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1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –
2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –
3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.
4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.
« Ils ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de service». L'expression
« prestation de service» pour parler de notre prière n'est pas banale. Elle met en relief un aspect
de notre responsabilité de moine qui va au-delà de la seule présence physique à l'office
communautaire. Si celle-ci constitue notre premier devoir, lorsqu'elle n'est pas possible,
comment accomplir notre service de prière? Comment comprendre la responsabilité qui nous
incombe? Plus qu'une affaire de discipline, c'est de notre vocation de veilleur pour l'Eglise
dont il s'agit. Le cœur de notre vocation de chercheur de Dieu est de veiller dans la prière, avec
son corollaire indissociable qu'est la veille dans la charité. Dans l'organisation de notre temps,
la prière tient la première place. Ensemble, dans la louange et l'intercession, nous « tenons la
veille d'amour»pour reprendre les mots d'une hymne. La vérité des heures nous entrai ne à
donner à chaque moment de la journée sa note spécifique d'action de grâce. Chaque heure est
chargée de son poids d'humanité que notre prière voudrait porter devant Dieu, afin que tout de
ce qui fait la vie humaine puisse devenir offrande. Le matin, nous offrons la vie dans sa fraicheur
après le repos, en pensant aussi peut-être à ceux pour qui le lever est difficile. Le midi, nous
offrons le poids du jour, du travail et de la souffrance des hommes. Le soir, c'est l'offrande
d'une journée, avant la remise de tout notre être dans la confiance au seuil de la nuit. Au cours
de cette dernière, nous veillerons dans l'attente du Christ en union avec tant d'hommes et de
femmes en quête de sens. Chaque heure, a son poids de vérité humaine, appelé à retourner à
Dieu son auteur, en action de grâce et reconnaissance ... Parler de « poids» nous fait rejoindre
le mot latin (pensum) qui est traduit dans notre texte par « prestation». Tenir notre prestation
de service, notre poids de service, c'est prendre pleinement en charge ce poids de nos vies, et
de celle de l'humanité pour le porter à Dieu dans la prière. Entrainons-nous à porter librement
ce poids, non comme une obligation, mais comme un service de louange. L'office de None
laissé à notre responsabilité est un bon exercice. Lorsque nous manquons habituellement un
office, veillons à ne pas faire comme si de rien n'était, sous prétexte que l'heure est passée. Si
je manque vigiles ou laudes régulièrement, comment je reste responsable dans la prière par la
reprise d'une lecture ou d'un ou quelques psaumes? De même lorsque je suis en voyage, s'il
n'est pas possible d'observer les heures habituelles, de quelle manière j'essaie de donner sa
place à la prière, place autre certes, mais bien réelle. Elle nourrira et ma fidélité et ma charité. - 26 mars 2019
1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,
2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,
3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.
4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.
5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,
6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,
7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,
9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.
10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.
Film de ARTE sur les sœurs abusées ... un film difficile au dire de ceux qui l'ont vu ... Pour les
frères qui veulent, ce film peut nous aider à entendre la souffrance de beaucoup de femmes par
la faute d'hommes d'Eglise ... C'est une manière pour nous de compatir avec ces personnes et
avec toute l'Eglise, de porter la honte et le déshonneur, dans la prière et la pénitence ... Comme
je le disais, la prière du milieu du jour en silence peut être uri lieu concret pour porter et traverser
cela.
Nous retrouvons ce matin en plein carême, ce chapitre qui donne l'orientation profonde
pour un chemin renouvelé de notre conversion ... La veille du mercredi des cendres, je relevais
le mot « s'appliquer» pour retrouver « le goût de la vie nouvelle»en Christ. .. La prière, le
jeûne, l'attention aux autres dans lesquels nous nous appliquons, voudraient nous réveiller de
l'habitude, voire de la torpeur, pour retrouver une plus grande ardeur spirituelle. Il s'agit pour
chacun de choisir davantage le Christ et d'adopter une manière de vivre qui manifeste qu'Il est
le premier dans notre vie, Lui et son commandement d'amour. Pour cela, laissons-nous conduire
par l'Esprit Saint qui vient réveiller le désir de nous donner et d'être plus généreux ... sans
s'exténuer, mais avec discernement. Il ne s'agit pas de faire des exploits, mais de retrouver ce
lieu secret qui nous arrache à notre orgueil, à notre paresse peut-être, afin de nous donner plus
en vérité. Il ne s'agit pas de vouloir imiter tel ou tel. Non, il nous revient d'être là où nous
sommes faibles et pécheurs, pour nous offrir à l'œuvre de renouvellement de l'Esprit.Ce lieu
secret où nous lâchons prise, st Benoit nous laisse entendre qu'il sera le lieu de notre vraie
joie .... « la joie du désir spirituel ». Donc n'ayons pas peur de nous laisser conduire au plus
intime de notre cœur. Une vie plus vivante nous est promise, au gré de nos renoncements, de
nos déplacements ou de nos pas vers les autres. Voilà une marche active vers Pâques pour
retrouver le goût de la vie nouvelle en Christ. - 23-03-2019
22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.
23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.
24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.
25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.
« Le dimanche, tous vaqueront à la lecture» ... Le verbe «vaquer» vient du latin
« vacare», qui signifie « être vide », « être libre, inoccupé », « avoir des loisirs pour... » Ce
verbe revient plusieurs fois dans ce chapitre qui nous parle de la répartition des heures entre
travail et lectio. Il est intéressant de noter qu'à six reprises, ce verbe est utilisé pour dire que
les frères «vaqueront à la lecture» (48, 4,10,13,14,17,22). Lorsqu'on parle du travail, on ne
parle pas de vaquer au travail, mais de « travailler» ou de « faire l'ouvrage qui doit être fait ou
commandé» (48, 3,6, Il ,23,24). Cette différence de vocabulaire est suggestive. On vaque à la
lecture et on travaille ou on fait un ouvrage demandé ... D'un côté, pour reprendre l'étymologie,
on se vide pour lire, de l'autre on fait quelque chose en se donnant de la peine. Deux autres
usages du verbe « vacare », dans le même chapitre, corroborent cette compréhension lorsque st
Benoit met en garde contre ceux qui «vaquent à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de
s'adonner à la lecture» (48, 18), ou lorsqu'il recommande que le dimanche, personne ne « reste
inoccupé» (vacare en latin) (48, 23). En effet, on peut être libre ou disponible, mais pour ne
rien faire ou pour perdre son temps en bavardage. Benoit redoute ce vide qui n'est pas habité,
cette «oisiveté, ennemie de l'âme », fustigée au début du chapitre. Autrement dit dans ce
chapitre, on voit deux façons de « vaquer », d'avoir du temps libre: l'une pour s'adonner à la
lecture, l'autre pour ne rien faire.
N'a-t-on pas là une clé pour mieux comprendre comment vivre nos temps libres? Pour
distinguer une juste détente d'une divagation ou d'une distraction oisive, voire oiseuse. Le
dimanche et les jours de fêtes, comment vivons-nous nos temps libres? Sont-ils des moments
vides, de vague à l'âme où l'on ne sait trop que faire, des moments de distraction où l'on erre
de-ci delà pour se changer les idées et tuer le temps? Ou alors sont-ils des temps libres
disponibles pensés pour être vraiment des moments de détente vécus sous le regard de Dieu?
Ces derniers temps libres sont alors pleins car vraiment donnés dans un but précis et conscient,
dans la lumière et la dynamique de notre propos de vie monastique. Autrement dit, il y a deux
façons de vivre un temps libre: une façon vide, oiseuse qui erre et ne sait pas vraiment ce
qu'elle veut, dont on sort souvent insatisfait, voire déçu, et une façon pleine et heureuse qui se
donne avec joie dans un loisir, en pleine cohérence avec son désir de vie monastique. La
différence entre les deux réside, il me semble, dans le fait que l'on place délibérément nos
moments libres de détente sous la lumière de Dieu, dans le désir de vivre ce temps aussi pour
Lui et avec Lui, non comme quelque chose qui serait à part ... Dieu est heureux que nous
puissions nous reposer pour mieux nous donner à son service et à celui de nos frères. Faisons-
Lui cette confiance et cet honneur de nous placer son regard dans nos moments de détente. - 22-03-2019
22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.
23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.
24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.
25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.
«Le dimanche, tous vaqueront à la lecture»...Le verbe «vaquer» vient du latin
« vacare», qui signifie « être vide », « être libre, inoccupé », « avoir des loisirs pour ... » Ce
verbe revient plusieurs fois dans ce chapitre qui nous parle de la répartition des heures entre
travail et lectio. Il est intéressant qu'à six reprises, il est utilisé pour dire que les frères vaqueront
à la lecture (48, 4,10,13,14,17,22). Lorsqu'on parle du travail, on ne parle pas de vaquer au
travail, mais de «travailler» ou de « faire l'ouvrage qui doit être fait ou commandé» (48,
3,6,11,23,24). Cette différence de vocabulaire est suggestive. On vaque à la lecture et on
travaille ou on fait un ouvrage demandé ... D'un côté, pour reprendre l'étymologie, on se vide
pour lire, de l'autre on fait quelque chose en se donnant de la peine. Deux autres usages du
verbe « vacare », dans le même chapitre, corroborent cette compréhension lorsque st Benoit
met en garde contre ceux qui « vaquent à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'adonner à la
lecture» (48, 18), ou lorsqu'il recommande que le dimanche, personne ne « reste inoccupé»
(vacare en latin) (48, 23). En effet, on peut être libre ou disponible, mais pour ne rien faire ou
pour perdre son temps en bavardage. Benoit redoute ce vide qui n'est pas habité, cette « oisiveté,
ennemie de l'âme », fustigée au début du chapitre.
N'a-t-on pas là une clé pour mieux comprendre ce qui pourrait distinguer une juste
détente d'une divagation ou d'une distraction oisive, voire oiseuse? Le dimanche et les jours
de fêtes, comment vivons-nous nos temps libres? Sont-ils des moments vides, de vague à l'âme
où l'on ne sait trop que faire, des moments de distraction où l'on erre de-ci delà pour se changer
les idées et tuer le temps? Ou alors sont-ils des temps libres disponibles penséspour être
vraiment des moments de détente vécus sous le regard de Dieu? Ces derniers temps libres sont
vraiment pleinscar vraiment donnés dans un but précis et conscient, dans la lumière et la
dynamique de notre propos de vie monastique. Autrement dit, il y a deux facons de vivre un
temps libre : une facon vide, oiseuse qui erre et ne sait pas vraiment ce qu'elle veut, dont on
sort souvent insatisfait, voire déçu, et une facon pleine et heureuse qui se donne avec joie dans
un loisir en pleine cohérence avec son désir de vie monastique. La différence entre les deux
réside il me semble, dans le fait que l'on place délibérément nos moments libres de détente sous
la lumière de Dieu, dans le désir de vivre ce temps aussi pour Lui et avec Lui, non comme
quelque chose qui serait à part ... Dieu est heureux que nous puissions nous reposerpour mieux
nous donner à son service et à celui de nos frères. Faisons-Lui cette confiance et cet honneur de
nous placer son regard dans nos moments de détente. - 22-03-2019
10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.
11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.
12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.
13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.
14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.
15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.
16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.
17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.
18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.
19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;
20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.
21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.
Après la lectio et la prière, autre lieu important de notre vie: le travail. « Vivre du travail
de ses mains»est un des traits bénédictins qui reste important, même si aujourd'hui une part
du travail devient un travail des doigts (ordinateur) ou de la relation (réunion, concertations
diverses) ... Si au début du chapitre, St Benoit semblait penser le travail et la lecture comme un
remède à l'oisiveté, nous reconnaissons aujourd'hui sa valeur plus globale de facteur de
construction personnelle et sociale. Pour la vie personnelle, le travail est un magnifique lieu de
don et d'expression. En œuvrant à la cuisine, au jardin, à faire du ménage, à la lingerie, à la
liturgie ou de la comptabilité, je me donne, et dans le même temps je me reçois. Je donne mon
temps, mon énergie et je partage mes compétences. En retour, je reçois cette place unique au
sein de la communauté, dans la reconnaissance des frères qui me donne d'être pleinement moi-
même. Le travail est un lieu privilégié d'échange et d'entraide entre nous, où chacun reçoit son
visage propre. Lorsque pour sa fête, le P. Abbé remercie un frère en rappelant les tâches qu'il
accomplit, il s'agit bien plus que d'une formalité, mais bien d'une reconnaissance. Le don du
frère est reconnu comme un bien précieux. Dire « merci », c'est dire au frère que le don de sa
vie m'est vital. Le travail a encore une dimension sociale Qlus large gui englobe et déborde la
communauté. Ensemble par le travail, nous contribuons à la subsistance de tous. Nous ne
souhaitons pas vivre en dépendance de l'extérieur, comme des parasites ... Cette critique était
souvent faite aux moines et religieux du 18°s peu avant la révolution. Comme tout être humain,
nous désirons entrer dans l'échange plus large qui structure la société dans laquelle nous
appartenons. Par cet échange, nous participons à faire vivre la société, et nous recevons d'elle
en échange de quoi vivre. Aujourd'hui nous apportons différents services comme la librairie et
l'accueil, mais aussi la poterie, l'électricité, et nous recevons en échange une bonne part de nos
revenus. D'une autre manière qui ira sûrement en se développant, avec la permaculture, nous
entrons dans cet échange avec d'autres chercheurs pour redonner vie à notre lien avec « sœur
notre mère la terre» (St François). Le travail nous humanise en nous rendant solidaire de nos
contemporains. Nous pouvons nous réjouir d'être ainsi insérés dans un tissu large de relations
avec nos employés et les divers artisans, mais aussi ceux vécus dans les diverses réunions
auxquelles nous pouvons assister pour les magasins et hôtelleries monastiques, mais aussi avec
le syndicat des exploitants de centrale électrique, avec le parc du Morvan pour la ferme etc ...
Nos forces diminuant, notre engagement dans le travail, vital pour nous, se vivra sûrement de
plus en plus dans l'interdépendance, avec d'autres acteurs proches ou lointains. - 21-03-2019
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
Que ferions-nous sans cadre horaire? Pourrions-nous vivre sans ce repère essentiel? La
vie commune impose d'avoir un même horaire pour l'organisation pratique, bien sûr et plus
profondément pour que se construise la communion entre nous. Ensemble, nous communions
dans le silence durant le temps de la lectio divina avant la messe. Ensemble, nous communions
dans le service de la communauté par le travail et les activités. Dans les deux cas, aucun de
nous n'est à son compte, pour vivre à sa guise. C'est pour cela qu'il est bon de faire le point de
temps en temps sur notre manière d'organiser notre temps. Est-ce que je suis vigilant pour ne
pas perdre mon temps, en vue de le vivre pour le Seigneur et pour la communauté? Au début
du Carême, je disais que je rencontrerai chacun pour faire le point sur son usage d'internet.Je
suis disponible pour ces rencontres. On peut déjà me faire signe. Parler de notre manière
d'utiliser internet revient à discerner sa place dans notre équilibre de vie entre prière, lecture,
travail et autres activités. Car à la différence de Benoit, notre époque connait une 4° catégorie
qu'on pourrait dénommer «autres activités»dans lesquelles on peut mettre la détente, le
courrier et les relations en général. Avec internet, cette dernière catégorie peut se révéler très
ou trop chronophage au détriment des autres parties traditionnelles de la vie monastique. Elle a
aussi une propension à nous attirer dehors, pour savoir ce qui se passe à l'extérieur, et être au
courant dans l'espoir de ne pas être déphasé ... Ici, nous devons vérifier où est notre priorité ...
Comment vivons-nous ces autres activités? Quel temps effectif y passons-nous? Je soulignerai
volontiers ce matin, un premier lieu de discernement: notre manière de chercher Dieu et de
mettre en oeuvre les moyens à notre disposition: la prière, la lectio, le silence. Comment les
utilisons-nous pour apprendre à vivre toute chose sous le regard de Dieu? Sommes-nous
capables de passer du temps gratuit avec lui, ne serait-ce qu'en arrivant en avance à l'office,
par ex ... N'oublions pas de creuser notre puit pour y aller puiser la bonne eau des profondeurs?
Ne soyons pas des hommes de la surface qui veulent se prouver quelque chose ou qui sont
préoccupés par le regard des autres. Sans cesse, cherchons la qualité dans ce que nous vivons.
Acceptons le lent et secret labeur de la prière personnelle et communautaire, le patient
labourage de la lectio. La Parole est semée, jour après jour, pour un fruit qui vient en son temps.
A l'heure de Dieu qui voit notre fidélité aimante, patiente et obstinée. Lui seul sait les fruits
que nous pouvons porter et donner. Avec confiance, chaque matin comme le dit f. Yves,
retournons à notre jardin intérieur, chaque matin, retournons notre jardin,ce sera de l'or à la fin. - 20-03-2019
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
Ce chapitre est d"abord un appel à la loyauté: Ne rien laisser dans
l'ombre. « Il ira aussitôt s'en accuser devant l'Abbé et la
communauté ». La loyauté est une vertu naturelle. Mais St Benoit
en fait ici la délicatesse de l'homme, dans ses rapports avec Dieu
et avec ses frères.
Le Christ nous connait personnellement. Il sait notre faiblesse. Et
pourtant, Il nous a choisis. Il choisit des hommes, non des héros. Il
ne d'agit donc pas d'acquérir une sainteté idéale, à force de
volonté. Il s'agit de répondre à l'appel du Christ. Ne pas nous
lasser de revenir à Lui, quelles que soient nos faiblesses et nos
chutes. Nous pouvons croire que le Christ peut tout en chacun de
nous.
C'est toujours la même réalité que nous rappelle St Benoit: L'unité
de notre vie. Progresser dans la vie monastique, c'est se simplifier.
C'est apprendre à regarder notre vie comme Dieu la voit. Chaque
instant de notre vie jaillit de l'aujourd'hui de Dieu, et s'enracine
dans son éternité. Aimer vraiment, c'est répondre à l'amour de
Dieu pour nous. Il est présent à tous les instants de notre vie. Cela
signifie exclure tout compartimentage, toute zone réservée, où
Dieu ne serait pas le seul objet de notre recherche.
Enfin, St Benoit nous parle des pères spirituels, à qui l'on vient
découvrir les manquements secrets, et qui savent garder le secret
des fautes révélées. Cette relation au Père Spirituel est très
importante dans nos vies de moines. Elle peut nous sauver aux
heures difficiles qui ne manquent pas, dans toute vie. Mais la
discrétion, nous avons tous à la pratiquer. Sur les choses qui ne
doivent pas être divulguées, surtout en ce qui touche au secret de
l'âme. Faisons attention à ne blesser personne, en parlant trop. A
ce point de vue, nous avons tous, d'une certaine façon, charge
d'âme. 15/3/19
1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.
3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.
Dans ce chapitre, St Benoit établit à nouveau une relation
entre le fait de réparer une erreur commise, et l'humilité.
Savoir demander pardon est signe d'humilité. Oublier de le
faire, refuser de le faire, peut être un signe de l'orgueil.
Mais qu'est-ce que l'orgueil? Cassien peut nous aider: il
distingue l'orgueil de la vanité: la vanité se nourrit du
regard d'autrui: qu'est-ce que l'on pense de moi, comment
agir pour me mettre en valeur. L'orgueil, au contraire,
méprise l'autre, nie son existence. Nous comprenons
mieux ainsi ce que St Benoit nous dit dans ces chapitres
de la Règle.
Réparer, prendre le temps de demander pardon, c'est
redonner sa place à l'autre dans notre vie. Donner une
dimension supplémentaire à notre existence, que l'orgueil
a aplatie. L'un des signes les plus évidents de la
conversion de notre cœur, c'est la place que nous
donnons à l'autre, dans notre cœur, dans notre vie.
L'orgueilleux ne se rend même pas compte qu'il fait
souffrir, qu'il gêne, qu'il agace. Sa vie n'a qu'une seule
dimension, son propre intérêt. Le vaniteux a au moins
quelque peu cette dimension de l'altérité, même si elle est
encore centrée sur lui-même.
Ainsi, les petits gestes de notre vie sont des bons
indicateurs, pour nous ramener à la vérité de ce que nous
vivons, de notre relation à Dieu et aux autres. Ils peuvent
nous rendre plus lucides. Ils peuvent nous aider à grandir.
A être en relation avec les autres, et aussi avec Dieu. 14/3/19
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
« Il se jettera aux pieds de l'Abbé, puis de tous, afin qu'ils prient pour
lui », Ce chapitre nous parle de la manière de réparer nos fautes. Et ce
verset nous indique le chemin: Demander pardon. Demander la prière
de nos frères. Quand un frère demande pardon, il est grand, nous en
sommes souvent témoins. Et si nous sommes capables de demander la
prière de nos frères, nous pouvons échapper à la spirale de la faute qui
nous empêche de vivre.
La faute nous replie sur nous-mêmes. Elle nous aveugle, au point que
nous estimons avoir raison, seul, contre le monde entier. Le chemin de
libération passe toujours par l'autre, par la reconnaissance devant
l'autre, de nos faiblesses, de nos limites, de nos erreurs.
L'humilité nous permet de reconnaitre que nous sommes faillibles,
pécheurs, petits. Et cela commence dans les petites choses de la vie,
comme le souligne Benoit tout au long de la Règle: Etre en retard,
casser un objet, se tromper à l'Office ou dans la lecture.
Il ne s'agit pas de dramatiser ces incidents. Mais si nous prenons
l'habitude de demander pardon pour les petites choses, nous pourrons
le faire aussi pour les choses plus graves, plus difficiles. Ce qui nous
empêche de demander pardon, ce n'est pas que la faute n'ait pas
d'importance, comme nous le prétendons. Mais, justement, elle est
importante, et cela éveille en nous une angoisse. Nous avons peur. Peur
que notre pauvreté ne soit pas acceptée. Peur d'être rejeté. De ne plus
être aimé. Nous avons peur de l'autre. Peur de Dieu peut-être.
Notre vie communautaire nous donne des moyens pour vivre cette
démarche de réparation. Le chapitre des coulpes en est un. Il peut nous
aider à vaincre cette peur de l'autre. Cette peur d'être vu tel que nous
sommes. Pour faire la vérité. Pour devenir plus homme, plus fils de
Dieu. - 13/3/19
13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,
14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.
15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,
16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.
17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.
18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.
19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.
A propos des retards à l'office, la dernière fois, j'essayais de dire comment je
comprenais la fermeté, sinon la sévérité de Benoit. Que peut-on en dire à propos des repas?
Benoit est très sourcilleux pour que « tous ensemble.les frères disent le verset (du début),
fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment ». On fera de même, ajoute-t-il
pour le « verset que l'on dit après avoir mangé ». Si l'un manque ces moments, et qui, après
deux remarques, demeure dans le même défaut, il prendra son repas à part et sera privé de vin.
S'agit-il ici de simple discipline militaire? Il me semble que Benoit vit de cette forte conviction
que la communauté rassemblée pour le repas fait signe, pour elle-même et pour les autres, de
plus qu'elle-même. Nous ne mangeons pas seulement ensemble par souci de commodité
pratique, ni même par esprit de convivialité. Nous mangeons ensemble parce que nous sommes
rassemblés au monastère par le Christ qui désire faire de nous des membres vivants de son
corps. Si l'oratoire est le lieu premier où cette œuvre s'accomplit, le repas en est en écho comme
une illustration ou une manifestation. Là, nous refaisons nos forces ensemble. A travers le
service mutuel, depuis celui des pluches, en passant par la mise du couvert, la cuisine, la
préparation des fromages et des fruits, jusqu'aux différents services à table, nous nous recevons
les uns des autres. Au sens propre du terme, nous nous édifions les uns par les autres. Il a valeur
de signe très fort, le plus fort après l'eucharistie. Mais si trop de frères sont négligents pour être
là à l'heure, si l'un ou l'autre mange à son rythme sans se soucier des autres, si l'on se lève de
table sans vrai raison, si l'on ne fait pas attention aux besoins de son voisin, le signe s'étiole.
Comme je le rappelais, il y a peu, tous ces points ne sont pas des détails insignifiants. Au
contraire, c'est en nous y appliquant avec soin, que la table où l'on se restaure va devenir une
table fraternelle où l'on édifie mutuellement. Et si un frère est négligent, sachons ne pas lui
emboiter le pas ... attendre par ex avant de passer à l'autre plat que le premier sot achevé ... Tous
nous sommes faibles, et nous avons besoin parfois qu'un frère nous le rappelle par son exemple.
Pour reprendre le mot que je disais pour le début du carême: appliquons-nous, soyons présent
au corps communautaire, et pas seulement à notre assiette. Que cette attention et ce respect
fraternel deviennent une habitude, et quelque chose changera en nous et entre nous ... 09.03.2019