vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 60, v 1-9 Des prêtres qui voudraient habiter au monastère écrit le 01 mai 2013
Verset(s) :

1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.

2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle

3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»

4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;

5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.

6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,

7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.

8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,

9. à condition toutefois qu'ils promettent eux aussi l'observation de la règle et leur propre persévérance.

Commentaire :

« Ami pour quoi es-tu venu ? ». Cette phrase de Jésus à Judas venant avec les gardes pour l’arrêter est insolite dans ce chapitre sur les prêtres. Il est intéressant de voir comment elle est introduite. Elle vient pour appuyer la recommandation de ne rien concéder aux prêtres qui doivent observer toute la discipline de la règle. Autrement dit tout se passe comme si l’observance précise de la règle, sans concession conduisait à la question : « Ami pourquoi es-tu venu ? ».

De même il arrive à certains moments plus difficiles que nous nous demandions « Qu’est-ce que je fais ici ? », de même Benoît souhaite qu’on ne relâche rien aux prêtres étrangers pour qu’ils approfondissent vraiment le « Pourquoi ils sont venus ici ? »

Oui, heureux sommes-nous si, de temps en temps, les rudesses de la vie ou tels évènements ravivent la question : « Pourquoi es-tu venu ici ? ». Le « pourquoi » se déplacera peut être assez vite en un « Pour qui suis-je venu ici ? ». J’entends encore un frère dire que pour lui la question s’est peu à peu déplacée en un « Pourquoi je reste ici ? » et aussi sûrement en un « Pour qui je reste ici ? »

Heureuses questions qui témoignent que nous sommes des vivants. Notre foi et notre confiance en Christ et en la communauté appelle toujours des réponses neuves, actuelles. Notre compagnonnage avec le Christ et notre vie fraternelle en communauté se nourrissent de notre fidélité renouvelée. De fidélités très quotidiennes en fidélités très concrètes, l’amour du Christ se fortifie en nous. La joie grandit peu à peu, presque à notre insu. (2013-05-01)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 59, v 1-7 Des fils de nobles ou de pauvres qui sont offerts écrit le 30 avril 2013
Verset(s) :

1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,

2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.

3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –

4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,

5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.

6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.

7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.

Commentaire :

Nous ne connaissons plus cette pratique étrange à nos yeux modernes d’offrir des enfants au monastère. Désormais s’il y a des enfants au monastère ce sont les enfants de Dieu que nous voulons devenir. Adulte, la vie nouvelle des enfants de Dieu nous presse et nous régénère. Mystérieux et profond travail de la grâce à l’œuvre depuis notre baptême. Mystérieux travail de la grâce auquel nous collaborons par notre engagement, par nos choix et par nos consentements quotidiens. Sommes-nous assez conscients que ce qui est à l’œuvre dans nos vies est grand ? Vivons- nous un jour après l’autre dans l’insouciance ou bien vivons-nous dans le désir d’être le plus disponible possible à ce travail de Dieu en nous ? Et ce travail nous rejoint dans toutes les fibres de notre être. Il veut faire renaître tout l’homme en nous avec son histoire. Ne soyons pas surpris parfois d’avoir des réactions ou des comportements qui nous étonnent. Des peurs ou des angoisses peuvent refaire surface. Des pensées ou des désirs inavouables peuvent nous traverser ou nous troubler. Notre cœur est en travail de pacification et de purification. Ne nous en effrayons pas et ne nous enfermons pas sur nous-mêmes. Sachons en parler pour briser le cercle de l’isolement ou de la culpabilité. Rien de ce qui constitue notre humanité n’est exclu de l’œuvre du salut. La vie monastique veut nous apprendre à assumer et à présenter au Christ toute l’épaisseur de notre humanité. Chemin d’humilité et d’ouverture à reprendre sans cesse. Le Christ ressuscité est à nos côtés. Sa patience veut nourrir notre persévérance. Et sa confiance fortifier notre espérance. Avec le psalmiste nous pouvons dire : « Le Seigneur est ma force et mon rempart; à lui mon cœur fait confiance : il m’a guéri, ma chair a refleuri ». (2013-04-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 24-29 De la façon de recevoir les frères écrit le 27 avril 2013
Verset(s) :

24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,

25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.

26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.

27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,

28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.

29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.

Commentaire :

Au terme de ce long chapitre, Benoît clôt le rituel de l’engagement définitif du moine avec le rite de la dépossession des biens matériels que le nouveau venu abandonne en s’engageant. Je relève le lien fait par Benoît entre cette dépossession matérielle et le don de soi de tout son être. « Puisque, à partir de ce jour, il sait qu’il n’aura même plus pouvoir sur son propre corps ». La dépossession matérielle n’est que la partie immergée d’une dépossession plus radicale de soi-même que se vit le jour de la profession. Il est intéressant encore de remarquer que cette phrase « il n’aura même plus pouvoir sur son propre corps » est pratiquement une citation de Paul en 1Co 7.4. A propos de l’union de l’homme et de la femme, Paul affirme : « la femme ne dispose pas de son corps mais le mari, pareillement le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme ». Les expressions latines sont très poches entre la RB et 1 Co 7. Le rapprochement est saisissant. De même que l’homme et la femme acceptent dans le couple de ne pas disposer d’eux-mêmes et de leur propre corps, de même le moine qui s’engage dans la communauté accepte de ne pas disposer de lui-même. L’alliance va jusque là. Que l’on aille vers l’engament ou que l’on soit déjà engagé, il est bon de nous remettre devant la profondeur de cette alliance que nous scellons avec la communauté. Le changement d’habit vient expliciter cela. Nous avons laissé nos effets personnels pour revêtir l’habit monastique de la communauté. Nous nous sommes dépouillés de nous-mêmes pour nous recevoir tout entier de la communauté et à travers elle du Christ. Notre habit porté au monastère et à l’extérieur nous rappelle cela. La première richesse que nous apportons à la communauté, c’est donc notre dépouillement et notre pauvreté. Avant nos dons et nos talents, c’est de notre pauvreté que la communauté a besoin. Au cœur de cette pauvreté consentie va se nouer l’alliance. A partir de là va pouvoir se vivre l’échange des dons : le moine recevant tout de la communauté et la communauté se recevant des talents de chacun. Nous pouvons rendre grâce pour la beauté de cet échange de dons que nous vivons par notre engagement monastique. (2013-04-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 17-23 De la façon de recevoir les frères écrit le 26 avril 2013
Verset(s) :

17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,

18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.

19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.

20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.

21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»

22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».

23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.

Commentaire :

Comme nous le disait F.Guido de Bosé lors de la retraite, le noviciat est le « temps des fiançailles » entre le nouveau venu et la communauté ; entre un homme unique avec une communauté concrète en un lieu et avec son histoire. F.Guido ajoutait « pendant le noviciat on décide si on est des hommes d’un instant ou d’une vie, des hommes d’une aventure passagère ou d’une histoire ». Temps de maturation dans la réflexion et dans le fait de s’éprouver soi-même au contact de la vie communautaire. Temps nécessaire pour entrer peu à peu dans cette dimension de l’Alliance. Le novice s’éprouve dans sa capacité à faire confiance à Dieu et à cette communauté concrète. De confiance en confiance, le novice entre peu à peu entrer en alliance. Il apprend autant qu’il reçoit ce lien profond qui l’unit à la communauté. C’est le fruit de l’Esprit Saint le maitre d’œuvre de toutes nos alliances. Quand vient le jour de la profession solennelle se scelle cette confiance construite dans le temps, en alliance pour la vie.

C’est par une parole, qui prend Dieu à témoin ainsi que tous les saints, que nous nous engageons. Librement nous nous donnons parce que nous avons reconnu que Dieu est fidèle et qu’il ne nous abandonnera pas. Grandeur et beauté de notre liberté qui s’engage dans une parole vraie et unique pour la vie. A la parole du Dieu toujours fidèle répond notre fragile et belle parole humaine. Dans la vie monastique comme en toute vocation chrétienne au mariage, au sacerdoce, l’alliance ne peut s’envisager que pour la vie. Car à travers elle, Dieu nous fait entrer dans son mystère, mystère d’un amour qui ne peut être que pour toujours. Faire alliance pour la vie, c’est apprendre à aimer, à la manière de Dieu, jusque dans les épreuves et les contradictions. Le Seigneur veut nous faire entrer dans cette profondeur de l’amour qui est sa vie même et cet amour ne peut être que pour toujours. (2013-04-26)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 12-16 De la façon de recevoir les frères écrit le 25 avril 2013
Verset(s) :

12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.

13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.

14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,

15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,

16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.

Commentaire :

Ces quelques lignes ont une réelle force. Elles témoignent de la grande place faite à la Règle. A celui qui arrive, on la lit et la relit afin qu’il n’y ait pas de points restés dans l’ombre ou des non-dits. La Règle va donner l’architecture mais aussi le rythme de la vie monastique dans laquelle le nouveau venu veut s’insérer. Il accepte, en s’engageant, de se laisser conduire par elle. Jour après jour, s’il y consent, la Règle façonne une certaine manière d’être au Christ. Personnellement et communautairement, nous acceptons de devenir autres sous l’impulsion de la Règle. Le génie de la Règle, qui a traversé les siècles, tient tant au fait qu’elle ne veut pas nous formater mais nous former. Le formatage voudrait qu’il n’y ait qu’une seule tête et rien qui dépasse ; La formation tend à rassembler dans l’unité des hommes différents. Le défi de cette formation n’est pas mince. La Règle va permettre ce rassemblement dans la mesure où elle nous aide chacun à se libérer lui-même de ses conditionnements divers.

J’ai été heureux d’entendre, il y a quelques jours cette parole : « J’aime bien cette communauté parce que vous ne vous ressemblez pas, on sent que vous êtres très différents » C’est plutôt bon signe d’entendre cela. Mais de l’intérieur, nous savons aussi combien il nous faut travailler et nous laisser « buriner » pour faire vraiment communauté, non un groupe d’individus mais une communauté de frères. La Règle nous y entraine en orientant notre écoute et nos regards vers le Christ. Si elle ne renvoyait qu’à elle-même, elle ne serait qu’un pur règlement. Dès lors qu’elle renvoie au Christ, elle se présente comme une caisse de résonnance de sa Parole. A travers elle, c’est le Christ qui nous parle. C’est lui, que nous reconnaissons et que nous voulons écouter. La Règle nous offre chaque parole, celle des Écritures, celle de l’abbé, celle du frère comme une occasion de demeurer toujours ouverts et à l’écoute. La vie prend alors un relief et une saveur toujours nouveaux. « Ecoute mon fils, tends l’oreille a de ton cœur ». Cela n’est jamais fini, parfois dérangeant, et souvent heureux !! (2013-04-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 7-11 De la façon de recevoir les frères écrit le 24 avril 2013
Verset(s) :

7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.

8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.

9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,

10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

Commentaire :

« S’il cherche vraiment Dieu, s’il s’applique avec soin à l’œuvre de Dieu, à l’obéissance, aux pratiques d’humilité ».

« Chercher Dieu ». Après le verbe « se convertir », voici de nouveau une expression qui revient souvent pour dire notre vie monastique. Et il n’est pas surprenant de la trouver en ce chapitre qui parle de la formation et de l’intégration des nouveaux venus.

Pour des moines, chercher Dieu résonne comme une invitation à tout faire pour préserver cet espace intime de la rencontre qui, un jour, s’est réveillé. L’espace de la rencontre filiale et confiante avec Celui qui peu à peu nous révèle son visage trinitaire. Notre désir a été éveillé. Heureux sommes-nous s’il ne s’éteint pas ? C’est le désir de mieux connaître ce Père qui nous reçoit comme son enfant, de mieux connaître le Fils qui nous entraine à marcher à sa suite jusqu’à la croix et la résurrection, désir de mieux vivre de l’Esprit, le souffle qui élargit notre cœur et notre volonté d’aimer. Cette recherche là nous rassasie tout autant quelle nous tient assoiffés.

Mais chercher Dieu ne se réduit pas à la quête intime. Cette recherche nous traverse en tout notre être. Elle va se vivre dans la prière de l’office communautaire et dans la lectio. Elle va se vérifier dans l’obéissance et la capacité de vivre les relations fraternelles dans une heureuse dépendance mutuelle. Enfin cette recherche de Dieu va s’éprouver dans les moments difficiles qui nous humilient. Jésus est passé par l’humiliation et nous voudrions y échapper ! Mystère de l’épaisse pâte humaine en train d’être remodelée, en travail d’enfantement.

Seigneur tu as éveillé en nous le désir de chercher. Ne permets pas qu’il se refroidisse ou se disperse en quête futiles. Tu es notre joie et notre lumière. (2013-04-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 1-6 De la façon de recevoir les frères - écrit le 23 avril 2013
Verset(s) :

1. Quand un nouveau venu arrive pour la vie religieuse, on ne lui accordera pas facilement l'entrée,

2. mais comme dit l'Apôtre : « Éprouvez les esprits, pour voir s'ils sont de Dieu. ;»

3. Si donc l'arrivant persévère à frapper, se montre patient à supporter, au bout de quatre ou cinq jours, les mauvais traitements qu'on lui inflige et les difficultés d'entrée, et persiste dans sa demande,

4. on lui permettra d'entrer, et il sera dans le logement des hôtes pendant quelques jours.

5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.

6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.

Commentaire :

Benoît est très exigeant à l’égard des nouveaux venus, en les éprouvant fortement dès les premiers contacts. En effet ils, arrivent pour la vie religieuse, ce qu’on pourrait aussi traduire, ils arrivent pour se convertir . En effet, le mot conversatio dit aussi bien le dynamisme de la conversion que les moyens concrets offerts pour y parvenir. Venir pour se convertir ne sera pas facile tous les jours. Il vaut donc mieux que le nouveau venu le sache.

Se convertir. C’est étonnant comme on revient toujours sur ce mot. Il dit la part principale du travail qui nous revient en synergie avec la grâce toujours. L’inverse de se convertir pourraient être se laisser vivre . Le moine veut sans relâche convertir sa vie, son regard, pour qu’il ne soit plus tourné sur lui-même, mais vers Dieu et vers les autres. Combien de fois, nous pouvons nous surprendre en train d’être préoccupé de nous –mêmes, préoccupés d’avoir raison contre un frère, préoccupés de notre image, ou de ce que les autres nous disent ou nous font.

Nous convertir, c’est nous décentrer de nous–mêmes pour nous centrer sur le Christ. C’est lui qui va prendre soin de nous. C’est lui qui va nous donner la force et l’élan pour nous tourner vers les autres.

Invoquons-le souvent dans nos journées. Regardons-le.

Benoît poursuit avec la notation du logement des novices où ils apprennent, mangent et dorment . Cette notation presque banale nous redit combien notre recherche de conversion veut englober toute notre vie humaine dans ses besoins les plus élémentaires.

Il s’agit de bien manger et de bien dormir pour bien apprendre. Il s’agit d’être soi-même, vrai pour venir non avec une part de soi-même, mais avec tout ce qu’on est, pour nous tourner tout entier jour après jour vers le Seigneur.

Ce que le nouvel arrivant est invité à vivre, c’est ce que tout moine s’engage à exercer, à reprendre et à remettre sur le métier. Se convertir pour découvrir peu à peu la joie profonde qu’il y a à se donner tout entier, vraiment à Dieu et aux autres.

(2013-04-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 57, v 4-9 Des artisans du monastère écrit le 20 avril 2013
Verset(s) :

4. S'il faut vendre quelque objet fabriqué par les artisans, ceux par les mains desquels se fera la transaction prendront garde de ne commettre aucune fraude.

5. Ils se souviendront toujours d'Ananie et de Saphire, de peur que la mort infligée à ceux-ci en leur corps

6. ne les atteigne en leur âme, eux et tous ceux qui feraient quelque fraude sur les biens du monastère.

7. Le fléau de l'avarice ne doit pas s'insinuer dans les prix,

8. mais on vendra toujours un peu meilleur marché que ne peuvent le faire les autres producteurs séculiers,

9. « pour qu'en tout Dieu soit glorifié ».

Commentaire :

Au sortir de la session donnée sur Evagre, ce chapitre sur les artisans peut être éclairé par une série de conseils que donnait Evagre, 150 ans avant Benoît à un jeune moine.

« Aie soin de travailler des mains et cela nuit et jour, si possible, afin de n’être à charge de personne et plus encore pour distribuer, comme le recommande le saint apôtre Paul, pour triompher aussi par là du démon de l’acédie et éliminer toutes les autres convoitises de l’ennemi. Car le démon de l’acédie va avec l’oisiveté ».

Evagre recommande donc le travail des mains à la suite de Paul pour ne pas dépendre des autres comme un parasite, mais surtout pour partager avec les plus nécessiteux. Dans le magasin des frères de Taizé on pouvait lire cet écriteau : « Les frères vivent du travail de leurs mains. Tout don reçu, tout legs et tout héritage sont reversés aux pauvres. Et leur magasin ne présente que des produits faits ou liés à l’activité de la communauté (chants, cartes, poteries) ». Une belle exigence et un beau témoignage de pauvreté évangélique.

Evagre poursuit : « En faisant du commerce tu n’éviteras pas le péché, que tu vendes ou que tu achètes, cède un peu à ton désavantage, sur le juste prix, de peur que, entrainé dans les marchandages coutumiers et pointilleux sur le prix qu’inspire l’appât du gain, tu ne tombes dans des causes de dommage pour l’âme, et que tu déshonores et ne couvre de honte la sainte dignité de notre profession. Ayant cette idée, évite d ‘acheter et de vendre toi-même afin qu’étant ainsi tranquille d’esprit, tu jouisses des espérances belle et joyeuses ».

Evagre et Benoît à sa suite, veulent mettre en garde contre l’appât du gain, parce que cela peut déshonorer notre propos monastique alors qu’à l’inverse le fait de vendre un peu moins cher voudrait rendre gloire à Dieu. Dans tous les lieux de transactions et d’échange où intervient l’argent, le moine doit être vigilant. Veillons donc à nos manières d’être : sommes-nous soucieux avant tout du gain ou sommes-nous soucieux de la relation qui s’établit avec la personne ? Tout se joue dans l’attitude d’accueil ou non, dans la manière aimable ou non, dans la liberté intérieure ou non. Et c’est à la liberté et à la charité que nous sommes appelés. (2013-04-20)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 57, v 1-3 Des artisans du monastère - écrit le 06 avril 2013
Verset(s) :

1. S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, si l'abbé le permet.

2. Si l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il a de son métier, dans la pensée qu'il rapporte quelque chose au monastère,

3. on l'enlèvera de ce métier et il n'y mettra plus les pieds, à moins qu'il ne s'humilie et que l'abbé l'y autorise.

Commentaire :

Aux yeux de Benoît, l’art déployé par l’artisan n’a pas de valeur s’il est déconnecté de l’art spirituel que doit rechercher tout moine. Ainsi, si survient l’orgueil ou le désir plein de soi-même de vouloir à tout prix, d’être reconnu, mieux vaut que le moine cesse d’exercer son art.

Cette subordination de l’art exercé dans le travail manuel à l’art spirituel est une des clefs pour comprendre la manière de gérer nos dons et nos talents.

Contrairement à une certaine pratique d’il y a quelques décennies, il ne s’agit pas de faire tabula rasa des dons et talents des frères. Mais il s’agit qu’ils soient vécus à leur juste place. Et cette juste place est seconde au regard de la l’attention première qui occupe notre cœur de moine : faire toute chose en cherchant à s’accorder à la volonté de Dieu. C’est là notre premier travail à tous. C’est l’art que nous cherchons à exercer entre tous, l’art spirituel. Cette recherche se vit dans l’humilité, l’écoute, l’attention aux autres et à Dieu.

Bien ordonnés à cette recherche fondamentale, nos talents et nos dons vont pouvoir s’épanouir au gré de la vie et des besoins de la communauté. Ils seront suscités et reconnus sans difficulté car délivrés du souci de soi qui peut si souvent les défigurer. Vouloir exister à travers l’exercice de ses talents est une illusion et une fausse route. C’est vouloir encore exister par soi-même, alors que la vie nous enseigne, jour après jour, à devenir nous-mêmes grâce à la Parole d’un autre, celle de Dieu ou celle des frères.

Dans la vie monastique, ce processus se fait lentement. Chacun apprend peu à peu à se laisser façonner par cette Parole de Dieu ou des frères et à devenir lui-même.

Cela demande de chacun de nous une écoute patiente et une confiance renouvelée en Dieu qui prend soin de nous, si nous lui abandonnons notre existence.

(2013-04-06)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 56, v 1-3 De la table de l’abbé - écrit le 04 avril 2013
Verset(s) :

1. La table de l'abbé sera toujours avec les hôtes et les étrangers.

2. Cependant chaque fois qu'il y a moins d'hôtes, il aura le pouvoir d'inviter ceux des frères qu'il voudra.

3. Cependant il faut toujours laisser un ou deux anciens avec les frères pour le bon ordre.

Commentaire :

De quoi la table de l’abbé fait-elle signe ?

Du signe de la présidence avant tout et de la présidence du Christ sur notre communauté. Comme la liturgie, nos repas en commun sont placés sous l’autorité du Christ. Nous voulons manger et nous réjouir en sa présence en faisant tout dans l’action de grâce. Le rituel du repas veut nous aider à demeurer dans cette attitude et dans ce regard plus profond. Le Christ vivant au milieu de nous édifie notre communauté en ces moments forts du repas. Il construit notre communion.

Mais Benoît précise que la table de l’abbé sera toujours avec les hôtes et les étrangers (mot à mot les pèlerins, c’est à dire aussi bien les pauvres que les gens de passage).

Comme déjà dans le chapitre sur l’accueil des hôtes, Benoît souligne le rôle de l’abbé dans l’accueil. Père Adalbert a cette belle formule : Celui qui représente le Christ au monastère reçoit comme le Christ . Les hôtes et les pèlerins sont honorés en occupant la même table que l’abbé et ce dernier se souvient qu’il est comme le Christ serviteur.

De quoi la table de l’abbé fait-elle signe ? Elle fait donc signe du Christ qui est au milieu de nous comme celui qui sert, qui veille sur les siens.

Y aurait-il quelque chose à revoir en ce sens dans notre pratique actuelle pour mieux signifier cela à travers l’honneur rendu aux hôtes par l’abbé ? Je pose la question et suis prêt à recevoir toutes suggestions.

Si l’abbé ne peut pas tout faire et il ne le souhaite pas, faut-il mieux cependant marquer la place de l’abbé dans l’accueil des hôtes ?

Nous sommes là au niveau des signes donnés, et du coup de la portée symbolique de nos gestes, et finalement de notre vie qui veut renvoyer à plus grand qu’elle-même, au Christ vivant parmi nous !!

(2013-04-04)