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1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.
2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle
3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»
4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;
5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.
6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,
7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.
8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,
Ce chapitre prend place assez naturellement après les deux précédents où il était question de la formation et de l'engagement des adultes et des enfants. Ici se pose le cas des prêtres qui voudraient habiter le monastère. Faut-il les accepter?« On n y consentira pas trop
vite» s'empresse de dire Benoit, après avoir éprouvé sa patience. L'expression« quelqu'un de l'ordre des prêtres» peut faire pressentir les raisons de cette réticence... L'ordre des prêtres a sa logique de vie propre qui n'est pas celle des moines, lesquels à l'époque n'étaient pas prêtres pour la très grande majorité, comme probablement St Benoit lui-même. D'une dynamique de présidence dans la célébration des sacrements et dans l'annonce de la Parole au service d'une communauté, le prêtre entre dans une autre dynamique d'écoute. d'effacement et de service pour chercher Dieu au milieu de ses frères, un pmmi d'autres. Peut-il accepter de vivre ce changement, ce passage ? Les points de vérification seront alors sa capacité à observer la règle commune et à vivre l'humilité...
Une nouvelle fois, nous retrouvons ce critère de l'humilité... Nous avons ici une expression unique dans la règle:« il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité». Des exemples d'humilité... Comment de manière juste donner des exemples d'humilité?
Certainement en ne cherchant pas à en donner. L'humilité se cherche, elle se désire, mais elle ne peut vouloir se mettre en valeur. L'humilité se donne à voir le plus souvent à notre insu, comme d'ailleurs aussi notre orgueil ou notre vanité. L'humilité est un don gui se recueille sans qu'on soit capable soi-même de le mesurer. Dieu seul connait vraiment notre cœur et ce qui l'habite. Que nous revient-il? Sinon de ne pas cesser de désirer servir le Seigneur et nos frères, sans relâche. Il nous revient aussi d'apprendre à utiliser à notre profit les contrariétés. les choses qui ne vont pas comme je veux... Vont-elles être une occasion de grandir ou de rester dans mes ornières ? Vais-je râler? Revendiquer mes droits ? Vouloir montrer que j'existe? Ou vais-je accepter la chose par humilité, par amour du frère? Et si l'injustice est réelle et mauvaise pour la vie de tous, vais-je pouvoir dire avec humilité une parole au frère, non en lui assenant un coup, mais en disant que j'ai pu être blessé par son attitude... En ces attitudes de renoncement, d'effacement mais aussi de vérité à travers une parole, là se vit l'humilité en acte.... Cette humilité faite d'amour et de respect apporte la paix. Elle transforme en patience mes impatiences. Et à la suite de Jésus, cette patience assumée par amour a plus de chance de changer quelque chose dans le frère que des remarques ou de recommandations que je voudrais lui faire.
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
De ce chapitre qui nous reste en bonne part étranger, car un monastère n'accueille plus d'enfant, je voudrais retenir le détail mentionné à propos de la manière de faire l'offrande de l'enfant. « Les parents envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi». Dans la nappe de l'autel avec l'oblation ... Par cette mention de l'oblation eucharistique est suggéré fortement le lien entre l'eucharistie et l'offrande de l'enfant. Celle-ci avait lieu au moment de l'offe1ioire. Le chapitre précédent sur la formation et l'engagement d'un moine adulte ne permet pas de dire explicitement si la profession monastique prend place au cours de l'eucharistie. Seule est mentionné le fait que la pétition sur laquelle le novice a exprimé sa promesse monastique, est déposée sur l'autel après qu'il l'ait signée. Mais finalement la parenté entre les deux chapitres d'engagement, a conduit à penser que vraisemblablement 1'engagement du moine adulte avait lieu aussi durant l'eucharistie. Et c'est ainsi qu'il a été célébré traditionnellement depuis longtemps.
Vivre l'engagement monastique au coeur de l'eucharistie est riche de sens. L'eucharistie donne sa signification dernière à la profession, et celle-ci offre en retour un éclairage à l'eucharistie. Dans 1'Eucharistie, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Le Christ s'est donné totalement à son Père en comentant à la mort. Et ce don total de sa vie a été recueilli par le Père qui a reconnu Jésus, et l'a« établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection » (Rm 1, 4). En quelque sorte, par la résurrection le Père a reçu, relevé et reconnu Jésus venu en la chair, comme son Fils, le Fils de Dieu. De la même manière, le moine qui se donne et offre toute sa vie par la profession monastique, s'en remet totalement au Père, en Jésus. Avec Lui, il a l'espérance d'être relevé, reconnu par Lui, comme le chant du
« suscipe »,du« reçois-moi» l'exprime. Notre profession monastique, ce don vécu à travers les vceux de stabilité, de conversion et d'obéissance, donne alors une expression concrète de ce que tout baptisé est appelé à vivre en célébrant l'eucharistie. Là, dans le mystère du Christ rendu présent, nos existences sont intimement associées au Christ, et dans l'offrande de tout et dans la vie reçue en tout. Elles sont entrainées dans un don toujours plus profond et vivant dans l'attente du jour où pour chacun et pour tous ensembles, nous serons effectivement réunis au Christ dans la Gloire. Nous pouvons nous en réjouir profondément. Ce que nous célébrons nous dépasse ce1ies, et nous balbutions. Mais dans la foi, nous reconnaissons que dans l'eucharistie nous sommes construits, fortifiés, et transformés ...
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
De ce chapitre qui nous reste en bonne part étranger, car un monastère n'accueille plus d'enfant, je voudrais retenir le détail mentionné à propos de la manière de faire l'offrande de l'enfant. « Les parents envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi». Dans la nappe de l'autel avec l'oblation .... Par, cette mention de l'oblation eucharistique est suggéré fortement le lien entre l'eucharistie et l'offrande de l'enfant. Celle-ci avait lieu au moment de l'offertoire. Le chapitre précédent sur la formation et l'engagement d'un moine adulte ne permet pas de dire explicitement si la
profession monastique prend place au cours de l'eucharistie. Seule est mentionné le fait que la pétition sur laquelle le novice a exprimé sa promesse monastique, est déposée sur l'autel après qu'il l'ait signée. Mais finalement la parenté entre les deux chapitres d'engagement, a conduit à penser que vraisemblablement 1'engagement du moine adulte avait lieu aussi durant l'eucharistie. Et c'est ainsi qu'il a été célébré traditionnellement depuis longtemps.
Vivre l'engagement monastique au cœur de 1'eucharistie est riche de sens. L'eucharistie donne sa signification dernière à la profession, et celle-ci offre en retour un éclairage à l'eucharistie. Dans !'Eucharistie, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Le Christ s'est donné totalement à son Père en consentant à la mort. Et ce don total de sa vie a été recueilli par Je Père qui a reconnu Jésus, et l'a« établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection » (Rm 1, 4). En quelque sorte, par la résurrection Le Père a recu. relevé et reconnu Jésus venu en la chair, comme son Fils, le Fils de Dieu. De la même manière, le moine qui se donne et offre toute sa vie par la profession monastique, s'en remet totalement au Père, en Jésus. Avec Lui, il a l'espérance d'être relevé, reconnu par Lui, comme le chant du
« suscipe », du «reçois-moi» l'exprime. Notre profession monastique, ce don vécu à travers les vœux de stabilité, de conversion et d'obéissance, donne alors une expression concrète de ce que tout baptisé est appelé à vivre en célébrant l'eucharistie. Là, dans le mystère du Christ rendu présent, nos existences sont intimement associées au Christ, et dans l'offrande de tout et dans la vie reçue en tout. Elles sont entrainées dans un don toujours plus profond et vivant dans J'attente du jour où pour chacun et pour tous ensembles, nous serons effectivement réunis au Christ dans la Gloire. Nous pouvons nous en réjouir profondément. Ce que no.us célébrons nous dépasse certes, et nous balbutions. Mais dans la foi, nous reconnaissons que dans l'eucharistie nous sommes construits, fortifiés, et transformés ...
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
Avec la fin de ce chapitre, nous parvenons à la fin du rituel de la profession, prévu par Benoit. A l'engagement spirituel par les vœux et le chant du « reçois-moi » fait pendant l'engagement matériel. Le frère se dessaisit de ses biens à qui il veut sans ne se réserver rien du tout. Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui encore nous vivons de cette pratique reçue de Benoit. Ce n'est qu'au moment de la profession solennelle que le frère se sépare de ses biens, pas avant, et en faveur de qui il veut, des pauvres ou des personnes extérieures ou du monastère. Il est libre d'en décider. L'insistance de Benoit sur le« sans ne se réserver rien du tout» rejoint sa conviction du don total du moine au Christ et à la communauté. Il ajoute cette phrase toujours un peu étonnante pour nous : « puisque à partir de ce jour, il sait qu'il n 'aura même plus pouvoir sur son propre corps». Je crois qu'il nous faut l'entendre d'abord au sens théologique : en incorporant la communauté, le corps communautaire, petite cellule du Corps du Christ, le moine accepte de vivre en dépendance du Christ et de la communauté pour ses besoins les plus élémentaires. Une deuxième compréhension peut être aussi permettre d'aiguiser le sens de sa responsabilité vis-à-vis de son propre corps. Au cas où on serait tenté d'entendre cette phrase de la règle comme une invitation à la démission vis-à-vis de son propre corps. En effet, le fait que notre corps ne nous appartienne plus, peut nous rendre attentif à prendre soin de notre corps, de sa santé, car il est au service du corps communautaire. Le négliger, ne pas bien se soigner va peut-être entrainer des préjudices pour soi-même d'abord bien sûr, mais aussi pour toute la communauté. Ici, chacun est responsable pour dire quand des choses ne vont plus ou sont trop lourdes, afin qu'on trouve une solution. Sans tomber dans l'excès inverse d'un souci anxieux
vis-à-vis de sa santé qui isole, une saine vigilance vis-à-vis de son équilibre est nécessaire.
Dernier point du rituel : le changement des vêtements du monde contre les effets du monastère, avec cette petite précision sur la garde des vêtements anciens au cas où le moine quitterait la vie monastique. Le vêtement monastique est un beau signe, pour nous-mêmes et pour les autres de notre appartenance à un corps. De même que nos corps individuels ont besoin de vêtements, le corps communautaire monastique, comme bien d'autres corps sociaux, a besoin d'un habit propre. Celui-ci exprime une identité partagée, un même propos de vie, mais aussi une solidarité, ou mieux une constante recherche de communion .... En revêtant notre habit chaque jour, sans y penser nécessairement, nous choisissons de vivre comme des moines pour le Christ et de faire corps avec nos frères qui portent le même habit.
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
Avec la fin de ce chapitre, nous parvenons à la fin du rituel de la profession, prévu par Benoit. A l'engagement spirituel par les vœux et le chant du «reçois-moi» fait pendant l'engagement matérieL Le frère se dessaisit de ses biens à qui il veut sans ne se réserver rien du tout. Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui encore nous vivons de cette pratique reçue de Benoit. Ce n'est qu'au moment de la profession solennelle que le frère se sépare de ses biens, pas avant, et en faveur de qui il veut, des pauvres ou des personnes extérieures ou du monastère. Il est libre d'en décider. L'insistance de Benoit sur le« sans ne se réserver rien du tout» rejoint sa conviction du don total du moine au Christ et à la communauté. Il ajoute cette phrase toujours un peu étonnante pour nous : « puisque à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps». Je crois qu'il nous faut l'entendre d'abord au sens théologique: en incorporant la communauté, le corps communautaire, petite cellule du Corps du Christ, le moine accepte de vivre en dépendance du Christ et de la communauté pour ses besoins les plus élémentaires. Une deuxième compréhension peut être aussi permettre d'aiguiser le sens de sa responsabilité vis-à-vis de son propre corps. Au cas où on serait tenté d'entendre cette phrase de la règle comme une invitation à la démission vis-à-vis de son propre corps. En effet, le fait que notre corps ne nous appartienne plus, peut nous rendre attentif à prendre soin de notre corps, de sa santé, car il est au service du corps communautaire. Le négliger, ne pas bien se soigner va peut-être entrainer des préjudices pour soi-même d'abord bien sûr, mais aussi pour toute la communauté. Ici, chacun est responsable pour dire quand des choses ne vont plus ou sont trop lourdes, afin qu'on trouve une solution. Sans tomber dans l'excès inverse d'un souci anxieux vis-à-vis de sa santé qui isole, une saine vigilance vis-à-vis de son équilibre est nécessaire.
Dernier point du rituel : le changement des vêtements du monde contre les effets du monastère, avec cette petite précision sur la garde des vêtements anciens au cas où le moine quitterait la vie monastique. Le vêtement monastique est un beau signe, pour nous-mêmes et pour les autres de notre appartenance à un corps. De même que nos corps individuels ont besoin de vêtements, le corps communautaire monastique, comme bien d'autres corps sociaux, a besoin d'un habit propre. Celui-ci exprime une identité partagée. un même propos de vie, mais aussi une solidarité, ou mieux une constante recherche de communion.... En revêtant notre habit chaque jour, sans y penser nécessairement, nous choisissons de vivre comme des moines pour le Christ et de faire corps avec nos frères qui portent le même habit.
17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,
18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.
19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.
20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.
21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»
22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».
23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.
Deux moments importants constituent le rituel de la profession : la promesse de « la persévérance, de la bonne vie et mœurs et de de l'obéissance 11 accompagnée de fa signature de la charte ; puis suivant aussitôt après, la prière faite à Dieu : « reçois-moi Seigneur selon ta parole, ne me déçois pas dans mon a/lente » .•. Ces deux moments importants disent, et le désir du frère de s'engager pour toujours dans la vie qu'il a expérimentée durant sa formation comme bonne pour lui, et la confiance du frère envers Dieu qui a appelé et qui peut donner la vie.
J'aimerai m'arrêter sur cette prière du« reçois-moi». Comme le P. Denis aimait bien le souligner, le « reçois-moi » du verbe suscipere, mis sur nos lèvres, nous place dans la posture de l'enfant qui vient de naitre et que le père, dans la culture romaine, reconnaissait en le saisissant et en relevant (suscipere) en l'air. Geste symbolique fort de paternité. En reprenant ces mots, le frère se place devant Dieu comme un enfant qui souhaite être vraiment reconnu comme un fils. Effectivement, le frère qui s'engage, est en situation de grand dénuement. Il choisit de s'en remettre à Dieu comme un enfant. Il abandonne sa vie passée, et s'avance sans rien, sinon avec le désir de se donner jour après jour dans la prière et le service fraternel. Il choisit de ne plus compter sur lui-même. Si dans la profession monastique, il s'agit bien d'une nouvelle naissance, celle-ci, à la différence de la naissance naturelle, est le fait d'un choix délibéré de la part du frère qui se place dans la position d'un enfant. Nous avons une mise en pratique de la recommandation de Jésus en Mt 18, 3 : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pas pour devenir comme les enfèmts, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux »... Par la profession, le moine joue toute sa vie pour devenir comme un enfant selon le Royaume.. .
Totalement dépendant de Dieu et des frères de la communauté, il ne peut que dire : « Ne me déçois pas dans mon attente ». Dans cette prière se dit notre lien viscéral à Dieu notre Père. Sans qu'on sache toujours bien l'exprimer avec des mots, nous disons avec cette prière que nous attendons tout de lui. Profondément, nous savons que Lui seul en fait comblera notre désir. Il nous est bon lors des professions ou des enterrements au cimetière de redire cette prière de notre profession solennelle. Elle nous remet en contact avec notre désir le plus profond : nous recevoir entièrement de Dieu.
17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,
18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.
19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.
20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.
21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»
22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».
23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.
R.B. 58, 17-23 De la façon de recevoir les frères.
F.P. 19h30 P. Reichert et vendredi matin ap. messe
Deux moments importants constituent le rituel de la profession : la promesse de « la persévérance, de la bonne vie et mœurs et de de l'obéissance » accompagnée de fa signature de la charte ; puis suivant aussitôt après, la prière faite à Dieu : « reçois-moi Seigneur selon ta parole, ne me déçois pas dans mon attente » ••. Ces deux moments importants disent, et le désir du frère de s'engager pour toujours dans la vie qu'il a expérimentée durant sa formation comme bonne pour lui, et la confiance du frère envers Dieu qui a appelé et qui peut donner la vie.
J'aimerai m'arrêter sur cette prière du« reçois-moi». Comme le P. Denis aimait bien le souligner, le « reçois-moi » du verbe suscipere, mis sur nos lèvres, nous place dans la posture de l'enfant qui vient de naitre et que le père, dans la culture romaine, reconnaissait en le saisissant et en relevant (suscipere) en l'air. Geste symbolique fort de paternité. En reprenant ces mots, le frère se place devant Dieu comme un enfant qui souhaite être vraiment reconnu comme un fils. Effectivement, le frère qui s'engage, est en situation de grand dénuement. Il choisit de s'en remettre à Dieu comme un enfant. Il abandonne sa vie passée, et s'avance sans rien, sinon avec le désir de se donner jour après jour dans la prière et le service fraternel. Il choisit de ne plus compter sur lui-même. Si dans la profession monastique, il s'agit bien d'une nouvelle naissance, celle-ci, à la différence de la naissance naturelle, est le fait d'un choix délibéré de la part du frère qui se place dans la position d'un enfant. Nous avons une mise en pratique de la recommandation de Jésus en Mt 18, 3 : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pas pour devenir comme les enfànts, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux »... Par la profession, le moine joue toute sa vie pour devenir comme un enfant selon le Royaume .. .
Totalement dépendant de Dieu et des frères de la communauté, il ne peut que dire : « Ne
me déçois pas dans mon attente ». Dans cette prière se dit notre lien viscéral à Dieu notre Père. Sans qu'on sache toujours bien l'exprimer avec des mots, nous disons avec cette prière que nous attendons tout de lui. Profondément, nous savons que Lui seul en fait comblera notre désir. Il nous est bon lors des professions ou des enterrements au cimetière de redire cette prière de notre profession solennelle. Elle nous remet en contact avec notre désir le plus profond : nous recevoir entièrement de Dieu.
12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.
13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.
14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,
15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,
16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.
12 mois se sont écoulés entre l'arrivée dans la maison des novices et le moment où le nouveau-venu est invité à se prononcer définitivement pour demeurer ou non au monastère. Durant ce temps, par deux fois, la question a été posée au candidat, s'il voulait ou non poursuivre l'expérience monastique. Dans ce processus, la lecture de la règle est essentielle. Car c'est sous son joug que l'on choisit de vivre. La choisir, s'engager, c'est accepter qu'ensuite il n'est plus possible de partir. La fin du chapitre nous donnera de voir que Benoit prévoit cependant qu'une personne engagée puisse quitter la vie monastique. Le joug de la règle n'est pas une prison.
Ainsi pouvons-nous entendre, et le sérieux de l'engagement qui nous lie sous une même règle au monastère, et le fait que le monastère est une école de liberté qui ne retiendra personne. A notre époque où les longues fidélités deviennent plus difficiles à comprendre, ce chapitre affirme sans l'expliciter la nécessité d'un engagement pour toujours. Comment rendre compte aujourd'hui de ce « pour toujours» ? Nous pouvons avant tout le justifier d'un point de vue théologique. Dieu n'est que fidélité. Là est son bonheur et son être même : se donner totalement sans mesure ni limite, avec constance, pour toujours. Demeurer dans la fidélité, n'est-ce pas prendre part à sa vie en plénitude ? En hébreu le mot fidélité est indissociable du mot vérité. Ils ont la même racine emet. A la différence de la pensée grecque qui envisage la « vérité » du point intellectuel de ce qui est clair, évident, la pensée hébraïque associe la « vérité » au fait d'être digne de confiance. solide, d'où l'association avec fidélité. Dieu est vrai et véridique parce qu'il est toujours fidèle. Il ne manque pas à son alliance, à ses engagements. Il ne se dérobe pas. Il est un appui solide. Si nous, nous défaillons, nous pouvons toujours compter sur lui. Ainsi demeurer fidèle, d'une paii nous fait participer à la vie même de Dieu, et d'autre part cela nous fait atteindre notre propre vérité. En étant fidèle, nous devenons vraiment qui nous sommes. Peu à peu nous trouvons en nous cette part solide qui ne vient pas de nous. Cette part sur laquelle d'autres pourront prendre appui à leur tour, comme nous-même avons bénéficié de la fidélité de beaucoup rencontrés sur nos chemins.
Oui, nous engager dans la fidélité, c'est accomplir notre propre chemin de vérité à la recherche de notre vrai visage de fils aimé inconditionnellement par Dieu, et de notre propre visage de frère sur qui d'autres pourront s'appuyer. En ces jours de Pâques, nous célébrons le Christ, le témoin fidèle qui n'a pas failli dans son engagement pour le Père. Dieu le Père s'est montré fidèle en le ressuscitant. Le Christ Vivant, notre fr re, devient un Roc sur lequel nous pouvons prendre appui.
12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.
13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.
14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,
15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,
16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.
R.B. 58, 12-16 De la façon de recevoir les frères.
24.04.2019
12 mois se sont écoulés entre l'arrivée dans la maison des novices et le moment où le nouveau-venu est invité à se prononcer définitivement pour demeurer ou non au monastère. Durant ce temps, par deux fois, la question a été posée au candidat, s'il voulait ou non poursuivre l'expérience monastique. Dans ce processus, la lecture de la règle est essentielle. Car c'est sous son joug que l'on choisit de vivre. La choisir, s'engager, c'est accepter qu'ensuite il n'est plus possible de partir. La fin du chapitre nous donnera de voir que Benoit prévoit cependant qu'une personne engagée puisse quitter la vie monastique. Le ioug de la règle n'est pas une prison.
Ainsi pouvons-nous entendre, et le sérieux de l'engagement qui nous lie sous une même règle au monastère, et le fait que le monastère est une école de liberté qui ne retiendra personne. A notre époque où les longues fidélités deviennent plus difficiles à comprendre, ce chapitre affirme sans l'expliciter la nécessité d'un engagement pour toujours. Comment rendre compte aujourd'hui de ce « pour toujours» ? Nous pouvons avant tout le justifier d'un point de vue théologique. Dieu n'est que fidélité. Là est son bonheur et son être même : se dom1er totalement sans mesure ni limite, avec constance, pour toujours. Demeurer dans la fidélité, n'est-ce pas prendre part à sa vie en plénitude ? En hébreu le mot fidélité est indissociable du mot vérité. Ils ont la même racine emet. A la différence de la pensée grecque qui envisage la « vérité » du point intellectuel de ce qui est clair, évident, la pensée hébraïque associe la « vérité » au fait d'être digne de confiance. solide, d'où l'association avec fidélité. Dieu est vrai et véridique parce qu'il est toujours fidèle. Il ne manque pas à son alliance, à ses engagements. Il ne se dérobe pas. Il est un appui solide. Si nous, nous défaillons, nous pouvons toujours compter sur lui. Ainsi demeurer fidèle, d'une part nous fait participer à la vie même de Dieu, et d'autre part cela nous fait atteindre notre propre vérité. En étant fidèle, nous devenons vraiment qui nous sommes. Peu à peu nous trouvons en nous cette part solide qui ne vient pas de nous. Cette part sur laquelle d'autres pourront prendre appui à leur tour, comme nous-même avons bénéficié de la fidélité de beaucoup rencontrés sur nos chemins.
Oui, nous engager dans la fidélité, c'est accomplir notre propre chemin de vérité à la recherche de notre vrai visage de fils aimé inconditionnellement par Dieu, et de notre propre visage de frère sur qui d'autres pourront s'appuyer. En ces jours de Pâques, nous célébrons le Christ, Je témoin fidèle qui n'a pas failli dans son engagement pour le Père. Dieu le Père s'est montré fidèle en le ressuscitant. Le Christ Vivant, notre fr re, devient un Roc sur lequel nous pouvons prendre appui.
7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.
8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.
9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,
10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »
11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.
Les lignes entendues nous montrent tout le soin avec lequel Benoit souhaite que le discernement se fasse pour les nouveau-venus. On prédit toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu... on lit plusieurs fois la règle pour vérifier s'il veut persévérer et on l' ép rouve en toute patience... Tout cela est-il exagéré? Non car l'enjeu est celui de la libe1té.
« Si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller » assure Benoit. Ces lignes montrent combien l' engagement et la vie monastique est une affaire de liberté. Elles mettent en lumière ce paradoxe étrange. La vie monastique: c'est choisir librement de renoncer à un certain exercice de sa liberté. En embrassant la vie monastique, nous nous engageons volontairement à restreindre certaines de nos libertés afin de nous placer sous une loi commune. Quel paradoxe ! Par amour de Dieu, par désir de suivre le Christ, pour devenir plus libre en Lui, nous renonçons à une certaine manière d' exercer notre liberté... Pour les révolutionnaires de 1789, cela était intolérable. Aussi ont-ils supprimé les vœux religieux si contraires, à leurs yeux, à la liberté nouvellement et chèrement conquise. Nous touchons là un point très important de notre engagement: que nous soyons vraiment libres en le faisant. De plus il est nécessaire pour chacun de nous de comprendre combien la vie monastique peut nous rendre plus libres, et quelles conditions. C' est tout l'enjeu de la formation davantage étalée dans le temps de nos jours. Elle veut en effet permettre à chacun d'éprouver en lui-même, que cette voie le rend effectivement plus libre. Elle veut aussi lui donner d'apprendre à traverser les épreuves sans se laisser décourager par le premier obstacle. Car parmi toutes les épreuves, l'apprentissage de notre liberté en Christ n'en pas une des moindres. Comment grandir en liberté dans ce cadre monastique avec son horaire et ses rythmes, à travers les obédiences confiées, au milieu des contrariétés ou des conflits qui me révèlent mes propres limites ? Le combat pour libérer le cœur de la tyrannie du moi, sera un combat de tous les jours, jusqu' au dernier souffle. Sans cesse, il nous faudra veiller à chercher la liberté là où elle est vraiment. du côté de notre cœur plus souple, plus filial et plus fraternel, et non du côté d'un cœur empli de lui-même prisonnier de ses peurs ou de ses rêves. Et comme en toute chose en christianisme, s'il y a combat, il y a aussi joie et paix qui sont données comme prémices d'un cœur qui s'ouvre et qui devient peu à peu plus au large. Dieu marche avec nous.