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1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;
2. ensuite « son prochain comme soi-même ».
Nous retrouvons ce chapitre qui va égrener 74 maximes se présentant comme des repères, des lumières pour la vie. Tirées pour la plupart des Ecritures, elles viennent au secours de notre faiblesse pour offrir une direction, un appui, une consolation.
Et tout d'abord en leur commencement, ces maximes désignent une priorité : « In primis, en premier lieu » « aimer » le Seigneur et aimer le prochain... En réentendant ces deux commandements que Jésus a liés ensemble, de manière solide et solennelle, je suis frappé par le fait qu'il n'agit pas d'aimer tout court, le Seigneur et le prochain. Non pas aimer tout court, mais aimer de « tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces», d'aimer« comme soi même ». Aimer tout court risquerait alors d'être vécu comme une démarche trop sentimentale. J'aime le Seigneur, j'aime mon prochain parce que j'éprouve de l'affection pour lui. Les commandements nous entrainent à aller plus loin, à aimer avec tout mon être, avec tout ce qui fait ma personne, à aimer même avec les parts obscures de moi-même. Quand f. Matthieu nous a présenté la prière juive qui a façonné Jésus, il a cité un extrait de la Mishna Berakhot IX, 5 qui commentait le Shéma Israël : « L'homme doit bénir pour le mal comme il bénit pour le bien. car il est dit .- 'tu aimeras le Seigneur, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir' (Dt 6, 5). 'De tout ton cœur ', avec tes deux instincts, le bon et le mauvais. 'De toute ton âme', mêmes 'il prend ton âme, la vie; 'de tout ton pouvoir', avec tout ton argent» ... A sa manière, le commentateur juif a essayé de dire cette globalité de la personne qui est engagée dans l'amour, en ces deux instincts, le bon et le mauvais, en son avoir (l'argent) et jusqu'au don suprême de sa vie, le martyr. De cet extrait, je retiens la compréhension selon laquelle aimer de tout son cœur, c'est aimer avec ses « deux instincts. le bon et le mauvais». Comment comprendre cela? N'est-ce pas une invitation à consentir à nous présenter devant le Seigneur tel que nous sommes avec les parts lumineuses comme avec les parts sombres de nous-mêmes, Aimer le Seigneur avec ces parts sombres, ce sera les lui présenter, les lui offrir afin qu'il fasse son œuvre aussi en elle. Ne pas occulter ces patts sombres, mais au contraire à partir d'elles, nous tenir plus en vérité. plus abandonné devant le Seigneur, n'est-ce une belle marque d'amour et de confiance? N'est-ce pas aussi dans le même temps, une manière de m'aimer moi-même, avec mes pauvretés, et par là un chemin pour aimer mon prochain, mon frère avec les siennes ?
7. Tous suivront donc en tout la règle comme leur maîtresse, et nul n'aura la témérité de s'en écarter.
8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,
9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.
10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.
11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.
12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,
13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »
En seconde partie de ce chapitre sur l'appel des frères en conseil, Benoit introduit un 3° terme pour le discernement: la règle... « Tous suivront en tout la règle pour maitresse », les frères comme l'abbé. Apparaissent ainsi les trois piliers fondamentaux de notre vie monastique cénobitique à l'école de St Benoit, la communauté, l'abbé et la règle. Sur ces trois piliers se construit la vie cénobitique et se vit un incessant discernement de la volonté de Dieu, et communautaire et personnel. Ces trois piliers se confortent les uns les autres et forment un trépied solide. Entre les trois se vit un constant va et vient et une mutuelle interdépendance qui fait jaillir la vie et du sens pour avancer dans l'histoire en perpétuelle évolution. Entre les trois, l'abbé, la communauté et la règle la vie circule basée sur une écoute continuelle. Chaque matin, dans le commentaire du chapitre, tous, abbé et communauté se mettent à l'écoute de la règle. Elle offre une norme de base, fondée sur l'évangile, qui structure notre la recherche de Dieu dans la prière et le travail. Fondamentalement nous nous mettons à son école. Mais la règle n'est pas un règlement qui aurait vocation à résoudre tous les problèmes. La vie appo1te son flot incessant de questions nouvelles qu'il faut discerner. C'est alors comme le prévoit Benoit que l'abbé peut adapter la règle en matière de nourriture par exemple ou de rythme de repas en fonction du travail, ou encore de vêtement. .. En quelque sorte dans ce cas, l'abbé et la règle se mettent à l'écoute de la communauté et de ses besoins, afin qu'il n'y ait pas de justes raisons de murmure qui entravent l'élan spirituel. Pour des questions plus importantes, la communauté s'écoute mutuellement comme on l'a vu lors des chapitres conventuels. Elle le fait à la lumière de la règle. Et quand l'abbé ; qui a écouté les avis de tous les frères, prend une décision, alors la communauté écoute et obéit à l'abbé afin de poursuivre ensemble la marche. Ainsi ce qui rend possible la vie en communauté, c'est l'écoute, c'est l'attention profonde à ce qui se vit, se cherche. aux besoins dans le désir de ne jamais manquer l'écoute du Seigneur et de sa volonté toujours à discerner au gré des situations et des évènements. Le trépied règle, communauté, abbé n'a pas d'autre fondement que cette écoute. que Benoit exprime souvent par l'expression qu'on retrouve ici à propos de l'abbé:« il fera tout dans la crainte de Dieu». Non la crainte qui est peur et qui paralyse, mais la crainte de manquer quelque chose qui est attention toujours en éveil et rend plus ouvert, aux autres, à soi-même et à Dieu. « Fais tout avec conseil » recommandé à l'abbé, est une autre manière de vivre cela: demeurer toujours ouvert....
1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.
2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.
3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.
4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,
5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.
6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.
Ce chapitre de la règle est un de ceux dans lequel on mesure le mieux l'équilibre subtil proposé par Benoit pour le gouvernement de la communauté. En ressort un modèle unique qui n'est ni de type démocratique, ni de type autocratique, mais qui se fonde sur une commune recherche dans l'écoute mutuelle. Et les frères, et l'abbé, entrent dans un exercice visant à rechercher la volonté de Dieu. C'est Lui qu'on désire écouter comme Je suggère la remarque:
« si nous avons dit que tous doivent être appelés en conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vau/ le mieux ». Pour favoriser cette écoute mutuelle, Benoit préconise plusieurs points d'attention : que tous soient appelés à donner leur avis, et en même temps que chacun soit libre vis-à-vis de son point de vue, et que l'abbé qui prend la décision le fasse avec prévoyance et justice. Cet exercice subtil, avouons-le, est toujours difficile. Il nous rabote. Quand la parole des autres rejoint mes convictions, pas de problème. Mais quand elle les prend à contre-pied, il peut m'être difficile de l'accepter. Est-ce parce que je m'identifie trop à mes idées ? Avec le risque que si elles ne sont pas entendues, je me sens alors rejeté avec elle... Peut-être est-ce là Je premier travail, à vivre, un travail spirituel. Ce travail est double : il consiste d'une part à prendre vraiment part au jeu de la discussion, sans rester en retrait, et d'autre part à veiller à demeurer dans le sujet échangé, en abandonnant les impacts affectifs. Dans les deux cas, ce travail est spirituel parce qu'il m'oblige à me mettre à J'écoute et à la disposition de !'Esprit qui cherche à parler dans le corps communautaire. En prenant la parole, je prends un risque etje m'offre à !'Esprit Saint pour donner ma part à la réflexion, puis dans l'échange, en me concentrant sur ce qui est dit, je fais preuve d'humilité en abandonnant la préoccupation de mon image ou de mes intérêts. Cette humilité se manifestera aussi dans la manière avec laquelle je prends la parole : est-ce que je le fais avec passion, voire avec violence, ou bien est-ce que je Je fais en mettant en avant une opinion dont j'accepte qu'elle soit mise en jugement par celle des autres ? Si je crois que cette opinion est juste et bonne pour la communauté, en dernier lieu Je jugement de sa pertinence ne m'appartient plus. Etre un parmi d'autres, donner sa parole une parmi les autres, pour que mûrisse et naisse une parole commune dans laquelle la communauté se reconnaitra et que l'abbé a charge de discerner. Les frères comme l'abbé sont invités à se décentrer d'eux-mêmes pour le bien de la communauté. A chaque fois, il s'agit d'une sorte d'accouchement plus ou moins douloureux. Chacun et ensemble, il nous faut naitre à un nouveau visage de notre vivre ensemble.
30. L'abbé doit toujours se rappeler ce qu'il est, se rappeler le titre qu'on lui donne, et savoir que « plus on commet à la garde de quelqu'un, plus on lui réclame ».
31. Et qu'il sache combien difficile et ardue est la chose dont il s'est chargé, de diriger les âmes et de se mettre au service de caractères multiples : l'un par la gentillesse, un autre par la réprimande, un autre par la persuasion... ;
32. et selon la nature et l’intelligence d’un chacun, il se conformera et s’adaptera à tous, de façon non seulement à ne pas subir de perte dans le troupeau commis à sa garde, mais aussi à se féliciter de l’accroissement d’un bon troupeau.
33. Avant tout, qu'il ne laisse point de côté ni ne compte pour peu de chose le salut des âmes commises à sa garde, en prenant plus de soin des choses passagères, terrestres et temporaires,
34. mais qu'il songe sans cesse qu'il est chargé de diriger des âmes, dont il devra aussi rendre compte.
35. Et pour ne pas se plaindre d'un éventuel manque de ressources, qu'il se souvienne qu'il est écrit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ;
36. et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. »
37. Et qu'il sache que, quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à en rendre compte.
38. Et autant il sait avoir de frères confiés à ses soins, qu'il soit bien certain qu'il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes au jour du jugement, sans parler de sa propre âme, bien entendu.
39. Et ainsi, craignant sans cesse l'examen que le pasteur subira un jour au sujet des brebis qui lui sont confiées, en prenant garde aux comptes d'autrui, il se rend attentif aux siens,
40. et en procurant aux autres la correction par ses avertissements, lui-même se corrige de ses vices.
Ce paragraphe conclusif du premier chapitre consacré à l'abbé fait bien sentir la tension de notre vie ordonnée à la vie du Royaume, la tension eschatologique. Si tous auront à rendre compte de leur vie, l'abbé devra en plus de la sienne rendre compte de celles des frères qui lui sont confiés. Aussi doit-il le premier, pour et avec ses frères, donner à voir et à entendre que cette vie présente n'est pas à gaspiller. Elle est à vivre comme une intense recherche du Royaume et de sa justice. La vie présente est comme un livre qui s'écrit et qui ne se dévoilera pleinement en ses ombres et ses lumières, que dans la clarté du Royaume. Nos existences s'écoulent. Mais la vie loin de se diluer ou de se perdre à la manière d'un ruisseau dans les failles de la tene, porte en elle une énergie d'éternité qui apparaitra au plein jour dans le regard de Dieu. Aux yeux de Dieu, tout est important, le souffle, les gestes, les paroles, le désir. Car tout est ordonné à être plein de sa vie divine pour l'éternité. Dès cette vie, il nous revient de nous offrir pleinement à la vie divine, afin qu'elle vienne allumer et faire briller de sa lumière toutes les parcelles de vie, toutes les potentialités dont nous sommes porteurs. Mus par la conscience du temps gui est court, il nous faut mettre à profit toutes les occasions de charité et de don de soi. Nous devenons ainsi des serviteurs actifs de l'avènement du Royaume. Dans cette perspective, se comprend mieux l'image de la course vers le Royaume que Benoit développe dans le prologue. Il n'y a pas une minute à perdre. Mais attention, il y a un écueil à éviter, celui trop mondain de nous presser pour faire le plus de choses en moins de minutes possible. Car alors ce serait servir le dieu de ce monde pour qui« time is money ». La course à opérer est davantage à chercher dans une manière d'être persévérante qui est accueil de la vie offerte, et don de soi pour la laisser fructifier, dans la conscience de nos limites. On ne peut tout faire, mais on peut être pleinement soi-même. N'est-ce pas à cette veille là sur nos âmes que st Benoit nous invite ? La veille pour être, devenir pleinement soi-même dans la lumière de Dieu et de son appel, à travers les faux-pas, les échecs, la maladie peut-être, la faiblesse du grand âge. L'efficacité mondaine n'est pas le critère du Royaume, mais bien la capacité à être et à devenir soi-même sous la lumière de la miséricorde de Dieu. En ce monde avec ses tâtonnements et ses erreurs inévitables, pécheurs et faillibles, nous ne sommes pas écrasés par la lumière de la miséricorde divine. Loin de se présenter comme un reproche, elle nous entraine à plus de confiance pour oser avancer vers la lumière éternelle, où Dieu nous attend comme un Père.
23. Dans son enseignement, d'autre part, l'abbé doit toujours observer la norme que l'Apôtre exprime ainsi : « Reprends, supplie, réprimande »,
24. c'est-à-dire que, prenant successivement des attitudes diverses, mêlant les amabilités aux menaces, il se montrera farouche comme un maître et tendre comme un père.
25. C'est dire qu'il doit reprendre durement les indisciplinés et les turbulents, supplier d'autre part les obéissants, les doux et les patients de faire des progrès ; quant aux négligents et aux méprisants, nous l'avertissons de les réprimander et de les reprendre.
26. Et qu'il ne laisse point passer les fautes des délinquants, mais qu'il les retranche jusqu'à la racine dès qu'elles commencent à se montrer, pendant qu'il en a encore le pouvoir, se souvenant de la condamnation d'Héli, le prêtre de Silo.
27. Les âmes bien nées et intelligentes, qu'il les reprenne une et deux fois par des admonitions verbales,
28. mais les mauvais sujets, durs, orgueilleux, désobéissants, que les coups et le châtiment corporel les arrêtent dès le début de leur faute, vu qu'il est écrit : « On ne corrige pas un sot avec des mots »,
29. et encore : « Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »
En écho à ce passage sévère que nous venons t'entendre et qui peut nous effrayer,j'ai trouvé cet apophtegme des pères du désert, dans la série des anonymes. « Un des saints, peu/ être Jean Colobos, disait: « Il n'y a pas d'œuvre de charité meilleure que celle de ne pas mépriser sonji-ère car il est écrit: 'Reprends ton prochain et tu n'auras pas de péché à cause de lui' (Lv 19,17). Donc si tu vois ton.frère en train de pécher et que tu omets del 'avertir pour qu'il connaisse dès lors sa propre.faute, son sang sera sur tes mains. Mais si on le reprend et qu'il continue, il mourra par sa faute. Il est bon pour toi de le reprendre avec charité sans l'injurier ni le mépriser comme un ennemi ». Je retiens de ce passage le lien établi entre le fait de ne pas mépriser un frère qui est la meilleure charité, et le fait de le reprendre s'il a commis une faute... Autrement dit, ne pas reprendre un frère qui commet une faute peut-être une subtile forme de mépris. et donc de non charité... Nous le savons tous, et celui qui vous parle en premier, combien il est délicat de reprendre un frère. Spontanément nous n'en avons pas envie. Soit parce que nous craignons la réaction, soit parce que nous ne nous savons pas meilleur que lui, soit peut-être plus paresseusement parce que nous manquons de courage. L'apophtegme que je viens de lire montre que cette abstention, alors que notre conscience nous presse clairement à parler, peut finalement être une forme de mépris. « Le sang du _fi-ère est sur nos mains». Ne pas l'avertir, c'est le laisser dans une voie qui le conduit à une forme de mort. Dans cette lumière, l'insistance et la sévérité de Benoit peuvent mieux se comprendre. L'enjeu
est la vie du frère ainsi que la santé de la communauté.
Comme le suggère P. Adalbert, Benoit va adoucir son propos sur la correction lorsque dans le second chapitre consacré à l'abbé, il dira : «Il se souviendra qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité suivant ce qu ïl lui semblera opportun pour chaque individu ... » Difficile exigence et difficile équilibre : pouvoir dire afin de permettre à un frère de ne pas rester dans son mal être et son mal vivre, et le faire avec prudence et charité, afin d'aider le frère sans le blesser davantage. Il y a un risque à prendre. Il y a aussi le moment le plus propice à discerner. Il y a la manière de dire : plus que de vouloir faire la leçon en faisant des reproches« tu» as fait cela,« tu» es comme cela, il s'agit de faire entendre combien ce qui s'est passé ou dit a pu me faire mal, ou faire mal à un frère ou encore à la communauté. « Que lejuste me reprenne et me corrige avec bonté » dit le psalmiste (Ps 140, 5). Que le Christ doux et humble de cœur nous enseigne cet mt.
16. Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère.
17. Il n'aimera pas l'un plus que l'autre, à moins qu'il ne l'ait reconnu meilleur dans les bonnes œuvres ou l'obéissance.
18. A l'homme venu de l'esclavage qui entre en religion, il ne préférera pas l'homme libre, à moins qu'il n'existe une autre cause raisonnable.
19. Que si l'abbé en décide ainsi, la justice l'exigeant, il fera de même pour le rang de qui que ce soit ; sinon, ils garderont leur place normale,
20. car « esclave ou libre, nous sommes tous un dans le Christ », et sous un même Seigneur nous portons d'égales obligations de service, car « Dieu ne fait pas acception de personnes. »
21. Notre seul titre à être distingués par lui, c'est d'être reconnus meilleurs que les autres en bonnes œuvres et humbles.
22. L'abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas suivant les mérites.
« Témoigner une égale charité à tous» : est-ce possible? Dieu. seul, qui est amour et charité, a le secret d'une égale charité pour tous. Si st Benoit y exhorte l'abbé, n'est-ce pas pour lui rappeler un horizon vers lequel tendre ? En veiiu de son ministère qui le place dans une relation unique avec chacun, le service de la croissance de tous dans la vie monastique ne peut se faire que dans la charité. L'amour doit être au cœur de la relation entre l'abbé et ses frères, non la crainte, encore moins le mépris ou la méfiance. On trouve d'autres expressions de cette même conviction quand st Benoit demande à l'abbé de veiller à être« plus aimé que craint» (RB 64, 15) ou aux moines« d'affectionner leur abbé d'une charité sincère et humble» (RB 72, 10).
Placer l'amour au cœur de la relation d'autorité, n'est-ce pas une gageure? Certainement cela déplace nos schémas habituels. Et l'abbé et les frères sont invités à entrer dans un regard de foi qui ouvre d'autres horizons possibles à cette relation exigeante et structurant pour la vie monastique. Peut-être même pourrait-on dire, sans ce regard de foi (mentionné au début du chapitre) la relation entre l'abbé et les moines serait impossible à tenir dans la justesse souhaitée. Et la charité est là, donnée et mise en œuvre pour nourrir ce regard de foi. Donnée, comme une grâce reçue de part et d'autre pour voir plus loin que les contingences humaines, mise en œuvre de part et d'autre comme un humble labeur à reprendre jour après jour. Don de !'Esprit Saint répandu en nos cœurs, la charité fait grandir dans la confiance mutuelle l'abbé et ses frères. Cette confiance elle-même s'affermit par l'écoute mutuelle qui se vit dans une commune recherche de la volonté de Dieu. Cette charité est aussi un labeur... pour ne pas laisser « le vent de nuit, ni les démons éteindre le feu » pour reprendre
les mots de l'hymne pascale de D. Rimaud. Les relations peuvent connaitre des tensions. Quand
rAbbé dit un « non » là où le « oui » aurait été attendu et désiré. Quand un frère se ferme ou se
bute à la parole de l'abbé. Quand l'abbé peine à écouter un frère, à l'accueillir. Le « vent de nuit » peut alors rôder avec toutes ses suggestions illusoires et mensongères pour tenter d'enfermer l'autre dans une fausse image en vue de rompre la relation. La charité est en péril. Aussi dernande-t-elle un sursaut pour libérer le cœur du cinéma envahissant des pensées guerrières. La charité appelle alors une incessante vigilance en présence de Dieu pour demeurer vivante au cœur de cette relation peu ordinaire entre l'abbé et ses frères. « Viens Esprit de Sainteté, viens nous embraser ... » !
11. Quand donc quelqu'un prend le titre d'abbé, il doit diriger ses disciples par un double enseignement,
12. c'est-à-dire qu'il montrera tout ce qui est bon et saint par les actes plus encore que par la parole. Ainsi, aux disciples réceptifs il exposera les commandements du Seigneur par la parole, aux cœurs durs et aux plus simples il fera voir les préceptes divins par ses actes.
13. Inversement, tout ce qu'il enseigne aux disciples à regarder comme interdit, qu'il fasse voir par ses actes qu'on ne doit pas le faire, « ;de peur qu'en prêchant aux autres, il ne soit lui-même réprouvé »,
14. et qu'un jour Dieu ne lui dise, à cause de ses péchés : « ;Pourquoi proclames-tu mes ordonnances et recueilles-tu dans ta bouche mon alliance, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? ;»
15. Et : « Toi qui voyais le fétu dans l'œil de ton frère, dans le tien tu n'as pas vu la poutre. »
Prêcher, témoigner par la vie avant de le faire par les paroles... Ce que St Benoit recommande à l'abbé ressemble étrangement à ce que nous disait dimanche soir, D. Nourissat de la manière d'évangéliser en pays musulman. Entre humains, qu'on soit au monastère ou ailleurs, la vraie parole qui touche, c'est elle qui prend corps dans un comportement, dans des attitudes. Et plus ces comportements semblent naturels. non feints ou forcés, plus le message porte. lei, nous sommes tous des apprentis. à la suite de Jésus, la Parole faite chair. Lui seul est vraiment la Parole incarnée. Lui, !'engendré du Père a su donner la plus parfaite expression humaine de son être filial, se recevant tout entier Parole du Père. En regardant Jésus, en le contemplant dans la lectio et la prière, nous sommes entrainés à devenir ces fils transfigurés par la Parole. L'important est moins de dire que de faire, et plus encore d'être fait, et de se laisser faire sous la motion de !'Esprit. Car c'est d'abord une œuvre de grâce, un don que Dieu nous fait. Et me direz-vous, que nous reste-t-il? A nous croiser les bras?
Toute la pédagogie monastique, avec son rythme et ses coutumes, voudrait contribuer à ce que ce mystère de filiation prenne corps dans nos vies. Elle nous fait vivre concrètement au jour le jour sous une parole, sous la Parole. On peut entendre dans la citation faite du Ps 49 qui est un reproche de Dieu à son peuple, que st Benoit recommande de garder la discipline commune. « Pourquoi proclames-tu mes ordonnances ...alors que tu hais la discipline et que lu as rejeté mes paroles derrière toi ? » Garder la discipline commune, nous tenir vigilants sous les prescriptions de la règle, sont autant de moyens offerts pour persévérer et ne pas nous relâcher. Nous sommes si faibles et si enclins à nous décourager face aux difficultés. La règle vient à notre secours aux jours de brouillard pour garder notre élan, même si le cœur n'y est pas. Le P. Abbé connait aussi ces jours où il aurait envie de ne pas faire lectio, ne pas aller à l'office, ou de ne pas faire tel service ou tel travail. Tenir la règle commune pern1et de traverser le passage à vide, en mesurant souvent après coup le bienfait que la persévérance procure. En ce domaine, les recommandations des pères du désert sont nombreuses. Ainsi aux moments de tentation. l'exhortation à tenir la cellule, qui correspond globalement pour nous à garder la règle commune, en est un exemple significatif. Alors que tout nous pousserait à abandonner, à biaiser ou à mitiger, tenir l'exigence avec constance, sans dureté, sera une source de profit spirituel assuré. « Qui offre le sacr/fice d'action de grâce, celui-là me rend gloire: sur le chemin qu'il aura pris, je lui.ferai voir le salut de Dieu » ••• poursuit le psalmiste.
1. L'abbé qui est digne de gouverner le monastère, doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne, et vérifier par ses actes le nom du supérieur.
2. Il apparaît en effet comme le représentant du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle d’un des noms de celui-ci,
3. selon le mot de l'Apôtre : « Vous avez reçu l'esprit d'adoption filiale, dans lequel nous crions : abba, père ! »
4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,
5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.
6. L'abbé se rappellera toujours que son enseignement et l'obéissance des disciples, l'une et l'autre chose, feront l'objet d'un examen au terrible jugement de Dieu.
7. Et l'abbé doit savoir que le pasteur portera la responsabilité de tout mécompte que le père de famille constaterait dans ses brebis.
8. En revanche, si le pasteur a mis tout son zèle au service d'un troupeau turbulent et désobéissant, s'il a donné tous ses soins à leurs actions malsaines,
9. leur pasteur sera absous au jugement du Seigneur et il se contentera de dire au Seigneur avec le prophète : « Je n'ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut. Mais eux s'en sont moqués et ils m'ont méprisé. »
10. Et alors, les brebis qui auront désobéi à ses soins auront enfin pour châtiment la mort triomphante.
L'obéissance envers un homme peut-elle être autre chose qu'une affaire de foi ? Si on croit, selon le mot de St Benoit, que l'abbé est le représentant du Christ, ce n'est pas parce qu'il aurait des qualités ou quelque chose que les autres n'auraient pas. Si on croit qu'en lui obéissant on obéit au Christ, n'est-ce pas parce que fondamentalement nous croyons que le Christ a confié à des hommes la charge d'être ses intendants ou ses pasteurs? Pour respecter notre libe1ié de réponse, il a voulu faire entendre sa parole sous les traits vulnérables d'une parole humaine. Dans l'attente de sa venue glorieuse, Jésus fait cette confiance incroyable aux hommes de poursuivre en son nom l'œuvre d'éclairer, de guider et de nourrir son peuple, sa maisonnée et son troupeau. Et dans un monastère, la manière de choisir l'abbé au moyen de l'élection fait redoubler d'émerveillement devant la confiance que le Christ fait à son peuple. Par le moyen de son Esprit répandu en chacun, le Christ rend la communauté elle-même responsable du choix de celui qui la conduira, et à qui elle obéira. La communauté qui a choisi pour abbé l'un des siens est pleinement responsabilisée dans son obéissance. Mystère de l'Eglise qui est grand et fragile à la fois : grand par la confiance que Dieu lui fait et fragile par les forces humaines en présence. Confiance de Dieu et fragilité humaine. Confiance de Dieu, ainsi l'abbé est-il sans cesse convoqué par Benoit dans sa Règle à ne jamais oublier la confiance qui lui est faite. Tout ce chapitre se présente comme une ferme mise en garde à son endroit. S'il est une figure du Christ pour ses frères, pas l'unique qu'on pense au malade ou à l'hôte, « il ne doit rien
enseigner, instituer ni commander qui soif en dehors du précepte du Seigneur» ... « Je n'ai pas
caché ta justice dans mon cœur,j'ai dit ta vérité et ton salut». Pour mieux parler, l'abbé doit être avant tout lui aussi un écoutant de la Parole, telle qu'elle se donne à entendre dans les Ecritures mais aussi au gré des rencontres et de la vie. Confiance de Dieu et fragilité humaine. Comme Benoit le dira dans le chapitre 64, 13, l'abbé ne doit pas oublier non plus sa propre fragilité, pour mieux soutenir celle de ses frères. Fragilités partagées, fragilités appelées à se soutenir mutuellement pour demeurer à l'écoute. Si l'abbé doit stimuler ses frères à demeurer dans l'écoute, sa responsabilité ne peut supplanter celle de chacun des frères, invité à assumer sa vie de disciple devant le Seigneur. Car, écouter reste pour chacun de nous le sacrifice plénier, celui qui coûte beaucoup parce qu'il nous place au cœur de la relation avec Dieu et avec nos frères.
10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,
11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.
12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.
13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.
On peine à imaginer le monde monastique qui sous-tend la description de ce chapitre sur les espèces de moines. L'évocation, haute en couleur qu'en fait la RM, et que Benoit volontairement abrège, laisse supposer que la vie monastique pouvait être assez répandue sous la forme de petits monastères ou d'ermitages dispersés. Les gyrovagues pouvaient alors passer de monastère en monastère, et profiter de l'hospitalité qu'on ne pouvait leur refuser au nom de la charité (RM !, 18). La description faite ici pourrait faire penser aux passagers que nous accueillons régulièrement. Certes les passagers ne prétendent pas être des moines, mais cependant quelques-uns vivent leur route comme une forme de pèlerinage.
Ce constat peut nous aider à ne pas trop vite regarder de haut ces hommes à l'allure peu attrayante. Certains peuvent vivre une expérience spirituelle d'abandon à la Providence de Dieu. En tout cas, tous, ils arrivent chez nous avec le poids d'une histoire qui les a humiliés et conduits là où ils n'auraient pas voulu aller de prime abord. Sur la route, l'aventure, l'inconnu et l'incertitude du lendemain, sont désormais leur pain quotidien. Ils deviennent ainsi des figures de notre humanité en marche, dans sa précarité foncière. Pèlerins d'humanité... Et si là se trouvait le point commun entre ces hommes qui passent et les moines que nous sommes, qui restent et qui les accueillent ? Avec eux, nous voudrions être des pèlerins, des hommes jamais installés. Si nous faisons le choix de la stabilité, ce n'est pa pour nous installer, mais pour nous laisser creuser. ce n'est pas pour nous assurer par nous-mêmes, mais pour nous enraciner dans le Christ. Là où les passagers vivent une quête mystérieuse, subie pour la plupart, assumée pour quelques-uns, nous les moines faisons le choix d'être là tous ensembles, en un même lieu ... La« valeureuse espèce des cénobites». Nous voulons assumer le labeur de l'enracinement dans le Christ et dans sa charité, au gré d'un quotidien porté et cherché ensemble. Garder une âme de pèlerin. peut nous aider à demeurer légers, non encombrés de choses ou de vaines exigences. Garder une âme de pèlerin, c'est ne jamais perdre de vue le but : être tout entier au Christ, et tout donné à nos frères. Sur de tels fondements, notre cœur se dilate et la demeure du Royaume se construit. Quand nous voyons des passagers, sachons leur offrir un sourire ou un geste amical. lis sont nos frères en humanité. Sachons recueillir simplement de leur présence, le témoignage de ce que nous voudrions nous aussi être au cœur de notre stabilité, des pèlerins jamais installés.
6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.
7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.
8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.
9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.
« Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de/ 'expérience, comme l'or dans la fournaise» ... Toutes les règles, mais aussi nos Constitutions, sont le fruit d'une expérience de vie. St Benoit lui-même a écrit sa règle en reprenant les meilleures expériences de ses prédécesseurs dans la vie monastique. En plusieurs passages, cette expérience vécue affleure.
De celle-ci, la règle retient et propose une sagesse de vie, empreinte de prudence et de bon sens. Que ron pense à la mesure de la nourriture qui prévoit deux plats au cas l'on ne pourrait prendre du l" (RB 39) ou à la manière de prévoir des aides pour la cuisine des hôtes afin d'éviter le
murmure (RB 53) ou encore à l'accueil très réservé des prêtres afin d'éprouver leur humilité (RB 62)... La règle sous laquelle nous voulons vivre est avant tout une maitresse de vie pour nous conduire à la vraie vie en Christ. Cette vie est à la fois toujours nouvelle et très ancienne... Toujours nouvelle parce que chacun et tous ensemble, nous lui donnons un visage unique, notre visage individuel et notre visage communautaire d'aujourd'hui. L'Esprit Saint y est à l' œuvre pour faire du neuf. Très ancienne en même temps, car la vie monastique nous enracine dans l'expérience humaine du Christ, devenue expérience commune à tous les disciples de siècles en siècles. Expérience de mort et de résurrection, de don de soi et de renouvellement, d'humilité et de charité. C'est en vertu de cette expérience commune que nous pouvons lire avec profit les expériences de ceux qui nous ont précédés, et que nous pouvons nous mettre sous la règle d'un homme du 6°s... Il s'agit d'apprendre à tirer de ce trésor du neuf et de l'ancien.
Le sarabaïte qui sommeille toujours en nous, ne désire pas être éprouvé par une règle. Il pense accéder à la nouveauté en Christ, sans prendre le patient temps, de s'enraciner dans les expériences de multitudes de disciples qui nous précèdent. JI rêve de faire l'économie du travail intérieur de mort avec le Christ pour ressusciter avec Lui. Il oublie que son humus, sa propre terre est en partie sauvage. Elle n'est pas d'emblée accordée à la liberté apportée par le Christ. Il lui faut être travaillée, labourée au moyen des outils éprouvés. que sont les coutumes, les paroles de sagesse, les exemples des anciens. A cette condition seulement, elle portera du fruit, avec la grâce d'une pluie abondante. « Que passe la charrue sur nos landes rebelles, sur nos terres en friches ! La Parole ira s'y planter, promesse pour le pauvre et pauvreté offerte au riche ».