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45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.
46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.
47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,
48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.
Une école du service du Seigneur .
Cette expression pour désigner notre vie monastique est touchante de modestie. Aucune autre prétention ne motive le propos de cette règle, sinon celle d’ouvrir un apprentissage ; celui du service du Seigneur.
En écho, avec nos catégories modernes, on peut même ajouter qu’il ne s’agit pas d’une université, ni même d’un collège, mais d’une école. L’apprentissage veut nous prendre à tout âge et à tout niveau de compétence intellectuelle ou technique.
Quand il s’agit de servir le Seigneur, ce qui est requis, c’est avant tout un désir et un cœur bien disposé. Et cela chacun de nous en a un. Chacun de nous vient au monastère et y reste parce que son désir a été éveillé et a été mis en route pour apprendre toujours mieux à servir le Seigneur.
Parler d’école, d’apprentissage en parlant de notre vie monastique, c’est affirmer avec force que nous sommes en train d’être éduqués, que notre formation est vraiment continue.
Nous voulons devenir des moines, des serviteurs de Dieu. Ce beau titre que l’on aime bien attribué, sans peur de se tromper aux saints, Benoît par exemple.
Et qu’est-ce donc servir le Seigneur ? Ce n’est pas faire telle chose plus que telle autre, chanter l’office plus que travailler ou rencontrer un frère. En toute chose nous sommes appelés à servir le Seigneur. Servir le Seigneur, c’est peu à peu laisser grandir en soi, en son cœur cette profonde disponibilité, ce profond désir de vivre et de faire toute chose en se donnant au Seigneur.
C’est en cela que se trouve l’apprentissage. Jour après Jour, nous ajuster pour vivre vraiment toute chose dans une relation filiale avec le Seigneur et dans une relation vraiment fraternelle avec nos frères.
L’habitude, les soucis, nos impatiences, notre somnolence sont des forces contraires qui peuvent nous ralentir ou nous égarer.
Alors humblement, il nous faut reprendre le chemin de l’école du service du Seigneur, en prenant appui sur des petits moyens tout simples qui nous aident à nous ressaisir.
Humblement soyons attentifs à soigner les détails de notre vie, là où nous sommes plus faibles ou fragiles.
Jour après jour, assurément nous ferons des progrès.
(2011-12-03)
39. Nous avons donc interrogé le Seigneur, frères, au sujet de celui qui habitera dans sa demeure, et nous avons entendu le précepte donné pour y habiter, mais pourvu que nous remplissions les devoirs incombant à l'habitant.
40. Il nous faut donc tenir nos cœurs et nos corps prêts à servir sous la sainte obéissance due aux préceptes.
41. Et pour ce que la nature en nous trouve impossible, prions le Seigneur d'ordonner au secours de sa grâce de nous l'accorder.
42. Et si, fuyant les châtiments de la géhenne, nous voulons parvenir à la vie perpétuelle,
43. tandis qu'il en est encore temps et que nous sommes en ce corps et qu'il reste le temps d'exécuter tout cela à la lumière de cette vie,
44. il nous faut à présent courir et accomplir ce qui nous profitera pour toujours.
En ce temps de l’Avent, ces mots de Benoît nous engageant à courir dès à présent pour accomplir ce qui nous profitera toujours, sont bienvenus. Courir tandis qu’il est encore temps précise-t-il.
De même que Benoît dit que notre vie monastique est une vie marquée en tout temps par l’exigence de conversion propre au Carême, de même je crois que l’on pourrait dire qu’elle est tout autant une vie traversée par l’élan et le désir qui caractérise le temps de l’Avent.
Chaque temps liturgique veut nous aider à cultiver et faire fructifier une dimension de notre cœur en quête de la rencontre avec son Dieu.
Ce temps de l’avent vient raviver en nous le désir de courir vers notre Dieu.
Ce désir, c’est celui de l’Eglise qui veut nous entrainer chacun à cette légèreté du cœur. Il s’agit de ne pas trop regarder nos pieds ou notre nombril, mais de tourner nos regards vers le Seigneur qui vient et désire vivre avec nous une vraie rencontre.
Un des moyens concrets de demeurer dans cette course, nous dit Benoît ce matin, c’est de tenir nos cœurs et nos corps prêts à servir, prêt à obéir . Cultiver cette disponibilité intérieure dans la vie de tous les jours, dans le désir de faire avant tout la volonté du Seigneur, et pas d’abord ce qui me plait ou me convient. Cultiver cette ouverture équivaut à courir dès à présent à la rencontre du Seigneur.
C’est l’élan de l’Avent qui redonne à notre vie présente des horizons toujours plus larges. Notre quotidien n’est pas la somme d’actions insignifiantes et répétitives. Il s’inscrit alors au contraire dans cette course dans laquelle nous apprenons à tourner nos regards vers Celui qui vient déjà remplir toute chose de sens et de beauté.
Pour nous garder bien vivant dans cette course et pour nous éviter les mauvais essoufflements, j’invite chacun à porter une attention toute particulière à la ponctualité. Je vois beaucoup de retardataires. Prenons le temps d’arriver à l’avance à l’office. Ne trainons pas avant l’office, avant un chapitre ou un repas. Aidons nous être bien à l’heure.
Apprenons à être prêt.
( 2011-12-01)
35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.
36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,
37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »
38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »
Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions, chaque jour, par des actes, aux saints enseignements qu’Il vient de nous donner .
A la fin du Sermon sur la Montagne, Matthieu utilise la même expression : Quand Jésus eut achevé son discours . C’est à cette parole que Benoît veut faire allusion. Son discours achevé, Jésus attend que nos actes répondent à son enseignement. La réponse qu’Il attend de nous n’est pas verbale. Il ne suffit donc pas d’écouter la Parole. Même pas de l’entendre avec son cœur et la laisser s’enraciner en nous. Il faut aussi la mettre en pratique. Il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur, pour entrer dans le Royaume. Il faut accomplir la volonté du Père . Jésus Lui-même nous l’a dit.
Mais de quelle pratique s’agit-il ? Les pharisiens n’étaient-ils pas les champions de la pratique ? Jusqu’à filtrer le moindre moucheron, mais en avalant le chameau ! S’il suffisait d’être en règle avec tout un ensemble de pratiques, les pharisiens nous seraient donnés en exemple. Ils ne se seraient pas heurtés aussi violement à Jésus. De quelle pratique s’agit-il donc ?
Pour Benoît, cette mise en pratique de la Parole se caractérise par deux traits essentiels. Non seulement elle implique tout l’être, jusque dans les profondeurs de notre cœur : c’est le but de la vie monastique, ramener l’homme à l’unité. Mais pour que cela soit possible, il faut aussi que nous ne prenions pas appui sur nous-mêmes. Prendre appui sur le Seigneur. Que notre gloire soit dans le Seigneur. Que notre vie soit en Lui.
Le Seigneur dit dans sa bonté : je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse, et qu’il vive . Au cœur de notre vocation de moine, il y a le désir de vivre. On a souvent décrit la vie monastique comme un renoncement, une mort au monde, un dépouillement… On oublie qu’il s’agit d’abord d’une vie. Ou plus exactement, comme le dit Benoît, d’un changement de vie.
Nous sommes entrés au monastère parce que nous sentions qu’il nous manquait quelque chose, que la vraie vie était ailleurs. Ce désir d’une vie autre peut s’étioler avec le temps. Il peut s’assoupir en nous. Nous avons à le réveiller chaque jour, tout au long de notre vie. Cela fait partie de notre pratique.
(2011-11-26)
21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.
22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.
23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »
24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,
25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;
26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;
27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;
28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.
29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,
30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,
31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »
32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »
33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.
34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»
Dans ce passage du Prologue, Benoît présente deux fondements de la vie monastique : L’agir juste, et la parole juste. La vie monastique est l’ajustement progressif de nos actions et de notre parole à l’Evangile. Cette transformation ne se fait pas en un jour. Mais elle est la condition d’une expérience spirituelle authentique. Sinon, nous vivons dans l’illusion, et dans le mensonge.
L’agir juste : C’est le programme de Benoît. Il y revient à de nombreuses reprises dans ces versets. Il parle de : l’accomplissement des bonnes actions v.21, Habiter la maison du Seigneur, on ne saurait y parvenir, à moins d’y courir par de bonnes actions v.22, Celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste v.25, Celui qui ne fait pas de mal à son prochain v.27.
Benoît veut nous aider à devenir vrais. Vrais, c’est-à-dire : apparaitre ce que nous sommes. Notre vie se définit par rapport au Christ. Qu’elle manifeste donc la présence du Christ en nous. Voilà ce que nous devons désirer, pour chacun de nous et pour la communauté : qu’elle resplendisse le Christ Jésus. Humilité, simplicité, détachement, intelligence des choses de Dieu, liberté spirituelle.
A cet agir juste correspond donc une parole juste, sur soi-même, mais aussi sur les autres. Celui qui dit la vérité dans son cœur, qui n’a pas commis de tromperie par sa langue, qui n’a pas fait de mal à son prochain v.26-27.
Mais Benoît sait que cet agir juste est un don de Dieu, une grâce. Que celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur v.31.
Agir juste, parole juste : si c’est ce que nous cherchons, cette option de vie nous aidera à traverser toutes les tempêtes, toutes les difficultés, toutes les nuits. Car seule peut traverser la tempête une maison bâtie sur le roc, le Christ. Toutes les autres maisons seront emportées par le torrent des passions, de la jalousie, de la colère, de l’envie, des désirs de la chair. Aujourd’hui, construisons notre maison sur le Roc.
(2011-11-25)
14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :
15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »
16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :
17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.
18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »
19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?
20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.
Quel est l’homme qui veut la vie, et désire voir des jours heureux ? Benoît donne à cette paraphrase des versets 13 à 16 du Psaume 33 la forme d’un dialogue. Dieu se cherche un ouvrier. Il appelle à la vie. A celui qui répond, il trace une ligne de conduite pour y parvenir.
L’appel vient de Dieu. C’est Dieu qui nous appelle. Nous ne pouvons crier vers Dieu, que parce que Lui-même nous appelle. C’est Lui qui, le premier, m’a aimé. Il m’a créé pour Lui.
Pour Benoît, la vie monastique est réponse à cet appel. Ce n’est pas nous qui avons choisi Dieu, c’est Dieu qui nous a créés, choisis, formés, rachetés. C’est Lui qui nous a appelés par notre nom, et qui attend chaque jour notre réponse.
Qui donc aime la vie, et désire le bonheur ? Ce désir du bonheur, tous les hommes le ressentent, en dehors même de toute relation à Dieu. Mais la réponse vient de Dieu. Il nous appelle à son bonheur, qui est sa propre vie. La vraie Vie, tel est le bonheur à la mesure du désir de l’homme. Notre vie monastique est heureuse dans la mesure où nous l’envisageons sous la forme d’une réponse à Dieu. Une réponse de tous les instants, à l’appel éternel de Dieu. Notre bonheur est dans la présence de l’Autre, cette relation avec Celui qui nous donne la vie.
Dans ces quelques lignes Benoît indique aussi un obstacle dans cette quête du bonheur. Il nous faut éviter tout ce qui nuit à la charité fraternelle. Mettre une garde à sa langue. Ne pas dire le mensonge. Notre recherche de Dieu, notre vie de bonheur ne peut s’épanouir que dans un climat de charité fraternelle.
Offrons à Dieu cette journée. Soyons heureux à son service. Michel Rondet dit ceci : Ne faites pas à Dieu l’offense d’être malheureux à son service . Notre bonheur rend gloire à Dieu. C’est sa gloire, de trouver des hommes qui mettent en Lui tout leur bonheur.
(2011-11-24)
8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,
9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :
10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;
11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »
12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.
13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »
Cinq fois le mot audire , écouter, revient dans ce petit passage du Prologue. Benoit décrit ici toute une pédagogie de l’écoute : ce n’est pas inutile de reprendre ce qu’il dit.
Ecoutons d’une oreille attentive la voix puissante de Dieu qui chaque jour nous presse . Une oreille attentive. L’écoute suppose une qualité d’attention. Pas seulement une attention occasionnelle. Car Dieu nous parle chaque jour. C’est nous qui ne savons pas l’entendre, qui sommes trop souvent inattentifs, distraits.
Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs . L’endurcissement du cœur est le grand obstacle à l’écoute. Le cœur endurci, habitué, obstiné, la nuque raide. L’habitude du péché qui finit par assoupir notre capacité d’aimer. L’humilité est le contraire de cet endurcissement du cœur.
Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Eglises . Il s’agit d’écouter le murmure de l’Esprit, cette brise légère qui souffle là où on ne l’attend pas. Mais cette brise, c’est dans l’Eglise qu’on peut l’entendre, ce que Benoît souligne en reprenant cette citation de l’Apocalypse. L’écoute se produit dans la communion fraternelle. Quand deux ou trois sont réunis au Nom du Christ .
Enfin Benoît précise que l’écoute engendre la crainte de Dieu. Venez mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur , Ps 33/12. Nous savons que cette crainte n’a rien à voir avec la peur. Elle signifie le respect, l’amour filial. La crainte de Dieu, c’est cette prise de conscience de sa grandeur. Dieu n’est jamais celui que j’imagine !
Dans ces versets, Benoît nous donne les règles fondamentales de toute écoute authentique : l’attention, l’humilité, la communion fraternelle, et le sens de l’altérité de l’autre.
(2011-11-23)
4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,
5. afin que lui qui a daigné nous mettre au nombre de ses fils, n'ait jamais à s'attrister de nos mauvaises actions.
6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,
7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.
Obéissance et désobéissance. Obéissance et volonté propre. Obéir ou agir en mauvais serviteur. Ces oppositions marquent l’alternative où nous sommes sans cesse placés. La désobéissance d’Adam. L’obéissance du Christ : Ce choix entre les deux chefs de l’humanité, nous avons à le vivre jour après jour, passer de la désobéissance du premier à l’obéissance de second.
Le premier verset de ce Prologue énumérait les quatre attitudes qui résument notre chemin spirituel. Ecouter. Prêter l’oreille. Accepter les conseils. Les suivre effectivement. C’est ce chemin spirituel qui va être développé tout au long de la Règle.
Mais les versets que nous avons entendus aujourd’hui nous rappellent aussi que nous devons demander l’aide de Dieu. Le moine ne fait pas ce retour à Dieu par ses seules forces. Dieu, viens à mon aide ! Nous répétons cette prière tout au long du jour. Car la tâche est immense, démesurée à nos forces d’homme. Le Christ n’est pas seulement le roi qui commande. Ni le guide qu’il faut tenter de suivre. Le Baptême a fait de nous des fils et des héritiers. Nous sommes destinés à partager sa gloire. Ce don et cette promesse de vie exigent de nous une action qui nous dépasse. Mais elles fondent en même temps la possibilité de tout obtenir. Par la prière.
La prière, car l’œuvre à entreprendre n’est pas une œuvre humaine, mais une œuvre divine. Il s’agit de nous mettre sous l’emprise de Dieu, de le laisser répandre en nous sa vie divine. Dans notre vie de chercheurs de Dieu, la prière a la première place. Il s’agit de nous y mettre. Chaque jour de nous y remettre. D’être prêts à tout sacrifier de ce qui nous empêche d’arriver à cette communion avec Dieu.
Dans ma vie, quels sont les temps que je dérobe à la prière ? Les moments que je pourrais redonner à Dieu ?
(2011-11-22)
2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.
3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.
Prends les armes très puissantes et glorieuses de l’obéissance .
Ces paroles de Benoît me font penser en souriant, au début de la Marseillaise, aux armes citoyens !! Le ton de la règle n’est pas si claironnant, ni si mobilisateur, mais l’appel est là, impératif : prends les armes . Il y a une urgence pour le Service du Christ, le vrai Roi. Envisager notre service du Christ comme un combat, comme une guerre avec des armes nous déplace toujours un peu.
Et quel est l’ennemi ?
Ici, pas d’ennemis extérieurs, ni même de mauvais esprits. Non l’ennemi est en nous, dans cette tendance qui nous écartèle et nous défigure : la désobéissance.
Désobéir, se boucher les oreilles ou s’enfermer sur soi et ses propres points de vue : voilà l’ennemi à combattre. Cette attitude ou cette inclination qui nous centre sur nous-mêmes est bien plus redoutable que les ennemis extérieurs. Car elle nous entraine sur des chemins d’isolement et de non-communion. La désobéissance nous berce d’illusions en nous faisant penser pouvoir trouver notre bonheur à faire notre volonté propre, c’est à dire à tout réduire à nous-mêmes. Bien triste et bien étroite perspective !
Contre cet ennemi, pas d’autres armes que celles de l’obéissance. Armes car l’obéissance est forte et capable de trancher les chaines qui nous aliènent. L’obéissance nous resitue dans la juste et profonde posture de notre condition humaine.
Nous sommes des êtres de relation appelés à la communion avec les autres et avec Dieu, à travers la parole et à travers l’écoute.
L’obéissance n’est pas une discipline qui nous régirait de l’extérieur. Non elle est cette attitude profonde où nous sommes vraiment nous-mêmes, des fils et des frères. Parce que la facilité, ou la négligence nous en fait perdre souvent la trace et le goût, parce que la désobéissance tend à nous centrer sur nous-mêmes, il nous faut alors prendre les armes très concrètes de l’obéissance monastiques, pour reconquérir en nous cette obéissance heureuse, celle qui nous rend vraiment libre.
(2011-11-19)
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
Écoute … Tend l’oreille de ton cœur .
Nous retrouvons ce matin ces mots familiers, des mots qui parlent spontanément à notre être de moine. Et en même temps, ces mots nous interpellent de nouveau, car l’écoute vraie n’est jamais acquise, elle est de chaque instant. Elle est de chaque jour pour qui désire grandir sur la voie de l’amour. Car il ne s’agit pas de l’écoute uniquement physique, fruit d’un phénomène d’ondes vibratoires qui viennent frapper notre tympan. Il s’agit de tendre l’oreille de son cœur . La tendre comme on tend une peau de tambour afin que les coups donnés dessus produisent de beaux sons. Si la peau du tambour n’est pas tendue, les impacts des mains qui frappent ne produisent aucun son. Ainsi pour l’oreille de notre cœur, si elle n’est pas tendue, elle ne pourra pas vibrer aux impacts de tout genre et ne pourra informer notre cœur.
Que signifie dès lors avoir l’oreille tendue ? Certainement pas une oreille comprimée, ni raide, encore moins dure. Non tendre l’oreille, la préparer pour qu’effectivement elle puisse recueillir tous les sons possibles, toutes les paroles, mais aussi les mouvements plus intimes de l’Esprit Saint.
Il est toujours touchant de voir une personne mal entendant tendre son oreille, en mettant même la main derrière, pour bien saisir ce que l’on est en train de dire. Tendre l’oreille de son cœur a à voir avec cette belle attitude de disponibilité profonde et d’ouverture pour ne rien laisser échapper de la Parole divine et de la parole fraternelle.
Un cœur qui ne veut rien laisser échapper de la parole de l’autre, voilà un cœur dont l’oreille est toute tendue, ouverte, vivre ainsi n’est pas spontanée. Cela nous demande un vrai travail pour laisser tous nos verrous et nos barrières.
Tendre l’oreille, c’est renoncer à être sûr d’avoir toujours raison, cela c’est l’oreille dure. C’est renoncer à ne vouloir entendre que ce qui m’intéresse. Cela c’est l’oreille molle.
La vie quotidienne sait se charger de nous montrer combien tendre l’oreille de notre cœur est du labeur de chaque instant. A la manière de ces instruments qu’il faut toujours accorder.
Nous pouvons faire nôtre la prière de Salomon : Donne à ton serviteur un cœur attentif (1 R 3.9), un cœur qui écoute.
(2011-11-18)
8. Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l'aide du Christ cette toute petite règle pour débutants que nous avons fini d'écrire ;;
9. et alors seulement tu parviendras, grâce à la protection de Dieu, à ces sommets plus élevés de doctrine et de vertus que nous venons de mentionner. Amen.
Toi qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste
. De cette adresse, nous pourrons retenir deux choses.
La première est qu’elle interpelle chacun de nous qui que tu sois .
Chacun de nous qui sommes là au monastère pour suivre le Christ, qu’il soit doué ou non, fort ou faible, jeune ou vieux, malade ou bien portant. Chacun avec ce qu’il est, est engagé à se hâter et à ne pas trainer le pas. Le qui que tu sois peut être entendu encore comme une exhortation à ne pas trop vite se mettre sur le bord de la route sous prétexte de ceci ou de cela. La règle s’adresse à chacun, dans tous nos états. Même malade ou fatigué ou en difficulté, il s’agit de ne pas perdre le cap, de tenir bon sa boussole, même si le pas ralentit ou s’adapte. Car le chemin à parcourir est d’abord un chemin du cœur et du désir.
Le second point que je retiens est le but vers lequel nous oriente Benoît : la patrie céleste. En ce jour, où nous faisons mémoire de tous nos frères défunts, ce but nous apparait plus clairement. Toute notre vie sur terre est traversée par un appel et un amour, celui du Christ qui nous réjouit. Et elle voudrait être toute entière une réponse aimante dans l’attente de cette communion dans la lumière et dans l’amour du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. C’est là notre espérance, la patrie céleste, ce lieu où nous serons pleinement nous-mêmes, car renouvelés et transfigurés par l’amour du Christ mort et ressuscité pour nous.
Bien sûr, nous balbutions en parlant ainsi. Benoît ne veut pas cependant que l’on se berce de rêves. Pour moi la hâte vers la patrie céleste est aussi hâte vers la perfection de la vie religieuse qu’il mentionne au début de ce chapitre.
C’est en soignant du mieux que l’on peut notre vie présente, la qualité de notre vie monastique, que nous nous hâtons sans illusion vers la patrie céleste.
En accomplissant, avec tout notre cœur, cette petite règle pour débutant, en implorant l’aide du Christ et la protection de Dieu, nous parviendrons !
(2011-11-17)