vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 37-38 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 26 avril 2012
Verset(s) :

37. ni ami du sommeil,

38. ni paresseux,

Commentaire :

« Ne pas être ami du sommeil, ni paresseux ».

Sommeil excessif et paresse. Est-il juste de les associer ainsi ? Dans le dictionnaire, le mot « sommes », traduit par sommeil, peut avoir aussi un sens figuré traduit par « inaction, inactivité, paresse ». Le rapprochement n’est donc pas illégitime. Plus profondément, le sommeil excessif et la paresse ont en commun une même difficulté d’affronter la vie dans toute sa réalité. Celui-là peine à se lever le matin qui a du mal à prendre en main la journée nouvelle qui commence. Quelque chose de pesant ou de triste le retient au lit, à l’idée de ce qu’il doit faire. La paresse est ce mouvement qui nous engage à en faire le moins possible et à trouver une satisfaction dans ce repli sur soi. Mais au fond, c’est une peur de vivre vraiment, en prenant des risques qui nous paralyse.

« Serviteur paresseux » dit à celui qui a enterré son talent, le maitre de la parabole (Mt 25.26). Ce serviteur s’est trompé sur la véritable identité de son maitre. Parce qu’il a pensé que celui-ci était un maitre très exigeant, et pour être sûr de lui remettre son bien, il enterre son talent. Il enterre le don de la vie en se contentant d’une vie à demi-mesure. Sa paresse est d’abord un refus du risque de la vie. Sommeil, paresse, peur de vivre, cette parabole des talents peut nous offrir une lumière pour nous en sortir. Si nous ressentons parfois l’abattement ou si nous nous découvrons des pieds de plomb, c’est vers le maitre de la vie qu’il nous faut regarder. Nous devons vérifier si vraiment nous avons cette confiance vive qu’il veut notre bien et que tout ce qu’il nous demande, c’est pour notre profond bonheur. La somnolence et la paresse peuvent être une sorte de « à quoi bon », qui se nourrit d’une sorte de défiance à l’égard de Dieu. Celui-ci n’est plus en fait « un bon maitre ». On subit tout, même la vie pour l’Évangile est un fardeau, car au fond nous pensons que Dieu ne veut pas vraiment notre bien. Soyons attentifs à ces mouvements intérieurs qui peuvent parfois sournoisement nous mettre à terre, ou nous enfermer dans une somnolence paresseuse. Ils pourraient bien être le fuit d‘une confiance en Dieu qui s’est attiédie, affadie.

« Décharge ton fardeau sur le Seigneur, il prendra soin de toi » nous assure le psalmiste (Ps 54.23) (2012-04-26)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 35-36 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 25 avril 2012
Verset(s) :

35. ni adonné au vin,

36. ni grand mangeur,

Commentaire :

« Ne pas être adonné au vin, ni grand mangeur ». Ces recommandations de la RB pourraient se rencontrer aujourd’hui dans de nombreux écrits de diététique ou de santé. Les connaissances acquises en médecine peuvent même nous préciser les fonctions ou les organes de notre corps qui risquent de pâtir d’excès en matière de nourriture et de boisson.

Bref nous sommes armés pour savoir ce que nous faisons et les implications de nos choix. Mais cela suffit-il pour être raisonnable ?

Benoit met en garde contre l’ivresse et le risque de l’indigestion. L’une et l’autre qu’il juge indigne d’un moine. Et pourtant nous savons que cela peut arriver, par expérience personnelle ou à travers celle des autres. Nous mesurons alors le poids de cette part humaine en nous qui ne parvient pas à se contrôler. On le voudrait et on ne le peut pas. Humiliante impuissance pour celui qui doit l’affronter, qui appelle l’humilité du regard de celui qui est plus libre. Car nous sommes de la même pâte humaine. La faiblesse de l’un peut devenir un jour la faiblesse de l’autre. Et la charité du 2d peut porter la victoire du 1er contre ce qui l’enchaine. C’est la grâce de notre vie communautaire de nous entrainer à vivre la solidarité dans la faiblesse jusqu’à la charité qui reconstruit. L’heure n’est donc jamais au jugement, mais à la présence fraternelle qui voit autrement par ce qu’elle aime. Heureuse communauté formons-nous si nous nous entrainons dans cette attention fraternelle et dans ce regard qui ne juge pas. Chacun demeurant vigilant quant à son propre équilibre et à son combat personnel. Equilibre et combat dont nous savons bien que le fruit est toujours reçu. Fruit de notre histoire et fruit de la grâce du Christ. (2012-04-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 34 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 24 avril 2012
Verset(s) :

34. Ne pas être orgueilleux,

Commentaire :

« Ne pas être orgueilleux ». Cet instrument peut être surprenant au premier abord. Car l’orgueil n’est –il pas à la racine de notre péché ? Est-il possible de ne pas être orgueilleux ? C’est ainsi que les Pères considèrent assez souvent l’orgueil comme le 1° péché duquel tous les autres découlent. L’orgueil est cette suffisance foncière qui nous pousse à ne pas vouloir vivre en relation avec Dieu et avec les autres. L’orgueil nous enferme dans l’illusion tenace que nous nous suffisons et que nous ne devons rien à personne.

Ne pas être orgueilleux : comment comprendre cet instrument ? Si cela renvoie à ce péché premier qui marque notre être pécheur, nous pouvons l’entendre comme une invitation à demander la grâce, qui, seule, peut nous guérir et nous changer le cœur.

Mais dans la RB, cela peut renvoyer aussi à ces mouvements qui sont plusieurs fois associés à la désobéissance et à la dureté (2.28) ou encore au murmure (23.1). Etre orgueilleux peut s’entendre de s’entêter ou de s’enfermer dans une position où l’on se durcit. Le frère orgueilleux se couvre du manteau de son bon droit et s’isole de la communauté dans sa superbe. Cet orgueil, ainsi vécu et exprimé, est fortement redouté par Benoit car il est facteur de division. Il affaiblit la communion et risque de stériliser la charité. Ce péril spirituel entrevu nous engage à la vigilance dans la vie la plus quotidienne. Car la tentation est grande, face à une contrariété ou une incompréhension, face à des divergences de points de vue, d’estimer que les autres sont tous des nuls ou des incapables, et de se réjouir sur son bon droit illusoire. Notre vie commune est en elle-même une école d’humilité. Le plus important n’est pas de chercher à avoir raison ou de vouloir faire de grande choses, mais avec des frères d’apprendre à marcher ensemble et à aimer. Que le Christ nous garde de l’orgueil et nous apprenne ce chemin là de la vie commune. (2012-04-24)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 32-33 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 20 avril 2012
Verset(s) :

32. quand on nous maudit, ne pas répondre en maudissant, mais bénir au contraire,

33. souffrir persécution pour la justice.

Commentaire :

« Ne pas maudire qui nous maudit, mais plutôt le bénir. Supporter persécutions pour la justice. »

Ces instruments ne sont faciles à vivre ! Mais ils sont en pleine résonnance avec la Parole du Christ.

« Supporter persécution pour la justice. » Benoit reprend la 8ème Béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux. » Mt 5/10 Le moine se veut conquérant de ce Royaume. Les Béatitudes nous indiquent deux voies, celle de la pauvreté (en esprit, et matérielle tout aussi bien), et celle de la persécution pour la justice.

Mais quelle est cette justice qui mérite que l’on endure pour elle souffrance et passion ? Il faut voir plus loin que la justice entre les hommes. En l’honneur de Dieu, refuser toute forme d’idolâtrie et de compromission. Jésus nous apprend à rendre justice à l’Amour du Père. Vouloir accomplir toute justice à sa suite, c’est forcément se heurter à tous les refus d’amour et d’équité. Y compris à ceux qui nous véhiculons en nous-mêmes. Il y a certaines formes de harcèlement qu’il nous faut subir patiemment de la part de personnes à qui nous avons fait du tort, ou que nous n’aimons pas assez. Envers qui nous sommes donc injustes. C’est ce que dit le Bon Larron sur la croix : « Pour nous, c’est justice, nous recevons ce que nos actes ont mérité. Mais Lui, il n’a rien fait de mal ! » Lc 23/41

Notre première ressource est négative, en quelque sorte : Ne pas rendre le mal pour le mal. Y compris à nous-mêmes. Ni l’insulte pour l’insulte.

Mais St Pierre va plus loin, et Benoit lui emboîte le pas : « au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction. » 1P 3/9

Christ nous l’a enseigné : « Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui ton manteau, si quelqu’un te force à faire un mil, fais-en deux avec lui » Mt 5/39-41 Et St Paul ajoute : « Supporter les faux frères. » 2 Co 11/26 Et ailleurs : « Injuriés, nous bénissons, persécutés, nous supportons. » 1Co 4/12. (2012-04-20)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 31 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 19 avril 2012
Verset(s) :

31. aimer ses ennemis,

Commentaire :

« Aimer ses ennemis. »

Benoit continue de relire le chapitre 5 de St Matthieu. Après la parabole de la joue gauche, Jésus avance encore un peu plus loin dans le contraste entre l’Ancienne Alliance, et la Nouvelle. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis… » Mt 5/43 En réalité, il n’est dit nulle part dans l’Ancien Testament de haïr son ennemi. On ne hait que l’Ennemi de Dieu, le Mauvais. Et les ennemis du peuple, les idolâtres. On peut noter aussi que dans ce texte de Matthieu, comme dans le verset de Benoit, la haine est située dans le cœur de l’autre, pas dans le mien. Il s’agit d’aimer ceux qui ne m’aiment pas, et qui me le montrent. Il n’est pas envisagé que je puisse avoir l’initiative de ce mouvement de haine. Pourtant, en reprenant ce Conseil Evangélique à son compte, Benoit prouve qu’il ne se fait pas d’illusion. La haine peut s’introduire même dans le monastère. Le moine peut un jour se trouver affronté à de violentes antipathies, même au sein de la communauté, et les ressentir en lui. Parfois, cette violence envahit mon propre cœur.

La parabole du Fils Prodigue peut nous aider à nous convertir sur ce point aussi. Nous n’avons peut-être pas beaucoup d’ennemis. Mais les monastères sont assez bien peuplés de « fils aînés ». C’est parmi eux que naissent les jugements sévères, très raisonnables, contre tous les frères prodigues. Un moine sans miséricorde est une fontaine tarie. Ce mépris ne vaut pas mieux que la haine.

On dit que St Silouane priait très souvent pour ses ennemis. Il affirmait : « Le Saint Esprit est amour. Il donne à l’âme la force d’aimer même les ennemis. Celui qui n’a pas cet amour n’a pas encore connu Dieu. »

Les consignes de la Loi mosaïque peuvent nous aider à progresser dans l’amour des ennemis, ou de ceux pour qui notre sympathie est moins grande. « Le bœuf ou l’âne égarés de ton ennemi, tu les lui ramèneras. Quand tu verras l’âne de celui qui t’en veut, écrasé sous le fardeau, tu l’aideras à ordonner sa charge. » Ex 23/4-5 De même, dans la Littérature de Sagesse : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger. S’il a soif, donne-lui à boire. » Pr 25/21-22 Ces directives ont l’avantage d’indiquer des moyens concrets pour désamorcer un conflit, pour désarçonner l’inimitié, pour vaincre l’inhibition où elles nous mettent. Faire les gestes concrets de la dilection, comme le Samaritain pour le blessé, sur le chemin. (2012-04-19)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 30 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 18 avril 2012
Verset(s) :

30. ne pas faire d'injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites,

Commentaire :

« Ne pas faire d’injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites. »

Il y a 2 degrés, de taille, dans cet instrument. Le 1er, ne pas faire d’injustice, ne faire injure à personne, est de l’ordre de la civilité, presque de la politesse. En tout cas, de la charité. Ce n’est déjà pas si facile. Le 2d, « supporter patiemment les injures », est de l’ordre de la sainteté.

Dans l’Evangile, ce 2d conseil s’accompagne de la parabole de la joue gauche : « Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent. A qui te frappe sur une joue, tend l’autre. » (Lc 6/29 ; Mt 5/38) Surtout, cet instrument nous rappelle les dernières Béatitudes : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux ! Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et que l’on dira de vous faussement toute sorte de mal, à cause de moi. » Cela peut nous arriver, même dans un monastère ! « La charité supporte tout », chante St Paul.

Cela suppose d’abord une humanité forte. « Si tu peux supporter tout cela, alors tu seras un homme » disait un poème de Kipling.

La patience dans les épreuves, devant l’injustice, est une valeur chrétienne que les moines ont voulu pratiquer, dès l’origine de la vie monastique. Il y a de nombreux apophtegmes dans ce sens :

« Un frère demande à un ancien : Dis-moi une seule chose que je puisse garder pour en vivre. L’ancien lui dit : Si tu peux être injurié et le supporter, c’est une grande chose, qui surpasse toutes les vertus. »

« Abba Poemen disait : Il n’y a rien de plus grand que l’amour qui consiste à donner sa vie pour son prochain. En effet, si quelqu’un s’entend adresser une parole méchante et a la possibilité de rendre lui-même la pareille, qu’il lutte, tienne bon, et ne contriste pas l’autre à son tour, sans se venger de celui qui l’a peiné, en agissant ainsi, il donne sa vie pour son prochain. »

Dans la Règle, Benoit recommande d’éprouver un peu durement celui qui se présente à la porte du monastère pour devenir moine pour voir s’il souffre patiemment les injures : cette première patience le prépare à toutes celles de la vie commune. Mais c’est surtout au 4ème degré d’humilité que Benoit parle de la patience dans les épreuves et les injustices de toutes sortes. Il nous rappelle : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » « mais en tout cela nous triomphons, à cause de Celui qui nous a aimé. »

Dans notre vie commune, nous sommes tous, tour à tour, celui qui souffre persécution, et celui qui persécute. Rendons grâce à Dieu pour les frères qui savent aimer. (2012-04-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 29 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 17 avril 2012
Verset(s) :

29. Ne pas rendre le mal pour le mal,

Commentaire :

« Ne pas rendre le mal pour le mal ». Le désir de vengeance serait-il en nous comme un réflexe inné ou ce mouvement dont la pensée nous vient spontanément ? Nous n’aimons pas perdre la face. L’homme animal ne supporte pas d’avoir le dessous, surtout à la suite d’une offense, ou même parfois d’une réflexion. Il n’est jamais facile de regarder cette part de nous-mêmes qui est encore bien peu évangélique. Parfois même, on ne la voit pas. Le reflexe de défense est tellement ancré, qu’on ne se rend plus compte que par une parole ou une réflexion on a déjà décoché une flèche plus ou moins empoisonnée.

Nous célébrons avec joie le Christ ressuscité. Mais nous savons que le prix de sa victoire se trouve dans la croix quand « insulté, il ne rendait pas l’insulte et quand maltraité il s’en remettait à Celui qui juge avec justice » 1 Pet 2.3. En ne rendant pas le mal pour le mal, mieux en rendant le bien pour le mal, en pardonnant à ses bourreaux, Jésus a brisé la logique de la vengeance. En devenant ses disciples, en accueillant la victoire de sa résurrection, il nous est donné en même temps à nous aussi de rompre avec la logique du mal pour le mal. Ce don nous est fait. Mais il n’est pas automatique. Il demande notre assentiment et notre désir de rompre avec le mal. Il demande à l’homme nouveau que nous sommes en Christ, de couper court avec les velléités de l’homme animal toujours tenté d’en découdre avec ses adversaires. « Hommes nouveaux baptisés dans le Christ » avons-nous chanté à Pâques. C’est vrai nous le sommes. Mais c’est aussi ce que nous sommes en train de devenir, dans toute notre épaisseur humaine. Que la joie pascale qui nous habite nous donne d’être heureux et plus fort pour rendre le bien pour le mal. (2012-04-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 27-28 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 14 avril 2012
Verset(s) :

27. Ne pas jurer, de peur de se parjurer,

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

« Ne pas jurer, émettre la vérité ». Jurer, se parjurer, autant de tentatives pour faire admettre à son interlocuteur une vérité avec le risque de ne pas être à la hauteur de la parole donnée.

La vérité, elle n’a pas besoin de jurements pour se manifester. La parole émise de la bouche et du cœur suffit. La vérité se suffit à elle-même, car elle renvoie à la réalité qui est là ni plus ni moins. Dire la vérité sans détour, ni masque, avec simplicité, n’est pourtant par une chose si facile. Ici, il s’agit d’exprimer sa propre vérité, non de dire aux autres leurs propres vérités. Ce qui est autre chose.

Exprimer sa propre vérité nous engage dans un vrai chemin de dépouillement. Si chacun de nous n’a pas à tout dire à tout le monde, dangereuse illusion de la transparence. Il a à être vrai dans les relations différentes qu’il a à vivre. Si la relation avec un frère de communauté n’est pas la même que celle avec un hôte, ou avec un membre de notre famille, dans chacun des cas pour ce qui est donné à vivre, nous sommes conviés à dire la vérité, et plus encore à être vrai. C’est là qu’intervient le dépouillement. Parler vrai et être vrai engage à laisser les faux-semblants ou les images qu’on voudrait donner. Cela nous oblige à affronter nos peurs à paraitre tels que nous ne voudrions pas être. Bref parler vrai et être vrai nous entraine sur un salutaire chemin de libération par rapport à qui nous empêche d’être nous-mêmes, simplement sans fard, sans peur sans complexe. La vie commune est une bonne école pour cela. Vivant ensemble nous nous connaissons bien. Cherchant à devenir des frères qui s’aiment, sous le regard du Christ, avec nos pauvretés et nos forces, nous pouvons nous appuyer sur nos frères, sur leur confiance, pour oser être nous-mêmes simplement. Laissons grandir, entre nous, ce regard bienveillant et confiant qui nous permet les uns et les autres de parler et de vivre en vérité. (2012-04-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 26 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 13 avril 2012
Verset(s) :

26. ne pas se départir de la charité.

Commentaire :

« Ne pas se départir de la charité ». On pourrait encore traduire «Ne pas abandonner la charité », au sens de délaisser. Le verbe « ne pas se départir » est suggestif, c’est ne pas se séparer d’une part importante de quelque chose que l’on a en propre. Et quelle est ici la part à ne pas abandonner ? La charité. Oui depuis notre baptême, chacun nous possède en lui cette part précieuse qu’est la charité. Cette part ou cette grâce nous a été donné avec le Saint Esprit qui l’a répandu dans nos cœurs, pour reprendre les mots de Paul aux Romains. C’est un cadeau qui nos a été fait et il est bien plus présent que notre seule capacité à aimer. Chaque chrétien est porteur de l’Amour de Dieu. Chacun est marqué par lui. Reconnu dans la foi, et accueilli avec attention, ce don de la charité peut produire des fruits insondables. Au cœur de nos vies chrétiennes de plus en plus ouvertes à l’œuvre de l’Esprit et à la Parole du Christ, la charité nous élargit et nous entraine dans le don de nous-mêmes.

Quand Benoit recommande de « ne pas se départir de la charité », c’est de ce don premier, fondamental et gratuit qu’il parle. Et ce beau cadeau premier, qui est une part de nous-mêmes, nous entraine toujours davantage à aimer, si nous y prenons attention. Car la charité en nous est cette voix secrète et insistante qui nous engage à ne jamais condamner un frère, ni à lui faire du mal. La charité est encore en nous ce qui aiguise le regard pour considérer que chaque homme est toujours plus grand que ce qu’il donne à voir. Cette part de la charité est très précieuse car elle fait grandir en nous la ressemblance avec Dieu qui est Amour. Elle est notre trésor depuis notre baptême, ne la délaissons pas, cultivons là pour notre plus grand bonheur, celui de nos frères, celui de Dieu, notre Père. (2012-04-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 25 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 12 avril 2012
Verset(s) :

25. ne pas donner une paix mensongère,

Commentaire :

« Ne pas donner une paix mensongère », ne pas donner une fausse paix, mot à mot.

Dans l’Évangile de ce jour, nous entendrons Jésus ressuscité dire à ses disciples : «La paix soit avec vous ». Premier fruit de la résurrection, la paix est offerte par Jésus. A n’en pas douter, il s’agit d’une vraie paix, d’une paix véritable. Elle vient d’un cœur qui a traversé la souffrance injuste, la violence humiliante et la mort. La paix de Jésus signe sa victoire sur toutes les puissances de haine et d’orgueil qui se sont dressées contre lui. Jésus n’a pas succombé à la haine, ni au désespoir. De sa confiance inébranlable en son Père est née cette paix profonde. En Jésus, la paix est alors une manifestation de sa charité inébranlable à l’égard de son Père et l’égard de tous les hommes, ses frères. Cette paix est vraie car elle s’enracine dans son abaissement totalement abandonné dans les mains de son Père. Elle signe son humilité.

Ce n’est pas une des moindres grâce à recueillir durant ce temps pascal, que de recueillir la paix de Jésus ressuscité. Don immérité, don totalement gratuit, elle nous est offerte. A l’instar des disciples, elle vient nous répondre là où nous avons peur, là où nous avons trahi, là où nous sommes capables de toutes sortes de compromissions. Cette paix vient nous désarmer. Nous désarmer à l’égard de toutes nos défenses. Nous désarmer à l’égard de toutes nos autojustifications ou de toutes nos prétentions à nous en sortir seul.

« La paix soit avec vous ». Paix véritable qui veut faire de nous des hommes pacifiés et pacifiant. Paix qui nous entraine sur des chemins plus profonds. Chemin de l’amour au lieu de la rancune. Chemin de l’humilité au lieu du désir d’avoir le dernier mot. Chemin de la fraternité au lieu de la compétition. « Poursuis la paix, recherche et accueille cette paix là »nous dit en substance Benoit. (2012-04-12)