vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 30, v 1-3 Des enfants d’âge tendre, comment les corriger écrit le 30 janvier 2014
Verset(s) :

1. Tout âge et degré d'intelligence doit recevoir un traitement approprié.

2. Aussi chaque fois que des enfants et des adolescents par l'âge, ou des adultes qui ne peuvent comprendre ce qu'est la peine d'excommunication,

3. quand donc ceux-là commettent une faute, on les punira par des jeûnes rigoureux ou on les châtiera rudement par des coups, afin de les guérir.

Commentaire :

Aujourd’hui au monastère, les seuls enfants à corriger, c’est nous ! En effet, chacun de nous, adulte, ne cesse d’être l’enfant ou l’adolescent qu’il a été autrefois. Nous portons les différents âges de notre vie comme autant de strates géologiques qui se superposent. Chaque période de notre existence a laissé des sédiments qui se sont déposés pour façonner notre visage actuel, nos réflexes, nos façons de penser ou nos comportements. Comme sur la coupe géologique d’un terrain, on peut repérer parfois des fissures ou des mouvements de terrains qui ont marqué certaines périodes plus chahutées de nos parcours et qui peuvent handicaper le présent. Heureux sommes-nous quand nous pouvons les repérer et les nommer afin de mieux assumer le poids du présent qui en porte nécessairement les traces. Peu à peu sans pouvoir les ôter totalement, nous apprenons à corriger certains réflexes ou mouvements hérités de l’enfance ou de l’adolescence pour devenir plus libres.

Ici la vie commune est une belle école. Les frottements fraternels peuvent servir de précieux révélateurs de nos petits côtés ou de nos illusions sur nous-mêmes. Spontanément nous n’aimons pas les remarques qu’on nous fait ou les accrochages. Sachons les écouter et les accueillir au contraire comme des signaux qui nous sont envoyés pour examiner si quelque chose ne pourrait pas changer en nous. C’est une chance offerte pour devenir plus libres par rapport à l’enfant du passé que nous avons été. Car peu à peu, nous devenons l’enfant du royaume que nous sommes appelés à être. Depuis notre baptême, ce travail d’enfantement est à l’œuvre. Une œuvre de grâce qui prend tout l’être et que notre vie monastique veut servir. Jour après jour sous la lumière de la Parole de Dieu, soutenu par la règle et la communauté, nous vivons ce long et beau travail d’enfantement, et personnellement et communautairement. De l’enfance de la terre nous nous laissons éduqué -conduire hors de- à l’enfance pour le Royaume. (2014-01-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 29, v 1-3 Si les frères qui sortent du monastère doivent être reçus de nouveau écrit le 29 janvier 2014
Verset(s) :

1. Un frère qui est sorti du monastère par sa propre faute, s'il veut revenir, commencera par promettre de s'amender complètement du défaut qui l'a fait sortir,

2. et alors on le recevra au dernier rang, pour éprouver par là son humilité.

3. S'il s'en va de nouveau, il sera reçu ainsi jusqu'à trois fois, en sachant qu'ensuite on lui refusera toute autorisation de retour.

Commentaire :

« S’il veut revenir… » Ce petit chapitre témoigne, et d’un vrai réalisme et d’une belle miséricorde. Vrai réalisme face à la difficulté réelle de vivre la stabilité dans le monastère pour s’y consacrer à la recherche de Dieu. Belle miséricorde pour laisser toujours ouverte la porte au retour possible d’un frère sorti. Retour possible suspendu à cette petite phrase : « s’il veut revenir ».

« S’il veut revenir » est ici inséparable de « s’il veut rester ». Car s’il revient, c’est pour rester. Et Benoit prévoit qu’au bout de 3 fois, cela ne sera plus possible. Tout est donc suspendu au bon vouloir du frère. Cette situation extrême toujours possible vient questionner notre propre stabilité au monastère : si je reste ici, est-ce parce que je le veux, ou bien est-ce par simple habitude passive, soumise ou par impossibilité de faire autrement ? Vouloir rester est donc bien plus que rester tout court ou que faire acte de présence. Au monastère, il n’y a pas de pots de fleurs. Mais il y a des moines qui veulent rester là pour donner sens à un appel reçu et accomplir en plénitude leur vie de baptisé, à la suite du Christ. Dans ce « vouloir rester » est contenu le beau labeur de notre liberté, appelée à prendre toute son ampleur, tout son essor. Il vaut mieux le reconnaitre d’emblée, nous ne sommes jamais complètement libres. Si, librement nous nous engageons par les vœux monastiques, c’est moins pour être moine que pour le devenir. Devenir moine, c’est devenir de plus en plus libre sous le joug de l’obéissance. Obéissance à la Parole de Dieu qui va s’incarner au quotidien dans l’obéissance à la règle, à l’abbé et aux frères. Nous le savons, ce chemin évangélique nous éprouve et nous rabote, tout autant qu’il nous rend heureux dans la mesure où nous le choisissons chaque jour. La clef de notre joie est certainement là dans ce choix assumé jour après jour. Là est le secret de la croissance de notre liberté. « Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu (Ps 104, 3) ». (2014-01-29)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 28, v 1-7 De ceux qui, souvent repris, ne veulent pas s’amender écrit le 28 janvier 2014
Verset(s) :

1. Si un frère a été fréquemment repris pour une faute quelconque, si même après excommunication il ne s'amende pas, on lui infligera une punition plus rude, c'est-à-dire qu'on lui fera subir le châtiment des coups.

2. S'il ne se corrige pas non plus par ce moyen, ou que même, ce qu'à Dieu ne plaise, il se laisse emporter par l'orgueil et veuille défendre sa conduite, alors l'abbé agira comme un médecin sagace :

3. s'il a appliqué tour à tour les cataplasmes, l'onguent des exhortations, la médecine des divines Écritures, enfin le cautère de l'excommunication et des coups de verge,

4. et s'il voit que son industrie ne peut plus rien désormais, il aura encore recours à un remède supérieur : sa prière pour lui et celle de tous les frères,

5. afin que le Seigneur, qui peut tout, procure la santé à ce frère malade.

6. S'il ne se rétablit pas non plus de cette façon, alors l'abbé prendra le couteau pour amputer, comme dit l'Apôtre : « Retranchez le pervers du milieu de vous » ;

7. et encore : « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille »,

Commentaire :

Ce qui me frappe dans ce chapitre, rude à entendre, puisqu’il tranche, c’est l’importance du temps. Le temps laissé à la conversion, avant de trancher tout est fait pour éviter l’irréparable. On nous dit tout d’abord que le frère a été « fréquemment repris », ensuite que l’abbé a usé de toute « son industrie » pour essayer de ramener le frère (exhortations, excommunication…) et enfin qu’il prend le temps de la prière à laquelle toute la communauté est associée.

Le temps…Ce temps que l’on voudrait que les autres nous ménagent : « mais laisse-moi le temps de vivre » ! Ce même temps que l’on a du mal à accorder aux autres : « tu m’as encore fait attendre…tu es toujours en retard ! ». C’est le même temps, mais nous n’en avons pas la même perception pour nous-mêmes et pour les autres. Pour nous-mêmes, nous voyons combien nous changeons physiquement très graduellement, et combien sur le plan spirituel nos progrès sont souvent très lents. Nous ne faisons pas les malins. Nous savons que nous avons besoin de la patience de Dieu, des autres, et aussi de patience avec nous-mêmes. Il nous faut demander la grâce de cette patience avec nous-même qui n’est pas complaisance dans la facilité. Car nous voulons demeurer des progressants.

Mais étonnamment quand on regarde les autres, nous oublions facilement qu’ils sont eux-aussi en devenir. Nous oublions « qu’être un homme », c’est toujours « devenir un homme ». Jugements, murmures, impatiences peuvent alors vite occuper l’esprit si l’on y prend garde. Sans cesse il nous faut revenir et nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui nous fait don de la patience, de la douceur, de la bonté…C’est ce regard-là qui, non seulement est le plus juste, mais encore, qui a le plus de chance de porter du fruit pour la relation entre frères.

Etre patient mais exigent pour soi-même, et être patient et bon pour les autres, voilà ce que nous dit peut-être ce chapitre de la RB. Que l’Esprit Saint nous enseigne… (2014-01-28)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 27, v 1-9 Combien l’Abbé doit avoir de sollicitude pour les excommuniés ? écrit le 25 janvier 2014
Verset(s) :

1. C'est avec toute sa sollicitude que l'abbé prendra soin des frères délinquants, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

2. Aussi doit-il user de tous les moyens comme un médecin sagace ;: envoyer des senpectas , c'est-à-dire des frères anciens et sagaces,

3. qui comme en secret consoleront le frère hésitant et le porteront à satisfaire humblement, et le « consoleront pour qu'il ne sombre pas dans une tristesse excessive »,

4. mais comme dit encore l'Apôtre : « Que la charité s'intensifie à son égard », et que tous prient pour lui.

5. En effet, l'abbé doit prendre un très grand soin et s'empresser avec tout son savoir-faire et son industrie pour ne perdre aucune des brebis qui lui sont confiées.

6. Qu'il sache en effet qu'il a reçu la charge des âmes malades, non une autorité despotique sur celles qui sont en bonne santé.

7. Et qu'il craigne la menace du prophète, par laquelle Dieu dit : « ;Ce qui vous paraissait gras, vous le preniez, et ce qui était chétif, vous le rejetiez. »

8. Et qu'il imite l'exemple de tendresse du bon pasteur, qui abandonnant ses quatre-vingt-dix-neuf brebis sur les montagnes, partit à la recherche d'une seule brebis qui s'était perdue ;

Commentaire :

Autant au chapitre précédent, Benoit demandait aux frères de garder la distance à l’égard du frère excommunié, autant ici il exhorte l’abbé à faire preuve d’une grande sollicitude à son endroit. Les frères signifient par leur attitude de distance que le corps communautaire a été blessé, l’abbé, lui, montre par sa sollicitude, celle du Christ médecin qui veut sauver chaque être malade. C’est une même recherche de salut pour un frère en peine qui est déployée.

L’abbé est présenté un peu à la manière d’un chef de service d’hôpital qui associe plusieurs collaborateurs afin de tout mettre en œuvre pour sauver un malade. Il délègue les sempectes qui vont consoler et encourager le frère pour qu’il revienne à de meilleurs sentiments. Il invite toute la communauté à intensifier la charité et la prière. Puis insensiblement au cours de ce beau chapitre, l’image du Christ médecin laisse la place à celle du Christ bon pasteur qui abandonne un temps le soin du troupeau pour se consacrer plus exclusivement à la brebis perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve et la charge sur ses épaules.

En aucun autre chapitre de la règle n’apparait mieux combien notre vie monastique est une voie de salut, et combien le ministère de l’abbé s’unit à l’action du Christ, et de même aussi la communauté pour une part. Sur cette voie de salut, nous pouvons tous être un jour ou l’autre la brebis égarée. Selon les cas, l’égarement est plus ou moins visible. Il peut aller des négligences habituelles à celles plus graves qui touchent le don de nous-mêmes au Christ. C’est alors l’épreuve de la tentation ou du péché qui obscurcit et qui brouille les cartes, en nous incitant à laisser le troupeau, pensant pouvoir faire le chemin par nous-mêmes. La communauté, l’abbé seront vraiment des frères, un père quand ils montrent qu’ils ne peuvent se résoudre à cet état de fait. En priant pour le frère, nous le remettons avec foi au Christ, seul Sauveur de nos vies. En allant au-devant de lui, nous lui signifions qu’il est cherché et aimé par le Christ. Lui seul peut dénouer le nœud intérieur dans le secret du cœur. Lui seul peut chasser les illusions trompeuses et nous redonner la joie de marcher en communauté, heureux d’être soutenu par des frères.

(2014-01-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 27, v 1-9 Combien l’Abbé doit avoir de sollicitude pour les excommuniés ? écrit le 25 janvier 2014
Verset(s) :

1. C'est avec toute sa sollicitude que l'abbé prendra soin des frères délinquants, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

2. Aussi doit-il user de tous les moyens comme un médecin sagace ;: envoyer des senpectas , c'est-à-dire des frères anciens et sagaces,

3. qui comme en secret consoleront le frère hésitant et le porteront à satisfaire humblement, et le « consoleront pour qu'il ne sombre pas dans une tristesse excessive »,

4. mais comme dit encore l'Apôtre : « Que la charité s'intensifie à son égard », et que tous prient pour lui.

5. En effet, l'abbé doit prendre un très grand soin et s'empresser avec tout son savoir-faire et son industrie pour ne perdre aucune des brebis qui lui sont confiées.

6. Qu'il sache en effet qu'il a reçu la charge des âmes malades, non une autorité despotique sur celles qui sont en bonne santé.

7. Et qu'il craigne la menace du prophète, par laquelle Dieu dit : « ;Ce qui vous paraissait gras, vous le preniez, et ce qui était chétif, vous le rejetiez. »

8. Et qu'il imite l'exemple de tendresse du bon pasteur, qui abandonnant ses quatre-vingt-dix-neuf brebis sur les montagnes, partit à la recherche d'une seule brebis qui s'était perdue ;

9. sa misère lui fit tellement pitié, qu'il daigna la mettre sur ses épaules sacrées et la rapporter ainsi au troupeau.

Commentaire :

Autant au chapitre précédent, Benoit demandait aux frères de garder la distance à l’égard du frère excommunié, autant ici il exhorte l’abbé à faire preuve d’une grande sollicitude à son endroit. Les frères signifient par leur attitude de distance que le corps communautaire a été blessé, l’abbé, lui, montre par sa sollicitude, celle du Christ médecin qui veut sauver chaque être malade. C’est une même recherche de salut pour un frère en peine qui est déployée.

L’abbé est présenté un peu à la manière d’un chef de service d’hôpital qui associe plusieurs collaborateurs afin de tout mettre en œuvre pour sauver un malade. Il délègue les sempectes qui vont consoler et encourager le frère pour qu’il revienne à de meilleurs sentiments. Il invite toute la communauté à intensifier la charité et la prière. Puis insensiblement au cours de ce beau chapitre, l’image du Christ médecin laisse la place à celle du Christ bon pasteur qui abandonne un temps le soin du troupeau pour se consacrer plus exclusivement à la brebis perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve et la charge sur ses épaules.

En aucun autre chapitre de la règle n’apparait mieux combien notre vie monastique est une voie de salut, et combien le ministère de l’abbé s’unit à l’action du Christ, et de même aussi la communauté pour une part. Sur cette voie de salut, nous pouvons tous être un jour ou l’autre la brebis égarée. Selon les cas, l’égarement est plus ou moins visible. Il peut aller des négligences habituelles à celles plus graves qui touchent le don de nous-mêmes au Christ. C’est alors l’épreuve de la tentation ou du péché qui obscurcit et qui brouille les cartes, en nous incitant à laisser le troupeau, pensant pouvoir faire le chemin par nous-mêmes. La communauté, l’abbé seront vraiment des frères, un père quand ils montrent qu’ils ne peuvent se résoudre à cet état de fait. En priant pour le frère, nous le remettons avec foi au Christ, seul Sauveur de nos vies. En allant au-devant de lui, nous lui signifions qu’il est cherché et aimé par le Christ. Lui seul peut dénouer le nœud intérieur dans le secret du cœur. Lui seul peut chasser les illusions trompeuses et nous redonner la joie de marcher en communauté, heureux d’être soutenu par des frères.

(2014-01-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 26, v 1-2 De ceux qui entrent en rapport avec les excommuniés sans permission. écrit le 24 janvier 2014
Verset(s) :

1. Si un frère se permet, sans permission de l'abbé, d'entrer en rapport avec un frère excommunié de n'importe quelle façon, ou de lui parler ou de lui faire parvenir un message,

2. il subira une peine d'excommunication similaire.

Commentaire :

Ce petit chapitre surprend nos esprits modernes par sa rigueur. Il les heurte même sûrement. Il est pourtant très cohérent avec la démarche de l’excommunication décrite dans les chapitres précédents. Toute la peine et sa pédagogie repose sur une mise à distance en vue d’attiser, chez le frère, le désir de retrouver la pleine communion fraternelle par un humble retour. Il faut donc que tous jouent le jeu de la distance à respecter….

Volontiers aujourd’hui, je dirai aussi qu’il faut que tous jouent le jeu, mais pour faire la démarche inverse. A notre époque où la tentation est de s’excommunier soi-même par peur des autres ou par souci de manifester un bon droit supposé ou plus profondément à cause d’une détresse intérieure que l’on ne sait pas vivre autrement, les autres frères doivent signifier au frère la communion. Ils doivent lui faire sentir combien il est aimé, et non rejeté comme il pourrait le supposer, et combien il a sa place dans la communauté, même si elle n’est pas celle dont il rêverait. Par des attentions, par la patience qui supporte les aigreurs que peut porter le frère, par la disponibilité à aller le plus possible au-devant, il s’agit de soigner la relation fraternelle. Agir ainsi n’est pas une affaire de stratégie ou de diplomatie, mais une affaire d’amour. Il nous faut alors apprendre à cultiver en nous, une autre profondeur d’amour. Trop souvent nous nous arrêtons à l’amour échange : tu me donnes-je te donne. Tu ne me donnes rien-je ne te donne rien. Et je me sens quitte. Mais la situation d’un frère qui peine et qui a tendance à demeurer aux limites ou en dehors de la communion, nous force à sortir de nous-même pour aller vers lui, alors que lui-même est incapable de venir vers nous…L’amour fraternel va jusque-là. Et cet amour-là nous coûte car il nous expose à recevoir peut-être de l’ingratitude ou de l’aigreur. Il requiert de nous que nous reconnaissions tout d’abord notre incapacité à aimer vraiment par nous-mêmes. Humblement, il nous faut demander la grâce d’aimer. Viens Esprit Saint qui est l’Amour répandu dans nos cœurs. Viens changer notre regard qui juge trop facilement. Viens fortifier notre cœur trop peureux pour sortir de lui-même.

(2014-01-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 25, v 1-6 Les fautes les plus graves écrit le 23 janvier 2014
Verset(s) :

1. Quant au frère qui est coupable de faute grave, il sera exclu à la fois de la table et de l'oratoire.

2. Aucun frère n'entrera aucunement en rapport avec lui sous forme de compagnie ou d'entretien.

3. Qu'il soit seul au travail qu'on lui aura enjoint, persistant dans le deuil de la pénitence, sachant cette terrible sentence de l'Apôtre :

4. « Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur. »

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul, dans la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées convenables pour lui.

6. Personne ne le bénira en passant, pas plus que la nourriture qu'on lui donne.

Commentaire :

« Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur ». En reprenant cette citation de Paul aux Corinthiens (1 Co 5,5) tout en omettant la mention à Satan, Benoit s’inscrit dans la même logique. De même que Paul demandait de ne pas prendre son repas avec un homme coupable d’inceste, de même ici, il veut ni qu’on ne mange avec un frère coupable de fautes graves, ni qu’on ne le bénisse. Cette mesure d’excommunication semble donc s’apparenter à ce que Paul nomme « mort de la chair ». Le frère, éprouvant dans tout son être comme une mort, pourra peut-être se réveiller, changer son attitude d’endurcissement et se convertir.

Cette expression « mort de la chair » pour expliciter la mise à l’écart de la communauté est parlante. C’est comme si on amputait un membre, et qu’on le laissait sans lien avec le corps…Il dépérit. Il se détruit. Nous savons tous que si un jour, nous avions un membre coupé (un doigt, la langue, une main) il faudrait tout faire pour le récupérer vite et le protéger en vue d’une opération éventuelle qui pourrait recoudre et réparer le dommage. Un frère qui est excommunié, ou qui s’excommunie, est un frère en danger de mort. Il perd son lien vital avec la communauté, ce corps d’où il tire sa substance. Cette réalité extrême peut nous faire réfléchir sur la grandeur et la valeur du lien de communion entre nous. Nous sommes membres d’un même corps duquel nous nous recevons, et auquel nous nous donnons. C’est dans un même mouvement que nous nous recevons et que nous nous donnons. Si nous refusons de nous recevoir de la communauté en acceptant la vie qu’elle nous propose, de la manière qu’aujourd’hui elle la vit, nous risquons d’exténuer et de fragiliser le lien de communion. Finalement, nous risquons de nous isoler et de ne plus nous donner, ou de nous donner à moitié. Certain réflexe de bouderie ou de murmure ou de peur sont souvent la manifestation de cela. Vivre la communion entre frère est vraiment une affaire à re-choisir jour après jour. Elle est le beau et rude combat de la charité qui regarde la réalité, non d’abord à partir de soi, mais à partir des autres. « Personne ne recherchera ce qu’il juge être son avantage, mais plutôt celui d’autrui » (RB 72, 7). Cette recommandation de Benoit peut être une bonne boussole pour demeurer des vivants dans la communion à construire. (2014-01-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 24, v 1-7 Quelle doit être la gravité de la punition ? écrit le 21 janvier 2014
Verset(s) :

1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.

2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.

3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.

4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :

6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,

7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.

Commentaire :

Quelle doit être la gravité de l’excommunication ? Elle est liée à la gravité de la faute, répond simplement Benoit. Au chapitre précédent, il précisait de quel genre de fautes il s’agissait. Elles sont toutes liées à une forme d’entêtement : « si le frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux et contrevenant » (RB 23). La gravité de la faute semble liée à l’importance de l’entêtement…Le frère s’enferme dans son bon droit, contre les autres, contre le supérieur ou contre la règle. Il est tellement soucieux de ses idées ou de ses façons de faire, qu’il s’oppose durement à ce que la communauté propose…Il s’isole. La mesure de l’excommunication sera alors la matérialisation ou l’expression de cette rupture de communion dans laquelle il s’est enfermé. Il s’excommunie de fait.

Nous touchons ici à un point sensible de notre vie communautaire. Jusqu’où va la recherche de mes intérêts propres ? Jusqu’à l’isolement ou jusqu’au don de moi-même ? Entre les deux possibilités, il y a beaucoup de chemins par lesquels nous avançons plus ou moins facilement, plus ou moins à tâtons. Car en choisissant le mode de vie communautaire de la vie religieuse, nous avons fait un choix assez radical. Nous avons choisis de subordonner la recherche de notre épanouissement personnel à la recherche du bien communautaire. C’est le sens de nos vœux religieux d’obéissance, de stabilité et de conversion. Nous voulons apprendre à nous recevoir, non de nous-mêmes, mais des autres et par les autres. Nous entrons dans le cadre de la vie commune avec cette profonde confiance que le Seigneur, là, va me faire vivre. Je renonce à prendre ma vie en main. Je renonce à des projets de carrière, dans la profonde assurance, qu’à travers la communauté, le Seigneur s’occupe de moi. Entrer dans cette dynamique communautaire est une chose, y demeurer dans la confiance en est une autre. C’est là que le combat peut intervenir. Quand les choses ne vont comme je le pensais, quand des demandes qui me sont faites, me semblent injustes ou inappropriées, vais-je me durcir ou vais-je consentir à aller vers des chemins inconnus ? Temps de combat intérieur pour apprendre à revenir à la confiance première à la communauté, au supérieur, aux frères. Et s’y abandonner. « Je vais t’instruire, te montrer la route à suivre, te conseiller, veiller sur toi » (Ps 31, 8) nous assure le Seigneur.

(2014-01-21)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 24, v 1-7 Quelle doit être la gravité de la punition ? écrit le 21 janvier 2014
Verset(s) :

1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.

2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.

3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.

4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :

6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,

7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.

Commentaire :

Quelle doit être la gravité de l’excommunication ? Elle est liée à la gravité de la faute, répond simplement Benoit. Au chapitre précédent, il précisait de quel genre de fautes il s’agissait. Elles sont toutes liées à une forme d’entêtement : « si le frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux et contrevenant » (RB 23). La gravité de la faute semble liée à l’importance de l’entêtement…Le frère s’enferme dans son bon droit, contre les autres, contre le supérieur ou contre la règle. Il est tellement soucieux de ses idées ou de ses façons de faire, qu’il s’oppose durement à ce que la communauté propose…Il s’isole. La mesure de l’excommunication sera alors la matérialisation ou l’expression de cette rupture de communion dans laquelle il s’est enfermé. Il s’excommunie de fait.

Nous touchons ici à un point sensible de notre vie communautaire. Jusqu’où va la recherche de mes intérêts propres ? Jusqu’à l’isolement ou jusqu’au don de moi-même ? Entre les deux possibilités, il y a beaucoup de chemins par lesquels nous avançons plus ou moins facilement, plus ou moins à tâtons. Car en choisissant le mode de vie communautaire de la vie religieuse, nous avons fait un choix assez radical. Nous avons choisis de subordonner la recherche de notre épanouissement personnel à la recherche du bien communautaire. C’est le sens de nos vœux religieux d’obéissance, de stabilité et de conversion. Nous voulons apprendre à nous recevoir, non de nous-mêmes, mais des autres et par les autres. Nous entrons dans le cadre de la vie commune avec cette profonde confiance que le Seigneur, là, va me faire vivre. Je renonce à prendre ma vie en main. Je renonce à des projets de carrière, dans la profonde assurance, qu’à travers la communauté, le Seigneur s’occupe de moi. Entrer dans cette dynamique communautaire est une chose, y demeurer dans la confiance en est une autre. C’est là que le combat peut intervenir. Quand les choses ne vont comme je le pensais, quand des demandes qui me sont faites, me semblent injustes ou inappropriées, vais-je me durcir ou vais-je consentir à aller vers des chemins inconnus ? Temps de combat intérieur pour apprendre à revenir à la confiance première à la communauté, au supérieur, aux frères. Et s’y abandonner. « Je vais t’instruire, te montrer la route à suivre, te conseiller, veiller sur toi » (Ps 31, 8) nous assure le Seigneur. (2014-01-21)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 23, v 1-5 De l'excommunication pour fautes écrit le 18 janvier 2014
Verset(s) :

1. Si un frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur et contrevenant sur quelque point de la sainte règle et aux commandements de ses anciens, avec des manifestations de mépris,

2. ses anciens l'avertiront, selon le commandement de Notre Seigneur, une première et une seconde fois en privé.

3. S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tout le monde.

4. Si même alors il ne se corrige pas, s'il comprend ce qu'est cette peine, il subira l'excommunication.

5. Mais si c'est une mauvaise tête, il recevra un châtiment corporel.

Commentaire :

Le 18.01.14

RB 23 De l’excommunication pour fautes.

C’est une coïncidence intéressante de commencer, avec ce chapitre 23, le code pénitentiel de la règle, alors que s’ouvre la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Durant 8 chapitres, il va être question d’excommunication, manière négative de parler de la communion si fondamentale en toute communauté chrétienne. Et durant cette semaine, nous allons nous unir à la prière du Christ afin que tous ses disciples soient un dans l’amour. L’heure n’est plus aux excommunications réciproques. On cherche par tous les moyens à les lever. Benoit XVI a encore fait ce geste d’ouverture, comme une main tendue, aux disciples de Monseigneur Lefèbvre, mais qui n’ont pas répondu finalement à son attente. L’Eglise est ce Corps vivant en constante recherche de communion, une communion toujours à faire, sans cesse à accueillir. A travers les disputes doctrinales, au gré des querelles de rites, ou des conflits de pouvoir, le chemin de la communion se perd, et se retrouve, pour se chercher toujours. S’il en est ainsi au niveau de l’Eglise, est-ce étonnant qu’au niveau d’une communauté on rencontre les difficultés qui mettent en péril la communion ? Benoit aborde de front la question en proposant une pédagogie. Le soin qu’il apporte à ses chapitres précis, avec les différentes mesures à prendre, disent combien la vie monastique est à ses yeux une école de communion. La vie monastique se présente elle-même comme une pédagogie très concrète pour vivre la communion dans le Christ, sous une règle et un abbé. Le moine est appelé à affiner sa manière de penser, d’agir et de réagir pour grandir en docilité et en humilité, qui ouvrent toutes grandes les portes de la charité. La communion n’est pas donnée immédiatement. Elle se présente comme une grâce et comme un labeur. Il y a tant de choses en nous qui résistent ou qui nous enferment sur nous-mêmes au lieu de nous tourner vers les autres. Devenir un être de communion, ouvert, sans peur des autres, disponible à ce qu’on nous demande va exiger bien des sorties de nous-mêmes, bien des concessions et des sacrifices. Benoit parle de s’amender et de se corriger. Un moine serviteur de la communion, n’est-il pas un frère toujours prêt à s’amender et à se corriger ? (2014-01-18)