveté est un danger pour le moine « Ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains » « Tout doit se faire avec mesure à cause des faibles » Evêque et Cassien l’on dit, le travail est un remède contre l’acédie. Mais il n’est pas seulement une condition d’équilibre et de santé spirituelle. C’est aussi l’un des devoirs du chrétien. St Paul y invite souvent : le disciple du Christ doit travailler, pour gagner sa vie, mais aussi pour pouvoir faire l’aumône. Cette répartition du temps entre travail et lectio, Père Adalbert nous dit qu’elle remonte aux premières règles de la vie monastique occidentales. Pacôme et Cassien parlaient seulement du travail, sans prévoir de temps particuliers pour la lectio. Mais Augustin réserve déjà 3 h pour la lectio. A l’inverse dans le monachisme gaulois primitif, les frères disposaient de la journée entière pour prier. Ni travail ni temps de lectio. Basile, Augustin, Cassien, ont combattu vigoureusement cette conception de la vie monastique. C’est vrai l’écriture, nous dit qu’il faut prier sans cesse mais cela ne contredit pas le devoir de travailler. Surtout si la prière de l’homme est réponse à la Parole de Dieu. Prier sans cesse, c’est plus écouter Dieu sans cesse que lui parler sans cesse d’où le besoin de lire et apprendre à connaître l’Ecriture, pour nous en imprégner, pour qu’elle nourrisse notre journée, notre travail, nos rencontres.

Ce chapitre peut-être l’occasion de repenser la place de la lectio divina dans notre vie, et se poser la question : dans nos journées la Parole de Dieu est-elle ma nourriture quotidienne ? (2009-06-18)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 47, v 1-4 Le signal pour l’office divin. écrit le 17 juin 2009
Verset(s) :

1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.

2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.

3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.

4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.

Commentaire :

Le signal pour l’office divin.

Le petit chapitre traite de deux questions différentes : l’annonce de l’office, la manière de le réciter.

C’est l’abbé qui est responsable de l’annonce de l’œuvre de Dieu, cela dit déjà son importance. St Benoît ne dit pas « sonner pour l’œuvre de Dieu », ou « donner un signal », mais annoncer. Annoncer l’œuvre de Dieu : c’est tout autre chose. Lorsque sonne la cloche pour l’office, c’est une annonce joyeuse et toujours nouvelle, comme fut pour Marie l’annonce de la bonne nouvelle. C’est Dieu qui nous visite, et nous invite à la rencontre. Le Père Muard disait : « Dieu qui m’appelle » Heureux de croire le moine pou qui ces annonces de l’œuvre de Dieu sont chaque fois un appel heureux l’homme qui sait découvrir à tout instant, dans sa vie l’appel du Christ. Les prescriptions de Benoît sur la façon d’exécuter les psaumes et les antiennes sont imprégnées du même sens de la majesté de Dieu. Le chapitre nous rappelle aussi que le chant, comme la lecture, sont un service. S'ils sont accomplis avec humilité, crainte de Dieu, dans l’obéissance service reçus de Dieu. Nous sommes serviteurs de Dieu, disponibles. A la place que Dieu veut. (2009-06-17)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 46, v 1-6 De ceux qui commettent des manquements en certaines choses. écrit le 15 juin 2009
Verset(s) :

1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement

2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,

3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,

4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.

5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,

6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.

Commentaire :

De ceux qui commettent des manquements en certaines choses.

Le chapitre 46 est un appel à la loyauté envers Dieu et en envers les frères. Ne rien laisser dans l’ombre « Il ira aussitôt s’accuser spontanément devant l’abbé et la communauté »

Le chapitre précédent parlait des fautes dans la liturgie. Celui-ci concerne la vie courante, le travail. Benoît établit une distinction entre les fautes extérieures, et les péchés secrets de l’âme. L’acte, le comportement, la maladresse qui ont gêné la communauté. Et ces blessures secrètes, ces intentions du cœur, qui ne doivent être révéler qu’au Père Abbé ou au Père Spirituel.

Il y a des frères qui savent demander pardon, reconnaître leurs tors, leurs erreurs, leurs maladresses. Cette loyauté rend ceux qui la pratiquent agréables à vivre en communauté ! Mais il y a ceux qui ne peuvent pas faire cette démarche. Et il y a ces moments où chacun de nous peine. Il nous faut beaucoup de temps parfois ! Nous avons ce réflexe de nous justifier d’accuser l’autre. Christ nous connaît ? Il sait notre faiblesse, nos chutes, nos infidélités et cependant il nous choisit avec nos difficultés à reconnaître nos fautes, nos ennemis. Ila choisi des hommes, non des héros, ni des saints. Il ne s’agit pas de devenir impeccable, à la force du poignet mais d’ouvrir notre cœur au Christ. Ne pas nous lasser de revenir à lui. Croire que lui peut tout en nous. (2009-06-15)