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11. « Qu'il haïsse les vices et qu'il aime les frères. »
12. Dans ses réprimandes même, qu'il agisse prudemment et « ;sans rien de trop », de peur qu'en voulant trop gratter la rouille, il ne brise le vase.
13. Il ne perdra jamais de vue sa propre fragilité, et se souviendra « ;qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. »
14. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité, suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu, comme nous l'avons déjà dit.
15. Et il s'efforcera « d'être plus aimé que redouté ».
Ces quelques lignes pourraient être appelées : « Traite d’orfèvrerie spirituelle » Car tout y est dit avec délicatesse et finesse, profondeur et force en même temps. A travers elles, St Benoît nous fait repeindre le mystère de nos vies humaines et la grandeur de l’évangile. Mystère de nos vies humaines qui sont atteintes par le mal, comme le fer est atteint par la rouille. Il en découle une fragilité qui appelle action efficace pour ne pas laisser la rouille ronger tout le fer, et en même temps attention délicate pour ne pas briser les êtres. Car chacun est plus grand que ses vices ou ses errances. Tous les frères sont dignes d’un grand amour. « Qu’il haïsse les vices et qu’il aime les frères » Je disais mystère de nos vices humains et grandeur de l’évangile. En effet l’abbé est invité à être au service de la Bonne Nouvelle apportée par la Christ en aidant les frères à se libérer de leur mal. Comme le Christ Serviteur, et en son Nom, il doit établir « fidèlement le droit » (Isaïe 42,3) « En veillant à ne pas écraser le roseau cassé » (Mt 12, 20) Notre vie monastique est ainsi la poursuite de l’œuvre de guérison et de libération instaurée par le Christ. Pour chacun, un chemin de Salut est offert, une opportunité de guérir est donnée. Dans cette œuvre de discernement pour aider chacun à se libérer du joug du mal et des vices, la Prudence et la Charité sont les deux instruments que l’abbé doit sans cesse garder à cœur en se souvenant aussi de sa propre fragilité. Ainsi à travers tous ses moyens humains et spirituels le Christ poursuit son œuvre pour redonner santé et force à chacun de nous. Le grand orfèvre, c’est lui… et l’abbé un modeste instrument en ses mains, ainsi que tous les frères qui savent allier écoute et parole de réconfort, parole de discernement et présence attentive auprès des autres. Que l’Esprit Saint nous vienne en aide par sa lumière. (2009-09-19)
11. Aussi nous semble-t-il opportun, pour la sauvegarde de la paix et de la charité, que l'abbé règle à son gré l'organisation de son monastère.
12. Si faire se peut, c'est par des doyens que l'on organisera, comme nous l'avons établi antérieurement, tous les services du monastère, selon que l'abbé l'établira.
13. Ainsi, plusieurs en étant chargés, un seul ne s'enorgueillira pas.
14. Si le lieu l'exige ou si la communauté le demande raisonnablement avec humilité et que l'abbé le juge opportun,
15. l'abbé choisira qui il voudra avec le conseil des frères qui craignent Dieu, et il se l'ordonnera lui-même comme prévôt.
Hier je soulignais un élément de base dans la résolution des conflits : savoir regarder, assumer et gérer ses propres conflits internes qui ont toujours des interactions dans les conflits avec les frères.. qu’on s’en rende compte ou non. Plus nous chercherons à pacifier notre cœur, nos pensées et nos désirs, plus nous serons des hommes pacifiant autour de nous. C’est le combat premier du moine : « Poursuis la paix, recherche là … »
Ce matin, Benoît indique une autre piste de travail, plus directement adressée à l’abbé : elle regarde l’organisation du monastère. Cernant le prévôt, il s’agit d’éviter qu’il soit institué par l’abbé lui-même, pour éviter jalousie ou rivalité, s’il est institué par l’évêque comme l’abbé. Mais de façon plus générale, Benoît suggère un partage des responsabilités, en particulier ici avec les doyens. » Plusieurs en étant chargés, un seul ne s’enorgueillira pas … » C’est une grâce de notre vie cénobitique que de nous rendre tous responsable de la vie au monastère. Ensemble, nous portons la charge, le mumus » qui nous permet de faire communauté. Et le « ensemble » n’est jamais acquis uns fois pour toute. Les plus rapides doivent accepter de ralentir le pas pour attendre les plus lents et les plus brillants accepter de chercher avec le plus simple.
Je voudrais insister sur ce point du « faire ensemble » Il n’est pas rare quand on cherche à organiser quelque chose d’être bloqué parce que des frères refusent de collaborer ensemble ou parce que si un tel est là, un autre ne viendra pas.. etc. Ces genres de réactions stérilisent la vie en évitant d’affronter la réalité. Certes il y a parfois des situations relationnelles trop difficiles qu’il incombe à l’abbé d’anticiper. Mais il revient aussi à chaque frère de prendre sa part du poids, ou sa part de travail pour collaborer avec des frères avec lesquels il ne se sent pas immédiatement à l’aise. On pourrait ici paraphraser la parole du Christ : « Si vous ne collaborez qu’avec des frères que vous aimez bien, qu’elle récompense pouvez vous attendre ? Les gens du monde n’en font-ils pas autant ? La vie fraternelle est vraiment fraternelle quand nous savons dépasser nos inimitiés et nos susceptibilités… et vivre vraiment comme des fils du même Père. (2009-09-19)
7. Quant à l'abbé qui a été ordonné, il songera toujours à la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra « ;rendre compte de sa gestion ;».
8. Il saura qu'il doit plutôt « servir que régir ».
9. Il doit donc être « savant » dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où « tirer le neuf et l'ancien », chaste, sobre, miséricordieux.
10. Et que « la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement », afin qu'il obtienne pour lui le même traitement.
« Plutôt servir que régir » La charge de l’abbé comme un service. Cela est une constante dans la Règle et notamment dans ce chapitre. Benoît y insiste fortement dans la ligne de l’Evangile. Il est intéressant de voir que dans ce chapitre il se réfère à deux paraboles : la première évoquée ce matin par la mention « il devra rendre compte de sa gestion » renvoie à celle de l’intendant infidèle qui fut dénoncé pour avoir dilapidé les biens de son maître (Lc 16,1-8) La deuxième qui conclue ce chapitre renvoie à la parabole du serviteur que le maître à son retour trouve fidèle à son service de donner la nourriture en temps voulu aux gens de sa maison (Mt 24,45-51) Deux figures de serviteur : la première laisse entendre que le serviteur peut dilapider les biens de son maître, et la seconde montre que sa fidélité sera récompensée par le maître. Appliquée à l’abbé, ces figures viennent sans concession remettre devant ses yeux l’importance de la charge à lui confiée. L’abbé a la charge des gens et des biens de la maison du maître. Il doit administrer de telle façon que le maître à son retour ne soit pas lésé, ni fâché de mauvais traitements que l’abbé aurait infligés à ses frères. Ce contexte évangélique pour considérer la fonction de l’abbé est heureux. Il invite l’abbé et ses frères à porter leurs regards sans cesse vers le Christ. C’est lui que nous désirons servir, chacun à notre poste. L’abbé qui administre la vie du monastère n’est rien sans la collaboration des frères. Car ensemble, nous cherchons à demeurer en état de veille pour le jour ou il viendra…. veille dans la prière, veille dans la charité, veille dans la simplicité de vie pour qu’apparaisse toujours plus significative notre attente du Christ… et que brille notre Espérance dans un monde qui en manque cruellement. Ainsi chacun à notre place, nous sommes des éveilleurs, des témoins de l’Espérance, pour l’œuvre que Dieu veut mener à son accomplissement. Laissons cette Espérance éclairer notre quotidien qui n’a pas sa fin en lui-même. (2009-09-18)
1. Dans l'ordination de l'abbé, on prendra toujours pour règle d'instituer celui que se sera choisi toute la communauté unanime dans la crainte de Dieu, ou même une partie de la communauté, si petite soit-elle, en vertu d'un jugement plus sain.
2. C'est pour le mérite de sa vie et la sagesse de son enseignement que l'on choisira celui qui doit être ordonné, même s'il est le dernier par le rang dans la communauté.
3. Si même toute la communauté choisissait d'un commun accord une personne complice de ses vices, – ;à Dieu ne plaise ;! ;–
4. et que ces vices viennent tant soit peu à la connaissance de l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu et des abbés ou des chrétiens du voisinage,
5. ils empêcheront la conspiration des méchants de l'emporter, et ils institueront dans la maison de Dieu un administrateur qui en soit digne,
6. sachant qu'ils en recevront une bonne récompense, s'ils le font avec une intention pure et par zèle pour Dieu, de même qu'ils commettraient au contraire un péché, s'ils négligeaient de le faire.
Le choix d’un supérieur dans une communauté monastique est toujours un moment grave, important… qui à vue humaine, peut faire peur. Mais Benoît n’a pas peur apparemment. A la différence de la Règle Monastique, il n’opte pas pour la désignation du nouveau supérieur par l’ancien. Il fait confiance en la capacité de la communauté de choisir l’un des siens. « On prendra pour règle d’instituer celui que se sera choisi la communauté » Et sur quoi fonde-t-il sa confiance ? Sur la capacité de la communauté à se rassembler dans un regard de foi, et dans une concorde sous le regard de Dieu. Dans « La maison de Dieu » ou tout est fait pour favoriser cette concorde et ce regard de foi. L’élection est comme le révélateur de ce patient travail spirituel quotidien. Nous touchons là, la beauté et la grandeur de la vie communautaire chrétienne. Elle est capable de rassembler des hommes très différents par les tempéraments, par l’âge, l’histoire et le parcours personnel…. Sous une Règle et un abbé, elle veut permettre à chacun de trouver son propre pas pour répondre à l’appel de Dieu… tout en marchant avec d’autres. Chacun est épaulé par les autres et chacun soutient les autres dans le désir de servir Dieu. Et cette marche commune à la suite du Christ, sous la conduite de l’Evangile n’est pas aisée tous les jours, nous le savons. Elle demande patience et oubli de soi très souvent, vécus dans une charité très concrète. C’est là que réside le plus solide ciment pour unir ensemble des pierres si différentes. Plus que les belles activités ou entreprises se sont la patience, les renoncements, le service très humble et l’attention discrète de chacun pour les autres qui édifient très sûrement la communauté. Ce ciment là est solide, car il est l’œuvre de l’Esprit Saint, auquel humblement nous voulons consentir et dont humblement nous demandons le secours. (2009-09-17)
15. Chaque fois que les frères se rencontrent, le plus jeune demandera la bénédiction de l'ancien.
16. Au passage d'un supérieur, l'inférieur se lèvera et lui offrira le siège où il était assis. Et le plus jeune ne se permettra pas de se rasseoir avant que son ancien ne le lui commande,
17. pour faire ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels. ;»
18. Les petits enfants et les adolescents, à l'oratoire et aux tables, garderont leur rang en bon ordre.
19. Mais au dehors et partout, ils seront surveillés et maintenus dans l'ordre, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge où l'on comprend.
Hier nous avions la recommandation d’appeler le supérieur « Abbé » « pour l’honneur et l’amour du Christ » aujourd’hui : « prévenez-vous d’honneurs mutuels » Honneur rendu au Christ et honneurs rendus les uns aux autres. L’honneur ici n’est pas flatterie ou volonté d’encenser pour flatter l’amour propre et emplir le frère de vaine gloire. Voir l’honneur proposé se présente davantage comme une expression de la charité. Le jeune est invité à laisser sa place pour l’ancien. Il s’empresse de faire une place à l’autre. Son souci n’est pas son propre confort, mais celui de son frère. Il s’efface pour lui … Voilà en quoi consiste cette recherche de l’honneur rendu aux autres. Benoît précise : « se prévenir » d’honneurs mutuels. On pourrait aussi traduire « prendre les devants » La charité nous presse de prendre les devants pour nos frères. Cette charité là ne résonne pas, elle se donne. Elle nous donne les uns aux autres… moins soucieux de notre confort ou de nos prérogatives mais de la joie de nos frères. Prendre les devants pour donner de la joie sans penser d’abord à soi. Ici nous avons rendez-vous avec mille gestes de notre vie quotidienne : se proposer pour remplacer un frère dans un service, s’arrêter pour écouter un frère qui est en peine, tenir une porte à un ancien et l’attendre avec un sourire, durant les desservices des tables, faire les choses avec la joie de servir la communauté. Se prévenir d’honneur mutuel : nous avons là un instrument spirituel précieux par lequel nous nous livrons à la charité. Celle-ci est en nous une source qui nous demande qu’à être libérée. Ne la retenons pas captive par tous nos repliements sur nous-mêmes, ou par nos pensées de tristesse. L’Esprit Saint nous presse et nous appelle à nous donner avec joie. (2009-09-16)
10. Les jeunes honoreront leurs anciens, les anciens aimeront leurs inférieurs.
11. En ce qui concerne les noms dont on s'appellera, il ne sera permis à personne d'en appeler un autre par son nom tout court,
12. mais les anciens appelleront les jeunes du nom de frères, tandis que les jeunes donneront à leurs anciens le titre de nonni, qui signifie « ;Révérend Père ;».
13. Quant à l'abbé, puisqu'il apparaît comme le représentant du Christ, on lui donnera les titres de seigneur et d'abbé, non qu'il se les arroge de lui-même, mais pour l'honneur et l'amour du Christ.
14. Mais de son côté, il devra y songer et se conduire de façon à être digne d'un tel honneur.
Lors du jubilé du frère Pius, je parlai avec plusieurs personnes en passant saluer les hôtes au réfectoire. Une femme m’a demandé : « mais pourquoi on vous appelle « Père Abbé » ? Elle était intriguée par ce titre et bien consciente de la redondance qu’il contenait. J’ai essayé de lui expliquer que pour une part St Benoît dans sa Règle invitait à appeler « Abbé » le supérieur et que d’autre part, avec le temps l’usage avait voulu qu’on ajoute le mot « Père » Là où Benoît parlait de « Seigneur et d’abbé », la tradition postérieure à privilégiée « Père abbé »… expression en usage pas seulement en français mais aussi en italien, ou en anglais. « Comme si avec le temps, l’usage avait voulu que l’abbé soit regardé davantage comme un « Père » que comme un « Seigneur »… « Abbé » exprimait davantage la fonction et la charge, et « Père » traduisant une marque d’affection. On aurait là une évolution qui tout en débordant la Règle de St Benoît reste bien dans sa ligne. En effet, là ou la Règle Monastique préconise uniquement le respect et la crainte dans la relation à l’abbé, la Règle de St Benoît invite les moines à aimer leur abbé (RB 72) et celui-ci à être plus aimé que craint (RB64)
A propos de ce titre, on reste toujours étonné de la liberté de Benoît, comme de la tradition ancienne, par rapport à la prescription évangélique « Vous n’appellerez personne « père » ni « maître ». En quelque sorte, La Règle de St Benoît prend le contre-pied de l’évangile… et pour quelle raison ? Pour mieux honorer et aimer le Christ « Pour l’honneur et l’amour du Christ ». Comme si le souci de St Benoît était de favoriser le regard de foi des moines dans leur relation avec l’abbé, pour les aider à reconnaître à travers lui la volonté du Christ. Nous sommes ici sur un terrain sensible et subtil où se perçoit le lien profond que Dieu établit avec chacun, à travers les médiations humaines. Le titre « Père abbé » est une tentative pour exprimer ce lien. Et le plus important n’est pas le titre, mais le regard de foi… foi du moine qui veut être à l’écoute du Christ au travers des médiations humaines, ici son abbé.. et foi de l’abbé qui veut être à l’écoute de la volonté de Dieu dans sa relation avec les frères et la communauté. Que le Christ reste unique Seigneur de notre écoute et de notre recherche (2009-09-15).
1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.
2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,
3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.
4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.
5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,
6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.
7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:
8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.
9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.
Ce long chapitre parle de la communauté. Si l’on considère le nombre de fois où ce sujet de l’ordre des rangs ou des places revient dans la Règle – environ – 15 fois, nous touchons là un point sensible pour Benoît. Etrangement beaucoup moins pour nous. En fait ce chapitre a deux parties : la première où Benoît parle de la manière selon laquelle les frères sont rapportés les uns aux autres ou rangés les uns par rapport aux autres. La deuxième partie s’attarde sur la manière avec laquelle les frères doivent se rapporter les uns aux autres, c’est à dire la façon de s’aborder et de s’appeler.
Nous venons de lire la première partie. Dans une société où l’ordre des classes sociales avait encore sûrement une grande importance, selon la tradition latine ancienne, Benoît est soucieux de voir un autre ordre s’établir dans la communauté. Celui-ci ne sera plus basé sur des considérations sociales ou sur les richesses, mais sur l’heure de l’entrée au monastère, le mérite de la vie et toute autre décision de l’abbé. Autant dire que s’il y a une manière de rapporter les frères entre eux, cette manière ne peut-être que spirituelle. Elle sera soit le fait de la Providence divine soit le fait de l’humilité qui vaut d’être élevé. S’il faut un 1er, ce ne peut être que le plus humble. Nous ne sommes plus dans une société d’ordre, liée à la condition sociale où la richesse. Au moins en théorie nous sommes dans une société démocratique où tous sont égaux devant la loi. Et en même temps, n’y a t-il plus d’ordre ? Aujourd’hui l’ordre est souvent celui de la compétence, du savoir faire, ou encore de façon plus sournoise : seront premiers ou perçus comme tel ceux qui savent se faire entendre ou faire parler d’eux dans les médias. Notre façon actuelle de ne plus avoir les rangs d’entrée laisse une belle liberté fondée sur l’égalité de tous en droit et en honneur. Il n’y a donc pas de « Loi de l’ancien » qui pourrait se prévaloir de droits particuliers sur les plus jeunes. La liberté laissée à chacun n’est pas liberté de se caser ou de se planquer, en évitant les frères dérangeants. Cette liberté là est encore puérile. Non, la liberté de nous mettre à n’importe quelle place peut devenir une vraie liberté spirituelle : en prenant la place qui vient, sans calcul, j’accepte, et les lieux et les frères tels qu’ils me sont donnés, ici et maintenant. Veillons donc à ne pas transformer cette liberté qui nous est offerte en une opportunité pour prendre des habitudes de vieux garçons. Cette liberté veut nous entraîner à être plus libre intérieurement en toute circonstance. Cette liberté contribuera à faire de notre communauté un corps vivant, non scléroser par des habitudes (2009-09-05)
5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,
6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.
7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.
8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.
9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.
10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,
11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.
« Sauf pour le service de l’autel » Aurait-on là dans cette brève assertion la compréhension de la spécificité du rôle du prêtre dans un monastère ? « Officium altaris » Le prêtre remplit un office, un service d’autel. Ce service ne fait pas nombre avec les autres services, car il est d’un autre ordre que le service des tables par exemple. Reçu par l’ordination et par l’imposition des mains ce service associe plus étroitement chaque prêtre au ministère du Christ Tête et Berger de son Peuple… le prêtre prend part de façon spéciale à la mission du Christ donné et livré pour le salut de tous. De ce fait, le prêtre uni au Christ serviteur fait signe de ce sacerdoce nouveau, selon Melchisédech, qu’a exercé le Christ en s’offrant lui-même. Le sacerdoce est d’un tout autre ordre que celui de l’Ancien Testament puisque celui qui offre est lui-même offrande et lieu du sacrifice. C’est ce que chacune de nos eucharisties nous engage à vivre sous la conduite du prêtre. Le prêtre qui préside au nom du Christ Tête rassemble toute la communauté Corps du Christ. Il entraîne celle-ci en faisant mémoire de la Passion et de la Résurrection du Christ, à rendre grâce au Père et à s’offrir, elle-même unie à l’offrande du Christ. Tel est le beau service de la communauté que le prêtre remplit à l’autel. Service unique mais vrai service, cela veut dire pour celui qui l’accomplit, qu’il ne doit jamais oublier de la vivre comme tel. Plus que l’aube, le prêtre doit aussi avoir à cœur de se « revêtir de l’habit du serviteur, de cette tenue d’humilité et de disponibilité pour que l’œuvre de Salut se réalise effectivement. Etre moins préoccupé de lui-même, de ses possibilités ou de ses faiblesses que d’être à l’écoute de la Parole et de servir selon ce que la liturgie propose. Ce service est une vraie école d’humilité. Encourageons-nous et encourageons les frères prêtres pour qu’ils vivent simplement et avec joie ce beau service. (2009-09-03)
1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.
2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,
3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.
4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.
« De plus en plus il progressera vers Dieu » Ce que St Benoît dit là du moine prêtre vaut pour tout moines. Nous voudrions progresser de plus en plus vers Dieu.
Il peut être bon parfois de s’arrêter pour se demander : est-ce que ma vie de moine me donne de progresser, d’aller de l’avant ? Est-ce que je suis vraiment habité par ce désir de grandir dans la liberté par rapport à ce qui m’entrave ? Est-ce que je prends vraiment les moyens pour mieux aimer et connaître Dieu ?
Le progrès dan la vie spirituelle n’est pas de l’ordre d’une Ascension où l’on serait sûr d’attendre des objectifs que l’on se serait fixé. Non le progrès dans la vie spirituelle se situe au niveau de notre désir, de notre cœur. Plus notre cœur s’approfondit ou s’élargit, plus nous désirons nous convertir… et plus nous désirons nous convertir, plus notre cœur s’élargit ; et cela inséparablement de la grâce du Seigneur qui nous accompagne, nous stimule et nous donne la force. Si notre désir reste en éveil, nous saurons saisir toutes les petites occasions de progrès que Dieu, dans sa grâce, met devant nos yeux. Et dans notre vie quotidienne, Dieu ne manque pas de nous suggérer des progrès : la patience avec les frères, l’élan à servir, la joie à donner, la promptitude à faire ce qui est demandé sans traîner les pieds, la disponibilité à accueillir des remarques.. la générosité dans la prière où l’on accepte de perdre du temps pour Dieu. Si notre cœur est désireux de se donner davantage, il saura repérer ces lieux de vie où le Seigneur l’attend et l’accompagne pour faire un pas de plus dans l’amour et la générosité, dans la fidélité et la vérité… car le Seigneur veut nous sortir de tous nos esclavages ou de tout nos réflexes enfantins pour faire de nous des hommes debout, des amis qui partagent toujours davantage son intimité. (2009-09-02)
5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.
6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,
7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.
8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,
9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,
10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.
11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.
12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.
13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,
14. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»
Des moines étrangers, comment les recevoir ?
Ces quelques lignes nous font pressentir qu’il existait déjà à l’époque une commune conscience de la vie monastique partagée entre plusieurs monastères. On se fréquentait entre monastères et des relations étaient établies entre l’abbés. Si un moine demandait à changer de monastère, les supérieurs communiquaient entre eux.
Nous mesurons bien ici la tension qui existe entre le fait de servir le même Roi en tout lieu et le fait de s’enraciner en un lieu pour le louer dans la durée. C’est le même Seigneur que nous voulons chanter et glorifier à Bouaké, à la Bouenza ou à la Pierre Qui Vire, et cela facilité cette entraide que nous vivons entre nos monastères. Père Damase et Père Bernard l’on consenti avec générosité. Par leur liberté, ils nous aident à garder grand ouvert notre regard et notre cœur sur ce dessein de Dieu à l’œuvre dans l’Eglise. Oui ce dessein dépasse bien largement ce que nous en percevons ici à la Pierre Qui Vire.. de même en retour, l’accueil de nos frères Jean-Daniel et Fidèle, André et Dominique pour un temps de formation, nous familiarise à cette vie monastique qui s’implante peu à peu dans les Jeunes Eglises. Ils nous renouvellent dans notre désir de servir le Christ. Et en même temps, nous savons et découvrons toujours plus que nous avons besoin d’un lieu pour vraiment approfondir notre recherche de Dieu. Nous avons besoin d’être d’un lieu, d’un corps pour que l’appel de Dieu prenne toute sa mesure en notre humanité. Passer de lieu en lieu risquerait de nous laisser à la surface de nous-même et d’épuiser en nous le goût de la Vraie Vie. Nous sommes d’un lieu et d’une communauté pour apprendre, avec des frères, à aller à la source de notre être, là où le Christ nous attend en vérité. Ayons confiance en ce lent travail de maturation. Par notre fidélité, l’amour de Dieu se fraie un chemin à travers nos faiblesses, nos lenteurs, nos résistances peut-être. (2009-09-01)