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51. Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonnêtes,
«Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonorantes »
Il y a quelques jours, nous écoutions un autre instrument semblable : garder ses actions à toute heure ». La garde de la bouche n’est pas une des plus petites tâches de ce gardiennage de nous-mêmes. Combien de fois pouvons nous nous surprendre à dire : «Oh, cela m’a échappé et j’aurai mieux fait de me taire ; qu’est-ce que j’ai été bête de dire cela » etc..La parole semble parfois aller plus vite que ce que nous souhaiterions. Elle vient rapidement sur les lèvres, jamais complètement à notre insu, mais souvent surprenante. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les bonnes paroles ou les propos qui nous trouvent les premiers étonnés de les entendre sorti de notre bouche. Autrement dit, il ne s’agit pas de vouloir se museler pour s’empêcher de parler. Mais il faut plutôt veiller à ce qui se passe du côté de notre cœur. Car comme le dit Jésus dans l’Evangile : «C’est du dedans du cœur des hommes que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, diffamation » (Mc 7 21-22). Libérer et purifier le cœur pour libérer et purifier les paroles. Car poursuit Jésus : «Toutes ces mauvaises choses qui sortent du dedans rendent l’homme impur » (Mc 7.23) ? En salissant les autres, les paroles mauvaises nous salissent nous-mêmes les premiers. Autrement dit, nous ne sommes pas faits pour dire de mauvaises choses sur les autres et aux autres. A l’image de notre Créateur, nous sommes créés pour que notre parole soit créatrice. Nous sommes faits pour avoir une parole constructive, une parole qui unifie et qui bâtisse la communion entre nous. C’est là notre dignité. Le reste «il vaut mieux le taire et s’en ouvrir au père spirituel si cela nous encombre trop le cœur. Cette parole vécue dans l’ouverture du cœur a un pouvoir purificateur. Travaillons et laissons nous travaillés par l’Esprit Saint, pour avoir de bonnes paroles et des paroles qui nous construisent et qui construisent notre communauté. (2012-05-24)
50. Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l'ancien spirituel.
« Quand les pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l’ancien spirituel »
Dans cet instrument, nous avons un bel enseignement sur l’unité de l’être humain. Il y a les pensées, il y a le cœur, il y a la parole. Les pensées surgissent dans le cœur. Le cœur a le choix : soit les garder, soit les briser contre le Christ, le rocher de la Vérité. Dans cette dernière éventualité, le cœur accepte de parler, de mettre des mots sur ces pensées pour les confier à un ancien. Entre les pensées et la parole, le cœur est ici présenté comme le centre de l’être, centre où s’opère le discernement. Le cœur est le centre vital à partir duquel nous allons construire notre vie. Qu’est-ce qui entre dans le cœur ? Qu’est-ce qui en sort ? Qu’est-ce que nous acceptons et que nous faisons nôtre? Qu’est-ce qu’au contraire nous refusons de laisser prendre place dans notre cœur ? De ces choix très simples ou plus important vont dépendre beaucoup de chose de notre vie. On peut noter l’heureuse mention du Christ, Rocher du cœur. On peut penser au verset du Ps 72 : «Ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours ». Le Christ habite notre cœur par la foi. Il est là comme la lumière, la porte, le roc. Sa présence en nos cœurs se révèle incompatible avec celle de pensées mauvaises. Plus nous laissons le Christ habiter notre cœur, plus sa lumière fait apparaitre le caractère ténébreux et mortifère de certaines pensées. Notre cœur illuminé par le Christ et par son Esprit Saint apprend peu à peu, et de mieux en mieux, à reconnaître où ces pensées peuvent nous mener. Sous des apparences attrayantes, elles risquent de semer le trouble en nous-mêmes et avec nos frères. Elle nous divise au lieu de nous unifier. Certains choix peuvent s’en trouver faussés et notre vie perdre son élan spirituel. Passer du cœur à la parole est un moyen sûr de progresser dans le discernement. En parlant, en nommant ce qui nous tiraille intérieurement, ce qui nous pèse et nous trouble, nous apprenons à faire la lumière. Nous prenons distance. Dans l’ancien spirituel qui nous écoute, nous retrouvons aussi le Christ, un roc d’écoute pour nous aider à faire la vérité. (2012-05-23)
49. en tout lieu tenir pour certain que Dieu nous regarde.
« En tout lieu, tenir pour certain que Dieu nous regarde ». Ce gendre d’instrument ne nous est pas spontanément sympathique. Il connote une vision d’un Dieu surplombant nos vies comme pour nous épier. Cette vision se retrouve effectivement en d’autres passages de la RB. Elle véhicule avec elle un certain type de pédagogie plus répressive qu’empathique. Pour favoriser l’attention à soi-même, la crainte du regard de Dieu devrait stimuler le moine. Est-ce que cela fonctionnait bien ainsi ? La pédagogie était-elle efficace ? En tout cas, elle parait assez inappropriée et impropre à nous encourager sur notre chemin monastique aujourd’hui. En consultant le dictionnaire, j’ai trouvé un sens possible intéressant pour le mot «respicere » traduit ici par regarder. « Respicere » peut être traduit aussi par «avoir égard à», prendre en considération. De ce même verbe latin découle le mot « respect ». Ainsi nous pourrions traduire cet instrument : «En tout lieu, tenir pour certain que Dieu a de l’égard pour nous, et qu’il nous prend en considération ». Le sens fondamental reste le même avec cette idée que Dieu est présent à tout ce que vit et fait l’homme, même si celui-ci ne s’en rend pas compte. Mais la tonalité est tout autre : oui c’est certain que Dieu est présent à tout ce que nous vivons, mais ce n’est pas d’abord comme un juge suspicieux. Non, c’est plutôt parce qu’il a beaucoup d’égard et de considération pour nous. Il s’intéresse à chacun comme un père, pressentira déjà le Psalmiste au Ps 102, et nous confirmera Jésus. Son regard nous espère toujours autant qu’il nous respecte. Son regard et toute l’œuvre de sa grâce pour nous, nous accueille tel que nous sommes pour nous ouvrir toujours davantage au bonheur promis de vivre vraiment comme des fils. Nous tenir sous ce regard d’un père n’est pas forcément plus aisé pour nous, car il nous entraine à aller toujours plus loin dans la relation avec lui. Dieu notre Père nous appelle à lui répondre vraiment comme des fils , non comme des esclaves qui ont peur. Jésus nous entraine sur ce chemin de la vie filiale. Demandons la lumière de l’Esprit Saint en cette semaine précédant la Pentecôte, pour oser accueillir ce regard plein de considération et d’égard de notre Père, pour oser vivre davantage en fils, comme Jésus lui-même. (2012-05-22)
48. Surveiller à toute heure les actions de sa vie,
« Surveiller à toute heure les actions de sa vie ». Surveiller traduit le mot latin « custodire » que l’on retrouve 10 fois dans la RB. Garder sa bouche des mauvaises paroles, garder ses voies pour ne pas tomber, se garder du péché, garder son âme. Plusieurs usages de ce verbe vont dans le même sens d’une attention à soi-même, à ses paroles, actions et pensées. Une expression pourrait bien résumer cela : l’homme comme gardien de soi-même. Il y a un travail que personne ne peut faire à notre place. Personne ne peut veiller à nos pensées, ni à nos paroles, ni à nos actes.
Belle responsabilité humaine de chacun envers soi-même. Les différentes cultures à travers le monde et à travers le temps n’ont pas d’autres but que d’éveiller et de former à cette responsabilité personnelle pour rendre possible le vivre ensemble. Notre vie monastique est un autre type de culture qui veut permettre une conscience encore plus affinée de chacun à l’égard de lui-même. Elle veut surtout nous éviter d’être dupe de nous-mêmes ou d’être conduits par nos passions et nos pensées mauvaises. Dans la lumière de l’Evangile, à l’école du Christ, peu à peu s’affine notre connaissance de nous-mêmes. Nous repérons nos tendances mortifères et nous mouvements égoïstes. Heureux sommes nous si nous pouvons les nommer pour les tenir davantage à distance. La liberté se conquiert peu à peu à ce prix. Le moine gardien de lui-même sous la conduite de l’Esprit apprend à repérer toutes les fausses routes dans lesquelles il peut être entrainé s’il n’y prend pas garde. Nos vies quotidiennes sont remplies de ces moments de discernement où il nous faut choisir entre la facilité ou la vérité plus exigeante, entre la fuite ou le courage de faire face, entre la compromission ou la clarté, entre le repli sur soi ou l’ouverture aux autres. Notre vie monastique nous apprend cette belle vigilance intérieure qui nous rend plus disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint pour faire la volonté de notre Dieu qui nous veut toujours plus libre, plus aimant. (2012-05-18)
47. avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux.
« Avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux ». En écho à ce précepte qui a des allures stoïciennes, j’entends la belle prière de st François : «Loué sois-tu, Mon Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle aucun homme ne peut échapper ; malheur à ceux qui meurent en péché mortel, heureux ceux qui se trouveront conforme à tes saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera point de mal ».
La mort à laquelle nul homme n’échappe est cette réalité que nous présentons bien et cette réalité dont nous repoussons au maximum l’échéance. Mort inéluctable reconnue et appel de la vie sans cesse entendue : voilà l’étrange paradoxale tension qui traverse notre existence et qui nous accompagne depuis la naissance. Demeurer, vivre avec cette tension est difficile, il est plus aisé de choisir, soit on s’enivre de vie en oubliant la mort, soit comme le suggère l’épitre aux Hébreux, on se laisse fasciner par la mort et on vit comme des esclaves devant la peur de la mort (Heb 2.15). Depuis que le Christ est ressuscité, un chemin s’est ouvert qui veut nous permettre d’assumer en profondeur et dans la paix cette tension paradoxale de la vie et de la mort. Chemin de foi, chemin de grâce à refaire chaque jour. Benoit et François l’ont creusé à leur manière et nous laissent des traces dans leurs écrits. La foi en Christ et le compagnonnage avec lui dans l’écoute de sa parole nous apprenne à regarder en face la mort, peu à peu avec moins de crainte. Au fur et à mesure que grandit l’amitié avec Christ se fait moins prégnante la peur de la mort. Au fur et à mesure que s’élargit notre intelligence du mystère de la foi, notre connaissance intérieure, il apparait plus clairement que la seule mort à redouter est celle qui nous couperait de l’amitié avec le Christ. La mort corporelle n’est qu’une porte vers la demeure où notre vie humaine s’illuminera dans la présence aimante de notre Dieu. La mort corporelle est alors notre sœur, cette auxiliaire nécessaire pour la rencontre. Que François nous aide à dire simplement avec confiance : « Loué sois-tu Mon Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle. (2012-05-12)
46. désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle,
Après Redouter la géhenne , désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle . Comme on le sait la nouveauté de cet instrument par rapport à la RM tient à l’ajout que Benoit fait de l’expression de toute sa convoitise spirituelle . Benoit a éprouvé le besoin de cette précision qui n’est pas sans rappeler une autre expression voisine : la joie du désir spirituel recommandée en Carême (RB 49.7). Qu’entend Benoit par convoitise spirituelle ? L’expression s’enracine certainement dans la pensée de Paul exprimée en Gal 5.17, quand il affirme : la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair . Paul recommande alors de se laisser conduire par l’Esprit Saint pour ne pas risquer de satisfaire la convoitise charnelle. A convoitise charnelle s’oppose donc une convoitise spirituelle reçue de L’Esprit Saint. Et Paul détaille ensuite les fruits de l’une et de l’autre convoitise ; d’un côté les péchés de dérèglement, de violence et d’égoïsme, de l’autre la charité, la paix, la joie, la modestie, la chasteté etc…
La question concrète pourrait être pour nous, comment laisser grandir cette convoitise spirituelle, comment mieux nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et nous rendre disponible à son action ? Comment le laisser vivifier cette bonne convoitise ? En effet l’expérience nous montre qu’il est plus facile de vivre selon la convoitise charnelle que selon la convoitise spirituelle. La première s’impose souvent à nous sous les apparences de la nécessité, du besoin ou de l’urgence ou encore de la survie. Apparences qui se révèlent souvent ensuite être de belles illusions trompeuses. Et on tombe dans le panneau !! La convoitise spirituelle se manifeste toute en délicatesse, en respect ; l’Esprit Saint nous aime et nous respecte trop pour nous brusquer. Aussi fait-il tendre l’oreille du cœur et cherche à vraiment vouloir lui plaire pour le reconnaitre dans nos choix de la vie quotidienne. En effet pour permettre à l’Esprit Saint de nous conduire, nous faut-il toujours un peu plus orienter notre désir et notre cœur vers Dieu et vers la recherche de sa volonté. C’est ce lent compagnonnage fait d’attention et de disponibilité qui va faire grandir en nous la convoitise spirituelle et avec elle le goût de la vie éternelle. (2012-05-11)
44. Craindre le jour du jugement,
45. redouter la géhenne,
Craindre ou aimer. Craindre le jugement, redouter la géhenne
« L’amour chasse la crainte » dit Jean. Et Benoit de renchérir à propos de l’humilité : « Le moine (humble) arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte. Grâce à lui tout ce qu’il observait auparavant, non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude, non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ » (RB 7.68-69) Ces lignes merveilleuses de Benoit nous montre le sommet vers lequel nous marchons. Sommet de l’Amour libéré de la crainte, de toutes ces entraves qui paralysent l’élan. En ce chapitre 4, Benoit n’hésite pas à recommander de craindre le jugement et de redouter la géhenne, même si quelques pages plus loin, il montre un dépassement possible lorsque, par le travail de l’humilité, l’amour chasse la crainte de la géhenne. Cette graduation vers la liberté nous laisse entrevoir qu’il s’agit là d’un profond travail spirituel. C'est-à-dire d’un travail de l’Esprit Saint agissant en nous et avec nous. Car il ne suffit pas de dire : «Je ne crains pas » ou « je suis libre pour aimer » pour effectivement ne pas craindre et aimer. La crainte et la peur sont un phénomène si profond que nous ne le maitrisons pas comme nous le voulons. Nous sommes habités par nos peurs souvent à notre insu. Est-ce par un souci pédagogique que des anciens encouragent à orienter ce sentiment de crainte vers la crainte du jugement ou de la géhenne ? Peut-être. Cela inviterait à transformer ou à déplacer sur le champ spirituel toutes nos peurs. Il s’agirait de craindre ce qui peut nous perdre et nous séparer de Dieu (le jugement ou la géhenne). Cette importance donnée à la crainte de tout ce qui peut nous éloigner de Dieu est certainement le fruit d’une prise au sérieux de la complexité humaine affrontés à des sentiments très contrastés. L’homme réel habité par des craintes diverses ne grandit dans l’amour réel de Dieu et des autres qu’au prix d’un long travail de la grâce et de sa liberté, comme s’en fera l’écho le chapitre 7 sur l’humilité. Ces instruments peuvent nous inviter à regarder cela en face pour ne pas nous faire illusion sur nous-mêmes et pour mieux confier notre espoir à Dieu. (2012-05-09)
42. Quand on voit quelque bien en soi, l'attribuer à Dieu, non à soi-même ;
43. quant au mal, savoir qu'on en est toujours l'auteur et se l'imputer.
Benoit réécrit ces deux instruments qu’il emprunte au Maitre en accentuant leur note augustinienne. Ainsi met-il davantage en lumière que Dieu est l’auteur unique du bien en nous et pour le mal que nous en sommes responsables. Dans le contexte de la querelle sur la relation entre la grâce et la nature, ces paroles se comprennent. Elles sont plus difficiles d’accès pour nous aujourd’hui. Elles ont cependant ce mérite de nous poser la question : quelle compréhension ai-je du rôle de la grâce dans ma vie ? Comment je pense on considère ce que je fais ? Comment j’en parle à Dieu ? Quand je repère quelques biens en moi, comment je le regarde devant Dieu ? Comment je le considère à mes propres yeux ?
La question vaut la peine d’être posée, car je crois qu’aucun de nous n’échappe à ce regard sur ce qu’on a vécu ou sur ce que l’on fait. Est-ce que cela va être un retour satisfait sur soi, plein de soi, ou au contraire un repli honteux, dépité pour s’enfermer dans une image négative sur soi-même ? Ou bien est-ce que cela va être une occasion de se tourner vers Dieu pour lui rendre grâce, le remercier pour ce qu’il nous donne de vivre et de faire, ou encore si nous avons vécu des choses difficiles, lourdes, voir peccamineuses, est-ce qu’on est aussi capables de les présenter à Dieu ? De les mettre sous son regard pour recevoir s lumière, peut-être son pardon ? Nous touchons là un lien important de notre vie spirituelle : la manière avec laquelle nous relisons ce que nous vivons, les pièges ne manquent pas qui enferment sur soi-même, dans la vaine gloire toujours illusoire ou au contraire dans la culpabilité ou la déprime non moins illusoire. Apprendre à tout remettre sous le regard de Dieu est une manière sûre pour prendre de la distance et ne pas s’attarder aux illusions. Une manière de dire merci quand tout va bien ou de demander la lumière, la miséricorde quand rien ne va plus. Mais dans chaque cas avec cette confiance filiale que le Seigneur nous connait et nous aime …
(2012-05-05)
41. Confier son espoir à Dieu.
« Confier son espoir à Dieu ». Magnifique petit instrument qui porte en lui la force de l’Espérance chrétienne. Après tous les instruments qui engageaient dans la pratique et lutte spirituelles contre nos tendances sombres (orgueil, désir de vengeance, murmure) ce petit instrument vient à la manière d’un poteau indicateur nous redonner la direction. Il nous dit en substance : « dans la lutte contre nos tendances sombres, surtout n’oubliez pas de confier votre espoir à Dieu, de mettre en lui votre espérance ». Et en ce temps pascal, cette espérance brille encore plus nettement. Depuis que Jésus est ressuscité, nous participons à sa vie et à la puissance de sa Résurrection. Puissance discrète mais puissance réellement transformante si nous nous confions à elle . Dans l’hymne « Pâques de Jésus Christ » nous le confessons quand nous chantons : « Vivre ressuscités pour Dieu dans la lumière neuve, aurore de la joie ; les hommes surgiront au grand espoir qui pointe dans leur corps à l’aube de ce matin ». Comme baptisés, nous vivons déjà comme des ressuscités, en nos corps monte comme une sève le grand espoir d’être un jour transformés et transfigurés dans le Christ. Le grand espoir de la Résurrection, comme une sève, comme un ferment nous porte à avancer avec confiance au milieu de toutes les embûches. Dans le Christ, nous avons la certitude que Dieu est avec nous dans nos luttes. Et nous vivons de cette grâce qui déjà nous transforme en des hommes plus vivants. Comme Paul, nous pouvons dire : « Nous qui rendons notre culte par l’Esprit de Dieu, nous qui plaçons notre gloire en Jésus Christ, nous ne nous confions pas en nous-mêmes » (Ph 3.3). C’est la grâce de ce temps pascal de nous conforter, non dans la confiance en nous-mêmes, mais dan la confiance en Jésus Christ. En lui est toutes notre espérance. (2012-04-28)
39. ni murmurateur,
40. ni médisant.
« Ni murmurateur, ni médisant ». Étonnant petit organe que notre langue !! St Jacques la compare à un gouvernail qui, bien que petit, dirige et oriente un grand navire. La langue qui murmure ressemble à ce gouvernail qui conduirait le bateau à tourner en rond, replié sur lui-même, en faisant des vagues tout autour de lui. La langue qui médit serait plutôt comme un gouvernail instable qui entraine le bateau de-ci delà, qui pointe dans une direction puis dans une autre, sans constance. Dans les deux cas, le navire est malmené et il est condamné à voguer seul, très seul incapable de faire route avec d’autres. Murmure et médisance font le lit de l’isolement et de l’enfermement sur ses illusions.
Comment éviter de tomber dans ce piège où il est si facile de tomber ? Il faut tout d’abord avoir le courage de se regarder soi-même en train d’errer. Errer dans les pensées de récriminations ou de jugements. Oser reconnaître le bruit de fond qui s’installe parfois sournoisement et qui devient un discours avec soi-même. Si le murmure intérieur devient trop assourdissant va-t-il franchir le seuil des lèvres pour se répandre à toutes oreilles confondues en critiques et médisances ? Ici notre responsabilité est engagée. Allons nous être capable de contenir notre langue ? Si ce n’est pas possible, allons-nous être assez humble pour parler à des oreilles qui ne seront pas complaisantes, celle d’un père spirituel, d’un ancien ou du Père Abbé ? Apprendre à repérer la mécanique du murmure et de la médisance pour ne pas se laisser entrainer est un vrai exercice spirituel. Savoir lutter et prendre les moyens à notre disposition pour parler en vérité n’est pas un des moindres combats que nous avons à mener. C’est aussi notre honneur de mener ce bon combat, et notre joie de, peu à peu, mieux comprendre pourquoi nous sommes si facilement sujets à certaines pensées de murmure et de critique.
Demandons humblement à Dieu de nous éclairer et de nous libérer de ces pensées obscures.
(2012-04-27)