vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 64-74 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 03 octobre 2013
Verset(s) :

64. aimer la chasteté,

65. ne haïr personne,

66. ne pas avoir de jalousie,

67. ne pas agir par envie,

68. ne pas aimer la contestation,

69. fuir l'élèvement.

70. Et vénérer les anciens,

71. aimer les jeunes.

72. Dans l'amour du Christ, prier pour ses ennemis,

73. faire la paix avec son contradicteur avant le coucher du soleil.

74. Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.

Commentaire :

Nous parvenons à la fin de ce long catalogue du chapitre 4. Il est significatif que, dans ces derniers instruments, le verbe « aimer» apparaisse 4 fois dans la traduction française. Il y est effectivement question de relations avec les anciens, avec les jeunes, avec les ennemis et avec son contradicteur. Et Benoit parle des attitudes justes à chercher pour bien vivre ces relations: la chasteté, ne pas avoir de haine, ni de jalousie, ni d'envie, ne pas contester, ni s'élever. ..

Cela ne nous surprend pas, de voir ces instruments en fin de ce chapitre de l'art spirituel. S'il y a bien une chose gui nous tienne à cœur et une chose qui reste toujours difficile à vivre, c'est bien celle d'aimer. Combien de fois dans nos journées, ne sommes-nous pas convoqués à poser des actes d'amour, pour demeurer dans l'amour, à l'image de Jésus qui nous le commande. Aimer ce n'est pas adopter un profil indistinct. Aimer nous donne d'engager des facettes multiples de notre capacité de relation, selon des degrés divers qui voudraient être ajustés à chaque personne, à chaque histoire vécue ensemble. Al' égard des anciens, nous suggère Benoit, aimer sera empreint de vénération. A l'égard des plus jeunes, peut-être de respect. À l'égard de tous, on cherchera à demeurer chaste, c'est-à-dire dans cette attitude qui laisse libre. Aimer son ennemi ce sera d'abord prier pour lui, en veillant à se tenir soi-même dans l'Amour du Christ. Aimer son contradicteur, ce sera chercher à faire la paix sans tarder avec lui. On a eu un accrochage avec un frère, ou bien on sent que l'on a froissé un frère, on lui fait un billet ou on lui demande pardon pour ne pas laisser le malentendu

perdurer.

Nous rêvons tous de relations sans problèmes, ni conflits. Nous rêvons tous d'aimer, d'amour ou d'amitié qui coulent de source ... Mais n'est-ce pas faire peu de cas de notre propre difficulté à aimer vraiment. Comme chacun, nous apportons notre lot de contrariétés aux autres et d'obstacles à l'amour. Et il nous faut alors humblement apprendre et réapprendre qu'aimer, c'est savoir faire un geste à qui ne tend pas la main, c'est aller au-devant de qui ne désire pas forcément nous voir, c'est donner du temps à quelqu'un qui ne nous est pas spontanément sympathique ... Aimer dans l'Amour du Christ, voilà notre rude et beau labeur de chrétien et de moine. « Seigneur, nous sommes pauvres d'amour, apprends-nous à aimer ... » (2013-10-03)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 62-63 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 02 octobre 2013
Verset(s) :

62. Ne pas vouloir être appelé saint avant de l'être, mais l'être d'abord, afin d'être appelé ainsi avec plus de vérité.

63. Accomplir chaque jour par ses actes les commandements de Dieu,

Commentaire :

Accomplir chaque jour par ses actes les commandements de Dieu. « Chaque jour» « cotidie » en latin. Dans l'interview entendue il y a quelques jours au réfectoire, le Pape François disait ceci : « Chercher Dieu dans le passé ou le futur est une tentation. Dieu est certainement dans le passé, parce qu'il est dans les traces qu'il a laissées. Et il est dans le futur comme promesse. Mais le Dieu « concret », pour ainsi dire. est aujourd'hui ». Le pape François redit une conviction profonde de notre foi que la liturgie met souvent en lumière en insistant sur l'aujourd'hui de la révélation et de la présence de Dieu. Ainsi le « chaque jour» de notre recherche monastique rejoint-il ou cherche-t-il à rejoindre l'aujourd'hui de Dieu. Si la règle insiste plusieurs fois sur ce « chaque jour », c'est bien pour nous rappeler ce rendez- vous quotidien qui nous est fixé. Au prologue, Benoit affirme que la voix divine nous adresse chaque jour ses appels (9) et que le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes à ses saints enseignements (35). Avec Dieu, il n'est pas possible de faire des réserves de bonnes actions, en se disant « aujourd'hui repose-toi, tu en as fait assez hier ». Le Seigneur désire bien mieux pour nous que cette mentalité mercantile qui réduirait notre vie à un piètre marchandage. Il nous engage à entrer dans une relation vivante qui se nourrit de la recherche de sa volonté, et du désir de mieux connaitre ce Dieu qui nous cherche. Et cela, il n'y a que l'aujourd'hui pour nous le donner. Ce que j'ai vécu hier, mes échecs comme mes réussites, va m'éclairer; et ce qui m'attend demain (pour ce que j'en connais) va m'aider à m'orienter. En cherchant à faire sa volonté aujourd'hui, dans la banalité des gestes les plus simples, je laisse la puissance d'amour du Seigneur se déployer et illuminer mon quotidien. «L'évènement d'amour est quotidien» chantions-nous hier dans la belle hymne à Ste Thérèse de Lisieux. Soyons heureux d'habiter avec profondeur notre aujourd'hui. Dieu est là qui nous y rejoint si

nous savons prêter l'oreille. (2013-10-02)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 59-61 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 01 octobre 2013
Verset(s) :

59. Ne pas assouvir les désirs de la chair,

60. haïr sa volonté propre,

61. obéir en tout aux commandements de l'abbé, même s'il agit lui-même autrement – ce qu'à Dieu ne plaise – en se souvenant du commandement du Seigneur : « Ce qu'ils disent, faites-le ; quant à ce qu'ils font, ne le faites pas. »

Commentaire :

Ces quelques instruments témoignent d'une belle confiance en la parole humaine. Même si le Père Abbé, à Dieu ne plaise, commande quelque chose qu'il ne fait pas lui-même, mieux vaut obéir à sa parole que de suivre son mauvais exemple ... Benoit a fait l'expérience, pour lui et pour les autres, des bienfaits de la parole qu'on écoute et qu'on met en pratique. Elle est créatrice de vie parce qu'elle décentre de soi et qu'elle renvoie toujours à une autre parole, la Parole de Dieu, de qui tout vient et par qui tout a été fait. En ce sens, une parole qui veut le bien est toujours une parole qui dépasse celui qui la prononce. Le P. Abbé n'est jamais. à la hauteur de la parole qu'il prononce. Il est parfois complètement en deçà de l'exigence qu'il demande. Même s'il essaie de confronter sa vie à cette parole, il reste lui-même un disciple qui a besoin de la Miséricorde de Dieu. Seul Dieu peut nous accorder à sa Parole et aux commandements qu'Il nous donne. Dire ceci, n'est pas autojustification de nos médiocrités humaines, mais émerveillement devant le dessein de Dieu qui choisit des êtres humains fragiles pour s'adresser à d'autres êtres humains fragiles. Cela nous replace aussi avec un sain réalisme devant l'exigence de notre vie qui est toujours devant nous. Tous, nous sommes en quête de mettre toute notre vie sous la Parole de Dieu. Nous cherchons à nous mettre vraiment à son écoute. Mais nous savons qu'en notre chair, il y encore des résistances. Nous mesurons combien notre volonté propre est toujours prête à reprendre le dessus. La vie monastique nous fait pressentir que là n'est pas notre vrai bonheur. Les désirs de la chair sont fugaces, et les velléités de la volonté propre, ou bien illusoires ou bien tyranniques. Seule l'écoute de la Parole, toujours médiatisée par une parole humaine limitée et imparfaite, nous ouvre le chemin de la libération de soi. Elle nous donne d'aller plus libre à la rencontre du Seigneur qui désire encore nous parler pour nous faire vivre. (2013-10-01)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 50-54 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 27 septembre 2013
Verset(s) :

50. Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l'ancien spirituel.

51. Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonnêtes,

52. ne pas aimer à beaucoup parler ;

53. ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire,

54. ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats.

Commentaire :

Il y a beaucoup de paroles dans nos vies ... Des paroles banales, des paroles' qui tissent les liens entre nous et des paroles qui les défont, des paroles qui libèrent la vie et d'autres qui l'étouffent, des paroles qui font la vérité et d'autres qui la musellent. Un seul a une Parole une et unifiée qui réalise ce qu'elle dit, et qui dit ce qu'Il est vraiment, l'Amour offert, c'est Dieu. Et Dieu a choisi de nous adresser la Parole, d'entrer en conversation avec nous les hommes, ses créatures. Et le Verbe s'est fait chair afin que la chair devienne parole, réponse vraiment ajustée à son Dieu. Nos vies humaines sont prises dans ce magnifique projet de Dieu: devenir parole pleine, libre et créatrice de vie, unie au Verbe, le Fils tourné vers le Père.

Quand St Benoit nous invite à briser contre le Christ les pensées mauvaises qui se .présentent au cœur et à les découvrir à l'ancien spirituel, il nous fait entrer dans ce projet de Dieu. Par cette démarche de vérité dans la confiance, nous faisons l'expérience de la parole qui libère; nous faisons l'expérience du salut qu'est venu apporter le Christ. Les mauvaises pensées sont ce tissu de paroles qui roulent dans nos têtes et qui se basent en bonne partie sur notre imaginaire blessé ou affecté. Ces paroles-là ne' font que semer le trouble, la violence ou la peur. Les découvrir à un autre, c'est leur enlever leur capacité de nous empoisonner le cœur. C'est leur retirer leur pouvoir insidieux de nous tromper. Nous les moines, nous avons là un bel instrument pour grandir dans notre vie avec Dieu. Savons-nous en faire usage? Cet exercice n'est pas réservé seulement pour le noviciat. Il nous demande du courage. Car nous ne sommes pas toujours fiers de notre cinéma intérieur. Le dire, c'est une manière de signifier que nous ne voulons pas nous identifier à lui. C'est redire au Christ notre désir que règnent en notre cœur sa Parole, la Parole vraie, et sa Lumière. Parler vrai, pour marcher libre et droit, que le Christ nous vienne en aide sur ce chemin de joie. (2013-09-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 55-58 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 27 septembre 2013
Verset(s) :

55. Écouter volontiers les saintes lectures,

56. se prosterner fréquemment pour prier,

57. confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements, ses fautes passées,

58. se corriger de ces fautes à l'avenir.

Commentaire :

De ces instruments, je voudrais retenir les trois adverbes qu'on y trouve: « volontiers» (libenter), « fréquemment» (frequenter) et « chaque jour» qu'on pourrait traduire quotidiennement (cotidie). Chez St Benoit, les adverbes ont souvent une place importante. Ils disent la manière avec laquelle le moine s'engage dans ce qu'il fait. Faire une chose, c'est mieux que de ne pas la faire du tout. Mais le moine sera vraiment tel s'il ne se contente pas de faire les choses à la manière d'un fonctionnaire, mais en cherchant sans cesse à vivre pleinement ce qu'il fait.

Ainsi écouter les saintes Ecritures dans la liturgie ou dans la prière. On peut le faire d'une façon distraite parce que fatigué, ou ennuyée, car ces textes sont tellement déjà connus. St Benoit nous propose de le faire « volontiers », avec plaisir, avec cœur. C'est étrange, mais je crois que plus on est attentif à vivre une certaine discipline dans le temps donné et dans l'attention renouvelée, plus on écoute « volontiers» les Saintes Ecritures. Plus aussi on y reconnait la voix et le projet d'un Dieu qui nous aime. Aussi contrairement à ce qu'on pourrait souvent penser, la discipline, l'exercice de la régularité, loin d'affadir le goût, 1'affine au contraire. N'ayons donc pas crainte de nous scléroser en tenant bon dans nos exercices de lectio ou d'office. Appliquons-nous y pour creuser en nous le goût des choses de Dieu.

Il en va de même dans le prier « fréquemment» ou dans se reconnaitre pécheur « chaque jour». Petits exercices de mise en présence de Dieu qui peuvent égrener notre journée, avant un travail ou une rencontre, au cours d'une promenade. Rien de forcé mais plutôt un élan du cœur qui rejoint son Dieu et qui donne de vivre peu à peu toute chose sous son regard, même les vexations ou les contrariétés. Il n'est pas facile de vivre le « priez sans cesse », mais ces adverbes «fréquemment» ou « quotidiennement» sont là pour nous y entraîner. (2013-09-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 41-49 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 26 septembre 2013
Verset(s) :

41. Confier son espoir à Dieu.

42. Quand on voit quelque bien en soi, l'attribuer à Dieu, non à soi-même ;

43. quant au mal, savoir qu'on en est toujours l'auteur et se l'imputer.

44. Craindre le jour du jugement,

45. redouter la géhenne,

46. désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle,

47. avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux.

48. Surveiller à toute heure les actions de sa vie,

49. en tout lieu tenir pour certain que Dieu nous regarde.

Commentaire :

Ces instruments nous parlent de jugement, de crainte, de mort et de vie éternelle.

L'accent est mis fortement sur le regard porté sur soi-même et sur le regard de Dieu, sans que

l'on précise comment est ce dernier regard ... La tonalité dominante est pour le moins le souci

de la justesse devant Dieu et par rapport à soi-même. Deux instruments nous permettent

cependant d'échapper à la tentation de laisser dominer le sentiment de crainte dans cette

recherche de justesse: « confier à Dieu son espoir et désirer la vie éternelle de toute sa

convoitise spirituelle ». Si la pensée de la mort ou la crainte de la géhenne sont le versant

négatif de cette recherche de justesse, la confiance en Dieu et le désir de la vie éternelle en

représentent le versant positif. Le versant négatif nous rappelle notre petitesse devant le

mystère de Dieu et de l'au-delà devant lequel nous balbutions. Le versant positif est reçu dans

la foi comme une Bonne Nouvelle. La foi nous donne d'oser nous tourner vers Dieu avec

confiance. Elle nous permet même de trouver en notre désir des ressources très profondes et

très neuves.

Le désir de la vie éternelle n'est pas seulement le désir de la continuité assurée dans

l'inaccessible au-delà de la mort. La foi nous ouvre la perspective d'une vie de communion au

Dieu dont on dit « qu'éternel est son Amour ». Le chemin ouvert par l'évangile et par toute

l'Ecriture est un long compagnonnage où Dieu nous dévoile peu à peu son visage en même

temps qu'Il nous révèle le nôtre propre, celui des fils de Dieu. Ce chemin porte en lui dès

maintenant le gout de l'éternité. Plus nous avançons dans la connaissance de Dieu, dans

l'amitié avec le Christ, même si c'est toujours en clair-obscur, plus notre désir se creuse. Sa

convoitise spirituelle appelle de toutes ses forces un « pour toujours ». L'Esprit Saint est en

nous un maitre intérieur pour faire grandir notre désir spirituel de la vie éternelle, ce désir

d'une vie d'amitié avec Dieu dans la Lumière de son Amour. «Viens en nous Père des

pauvres, viens dispensateur des dons, viens lumière de nos cœurs ». (2013-09-26)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 29-33 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 24 septembre 2013
Verset(s) :

29. Ne pas rendre le mal pour le mal,

30. ne pas faire d'injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites,

31. aimer ses ennemis,

32. quand on nous maudit, ne pas répondre en maudissant, mais bénir au contraire,

33. souffrir persécution pour la justice.

Commentaire :

RB 4,29-33

Ces lignes de St Benoit me font penser au film « les Choristes », dans lequel on

pouvait voir à l'œuvre un sévère préfet de discipline. Afin de maintenir sa discipline de fer, il

avait adopté la formule « action-réaction », en guise de ligne de conduite! Stratégie qui a vite

montré son impuissance et sa bêtise ... Plus on mâtait les élèves, plus ils se rebellaient.

Dans la ligne de l'évangile, St Benoit nous engage ici à sortir de l'engrenage si

spontané de « action-réaction ». Un frère m'a fait du mal, ou dit une mauvaise parole, eh bien

il va en entendre, et il va savoir à qui il a affaire ... Logique de la vengeance à chaud ou à

froid, qui n'a rien à voir avec l'évangile du Christ! C'est en de pareilles occasions que nous

pouvons mesurer jusqu'où l'évangile imprègne nos vies.« Ne pas rendre le mal pour le

mal ... supporter patiemment les injustices qui nous sont faites ... Quand on nous maudit, ne pas

répondre en maudissant, bénir au contraire ». Ici, nous mesurons combien nous sommes

pécheurs, c'est-à-dire si vulnérable au mal pour devenir capable de le faire à notre tour. Ces

instruments fondés dans l'expérience du Christ et dans celle de Paul, il nous faut les accueillir

comme une bonne nouvelle. A la suite du Christ, la parole de St Benoit ne sonne pas comme

un couperet ou comme un précepte moral, mais comme une invitation à là sagesse et à la vie.

Là où la mort fait son œuvre, le disciple du Christ est armé pour faire triompher la vie, par le

pardon, la bonne parole, la patience et l'écoute. Ses armes spirituelles, nous les avons déjà à

notre disposition par le Saint Esprit répandu en nous. Il nous est seulement demandé de les

tenir prêtes à servir. Comment les tenir prêtes? Il me semble qu'un bon moyen, est

d'apprendre à se tenir devant le Christ comme des pauvres qui sont incapables par eux-mêmes

de mener de tel combat. A voir les yeux tournés vers Lui pour savoir recevoir de Lui au

moment critique la force de la bonne réponse. Je suis émerveillé d'entendre des frères me

partager des paroles ou des gestes de réconciliation vécus à la suite d'agressions même

infondées ... Le Saint Esprit est à l'œuvre dans nos terres en friche. Qu'Il nous garde docile à

ses inspirations.

(2013-09-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 34-40 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 24 septembre 2013
Verset(s) :

34. Ne pas être orgueilleux,

35. ni adonné au vin,

36. ni grand mangeur,

37. ni ami du sommeil,

38. ni paresseux,

39. ni murmurateur,

40. ni médisant.

Commentaire :

Voici 7 instruments que la part intelligente de nous-mêmes admet sans hésiter. C'est

une évidence qu'il ne faut pas « être orgueilleux, ni adonné au vin, ni grand mangeur, ni ami

du sommeil, ni paresseux, ni murmurateur, ni médisant ». Mais chacun découvre souvent une

autre part de lui-même qui montre son nez de temps en temps, et qui aura du mal sur tel ou tel

point à ne pas être orgueilleux, ni adonné au vin etc ... Rien alors n'est plus évident, et notre

pauvreté apparait alors comme une incapacité plus ou moins profonde à surmonter le défaut

ou le péché en question. Une part de nous-mêmes ne veut rien entendre.

Ces instruments peuvent être l'occasion d'accepter de regarder en face telle difficulté

que l'on rencontre comme une incapacité à nous maitriser sur tel ou tel point. Pouvoir le

regarder en face sans sombrer dans la culpabilité qui enferme sur le dépit sur soi, est déjà une

première étape salutaire. Pouvoir en parler, confier cette difficulté dans l'ouverture du cœur,

estune seconde étape salutaire. Elle permet de ne pas porter seul ce fardeau. En parler, c'est

aussi apprendre peu à peu à mieux se connaitre, et surtout à éviter le piège de l'auto

justification. «Je suis comme çà, c'est parce que ceci ou ceci ... et puis je ne changerai

jamais ... » Notre propos de conversion monastique porte en lui une belle espérance: celle de

devenir. Nous sommes appelés à devenir, non pas à rester dans nos ornières. Et devenir quoi?

Devenir peu à peu ce que nous sommes vraiment, des hommes debout et libres, des fils qui se

savent vraiment aimés de Dieu, avec et surtout pas sans leurs blessures ou leurs errances.

Accepter de devenir, c'est accepter de ne pas s'auto-justifier, pour ouvrir, sous la conduite de

la grâce de Dieu, des chemins de vie. La vie monastique est une voie où nous apprenons ~

nous unifier, avec tout ce que nous sommes, avec nos parts plus ténébreuses. C'est une grâce

offerte par la vie commune qui nous entraine vers plus de vérité, c'est aussi une exigence qui

vient nous stimuler et nous bousculer parfois. N'ayons pas peur, Dieu ne nous abandonne pas

dans ce chemin où nous devenons vraiment moine.

(2013-09-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 20-28 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 17 septembre 2013
Verset(s) :

20. Se rendre étranger aux actions du monde,

21. ne rien préférer à l'amour du Christ.

22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,

23. ne pas réserver un temps pour le courroux.

24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,

25. ne pas donner une paix mensongère,

26. ne pas se départir de la charité.

27. Ne pas jurer, de peur de se parjurer,

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

« Se rendre étrangers aux actions du monde» et « ne rien préférer à l'amour du

Christ », ces deux instruments peuvent éclairer la dynamique profonde des instruments

suivants qui sont comme une énumération des actions du monde: accomplir l'acte qu'inspire

la colère, réserver un temps pour le courroux, entretenir la tromperie dans son cœur, donner

une paix mensongère, se départir de la charité, jurer ... Le disciple du Christ qui ne veut rien

préférer à son amour, ajoute à chacune de ses actions un « ne pas»: ne pas accomplir l'acte

qu'inspire la colère, ne pas entretenir la tromperie dans son cœur ... etc ... Le disciple du

Christ qui vit dans le monde exprime son amour pour le Christ en disant « non» à tout ce qui

lui est tellement étranger: la colère, la tromperie, le mensonge, la fausse paix ... Le disciple

du Christ au contraire cherchera à « émettre la vérité de son cœur et de sa bouche ». Le

« oui» pour le Christ implique un « non» pour les actions mondaines qui obéissent, non à la

dynamique de l'amour, mais à la recherche de l'intérêt immédiat pour soi-même. L'amour

pour le Christ nous entraine à demeurer plus ouverts aux autres, plus disponibles à ce qu'ils

sont, et même plus vulnérables. N'ayons pas peur de cela. N'ayons pas peur de perdre la face

parfois devant la colère, la tromperie ou le mensonge. Si cela nous blesse dans un premier

temps, profondément nous ne sommes pas atteints, car nous avons choisi de vivre dans la

vérité du Christ. C'est elle qui est notre rempart et notre lumière. Par contre, exerçons-nous à

toujours chercher, à toujours faire et à toujours dire la vérité, par amour du Christ. Il est le

Chemin, la Vérité et la Vie. Voilà une belle et forte exigence pour nous-même qui nous oblige

à demeurer toujours en alerte, pour ne pas prendre des chemins de tromperie ou de mensonge.

« La vérité vous rendra libre», nous dit Paul. Laissons le Saint Esprit nous conduire vers plus

de vérité et plus de liberté. Laissons-nous fortifier par lui devant les tentations de faire des

demi-mesures, ou de ne pas aller au bout des exigences que nous avons choisies de vivre. La

vérité nous apprend à vivre libre et entier dans le don de nous-mêmes.

(2013-09-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 10-19 Les instruments des bonne oeuvres écrit le 14 septembre 2013
Verset(s) :

10. Se renoncer à soi-même pour suivre le Christ.

11. Châtier le corps,

12. ne pas rechercher les plaisirs,

13. aimer le jeûne.

14. Restaurer les pauvres,

15. vêtir les gens sans habits,

16. visiter les malades,

17. ensevelir les morts,

18. secourir ceux qui sont dans l'épreuve,

19. consoler les affligés.

Commentaire :

Je propose de lire ensemble cet ensemble de onze instruments comme un éclairage du

premier: « se renoncer à soi-même pour suivre le Christ », ce précepte qui n'est jamais facile

à bien cerner.

Ainsi, « châtier le corps, ne pas rechercher les plaisirs, aimer le jeûne », peuvent

s'entendre comme une manière de vivre le renoncement dans la relation au corps et à la

sensibilité. St Benoit reprend à son compte cet enseignement des anciens moines qui voyaient

dans une forte discipline corporelle, un moyen d'ordonner tout son désir pour le Christ.

Aujourd'hui, nous sommes plus circonspects par rapport à une vision ascétique trop

volontariste. Mais dans le contexte hédoniste de notre société, avec les impasses que l'on

connait, ces instruments nous rappellent à un certain réalisme. Notre suite du Christ porte en

elle une exigence qui s'inscrit jusque dans notre vie corporelle. Notre corps est fait pour le

Christ, dira Paul, non pour lui-même et la seule jouissance de lui-même par lui-même. En ce

jour de la Croix Glorieuse, le début du jeûne monastique, si modeste soit-il, est un signe qui

inscrit dans notre corps, notre désir de suivre le Christ jusqu'à sa Pâque.

« Restaurer les pauvres, vêtir les gens sans habits, visiter les malades, ensevelir les

morts, secourir ceux qui sont dans l'épreuve, et consoler les affligés » ... sont une autre

manière de renoncer à nous-mêmes pour suivre le Christ. Il s'agit ici de renoncer à sa

tranquillité, à son confort, à son temps pour se donner aux autres. En nous tournant vers eux,

nous suivons le Christ qui n'a cessé d'aller au-devant des plus démunis. En nous tournant vers

eux, nous nous tournons vers le Christ. En eux, nous reconnaissons et servons notre Maître.

Si les premiers instruments nous invitaient à ne pas prendre notre corps comme une

idole, les seconds nous engagent à prendre soin du corps et de la vie blessés de nos frères,

comme s'il était le nôtre propre. Mystère du don de soi qui permet de s'aimer vraiment soi-

même quand on aime les autres. (2013-09-14)