vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 17, v 7-11 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 28 septembre 2012
Verset(s) :

7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.

8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.

9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.

10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.

Commentaire :

Ces psaumes seront toujours répétés aux petites heures … Il s’agit des Ps 118 à 127 qui constituent deux ensembles bien repérés dans le psautier. D’un côté, le long psaume 118 qui exprime le dialogue intime du psalmiste avec son Dieu. De l’autre côté, ce sont les psaumes des montées qui traduisent la ferveur des pèlerins en route vers Jérusalem. En proposant ces deux ensembles de psaumes pour la prière du moine au long de la journée, st Benoît allie inséparablement dialogue intime avec Dieu et marche vers la Cité céleste. Attention intérieure et mise en mouvement de tout l’être sont deux aspects de notre prière.

Tout au long du jour et de notre travail, nous sommes appelés à cultiver et faire fructifier ces deux facettes de notre relation à Dieu. Nous nous tournons vers Lui avec confiance et nous pourrons lui dire ces mots étonnants « Dieu », « mon Dieu » . Et dans le même moment, nous ne cessons de le chercher, de mieux le connaître pour mieux le prier. Nous lui sommes proches. Il se révèle à nous par le don de la foi en Jésus Christ vivant. Et en même temps, nous ne pouvons le saisir, nous sommes en chemin. En ce sens, le psalmiste du Ps 118 est un maitre. Il ne cesse lui aussi d’être en chemin dans son écoute de la Parole et dans sa contemplation de la Loi. Nombreuses sont les mentions de la voie, du chemin. Il veut marcher dans la Loi du Seigneur. Il cherche les préceptes du Seigneur pour marcher librement. Il désire garder pur son chemin en observant sa Parole. Et humblement il reconnait que le chemin est difficile : « je m’égare, brebis perdue; viens chercher ton serviteur. Je n’oublie pas tes volontés » .

Notre vie de prière ne cesse d’ouvrir en nous des chemins. Chemins qui nous engagent tout entier dans une relation toujours plus ajustée avec notre Dieu en Jésus Christ sous la conduite de l’Esprit Saint. « Heureux les hommes dont tu es la force, des chemins s’ouvrent dans leur cœur » . Mystérieux et beau pèlerinage auquel nous sommes conviés à la suite des psalmistes. Il porte une promesse de bonheur : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies. Heureux es-tu ! A toi, le bonheur » Ps 127,1.

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 18, v 1-6 Dans quel ordre dire les psaumes écrit le 26 septembre 2012
Verset(s) :

1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.

2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.

3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.

4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.

5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.

6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.

Commentaire :

« Dieu, viens à mon aide, Seigneur, à notre secours ». Ce verset du Ps 69, Benoit l’ajoute à un ordo primitif, qui n’en parlait pas. Il le reprend, sans doute, à cause du passage si beau des Conférences de Cassien, la Conférence 10, (Conf 10/10), qui vante ce verset, formule de prière appropriée à toutes les circonstances de chacune de nos vies. L’une des aides possibles pour s’approcher du « Priez sans cesse ». Beaucoup de versets de Psaumes, beaucoup de paroles de l’Evangile peuvent nourrir notre prière, au long de la journée. Cette répétition qui nous aide à rester en relation avec le Christ, ou à retrouver Dieu.

« Dieu, viens à mon aide » La prière est un don de Dieu. La première démarche de la prière est de demander à Dieu de nous aider à prier. Nous faisons cet appel à Dieu, pour qu’Il rende notre pauvre louange digne de Lui.

Dans notre prière, le plus important, c’est ce qui a trait à la vie de Dieu. En Lui-même, et en nous. En Dieu. La vie de Dieu. Nous sommes ici pour nous en réjouir, et pour en vivre. Nous pouvons faire de tant de versets de Psaumes un cri du cœur. De chaque Doxologie. Mais cette vie de Dieu, elle est aussi en nous, en chacun de nous. Nous pouvons, à chaque instant, rejoindre Dieu, nous pouvons participer à la vie de Dieu. Il est notre Père : en ce moment, Il nous donne la vie, il nous engendre à la vie. Nous pouvons recevoir la vie de Lui. Respirer comme on reçoit la vie de Dieu, et Lui rendre grâce. Vivre ce mystère de la vie de Dieu parmi les hommes. C’est la façon la plus efficace de travailler à l’unité de l’humanité. Plus il y aura d’hommes et de femmes centrés sur Dieu, plus les liens se resserreront entre tous les vivants.

Dès que nous prions, c’est toue l’Eglise qui prie en nous. C’est toute l’humanité qui s’ouvre à Dieu. (2012-09-26)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 17, v 1-9 Combien de psaumes faut-il dire à ces mêmes heures écrit le 25 septembre 2012
Verset(s) :

1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.

2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,

3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.

4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.

5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.

6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.

7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.

8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.

9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.

Commentaire :

Ce qui frappe, dans ces chapitres de la Règle sur la liturgie, c’est le caractère répétitif de l’Office Divin, dans sa structure. Une introduction, une hymne, des Psaumes, une lecture, un verset, le Kyrie, la conclusion. Notre Office a gardé, aujourd’hui encore, une structure à peu près identique. La Liturgie ne cherche pas l’originalité.

A travers ces conseils de Benoit, l’important, c’est d’entendre l’aujourd’hui de l’appel de Dieu à une vie de prière consciente et aimante.

Le fond de notre prière liturgique est le Psautier. Le but de la récitation des Psaumes, c’est de connaître le mystère de Dieu et de vivre de son amour. Tous les efforts que nous faisons pour mieux connaître les Psaumes nous aident dans notre travail de moine, la recherche de Dieu. Apprendre à connaître les Psaumes, c’est y découvrir le Christ. Le découvrir, non pas d’une simple connaissance intellectuelle, mais de cette connaissance vivante que donne l’Esprit de Dieu à ceux qui la lui demandent.

Mais cela n’est possible que si nous formons une communauté de frères qui s’aiment entre eux. Inutile de venir au chœur, et de chanter la Parole de Dieu, inutile de chercher à comprendre ce que nous disons, si nous n’avons pas un cœur fraternel pour tous les hommes, à commencer par nos frères le plus proches.

Dieu nous a appelés à passer le meilleur de notre temps à le prier, à le louer. Cela vaut la peine de supporter un peu de fatigue. Sans oublier que le critère du moine, ce n’est pas telle observance, mais l’obéissance, l’humilité, l’amour de la prière, la relation avec nos frères, qui est le signe que tout le reste est vrai. (2012-09-25)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 15, v 1-4 En quel temps on dira l'Alleluia écrit le 21 septembre 2012
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;

2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.

3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.

4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.

Commentaire :

Benoit nous le rappelle à nouveau : notre vie monastique se déroule sous le signe de la Pâque. La mémoire de la Mort et de la Résurrection du Christ. Il y a le temps où nous ne disons pas l’Alleluia, temps de conversion, dans la joie du désir spirituel, de l’attente. Et le temps de la joie du triomphe du Christ : sur le mal et sur la mort. Le temps de sa Glorification. Le Christ est le centre de nos vies de chrétiens et de moines. Croyons à sa victoire. Il est le Vivant. Chanter l’Alleluia, c’est renouveler notre insertion dans la Pâque du Christ.

La joie doit être l’une de notes caractéristiques de notre prière de moines célébrée en commun. Joie spirituelle, qui est la joie de Dieu lui-même. Dieu nous écoute. Il est attentif à notre prière. Il a besoin de cœurs attentifs, conscients du don qu’Il leur fait, joyeux de la joie même de Dieu. Sa joie est de se donner. Notre rôle dans l’Eglise est de célébrer jour et nuit ce Dieu qui se donne. Et de communier ainsi à la joie parfaite de Dieu.

Ce caractère d’allégresse que doit avoir notre prière : ce n’est pas la joie de vivre d’un corps en bonne santé. Ni l’euphorie passagère. Mais l’allégresse profonde qui nait de la certitude de la présence de Dieu. Cette joie peut accompagner toute notre vie. La seule tristesse c’est le péché qui nous sépare de Dieu. En nous efforçant de vivre en présence de Dieu, nous sommes à la source de la joie. Sans efforts contre le péché, pas de joie ni de louange possible. La joie est en Dieu, et dans la lutte contre l’égoïsme. Si chacun de nous combat son égoïsme, et se tourne vers Dieu, il y aura plus de joie au monastère. « Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2012-09-21)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 16, v 1-5 Comment célébrer l'office divin dans la journée écrit le 21 septembre 2012
Verset(s) :

1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,

3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »

5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».

Commentaire :

« Nous acquitter des devoirs de notre service ». Nous pouvons retenir déjà ce mot : « service ». Nous sommes des serviteurs de Dieu. Serviteurs de nos frères. Ce mot doit être notre nom propre. Spécialement à l’Office. Nous sommes là pour servir le Seigneur, et servir tous les hommes. C’est pourquoi nous devons retrancher avec soin tout ce qui n’y est pas service de Dieu.

Méfions de nos réactions d’agacement : nous ne sommes pas au chœur pour juger la façon de faire de nos frères, ni pour réformer la liturgie, mais pour servir Dieu, pour être aux aguets de son bon plaisir. Il y a tant d’occasions, au cours de nos offices, de nous oublier, de montrer à Dieu que c’est Lui que nous cherchons.

Un autre danger, c’est de tomber dans la routine. Nous devons garder une jeunesse et une fraîcheur de cœur dans la prière liturgique.

« Sept fois le jour » Le chiffre sept, cité ici par Benoit, signifie la plénitude. Cela veut dire que nous ne cessons pas de louer Dieu quand nous quittons le chœur. C’est à tout instant, dans toutes nos occupations que nous devrions confesser notre Dieu.

« Sept fois le jour ». On pourrait commenter ce verset du Psaume 118/164 par la parole de l’Evangile, lorsque des grecs s’adressent à Philippe : « Nous voudrions voir Jésus » Jn 12/21. En effet, si nous nous réunissons si souvent pour prier, c’est pace que nous désirons le connaître, vivre en sa Présence. Et c’est vrai, à travers ces longs moments passés au chœur, une expérience spirituelle du Christ se fait peu à peu en nous. Nous devons garder ce désir, entrer davantage dans la connaissance du Christ : Il nous révèle le Mystère de Dieu. (2012-09-21)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 14, v 1-2 Aux anniversaires des saints, comment célébrer les Vigiles écrit le 20 septembre 2012
Verset(s) :

1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,

2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.

Commentaire :

La liturgie nous dit la place des saints dans la vie de l’Eglise. Les saints nous aident à mieux connaitre le Christ : sous leurs traits nous découvrons un aspect du visage du Christ. Et ils nous rappellent que c’est nous, personnellement, qui devons devenir des saints.

Nous ne pouvons pas avoir de la dévotion pour tous les saints ! Leur nombre a beaucoup augmenté. Mais c’est bon d’avoir pour amis et pour modèles quelques saints et quelques saintes. La dévotion aux saints demande un peu d’humilité : accepter d’avoir à recevoir de leur exemple, de leur intercession. Remercier Dieu pour les grâces qui leur ont été données. Leur vie nous enseigne l’Evangile.

Ils ont été les témoins du Christ. Ils nous révèlent un aspect de son visage. Ils nous indiquent une voie pour aller à Dieu. Tous les saints du ciel sont comme un immense prisme, à facettes innombrables, qui nous renvoie la Lumière de Dieu. C’est la joie de cette lumière qui passe dans les fêtes des saints. Un saint, c’est d’abord un homme de prière. C’est dans la prière que tous ont trouvé la force de lutter contre le mal. C’est aussi le fond de notre existence : ce combat contre le mal, et la victoire espérée. La Rédemption est un grand drame cosmique, auquel chaque homme participe. Si nous laissons vivre en nous le Christ, nous serons victorieux des puissances de la mort et du Mauvais. Les saints nous rappellent que cette victoire, Dieu la donne. Ils sont des exemples pour nous. Nous pouvons les aimer.

Chacun de nous a besoin de frères ainés pour l’entrainer dans le sillage du Christ. Qu’il les cherche, et ils lui seront donnés. (2012-09-20)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 13, v 1-14 Aux jours ordinaires comment célébrer les Laudes écrit le 19 septembre 2012
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Notre vie de prière a besoin de cette alternance des jours ordinaires et des jours de fête. Ce sont des jalons pour raviver notre attention au mystère de Dieu. Dans notre vie personnelle aussi, nous devons trouver des moyens pour rompre la monotonie, pour renouveler notre ferveur. Là encore notre corps peut nous aider : l’attention à tel geste, le signe de Croix, l’inclination profonde, les bras levés pour le Notre Père… Ou une intention de prière : l’Eglise, le synode pour la Nouvelle Evangélisation, ces chrétiens éprouvés au Moyen Orient, les personnes que nous connaissons… Le but est de demeurer éveillés, attentifs dans la tâche de notre service.

Simplicité et liberté de la prière. En elle-même, la vie de prière est simple, sinon ce n ‘est pas la prière. Son mouvement est abandonné, filial, intime. Mais comment y parvenir ? Comment se dégager des complications, des obstacles ? Surtout de ceux qui viennent de l’ambiance concrète : les lieux, le bruit, le voisinage parfois éprouvant, les détails liturgiques qui agacent. Faisons retentir en nous la Parole du Christ que nous avons entendue, et qui nous a engagés dans cette vie de moine : « Viens, suis-moi ! ». Cela nous donnera plus d’aisance intérieure. En nous fixant sur le Seigneur, nous aurons plus de liberté et de charité dans la prière commune.

« Afin que tous aient le temps d’arriver ». A lire ce chapitre et le précédant, on a l’impression que Benoit a prévu qu’il y a des frères qui seront toujours en retard. Cela doit nous remplir de confusion d’être si lents et si endormis. Si peu empressés d’aller répondre à l’appel de Dieu. Prenons à cœur d’être plus ponctuels, plus rapides, plus soucieux de venir servir Dieu à l’Office. (2012-09-19)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 12, v 1-4 Comment célébrer les Laudes du dimanche écrit le 18 septembre 2012
Verset(s) :

1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.

2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.

3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,

4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.

Commentaire :

Après l’attente nocturne des Vigiles, les Laudes célèbrent l’aube de la Résurrection. L’aurore en est le symbole. Tous les matins nous proclamons « les louanges de Celui qui nous appelés des ténèbres à son admirable lumière », comme le dit la 1ère Lettre de Pierre. (2/9)

Notre vie de prière doit être soulevée par un grand désir. Elle doit être un chant à Dieu. Sommes-nous heureux d’être en la présence de Dieu ? Sommes-nous reconnaissants pour cet honneur qui nous est fait ? Nous le savons bien, chanter est aussi un travail, qui demande notre attention, notre soin, notre écoute des frères. Mais c’est d’abord une question de Foi : Si nous pensions vraiment à qui nous parlons, et au Nom de qui. Nous le réalisons mieux certains jours de Fête. Mais c’est tous les jours que nous devrions tressaillir de joie, à la pensée que nous chantons en présence de Dieu.

C’est, en même temps, inséparablement, une question de don de soi. La louange est l’expression d’une vie donnée. Elle suppose que l’âme soit vivante. Qu’elle soit libre, souple. C’est l’œuvre de toute notre vie monastique. Elle doit nous simplifier afin de mieux chanter Dieu. Celui qui est replié sur lui-même ne peut pas chanter. Ni celui qui met des parenthèses dans sa vie, des compartiments réservés.

Demandons à Dieu une plus grande Foi, un amour plus généreux : nous serons plus joyeux dans la célébration de notre Office. Mettons dans notre psalmodie, à Laudes, l’allégresse de la vie qui reprend. L’adoration s’apprend par toute la vie. C’est ce qu’il y a de plus grand pour un homme. Ce à quoi doivent tendre tous nos efforts. Surtout, c’est ce qu’il faut sans cesse demander à Dieu.

Il est bon de projeter sur la journée nouvelle qui commence la lumière éblouissante du Christ qui parait. (2012-09-18)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 11, v 1-13 Comment célébrer les Vigiles le dimanche écrit le 15 septembre 2012
Verset(s) :

1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.

2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.

3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.

4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.

5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.

6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.

7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,

8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .

9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.

10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.

Commentaire :

P. Adalbert nous aide à comprendre l’origine de la composition de cet Office des Vigiles du dimanche, chez St Benoit. Le Maître avait adopté l’usage antique des Vigiles commençant le soir, et durant toute la nuit, jusqu’au deuxième chant du coq.

Benoit prend la façon de faire de l’Eglise de Rome : des Vigiles célébrées à la même heure que les autres jours, mais plus développées.

Par contre, à la fin de cet Office, la lecture de l’Evangile par l’Abbé, est inspirée de la liturgie de Jérusalem. Un siècle et demi avant Benoit, la voyageuse espagnole Egérie décrit cette fin des Vigiles dominicales : dans l’église de l’Anastasis qui s’élève sur le Sépulcre du Christ, l’évêque lit l’Evangile de la Résurrection. Il est probable que, pour Benoit, l’Evangile lu était lui aussi un récit de la Résurrection, comme le précise Césaire d’Arles, à la même époque que Benoit.

Notre Règle ne se contente pas de ces emprunts à diverses traditions. Benoit introduit deux éléments nouveaux : les deux hymnes « Te Deum » et « Te decet laus ». Ces deux louanges à la Sainte Trinité diffèrent par leur origine. Le Te Deum est occidental, contemporain de Benoit. Le Te decet laus, beaucoup plus bref, est oriental et plus ancien.

Benoit réunit ainsi, autour de la Parole du Christ Ressuscité, les voix de l’Orient et de l’Occident acclamant la Trinité Sainte.

En ce sommet de la semaine, la liturgie des Vigiles du dimanche nous donne de célébrer le Mystère central de notre Foi : la Mort et la Résurrection du Christ, et la louange des Trois Personnes Divines. Notre pratique nouvelle permet à presque toute la communauté d’être réunie pour cette célébration si importante. (2012-09-15)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 10, v 1-3 Comment célébrer la louange nocturne en été écrit le 14 septembre 2012
Verset(s) :

1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,

2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.

3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.

Commentaire :

Lorsque Benoit parle de la prière, nous pouvons être choqués par son insistance sur la quantité. Ici la quantité de Psaumes durant l’Office de nuit. Nous serions tentés d’insister plutôt sur la qualité de la prière. Mais comment déterminer cette qualité ? En faisant le choix du critère quantitatif, Benoit ne cède pas à la facilité. Il veut nous rendre attentifs à des aspects essentiels de la prière.

D’abord, la qualité de notre prière ne répond pas au sentiment subjectif que nous en avons. Le véritable travail de la prière se fait dans la profondeur de notre être, en un point qui n’affleure que très rarement à notre conscience. Le travail de l’Esprit Saint en nous, nous ne le percevons qu’à de rares moments. Mais cela n’empêche pas qu’il existe, et qu’il nous transforme en profondeur. La prière est à l’œuvre en nous.

Nous n’avons donc pas prise sur la qualité de notre prière. Seulement sur notre disponibilité, notre persévérance, et notre dépouillement intérieur. Ce qui dépend de nous, c’est le désencombrement de notre esprit, de notre cœur, et de notre vie, pour que la prière fasse son œuvre en nous. Qu’elle creuse son chemin dans notre existence. Et si nous nous laissons transformer, c’est le corps entier, la communauté, l’Eglise, qui sont entrainés. Pour Benoit, ce long travail suppose du temps.

« De Pâques aux calendes de novembre… » Ce chapitre a une saveur de Pâques. Il est bon pour nous de l’entendre, ce jour où nous célébrons la Croix Glorieuse du Christ. Notre vie monastique, qu’il s’agisse de l’Office Divin ou de toute notre observance, est tout organisée autour de la Résurrection, en fonction de Pâques. Ce doit être notre référence, en toutes circonstances : Le Christ est Ressuscité ! Cela peut tout transformer. Surtout à ces étapes de nos vies qui, par la voie de la Croix, nous conduisent vers la manifestation de la Gloire du Christ. (2012-09-14)