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1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
A propos du chapitre précédent sur le signal de l’heure de l’œuvre de Dieu, je relevais l’importance que Benoît accordait au fait que chaque chose devait être accomplie au temps voulu. Dans la même visée, ici Benoît précise l‘horaire des activités du moine, activités faites essentiellement de travail et de lecture, en dehors des heures vouées à la prière. En d’autres chapitres, on voit qu’interviennent d’autres occupations comme les services hebdomadaires de la cuisine (RB 55). Au désir que toute chose soit accomplie en son temps, s’ajoute le souci que le moine ne reste pas oisif. Le temps dans la vie du moine n’est pas laissé à son libre arbitre. Le temps vécu par chacun est un temps offert à Dieu et à la communauté. Comme toute sa vie le moine s’engage à vivre le temps en acceptant de ne pas se le réserver. Donner son temps à Dieu et à ses frères, c’est notre manière de nous donner très concrètement. L’horaire monastique avec son rythme se veut être une aide pour nous donner heure après heure, jour après jour. Il veut nous éviter de rester oisif, inoccupé. Il veut surtout nous garder de nous mettre à notre propre compte. Les heures de lectio sont données à Dieu comme un espace gratuit offert pour que la Parole fasse son œuvre en nous. Les heures de travail sont offertes à la communauté pour assurer sa subsistance et son développement, son ouverture aussi au plus pauvre. En écoutant ce chapitre, je voudrais inviter chacun à vérifier où il en est de son équilibre. Est-ce un équilibre de don de soi ou est-ce un équilibre de course après le temps ? Vivons nous notre horaire comme une recherche toujours insatisfaite de gagner du temps pour soi ou le vivons nous comme une chance de nous donner à Dieu et à nos frères ? Dans notre contexte culturel où le temps se monnaie («Time is money »), notre horaire se présente comme une forte contrainte à notre part encore mondaine. Allons-nous le subir ou au contraire nous laisser façonner par lui, pour devenir davantage capable de nous donner ? (2013-02-05)
1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
« Pour que tout s’accomplisse aux heures voulues ». La sagesse populaire commenterait ainsi cette recommandation de Benoît : « avant l’heure, ce n’est pas l’heure, après l’heure, ce n’est plus l’heure ». L’annonce de l’œuvre de Dieu qui rythme les journées obéit à cette exigence de ponctualité. Les cloches électrifiées, en lien avec une minuterie, nous rendent, de ce point de vue, un vrai service. Mais qu’elles viennent à se dérégler et nous ne savons plus bien où nous en sommes. Nous mesurons alors combien la régularité de l’annonce des heures contribue au déroulement paisible et harmonieux de nos journées.
Comme le dit l’Ecclésiaste, « il y a un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour engendrer, un temps pour mourir, un temps pour planter, un temps pour arracher » (Qo 3, v1-2). Nous pouvons ajouter en contexte monastique : « Un temps pour travailler, un temps pour célébrer l’office, un temps pour dormir, un temps pour veiller ». La vie monastique s’offre à nous comme une pédagogie très concrète pour faire toute chose aux heures voulues. Pour quoi faire ainsi une chose, puis s’arrêter sans avoir nécessairement achevé la première pour passer à autre chose ? Pourquoi cesser le travail là où il en est pour aller à l’Office ? N’est-ce pas pour nous apprendre la vraie dynamique du temps qui passe dans la lumière de Dieu ? Le temps n’est pas notre propriété qu’il faudrait à tout prix calculer –monnayer – épargner etc … Il nous est offert comme un don pour nous permettre de déployer toutes nos potentialités de maturité, de don, mais aussi de relation, d’émerveillement, de gratuité. Laissés à nous-mêmes, nous serions tentés soit de nous enfermer dans le travail, soit de nous laisser vivre paresseusement. L’alternance des activités et des jours dans la vie monastique est une belle école pour lâcher prise et apprendre à déployer toutes nos potentialités de dons de nous-mêmes er d’ouverture aux autres et à Dieu de qui nous recevons tout. Regardons avec bonheur cette alternance, où toute chose faite au temps voulu avec sérénité nous enseigne la belle profondeur de la vie des enfants de Dieu. Si nous nous surprenons à subir trop souvent ou à maugréer contre cette alternance des activités, prenons le temps de faire le point sur notre rythme. C’est le signe que quelque chose est à revoir. Entrer dans ce rythme et vivre nos journées dans la lumière de Dieu est un long apprentissage de liberté. (2013-02-02)
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
« Qu'il vienne le dire lui-même ! » Benoit désire développer dans lacommunauté une atmosphère de loyauté et de franchise. Nous
comporter comme des hommes. Cela suppose que l'on ne craint pas la communauté, mais qu'on l'aime. Elle est pour l'ensemble et pour chacun de nous le lieu où nous pouvons devenir davantage fils de Dieu. Si au contraire nous nous sentons surveillés, jugés, il faut en parler avec le père spirituel. C'est un reste de complexe infantile. Il risque paralyser toute liberté spirituelle. Croyons que Dieu nous aime, à travers chacun de nos frères.
« Il ira aussitôt s'en accuser spontanément. » Parmi les fautes où nous pouvons tomber, il y a les manquements matériels. Qu'ils soient commis en public, ou en secret. Les faire connaitre, s'en accuser. Puisqu'ils sont une atteinte au bien de la communauté, à ce que notre profession monastique a mis en commun, il est juste que nous nous en accusions devant la communauté.
Mais à côté de ces manquements matériels, il y a les fautes commises dans le secret du cœur. Ce secret appartient à Dieu seul. Il est inviolable. C'est au père spirituel seulement qu'il doit être révélé. Cette ouverture du cœur crée une relation d'un ordre supérieur, qui n'est pas de simple amitié. Mais elle est précieuse. Nous savons combien elle nous aide à vivre.
Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre accusation, publique ou au père spirituel, elle rétablit le cœur dans la lumière. L'ouverture du cœur nous met dans la lumière. Et un frère uni à Dieu est lumineux pour ses frères. (2013-01-26)
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
« Qu'il vienne le dire lui-même! » Benoit désire développer dans la
communauté une atmosphère de loyauté et de franchise. Nous
comporter comme des hommes. Cela suppose que l'on ne craint pas la
communauté, mais qu'on l'aime. Elle est pour l'ensemble et pour
chacun de nous le lieu où nous pouvons devenir davantage fils de Dieu.
Si au contraire nous nous sentons surveillés, jugés, il faut en parler avec
le père spirituel. C'est un reste de complexe infantile. Il risque paralyser
toute liberté spirituelle. Croyons que Dieu nous aime, à travers chacun
de nos frères.
« Il ira aussitôt s'en accuser spontanément.» Parmi les fautes où nous
pouvons tomber, il y a les manquements matériels. Qu'ils soient
commis en public, ou en secret. Les faire connaitre, s'en accuser.
Puisqu'ils sont une atteinte au bien de la communauté, à ce que notre
profession monastique a mis en commun, il est juste que nous nous en
accusions devant la communauté.
Mais à côté de ces manquements matériels, il y a les fautes commises
1 dans le secret du cœur. Ce secret appartient à Dieu seul. Il est
inviolable. C'est au père spirituel seulement qu'il doit être révélé. Cette
ouverture du cœur crée une relation d'un ordre supérieur, qui n'est pas
de simple amitié. Mais elle est précieuse. Nous savons combien elle
nous aide à vivre.
Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre accusation, publique ou au père
spirituel, elle rétablit le cœur dans la lumière. L'ouverture de cœur nous
met dans la lumière. Et un frère uni à Dieu est lumineux pour ses frères.
(2013-01-26)
1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
Comme jadis en Egypte, pour Benoit la négligence se répare par
l'humilité. F. Adalbert nous dit: « Heureuse faute qui invite à pratiquer
la vertu majeure de la Règle. Manquer à l'humilité est toujours, pour le
moine, une faute sérieuse. »
Humainement, la réparation de nos manquements n'a rien de très
agréable. Un artisan n'aime pas réparer. Il préfère faire du neuf. C'est
une illusion possible dans notre vie: nous voudrions avoir toujours du
neuf à présenter à Dieu, aux autres et à nous-mêmes. Une vie sans
reproches, sans failles.
La vie monastique, la vie chrétienne, l'Evangile, ce n'est pas cela. C'est
plutôt la prise de conscience de notre état de pauvres, de pécheurs
renouvelés dans le Sang du Christ. Pour avoir accès auprès de Dieu,
pour découvrir l'amour du Christ, il nous faut perdre la face à nos
propres yeux. Se présenter à Dieu comme des pauvres. L'acquisition de
cette pauvreté, qui est simplicité, humilité, se fait au jour le jour. Par
l'expérience de nos limites, de nos faiblesses. Et en même temps la
confiance dans la miséricorde de Dieu.
Réparer courageusement. Sans dépit, sans amertume. Ne pas se
scandaliser des faiblesses des autres. Qu'il y ait toujours en nous un
désir de faire mieux. Ne pas nous lasser d'avoir toujours à
recommencer. Ne pas prendre prétexte de notre médiocrité pour
cesser tout effort: Cela c'est de l'orgueil. Mais nous y remettre
toujours. Non pas pour nous réhabiliter aux yeux des autres, et à nos
propres yeux. Mais par amour pour Dieu. Le regard fixé sur le Christ.
(2013-01-25)
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
10. Ils feront ainsi jusqu'à ce qu'il donne sa bénédiction et dise : « ;Cela suffit. »
« Il se jettera aux pieds de l'Abbé, puis de tous, afin qu'ils prient pour
lui ». Ce chapitre nous parle de la satisfaction. Comment réparer nos
fautes. Et ce verset nous indique le chemin: Demander pardon.
Demander la prière de nos frères. Quand un frère demande pardon, il
est grand, nous en sommes souvent témoins. Et si nous sommes
capables de demander la prière de nos frères, nous pouvons échapper à
la spirale de la faute qui nous empêche de vivre.
La faute nous replie sur nous-mêmes. Elle nous aveugle, au point que
nous estimons avoir raison, seul, contre le monde entier. Le chemin de
libération passe toujours par l'autre, par la reconnaissance devant
l'autre, de nos faiblesses, de nos limites, de nos erreurs.
L'humilité nous permet de reconnaitre que nous sommes faillibles,
pécheurs, petits. Et cela commence dans les petites choses de la vie,
comme le souligne Benoit tout au long de la Règle: Etre en retard,
casser un objet, se tromper à l'Office ou dans la lecture.
Il ne s'agit pas de dramatiser ces incidents. Mais si nous prenons
l'habitude de demander pardon pour les petites choses, nous pourrons
le faire aussi pour les choses plus graves, plus difficiles. Ce qui nous
empêche de demander pardon, ce n'est pas que la faute n'ait pas
d'importance, comme nous le prétendons. Mais, justement, elle est'
importante, et cela éveille en nous une angoisse. Nous avons peur. Peur
que notre pauvreté ne soit pas acceptée. Peur d'être rejeté. Nous avons
peur de l'autre. Peur de Dieu peut-être.
Notre vie communautaire nous donne des moyens pour vivre cette
démarche de réparation. Le chapitre des coulpes en est un. Il peut nous
aider à vaincre cette peur de l'autre. Cette peur d'être vu tel que nous
sommes. Pour faire la vérité. Pour devenir plus homme, plus fils de
Dieu. (2013-01-24)
13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,
14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.
15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,
16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.
17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.
18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.
19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.
Prendre notre repas ensemble, écouter ensemble la lecture faite au
réfectoire, manger avec ses frères, être attentif à eux, au service les uns
des autres : c'est une grande chance que beaucoup de gens n'ont pas.
Cela construit la communauté, notre compagnonnage. Celui qui s'en
prive blesse notre vivre ensemble, et perd une occasion de s'insérer
dans la communauté. De vivre simplement avec ses frères.
Le retard au réfectoire n'est pas du même ordre que le retard à l'œuvre
de Dieu. Mais Benoit nous rappelle qu'il est important d'être là pour la
prière qui précède le repas, et de commencer tous ensemble. Là encore
nous pouvons reconnaitre quand notre retard est motivé par un service
de la communauté, et quand il a pour cause notre négligence. Benoit
est sévère: il excommunie de la table commune le retardataire
récalcitrant, celui qui n'en fait qu'à sa tête. Et il le prive d'une part de la
nourriture commune. Le risque qui nous guette toujours est d'agir à
notre fantaisie. De faire notre volonté propre. Où est Dieu dans une
telle attitude? Il s'agit pour chacun de nous, tout au long de notre vie,
d'apprendre la liberté du cœur. Nous mettre au service de Dieu. Pour
cela, se donner un but, un motif surnaturel, qui vaut toujours, même
dans les choses sans importance. Il s'agit non seulement de devenir des
hommes libres, mais des fils de Dieu. Nous pouvons profiter de ces
petites fidélités quotidiennes pour grandir dans l'amour. Le critère:
qu'est-ce que Dieu me demande à l'instant présent?
Si le supérieur offre quelque chose à un frère, et que celui-ci refuse
Benoit punit ce manque de simplicité. Grégoire le Grand affirme de
même que: manger par obéissance est plus méritoire que toute
privation, cela a plus de valeur que le jeûne. Si aimer, c'est donner, se
donner, c'est encore plus savoir accueillir. Permettre à l'autre de vivre
la joie du don. Le vrai don est communion. Apprendre à voir en chaque
frère, en tout homme, même le plus démuni apparemment, celui qui
nous donne plus que nous ne pouvons lui donner. (2013-01-23)
10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,
11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,
12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.
A propos de ce chapitre sur les retards, le P. Abbé me demande de rappeler notre règle communautaire, qui est indiquée dans le Coutumier : dès le premier tintement du début de l'office, si l'on n'est pas à sa place, on reste près de la porte, et on attend la fin du verset : Dieu viens à mon aide pour rejoindre sa place. Le but de cet usage n'est pas de punir, ni d'humilier, mais de nous aider à faire l'effort d'être à l'heure à l'œuvre de Dieu. Nous sommes souvent tentés de commencer encore juste une chose avant l'Office. Et cette petite chose est de trop. Et elle aurait pu attendre. Nous aurions pu être à l'heure, nous préparer à ce temps de prière commune. Cela permet aussi à la communauté de commencer paisiblement l'œuvre de Dieu.
Benoit nous a dit au début de ce chapitre : Ne rien préférer à l'œuvre de Dieu . C'est une belle devise. F. Adalbert nous dit que Benoit l'a empruntée à la seconde Règle de Lérins. Ne rien préférer à l'amour du Christ était l'un des instruments des bonnes œuvres (RB 4, 21). A travers saint Cyprien et d'autres auteurs anciens, la sentence vient de l'Evangile. Elle traduit l'avertissement du Christ : Celui qui aime son père ou sa mère, son frère ou sa sœur plus que moi n'est pas digne de moi (Mt 10, 37). C'est sur ce modèle que les moines de Lérins ont frappé leur formule. Remplacer l'amour du Christ par l'œuvre de Dieu , cela nous rappelle que, pour le moine, l'amour pour le Christ s'exprime dans la prière continuelle. L'Office Divin est le soutien de notre désir de prier sans cesse.
L'appel de la cloche nous aide à discerner ce à quoi nous sommes le plus attachés. Elle me dit mon degré de ferveur : suis-je tiède ? Ou froid ? Prenons Dieu au sérieux. Ne le servons pas comme des amateurs. (2013-01-22)
4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,
5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,
6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.
7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.
8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.
9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.
Avec ce chapitre, le psaume 94 prend un relief particulier. Il est considéré comme un seuil pour entrer dans l’Office. Si on arrive après qu’il ait été chanté, le moine doit rester en dehors du chœur. Il pouvait manquer l’office jusqu’au psaume 94 qui, lui-même, fait suite au verset d’introduction et au Ps 3. Mais pas après. Le moine n’a pas répondu à temps à l’invitation à la prière que signifie bien le psaume 94, d’où son nom d’invitatoire : Venez crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre rocher. Allons jusqu’à lui en rendant grâce . Cette invitation du psalmiste veut nous aider à habiller notre cœur pour la louange. Elle tourne notre regard vers le Seigneur de nos vies, notre rocher, notre grand Dieu, grand roi au dessus de tous les dieux, qui tient en main les profondeurs de la terre.
Le psaume invitatoire nous invite à un acte de foi renouvelé en Dieu. Il nous aide à nous mettre en sa présence. Autrement dit, arriver après ce psaume invitatoire, c’est arriver comme un cheveu sur la soupe, sans cette préparation du cœur qui nous pose devant Dieu en vérité. La mise à l’écart veut être une épreuve pour reprendre conscience que l’on ne vient pas devant Dieu n’importe comment. Certainement signifie-t-il aussi qu’ayant manqué le départ de la prière, on s’est coupé de la communauté.
Au chœur, nous sommes ensemble pour unir nos voix, et pas des individus les uns à coté des autres qui s’acquitteraient d’un devoir. Notre louange est celle de toute la communauté. Quand un frère manque, notre louange commune en pâtit. Le corps communautaire alors n’exprime pas toutes les harmoniques qu’il peut donner. Non seulement il a moins de force ou de talents pour chanter Dieu, mais il n’est plus vraiment lui même. Nos retards et nos absences nous coupent de Dieu autant que des frères. Ils risquent de nous couper de nous-mêmes, de notre vocation profonde de fils chercheurs de Dieu. Ne nous y habituons pas, mais combattons-les. (2013-01-17)
1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,
2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.
3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.
Ce début de chapitre sur la ponctualité à l’office me fait penser au début du chapitre sur l’obéissance. On y parle d’obéissance sans délai et, ici, de laisser tout au signal entendu. Là il est question de l’obéissance qui convient à ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ, et ici il s’agit de ne rien préférer à l’œuvre de Dieu. Là on dit que les moines par l’obéissance délaissent sur le champ leurs activités laissant inachevé ce qu’ils faisaient. Ici il est demandé, à la sonnerie de l’office, de laisser ce qu’on a en main et d’accourir en hâte.
On le voit les parallèles littéraires sont réels et ils dénotent une même dynamique spirituelle. On obéit à l’appel de la cloche comme on obéit à la voix d’un frère. Un même empressement est requis. Une même liberté aussi par rapport à tout ce que l’on est en train de faire. Au final, c’est le portait d’un moine libre pour le Christ que Benoît esquisse ici pour ses disciples. Libre parce que totalement disponible à l’écoute pour aller vers un frère ou pour se rendre à la prière commune. Est-ce un portrait idéal ? Une voix inaccessible pour le moine du 21° siècle qui a des exigences techniques dans son travail ou des obligations incontournables ? Certes il est préférable que nos frères cuisiniers ne laissent pas en plan l’omelette sur le feu ou qu’ils veillent à mettre en plat les légumes avant de venir à sexte !! Mais dans bien d’autres lieux de travail rien n’empêche de laisser ce qui est commencé pour le reprendre ensuite. Je vous invite à faire l’expérience de couper court à votre activité quand la cloche sonne. Le temps de nous préparer tranquillement pour aller à l’Église. C’est exigeant, mais aussi, bien libérant. Nous apprenons ainsi à remettre notre vie dans les mains de plus grand que nous. Nous apprenons à vivre au temps de Dieu. (2013-01-16)