vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 1-10 Ce que doit être l'abbé écrit le 20 juin 2015
Verset(s) :

1. L'abbé qui est digne de gouverner le monastère, doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne, et vérifier par ses actes le nom du supérieur.

2. Il apparaît en effet comme le représentant du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle d’un des noms de celui-ci,

3. selon le mot de l'Apôtre : « Vous avez reçu l'esprit d'adoption filiale, dans lequel nous crions : abba, père ! »

4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,

5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.

6. L'abbé se rappellera toujours que son enseignement et l'obéissance des disciples, l'une et l'autre chose, feront l'objet d'un examen au terrible jugement de Dieu.

7. Et l'abbé doit savoir que le pasteur portera la responsabilité de tout mécompte que le père de famille constaterait dans ses brebis.

8. En revanche, si le pasteur a mis tout son zèle au service d'un troupeau turbulent et désobéissant, s'il a donné tous ses soins à leurs actions malsaines,

9. leur pasteur sera absous au jugement du Seigneur et il se contentera de dire au Seigneur avec le prophète : « Je n'ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut. Mais eux s'en sont moqués et ils m'ont méprisé. »

10. Et alors, les brebis qui auront désobéi à ses soins auront enfin pour châtiment la mort triomphante.

Commentaire :

« Comment doit-être l’abbé ? » Il doit être ce qu’on croit (creditur) qu’il est : le représentant du Christ… Un acte de foi bien souligné par le « creditur ». Un acte de foi aussi considéré comme l’œuvre de l’Esprit Saint, selon la citation que Benoit fait de la citation de l’épitre aux Romains : « Vous avez reçu l’esprit d’adoption filiale dans lequel nous crions : abba, père ! ». L’utilisation de cette citation, toujours étonnante en ce contexte, nous rappelle que le regard de foi que les moines portent sur l’abbé, ne peut être que l’œuvre de l’Esprit Saint. Comment, sans l’Esprit Saint, avoir cette confiance qui se remet à la parole d’un autre pour accueillir la volonté du Christ, à travers lui aujourd’hui? L’obéissance monastique et religieuse n’est pas fondée sur l’estime personnelle ou sur la reconnaissance des qualités du supérieur, mais sur un acte de foi. Je crois qu’à travers un homme, le Christ me dit quelque chose… en sachant les limites de ce même homme.

Mais l’acte de foi va dans les deux sens. Quand Benoit avertit l’abbé pour qu’il n’enseigne rien qui soit en dehors du précepte du Seigneur, ou qu’il lui rappelle que son enseignement sera examiné au jugement de Dieu, il exhorte l’abbé à croire que sa parole et ses actes sont « comme un levain de justice divine »…Sans qu’il s’en rende bien compte, ni ne sache comment, l’abbé sème une parole qui le dépasse, et qui peut être un ferment dans la vie des frères. Lui aussi doit donc demeurer dans la foi en l’œuvre de Dieu qui agit à travers lui, instrument indigne et imparfait, mais ainsi choisi.

Ce chapitre nous ramène donc à ce regard de foi fondamental. Le frère qui obéit, mais aussi l’abbé qui enseigne ou demande des choses, ne cherchent qu’une chose : à agir selon la Volonté de Dieu. Ensemble, ils veulent être dociles à l’Esprit. C’est Lui qui illumine le regard du frère et qui agit à travers la parole humaine de l’abbé. Délicate écoute, humble recherche qui doit toujours s’ajuster dans le désir d’être fidèle au Christ et à son dessein pour la communauté d’aujourd’hui. Ce dessein traverse et utilise nos humanités respectives, limitées et faillibles. Nous sommes dans la continuation de la logique de l’incarnation. La confiance de Jésus en ceux à qui il confie son troupeau est totalement imméritée mais elle est là. Par notre acte de foi, abbé et frères, nous voulons répondre à cette confiance. Qu’il nous vienne en aide. (2015-06-20)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 10-13 Des espèces de moines écrit le 18 juin 2015
Verset(s) :

10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,

11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.

12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.

13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.

Commentaire :

L’évocation rapide des gyrovagues par Benoit qui ne souhaite pas s’y attarder, n’a pas d’autres intérêts que de nous rappeler le bien fondé de notre stabilité. L’errance extérieure et intérieure est l’expression d’une forme d’esclavage : « asservis qu’ils sont à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche »… On cherche un ailleurs idéalisé parce qu’on ne parvient pas à gérer ses propres conflits intérieurs qui nous retiennent captifs. Cette recherche d’un ailleurs n’est pas sans rappeler la tentation de l’acédie décrite par Evagre, cette tentation du dégoût spirituel. Je cite : "Le démon de l'acédie, … inspire au moine de l'aversion pour le lieu où il est, pour son état de vie même, pour le travail manuel, et, de plus, (lui suggère) l'idée que la charité a disparu chez les frères, qu'il n'y a personne pour le consoler. Et s'il se trouve quelqu'un qui, dans ces jours-là, ait contristé le moine, le démon se sert aussi de cela pour accroître son aversion. Il l'amène alors à désirer d'autres lieux, où il pourra trouver facilement ce dont il a besoin, et exercer un métier moins pénible et qui rapporte davantage ; il ajoute que plaire au Seigneur n'est pas une affaire de lieu : partout en effet, est-il dit, la divinité peut être adorée. Il joint à cela le souvenir de ses proches et de son existence d'autrefois…; et, comme on dit, il dresse toutes ses batteries pour que le moine abandonne sa cellule et fuie le stade » (T. Pratique12).

Face à cette tentation d’aller voir ailleurs, que faire ? La première chose : ne pas fuir. Evagre donne ce conseil : "Il ne faut pas déserter la cellule à l'heure des tentations, si plausibles soient les prétextes que l'on se forge; mais il faut rester assis à l'intérieur, être persévérant, et accueillir vaillamment les assaillants, tous, mais surtout le démon de l'acédie qui, parce qu'il est le plus pesant de tous, rend l'âme éprouvée au plus haut point » (T.P. 28). Ne pas fuir et affronter les tempêtes intérieures en repérant que ces tentations ne peuvent venir du Christ. Elles sont du vent. Si le trouble persiste, prendre son courage à deux mains pour parler de ce qui ne va pas, afin de mieux discerner à l’intérieur de soi ce qui peut donner prise à ces tentations. Par ex, si je passe beaucoup de mon temps à m’évader sur internet pour me divertir, il ne faut pas être étonné si un jour, la tentation d’aller ailleurs se manifeste. Le ver est déjà dans la pomme. Enfin, s’ancrer en Christ. Revenir à Lui, notre Roc, notre Maitre et notre Joie. Il nous a appelés. Il va nous secourir. En Lui, est notre plus profonde stabilité. (2015-06-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 10-13 Des espèces de moines écrit le 18 juin 2015
Verset(s) :

10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,

11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.

12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.

13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.

Commentaire :

L’évocation rapide des gyrovagues par Benoit qui ne souhaite pas s’y attarder, n’a pas d’autres intérêts que de nous rappeler le bien fondé de notre stabilité. L’errance extérieure et intérieure est l’expression d’une forme d’esclavage : « asservis qu’ils sont à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche »… On cherche un ailleurs idéalisé parce qu’on ne parvient pas à gérer ses propres conflits intérieurs qui nous retiennent captifs. Cette recherche d’un ailleurs n’est pas sans rappeler la tentation de l’acédie décrite par Evagre, cette tentation du dégoût spirituel. Je cite : "Le démon de l'acédie, … inspire au moine de l'aversion pour le lieu où il est, pour son état de vie même, pour le travail manuel, et, de plus, (lui suggère) l'idée que la charité a disparu chez les frères, qu'il n'y a personne pour le consoler. Et s'il se trouve quelqu'un qui, dans ces jours-là, ait contristé le moine, le démon se sert aussi de cela pour accroître son aversion. Il l'amène alors à désirer d'autres lieux, où il pourra trouver facilement ce dont il a besoin, et exercer un métier moins pénible et qui rapporte davantage ; il ajoute que plaire au Seigneur n'est pas une affaire de lieu : partout en effet, est-il dit, la divinité peut être adorée. Il joint à cela le souvenir de ses proches et de son existence d'autrefois…; et, comme on dit, il dresse toutes ses batteries pour que le moine abandonne sa cellule et fuie le stade » (T. Pratique12).

Face à cette tentation d’aller voir ailleurs, que faire ? La première chose : ne pas fuir. Evagre donne ce conseil : "Il ne faut pas déserter la cellule à l'heure des tentations, si plausibles soient les prétextes que l'on se forge; mais il faut rester assis à l'intérieur, être persévérant, et accueillir vaillamment les assaillants, tous, mais surtout le démon de l'acédie qui, parce qu'il est le plus pesant de tous, rend l'âme éprouvée au plus haut point » (T.P. 28). Ne pas fuir et affronter les tempêtes intérieures en repérant que ces tentations ne peuvent venir du Christ. Elles sont du vent. Si le trouble persiste, prendre son courage à deux mains pour parler de ce qui ne va pas, afin de mieux discerner à l’intérieur de soi ce qui peut donner prise à ces tentations. Par ex, si je passe beaucoup de mon temps à m’évader sur internet pour me divertir, il ne faut pas être étonné si un jour, la tentation d’aller ailleurs se manifeste. Le ver est déjà dans la pomme. Enfin, s’ancrer en Christ. Revenir à Lui, notre Roc, notre Maitre et notre Joie. Il nous a appelés. Il va nous secourir. En Lui, est notre plus profonde stabilité. (2015-06-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 6-9 Des espèces de moines écrit le 17 juin 2015
Verset(s) :

6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.

7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.

8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.

9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.

Commentaire :

Pourquoi s’arrêter sur cette espèce de moine, les sarabaïtes, qui sont si peu exemplaires ? Ils sont un bon contre-exemple ou un bon repoussoir de ce qu’il ne faut pas faire. Comme me disait un frère : « j’apprends autant des bons exemples que des mauvais…Ces derniers me montrent surtout ce que je ne dois pas faire ». Plus que les gyrovagues, les sarabaïtes intéressent les cénobites. Car en apparence, ils leurs ressemblent, mais, sur le fond, tout les différencie…

En apparence, ils forment une petite communauté, deux ou trois moines, mais en fait ils vivent comme s’ils étaient juxtaposés sans lien réel entre eux… Et pourquoi n’ont-ils pas de liens réels entre eux ? Parce qu’ils ne vivent pas sous une règle commune. « Aucune règle ne les a éprouvés ». L’obéissance n’est rien pour ces hommes qui ont « pour loi la volonté de leurs désirs ». Ceci peut nous donner à penser : le lien premier qui nous unit les uns aux autres, n’est un lien affectif d’affinité, mais bien un commun désir d’obéir au Christ, sous une règle et un abbé. Ensemble, nous voulons nous entraider à vivre l’obéissance très concrète à un horaire, à des exercices de vie commune, à des manières de vivre dans la prière continuelle, dans la pauvreté, la chasteté et la simplicité, dans la dépendance à un abbé… Ici, chacun peut examiner le sarabaïte toujours prêt à surgir en lui. Aussi nous devons tous nous interroger : comment grandir dans une obéissance vivante qui raffermisse notre lien communautaire ? Gardons-nous des particularismes que l’on veut imposer. Gardons-nous des exceptions qui affadissent notre propos de conversion. Vivant hors du lien de l’obéissance, les œuvres des sarabaïtes ne se distinguent en rien de celles du monde. « Ils mentent par leur tonsure ». Ces propos de Benoit peuvent nous aider à nous engager vraiment dans notre vie monastique, sans nous payer de mots. Dans l’évangile, Jésus nous donne un bel instrument spirituel pour nous engager vraiment : sans chercher la reconnaissance des autres, agir dans le secret, là où notre Père des Cieux voit. « Ton Père voit ce que tu fais, il te le revaudra »… (2015-06-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 6-9 Des espèces de moines écrit le 17 juin 2015
Verset(s) :

6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.

7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.

8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.

9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.

Commentaire :

Pourquoi s’arrêter sur cette espèce de moine, les sarabaïtes, qui sont si peu exemplaires ? Ils sont un bon contre-exemple ou un bon repoussoir de ce qu’il ne faut pas faire. Comme me disait un frère : « j’apprends autant des bons exemples que des mauvais…Ces derniers me montrent surtout ce que je ne dois pas faire ». Plus que les gyrovagues, les sarabaïtes intéressent les cénobites. Car en apparence, ils leurs ressemblent, mais, sur le fond, tout les différencie…

En apparence, ils forment une petite communauté, deux ou trois moines, mais en fait ils vivent comme s’ils étaient juxtaposés sans lien réel entre eux… Et pourquoi n’ont-ils pas de liens réels entre eux ? Parce qu’ils ne vivent pas sous une règle commune. « Aucune règle ne les a éprouvés ». L’obéissance n’est rien pour ces hommes qui ont « pour loi la volonté de leurs désirs ». Ceci peut nous donner à penser : le lien premier qui nous unit les uns aux autres, n’est un lien affectif d’affinité, mais bien un commun désir d’obéir au Christ, sous une règle et un abbé. Ensemble, nous voulons nous entraider à vivre l’obéissance très concrète à un horaire, à des exercices de vie commune, à des manières de vivre dans la prière continuelle, dans la pauvreté, la chasteté et la simplicité, dans la dépendance à un abbé… Ici, chacun peut examiner le sarabaïte toujours prêt à surgir en lui. Aussi nous devons tous nous interroger : comment grandir dans une obéissance vivante qui raffermisse notre lien communautaire ? Gardons-nous des particularismes que l’on veut imposer. Gardons-nous des exceptions qui affadissent notre propos de conversion. Vivant hors du lien de l’obéissance, les œuvres des sarabaïtes ne se distinguent en rien de celles du monde. « Ils mentent par leur tonsure ». Ces propos de Benoit peuvent nous aider à nous engager vraiment dans notre vie monastique, sans nous payer de mots. Dans l’évangile, Jésus nous donne un bel instrument spirituel pour nous engager vraiment : sans chercher la reconnaissance des autres, agir dans le secret, là où notre Père des Cieux voit. « Ton Père voit ce que tu fais, il te le revaudra »… (2015-06-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 3-5 Des espèces de moines écrit le 16 juin 2015
Verset(s) :

3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère

4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,

5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.

Commentaire :

Depuis le début du monachisme, il y a toujours eu une sorte de rivalité entre les cénobites et les ermites, pour savoir laquelle des deux espèces conduirait le plus sûrement au but recherché : l’union à Dieu. Mais vouloir comparer pour dégager la supériorité d’une voie sur l’autre, n’est-ce pas une impasse ? Car cela conduit au mépris de l’autre. Les cénobites pourraient regarder avec suspicion les ermites leur reprochant d’être leur propre maitre et d’échapper trop facilement à la réalité de la vie concrète et relationnelle. Les ermites, de leur côté, pourraient regarder les cénobites comme menant une vie trop dispersée ou trop bavarde qui affaiblit le propos de la recherche de Dieu…

Comparer pour établir un classement est donc stérile, de même qu’une autre comparaison souvent entendue qui voudrait que la vie religieuse soit supérieure au mariage. La diversité de nos vocations me semble davantage devoir être valorisée pour ce qu’elle nous enseigne les uns et les autres. Et cela à plusieurs points de vue : ecclésial et aussi personnel… Sur le plan ecclésial, cette diversité de vocation manifeste la richesse du Corps du Christ : autant de vocations, autant de facettes de notre humanité en quête de Dieu et saisie par Lui dans le Christ. Le moine ermite fait signe du cœur humain tout ordonné à Dieu pour trouver en Lui son bonheur, dès ici-bas en attendant le face à face éternel. Les moines cénobites font signe de la recherche de Dieu inséparable de la communion fraternelle concrète, qui révèle le mystère de la communion du Dieu Trinitaire. Les époux chrétiens font signe de la profondeur et de la fécondité d’un amour qui manifeste l’union du Christ et de l’humanité réalisée dans l’Eglise.

Chacun peut être ainsi soutenu par l’autre vocation. Le moine ermite est stimulé en voyant la charité patiente vécue par les cénobites. J’entends le P. Adalbert me dire sa reconnaissance envers la communauté dont il se savait redevable de sa charité. Le moine cénobite est encouragé par l’ermite à ne jamais perdre de vue la finalité de sa recherche : l’unification de son être en Dieu. Les moines admirent chez les époux le poids d’amour donné au quotidien pour que vive vraiment leur famille. Et les époux apprennent des moines à tourner leurs regards vers Celui qui est la source de tout amour. Oui, dans cette estime réciproque des vocations qui sait toute la beauté des dons de Dieu, se trouve une source de vraie fécondité pour chaque vocation, et aussi pour l’Eglise…(2015-06-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 3-5 Des espèces de moines écrit le 16 juin 2015
Verset(s) :

3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère

4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,

5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.

Commentaire :



Depuis le début du monachisme, il y a toujours eu une sorte de rivalité entre les cénobites et les ermites, pour savoir laquelle des deux espèces conduirait le plus sûrement au but recherché : l’union à Dieu. Mais vouloir comparer pour dégager la supériorité d’une voie sur l’autre, n’est-ce pas une impasse ? Car cela conduit au mépris de l’autre. Les cénobites pourraient regarder avec suspicion les ermites leur reprochant d’être leur propre maitre et d’échapper trop facilement à la réalité de la vie concrète et relationnelle. Les ermites, de leur côté, pourraient regarder les cénobites comme menant une vie trop dispersée ou trop bavarde qui affaiblit le propos de la recherche de Dieu…

Comparer pour établir un classement est donc stérile, de même qu’une autre comparaison souvent entendue qui voudrait que la vie religieuse soit supérieure au mariage. La diversité de nos vocations me semble davantage devoir être valorisée pour ce qu’elle nous enseigne les uns et les autres. Et cela à plusieurs points de vue : ecclésial et aussi personnel… Sur le plan ecclésial, cette diversité de vocation manifeste la richesse du Corps du Christ : autant de vocations, autant de facettes de notre humanité en quête de Dieu et saisie par Lui dans le Christ. Le moine ermite fait signe du cœur humain tout ordonné à Dieu pour trouver en Lui son bonheur, dès ici-bas en attendant le face à face éternel. Les moines cénobites font signe de la recherche de Dieu inséparable de la communion fraternelle concrète, qui révèle le mystère de la communion du Dieu Trinitaire. Les époux chrétiens font signe de la profondeur et de la fécondité d’un amour qui manifeste l’union du Christ et de l’humanité réalisée dans l’Eglise.

Chacun peut être ainsi soutenu par l’autre vocation. Le moine ermite est stimulé en voyant la charité patiente vécue par les cénobites. J’entends le P. Adalbert me dire sa reconnaissance envers la communauté dont il se savait redevable de sa charité. Le moine cénobite est encouragé par l’ermite à ne jamais perdre de vue la finalité de sa recherche : l’unification de son être en Dieu. Les moines admirent chez les époux le poids d’amour donné au quotidien pour que vive vraiment leur famille. Et les époux apprennent des moines à tourner leurs regards vers Celui qui est la source de tout amour. Oui, dans cette estime réciproque des vocations qui sait toute la beauté des dons de Dieu, se trouve une source de vraie fécondité pour chaque vocation, et aussi pour l’Eglise… (2015-06-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 1-2 Des espèces de moines écrit le 11 juin 2015
Verset(s) :

1. Il est clair qu'il existe quatre espèces de moines.

2. La première est celle des cénobites, c'est-à-dire vivant en monastères ; ils servent sous une règle et un abbé.

Commentaire :

Hier, je m’arrêtais sur la nécessité pour notre vie monastique d’être soutenue par une règle. La définition des cénobites proposée par Benoit aujourd’hui permet de préciser ce cadre institutionnel. « Vivant en monastère, ils servent sous une règle et un abbé »…Le « monastère » et « l’abbé » viennent conforter la règle pour constituer ensemble un solide trépied autour duquel notre vie monastique se fonde. Pas de vie monastique cénobitique sans un lieu, le monastère, dans lequel un groupe d’homme se rassemble. Pas de vie monastique sans autorité, l’abbé, au service de l’unité et de la fidélité au charisme.

Entre le monastère ou la communauté et l’abbé, la règle est la parole qui institue la relation recherchée. Sans le monastère et la communauté, la règle est un texte mort, un vestige du passé. Sans l’abbé qui l’interprète au nom de tous et qui l’actualise, la règle peut devenir un carcan, une loi gravée sur une table de pierre qui ne donne pas la vie. Nous pouvons nous émerveiller de ce trépied qui nous porte et nous aide à répondre, au jour le jour, ensemble et personnellement, à l’appel entendu un jour.

On pourrait se demander : mais où est le moine ici ? le moine comme personne ? St Benoit ne l’oublie pas. De manière significative, au début, dans le prologue et à la fin de la règle, il s’adresse directement à lui en « tu » : « écoute mon fils, ces préceptes de ton maitre », « Toi, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l’aide du Christ, cette toute petite règle, tu parviendras »…La règle s’adresse donc d’abord à un « tu », à chacun de nous en particulier. Un « tu » qui reste le premier sujet d’engagement. Personne ne pourra faire le chemin à sa place. Mais ce chemin, le « tu » va l’apprendre en vivant en « nous », avec des frères. Un « nous » qui porte le « tu », qui le soutient. Un « nous » qui développe le sens de l’Eglise. Un « nous » qui révèle d’autres façons de chercher Dieu et d’approcher son mystère. Vivre en « nous » avec des frères nous éprouve parfois. Cela nous purifie toujours de notre propension à nous penser comme le centre du monde, comme celui qui a raison....Tout l’art de la règle est de savoir articuler ce « tu » et ce « nous », de telle façon que le « tu » ne soit pas une solitude orgueilleuse et que le « nous » ne soit pas un tout indistinct. Chacun garde de son visage propre et le découvre davantage en nouant avec les autres une relation de service et de don de soi. Dans la communion de l’amour, nous découvrons et notre visage, et celui des frères et celui de notre Père. (2015-06-11)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01 v 1-2 Des espèces de moines écrit le 11 juin 2015
Verset(s) :

1. Il est clair qu'il existe quatre espèces de moines.

2. La première est celle des cénobites, c'est-à-dire vivant en monastères ; ils servent sous une règle et un abbé.

Commentaire :

Hier, je m’arrêtais sur la nécessité pour notre vie monastique d’être soutenue par une règle. La définition des cénobites proposée par Benoit aujourd’hui permet de préciser ce cadre institutionnel. « Vivant en monastère, ils servent sous une règle et un abbé »…Le « monastère » et « l’abbé » viennent conforter la règle pour constituer ensemble un solide trépied autour duquel notre vie monastique se fonde. Pas de vie monastique cénobitique sans un lieu, le monastère, dans lequel un groupe d’homme se rassemble. Pas de vie monastique sans autorité, l’abbé, au service de l’unité et de la fidélité au charisme.

Entre le monastère ou la communauté et l’abbé, la règle est la parole qui institue la relation recherchée. Sans le monastère et la communauté, la règle est un texte mort, un vestige du passé. Sans l’abbé qui l’interprète au nom de tous et qui l’actualise, la règle peut devenir un carcan, une loi gravée sur une table de pierre qui ne donne pas la vie. Nous pouvons nous émerveiller de ce trépied qui nous porte et nous aide à répondre, au jour le jour, ensemble et personnellement, à l’appel entendu un jour.

On pourrait se demander : mais où est le moine ici ? le moine comme personne ? St Benoit ne l’oublie pas. De manière significative, au début, dans le prologue et à la fin de la règle, il s’adresse directement à lui en « tu » : « écoute mon fils, ces préceptes de ton maitre », « Toi, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l’aide du Christ, cette toute petite règle, tu parviendras »…La règle s’adresse donc d’abord à un « tu », à chacun de nous en particulier. Un « tu » qui reste le premier sujet d’engagement. Personne ne pourra faire le chemin à sa place. Mais ce chemin, le « tu » va l’apprendre en vivant en « nous », avec des frères. Un « nous » qui porte le « tu », qui le soutient. Un « nous » qui développe le sens de l’Eglise. Un « nous » qui révèle d’autres façons de chercher Dieu et d’approcher son mystère. Vivre en « nous » avec des frères nous éprouve parfois. Cela nous purifie toujours de notre propension à nous penser comme le centre du monde, comme celui qui a raison....Tout l’art de la règle est de savoir articuler ce « tu » et ce « nous », de telle façon que le « tu » ne soit pas une solitude orgueilleuse et que le « nous » ne soit pas un tout indistinct. Chacun garde de son visage propre et le découvre davantage en nouant avec les autres une relation de service et de don de soi. Dans la communion de l’amour, nous découvrons et notre visage, et celui des frères et celui de notre Père. (2015-06-11)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 45-50 - Prologue écrit le 10 juin 2015
Verset(s) :

45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.

46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.

47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,

48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.

49. Mais en avançant dans la vie religieuse et la foi, « le cœur se dilate et l'on court sur la voie des commandements » de Dieu avec une douceur d'amour inexprimable.

50. Ainsi, n'abandonnant jamais ce maître, persévérant au monastère dans son enseignement jusqu'à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience, afin de mériter de prendre place en son royaume. Amen.

Commentaire :



« Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur »… Pourquoi faut-il créer des institutions, une règle et des lois ? Pourquoi ne peut-on pas marcher librement selon l’Esprit, sans contrainte ? Benoit ne donne pas ses raisons. Il semble même s’excuser en espérant ne rien créer de pénible ou d’accablant. Mais il s’empresse d’encourager ses disciples à ne pas fuir ni à se laisser décourager par la crainte…Et il laisse entrevoir comme une promesse le bonheur d’une course plus aisée à la suite du Christ, dans un cœur dilaté par la douceur de l’amour.

Pourquoi faut-il donc des institutions, une école, une règle ? Une part de nous-mêmes y répugne, et résiste…Une autre part plus secrète, encore à naitre sait combien nous avons besoin d’être aidé et épaulé pour avancer à la suite du Christ. Laissés à nous-mêmes, nous serions paresseux, ou livrés à nos illusions… L’actualité des dernières années sur les nouvelles communautés ou congrégations religieuses pourrait constituer un plaidoyer en faveur de l’érection de structures et de règles communautaires équilibrées. Nous pouvons nous réjouir d’être portés par la règle et la tradition bénédictine. Eprouvée durant des siècles, elle demeure une source de sagesse et une maitresse de vie. L’auteur de l’épitre aux Hébreux parle de la Parole divine comme d’un glaive à deux tranchants qui « pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles…. » (He 4, 12). On pourrait dire de même que la Règle est une mise en œuvre concrète de la Parole divine. A ce titre, elle est comme un glaive qui pénètre dans tous les aspects de notre vie la plus quotidienne. Elle nous apprend à faire œuvre de discernement et elle nous stimule dans notre manière de manger, de travailler, de gérer notre temps, de posséder, d’obéir, de nous rapporter aux autres, de nous tourner vers Dieu… La règle nous offre ainsi des repères pour un vivre ensemble qui nous construit chacun tout en édifiant toute la communauté… S’il y a encore une part de nous-mêmes qui pense pouvoir vivre sans règle, humblement remettons-nous sous sa conduite, pour désirer, chercher, faire, obéir…. Car à travers elle, nous sommes à l’école du Christ, « le seul Maitre dont le joug rende libre » ! Si parfois, elle nous émonde ou nous rabote, c’est pour purifier notre cœur appelé à aimer en vérité. « O Christ dont le joug rend libre, aide-moi à marcher sous la Règle, ce joug qui me fait avancer, uni à toi… » (2015-06-10)