vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 36, v 1-6 Des frères malades écrit le 20 novembre 2012
Verset(s) :

1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,

2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,

3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »

4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.

5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.

6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.

Commentaire :

« Avant tout et par-dessus tout », Benoit insiste fortement pour que les malades soient honorés pour ce qu’ils sont, une manifestation du Christ présent au milieu de nous. Comme le Christ, nos frères malades peuvent être soit une pierre d’achoppement, soit un roc. Pierre d’achoppement quand nous passons à côté d’eux sans les honorer, sans être attentifs à un besoin éventuel. Nous buttons alors sur notre indifférence et sur notre dureté de cœur. Mais ils peuvent aussi devenir roc sur lequel notre charité s’édifie. Servir nos frères, ne pas retenir l’élan de notre générosité à leur égard, cela nous édifie et personnellement et communautairement. Oui, à travers eux, le Christ nous donne rendez-vous ; le rendez-vous de la charité qui s’intensifie grâce à eux, frères malades servis et honorés, nous grandissons tous ensemble dans le Christ. Son corps, l’Eglise devient plus vivant parce que chaque membre est reconnu et honoré. Non seulement le membre souffrant est soutenu et conforté, mais les membres qui aident sont eux-mêmes transformés par la charité qu’ils exercent. Nos frères malades n’ont pas à être tristes parce qu’ils ont l’impression d’être des poids pour la communauté. Leur impuissance vient réveiller notre capacité à nous donner. Benoit parle de «récompense» en pensant peut-être à la vie éternelle, mais dès ici-bas, le soin et l’attention à nos frères malades nous offrent une récompense, celle de nous élargir le cœur et le regard pour aimer davantage. Le plus important est là : Aimer davantage. Nos frères malades en acceptant et en offrant à Dieu leurs impuissances et leur faiblesse font un acte d’amour et de confiance qui édifient tout le corps de l’Eglise ; Les frères bien portants qui soignent, visitent et sont attentifs à leurs frères malades leur manifestent l’amour qui vient de Dieu. Le Corps du Christ continue de s’édifier !! (2012-11-20)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 35, v 12-18 Des semainiers de la cuisine écrit le 17 novembre 2012
Verset(s) :

12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,

13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.

14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.

15. Le dimanche, aussitôt après la fin des matines, les hebdomadiers entrant et sortant se courberont à tous les genoux à l'oratoire, en demandant que l'on prie pour eux.

16. Celui qui sort de semaine dira ce verset : « Tu es béni, Seigneur Dieu, qui m'as aidé et consolé. »

17. L'ayant dit trois fois, celui qui sort recevra la bénédiction. Puis celui qui entre continuera en disant : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider. »

18. Tous répéteront les mêmes mots par trois fois, et ayant reçu la bénédiction, il entrera.

Commentaire :

« Béni sois-tu Seigneur mon Dieu, qui m'as donné secours et

réconfort. »« Dieu, viens à mon aide. Seigneur, hâte-toi de me

secourir. » Pour Benoit, l'activité humaine se déploie dans cet univers

de grâce, où Dieu nous donne la force d'accomplir ce qui nous est

demandé. Nous pouvons lui demander son aide, nous en remettre à Lui.

Nous ne devons pas oublier de le bénir, de lui rendre grâce car Il nous

accompagne sans cesse.

La fin de ce chapitre nous rappelle aussi le lien entre la liturgie et notre

vie. Toute notre existence, jusque dans ses plus petits détails, est

porteuse de cette Présence mystérieuse de notre Dieu. Rien n'est

étranger à Dieu. Le service de table comme tous les autres services,

comme toutes nos activités. Ce sont les lieux où se vit notre aventure

spirituelle. Mystère de force: Dieu est présent. Mystère de faiblesse:

sans Lui nous ne pouvons rien faire.

« Bénis sois-tu Seigneur mon Dieu », tu es là dans les moments

difficiles.

« Dieu, viens à mon aide ». Cassien propose cette formule pour la prière

continuelle. Benoit l'a reprise au début de chaque office. En effet notre

service, quel qu'il soit, est toujours expérience de nos limites. De notre

pauvreté. Bienheureuse pauvreté qui nous vaut un tel secours.

Ce chapitre est aussi le bon moment pour remercier nos frères qui se

dévouent au service de la communauté: à la cuisine, au réfectoire,

pendant les repas, à la plonge. Tout ce secteur qui a son importance

pour la paix et la joie de la communauté! (2012-11-17)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 35, v 1-11 Des semainiers de la cuisine. écrit le 16 novembre 2012
Verset(s) :

1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,

2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.

3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,

4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.

5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.

6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.

7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.

8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.

9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.

10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.

11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.

Commentaire :

Les frères se serviront les uns les autres . Le Christ nous a dit:

Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir . Servir Dieu et

nos frères. Servir Dieu dans nos frères. Servir nos frères comme Dieu

lui-même. Parce que Dieu les aime. Comme Dieu lui-même les sert. Ce

peut être une joie et un honneur d'être serviteur, comme Jésus a voulu

l'être. Pas de meilleur moyen d'imiter le Christ, et de nous unir à lui

dans nos activités.

Tout ceci est vrai. Mais pratiquement, nous considérons-nous comme

les serviteurs de tous nos frères, de tous les hommes ? Même si nous

ne les méprisons pas, nous donnons moins d'importance à tel ou tel. Il y

a les gens qui nous intéressent, et ceux qui ne nous intéressent pas.

Ceux que nous regardons de haut: nous nous sentons d'un autre bord.

Ceux dont nous recherchons la considération. Nous sommes encore très

païens dans notre manière de considérer les autres. Ces distinctions ne

sont pas selon le cœur de Dieu. Nous le savons bien. Examinons quelles

sont les limites de notre charité. Si elle veut être vraie, elle devrait être

sans limites. Elle doit nous porter vers les plus pauvres, les moins

doués, les moins intéressants, les moins aimables. Un grand combat à

menerchaquejour!

Le service mutuel: rien ne devrait nous en dispenser. Il n'y a pas ceux

qui servent, et ceux qui sont servis. Nous sommes tous serviteurs les

uns des autres. Seule la façon de servir diffère. Même quand nous

sommes malades, nous n'avons pas à donner une plus petite mesure de

service fraternel. Cette impuissance offerte est notre service.

Au monastère, nous avons à garder au cœur ce désir d'être attentifs à

chacun.(2012-11-16)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 34, v 1-7 Si tous doivent recevoir également le nécessaire écrit le 15 novembre 2012
Verset(s) :

1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»

2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.

3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;

4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,

5. et ainsi tous les membres seront en paix.

6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.

7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.

Commentaire :

C'est l'un des très beaux chapitres de la Règle. Frère Adalbert nous dit

qu'il ne doit rien à la Règle du Maître. Ici Benoit a trouvé sa source dans

la Règle de Saint Augustin. Et celui-ci s'inspirait des Actes de Apôtres:

« Ils mettaient tout en commun » 4/32, et « Chacun recevait une part,

selon ses besoins » 4/35.

Mais Augustin prenait en considération l'origine sociale des frères.

Benoit, lui, ne parle pas du passé ni de l'origine des frères. Il distingue

les faibles et les forts. Ceux qui ont plus de besoins, et ceux qui en ont

moins. Les plus forts sont invités à rendre grâce à Dieu. En se gardant

de la tristesse et de la jalousie. Les plus faibles, mieux traités, sont

incités à l'humilité.

La conclusion du chapitre parle du murmure. Ce sont les plus robustes,

moins favorisés, qui peuvent être tentés de murmurer. Benoit revient

souvent dans la Règle sur ces pensées mauvaises, qui ruinent la paix du

cœur, et le climat de joie du monastère.

Augustin terminait par cette parole forte: « Heureux celui qui réduit ses

besoins. »

Ces besoins matériels sont une occasion, soit de nous tourner vers Dieu,

soit de nous éloigner de Lui. Nous pouvons y découvrir la bonté de Dieu

pour nous. Et la charité de nos frères, les services qu'ils nous rendent

sans cesse. Cette découverte de l'amour dont nous sommes entourés

par Dieu et par la communauté, peut nous rendre très heureux. Les uns

pour les autres, nous sommes révélation de l'Amour. Nous avons un

cœur capable de rendre heureux, pourvu que notre cœur soit ouvert à

la misère de tout homme. Le murmure, l'envie, la jalousie, le jugement

sévère sur nos frères, c'est tout à l'opposé.

Dans son cheminement spirituel vers Dieu, chacun est unique. C'est

pour cela que notre regard critique sur notre frère est toujours dans

l'erreur.

Progressons dans la charité fraternelle, c'est notre combat quotidien

pour grandir dans l'amour de Dieu, comme nous le rappelait frère

Silouane. (2012-11-15)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 33, v 1-8 Si les moines doivent avoir quelque chose en propre écrit le 14 novembre 2012
Verset(s) :

1. Par dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice jusqu'à la racine :

2. que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans permission de l'abbé,

3. ni d'avoir rien en propre, absolument aucun objet, ni livre, ni tablette, ni stylet, mais absolument rien,

4. puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition.

5. Tout ce dont on a besoin, on le demande au père du monastère, et personne n'a le droit de rien avoir que l'abbé ne lui ait donné ou permis.

6. Que « tout soit commun à tous », comme il est écrit, en sorte que « ;personne ne dise sien quoi que ce soit », ni ne le considère comme tel.

7. Si quelqu'un est pris à se complaire dans ce vice extrêmement pernicieux, on l'avertira une et deux fois ;

8. s'il ne s'amende pas, il subira une réprimande.

Commentaire :

Cette fois Saint Benoit est beaucoup plus long que le Maître. Ce n'est

pas son habitude. Cela dit l'importance qu'il donne à la

désappropriation.

Il fait découler la pauvreté de l'obéissance. Dans cette perspective, la

relation à l'Abbé est déterminante. La pauvreté consiste à ne disposer

de rien sans sa permission. Benoit donne ici à l'Abbé le titre de « Père

du monastère ». Pour nous rappeler qu'il est le père à qui nous pouvons

tout demander. Pour lui rappeler qu'il a agir comme un père: « Quel

est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s'il lui demande

du pain? Ou un serpent s'il lui demande un poisson? » Lc 11/11 Le

dépouillement du moine est abandon entre les mains de Dieu.

La Règle du Maître concluait en disant: « Le bien du monastère est à

tous, et à personne. » Benoit, lui cite les Actes des Apôtres: « Que tout

soit commun à tous. » Ce qui nous renvoie à la première communauté

de Jérusalem, où la mise en commun des biens signifiait l'unité des

cœurs.

« Par-dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice de la

propriété jusqu'à la racine. » Pourquoi cette intransigeance? Il s'agit de

notre relation à Dieu. Souvent nous nous croyons libres, alors qu'un tas

de petites choses occupent encore notre cœur. Mais ce que nous

recherchons, c'est nous rendre de plus en plus dépendant, vis-à-vis de

Dieu. Une dépendance aimante. La pratique de la pauvreté enseignée

par la Règle veut nous aider à être toujours plus dociles à l'Esprit Saint.

La pauvreté n'est pas une question de plus ou de moins, c'est un désir

de conformité au Christ. Un besoin d'amour.

Aujourd'hui même Dieu nous invite à être pauvres. Sachons accueillir

les occasions qui se présentent.(2012-11-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 32, v 1-5 Outils et biens du monastère écrit le 10 novembre 2012
Verset(s) :

1. Pour l'avoir du monastère en outils, vêtements et biens de toute sorte, l'abbé choisira des frères, de vie et mœurs dont il soit sûr,

2. et il leur remettra ces différents objets, comme il le jugera bon, pour qu'ils les conservent et les recueillent.

3. De ces objets, l'abbé gardera l'inventaire. Ainsi, quand les frères se succèdent à tour de rôle dans l'emploi, il saura ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.

4. Si quelqu'un traite les biens du monastère sans propreté ou sans soin, on le réprimandera.

5. S'il ne s'amende pas, il subira les sanctions de règle.

Commentaire :

L’avoir du monastère. Benoit prévoit qu’il soit bien conservé par quelques frères sûrs. Certainement est-il en son temps assez facilement inventoriable, les objets et outils étaient rares et donc très précieux.

Aujourd’hui, c’est tout autre chose. A cause de la longue histoire de notre communauté et à cause de la société de consommation qui offre sans cesse de nouveaux objets, l’avoir du monastère n’est plus quantifiable, ni gérable par un seul. La succession des frères dans les emplois demandent une vigilance précise pour que se transmette bien tout ce qui est confié à la garde du responsable. Il n’est pas rare qu’un nouveau responsable jette comme inutile sans prendre suffisamment d’information, quelque chose que l’on regrettera de ne plus avoir. Veillons avant de jeter ou de se séparer de quelque chose à s’informer de son usage précis. S’il y a le risque d’entasser et de s’encombrer, celui de jeter sans précaution existe aussi. Il arrive aussi que s’entassent dans des endroits un peu abandonnés des objets ou des outils qui, remis en service dans d’autres secteurs, seraient très utiles. Que la sous-cellérerie avec le cellérier veille à ne pas laisser trop d’endroits non rangés, où l’on ne sait plus bien ce qui s’y trouve.

Etant moins nombreux, les espaces libres s’agrandissent et l’on risque d’entasser inutilement. Par ailleurs des frères décèdent et laissent parfois des documents qui méritent d’être conservés. Je pense au P. Adalbert dont le fond est en partie regroupé grâce au frère Ghislain. D’autre part, normalement l’ensemble des documents du frère Jean-Fançois devrait retourner à la MdF. Merci au F.Orsise qui veille sur les archives des frères pour conserver une trace de qui a été important dans sa vie en lien avec la communauté. Il y a un équilibre à tenir et à parler à plusieurs, pour savoir ce qui mérite d’être gardé ou non. Cela aussi est un patrimoine communautaire. (2012-11-10)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 31, v 17-19 Du cellérier écrit le 09 novembre 2012
Verset(s) :

17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.

18. On donnera ce qui est à donner et on demandera ce qui est à demander au moment voulu,

19. afin que personne ne soit troublé ou peiné dans la maison de Dieu.

Commentaire :



«Sans perdre la paix de l’âme ». De nouveau, en concluant ce chapitre, Benoit se montre attentif au cellérier, au moine. S’il recommande au début qu’il veille sur son âme, il souhaite que la règle prévoie des aides à ses côtés pour qu’il remplisse sa charge sans perdre la paix de l’âme. L’aide fraternelle comme un rempart contre la tristesse ou le trouble de l’âme.

Tous, il nous arrive de traverser ces moments où l’on se sent seul pour faire quelque chose. Moments remplis d’un sentiment d’abandon plus ou moins fondé dans la réalité, mais sentiment pesant où le sol parait se dérober sous nos pieds. La barque intérieur prend l’eau . Benoit prévoit donc le soutien des frères pour que ne nous submerge pas le découragement, ni que s’installe le murmure. Le mot latin utilisé est «solacia» qui veut dire «soulagement, consolation et qui vient du verbe «solor» réconforter, consoler, adoucir, soulager. L’aide fraternelle envisagée ici n’est pas seulement technique et matérielle. Elle englobe davantage avec cette notre de réconfort et de soutien du frère aidé. Autrement dit, il n’y a pas d’un côté le travail en lui-même et la façon dont il se déroule le climat et l’ambiance. L’aide d’un frère qui s’acquitte au plus vite de sa tâche pour s’en aller sans demander son reste, reste bien en deçà de ce qu’exige une aide fraternelle. Ce type d’aide ressemble davantage à un travail de fonctionnaire qu’on a hâte de quitter. Or au monastère, nous ne sommes pas des fonctionnaires. Nous sommes des frères qui s’entraident et qui portent ensemble la réalité du travail ou de services. Celui qui aide un frère responsable d’un emploi le fait en se donnant vraiment, non du bout des doigts. Alors son aide sera précieuse et réconfortante. Alors le climat sera vraiment fraternel, celui d’une maison, la maison de Dieu édifié par chacun selon sa mesure. Tour à tour, nous sommes en position d’aider un frère, soyons alors des frères de réconfort. Et que notre frère Cyprien soit remercié pour sa vigilance sur notre grande maison. (2012-11-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 03, v 12-13 De l’appel des frères en conseil écrit le 09 novembre 2012
Verset(s) :

12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,

13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »

Commentaire :

Chapitre 03, v 12-13 De l’appel des frères en conseil

« Fais tout avec conseil ». Pour les choses de grande importance, l’abbé convoque l’ensemble de la communauté qui donnera son avis. Pour les choses moins importantes, il réunit le conseil des anciens ou doyens dirions-nous aujourd’hui. Ainsi en toute chose l’abbé est invité à prendre conseil, car c’est de la vie de la communauté qu’il s’agit. Ce précepte de «tout faire avec conseil» est très libérant. Effectivement, il est source de lumière pour l’abbé, ainsi souvent il évite bien des maladresses, des erreurs ou des oublis. Et à qui l’abbé demande-t-il conseil aujourd’hui ? Outre les deux instances communautaires mentionnées, je demande volontiers conseil aux frères à travers les commissions chargées d’un domaine de notre vie, mais aussi aux responsables d’emploi ou de secteurs, ou tout simplement à un frère dont je sais qu’il connait davantage la situation à éclairer. Ainsi y a-t-il deux critères qui m’orientent vers tel frère plutôt que tel autre pour rechercher son conseil : celui de la compétence ou de la connaissance sur le sujet et celui de la liberté par rapport au sujet et à l’abbé. Compétence et liberté du frère sont ainsi pour moi des gages de confiance dans le conseil demandé.

« Tu ne le regretteras pas » ; j’ai l’impression que c’est très vrai et cela à plusieurs niveaux. Tout d’abord au plan spirituel, parce qu’en demandant conseil, j’essaie de lâcher ce qui serait trop immédiatement selon mes vues. Demander conseil, c’est se mettre dans une attitude d’écoute pour chercher ensemble la volonté du Seigneur. Et ensuite au plus humain et pratique, je suis frappé de voir combien à travers le dialogue les idées viennent, des suggestions arrivent pour affiner le discernement. On est toujours plus intelligent à deux ou trois que tout seul !! Ce serait bien dommage dès lors de se priver du conseil des frères.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 31, v 13-17 Du cellérier écrit le 07 novembre 2012
Verset(s) :

13. Qu'il ait avant tout l'humilité, et quand il n'y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole aimable,

14. comme il est écrit : « Une parole aimable surpasse le don le plus précieux. »

15. Tout ce que l'abbé lui enjoindra, il en aura la responsabilité ; ce qu'il lui interdira, il ne se le permettra pas.

16. Il fournira aux frères la ration prescrite sans arrogance ni délai, de peur qu'ils ne s'irritent, en se souvenant de ce que mérite, selon la parole divine, « celui qui irritera un des petits. »

17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.

Commentaire :



«Une parole aimable surpasse le don le plus précieux ». Un peu plus haut, Benoit recommandait au cellérier d’opposer un refus raisonnable à une demande déraisonnable. Ici quand il n’y a rien à donner, il doit offrir une parole aimable. En entendant cela, on se dit c’est évident, cela coule de source. Si on regarde notre manière de réagir avec un peu de lucidité, on réalise que ce n’est pas si simple, et pas seulement pour le cellérier. Combien de fois quand un frère nous demande quelque chose que nous ne pouvons lui donner, ne sommes-nous pas tentés de lui répondre avec agressivité. Comme si nous ne supportons pas d’être en situation de faiblesse, comme si nous nous sentions agressés. Du coup, on risque d’envoyer le frère sur les roses. Pourquoi la parole aimable ne nous est-elle pas si spontanée ? Parce que la peur nous habite ? Ou bien la volonté de dominer tout ? Evagre a cette sentence « Mauvais économe accable les âmes des frères, l’homme du ressentiment n’aura pas pitié d’elles » (Aux moines 74). Le ressentiment, la peur, la volonté d’indépendance sont en nous des mouvements intérieurs qui nous aveuglent et nous enferment sur nous-mêmes. Nous pouvons devenir incapables d’accueillir les autres et leur offrir au moins une bonne parole. Parole désarmée certes, mais parole fraternelle. Et cette parole n’a pas de prix, car elle est un témoignage de charité. Charité modeste qui ne peut s’accompagner dans ce cas de don, mais charité bien réelle. Ne mésestimons pas cette charité d’une bonne parole, humble et démunie. Elle est un baume dans la vie quotidienne. Ne sous-estimons pas notre capacité à donner une bonne parole. Oui ne nous laissons pas paralyser par la peur, ou le stress, ou le manque. L’Esprit Saint en nous veut susciter la parole aimable. Qu’il soit notre souffle !! (2012-11-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 31, v 10 Du cellérier du monastère, ce qu'il sera écrit le 06 novembre 2012
Verset(s) :

10. Il considérera tous les vases du monastère et tout son avoir comme les vases sacrés de l'autel ;

Commentaire :

« Il ne tiendra rien pour négligeable » Négligeable, négliger, négligent, ces mots reviennent assez souvent dans la RB. Rien n’est négligeable nous dit Benoit, ce matin à propos des outils. Ailleurs, il veille à ce que les malades ne soient pas négligés. Ou encore les négligents dans leur service à l’Office ou par leur retard sont invités à réparer par l’humilité.

En latin, le verbe « neglego » qui veut dire « négliger, ne pas s’occuper de, être insouciant, indifférents à » est la contraction de « nec-lego » mot à mot «ne pas lire». Mais le verbe lego avant de signifier lire, veut dire « ramasser, recueillir, choisir ». On pourrait ainsi traduire mot à mot nec-lego par « ne pas ramasser, ne pas recueillir, ne pas choisir, ne pas lire » !

Ainsi celui qui néglige quelque chose ou quelqu’un est une personne qui ne recueille pas, qui ne sait pas lire, reconnaitre ce qui est en train de se passer ou ce qu’un autre vit. Le négligent est quelqu’un qui passe à côté de la vraie valeur des choses (ici les objets du monastère). La vraie valeur des personnes (les malades par exemple) ou la vraie valeur du moment présent (il s’attarde au lieu d’aller à l’Office pour la prière). Le négligent ne sait pas lire et reconnaitre la profondeur de la réalité qu’il a sous les yeux. Il est indifférent, insouciant ou trop centré sur lui-même.

Benoit nous invite à lire la réalité avec toujours plus de profondeur et de largeur. Il nous invite à considérer la beauté et la qualité de tout objet comme celles des vases sacrés de l’autel. Il veut que l’on reconnaisse dans le malade, le Christ. Il désire que l’on vienne et que l’on soit à l’Office pour nous tenir devant Dieu Lui-même. La réalité des choses, des êtres et de notre vie n’est pas quelconque. Elle est belle et grande. Elle requiert de notre part une attention et une présence toujours plus précise. Car nous n’avons pas fini de la découvrir. Et ce n’est pas une des moindres de nos joies quotidiennes que de pouvoir reconnaitre cette valeur de la vie, de pouvoir la goûter, nous en émerveiller et en rendre grâce. (2012-11-06)