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12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.
13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,
14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;
15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.
16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.
17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.
18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
Dans l’ordonnancement de l’office soucieux de « garder tous les jours également une disposition uniforme », St Benoit ne parle pas de silence. Est-ce cette absence qui fait qu’en bon nombre de monastères, l’office s’enchaine à un rythme soutenu sans laisser de place à un vrai silence ? A la PqV, nous avons pris le parti de ponctuer la récitation des psaumes de brefs silence et de faire un silence plus important après la lecture. Introduire ainsi un silence, c’est donner du relief à la prière. Tout n’est pas mis sur le même plan. Les éléments apparaissent mieux pour eux-mêmes. Ainsi les psaumes se détachant les uns des autres ressortent un peu mieux en leur caractère propre. De même la lecture se détache-t-elle nettement dans notre office en raison du silence qui la suit. Elle se trouve alors mise en valeur comme le moment privilégié d’une parole adressée. De même pour mettre celle-ci en valeur, comme d’ailleurs toutes les autres lectures, celles de la messe en particulier, j’encourage les lecteurs à laisser aussi un bref temps de silence avant la lecture. En effet, il est bon de ménager un petit espace de 5 à 10 secondes qui permet aux auditeurs d’être bien assis, de ne plus remuer, et de se disposer ainsi à écouter. Car, c’est surtout vrai pour les deux lectures de la messe du dimanche, il est dommage de commencer tout de suite la lecture, alors que bon nombre bougent encore en train de se mettre à l’aise. Il n’est pas rare alors que l’on commence vraiment à écouter la lecture, alors que celle-ci en est déjà à la moitié.
Comment faire des temps de silence de l’office, après les psaumes et surtout après les lectures, un vrai temps de prière ? Effectivement, si l’on s’ennuie, si l’on attend impatiemment qu’arrive le coup de gong, on passe à côté. Tout d’abord, il nous faut consentir au fait que le silence introduit comme un vide… et nous n’aimons pas le vide, le rien. Il peut nous faire peur. Il accentue le fait que notre prière est d’abord de l’ordre du recevoir. Nous sommes invités à être passif pour laisser l’Esprit du Seigneur prier en nous. Ensuite, ce silence peut jouer le rôle d’espace de résonnance, comme en musique. Nous pouvons laisser résonner dans notre cœur, l’antienne qu’on vient de chanter, un mot du psaume, ou bien un verset de la lecture. Laisser résonner pour mieux écouter, pour mieux nous laisser ensemencer par la Parole, presqu’à notre insu. Il nous revient seulement de prêter une certaine attention, d’offrir notre présence. La grande lecture des vigiles est à cet égard emblématique de ce travail. Etant plus longue, lorsqu’elle est bien lue, elle nous plonge dans une réflexion priante comme en ce moment avec Ben Sira le Sage qui peut nourrir ensuite le temps de silence plus long, grâce aussi à l’éclairage du répons. Nous pouvons simplement rendre grâce pour la lumière reçue, ou implorer le pardon lorsque le récit nous donne par exemple de communier aux souffrances des hommes...
1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.
2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.
3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.
4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.
5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.
6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.
7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.
8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,
9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.
10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,
11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.
Ce chapitre un peu fastidieux qui énumère les psaumes répartis selon les différents offices peut être l’occasion de s’arrêter sur certains psaumes que nous prions habituellement. Je propose ce matin de méditer un peu le psaume 118… Lorsque nous partageons entre nous sur les psaumes qui nous parlent davantage, il est rare que soit cité le Ps 118. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il est très long : 176 versets ; ou parce qu’il semble intemporel, sans ancrage dans une situation concrète d’épreuve, de maladie ou de péché comme la plupart des autres ; peut-être aussi parce qu’il semble toujours dire la même chose. Ce psaume est impressionnant par son organisation en autant de strophes qu’il y a de lettres de l’alphabet hébreu, chaque verset de chaque strophe commençant par la même lettre hébraïque. Mais il est aussi impressionnant par le cœur à cœur avec Dieu dont il témoigne. Le « je » du psalmiste se tisse presque sans discontinuité avec le « tu » de Dieu pour méditer sa loi. L’usage des nombreux synonymes du mot « loi » traduit dans notre psautier liturgique par « volontés, commandements, préceptes, décisions, exigences, parole, promesses, ordres » etc… sont certainement plus qu’une élégance littéraire. Elles nous font signe de la finesse à laquelle aspire le psalmiste dans son désir d’approfondir sa relation avec Dieu. Car s’il semble ne pas cesser de chercher à s’ajuster au plus près à la volonté de son Dieu, il lui faut être attentif à la manière avec laquelle Dieu se révèle à lui.
Si tout peut être regardé sous l’angle de la parole que Dieu adresse, celle-ci prend des nuances qui sont autant d’indications pour qui veut « marcher dans ses voies » (118, 3) et « affermir ses voies » dans l’observance des commandements (118, 5). Il me semble que c’est cet angle de vue qui peut orienter notre prière de ce Ps repris, durant les offices de Sexte de la 1ère semaine. Nous rendre attentif aux nuances de la prière pour affiner notre propre dialogue intérieur avec le Seigneur. Si nous ne sommes pas toujours en phase avec tous les versets que nous disons, recevons-les cependant comme une lumière qui vient éclairer des possibilités pour notre cœur de se tourner vers son Seigneur de façon renouvelée. Car chemin faisant, notre cœur peut s’élargir, car le Seigneur « le met au large » (118, 32), parce qu’il découvre son plaisir le plus profond « en ses exigences qui nous conseillent » (118, 24), parce que « déchiffrer la parole illumine » (118, 130), parce que « tout dans ses ordres est vérité » (118, 151) … Laissons-nous enseigner les chemins du cœur à cœur avec Dieu, dans lesquels nous découvrirons de mieux en mieux autant le cœur de Dieu que notre propre cœur.
1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.
2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,
3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.
4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.
5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.
6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.
7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.
8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.
9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.
10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.
Une chose frappe dans la présentation du déroulement de chaque office faite par Benoit, c’est la place de l’hymne. Celle-ci occupe dans l’ensemble des offices de la journée, 3 places différentes : aux vigiles et aux petites heures, Prime, Tierce, Sexte et None, l’hymne se trouve au début, soit après le verset d’ouverture, soit après l’invitatoire, comme nous aujourd’hui ; aux offices de Laudes et Vêpres, elle se situe après la psalmodie, et le répons qui fait suite à la lecture ; à Complies, elle se situe après la psalmodie et avant la lecture. Pourquoi une telle variété ? Il n’est pas facile de le savoir…Placée au début de l’office, l’hymne donne en quelque sorte le ton. Placé après le capitule de la Parole de Dieu, au milieu de l’office, vient-elle illustrer soit la Parole entendue, soit l’office lui-même… Mais quel sens peut avoir l’hymne lorsqu’elle suit la psalmodie et précède juste le capitule de la Parole de Dieu ?
Notre pratique actuelle se veut plus unifiée en plaçant l’hymne au début de toutes les heures célébrées, après le verset d’introduction ou le Ps invitatoire pour les Vigiles. Avec elle, nous sommes conduits, guidés dans l’office propre que nous célébrons. L’hymne donne le sens de l’heure célébrée en lien avec le déroulement du cycle du temps et avec le mystère du Christ. De ce point de vue, nos hymnes des petites heures sont de bons éclaireurs, nous permettant de prier en lien avec le temps qui passe inséparablement associé à un moment de la vie du Christ. Si je prends l’exemple de cette journée de prière pour nos défunts, réplique monastique de la journée du 2 novembre, les hymnes tiennent une place importante. Elles éclairent et unifient notre prière pour nos défunts. Sans discours, mais par leur seule force poétique, elles nous guident. L’hymne des Vigiles introduit dans un dialogue entre l’âme et son Seigneur, dialogue intime et initiatique pour entrer dans le mystère de notre surgissement en Christ, heureux de balbutier son nom, « plein de silence », Lui seul notre liberté. L’hymne de Laudes, « Dieu tu révèles ta lumière » chante notre espérance au Dieu vivant qui découvre sa présence et l’allégresse des sauvés aux mort qui trouvent la paix dans la joie des Noces… Elle nous fait acclamer le Seigneur, la lumière du Royaume. A Vêpres, nous aurons le tropaire « O mort, où est ta victoire ? », avec sa musique qui fait bien ressortir la force du texte. Merveilleuse méditation sur la mort transformée en « servante, passage vers la vie » par la résurrection du Christ, transformée par elle, « en signe d’amour », en « semence de vie », en « creuset de solitude pour une communion dans limite » … Sachons goûter ces hymnes, laissons-les résonner, car, par leur force poétique, elles façonnent profondément notre être croyant.
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
Faire monter nos louanges vers notre créateur sept fois le jour, et nous lever une fois la nuit pour lui rendre grâce… St Benoit fixe ici la structure profonde de notre vie de prière cénobitique, la colonne vertébrale de notre vie monastique communautaire. Nos journées et nos activités sont façonnées par cette structure. Mieux toutes nos activités trouvent en elle leur profonde articulation les unes par rapport aux autres, mais aussi leur souplesse, leur force. En effet à la manière de notre colonne vertébrale, les offices qui égrènent nos journées viennent donner du sens à tout ce que nous faisons, même s’ils nous éprouvent parfois par les ruptures qu’ils demandent. Là, où nous pourrions être fascinés par le modèle d’un travail fait sur une longue durée, tout d’un bloc, la vie monastique en propose un autre apparemment moins performant. Il s’agira de s’arrêter toutes les trois heures pour louer Dieu. Par la force des choses, nous voici obliger de prendre de la distance avec ce que nous faisons. Soit on le subit et on va à l’office en trainant les pieds, soit on lâche vraiment prise pour remettre en profondeur ce que nous vivons au Maitre du Temps, et alors notre travail ou ce que nous faisons prend une autre épaisseur, une autre profondeur de sens. Nous voici d’un seul coup relié à notre Créateur, à notre Seigneur pour tout faire remonter vers Lui…
Je reviens de voyage. Je peux partager que je découvre cette même grâce en essayant de prier les heures au gré des transports ou des attentes dans les gares ou les aéroports, sans chercher à coller à tout prix. Alors que j’aurai envie de me plonger dans une lecture, ou bien d’en finir avec des courriers qui attendent, je mesure combien de m’arrêter pour « louer le Seigneur » pour une petite heure ou pour vêpres donne à l’instant présent une paix, une profondeur, la joie d’avoir loué le Seigneur qui est là en ces lieux de grandes concentrations humaines. Je crois même que cela me rapproche des gens avec qui je voyage. A la fois, je prie pour eux, mais c’est souvent ensuite plus facile d’entrer en relation avec eux, selon les cas. Sans que je le fasse, je l’espère, de façon trop ostentatoire, même si je me signe, ils repèrent que cet homme qui a un habit un peu particulier avec une croix, a prié ou au moins s’est recueilli. Hier, dans l’avion, après coup ma voisine m’a demandé si je lisais la bible… Je découvre qu’un climat de confiance se créé plus facilement, même si parfois peu de paroles seront échangées. Relever ainsi les conséquences positives que je perçois de notre prière des heures, n’épuise pas bien sûr le bien-fondé de cette prière qui sanctifie le temps. Son propos premier n’est-il pas de faire monter vers le Seigneur notre reconnaissance et notre gratitude d’être ses enfants, créés et sauvés par Lui en Jésus-Christ pour notre bonheur et pour le sien ?
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Ce chapitre sur les fêtes des saints me donne l’occasion de faire le point sur une question abordée lors du Congrès des Abbés. En effet est revenue la question d’avoir un Calendrier Bénédictin Propre, comme il en existait un autrefois. Que signifierait avoir un Calendrier Bénédictin Propre ? Tout en appartenant au Rite Romain dont nous suivons le Calendrier liturgique, il s’agirait d’avoir un Calendrier Propre qui ne reflète ni n’intègre automatiquement le nombre croissant de saints qui s’ajoutent dans le Calendrier Romain. La proposition serait d’inclure la plupart des nouvelles fêtes de saints, mais seulement comme mémoires facultatives. Pourquoi faire cela ? L’Abbé Alban Riley, qui nous a présenté ce projet, disait que c’était « essentiellement pour sauvegarder la prédominance du cycle des fêtes et des temps liturgiques du Seigneur ». Il relevait que face à la tendance de la liturgie Romaine d’ajouter des fêtes de saints, historiquement les Bénédictins ont toujours eu le souci de veiller à une sobriété.
Ainsi avant le Concile Vatican II, le Calendrier Bénédictin comprenait plus d’une centaine de fêtes en moins par an que le Calendrier Romain de l’époque. Ce Calendrier Bénédictin prévoirait de laisser une certaine subsidiarité à chaque congrégation et monastère dans l’établissement de leur calendrier liturgique, en permettant d’omettre certaines mémoires facultatives. Au niveau de l’Ordre bénédictin, comment cela se passera-t-il lorsque Rome intègrera de nouveaux saints dans le calendrier liturgique ? La proposition serait que l’Abbé Primat les ajoute ou non au Calendrier Bénédictin, une fois après avoir entendu l’avis de la Commission liturgique Bénédictine de l’Ordre. En contrepartie serait remise à l’honneur la célébration de la Toussaint Monastique ainsi que celles de tous les défunts de l’Ordre, qui permettrait d’honorer tous ensemble les saints de l’Ordre et tous les défunts. Voilà le projet qui nous a été soumis et que nous avons voté dans ces grandes lignes. Il sera donc présenté prochainement au Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements qui donnera ou non son accord d’établir ce Calendrier Bénédictin Propre. Si nous pouvons nous réjouir d’avoir un certain nombre de figures de saint(e)s offert à notre contemplation, il est important de préserver la sobriété de notre calendrier liturgique pour que ressorte davantage la dynamique du salut offert aussi bien à travers les grandes fêtes et les temps liturgiques qu’à travers la simplicité des jours ordinaires, sans autre propos que de nous convier à l’écoute et à l’accueil de l’œuvre que le Seigneur accomplit ici et maintenant.
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
A propos du Notre Père, St Benoit vit de la conviction que chaque parole prononcée dans la prière nous engage. Ainsi, on ne peut demander à Dieu de nous pardonner nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, si nous gardons une rancune ou une arrière-pensée contre un frère. St Benoit s’inscrit ici dans la tradition des moines du désert. Ainsi Abba Hyperéchios : « Qu’une parole de malice ou de méchanceté ne trouve pas place en ton cœur contre ton frère, afin que tu puisses dire : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous-mêmes nous pardonnons à nos offenseurs » (Apoph. Coll. Syst, 17.16. SC 498, p 21). On peut entendre ici en creux, un petit enseignement sur la prière. Celle-ci pour être vraie doit être pure, c’est-à-dire dite à partir de notre cœur dans la plus grande cohérence possible entre ce que nous disons et ce que nous portons, pensons, vivons. La chose n’est déjà pas aisée pour la prière personnelle, mais elle est encore plus délicate pour la prière liturgique commune où la liturgie nous fait dire beaucoup de paroles que nous ne choisissons pas et que, si nous étions laissés à nous-même, nous n’aurions pas du tout envie de dire. Aussi Benoit propose ce petit subterfuge : d’omettre de prononcer l’ensemble de la prière du Notre Père, qui sera dite soit par le supérieur, soit en silence, pour ne conclure tous ensemble qu’avec la dernière demande : « mais délivre nous du mal ».
Aujourd’hui, sommes-nous aveugles sur nous-mêmes, ou bien téméraires en disant six fois par jour le Notre Père en entier ? Certainement nous appuyons-nous avec confiance sur le commandement de Jésus de dire cette prière. Lui-même connaissait et connait notre cœur et toutes ses contradictions. Il n’a pas donné une prière de purs pour les purs. Mais il a offert une prière à des enfants pour qu’ils puissent se tourner en vérité vers leur Père. A la fois en vérité dans la confession de son Nom, dans la recherche de son Règne et de sa Volonté… A la fois en vérité dans la reconnaissance de notre indigence par la demande du pain, du pardon et du soutien dans la tentation face au mal. Demander pardon en vérité inclut notre responsabilité à le donner. Cette exigence radicale à l’égard du pardon reçu demeure comme un appel dont nous ne pouvons jamais être quittes. A Complies, le Notre Père dit par le seul P. Abbé, veut nous tenir en alerte. Nous pouvons laisser résonner ainsi cet appel à la vigilance, non comme un jugement qui planerait sur nos têtes, mais comme une exigence de notre Père qui désire que nous soyons toujours plus heureux dans la cohérence de toute notre vie, donnée à son école. Humblement, nous pouvons alors lui demander de nous apprendre à pardonner…
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
Dans l’ensemble de cette section liturgique, la solennité des laudes se distingue au regard des autres offices, par le choix de psaumes propres à chaque jour. Pour les autres offices, s’il y a des psaumes propres, comme à Complies, ils seront répétés tous les jours. Ou bien aux petites heures, on aura des séries comme les psaumes des montées qui se répèteront, ou bien des psaumes dits à la suite pour l’office de vêpres, sans souci de choix particulier. Les psaumes choisis pour Laudes ont presque tous une mention de la lumière, ou du matin, de l’aurore. A travers eux, le moine est davantage guidé dans sa louange matinale pour accueillir avec le lever du jour, une autre lumière, la lumière du Christ.
Je voudrais reprendre les psaumes que nous avons chanté ce matin, le 142° et le 91° avec leur double tonalité d’invocation dans la détresse et de louange émerveillée. Le Ps 142 se fait l’écho d’un homme en détresse qui affronte difficilement peut-être la perspective d’un jour nouveau, comme nous pouvons parfois l’expérimenter ou l’entendre vivre par d’autres personnes. « L’ennemi cherche ma perte…il me fait habiter les ténèbres…le souffle en moi s’épuise » … Comme pris au piège dans l’adversité et l’angoisse, il n’a qu’un recours : le Seigneur. « Je tends les mains vers toi, me voici devant toi comme une terre assoiffée. Vite réponds-moi, je suis à bout de souffle…Fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi… » Si le psalmiste n’a plus de souffle, il a foi en Dieu, en son souffle. « Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines » …Sa confiance est grande. Il sait à qui il s’adresse : « pour l’honneur de ton nom, Seigneur fais-moi vivre ». Le Seigneur ne peut le laisser aux mains de ses ennemis, pour l’honneur de son nom, « à cause de ton amour, tu détruiras mes ennemis …car je suis ton serviteur » … Le Ps 91 exprime la jubilation d’un homme comblé de joie devant l’ouvrage des mains du Seigneur : « Que tes œuvres sont grandes, combien sont profondes tes pensées ». Il expérimente, comme nous pouvons le faire aussi, « combien il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour son nom, d’annoncer dès le matin son amour, sa fidélité au long des nuits… » La louange a ce ressort vital de nous remplir en même temps que nous donnons de notre voix, de notre énergie. Elle emplit le cœur du juste qui se reçoit totalement de son Dieu, qui pousse comme un palmier dans la maison de Dieu, et qui en vieillissant continue de fructifier, en annonçant encore la louange du Seigneur. Il peut confesser : « pas de ruse en Dieu mon Rocher » l’homme qui a laissé la louange habiter son cœur. Laissons-nous entrainer, laissons-nous enseigner la joie de la louange, chaque matin à Laudes, pour grandir dans les parvis de la maison de notre Dieu.
1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
Le titre de ce chapitre est un peu surprenant. En effet, il parle de la « solennité des matines », pour désigner l’office des laudes. La RM que St Benoit reprend à sa manière n’avait pas cette expression, parlant simplement des matines. Benoit utilise peut-être ce mot « solennité » parce qu’il parle des matines-laudes du dimanche. En fait, non, car dans le chapitre suivant sur la façon de célébrer les laudes durant la semaine, il parle de nouveau de la solennité des matines : « Aux jours ordinaires, on célébrera la solennité des matines, de cette façon » … D’une manière singulière, il attache donc ce mot solennité à l’office de Laudes et à aucun autres offices du jour et de la nuit. Comment comprendre cette particularité de langage qui semble donner à l’office de laudes un poids certain au regard des autres offices ? Par ailleurs, Benoit utilise le mot « solennité » dans le sens que nous lui connaissons aujourd’hui, pour parler des fêtes qui ont le même déploiement liturgique que le dimanche. Ainsi dans le chapitre 14 : « aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célèbrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche ». Benoit en parlant ainsi, veut-il souligner que cet office de Laudes a un caractère unique du fait qu’il donne une pleine mesure à la louange d’adoration et de reconnaissance remplie de gratitude envers Dieu, pour son œuvre de création et de salut, notamment à travers le chant des Ps 148-149-150 ? Ceux-ci en effet sont comme le sommet du psautier et sonnent comme une grande hymne triomphale à la gloire du Dieu créateur et Sauveur. Ou encore, l’office de Laudes tiendrait sa solennité de la mémoire qu’il permet de faire de la résurrection du Christ.
Le dimanche bien sûr, mais aussi chaque jour de la semaine, à cette heure où le jour point, nous nous souvenons que le Christ Ressuscité est désormais la véritable lumière qui donne sens à notre existence et qui peut nourrir notre joie. Chaque matin, en sortant des ténèbres de la nuit, nous accueillons comme à frais nouveau Celui qui par sa résurrection, nous a délivrés une fois pour toute de l’emprise des ténèbres du mal et du péché. Le chanter, l’acclamer, Lui « l’astre d’en haut », venu nous visiter « pour illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort ». Ce qu’il a accompli une fois pour toute au matin de Pâques, il continue de l’accomplir en tous ceux qui se confient à Lui par leur louange matinale. Cet office est encore solennel, pas banal, parce qu’avec le lever du soleil, nous accueillons le Christ astre d’en haut qui aujourd’hui poursuit son œuvre de salut « pour nous conduire au chemin de la paix ». Oui, le chanter est inséparablement faire l’expérience de son salut toujours offert.
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
Pour Benoit, la caractéristique principale des vigiles du dimanche au regard de celle de la semaine, est certainement l’abondance des lectures, 4 au premier nocturne, 4 au second, toutes prises dans l’AT, puis après les 3 cantiques des prophètes de nouveau 4 lectures tirées cette fois du NT, avant la lecture finale de l’évangile. Chaque lecture est suivie d’un répons. Cela fait donc au total 12 lectures et 12 répons, qui font le pendant aux 12 psaumes. Par rapport aux vigiles de semaine, la mesure de lectures est multipliée par 3. Cette abondance n’est pas sans rappeler l’abondance des lectures de la Vigile Pascale, dont je ne sais si le nombre actuel que nous connaissons, 7 + l’épitre, était en vigueur au temps de Benoit. L’office des vigiles est donc empreint d’une belle solennité qui fait sa part belle aux lectures. Comme si, la célébration de la Résurrection du Seigneur appelait cette plongée dans les Ecritures pour y entendre toutes les résonnances que celles-ci peuvent contenir à son sujet. Sans cesse, il nous faut les scruter et les approfondir pour bien saisir le « conformément aux Ecritures » de Paul, lorsqu’il affirme : « le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures…il est ressuscité conformément aux Ecritures » (1 Co 15, 3-4).
Cette solennité des vigiles dominicales dans le cursus liturgique de Benoit, nous la vivons globalement dans la célébration de notre dimanche, même si la quantité de lectures et de psaumes est moins importante. Elle nous redit la place centrale du dimanche dans notre vie chrétienne, pour honorer la résurrection du Christ. Son passage par la mort dont il sort vainqueur, vivant glorifié, est la lumière de notre vie. Comme un flambeau, qu’on pense à la flamme olympique, cette lumière s’est transmise de générations en générations, de siècles en siècles. Elle a éclairé bien des ténèbres humaines, bien des abimes de désespoir. Elle est encore offerte à notre temps et d’abord à nous-mêmes. Notre risque à nous chrétiens serait de considérer cette bonne nouvelle de la résurrection du Christ, à la manière d’un théorème. Nous sommes d’accord sur le raisonnement, nous savons que cela fonctionne, donc nous le répétons, en espérant que le théorème soit compris par tous. Mais la résurrection du Christ est bien plus qu’un théorème ou une idée si pertinente soit elle. Elle est une vie transmise, la vie du Christ Vivant en personne qui nous offre de devenir avec lui plus vivant. La célébration répétée de notre dimanche voudrait nous exposer à cette vie plus vivante offerte, pour qu’elle vienne nous pénétrer par toutes les pores de notre corps, par tous les aspects de notre existence. Ouvrons nos cœurs, notre intelligence non seulement à la bonne nouvelle de la résurrection, mais aussi au Christ vivant à nos côtés.
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
Ces chapitres liturgiques de la règle commencent par quatre chapitres sur les vigiles, de 8 à 11, auxquels s’ajoute le 14°. Il est intéressant de voir qu’à chaque fois, les vigiles sont désignées de manière différente : les offices divins au cours de la nuit, les heures de la nuit, la louange nocturne (aujourd’hui), les vigiles enfin, deux fois. Cette variété est peut-être l’effet d’une recherche littéraire. Mais elle nous instruit sur la finalité de ce temps de prière. Quand on parle « d’offices divins » au cours de la nuit, on met peut-être davantage en avant l’aspect de service à remplir. Ailleurs Benoit parlera de notre « prestation de service ». Quand on parle des « heures de la nuit », on retrouve l’idée de sanctification du temps et des heures. Quand St Benoit utilise le mot « vigiles » pour le dimanche et les jours de fêtes, on a en arrière fond l’antique coutume de célébrer chaque dimanche une vigile, en l’honneur de la résurrection, écho de la vigile pascale.
Aujourd’hui, notre chapitre fait intervenir une autre notion en parlant de « louange nocturne ». C’est la seule mention de la louange (laus) dans les titres de ces chapitres liturgiques, qui n’est pas sans rappeler que chaque office des vigiles commence par le verset repris 3 fois : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres et ma bouche publiera ta louange ». Et le dimanche, c’est encore par une hymne de louange (« te decet Laus », « à toi la louange ») que se conclue l’office. Ce relevé suggère combien l’office des vigiles est pleinement une œuvre de louange, alors qu’il n’a pas comme dans l’office des matines, les psaumes de louange que sont les Ps 148-5-150, appelé Laudes, et qui ont donné leur nom à notre office de Laudes. Nous est suggéré que la louange rendue à Dieu n’est pas liée au style littéraire des psaumes. Ainsi l’office des vigiles compte beaucoup de psaumes imprécatoires, mais aussi historiques relisant l’oeuvre de salut réalisée pour Israël. On pourrait dire en considérant le verset d’introduction des vigiles, que dès qu’on ouvre la bouche pour chanter Dieu, nous lui offrons déjà une louange. Et si c’est pour lui adresser un cri, une plainte, un appel, c’est encore une louange. Dieu n’est-il pas loué dès l’instant où on se tourne vers lui, et qu’on confesse par ce mouvement de foi qu’on compte sur lui, et qu’il est notre secours ? Ainsi la nuit, offrons-nous à Dieu une louange à nous tenant en sa présence, peut-être pas bien réveillé, ni toujours très présent, mais là pour nous adresser à lui. En portant le cri et l’espérance des hommes, dans la foi nous répondons au désir d’alliance que le Seigneur a révélé peu à peu en Israël et scellé en Jésus.