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1. « Chacun tient de Dieu un don particulier, l'un comme ceci, l'autre comme cela. »
2. Aussi est-ce avec quelques scrupules que nous déterminons la quantité d'aliments pour les autres.
3. Cependant, eu égard à l'infirmité des faibles, nous croyons qu'il suffit d'une hémine de vin par tête et par jour.
4. Mais ceux à qui Dieu donne la force de s'en passer, qu'ils sachent qu'ils auront une récompense particulière.
5. Si les conditions locales et le travail ou la chaleur de l'été font qu'il en faut davantage, le supérieur en aura le pouvoir, en veillant toujours à ne pas laisser survenir la satiété ou l'ivresse.
6. Nous lisons, il est vrai, que « le vin n'est absolument pas fait pour les moines », mais puisqu'il est impossible d'en convaincre les moines de notre temps, accordons-nous du moins à ne pas boire jusqu'à satiété, mais plus sobrement,
7. puisque « le vin fait apostasier même les sages. »
8. Quand les conditions locales feront que l'on ne puisse même pas trouver la quantité indiquée ci-dessus, mais beaucoup moins ou rien du tout, les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas.
9. Car nous recommandons ceci avant tout : qu'on s'abstienne de murmurer.
« Ils béniront Dieu et ne murmureront pas » On pourrait entendre en écho cette recommandation de la liturgie : «Hauts les cœurs» traduite «Elevons notre cœur » ! Oui quand vient le manque – ici de vin- quand nous arrivent des contrariétés, quel est notre premier réflexe ? Bénir Dieu ou murmurer ? Me vient en tête la réplique de notre père Denis dans la vidéo du monastère, alors qu’il vient de se faire piquer par une guêpe, il s’exclame «C’est beau une guêpe » ! Magnifique réflexe qui transforme en émerveillement la désagréable déconvenue. C’est la grâce de la vie fraternelle de pouvoir ainsi nous soutenir dans ce regard positif sur les choses. Si le murmure peut être communicatif et nous entrainer insensiblement les uns après les autres vers la dépression, le regard positif sur les choses, même désagréables, est, lui, bien plus porteur de communion et de vie pour la communauté.
Quand nous murmurons parce qu’il manque quelque chose parce que les choses ne vont pas comme on voudrait, nous sommes comme des aveugles. Nous nous arrêtons sur l’obstacle qui nous fait buter et ne voyons plus ce qu’il y autour. Comme si d’un seul coup, la vie s’arrêtait sur la difficulté rencontrée. Et si nous nous enfermons dans le murmure, nous nous entêtons dans notre aveuglement. Chaque obstacle rencontré dans nos existences est toujours une occasion de grandir dans l’humilité. D’un seul coup, nous sommes remis devant notre finitude, nos limites. Nous ne pouvons pas tout faire, la vie est plus grande que ce que l’on croit. La guêpe a autant le droit de vivre que nous. Bénir Dieu, nous dit Benoit. Demandons cette grâce d’un regard plus large et d’un cœur plus libre pour bénir Dieu en toute chose. Sachons nous entraider et nous entrainer dans cet élan positif !! (2012-12-10)
6. S'il arrive que le travail devienne plus intense, l'abbé aura tout pouvoir pour ajouter quelque chose, si c'est utile,
7. en évitant avant tout la goinfrerie et que jamais l'indigestion ne survienne à un moine,
8. car rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinfrerie,
9. comme le dit Notre Seigneur : « Prenez garde que la goinfrerie ne vous appesantisse le cœur. »
10. Quant aux enfants d'âge tendre, on ne gardera pas pour eux la même mesure, mais une moindre que pour les plus âgés, en gardant en tout la sobriété.
11. Quant à la viande des quadrupèdes, tous s'abstiendront absolument d'en manger, sauf les malades très affaiblis.
Dans la seconde partie de ce chapitre, on retrouve un verset entendu dans l’évangile de Luc (21.34) qui ouvrait le 1° dimanche de l’Avent : «Tenez vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie». Quand Benoit utilise ce verset ici, il nous replace donc dans la perspective de l’attente de la venue du Christ. Il voudrait voir les moines avec un cœur toujours léger, toujours prêts à paraitre debout devant le Fils de l’Homme. Avec cette citation, il nous alerte sur une tendance propre à notre condition humaine blessée par le péché ; le fait de nous rassasier à l’excès de plaisir, de nourriture ou de boisson pour oublier la mort.
La vie n’est pas facile à affronter. La tentation est grande de tout faire pour oublier nos limites, oublier nos faiblesses, oublier l’inconnu du lendemain, oublier notre fin mortelle. Notre sobriété monastique veut nous garder de cette tentation et nous permettre de faire face. Il s’agit de nous tenir debout face aux difficultés de cette vie mortelle. Nous avons de la chance d’être ainsi éduqués à la sobriété. Car elle est une force bien plus réelle que l’illusion que procure l’ivresse. La sobriété nous permet de trouver en nous d’autres ressources, ressource de la tempérance , ressource de l’équilibre de vie, ressource de la force intérieure.
De plus, comme Benoit nous y invite dans la ligne de l’évangile, la sobriété nous entraine à regarder vers le Christ qui vient. Elle nous éduque à ce regard de foi en Celui qui peut vraiment nous donner la vie. Par les biens terrestres, il nous donne déjà la vie. Et à travers cette vie reçue avec mesure dans l’action de grâce, il nous laisse entrevoir cette vie pleinement accomplies qu’il nous prépare en abondance. Oui réjouissons nous d’être entrainés par notre sobriété, à accueillir la vie en plénitude ! (2012-12-06)
1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,
2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.
3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.
4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.
5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.
Un mot domine ce chapitre, c’est le verbe «il suffit » (sufficere). Il détermine une mesure. Notre repas monastique est placé sous le signe de la mesure, une mesure qui est liée à notre style de vie. On retrouve ce même verbe au sujet des vêtements. Le moine veut vivre sous la règle de la sobriété en toute chose : la nourriture, le vêtement, l’usage de la parole, la manière de vivre les relations avec l’extérieur. S’il suffit d’une certaine mesure en tous ces domaines, c’est que le moine trouve sa joie et son accomplissement ailleurs. A la suite de Jésus, il a une autre nourriture. Il désire mettre en avant d’autres préoccupations que le seul souci de manger, de paraitre par le vêtement ou d’avoir de nombreuses relations. Ce «il suffit» délimite l’espace du nécessaire et il préserve un autre espace. C’est l’espace que chacun de nous voudrait voir toujours plus grand. C’est l’espace de la disponibilité à l’Esprit Saint et de l’écoute de la Parole de Dieu. Reconnaissons le cet espace n’est pas toujours facile à habiter car il nous élargit en nous creusant. Il nous demande de consentir à devenir plus libre en nous dépouillant de nous-mêmes.
Le jeûne que nous vivons ces jours-ci nous est offert comme une opportunité de nous laisser creuser. Y consentir avec tout notre cœur, les premières craintes de manquer dépassés, cela va nous permettre de grandir en liberté. Notre désir des choses d’En Haut et du Royaume qui vient va pouvoir se développer. Ce n’est pas sans une pointe d’humour que nous entendons les lectures de la messe de ce jour. Elles nous parleront de festin de viandes grasses et de vins décantés. Images appétissantes du Royaume qui rassasiera ce désir affiné, purifié et élargi tout au long de notre vie terrestre. Que le Seigneur vienne apprêter nos cœurs appelés à prendre part à sa table dans son Royaume. (2012-12-05)
5. Et il se fera un silence complet, en sorte que, dans la pièce, on n'entende personne chuchoter ou élever la voix, sinon le seul lecteur.
6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.
7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.
8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,
9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.
10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.
11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.
12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.
Comme je le soulignais en commentant la première partie de ce chapitre sur le repas, tout est centré sur la lecture. Les lignes entendues ce matin nous permettent de le mesurer encore. Durant le repas est requis un silence complet, «summum» pour qu’on entende le seul lecteur. Le service entre frères est organisé de telle façon que l’on n’ait pas à demander quelque chose. L’insistance porte ici sur le service mutuel : le frère sert son voisin et est servi par lui. On ne fait pas de commentaire ou de bruits quelconques qui peuvent troubler l’écoute des autres. Enfin, seuls les frères qui édifient par une manière de lire audible et compréhensible, assurerons la lecture. Il est bon de nous rappeler ces caractères propres à nos repas monastiques où la lecture est la première nourriture reçue avant le pain. L’insistance sur le silence, sur l’écoute et sur le service mutuel veut nous orienter vers un plus grand respect les uns des autres. Il s’agit de ne pas troubler l’attention mutuelle. Nos frères malentendants au réfectoire ou au chapitre, pour leur faciliter au maximum l’écoute. Je crois qu’il nous faut veiller à limiter les bruits parasites (j’ai déjà parlé de la manière de couper sa salade qui peut être très bruyante). Les frères servants peuvent veiller à ne pas être trop bruyant avec les plats ou les couverts de service. Les lecteurs doivent faite attention à bien parler en face du micro. Autant de petits détails qui, s’y on y est attentif, rendent l’écoute plus facile et l’ambiance du repas plus paisible. Par ces attentions, nous faisons aussi acte de charité pour ceux qui peinent davantage à entendre. «Il se fera un silence complet ». Oui notre repas est un très beau temps d’écoute ! (2012-12-04)
1. La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères. Il ne faut pas non plus que la lecture y soit faite au hasard par le premier qui aura pris un livre, mais un lecteur pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche.
2. En entrant, après la messe et la communion, il demandera que tous prient pour lui, afin que Dieu éloigne de lui l'esprit d'orgueil.
3. Et tous, à l'oratoire, diront par trois fois ce verset, qui sera toutefois entonné par lui : « Seigneur, tu m'ouvriras les lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
4. Et alors, ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture.
« La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères ». La formule est surprenante et amusante à la fois. On aurait pu s’attendre s’agissant de la table des frères, à quelque chose du genre : «le sel ou l’eau ne doit jamais manquer aux tables des frères ». Non Benoit s’intéresse d’abord à la lecture. Il parlera aux deux chapitres suivants de la quantité de nourriture et de boisson. Ce primat donné à la lecture à table ne nous surprend pas complètement. Car il vient nous rappeler le primat de l’écoute dans notre vie. Moines, nous voudrions être toujours des écoutants, des gens à l’affut de la parole de Dieu qui s’exprime de tant de manière dans une journée. Au réfectoire, nous sommes encore et d’abord des écoutants. Le caractère rituel du repas commencé et conclu par la prière nous introduit dans cette attitude d’écoute. De même le temps du début qui précède le coup de gong, où nous attendons avant de commencer à manger veut nous aider à entrer dans l’écoute. Nous ne nous précipitons pas sur la nourriture, mais nous nous disposons à écouter. Heureux sommes-nous de pouvoir vivre cela pour demeurer à l’écoute. Année après année, nous entendons divers livres ou articles balayant un nombre impressionnant de sujets, de période ou de personnages historiques. Se mêlent sujets de la vie du monde et sujets de la vie de l’Église, qui en fait ne forment qu’une seule histoire sainte en marche. Rien de ce qui fait la vie des hommes n’est étranger à Dieu, ni à notre recherche de Dieu. Et en même temps, nous avons besoin d’être aidé dans ce travail d’intelligence de la vie et de la réalité. Le choix des auteurs n’est pas anodin. Certains nous aident pour une intelligence toujours plus profonde et fine du travail de l’Esprit dans notre monde. D’autres moins ou pas du tout. On remercie vivement ici F.Matthieu et F. Servan qui ont ce rôle délicat de discernement, un discernement qui nous aide à demeurer ouvert et à l’écoute de Dieu à l’œuvre dans notre histoire humaine. (2012-11-23)
1. Bien que la nature humaine incline par elle-même à l'indulgence pour ces âges, celui des vieillards et celui des enfants, l'autorité de la règle doit cependant y pourvoir.
2. On aura toujours égard à leur faiblesse et on ne les astreindra nullement aux rigueurs de la règle en matière d'aliments,
3. mais on aura pour eux de tendres égards et ils devanceront les heures réglementaires.
Vieillards et enfants sont associés ici dans une même préoccupation. Deux moments de la vie humaine marqués par une certaine fragilité et vulnérabilité. Elle est étonnante notre vie humaine qui rapproche ainsi dans une même expérience de dépendance ceux qui entrent dans la vie et ceux qui se préparent à la quitter. La vie adulte, celle dans la force de l’âge, la vie autonome et active ne serait-elle donc qu’une longue parenthèse plus ou moins illusoire? Qu’est-ce qui est le plus réel, voire le plus humain dans notre existence? Est-ce notre capacité adulte à être pleinement autonome? Ou est-ce la capacité de l’enfant et du vieillard à dépendre d’un autre? Spontanément, nous répondons : la capacité à l’autonomie, tant l’enfant et le jeune que nous avons été, a aspiré à voler de ses propres ailes et tant le vieillard que nous sommes ou que nous serons n’aime pas dépendre des autres. Mystérieuse vie qui nous fait passer de la dépendance à la dépendance, à travers l’autonomie. La dépendance du vieillard est-elle différente dès lors de la dépendance de l’enfant? Et si cette dépendance physique et matérielle devenait le lieu d’une plus grande liberté intérieure? Cette dépendance librement assumée et consentie ne peut –elle pas être alors le signe d’une profonde maturité et d’une réelle autonomie ? Ces questions ne sont pas que des réflexions intellectuelles. L’épreuve du grand âge nous fait pressentir qu’il y a un passage délicat à faire intérieurement par chacun. Car il s’agit de ne pas subir ce passage, mais d’apprendre à rester ou devenir un peu plus libre en l’assumant. Dans la lumière de la foi nous pouvons nous y engager plus surement et cela pour deux raisons. Nous savons tout d’abord que Dieu notre Père nous accompagne et ne nous abandonne pas dans nos passages à vivre. Ensuite, nous croyons qu’il nous appelle à être ses fils en Jésus, des fils au cœur d’enfant qui demeure confiant en leur Père quelque soit leur âge. (2012-11-22)
7. Ces frères malades auront un logement à part affecté à leur usage, et un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux.
8. Toutes les fois que c'est utile, on offrira aux malades de prendre des bains, mais à ceux qui sont bien portants et surtout aux jeunes, on ne le permettra que plus rarement.
9. En outre, on permettra aux malades très affaiblis de manger de la viande, pour qu'ils se remettent ; mais quand ils seront mieux, ils se passeront tous de viande comme à l'ordinaire.
10. L'abbé prendra le plus grand soin que les malades ne soient pas négligés par les cellériers ou par les serviteurs. Lui aussi, il est responsable de toute faute commise par ses disciples.
«Il faut soigner le corps pour que l’âme s’y plaise» disait st François de Sales. Benoit n’est pas en reste dans ce chapitre pour ménager aux frères malades un régime particulier. Il prévoit ainsi bains et viande pour les frères affaiblis. Il ne perd pas de vue cependant le but d’une vie donnée en suggérant que dès que possible le frère reprenne le régime normal.
« Il faut soigner le corps ». Dans ce domaine, il est heureux et important d’avoir un regard extérieur. On remercie ici le frère Mathias qui est notre premier interlocuteur concernant la santé. Il est rare, peut-être même impossible, de pouvoir seul avoir un bon jugement sur sa propre santé. Chacun, nous sommes tous en partie aveugles sur nous-mêmes et notamment sur notre santé. Alors que nous sommes les premiers à pouvoir dire un mal, un malaise, voire un mal être, nous ne sommes pas les mieux placés pour le comprendre ou pour engager la démarche vers un mieux être. Nous avons besoin du regard d’un autre. Et là encore dans la manière de recourir à un tiers, nous sommes très différents. Pour les uns, ce sera le moins possible et pour les autres, ce sera trop souvent. Les uns veulent se débrouiller le plus possible par eux-mêmes, les autres ont besoin d’être écoutés, consolés, et souvent dans leurs difficultés reconnus. Les premiers devront accueillir une parole qui les pousse à se faire aider. Les autres devront accueillir une parole qui invite à prendre de la distance par rapport à la maladie. Il est bon pour chacun de nous de repérer quel est notre penchant naturel. Mieux nous connaître dans ce domaine est important pour essayer d’être le plus juste dans notre rapport à ceux qui nous soignent. Dans tous le cas, il s’agit de se remettre à l’écoute, sous la parole d’un autre. Il s’agit de renoncer à être tout puissant, et dans son désir d’être autonome, et dans ses exigences qui risquent d’enfermer sur soi. L’épreuve de la maladie, de la faiblesse ou du vieillissement est pour chacun de nous un chemin d’abandon, de confiance. Ni rigorisme, ni infantilisme, mais abandon et confiance, dans les frères et les soignants, dans le Seigneur toujours. (2012-11-21)
1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,
2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,
3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »
4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.
5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.
6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.
« Avant tout et par-dessus tout », Benoit insiste fortement pour que les malades soient honorés pour ce qu’ils sont, une manifestation du Christ présent au milieu de nous. Comme le Christ, nos frères malades peuvent être soit une pierre d’achoppement, soit un roc. Pierre d’achoppement quand nous passons à côté d’eux sans les honorer, sans être attentifs à un besoin éventuel. Nous buttons alors sur notre indifférence et sur notre dureté de cœur. Mais ils peuvent aussi devenir roc sur lequel notre charité s’édifie. Servir nos frères, ne pas retenir l’élan de notre générosité à leur égard, cela nous édifie et personnellement et communautairement. Oui, à travers eux, le Christ nous donne rendez-vous ; le rendez-vous de la charité qui s’intensifie grâce à eux, frères malades servis et honorés, nous grandissons tous ensemble dans le Christ. Son corps, l’Eglise devient plus vivant parce que chaque membre est reconnu et honoré. Non seulement le membre souffrant est soutenu et conforté, mais les membres qui aident sont eux-mêmes transformés par la charité qu’ils exercent. Nos frères malades n’ont pas à être tristes parce qu’ils ont l’impression d’être des poids pour la communauté. Leur impuissance vient réveiller notre capacité à nous donner. Benoit parle de «récompense» en pensant peut-être à la vie éternelle, mais dès ici-bas, le soin et l’attention à nos frères malades nous offrent une récompense, celle de nous élargir le cœur et le regard pour aimer davantage. Le plus important est là : Aimer davantage. Nos frères malades en acceptant et en offrant à Dieu leurs impuissances et leur faiblesse font un acte d’amour et de confiance qui édifient tout le corps de l’Eglise ; Les frères bien portants qui soignent, visitent et sont attentifs à leurs frères malades leur manifestent l’amour qui vient de Dieu. Le Corps du Christ continue de s’édifier !! (2012-11-20)
12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,
13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.
14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.
15. Le dimanche, aussitôt après la fin des matines, les hebdomadiers entrant et sortant se courberont à tous les genoux à l'oratoire, en demandant que l'on prie pour eux.
16. Celui qui sort de semaine dira ce verset : « Tu es béni, Seigneur Dieu, qui m'as aidé et consolé. »
17. L'ayant dit trois fois, celui qui sort recevra la bénédiction. Puis celui qui entre continuera en disant : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider. »
18. Tous répéteront les mêmes mots par trois fois, et ayant reçu la bénédiction, il entrera.
« Béni sois-tu Seigneur mon Dieu, qui m'as donné secours et
réconfort. »« Dieu, viens à mon aide. Seigneur, hâte-toi de me
secourir. » Pour Benoit, l'activité humaine se déploie dans cet univers
de grâce, où Dieu nous donne la force d'accomplir ce qui nous est
demandé. Nous pouvons lui demander son aide, nous en remettre à Lui.
Nous ne devons pas oublier de le bénir, de lui rendre grâce car Il nous
accompagne sans cesse.
La fin de ce chapitre nous rappelle aussi le lien entre la liturgie et notre
vie. Toute notre existence, jusque dans ses plus petits détails, est
porteuse de cette Présence mystérieuse de notre Dieu. Rien n'est
étranger à Dieu. Le service de table comme tous les autres services,
comme toutes nos activités. Ce sont les lieux où se vit notre aventure
spirituelle. Mystère de force: Dieu est présent. Mystère de faiblesse:
sans Lui nous ne pouvons rien faire.
« Bénis sois-tu Seigneur mon Dieu », tu es là dans les moments
difficiles.
« Dieu, viens à mon aide ». Cassien propose cette formule pour la prière
continuelle. Benoit l'a reprise au début de chaque office. En effet notre
service, quel qu'il soit, est toujours expérience de nos limites. De notre
pauvreté. Bienheureuse pauvreté qui nous vaut un tel secours.
Ce chapitre est aussi le bon moment pour remercier nos frères qui se
dévouent au service de la communauté: à la cuisine, au réfectoire,
pendant les repas, à la plonge. Tout ce secteur qui a son importance
pour la paix et la joie de la communauté! (2012-11-17)
1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,
2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.
3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,
4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.
5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.
6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.
7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.
8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.
9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.
10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.
11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
Les frères se serviront les uns les autres . Le Christ nous a dit:
Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir . Servir Dieu et
nos frères. Servir Dieu dans nos frères. Servir nos frères comme Dieu
lui-même. Parce que Dieu les aime. Comme Dieu lui-même les sert. Ce
peut être une joie et un honneur d'être serviteur, comme Jésus a voulu
l'être. Pas de meilleur moyen d'imiter le Christ, et de nous unir à lui
dans nos activités.
Tout ceci est vrai. Mais pratiquement, nous considérons-nous comme
les serviteurs de tous nos frères, de tous les hommes ? Même si nous
ne les méprisons pas, nous donnons moins d'importance à tel ou tel. Il y
a les gens qui nous intéressent, et ceux qui ne nous intéressent pas.
Ceux que nous regardons de haut: nous nous sentons d'un autre bord.
Ceux dont nous recherchons la considération. Nous sommes encore très
païens dans notre manière de considérer les autres. Ces distinctions ne
sont pas selon le cœur de Dieu. Nous le savons bien. Examinons quelles
sont les limites de notre charité. Si elle veut être vraie, elle devrait être
sans limites. Elle doit nous porter vers les plus pauvres, les moins
doués, les moins intéressants, les moins aimables. Un grand combat à
menerchaquejour!
Le service mutuel: rien ne devrait nous en dispenser. Il n'y a pas ceux
qui servent, et ceux qui sont servis. Nous sommes tous serviteurs les
uns des autres. Seule la façon de servir diffère. Même quand nous
sommes malades, nous n'avons pas à donner une plus petite mesure de
service fraternel. Cette impuissance offerte est notre service.
Au monastère, nous avons à garder au cœur ce désir d'être attentifs à
chacun.(2012-11-16)