vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 14, v 1-2 Aux anniversaires des saints, comment célébrer les vigiles? écrit le 14 décembre 2016
Verset(s) :

1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,

2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.

Commentaire :

Fêtes des saints, solennités... certains les aiment particulièrement, d'autres les

redoutent et préfèrent de beaucoup le temps ordinaire avec sa simplicité. Le calendrier nous

offre les deux, et les fêtes-solennités et le temps ordinaire, sans compter les temps spéciaux,

comme l ' Avent, le temps de Noël, le Carême et le temps pascal. Au-delà, de nos goûts ou de

nos préférences, le calendrier liturgique nous déplace toujours. En son déroulement, il nous

invite à regarder vers Celui que nous attendons et qui va venir au terme de l'Histoire comme

l'Amour qui récapitule toute chose ... D'un côté nous avons les fêtes majeures de Pâques,

Noël, Ascension, Pentecôte, Annonciation, l'Immaculée Conception, Assomption, Toussaint.

Elles se dressent comme des points cardinaux qui donnent son architecture à notre Histoire

sauvée par le Christ. Son histoire humaine célébrée et actualisée en notre temps devient notre

propre histoire. De l'autre côté,nous avons des fêtes moins importantes, fêtes du Christ

comme la Transfiguration ou la Croix Glorieuse, ou fêtes de la Vierge comme celle de sa

nativité, auxquelles s'ajoutent les fêtes des saints Pierre et Paul, Joseph, Jean Baptiste, et bon

nombre d'autres dont le degré de solennité grandit avec le degré de proximité, comme pour

nous la fête de St Benoit, de St Grégoire ou de St Martin ... Ces fêtes moins importantes sont

des phares projetés sur nos routes quotidiennes ... Phares qui projettent sur notre monde la

lumière du monde à venir de ces hommes et femmes que nous croyons dans la lumière de

Dieu. Phares qui redonnent sens et espérance à notre marche de croyant plus ou moins

tâtonnante en ce monde. En ces témoins privilégiés de l'Evangile, nous célébrons l'œuvre de

l'Esprit qui a façonné des visages et des vies toujours plus à l'image du Christ. En pareil

occasion, les antiennes et les hymnes, mais aussi le choix des lectures nous enseignent en

relevant tel trait particulier. Ce matin, en cette fête de St Jean de la Croix nous célébrons « le

visage du seul Maitre qui transparait dans ses écrits. Tout rayonnants de sa lumière, les mots

muris dans la prière rendent plus prochele mystère que le Christ a révélé ». En ce temps de

l'Avent, j'évoque encore l'hymne de la St Jean Baptiste:« Tu cries dans le désert dans le

désert, tout un peuple se lève vers le Jourdain, ton baptême réveille la soif d'eau vive, Proche

est la Source» ... La richesse poétique des hymnes, les rapprochements opérés par les

antiennes entre plusieurs passages scripturaires nourrissent notre intelligence de l'œuvre de

l'Esprit du Christ, aujourd'hui comme hier, dans le peuple de saints que nous ne cessons de

devenir. (14/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 12-14 Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines? écrit le 13 décembre 2016
Verset(s) :

12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Ces lignes entendues de la RB nous font comprendre l'importance que Benoit attache

à la prière du Notre Père dite à l'office. Et en même temps, on peut s'étonner de la note

exclusivement morale qu'il donne à la récitation de cette prière: le pardon mutuel des

offenses. En filigrane, il nous faut surtout entendre combien toute parole prononcée est prise

au sérieux, et combien notre prière nous engage devant Dieu.

Ici, et en écho à la formation permanente commencée hier sur la tradition luthérienne

et l' œcuménisme, j'aimerai faire un rapprochement avec le texte du Groupe des Dombes sur

le Notre Père, intitulé: « Vous donc, priez ainsi» ... Il est intéressant de voir que la

perspective morale de St Benoit est très présente dans le projet de ce livre, fruit d'un travail

commun entre membres de confessions chrétiennes. Je cite le propos: « Il ne s'agit pas de

proposer un commentaire de plus, mais d'explorer comment cette prière nous engage à créer

un nouvel élan œcuménique. Méditer et prier ensemble le Notre Père nous révèle notre

identité chrétienne commune et en même les conversions auxquelles nos Eglises et nous-

mêmes sommes appelés ... »(2) Ainsi le chapitre 1 a-t-il pour titre: « Problématique, le Notre

Père dans une dynamique de conversion ». Après les chapitres 2 et 3 plus historique et

biblique, le chapitre 4 est « Le Notre Père, un itinéraire de conversion », dont je relève

quelques lignes sur le pardon, extraite des défis œcuméniques. « Nos Eglises ne peuvent

progresser vers la communion sans reconnaitre leurs offenses mutuelles et sans s'engager sur

un chemin de réconciliation» ... « Il faut en outre veiller à ce que l'esprit de repentance

œcuménique pénètre le plus possible l'ensemble des communautés chrétiennes. Chaque Eglise

ou confession peut-être, en effet, tentée de valoriser unilatéralement son histoire, de donner

une image durcie de sa propre identité, de perpétuer des images erronées et injustes à propos

des « autres », ou de se réjouir lorsque ceux-ci sont aux prises avec de grandes difficultés.

Cela n'est pas conforme à l'Evangile, et il importe donc que, par la prédication, la catéchèse

et la liturgie, les communautés reçoivent l'aide nécessaire pour dépasser de telles mentalités

et qu'elles entrent vraiment dans l'attitude de repentir et de pardon» (195). Je poursuis:

« Les avancées mêmes du mouvement œcuménique conduisent paradoxalement à souligner de

nouvelles exigences de conversion ... Nous ne pouvons pas nous en tenir à un simple statu quo,

car nous avons conscience de ce que nous avons encore et toujours des offenses à nous

pardonner mutuellement: le fait de la division est une offense envers Dieu, en même temps

qu'il est un contre-témoignage dans le monde. Mais si nous persévérons et progressons dans

le sens du pardon et de la réconciliation, alors seulement nous pourrons dire en vérité:

'Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés' »

(196). Laissons-nous donc enseigner par le Notre Père, prié sept fois par jour au moins, pour

entrer dans cet esprit de repentance désireux de réconciliation, avec nos frères tout proches, et

avec nos frères de toutes confessions chrétiennes.(13/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 1-11 Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines? écrit le 10 décembre 2016
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

Commentaire :

De manière habituelle, quand Benoit présente le déroulé de l'office, il ne parle pas

d'oraison, au sens de notre prière brève qui conclue l'office. Il parle seulement de l'oraison

dominicale, prière du Seigneur, c'est-à-dire la prière du Notre Père, comme nous le verrons

ensuite. Quand l'habitude s'est-elle prise à l'office d'insérer ces brèves prières, qui comme à

la messe, joue le rôle de collecte qui rassemble en une même expression notre prière

commune? Je ne sais ...

Notre pratique actuelle s'enracine en bonne part dans la réforme faite depuis le

concile. Dans la présentation générale de la prière des heures (PGLH), qui donne le sens et les

indications pour la prière des heures dans l'Eglise, on distingue deux types d'oraisons: celles

qui sont reprises de la messe, et celles qui sont liées à l'heure célébrée. On reprend les

oraisons de la messe, principalement les dimanches, les solennités, fêtes et mémoires, ainsi

que durant les jours de semaine en Avent, au temps de Noël, en Carême et au temps pascal.

Dans ces cas, il est prévu de prendre la même oraison à tous les offices. Dans cette pratique

inscrite dans le bréviaire romain, on peut entendre le soin mis pour rattacher la prière de

l'office à celle de la messe. Est mieux signifiée ainsi combien, la prière des heures s'insère

dans la grande célébration de l'Histoire du Salut dont nous faisons mémoire et que nous

actualisons année après année. Pour le temps ordinaire, est prévu de dire les jours de semaine,

une oraison qui « exprime le caractère de l'heurequ'on célèbre» (PGLH 200).

Notre façon de faire aujourd'hui à la PqV s'inspire et de la règle et de l'office romain.

Elle distingue entre les offices majeurs: Vigiles du dimanche, les Laudes et les Vêpres de

tous les jours qui ont une oraison, et les autres offices, les vigiles de semaine et les petites

heures de tous les jours qui n'ont pas d'oraison et qui s'achèvent par le Notre Père. Sur ce

dernier point, nous sommes proches de la Règle de St Benoit qui prévoie de réciter le Notre

Père, même si c'est en silence aux petites heures, comme nous le verrons. Quand nous avons

l'oraison aux offices majeurs, celle-ci est tirée de la messe pour les Vigiles du dimanche, ainsi

que pour les Laudes et les Vêpres de tous les jours durant les temps spéciaux (Avent, Noël,

Carême, Pâques). Par contre en temps ordinaire aux Laudes et aux Vêpres, nous utilisons des

oraisons composées, soit en lien avec l'heure célébrée (matin ou soir), soit en lien avec

l'évangile lu (le dimanche soir par ex). Notre manière de faire a voulu redonner une place de

choix à la prière du Notre Père que nous avons à tous les offices selon la RB, contrairement à

l'office romain qui ne la prévoie pas aux petites heures. Le fait de privilégier en dehors des

temps liturgiques spéciaux (Avent, Noël, Carême et Pâques), des oraisons qui expriment le

caractère de l'heure veut aussi enraciner notre prière dans l'épaisseur du quotidien ... J'aime

particulièrement l'oraison dite aux Vêpres: «En cettefin de journée, Seigneur Dieu, même si

le poids de notre misère nous accable, fais que nous t'aimions assez pour ne jamais

désespérer de ta miséricorde, puisqu'elle demeure àjamais en Jésus, le Christ, notre

Seigneur ... » (10/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 12, v 1-4 De quelle manière célébrer la solennité des matines? écrit le 07 décembre 2016
Verset(s) :

1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.

2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.

3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,

4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.

Commentaire :

Dans ce chapitre, on peut noter cette précision: le capitule lu après les psaumes, sera

tiré de l'Apocalypse. Une précision qui accentue la note pascale déjà donnée à l'office des

Laudes du dimanche par les Ps 117, 62, et par le cantique des trois enfants de Daniel, que

Benoit appelle « bénédictions». Ces textes tirés de 1 ' AT sont chantés comme des

préfigurations de ce matin unique de la Résurrection dont chaque dimanche fait mémoire.

Avec la lecture tirée de l'Apocalypse, c'est une note eschatologique qui est donnée. Sans

qu'on sache précisément le ou les texte(s) choisi(s) par Benoit, le livre de l'Apocalypse chante

la victoire du Christ sur les puissances de mort, victoire qui ne cesse de s'actualiser dans le

temps présent jusqu'à 'la consommation des temps. Choisir un morceau de l'Apocalypse pour

lecture à l'office des Laudes du dimanche, est une manière de relier la mémoire de la

Résurrection à son plein accomplissement qui, tendu vers la Venue du Christ Glorieux, se

réalise déjà dans notre histoire en travail d'enfantement.Quand nous faisons mémoire de la

Résurrection, chaque dimanche, nous ne faisons pas que nous souvenir d'un évènement passé,

mais nous célébrons et accueillons dans nos vies présentes, la vie du Ressuscité, pour qu'elle

transforme notre monde appelé à être sauvé.

Comme je le disais déjà, un propos plus pédagogique nous a conduits à prendre pour

capitule à Laudes, la seconde lecture de la messe, afin d'unifier notre écoute et notre attention

durant notre journée monastique. Mais la note eschatologique apportée par l'Apocalypse est

aussi présente dans notre office. Le cantique chanté aux Vêpres du dimanche est tiré de l'Ap.

En ce temps de 1 ' Avent, nous chantons un extrait du chap. 15 ... C'est le « Cantique de Moïse

et de l'Agneau»repris par « tous ceux qui ont remporté la victoire sur la Bête ». Ce cantique

exprime déjà la victoire réalisée qui sera manifestée à la fin des temps que nous attendons:

« Toutes les nations viendront se prosterner devant toi, car tes jugements se sont révélés» ...

En temps ordinaire, nous avons ce beau cantique tiré du chap. 19, « voix d'une foule immense

qui, comme la voix des océans» proclame: « Alléluia! Il règne,le Seigneur, notre Dieu tout-

puissant ... Car elles sont venues les noces de l'Agneau,et pour lui son épouse a revêtu sa

parure!» En reprenant ce cantique, nous sommes la voix de l'Epouse qui déjà participe à la

victoire de l'Agneau, dans l'Espérance de la voir s'accomplir pleinement. Ecouter et chanter

l'Apocalypse, nous fait percevoir combien notre chant ici et maintenant est mémorial,

souvenir de l'évènement pascal, actualisé dans notre participation à la Victoire du Christ

Vivant, dans l'attente qu'Il vienne. (07/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 7-13 Comment célébrer les vigiles le dimanche? écrit le 06 décembre 2016
Verset(s) :

7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,

8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .

9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.

10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.

Commentaire :

« La lecture de l'évangile achevée, tous répondront: 'Amen' ». Notre pratique actuelle

pour achever les Vigiles est un peu différente. L'évangile est conclue par l'acclamation

trinitaire' Te decet laus - A toi la louange, à toi l 'hymne de gloire'. Puis vient l'oraison du

dimanche à laquelle on répond « Amen» qui conclue alors l'office.

Il n'est certainement pas identique de répondre« Amen» à la lecture de l'évangile,

que de le faire à la suite d'une oraison, cette prière attachée à un dimanche ou à une fête. On

peut penser que le « Amen» à la suite de l'évangile -alors certainement un évangile de la

résurrection- exprimait l'adhésion vive de la foi en la résurrection proclamée dans la Parole,

ou encore la foi vive en Jésus, le Vivant reconnu en la Parole proclamée. La lecture solennelle

de l'évangile entendue debout aux vigiles comme à la messe, nous met en présence de Jésus le

Vivant en sa Parole. Je me pose la question s'il ne serait pas juste lors des Vêpres, d'écouter

l'évangile aussi debout, restant debout après le cantique du NT, avant de se rasseoir après la

lecture. Normalement, le cursus des capitules lus durant l'office ne prévoit pas la lecture de

l'évangile. Nous l'avons inséré, dans un souci pédagogique, afin de ne pas multiplier les

textes scripturaires entendus et de permettre une meilleure assimilation, tout en donnant une

unité entre euchar. et office. La commission de liturgie pourrait réfléchir si cela est opportun.

Pour revenir aux vigiles, l'acclamation trinitaire mise après l'évangile est aussi une

belle façon d'élargir notre adoration, non seulement au Christ, mais à la Ste Trinité. Tout le

mystère du Christ est ressaisi dans la lumière de la gloire trinitaire.

Je voudrais m'arrêter pour finir sur l' « Amen ».Nous avons bien des occasions de le

dire durant nos journées: pour conclure les oraisons à l'office, à la messe, mais aussi au

réfectoire, ou encore à la fin des offices de Laudes et de Vêpres, et enfin après la bénédiction

qui introduit les lectures aux vigiles. Je remarque une chose: lorsque les « amen» sont dits, et

non chantés, je les trouve bien peu dynamiques ... presque poussifs ... comme si on n'était pas

vraiment là dans ce qu'on dit. Cette parole qui signifie: j'adhère, je crois (qu'on pense au

moment où l'on reçoit le corps du Christ) a un relief qui mérite d'être souligné. Nous ne

pouvons l'escamoter, ou la dire du bout des lèvres. Chacun veillons à être davantage là dans

notre « Amen », dans notre réponse de foi. La commission de liturgie pourrait vérifier si un

mode cantilé ne favoriserait pas une réponse plus ferme. (06/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 1-6 Comment célébrer les vigiles le dimanche? écrit le 01 décembre 2016
Verset(s) :

1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.

2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.

3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.

4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.

5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.

6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.

Commentaire :

Michaela Puzicha qui commente la RB, et dont j'aime bien lire les commentaires, note

que St Benoit innove aux vigiles du dimanche, en mettant au 3° nocturne, des cantiques tirés

des prophètes, et non des psaumes, selon un usage alors répandu (cf Commentaire de la Règle

de St Benoit, vol 1, p. 201). Peut-être veut-il ainsi préserver le nombre des 12 psaumes sans

en ajouter? Cela laisse pressentir aussi la place d'honneur qu'il donne à ces textes de l'AT,

qui sont psalmodiés comme les autres psaumes. Al' office des Laudes, il prévoit la psalmodie

d'un cantique de l'AT, en conformité avec l'usage de l'office célébré dans les basiliques

romaines. Aux Vêpres, il ne connait pas l'emploi de cantiques tirés du NT.

Que dire de l'usage des cantiques que nous faisons dans nos offices? Nous avons

conservé l'usage d'un cantique de l'AT aux Vigiles des dimanches et des fêtes, ainsi qu'aux

Laudes et l'usage d'un cantique du NT aux Vêpres. Les cantiques tirés de l'AT varient selon

les temps liturgiques, alors que ceux du NT varient peu. Cette variété est riche pour nous faire

chanter et entendre des textes tirés des corpus des prophètes, notamment durant l ' Avent (à

l'exception de celui tiré des Nb), mais aussi en Carême et au Temps Pascal. En temps

ordinaire, nous puisons aussi aux livres sapientiaux ... Il Y a quelques années, f. Hubert nous a

permis d'avoir à Laudes, un éventail de cantiques plus large en intégrant de nouveaux textes

proposés à la fin de notre psautier, et en les répartissant en une semaine 1 et 2 ... Peut-être

pourrait -on faire de même pour les cantiques de l'AT des vendredi et samedi du temps

ordinaire qui sont encore identiques pour les semaines paires et impaires.

Cet usage plus développé des cantiques de l ' AT nous permet d'entendre et de faire

nôtre des voix aux harmoniques différentes selon les livres bibliques. Il n'est pas pareil de

chanter le poème prophétique de Balaam, comme ce matin: « Ce héros, je le vois, mais pas

de près ... un astre se lève, issu de Jacob» ou de reprendre la plainte du prophète Isaïe que

nous aurons demain: « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais ... nous sommes tous

l'ouvrage de tes mains ». Ces cantiques nous enseignent, et sur le dessein de Dieu qui se

réalise dans l'histoire, et sur l'espérance confiante du peuple d'Israël en son Dieu. Ces

cantiques morceaux choisis des livres prophétiques ou sapientiaux nous offrent comme un

condensé de la Bonne Nouvelle du Salut:« Ne crains pas, Sion, Ne laisse pas tes mains

défaillir! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui le héros qui apporte le salut» (So 3, 14sq) - (01/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 1-3 Comment célébrer la louange nocturne en saison d'été? écrit le 30 novembre 2016
Verset(s) :

1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,

2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.

3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.

Commentaire :

Si l'on doit raccourcir l'office des vigiles, en raison de la brièveté de la nuit en été, St

Benoit tient fermement à ce que l'on maintienne le nombre des 12 psaumes, selon une

tradition transmise par Cassien et reçue de l'Egypte. Le Maitre fixait le nombre minimal à 9,

d'autres à 24 ou 18 ... Ce nombre de 12 psaumes est compté en dehors du psaume 3 qui est

une sorte d'introduction, et du psaume 94, le psaume invitatoire ...

Je voudrais m'arrêter sur nos psaumes invitatoires. Après le verset, « Seigneur, ouvre

mes lèvres », par lequel nous exprimons notre indigence et notre faiblesse pour prier, si Dieu

ne nous vient en aide, le psaume invitatoire nous entraine dans la prière. Le type du Ps

invitatoire reste le Ps 94. J'en retiens trois éléments qui structurent notre prière: l'invitation à

l'action de grâce joyeuse, l'appel à l'adoration et l'exhortation à l'écoute ... Invitation à

l'action de grâce joyeuse:« venez crions de joie pour le Seigneur. 00 Allons jusqu'à lui en

rendant grâce », au motif qu'il est le créateur de tout « il tient en main les profondeurs de la

terre ». Prise de conscience qui appelle l'adoration:« Entrez, inclinez-vous ... adorons le

Seigneur qui nous afaits ». Prise de conscience « qu'il est notre Dieu et que nous sommes le

peuple qu'il conduit » ... et qui engage alors à l'écoute:«Aujourd'hui écouterez-vous sa

parole? ». Cette interpellation divine, reprise au début du Prologue (10), sonne comme

l'appel majeur qui sous-tend toute l'activité de l'office choral, comme toute la vie du moine:

vivre à l'écoute de la Parole, en dialogue continuel avec le Seigneur qui parle. Ces trois

éléments se retrouvent plus ou moins dans les autres Ps invitatoires que nous utilisons. Ps 80 :

« Criez de joie pour le Seigneur notre force» ... « Sonnez du cor pour le mois nouveau» en

souvenir de la sortie d'Egypte quand le Seigneur a sauvé Israël de l'oppression. Mémoire qui

renouvelle l'appel à l'écoute:« Ecoute, je t'adjure, ô mon peuple. 00 Ouvre ta bouche moi le

j'emplirai ... » Au Ps 95, la note de louange joyeuse se mêle à l'adoration. « Chantez au

Seigneur un chant nouveau ... Adorez le Seigneur éblouissant de sainteté .. .Joie au ciel, exulte

la terre ... » Pas d'appel explicite à l'écoute, mais une confession de foi et d'espérance dans le

Seigneur qui vient: « Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité» ... On

peut relire ainsi encore le Ps 97 et 98 que l'on a le vendredi et le samedi ... Dans ces derniers,

l'appel à l'écoute n'est pas explicite. La foi dans le Seigneur qui vient anime le Ps 97 : « que

les montagnes chantent leur joie, car il vient pour gouverner la terre » ... Notre prière est

toujours tournée vers la promesse d'un avenir de justice réalisé par Dieu et que nous célébrons

en chaque Avent. (30/11/12016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 09, v 1-11 Combien de psaumes faut-il dire aux heures de la nuit? écrit le 29 novembre 2016
Verset(s) :

1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

2. On y joindra le psaume trois et le gloria.

3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.

4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.

5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.

6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.

7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.

8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.

9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.

10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,

11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.

Commentaire :

« Tous se lèveront de leur siège en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte

Trinité » ... Notation corporelle comme en passant dont St Benoit est assez économe en

général. Notation précieuse cependant qui rappelle combien nos attitudes corporelles sont

aussi prière et expression de notre être en présence de notre Dieu. Dans l'office de Benoit, la

prière chorale était dite debout.Cette attitude était déjà selon les mots de Benoit une manière

de se tourner vers Dieu« en signe d'honneur et de révérence ». Sans savoir si St Benoit y

pensait, on peut faire le rapprochement avec la phrase de l'évangile que l'on entendait la

semaine passée, au terme de l'année liturgique: « Restez éveillés et priez en tout temps: ainsi

vous serez jugés dignes de paraUre debout devant le Fils de l'homme» (Le 21, 36). L'attitude

de la prière debout peut alors aussi avoir une portée eschatologique. On ne s'asseyait que pour

écouter les lectures, à l'exception de celle de l'évangile qui conclue l'office des vigiles du

dimanche. Cette pause assise est conclue par le dernier des trois répons qui comporte un

gloria... Alors tous se lèvent jusqu'à la fin du second nocturne qui va suivre. C'est donc le

gloria qui appelle les moines à se lever. Prononcer le nom de la Ste Trinité résonne comme

une invitation à signifier dans le corps l'honneur qui lui est du. Benoit connait le prix de ces

paroles:« Gloire au Père et au Fils et au St Esprit ». En une époque où plusieurs régions

d'Italie sont encore sous influence arienne, elles ont valeur de confession de foi orthodoxe en

l'égale dignité des trois personnes divines. Chacune et toutes en leur unité méritent notre

révérence. Notre pratique actuelle est un peu différente: nous sommes assis pour prier les

psaumes, et nous nous levons en nous inclinant à chaque gloria concluant les psaumes, les

cantiques et les répons. L'inclination met l'accent sur la révérence et l'adoration. Quand le

nom de la Ste Trinité est proclamé, notre corps épouse la confession de nos lèvres en un geste

qui fait ce que nous disons ... et par là dit bien plus encore que les mots. C'est la grâce de nos

gestes liturgiques d'exprimer ce que les mots sont impuissants à formuler.Je note une

exception: le dimanche à Laudes, à la fin du Ps 117, s'est prise l 'habitude de se lever sans

s'incliner. Sans qu'il y ait concertation, ni parole. C'est comme si ce Ps 117 avait une telle

connotation pascale que nous ne savons pas faire autrement que de rester debout, l'attitude

pascale par excellence. Je crois que c'est une bonne chose. (29/11/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 08, v 1-4 Des offices divins au cours des nuits écrit le 25 novembre 2016
Verset(s) :

1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,

2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.

3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.

4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.

Commentaire :

Il y a quelque temps, un jeune rencontré à l'hôtellerie me demandait conseil afin de

prier la nuit. Il désirait donner une place à cette prière nocturne dans sa vie tout en mesurant

qu'il lui était difficile de l'intégrer avec le travail et le rythme de la vie séculière. Dans cette

prière, il avait le sentiment de rejoindre quelque chose de la profondeur de l'expérience

croyante devant Dieu. Je l'invitais à se donner un temps par semaine, s'il le pouvait ...

La prière de la nuit était familière à Jésus, si on en croit les évangiles. Il s'y adonnait

peut-être tout simplement parce les journées bien remplies ne lui en laissaient pas beaucoup le

loisir. Le silence de la nuit s'offrait à lui comme un refuge spontané. Nous pouvons faire une

expérience semblable quand nous sortons pour des rencontres où la prière de l'office n'est pas

prévue. La nuit restera alors souvent notre seul moment pour prier, soit tard le soir, soit tôt le

matin ... Temps de respiration profonde où l'on reprend souffle pour toute la journée. Au

monastère, la prière nocturne acquiert encore une autre signification: celle de la veille. Nous

la recevons comme un appel autant que comme une grâce. Appel et grâce de garder notre

cœur, notre désir en éveil pour Dieu. Appel pour répondre à l'invitation du Christ de veiller

dans l'attente de sa venue: «S'il vient seulement à la deuxième ou à la troisième veille de la

nuit et les trouve en train de veiller, heureux sont-ils» (Le 12,38). Grâce de pouvoir se lever

et de se tenir en présence de Dieu, simplement parce qu'il est Dieu et que c'est une joie

profonde de se tourner vers Lui. Même si à certains jours, cette joie n'est pas sensible, car

reléguée par les soucis ou la fatigue. La prière de la nuit nous récompense souvent de l'effort

du lever, parce qu'elle nous trouve plus ouvert, plus à l'écoute. Notre terre est là plus

disponible au travail de la Parole ruminée dans les psaumes et entendue dans les lectures. Les

mots résonnent autrement, comme si notre pâte humaine unie à celle de toute l'humanité en

quête de paix, se laissait plus facilement pétrir par les mains du divin potier. Car la nuit donne

aux mots non seulement leur résonnance divine, mais aussi toute leur résonnance humaine.

Les longs psaumes historiques, ou les difficiles psaumes imprécatoires s'éclairent à la lumière

de l'actualité douloureuse que beaucoup connaissent. Nous qui sommes privilégiés de vivre

en paix, et dans le soutien fraternel d'une communauté, pouvons faire monter vers Dieu notre

Père, tous les cris que beaucoup de ses enfants ne savent ni comment ni à qui les adresser. En

nous, se fortifie alors l'espérance plus forte que la nuit et plus forte la mort. (25/11/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, 67-70 De l'humilité écrit le 24 novembre 2016
Verset(s) :

67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.

68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,

69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.

70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !

Commentaire :

« Il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait» ... Mot à mot: il parviendra à cet

amour ... ce qui n'est pas sans rappeler le « tu parviendras à ces sommets de doctrine et de

vertus» qui conclue la Règle. Vertu par excellence, l'humilité est un sommet alors même

qu'elle fait expérimenter au moine une forme d'abime à ses propres yeux... Un être là avec le

Christ humilié et défiguré qui introduit dans le mystère de l'amour qui l'anime. Sous la

conduite de l'Esprit Saint, le moine entre dans une capacité à aimer Dieu qui ne vient pas de

lui. Elle vient comme une sorte de recréation alors même qu'il fait l'expérience de n'être rien,

de ne pas exister, voire d'être bafoué comme au 4° ••• La traversée fidèle, patiente et

persévérante de toutes les contrariétés liées à l'obéissance, voire liées à des injustices, cette

traversée vécue avec le Christ et pour lui, transforme le moine malgré lui. Elle opère un

renouvellement de son être entier qui a consenti à se dessaisir de lui-même. Le Christ qui est

passé le premier par cette voie, offre ainsi à ceux qui le suivent, le fruit très savoureux de

l'amour, prémices en ce monde de la victoire de sa résurrection. C'est pour nous une forte

lumière, un fruit bien plus désirable que celui du premier jardin de la genèse. Dans le jardin

d'Eden, Eve a été trompée par le serpent qui l'incita à n'obéir qu'au plaisir sensoriel.

Aujourd'hui l'Esprit Saint reçu à notre baptême nous donne de reconnaitre l'excellence du

fruit de l'humilité. Mais pour le goûter, il ne s'agira pas de prendre ou de ravir, mais de se

laisser prendre, de se laisser conduire intérieurement dans une docilité toujours plus simple et

plus souple. L'Esprit Saint nous donne de retrouver le goût heureux et savoureux de

l' 0béissance ... un goût perdu et même devenu amer par suite de notre péché. « Ce qu'il

observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme

naturellement, par habitude, par amour du Christ ... pour le plaisir que procurent les vertus ».

Oui, l'humilité nous rend à nous-mêmes, à notre vraie humanité. Avec elle, par elle, nous

devenons capable de faire le bien avec « plaisir », « sans frayeur », « comme naturellement ».

En nous, s'ouvrent les vannes de l'amour. Réjouissons-nous d'entendre ces lignes de St

Benoit ce matin. Elles tracent un horizon de vie heureuse au cœur de notre vie cachée et

laborieuse dans l'obéissance, mais porteuse d'une vraie fécondité.(24-11-2016)