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6. ils s'obéiront à l'envi ;
7. personne ne recherchera ce qu'il juge être son avantage, mais plutôt celui d'autrui ;;
Il y a quelques jours,je commentais le chapitre précédent sur l'obéissance mutuelle.
On la retrouve ici en une maxime brève: « ils s'obéiront à l'envi» ... Dans cette expression,
on perçoit bien l'élan du bon zèle. Il ne s'agit plus d'une obéissance vécue, de plus ou moins
bon gré, mais d'une obéissance dont on a envie, une obéissance qui vient du désir.. .le désir
d'obéir. Ici, nous touchons à la racine de l'obéissance: le désir. L'obéissance ne peut venir de
l'extérieur. Elle ne peut être imposée comme une règle à laquelle on se soumet. Dans un
monastère, dans la vie religieuse, nous obéissons parce que nous désirons obéir. D'où vient ce
désir? N'est-il pas en nous comme un don, un cadeau qui est inséparable de notre appel à
suivre le Christ? Cet appel nous a fait pressentir combien obéir au Christ dans la vie
monastique était une chose bonne et heureuse, une chose désirable. La fidélité durant notre
vie va consister en une fidélité à ce désir ... et on peut l'espérer aussi, elle va consister en un
approfondissement et en un élargissement de notre désir.L'épreuve vient parfois quand une
sorte de brouillard ou de voile semble pour un temps nous couper de notre désir ou nous le
cacher. Les moines du désert parlaient de l'acédie, ce dégoût ou cette perte d'élan. Traverser
cette épreuve avec patience sans se décourager, sans abandonner la course, nous donne
d'expérimenter et de rejoindre notre désir plus profond qui est là comme un don. Pour nous
aider à demeurer sans cesse en contact avec notre désir, St Jean Climaque a cette belle
définition du moine qu'on entend chaque année au martyrologe: « Est moine, celui qui garde
sa ferveur de tout refroidissement et, jusqu'à son passage, chaque jour, ajoute feu sur feu,
désir sur désir».
Ajouter désir sur désir. .. dans l'obéissance et le don de soi, non de façon superficielle
ou volontariste, peut trouver différentes applications. La seconde recommandation de Benoit
entendue ce matin, nous offre un moyen très simple et à portée de main: ne pas chercher son
avantage, mais plutôt celui d'autrui ... Dans la vie quotidienne, nombreuses sont les
possibilités de faire passer l'intérêt de l'autre avant le sien: lorsqu'un plat de fruit passe,
prendre le plus petit ou celui qui est un peu gâté; lorsqu'on rentre en voiture, veiller à ce que
la voiture ait de l'essence pour le suivant; ne pas faire de bruit dans les couloirs ou les
cellules; être ouvert quand un frère m'aborde pour me dire ou demander quelque chose, non
sur la défensive; lui donner de mon temps pour l'accueillir.. . Frères, cultivons cette ouverture
à nos frères, et notre désir d'aimer et d'être au Christ grandira en vérité. - 26.10.2017
4. ils « se préviendront d'honneurs mutuels » ;
5. ils supporteront sans aucune impatience leurs infirmités corporelles et morales ;;
Lire ensemble ces deux prescriptions de ce chapitre 72 : « ils se préviendront
d'honneurs mutuels» et « ils supporteront leurs infirmités », peut offrir bien des avantages.
L'avantage principal me semble être de redonner une dimension positive au fait de devoir se
supporter les uns les autres, ce qui nous apparait de prime abord difficile. En effet, nous le
redisons à souhait: la vie commune nous éprouve. Vivre ensemble avec des caractères
différents et avec des cultures nationales ou familiales propres est un défi permanent.Mais à
force de souligner la difficulté réelle, nous risquons d'entendre et de vivre comme un fardeau
cette recommandation de se supporter avec nos infirmités morales et physiques. « On ne peut
pas faire autrement, alors il faut bien faire avec ». « De toute façon, on ne peut pas y
échapper ». Ce genre de posture relève plus de la méthode « couet » ou d'une attitude stoïque,
que d'une dynamique vraiment chrétienne. C'est déjà pas mal, me direz-vous. Certes, et
parfois, on fait ce qu'on peut. .. !
C'est ici où la première recommandation peut nous être d'un précieux secours:« ils se
préviendront d'honneurs mutuels ». Elle donne un élan vraiment chrétien qui peut changer
mon regard et finalement mon attitude profonde vis-à-vis de chaque frère. Ce frère que je
peine à supporter est un frère digne d'être honoré. Il en est digne parce que très aimé de Dieu
et sauvé par le même Christ que moi. Avant que je pense ou que je fasse quoi que ce soit à
son sujet, il est un fils de Dieu aimé et béni. Me remettre dans ce regard de foi m'apprend à
regarder le trésor caché en lui, que ses défauts ou ses infirmités masquent à mes yeux. Ce
frère a du prix aux yeux de Dieu. Se peut-il qu'il ne soit à mes yeux qu'un fardeau à
supporter? Ou bien n'est-ce pas mon regard qui est trop court? Peut-être est-ce moi qui ai un
glaucome, cette maladie des yeux qui restreint le champ de vision ? Oui, notre difficulté à
supporter nos frères en leurs infirmités physiques et morales nous replace devant l'étroitesse
de notre regard... Etroitesse qui signe souvent l'étroitesse de notre cœur. L'invitation de St
Benoit à nous « honorer mutuellement» posée comme un préalable de foi, vient à notre
secours. Elle nous élargit le regard et le cœur. Mon frère n'est en aucun cas réductible à ses
limites. Accueillir mon frère toujours autre peut libérer en moi l'humour, la bienveillance ou
la compassion. Cette attitude de communion chassera tout relent de mépris ou de distance
hautaine. De juge distant, elle me fera devenir davantage frère humblement compatissant.
Demandons à l'Esprit Saint de faire son œuvre de communion en nous. - 25.10.2017
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
« Le bon zèle» ... A l' entendre trop rapidement, on pourrait penser que cette
expression est synonyme de « bonne volonté» ... ou encore « d'avoir de bonnes intentions ». Il
y aurait ici un risque un peu angélique, et en même temps trompeur, de penser que parce que
je désire faire bien les choses, je suis animé du bon zèle dont parle ici St Benoit ... La vie
monastique n'a pas à voir avec cet angélisme où il suffirait d'avoir de grands désirs pour se
convaincre d'être moine. St Benoit affirme du bon zèle « qu'il sépare des viceset conduit à
Dieu» et plus loin « que les moines le pratiqueront avec un ardent amour» ... Dans le bon
zèle, il y a quelque chose de ferme, de l'ordre d'un combat sévère contre les vices, ces
tendances au mal qui nous salissent et nous vicient; dans le bon zèle, il y a aussi quelque
chose de l'ordre du feu, d'un « ardent amour », non de soi mais de Dieu et des autres, comme
la suite du chapitre l'enseignera.
Le bon zèle qui sépare des vices ... , cette expression rappelle la conclusion du chapitre
sur l'humilité:« cet état (celui de l'amour sans crainte) daigne le Seigneur le faire
apparaitre par le St Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés» ... Le bon
zèle a à voir avec la quête de l'humilité. L'un et l'autre contribuent à nous purifier de nos
vices. Le bon zèle et l'humilité sont un don de l'Esprit Saint qui vient ouvrir en nous de
nouvelles voies de vie et de liberté. Le bon zèle dit l'élan. L'humilité dit la prise au sérieux de
notre humanité avec ses ombres et ses tendances égoïstes. Notre humanité accueillie avec
douceur, mais aussi considérée en vérité, ne demande qu'à retrouver l'élan du don et de
l'amour.Cela requiert de la patience, de la simplicité pour parler en vérité de soi, et du
courage pour affronter une à une les difficultés.
Feu ardent de l'amour, le bon zèle vient réchauffer nos froideurs et tous nos replis sur
nous-mêmes, afin de nous tourner plus résolumentvers les autres. Le bon zèle nous entraine à
ne pas calculer, et nos efforts et notre don. Il ne fait pas de sélection entre les frères, tous
méritent notre générosité. Il nous aide à aller plus loin que nos peurs ou nos répulsions face à
telle situation difficile ou rebutante. Avec f. Jean Pascal qui va renouveler ses vœux
maintenant, laissons-nous saisir par le l'Esprit Saint, source du bon zèle en nous. - 24.10.2017
1. S'il existe un zèle mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit en enfer,
2. il existe aussi un bon zèle qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle.
3. Tel est donc le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour ;:
« Le bon zèle» ... Al' entendre trop rapidement, on pourrait penser que cette
expression est synonyme de « bonne volonté» ... ou encore « d'avoir de bonnes intentions ». Il
y aurait ici un risque un peu angélique, et en même temps trompeur, de penser que parce que
je désire faire bien les choses, je suis animé du bon zèle dont parle ici St Benoit ... La vie
monastique n'a pas à voir avec cet angélisme où il suffirait d'avoir de grands désirs pour se
convaincre d'être moine. St Benoit affirme du bon zèle « qu'il sépare des viceset conduit à
Dieu» et plus loin « que les moines le pratiqueront avec un ardent amour» ... Dans le bon
zèle, il y a quelque chose de ferme, de l'ordre d'un combat sévère contre les vices, ces
tendances au mal qui nous salissent et nous vicient; dans le bon zèle, il y a aussi quelque
chose de l'ordre du feu, d'un « ardent amour », non de soi mais de Dieu et des autres, comme
la suite du chapitre l'enseignera.
Le bon zèle qui sépare des vices ... , cette expression rappelle la conclusion du chapitre
sur l'humilité:« cet état (celui de l'amour sans crainte) daigne le Seigneur le faire
apparaitre par le St Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés» ... Le bon
zèle a à voir avec la quête de l'humilité. L'un et l'autre contribuent à nous purifier de nos
vices. Le bon zèle et l'humilité sont un don de l'Esprit Saint qui vient ouvrir en nous de
nouvelles voies de vie et de liberté. Le bon zèle dit l'élan. L'humilité dit la prise au sérieux de
notre humanité avec ses ombres et ses tendances égoïstes. Notre humanité accueillie avec
douceur, mais aussi considérée en vérité, ne demande qu'à retrouver l'élan du don et de
l'amour.Cela requiert de la patience, de la simplicité pour parler en vérité de soi, et du
courage pour affronter une à une les difficultés.
Feu ardent de l'amour, le bon zèle vient réchauffer nos froideurs et tous nos replis sur
nous-mêmes, afin de nous tourner plus résolumentvers les autres. Le bon zèle nous entraine à
ne pas calculer, et nos efforts et notre don. Il ne fait pas de sélection entre les frères, tous
méritent notre générosité. Il nous aide à aller plus loin que nos peurs ou nos répulsions face à
telle situation difficile ou rebutante. Avec f. Jean Pascal qui va renouveler ses vœux
maintenant, laissons-nous saisir par le l'Esprit Saint, source du bon zèle en nous. - 24.10.2017
1. Ce n'est pas seulement envers l'abbé que tous doivent pratiquer le bien de l'obéissance, mais en outre les frères s'obéiront mutuellement,
2. sachant que par cette voie de l'obéissance ils iront à Dieu.
3. Aussi, mis à part les ordres de l'abbé ou des prévôts qu'il institue, ordres auxquels nous ne permettons pas que l'on préfère ceux des particuliers,
4. pour le reste tous les inférieurs obéiront à leurs anciens en toute charité et empressement.
5. Si quelqu'un est pris à contester, on le réprimandera.
Autant l'obéissance à l'abbé est quelque chose qui semble normale, autant
l'obéissance à son frère peut apparaitre difficile à vivre. Une part de nous-même résiste.
Pourquoi obéir à mon frère qui est comme moi? Pourquoi aurait-il un ascendant sur moi,
nous sommes à égalité ... Notre ego en mal de reconnaissance et d'affirmation de soi supporte
mal d'écouter son frère qui lui fait une remarque ou lui demande d'obéir. Notre être pécheur
montre ainsi son nez. Il participe à notre monde rempli d'ego hypertrophiés, des plus grands
personnages aux plus petits ... Mystère du péché qui nous blesse et qui blesse notre monde.
Péché dont Jésus nous a libérés en renonçant à lui-même, pour accorder son «je» à celui de
son Père, sans rien revendiquer pour soi ...
Quand St Benoit nous recommande de nous obéir mutuellement, il nous propose de
nous faire mutuellement un beau cadeau: « le bien de l'obéissance ». Dans cette obéissance
mutuelle, faite d'écoute et d'accueil de la parole de mon frère, nous donnons chair à la
fraternité réconciliée que Jésus a inaugurée lorsqu'il a obéi jusqu'à la mort. Nous devenons
des instruments de réconciliation entre nous et pour notre monde. Notre ego lâche prise sur
ses illusions d'être le centre du monde. Emerge alors notre être de fils et de frère qui sait bien
au plus profond qu'il se reçoit sans cesse du Père des cieux, à travers ses frères. Comme en
bien d'autres domaines, la vie monastique nous donne de nous exercer, ici à obéir, afin
d'abandonner notre ego pour laisser advenir notre être filial et fraternel.
Alors mes frères, saisissons toutes les occasions de nous exercer.Un frère me
demande un service que je n'ai pas de bonnes raisons de refuser, voire que je suis en devoir de
lui rendre .... je le fais sans discuter.Un frère me fait une remarque en vertu de son office dans
la liturgie, dans un emploi ou la vie commune ... je l'accueille sans me justifier ou me
défendre. Combien de fois des frères qui devraient faire une remarque en vertu de leur charge,
ne le font pas parce qu'ils craignent d'être mal reçus. Ils craignent d'avoir en face d'eux des
egos encore hypertrophiés, et prisonniers de leurs illusions. Oui, le bien de l'obéissance
mutuel est une école de liberté, vis-à-vis de nos susceptibilités ... Et si elle nous permettait
d'avoir un peu plus d'humour vis-à-vis de nous-mêmes ?! 20-10-2017
6. De plus, si un frère reçoit une réprimande quelconque de l'abbé ou de n'importe lequel de ses anciens pour quelque raison que ce soit, si mince qu'elle puisse être,
7. et s'il sent que l'esprit de n'importe quel ancien est légèrement irrité contre lui ou ému si peu que ce soit,
8. aussitôt et sans délai il se prosternera à terre et fera satisfaction, étendu à ses pieds, jusqu'à ce qu'une bénédiction vienne calmer cette émotion.
9. Celui qui refuse de faire cela, on lui infligera un châtiment corporel, ou bien, s'il est obstiné, on le chassera du monastère.
Comment développer entre nous la délicatesse fraternelle? Les lignes entendues nous
offrent non une recette, mais des voies possibles à mettre en œuvre. Lorsqu'il y a un
accrochage avec un frère, des mots qui viennent trop vite et trop fort, des rendez-vous
manqués ou encore des maladresses, la tentation est forte de faire comme si rien ne s'était
passé.« Oh ce n'est pas grave. De toute façon, j'avais raison. Et puis faut pas être
susceptible» : nombreuses sont les justifications qui surgissent spontanément, pour gommer
le problème. Nous savons faire preuve de nombreuses stratégies pour ne pas avoir à revenir
sur une difficulté avec un frère, en vue de demander pardon, ou de mettre un billet d'excuses.
Mais la chose est-elle réglée pour autant? Ne va-t-il pas rester dans la relation un malaise qui,
faute d'être explicité, sera comme un petit caillou dans la chaussure? Rien de grave peut-être,
mais une gêne. Le pire serait que d'incident en incident non parlé, on devienne insensible.
A l'inverse, nous pouvons entendre les mots de St Benoit « aussitôt et sans délai»
lorsqu'il insiste afin que le frère se prosterne pour demander pardon quand il se rend compte
qu'il a offensé un autre frère. Nous retrouvons ici la hâte que st Benoit souhaite que les
moines aient pour obéir en laissant ce qu'ils ont en main (5,1,8) ou quand ils se lèvent pour
aller à l'office (22, 6) ou quand le cellérier doit donner aux frères la ration prescrite sans
retard (31,16). La charité n'attend pas. Elle se presse. Elle ne veut pas faire attendre. C'est la
charité du Christ qui nous presse, dirait Paul, pour revenir en paix avec nos frères. Oui
chacun, écoutons cette charité qui habite notre cœur.Elle est plus qu'une voix, elle est un élan
qu'il ne nous faut pas ralentir. C'est la vie de l'Esprit Saint que l'on peut si vite contrister en
ne consentant pas à ces gestes de réconciliation quotidiens. Un sourire, un billet, un coup de
main, une parole d'excuse ... Dans ce domaine, soyons généreux. Mieux vaut un geste ou une
parole en trop, qu'un geste ou une parole qui manque. D'un côté, c'est la légèreté de la
charité, de l'autre le poids de la distance ou de la séparation qui se creuse. Si faire le premier
pas peut en coûter à notre orgueil ou à notre susceptibilité, le fruit de paix recueilli par la
réconciliation qui s'opère est sans commune mesure plus savoureux. Viens Esprit Saint nous
entrainer dans ton élan d'amour qui restaure et pacifie. 20-10-2017
1. On évitera, au monastère, toute occasion de présomption,
2. et nous décrétons que personne n'aura le droit d'excommunier ou de frapper aucun de ses frères, s'il n'en a reçu pouvoir de l'abbé.
3. Mais « on reprendra les coupables en présence de tous, afin de faire peur aux autres. ;»
4. Quant aux enfants jusqu'à l'âge de quinze ans, tous auront soin de les maintenir dans l'ordre et les surveilleront,
5. mais en toute mesure et raison.
6. Si quelqu'un se permet quoi que ce soit contre un adulte sans instructions de l'abbé ou s'emporte sans discrétion contre des enfants, il subira les sanctions de règle,
7. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»
Hier au réfectoire, nous écoutions le discours du représentant du St Siège, auprès de
l'ONU. Discours impressionnant de hauteur de vue pour embrasser tant de conflits ou de lieux
en proie à la souffrance et à l'injustice. La violence est là dans notre monde, avec son
expression la plus affreuse qu'est la guerre, « la négation de tous les droits humains» comme
l'affirme le pape François. Et la violence peut-être là aussi dans un monastère, même si nous
le regrettons ou pouvons nous en attrister. Peut-on l'empêcher? Si oui, comment? Si non que
faire? Est-il possible d'empêcher la violence entre frères? Selon nos tempéraments, nous
serons plus ou moins irascibles, plus ou moins explosifs. Chacun est invité à mieux se
connaitre pour repérer les limites, ou les avant-limites à ne pas franchir pour ne pas exploser
et porter préjudice à son frère. Travail de connaissance de soi et labeur d'humilité par lequel
on se place sous la garde de Dieu. Il nous donne la force et aussi la patience vis-à-vis des
autres comme vis-à-vis de nous-mêmes. Cette première étape, sans cesse à reprendre,
s'accompagne sur le plan communautaire d'une recherche constante de la justice entre frères.
Le P. Abbé, mais aussi chacun, doit être vigilant à ce que ne s'installent pas de bonnes raisons
de conflits entre des frères. Vivant sous une même règle, certaines façons de vivre et de faire
sont inadmissibles quand elles portent préjudice à un frère ou bien quand elles blessent la paix
et la collaboration entre frères. Ces situations peuvent survenir parce qu'un frère est trop
aveugle sur lui-même, auquel cas il faut l'aider à ouvrir les yeux, ou bien parce
qu'insensiblement se sont pris des habitudes qui instaurent des rapports faussés de soumission
ou de dépendance. Notre conversion communautaire passe par cette vigilance pour que
n'installent pas entre nous des rapports faussés qui peuvent générer la violence. Cela nous
demande de tenir en très haute estime le respect mutuel.Qui que soit le frère, il mérite notre
respect, à travers nos paroles et nos actes qui veulent l'honorer, jamais le rabaisser ni le salir.
A tout prix, veillons à ne jamais chosifier nos rapports mutuels, transformant l'autre en objet.
Et si la violence survient? St Benoit recommande de reprendre en public le frère qui
en a été l'auteur. D'une manière ou d'une autre, il faut signifier que la violence ne peut avoir
le dernier mot. Que les frères se demandent pardon, qu'ils puissent se reparler ... Là où le mal
a abondé, que la grâce de la réconciliation surabonde avec l'aide du Christ. Car la violence
nous restera toujours étrangère, comme un masque hideux qui nous défigure. - 17-10-2017
1. Il faut prendre soin que personne au monastère, en aucune occasion, ne se permette de défendre un autre moine ou de lui servir comme de protecteur,
2. même s'ils sont unis par un lien de parenté quelconque.
3. Les moines ne se le permettront d'aucune manière, car cela peut être l'occasion de conflits très graves.
Que retenir de ce petit chapitre où st Benoit ferme dans le ton ne badine pas? Il nous
parle de justice et de chasteté. Justice, s'il est demandé qu'on ne se permette pas de défendre
un autre au monastère, c'est qu'il n'y a pas lieu de défendre un autre. Normalement la règle
pourvoit à la justice dans les rapports fraternels. Chacun est respecté en ses droits et devoirs
de telle façon qu'il n'ait pas besoin de protecteur.Peut-être la société du temps de Benoit
était-elle encore marquée par le clientélisme que connaissait la civilisation romaine
antérieure ... Il ne souhaite pas que s'instaure ce type de rapport de dépendance entre des
frères. Chacun est responsable de sa vie, autonome et adulte. Cette remarque ne veut pas dire
que parfois on ne puisse pas alerter l'abbé ou un frère en responsabilité parce qu'un frère ne
va pas bien, qu'il manque de quelque chose ou encore qu'il subit une injustice. Ce type de
parole est recherche de justice vis-à-vis d'un frère, et non main mise sur lui. Le plus souvent
ignorée de lui, cette intervention le laisse libre.
Un second aspect ressort de ce chapitre, c'est celui de la chasteté.Il peut arriver que de
façon subtile s'instaurent entre des frères des rapports de dépendance, dépendance plus
psychologique que physique, voire même dépendance inconsciente. Là, nous devons tous être
vigilants. Ce type de rapport n'a rien à voir avec une connivence fraternelle qui rend la
relation plus aisée avec un tel plutôt qu'avec un autre. Il s'agit bien d'une manière de dominer
un frère de telle façon à ce qu'il soit toujours d'accord avec soi. Cette relation faussée sera
manifeste lorsqu'en présence d'un troisième frère, ce dernier n'a pas sa place normale dans la
relation. Il est en quelque sorte mis de côté, parce que deux frères sont unis par un lien qui
n'est pas vraiment chaste. Dans une vie commune, la relation privilégiée que peuvent avoir
des frères entre eux sera ~haste quand elle laisse place à tous les autres frères en vérité et
simplicité. Pas d'aparté ambigus ou de faux semblants, mais une clarté et une ouverture qui
laissent place à chacun. Chacun reste libre. Il répond seul de ses actes devant Dieu et devant
les frères. Dans un emploi, dans une commission, dans un conseil, veillons, surtout les
responsables, à permettre à chacun d'être vraiment libre. Sachons dire parfois: « Tu as le
droit de ne pas être d'accord ». Cette liberté permet la parole vraie, même si cela peut passer
par des conflits. La communion entre nous est à ce prix. - 14-10-2017
1. Si l'on enjoint à un frère des choses pénibles ou impossibles, il recevra l'ordre de celui qui commande en toute douceur et obéissance.
2. S'il voit que le poids du fardeau excède absolument la mesure de ses forces, il représentera à son supérieur, patiemment et opportunément, les raisons de son impuissance,
3. sans orgueil ou résistance ni contradiction.
4. Si, après ses représentations, l'ordre du supérieur se maintient sans qu'il change d'avis, l'inférieur saura qu'il est bon pour lui d'agir ainsi,
5. et par charité, confiant dans le secours de Dieu, il obéira.
Obéir pour des choses qui semblent impossibles ... Avec ce chapitre, nous sommes au
cœur du mystère de l'obéissance. Celui-ci reste toujours difficile à pénétrer à nos cœurs et à
nos intelligences humaines tant il nous prend à rebrousse-poil. Car ce mystère est avant tout
divin. Jésus l'a pleinement fait sien dans toute son âpreté, sans rien en négliger. L'âpreté, il l'a
éprouvé lorsqu'il demande à Gethsémani: « Père, s'il est possible que cette coupe passe loin
de moi I» (Mt 26,39). « S'il est possible»: Jésus se trouvait devant quelque chose
d'« impossible» à ses forces humaines. Et en même temps, Jésus a consenti à entrer dans
l'obéissance à son Père, prenant appui sur sa Volonté.« Cependant, non pas comme je veux,
mais comme tu veux» et une seconde fois: « Que ta volonté soit faite ! ».
L'obéissance vécue au monastère, vis-à-vis du père abbé particulièrement, touche à
des degrés divers ce mystère de remise de soi au Père, vécu par Jésus. On obéit à l'abbé parce
qu'on désire obéir au Père des cieux. L'obéissance monastique et religieuse n'a pas d'autres
fondements. Mais a-t-on jamais atteint ce fondement? L'obéissance, de la plus simple à la
plus profonde, voudrait nous apprendre cette remise de nous-mêmes toujours plus vraie au
« bon vouloir de Dieu» qui s'exprime par les demandes et les évènements. Jésus nous donne
à voir que dans l'obéissance à une situation injuste (sa condamnation inique) s'ouvre le
chemin du salut.Quand il nous appelle à le suivre dans la vie monastique ne nous engage-t-il
pas sur un chemin semblable? Ne nous associe-t-il pas de manière toute spéciale à son don
total pour que le monde soit sauvé? C'est peut-être à ce niveau qu'il faut situer le dialogue
que Benoit suggère entre l'abbé et le moine qui estime ne pas pouvoir répondre à une
demande qui lui est faite? Outre la prise en considération des capacités et des possibilités
concrètes pour remplir ou ne pas remplir une mission, c'est la capacité à entrer dans un
chemin de renoncement qui est à examiner.Le frère va-t-il être capable d'assumer, de
manière féconde avec le Christ et pour Lui, cette part difficile qui est demandée? Le Christ
est-il vraiment son appui, son secours dans lequel il se confie pour reprendre les mots de St
Benoit? D'ans ce discernement, l'abbé doit être vigilant, autant que le frère, pour écouter
jusqu'où le frère peut-il se donner aujourd'hui? Chacun a son rythme et chacun a sa manière
d'entrer dans le mystère du Christ, qui peut parfois être stimulée, mais qui est toujours à
respecter.Discernement délicat pour lequel je me confie à votre prière. - 13-10-2017
1. Les frères qui vont partir en voyage se recommanderont à l'oraison de tous les frères et de l'abbé,
2. et à la dernière oraison de l'œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents.
3. Quant aux frères qui reviennent de voyage, le jour de leur retour, à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'œuvre de Dieu, ils se prosterneront sur le sol de l'oratoire
4. et demanderont à tous de prier en raison de leurs manquements, de peur de s'être laissé prendre en voyage à voir ou entendre une chose mauvaise ou une parole déplacée.
5. Et personne ne se permettra de rapporter à un autre tout ce qu'il aura vu ou entendu hors du monastère, car cela fait de très grands ravages.
6. Si quelqu'un se le permettait, il subira le châtiment de règle.
7. De même celui qui se permettrait de sortir de la clôture du monastère et d'aller n'importe où et de faire n'importe quoi, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.
Frères, nous le sommes dans le partage de la vie quotidienne au monastère, et frères,
nous le restons par-delà les absences et au gré des voyages que nous faisons. Tel est la pointe
de ce petit chapitre qui nous fait pressentir ce qu'est la communion qui nous lie: une
communion vécue dans la prière et dans la vigilance pour s'entraider à demeurer fidèles sous
le regard de Dieu.
L'absence manifeste toujours la qualité des liens qui nous unit.St Benoit souhaite que
dans la prière ce lien se poursuive et s'actualise « à la dernière oraison de l'œuvre de Dieu »,
où l'on fait alors « mémoire de tous les absents ». C'est ce que nous faisons lorsqu'à
Complies dans la bénédiction finale donnée à la communauté, le P. Abbé ajoute: « ainsi que
nos frères absents». Ces derniers demeurent en communion avec nous, et notre prière les
associe tous. Petit rappel discret dans la liturgie qui nous aide à ne pas oublier nos frères partis
tant la vie quotidienne peut nous absorber dans les soucis immédiats.
Au retour d'une absence, Benoit recommande de prier pour les frères rentrés, dans la
crainte qu'ils aient vu ou entendu des choses nuisibles pour eux. Ici nous pouvons aussi
entendre ici une question plus générale: est-ce que mes frères ont une place dans ma prière?
Comment prions-nous les uns pour les autres? Chacun avance sur son chemin de conversion
et il bénéficie du support de la communauté pour vivre cette quête. Mais chacun a besoin
aussi de la prière de ses frères. C'est une chose que nous signifions tout particulièrement le
jour de la fête d'un frère. Nous prions pour lui, en rendant grâce, comme aujourd'hui pour f.
Ghislain. La prière les uns pour les autres nourrit et fortifie nos relations mutuelles. Elle jaillit
de notre cœur sous des formes diverses: prier pour un frère avec qui nous avons des
difficultés, prier pour les frères éprouvés dans leur santé ou qui semblent traverser un passage
difficile, prier pour les plus jeunes, pour les plus anciens, pour ceux qui ont telle
responsabilité. Simplement, devant le Seigneur, présenter nos frères, dans le désir qu'Il leur
fasse le bien dont ils ont besoin. S'Il sait ce qui leur convient, notre supplique à Lui adressée
exprime combien le sort de nos frères nous tient à cœur, et combien nous désirons que son
salut advienne pour eux comme pour nous. Laissons cette prière pour nos frères habiter notre
cœur, et elle portera déjà un premier fruit, celui de rendre nos cœurs plus fraternels. - 10-10-2017