vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 24 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 30 mars 2012
Verset(s) :

24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,

Commentaire :

« Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur » « Tu veux au fond de moi la vérité » dit le Psalmiste à Dieu et il poursuit « crée en moi un cœur pur » Le cœur de l’homme est compliqué, dit encore la Bible. Compliqué c’est à dire avec beaucoup de plis et de replis. La simplicité, le fait d’être sans plis, ne lui est plus naturelle.il y a des parts que l’on n’aime pas voir venir à la lumière.

Ici Benoit nous engage à un travail de vérité et de clarté. Le moine qui cherche à être un homme unifié, un, doit veiller tout particulièrement à ne pas demeurer dans la duplicité. Faire des choses dont on sait qu’elles nous mettent en porte à faux avec le propos de vie dans lequel nous nous sommes engagés. Dire des choses et en penser d’autres. Entretenir le flou pour surtout ne pas affronter la réalité. Dissimuler des petites ou grandes choses. Voilà nos œuvres de ténèbres.

« La vérité vous rendra libres » disait Jésus, il y a quelques jours aux pharisiens. Désire-t-on devenir libre ? «Tu veux au fond de moi la vérité » dit à Dieu le Psalmiste. Si notre Dieu a un grand désir pour chacun de nous , c’est que nous vivions dans la vérité pour être enfin vraiment libres. Ce désir, c’est celui du Père qui veut partager toute la richesse de sa vie. Il s’attriste de voir ses enfants entretenir la duplicité et demeurer ainsi dans les ténèbres. Il souhaite tellement que nous vivions pleinement. En ces derniers jours de Carême, présentons au Christ notre Sauveur nos replis et nos duplicités. Que sa lumière, que sa vie viennent nous rendre un peu plus libre, plus vrai. « Crée en moi un cœur pur » et osons poser des actes pour faire la vérité.. (2012-03-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 23 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 27 mars 2012
Verset(s) :

23. ne pas réserver un temps pour le courroux.

Commentaire :

« Ne pas réserver un temps pour le courroux », c’est à dire pour la colère. Quand je commentais le dernier instrument « ne pas accomplir les actes qu’inspire la colère », j’utilisais l’image du feu. On peut aujourd’hui reprendre cette image pour éclairer ce dont il s’agit. Réserver un temps pour la colère, c’est laisser couver le feu sous la braise en veillant surtout à ne pas l’éteindre, afin que le moment venu le feu reprenne et que la colère éclate. Attitude sournoise, attitude rancunière qui veut à tout prix régler ses comptes avec son adversaire. En fait, n’est-ce pas ce qui nous arrive plus ou moins consciemment à l’égard d’un frère, quand nous n’acceptons pas une fois pour toute d’éteindre le feu qui couve. Les pompiers venus récemment nous disaient qu’il ne suffit pas de ne plus voir aucune flamme pour être sûr que le feu est bien éteint. Une des tâches des pompiers, lors d’une intervention contre un incendie est d’arroser abondamment les lieux du sinistre pour atteindre des partis qui pourraient sinon s’enflammer de nouveau. N’en est-il pas ainsi dans nos conflits ou dans nos difficultés relationnelles ? Ne faut-il pas veiller à mettre tous nos soins pour non seulement apaiser les discordes ouvertes, mais aussi pour pacifier vraiment les relations de telle sorte que rien ne couve plus ?

Que veut dire tout d’abord chercher à se réconcilier et aussi pacifier les relations ? Certainement avant tout chercher à se pacifier soi-même. C’est à dire pouvoir parler dans l’ouverture du cœur, mais aussi essayer de comprendre ce qui se passe en soi au pont de générer la colère. L’agression ou la faiblesse de l’autre vient souvent rejoindre un point de faiblesse plus ou moins aveugle en soi. En prendre soin, le confier humblement au Seigneur, le Médecin des cœurs pour qu’il le guérisse est un moyen sûr d’apaisement. Patiemment implorons le Christ d’envoyer son Esprit pour guérir nos blessures !! (2012-03-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 22 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 24 mars 2012
Verset(s) :

22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,

Commentaire :

On pourrait aussi traduire l’expression latine « iram non perficere » : « ne pas faire complètement ce que suggère la colère »

Cet instrument nous donne d’approcher ce mouvement insaisissable de la colère. La colère est une chose, la violence qui peut en découler une autre. Entre les deux, le lien n’est pas automatique. Nous pouvons nous maitriser de telle manière que toutes les pensées de violence, d’injure ou de destruction que porte la colère, ne soient pas accomplies. L’image du feu est souvent associée à la colère. Celle-ci a à voir avec un échauffement intérieur qui peut en s’amplifiant occuper tout le champ de la conscience.

La pensée qui provoque notre irritation a une propension à vouloir s’étendre, jusqu’à nous faire penser vouloir du mal. La colère est à l’origine une réaction de défense contre une agression. Mais si la colère nous gagne au point de nous faire faire des gestes incontrôlés ou dire des paroles irrationnelles elle devient un mal. D’agressé, on devient agresseur. La question que peut nous renvoyer cet instrument est celle-ci : Comment apprendre à nous défendre face à une contrariété ou une agression, autrement qu’en laissant s’allumer le feu de la colère ? Ou bien, si on ne peut empêcher le feu de la colère de s’allumer, comment apprendre sans tarder à l’éteindre ? Il n’y a pas de solution toute faite. La résolution de ce conflit intérieur se fera en tirant profit des expériences passées. En se souvenant de la manière plus ou moins illusoire avec laquelle nous nous sommes échauffés, nous pouvons apprendre à couper court aux pensées incendiaires que l’on fulmine contre un frère. Quand on repère en soi certains mécanismes d’échauffement, quand on repère certains types de pensées agressives, on peut, sitôt repérer, essayer de prendre de la distance. Ne plus entrer dans leur jeu ; ne plus nous laisser échauffer de façon complètement illusoire. Car souvent après coup on découvre que le frère ne méritait pas tout ce que dans la colère nous imaginions lui asséner. « Laisse ta colère, dit le Psalmiste, calme ta fièvre, ne t’indigne pas, il n’en viendrait que du mal ». C’est aussi une grâce à demander « Fais confiance au Seigneur et lui il agira » Ps 36 (2012-03-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 21 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 23 mars 2012
Verset(s) :

21. ne rien préférer à l'amour du Christ.

Commentaire :

« Qui est le Christ pour moi ?» Nous n’arrêtons pas de parler de lui dans la liturgie ou dans nos partages. Nous ne cessons de lire et d’écouter ses paroles dans l’Évangile. Mais finalement qui est-il pour moi ? Comment je le rejoins pour le rencontrer ? Comment je me laisse rejoindre pour mieux le connaitre ? Et de quelle connaissance s’agit-il ? D’une connaissance intellectuelle qui me permet de dire des choses sans difficulté, ou bien d’une connaissance cordiale où je désire me tenir à l’écoute pour m’ouvrir à sa présence. Surement s’agit-il des deux connaissances. Nous avons besoin de deux approches, l’une plus objective, l’autre plus subjective pour demeurer dans une juste attitude.

Ne rien préférer à l’amour du Christ est un instrument qui veut nous permettre de nous engager plus à fond dans cette connaissance. Connaitre le Christ n’est pas une connaissance comme les autres. Connaitre le Christ n’est pas du même ordre que connaître les mathématiques ou même connaître une personne. Connaître le Christ que l’on ne voit pas, mais que l’on a reconnu dans la foi comme le Seigneur de nos vies, demande de notre part une préférence première. Si nous voulons grandir dans la connaissance intérieure de Jésus, il nous faut aujourd’hui et encore demain, ne rien préférer à son amour. Nous grandissons dans une connaissance de plus en plus intime, dans la mesure où nous mettons au dessus de tout l’amour du Christ. Les évangiles de la messe que nous entendrons maintenant jusqu’à Pâques nous placent au cœur de ce problème de la connaissance juste de Jésus.

Les pharisiens butent sur cette question parce qu’ils prétendent savoir qui est Jésus et ce que doit être le Messie. Connaitre Jésus demande d’accepter de ne pas tout savoir sur lui, mais de lui faire toujours davantage confiance. C’est la confiance aimante, souvent de nuit, qui ouvre les voies de la connaissance. Préférence, confiance, connaissance, que l’Esprit Saint nous entraine sur ce chemin de Vie !! (2012-03-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 20 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 20 mars 2012
Verset(s) :

20. Se rendre étranger aux actions du monde,

Commentaire :

« Se rendre étranger aux actions du monde ». Voilà un instrument qu’il faut bien savoir manier si l’on ne veut pas mal l’utiliser. Il ne s’agirait pas pour prendre une image, de prendre un couteau pour enlever des vis, on peinerait beaucoup et on abimerait le couteau. C’est un tournevis qu’il faut utiliser.

« Se rendre étranger aux actions du monde » sera un instrument mal utilisé s’il signifie mépris ou dédain du monde. Il ne ferait alors que conduire à un positionnement autant stérile qu’illusoire. Tout moine que nous sommes, nous restons dans ce monde et nous en sommes largement bénéficiaires.

Chez Benoit, dans les usages répétés dans la Règle (RB 64,1 ; 7,8), le mot « monde » n’a pas la connotation négative lié au péché ou à la réalité des ténèbres que l’on trouve parfois. Il désigne ce monde d’ici bas avec toutes ses contingences, ses activités nécessaires et ses relations. Ce monde d’ici bas a ses lois desquelles le moine est partie prenante. Par contre, il a un esprit par rapport auquel le moine veut se garder à distance, comme Benoit le suggère à propos des sarabaïtes qui « par leurs œuvres restent encore fidèle au siècle » (RB 1,7).

Comment entendre cela « se rendre étranger aux actions du monde » aujourd’hui ? Je vais prendre un exemple relatif aux moyens de communication. Ce bien des communications est un lieu sensible de notre rapport au monde, un lieu où il est nécessaire de vraiment vivre et de bien comprendre cette maxime : «il ne s’agit pas de se désintéresser de ce qui se passe dans le monde. Nos revues de presse nous y aident. Des reportages comme celui de dimanche soir sur le secourisme en montage ou sur la réalité sportive à Auxerre hier soir nous donnent de mieux connaitre ce que vivent nos contemporains et tout ce qui se fait pour humaniser les vies humaines. Ensemble, nous recevons ces informations, ensemble nous participons à la vie de ce monde et nous le prenons dans notre prière.

Par contre, devenir tellement accroché aux journaux ou à internet qu’on y passe le temps réservé à la prière après les vêpres ou le vendredi soir comme je l’ai déjà dit, cela c’est vivre selon l’esprit du monde. On lâche ce qui nous aide à chercher Dieu, pour aller se distraire ou s’affairer à ce qui n’est pas utile à ce moment donné. J’ai pris cet exemple car un hôte a rapporté son étonnement de voir après les vêpres des frères dans la salle des ordinateurs. Les hôtes ne sont pas dupes des impasses dans lesquelles les moyens de communication peuvent nous conduire. Sachons tenir ferme notre manière de vivre. Gardons précieusement nos temps réservés à la prière et à la lectio. Ne soyons pas esclaves des moyens de communications. Soyons des hommes vraiment engagés dans la recherche de Dieu. (2012-03-20)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 19 les Instruments des bonnes œuvres écrit le 16 mars 2012
Verset(s) :

19. consoler les affligés.

Commentaire :

« Consoler les affligés ». Consoler, il y a parfois des chagrins ou des souffrances inconsolables. Un être humain peut-il vraiment consoler un autre humain, en partie et jusqu’à un certain point. Le mot « consoler » vient du latin « consolor » et solor veut dire « soulager ». Consoler, c’est donc soulager la souffrance, la porter avec celui qui souffre, qui peine pour qu’une tristesse excessive ne l’emporte pas. Devant une personne qui souffre, nous nous posons souvent la question : « Que faire ? » tant nous voudrions la soulager. La bonne question ne serait-elle pas plutôt « Comment être à ses côtés ? » - « Comment me rendre intérieurement présent et disponible pour elle ? »

C’est le plus souvent, une présence amicale et écoutante, sans jugement ni peur, qui peut soulager, consoler celui qui souffre. Autrement dit, s’il y a quelque chose à faire de notre côté, n’est-ce pas d’abord de veiller à notre manière d’être avec la personne qui souffre. Sommes-nous préoccupés d’abord d’elle ou sommes nous préoccupés de nous-mêmes, de ce que nous pouvons ou devons faire, de notre image ? C’est là qu’il ya à travailler de notre part, être vraiment là avec la personne et à travers notre présence fraternelle ouverte, quelque chose passera qui rejoindra la personne qui souffre. Car finalement qui peut consoler, au sens d’apaiser vraiment ? N’est-ce pas Dieu ou son Souffle Créateur comme on aime l’appeler : « Toi Seigneur, tu m’aides et me consoles » dit le Psalmiste. C’est dans ce regard de foi dans le Seigneur qui console vraiment que nous pouvons trouver la juste attitude devant la personne qui souffre. Sans trop de mots, ni trop de gestes, être là ouvert, disponible, à l’œuvre de l’Esprit Saint Consolateur en nous et dans l’autre. (2012-03-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 18 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 15 mars 2012
Verset(s) :

18. secourir ceux qui sont dans l'épreuve,

Commentaire :

« Secourir ceux qui sont dans l’épreuve ». Cet instrument, comme un bon nombre d’instruments est là à notre disposition, sans que l’on puisse dire si on aura souvent à le vivre. Les cas de grande détresse ne nous sont pas soumis fréquemment. Au niveau communautaire, le Père Abbé, le cellerier, ou la « commission solidarité » viennent effectivement en aide à des personnes dans l’épreuve par un soutien financier. Ce n’est pas nécessairement toujours facile de répondre à certaines demandes. Nous sommes hésitants à le faire dans certains cas lointains ou inconnus. Nous sommes plus à l’aise pour le faire quand un intermédiaire patenté peut assurer un suivi des personnes. C’est le cas le plus souvent avec des organisations ou des associations, parfois avec des personnes individuelles. Nous voudrions vraiment aider les personnes et non pas les assister ou les conforter dans une situation qui les laisse à elles-mêmes. Et en même temps, il nous faut accepter de pouvoir aider sans tout maitriser avec le risque de se tromper ou d’être trompé. La charité accepte de courir ce risque.

«Secourir ceux qui sont dans l’épreuve» ne se résout pas avec de l’argent uniquement. Les épreuves morales sont bien nombreuses à venir frapper à la porte du monastère pour trouver un peu de réconfort. Elles sont aussi parfois le fait de l’un ou l’autre membre de la communauté. L’épreuve sous toutes ses formes n’est pas loin de nous. Et plus elle est proche, plus elle est difficile à secourir, parfois même à reconnaître. Chacun, selon ses responsabilités peut au moins offrir son écoute, et son attention fraternelle. Souvent cet accueil ouvert et disponible de la personne telle qu’elle est, ou du frère en panne représente un secours non négligeable. Car il est parfois difficile de faire plus, tant les solutions du problème nous échappent. Notre présence, notre écoute et notre temps donné sont alors sans prix pour celui qui est éprouvé. Acceptons d’offrir simplement ce que nous sommes, sans prétention, avec grand respect, car c’est déjà beaucoup. (2012-03-15)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 17 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 13 mars 2012
Verset(s) :

17. ensevelir les morts,

Commentaire :

En entendant cet instrument, on ne peut pas ne pas penser à Tobit, père de Tobie. Cet homme exilé avec son peuple à Ninive se fait un devoir d’enterrer tous les morts qu’il trouve ou dont on lui parle. C’est plus fort que lui, il ne peut laisser un cadavre de ses compatriotes non enterré. Il prendre des risques et doit même fuir devant Sennachérib qui persécute les juifs. Il n’est pas explicité pourquoi Tobit prend de tels risques avec une telle opiniâtreté pour ensevelir les morts. Ce n’est pas dit parce que c’est peut être trop évident : par souci d’hygiène tout d’abord, et surtout par respect pour la personne défunte. Ce n’est pas digne pour un être humain de demeurer à l’air libre comme une bête pour devenir la proie des bêtes.

Nous avons ressenti cela fortement lors de la disparition de notre F.Adalbert. Si le temps passant l’espoir de le retrouver vivant s’évanouissait, le désir de le retrouver quand même pour lui offrir une sépulture n’en demeurait pas moins fort. Penser qu’un frère puisse rester ainsi dans la forêt était pénible et même difficile à concevoir. Ce n’est pas digne d’un être humain !

Avec cet instrument, « ensevelir les morts », nous mesurons que cet acte n’est pas qu’une formalité banale à accomplir. Cet acte nous touche et nous rejoint au plus profond de notre conscience d’être humain, conscience largement partagée par tous les humains, répandus sur les 5 continents. Notre dignité humaine appelle un soin attentif envers chaque corps humain de la naissance jusqu’à la mort. Et ce corps inerte du défunt demande un soin redoublé. Tout est important dans le geste que l’on pose alors : de la toilette mortuaire à la mise en terre, en passant par la mise en bière. La veillée et la célébration autour du corps du défunt. Nous voudrions qu’aucun de ces gestes ne soit banal. Là nous voulons honorer et la mémoire du frère parti vers le Père, et l’espérance de ce que ce corps est promis à devenir dans la résurrection à venir. C’est un des sens du dernier encensement fait à l’Église avant la levée du corps pour aller au cimetière. Oui ce corps de notre frère défunt mérite un fraternel et profond respect : non seulement parce qu’il est le témoin du passage de notre frère sur cette terre, mais encore parce qu’il a été marqué par la vie du Christ et par le don de l’Esprit Saint qui sont les arrhes de la Résurrection finale. (2012-03-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 16 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 10 mars 2012
Verset(s) :

16. visiter les malades,

Commentaire :

« Visiter les malades »

En regardant dans le dictionnaire latin, j’ai découvert que le verbe « visitare » était le fréquentatif du verbe « visa- video », voir. J’ai cherché ensuite ce qu’était un fréquentatif : en linguistique, c’est ce qui marque la fréquence de l’action, la répétition. On peut donc dire ici que «visiter», c’est une façon de voir fréquemment une personne, voir avec attention non en passant. Celui qui visite ne se contente pas de voir de façon furtive, mais il prend le temps de regarder et de rencontrer la personne.

Effectivement ce n’est pas la même chose de saluer en passant une personne et de s’arrêter un temps avec elle. Quand on est malade particulièrement, on y est sensible. Entre les deux attitudes, il n’y a pas qu’une différence de temps passé, il y a surtout une différence d’attitude et de manière de vivre la relation. Savoir d’arrêter, prendre le temps d’un échange, c’est permettre à l’autre de se dire, de parler de ce qu’il vit et de ce qu’il veut. Quand on est malade souvent il ne nous reste que cela : la parole ou la capacité de communication. Si on est alité, handicapé, sans beaucoup de capacité de mouvements, la rencontre avec un autre est comme une fenêtre sur la vie. Fenêtre précieuse pour rester ouvert à la vie que le confinement dans une chambre pourrait faire oublier.

Visiter les malades nous demande de sortir de nos seules préoccupations pour se mettre à l’écoute de celles du frère qui souffre. Nous donnons gratuitement de notre temps, pour ouvrir une fenêtre sur la vie à notre frère confiné. Acte d’amour gratuit dont nous ne savons pas bien le poids de joie qu’il apporte à celui qui dépend totalement des autres. Soyons généreux avec nos frères actuellement à l’infirmerie, généreux et inventifs dans notre amour fraternel pour eux. (2012-03-10)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 15 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 09 mars 2012
Verset(s) :

15. vêtir les gens sans habits,

Commentaire :

« Vêtir les gens sans habits »

Il n’est pas rare qu’en notre nom, F.Rémi donne des vêtements aux passagers qui s’arrêtent une nuit parmi nous. On remercie F.Rémi de remplir cette charge délicate d’accueil et de service de ces personnes qui ont élu domicile au pays de nulle part. La tâche est parfois ingrate car ces personnes arrivent plus ou moins bien disposées, parfois ivres, parfois très irascibles. Elles viennent trouver un peu de repos ici le temps d’une halte, un peu de paix au cœur aussi peut être. Avec F.Rémi, ayons à cœur de considérer ces personnes avec respect et bonté. Si elles viennent un peu toujours bouleverser notre bon ordre, celui des gens bien élevés, elles nous rappellent que le seul ordre qui comptent devant le Seigneur c’est celui de la charité. Selon cet ordre là, on ne juge pas, on accueille humblement celui qui passe et qui est blessé par la vie. Notre charité et notre attention fraternelle veulent l’honorer comme une personne à part entière.

Avouons-le, ce n’est pas facile à vivre et à assumer dans la relation concrète. Cela nous demande une vraie humilité pour aller à la rencontre de ces personnes, en laissant de côté nos jugements, nos a priori. Mais nous pouvons nous réjouir qu’à travers ces personnes, le monde des pauvres viennent à notre rencontre. Même si ce monde nous rejoint de bien des manières, comme je le disais hier, nous sommes atteints par cette pauvreté qui touche de plus en plus de gens de notre société. Leur faire une place dans notre maison nous coûtera, toujours un peu d’une manière ou d’une autre, mais cela nous honore. Nous voudrions quand il passe ne pas laisser le Christ dehors à notre porte. Qu’il nous prenne en pitié ! 2012-03-09