vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 32-33 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 20 avril 2012
Verset(s) :

32. quand on nous maudit, ne pas répondre en maudissant, mais bénir au contraire,

33. souffrir persécution pour la justice.

Commentaire :

« Ne pas maudire qui nous maudit, mais plutôt le bénir. Supporter persécutions pour la justice. »

Ces instruments ne sont faciles à vivre ! Mais ils sont en pleine résonnance avec la Parole du Christ.

« Supporter persécution pour la justice. » Benoit reprend la 8ème Béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux. » Mt 5/10 Le moine se veut conquérant de ce Royaume. Les Béatitudes nous indiquent deux voies, celle de la pauvreté (en esprit, et matérielle tout aussi bien), et celle de la persécution pour la justice.

Mais quelle est cette justice qui mérite que l’on endure pour elle souffrance et passion ? Il faut voir plus loin que la justice entre les hommes. En l’honneur de Dieu, refuser toute forme d’idolâtrie et de compromission. Jésus nous apprend à rendre justice à l’Amour du Père. Vouloir accomplir toute justice à sa suite, c’est forcément se heurter à tous les refus d’amour et d’équité. Y compris à ceux qui nous véhiculons en nous-mêmes. Il y a certaines formes de harcèlement qu’il nous faut subir patiemment de la part de personnes à qui nous avons fait du tort, ou que nous n’aimons pas assez. Envers qui nous sommes donc injustes. C’est ce que dit le Bon Larron sur la croix : « Pour nous, c’est justice, nous recevons ce que nos actes ont mérité. Mais Lui, il n’a rien fait de mal ! » Lc 23/41

Notre première ressource est négative, en quelque sorte : Ne pas rendre le mal pour le mal. Y compris à nous-mêmes. Ni l’insulte pour l’insulte.

Mais St Pierre va plus loin, et Benoit lui emboîte le pas : « au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction. » 1P 3/9

Christ nous l’a enseigné : « Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui ton manteau, si quelqu’un te force à faire un mil, fais-en deux avec lui » Mt 5/39-41 Et St Paul ajoute : « Supporter les faux frères. » 2 Co 11/26 Et ailleurs : « Injuriés, nous bénissons, persécutés, nous supportons. » 1Co 4/12. (2012-04-20)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 31 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 19 avril 2012
Verset(s) :

31. aimer ses ennemis,

Commentaire :

« Aimer ses ennemis. »

Benoit continue de relire le chapitre 5 de St Matthieu. Après la parabole de la joue gauche, Jésus avance encore un peu plus loin dans le contraste entre l’Ancienne Alliance, et la Nouvelle. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis… » Mt 5/43 En réalité, il n’est dit nulle part dans l’Ancien Testament de haïr son ennemi. On ne hait que l’Ennemi de Dieu, le Mauvais. Et les ennemis du peuple, les idolâtres. On peut noter aussi que dans ce texte de Matthieu, comme dans le verset de Benoit, la haine est située dans le cœur de l’autre, pas dans le mien. Il s’agit d’aimer ceux qui ne m’aiment pas, et qui me le montrent. Il n’est pas envisagé que je puisse avoir l’initiative de ce mouvement de haine. Pourtant, en reprenant ce Conseil Evangélique à son compte, Benoit prouve qu’il ne se fait pas d’illusion. La haine peut s’introduire même dans le monastère. Le moine peut un jour se trouver affronté à de violentes antipathies, même au sein de la communauté, et les ressentir en lui. Parfois, cette violence envahit mon propre cœur.

La parabole du Fils Prodigue peut nous aider à nous convertir sur ce point aussi. Nous n’avons peut-être pas beaucoup d’ennemis. Mais les monastères sont assez bien peuplés de « fils aînés ». C’est parmi eux que naissent les jugements sévères, très raisonnables, contre tous les frères prodigues. Un moine sans miséricorde est une fontaine tarie. Ce mépris ne vaut pas mieux que la haine.

On dit que St Silouane priait très souvent pour ses ennemis. Il affirmait : « Le Saint Esprit est amour. Il donne à l’âme la force d’aimer même les ennemis. Celui qui n’a pas cet amour n’a pas encore connu Dieu. »

Les consignes de la Loi mosaïque peuvent nous aider à progresser dans l’amour des ennemis, ou de ceux pour qui notre sympathie est moins grande. « Le bœuf ou l’âne égarés de ton ennemi, tu les lui ramèneras. Quand tu verras l’âne de celui qui t’en veut, écrasé sous le fardeau, tu l’aideras à ordonner sa charge. » Ex 23/4-5 De même, dans la Littérature de Sagesse : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger. S’il a soif, donne-lui à boire. » Pr 25/21-22 Ces directives ont l’avantage d’indiquer des moyens concrets pour désamorcer un conflit, pour désarçonner l’inimitié, pour vaincre l’inhibition où elles nous mettent. Faire les gestes concrets de la dilection, comme le Samaritain pour le blessé, sur le chemin. (2012-04-19)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 30 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 18 avril 2012
Verset(s) :

30. ne pas faire d'injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites,

Commentaire :

« Ne pas faire d’injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites. »

Il y a 2 degrés, de taille, dans cet instrument. Le 1er, ne pas faire d’injustice, ne faire injure à personne, est de l’ordre de la civilité, presque de la politesse. En tout cas, de la charité. Ce n’est déjà pas si facile. Le 2d, « supporter patiemment les injures », est de l’ordre de la sainteté.

Dans l’Evangile, ce 2d conseil s’accompagne de la parabole de la joue gauche : « Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent. A qui te frappe sur une joue, tend l’autre. » (Lc 6/29 ; Mt 5/38) Surtout, cet instrument nous rappelle les dernières Béatitudes : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux ! Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et que l’on dira de vous faussement toute sorte de mal, à cause de moi. » Cela peut nous arriver, même dans un monastère ! « La charité supporte tout », chante St Paul.

Cela suppose d’abord une humanité forte. « Si tu peux supporter tout cela, alors tu seras un homme » disait un poème de Kipling.

La patience dans les épreuves, devant l’injustice, est une valeur chrétienne que les moines ont voulu pratiquer, dès l’origine de la vie monastique. Il y a de nombreux apophtegmes dans ce sens :

« Un frère demande à un ancien : Dis-moi une seule chose que je puisse garder pour en vivre. L’ancien lui dit : Si tu peux être injurié et le supporter, c’est une grande chose, qui surpasse toutes les vertus. »

« Abba Poemen disait : Il n’y a rien de plus grand que l’amour qui consiste à donner sa vie pour son prochain. En effet, si quelqu’un s’entend adresser une parole méchante et a la possibilité de rendre lui-même la pareille, qu’il lutte, tienne bon, et ne contriste pas l’autre à son tour, sans se venger de celui qui l’a peiné, en agissant ainsi, il donne sa vie pour son prochain. »

Dans la Règle, Benoit recommande d’éprouver un peu durement celui qui se présente à la porte du monastère pour devenir moine pour voir s’il souffre patiemment les injures : cette première patience le prépare à toutes celles de la vie commune. Mais c’est surtout au 4ème degré d’humilité que Benoit parle de la patience dans les épreuves et les injustices de toutes sortes. Il nous rappelle : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » « mais en tout cela nous triomphons, à cause de Celui qui nous a aimé. »

Dans notre vie commune, nous sommes tous, tour à tour, celui qui souffre persécution, et celui qui persécute. Rendons grâce à Dieu pour les frères qui savent aimer. (2012-04-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 29 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 17 avril 2012
Verset(s) :

29. Ne pas rendre le mal pour le mal,

Commentaire :

« Ne pas rendre le mal pour le mal ». Le désir de vengeance serait-il en nous comme un réflexe inné ou ce mouvement dont la pensée nous vient spontanément ? Nous n’aimons pas perdre la face. L’homme animal ne supporte pas d’avoir le dessous, surtout à la suite d’une offense, ou même parfois d’une réflexion. Il n’est jamais facile de regarder cette part de nous-mêmes qui est encore bien peu évangélique. Parfois même, on ne la voit pas. Le reflexe de défense est tellement ancré, qu’on ne se rend plus compte que par une parole ou une réflexion on a déjà décoché une flèche plus ou moins empoisonnée.

Nous célébrons avec joie le Christ ressuscité. Mais nous savons que le prix de sa victoire se trouve dans la croix quand « insulté, il ne rendait pas l’insulte et quand maltraité il s’en remettait à Celui qui juge avec justice » 1 Pet 2.3. En ne rendant pas le mal pour le mal, mieux en rendant le bien pour le mal, en pardonnant à ses bourreaux, Jésus a brisé la logique de la vengeance. En devenant ses disciples, en accueillant la victoire de sa résurrection, il nous est donné en même temps à nous aussi de rompre avec la logique du mal pour le mal. Ce don nous est fait. Mais il n’est pas automatique. Il demande notre assentiment et notre désir de rompre avec le mal. Il demande à l’homme nouveau que nous sommes en Christ, de couper court avec les velléités de l’homme animal toujours tenté d’en découdre avec ses adversaires. « Hommes nouveaux baptisés dans le Christ » avons-nous chanté à Pâques. C’est vrai nous le sommes. Mais c’est aussi ce que nous sommes en train de devenir, dans toute notre épaisseur humaine. Que la joie pascale qui nous habite nous donne d’être heureux et plus fort pour rendre le bien pour le mal. (2012-04-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 27-28 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 14 avril 2012
Verset(s) :

27. Ne pas jurer, de peur de se parjurer,

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

« Ne pas jurer, émettre la vérité ». Jurer, se parjurer, autant de tentatives pour faire admettre à son interlocuteur une vérité avec le risque de ne pas être à la hauteur de la parole donnée.

La vérité, elle n’a pas besoin de jurements pour se manifester. La parole émise de la bouche et du cœur suffit. La vérité se suffit à elle-même, car elle renvoie à la réalité qui est là ni plus ni moins. Dire la vérité sans détour, ni masque, avec simplicité, n’est pourtant par une chose si facile. Ici, il s’agit d’exprimer sa propre vérité, non de dire aux autres leurs propres vérités. Ce qui est autre chose.

Exprimer sa propre vérité nous engage dans un vrai chemin de dépouillement. Si chacun de nous n’a pas à tout dire à tout le monde, dangereuse illusion de la transparence. Il a à être vrai dans les relations différentes qu’il a à vivre. Si la relation avec un frère de communauté n’est pas la même que celle avec un hôte, ou avec un membre de notre famille, dans chacun des cas pour ce qui est donné à vivre, nous sommes conviés à dire la vérité, et plus encore à être vrai. C’est là qu’intervient le dépouillement. Parler vrai et être vrai engage à laisser les faux-semblants ou les images qu’on voudrait donner. Cela nous oblige à affronter nos peurs à paraitre tels que nous ne voudrions pas être. Bref parler vrai et être vrai nous entraine sur un salutaire chemin de libération par rapport à qui nous empêche d’être nous-mêmes, simplement sans fard, sans peur sans complexe. La vie commune est une bonne école pour cela. Vivant ensemble nous nous connaissons bien. Cherchant à devenir des frères qui s’aiment, sous le regard du Christ, avec nos pauvretés et nos forces, nous pouvons nous appuyer sur nos frères, sur leur confiance, pour oser être nous-mêmes simplement. Laissons grandir, entre nous, ce regard bienveillant et confiant qui nous permet les uns et les autres de parler et de vivre en vérité. (2012-04-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 26 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 13 avril 2012
Verset(s) :

26. ne pas se départir de la charité.

Commentaire :

« Ne pas se départir de la charité ». On pourrait encore traduire «Ne pas abandonner la charité », au sens de délaisser. Le verbe « ne pas se départir » est suggestif, c’est ne pas se séparer d’une part importante de quelque chose que l’on a en propre. Et quelle est ici la part à ne pas abandonner ? La charité. Oui depuis notre baptême, chacun nous possède en lui cette part précieuse qu’est la charité. Cette part ou cette grâce nous a été donné avec le Saint Esprit qui l’a répandu dans nos cœurs, pour reprendre les mots de Paul aux Romains. C’est un cadeau qui nos a été fait et il est bien plus présent que notre seule capacité à aimer. Chaque chrétien est porteur de l’Amour de Dieu. Chacun est marqué par lui. Reconnu dans la foi, et accueilli avec attention, ce don de la charité peut produire des fruits insondables. Au cœur de nos vies chrétiennes de plus en plus ouvertes à l’œuvre de l’Esprit et à la Parole du Christ, la charité nous élargit et nous entraine dans le don de nous-mêmes.

Quand Benoit recommande de « ne pas se départir de la charité », c’est de ce don premier, fondamental et gratuit qu’il parle. Et ce beau cadeau premier, qui est une part de nous-mêmes, nous entraine toujours davantage à aimer, si nous y prenons attention. Car la charité en nous est cette voix secrète et insistante qui nous engage à ne jamais condamner un frère, ni à lui faire du mal. La charité est encore en nous ce qui aiguise le regard pour considérer que chaque homme est toujours plus grand que ce qu’il donne à voir. Cette part de la charité est très précieuse car elle fait grandir en nous la ressemblance avec Dieu qui est Amour. Elle est notre trésor depuis notre baptême, ne la délaissons pas, cultivons là pour notre plus grand bonheur, celui de nos frères, celui de Dieu, notre Père. (2012-04-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 25 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 12 avril 2012
Verset(s) :

25. ne pas donner une paix mensongère,

Commentaire :

« Ne pas donner une paix mensongère », ne pas donner une fausse paix, mot à mot.

Dans l’Évangile de ce jour, nous entendrons Jésus ressuscité dire à ses disciples : «La paix soit avec vous ». Premier fruit de la résurrection, la paix est offerte par Jésus. A n’en pas douter, il s’agit d’une vraie paix, d’une paix véritable. Elle vient d’un cœur qui a traversé la souffrance injuste, la violence humiliante et la mort. La paix de Jésus signe sa victoire sur toutes les puissances de haine et d’orgueil qui se sont dressées contre lui. Jésus n’a pas succombé à la haine, ni au désespoir. De sa confiance inébranlable en son Père est née cette paix profonde. En Jésus, la paix est alors une manifestation de sa charité inébranlable à l’égard de son Père et l’égard de tous les hommes, ses frères. Cette paix est vraie car elle s’enracine dans son abaissement totalement abandonné dans les mains de son Père. Elle signe son humilité.

Ce n’est pas une des moindres grâce à recueillir durant ce temps pascal, que de recueillir la paix de Jésus ressuscité. Don immérité, don totalement gratuit, elle nous est offerte. A l’instar des disciples, elle vient nous répondre là où nous avons peur, là où nous avons trahi, là où nous sommes capables de toutes sortes de compromissions. Cette paix vient nous désarmer. Nous désarmer à l’égard de toutes nos défenses. Nous désarmer à l’égard de toutes nos autojustifications ou de toutes nos prétentions à nous en sortir seul.

« La paix soit avec vous ». Paix véritable qui veut faire de nous des hommes pacifiés et pacifiant. Paix qui nous entraine sur des chemins plus profonds. Chemin de l’amour au lieu de la rancune. Chemin de l’humilité au lieu du désir d’avoir le dernier mot. Chemin de la fraternité au lieu de la compétition. « Poursuis la paix, recherche et accueille cette paix là »nous dit en substance Benoit. (2012-04-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 24 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 30 mars 2012
Verset(s) :

24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,

Commentaire :

« Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur » « Tu veux au fond de moi la vérité » dit le Psalmiste à Dieu et il poursuit « crée en moi un cœur pur » Le cœur de l’homme est compliqué, dit encore la Bible. Compliqué c’est à dire avec beaucoup de plis et de replis. La simplicité, le fait d’être sans plis, ne lui est plus naturelle.il y a des parts que l’on n’aime pas voir venir à la lumière.

Ici Benoit nous engage à un travail de vérité et de clarté. Le moine qui cherche à être un homme unifié, un, doit veiller tout particulièrement à ne pas demeurer dans la duplicité. Faire des choses dont on sait qu’elles nous mettent en porte à faux avec le propos de vie dans lequel nous nous sommes engagés. Dire des choses et en penser d’autres. Entretenir le flou pour surtout ne pas affronter la réalité. Dissimuler des petites ou grandes choses. Voilà nos œuvres de ténèbres.

« La vérité vous rendra libres » disait Jésus, il y a quelques jours aux pharisiens. Désire-t-on devenir libre ? «Tu veux au fond de moi la vérité » dit à Dieu le Psalmiste. Si notre Dieu a un grand désir pour chacun de nous , c’est que nous vivions dans la vérité pour être enfin vraiment libres. Ce désir, c’est celui du Père qui veut partager toute la richesse de sa vie. Il s’attriste de voir ses enfants entretenir la duplicité et demeurer ainsi dans les ténèbres. Il souhaite tellement que nous vivions pleinement. En ces derniers jours de Carême, présentons au Christ notre Sauveur nos replis et nos duplicités. Que sa lumière, que sa vie viennent nous rendre un peu plus libre, plus vrai. « Crée en moi un cœur pur » et osons poser des actes pour faire la vérité.. (2012-03-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 23 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 27 mars 2012
Verset(s) :

23. ne pas réserver un temps pour le courroux.

Commentaire :

« Ne pas réserver un temps pour le courroux », c’est à dire pour la colère. Quand je commentais le dernier instrument « ne pas accomplir les actes qu’inspire la colère », j’utilisais l’image du feu. On peut aujourd’hui reprendre cette image pour éclairer ce dont il s’agit. Réserver un temps pour la colère, c’est laisser couver le feu sous la braise en veillant surtout à ne pas l’éteindre, afin que le moment venu le feu reprenne et que la colère éclate. Attitude sournoise, attitude rancunière qui veut à tout prix régler ses comptes avec son adversaire. En fait, n’est-ce pas ce qui nous arrive plus ou moins consciemment à l’égard d’un frère, quand nous n’acceptons pas une fois pour toute d’éteindre le feu qui couve. Les pompiers venus récemment nous disaient qu’il ne suffit pas de ne plus voir aucune flamme pour être sûr que le feu est bien éteint. Une des tâches des pompiers, lors d’une intervention contre un incendie est d’arroser abondamment les lieux du sinistre pour atteindre des partis qui pourraient sinon s’enflammer de nouveau. N’en est-il pas ainsi dans nos conflits ou dans nos difficultés relationnelles ? Ne faut-il pas veiller à mettre tous nos soins pour non seulement apaiser les discordes ouvertes, mais aussi pour pacifier vraiment les relations de telle sorte que rien ne couve plus ?

Que veut dire tout d’abord chercher à se réconcilier et aussi pacifier les relations ? Certainement avant tout chercher à se pacifier soi-même. C’est à dire pouvoir parler dans l’ouverture du cœur, mais aussi essayer de comprendre ce qui se passe en soi au pont de générer la colère. L’agression ou la faiblesse de l’autre vient souvent rejoindre un point de faiblesse plus ou moins aveugle en soi. En prendre soin, le confier humblement au Seigneur, le Médecin des cœurs pour qu’il le guérisse est un moyen sûr d’apaisement. Patiemment implorons le Christ d’envoyer son Esprit pour guérir nos blessures !! (2012-03-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 22 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 24 mars 2012
Verset(s) :

22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,

Commentaire :

On pourrait aussi traduire l’expression latine « iram non perficere » : « ne pas faire complètement ce que suggère la colère »

Cet instrument nous donne d’approcher ce mouvement insaisissable de la colère. La colère est une chose, la violence qui peut en découler une autre. Entre les deux, le lien n’est pas automatique. Nous pouvons nous maitriser de telle manière que toutes les pensées de violence, d’injure ou de destruction que porte la colère, ne soient pas accomplies. L’image du feu est souvent associée à la colère. Celle-ci a à voir avec un échauffement intérieur qui peut en s’amplifiant occuper tout le champ de la conscience.

La pensée qui provoque notre irritation a une propension à vouloir s’étendre, jusqu’à nous faire penser vouloir du mal. La colère est à l’origine une réaction de défense contre une agression. Mais si la colère nous gagne au point de nous faire faire des gestes incontrôlés ou dire des paroles irrationnelles elle devient un mal. D’agressé, on devient agresseur. La question que peut nous renvoyer cet instrument est celle-ci : Comment apprendre à nous défendre face à une contrariété ou une agression, autrement qu’en laissant s’allumer le feu de la colère ? Ou bien, si on ne peut empêcher le feu de la colère de s’allumer, comment apprendre sans tarder à l’éteindre ? Il n’y a pas de solution toute faite. La résolution de ce conflit intérieur se fera en tirant profit des expériences passées. En se souvenant de la manière plus ou moins illusoire avec laquelle nous nous sommes échauffés, nous pouvons apprendre à couper court aux pensées incendiaires que l’on fulmine contre un frère. Quand on repère en soi certains mécanismes d’échauffement, quand on repère certains types de pensées agressives, on peut, sitôt repérer, essayer de prendre de la distance. Ne plus entrer dans leur jeu ; ne plus nous laisser échauffer de façon complètement illusoire. Car souvent après coup on découvre que le frère ne méritait pas tout ce que dans la colère nous imaginions lui asséner. « Laisse ta colère, dit le Psalmiste, calme ta fièvre, ne t’indigne pas, il n’en viendrait que du mal ». C’est aussi une grâce à demander « Fais confiance au Seigneur et lui il agira » Ps 36 (2012-03-24)