vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 19, v 01-06 De la tenue quand on psalmodie écrit le 12 février 2020
Verset(s) :

1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »

2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.

3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;

4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;

5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »

6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,

Commentaire :

« Que notre esprit concorde avec notre voix». Nous ne sommes pas des perroquets qui répéterions inlassablement les mêmes choses. Nous sommes les portevoix de l'Eglise et de l'humanité qui reprenons ces mots pétris d'histoire, de sueur et de sang. Si ces mots ne sont pas nôtres, parce que reçus des psalmistes ou de la liturgie de l'Eglise, la voix est nôtre. Elle reste unique. A travers notre voix, ces mots sortis des âges et de tripes humaines, trouvent un nouvel écho, une nouvelle résonnance devant notre Père des Cieux. Par notre voix, nous les chargeons de notre propre recherche, de nos questions et de notre espérance. Nous croyons que se vit alors un mystérieux et profond de travail de transformation de notre cœur, et à travers lui du cœur des hommes pour lesquels nous tenons allumée la lampe de la louange. Notre chant engage notre cœur. Il l'entraine à se tourner dans un élan de beauté et d'amour vers son Créateur et Sauveur, vers « la divine présence» pour reprendre les mots de St Benoit. C'est la grâce de la liturgie d'opérer un mouvement intérieur à travers le rituel extérieur, fait d'alternance de chants, de paroles dites et entendues, de silence et de gestes. Quelque chose se passe que nous ne savons pas bien exprimer. Des moments de joie ou de paix plus intenses laissent affleurer cette transformation à !'oeuvre. Des éclairs de lumière où une nouvelle compréhension de soi, de Dieu et des autres viennent nous réjouir parfois. Où est notre pmt d'engagement, où est la grâce gratuite de !'Esprit Saint? Il ne nous est pas facile de démêler. Le faut-il? Il nous est bon de garder présents ces deux aspects de notre prière... La grâce gui opère avec grande liberté, et nous qui cherchons à grandir en libetié dans le don de nous-mêmes heure après heure célébrée. Cette part de notre libe1ié se vit dans la responsabilité qui nous revient d'être là, d'être là le mieux possible. Présent dans nos gestes, dans notre posture, présent dans notre voix offerte, non gardée dans notre barbe. ni criée, mais offerte, présent enfin dans notre esprit qui accompagne de sa lucidité consciente tout ce qui est vécu. Notre esprit est comme le maitre de chœur de notre voix et de notre cœur, afin qu'ensemble tout l'être soit unifié dans l'action vécue et célébrée. « Béni le Seigneur, ô mon âme. Béni le Seigneur tout mon être » dit le psalmiste (Ps 102). L'être s'unifie pour notre plus grande joie, sous la conduite conjointe de l'esprit et de la voix. Les mots, chargés des vibrations de la voix, s'éclairent ou simplement se goûtent dans l'attention de l'esprit. La parole dite ou chantée devient alors nourriture gui donne force et sens. Nous le savons nous ne sommes pas toujours là, dans la joie de cette unité goûtée. Mais ces moments de plénitude sont comme les éclaircies dans les nuages. Ils nous redisent que le soleil n'est pas loin, et que c'est lui qui est toujours présent à nos existences.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, v 20-25 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 08 février 2020
Verset(s) :

20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,

21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.

22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,

23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,

24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,

25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !

Commentaire :

« Pourvu qu'il maintienne la psalmodie intégrale des cent-cinquante psaumes du psautier chaque semaine. et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche». Dans cette recommandation de Benoit, on peut entendre deux choses: l'importance de dire le psautier durant la semaine et la nécessité de le recommencer chaque dimanche (cf aussi 18,6 et 18, 11). S'agit-il d'une obligation purement disciplinaire reçue de la tradition égyptienne? Si Benoit entend s'arrimer, à travers Cassien, sur l'exemple des pères, peut-être est-il aussi conscient de la portée symbolique d'une telle pratique? De dimanche en dimanche, le moine prie le psautier. Depuis le premier jour de la semaine, il tend vers le 8° jour de la venue du Christ. Avec le psautier qui est comme le résumé de la bible, le moine parcourt l'œuvre de la création et de la rédemption que les psalmistes ne cessent de chanter et aussi d'attendre avec la venue du Messie. La semaine mesure de la première création, devient comme la mesure de la recréation que notre office célèbre et opère à la fois. En effet par la louange et l'intercession des moines et des chrétiens tournés vers Dieu, Dieu achève son œuvre de création et de rédemption. Les hommes, unis à tout le créé, ne sont pas voués au non-sens que signerait une mort solitaire et absurde : poussière retournant à la poussière sans autre but que la déchéance. Non, par la louange confiante et reconnaissante, l'humanité à travers les priants peut lever les yeux avec espérance vers Celui d'où elle est tirée et vers lequel elle marche. Par la louange qui ne craint pas de mêler les cris et les questions à l'action de grâce et aux bénédictions, l'humanité prend son vrai visage filial. Elle trouve sa vraie dignité d'interlocutrice de Dieu, de vis-à-vis aimant et confiant sous le regard de Dieu. De dimanche en dimanche, semaine en semaine, nos mots ne sont pas perdus dans le vent. Pour chacun de nous, ils créent une relation toujours plus vivante avec le Dieu vivant que Jésus a révélé comme notre Père. N'est-ce pas là le but ultime de l'œuvre de création et de rédemption: offrir à l'être humain la possibilité d'entrer en un dialogue de communion avec son Créateur et Sauveur, et dans le même moment bâtir la communion entre frères 9 Nos communautés chantantes et priantes sont comme des laboratoires vivants de cette expérience qui se cherche. A chaque dimanche, sous la lumière du Christ Ressuscité, recommencons en offrant nos lèvres et nos corps, notre temps, notre désir à cette œuvre qui nous dépasse, l'œuvre de Dieu.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, v 12-19 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 07 février 2020
Verset(s) :

12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.

13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,

14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;

15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.

16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.

17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.

18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.

19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.

Commentaire :

?Avec la prière des Vêpres, en fin de journée, nous nous inscrivons dans la longue tradition qui, bien avant Jésus, voulait confesser le Dieu Saint, avec l'offrande du sacrifice du soir, qui était le pendant du sacrifice du matin. Nous n'offrons plus d'animaux ni de récoltes, mais le sacrifice de nos lèvres. Notre prière, unie à tant d'autres sur la terre, fait écho à celle des générations passées qui, fidèlement, ont voulu honorer le Dieu Vivant. Si beaucoup de nos contemporains semblent loin d'une telle préoccupation, notre modeste prière exprime ce désir enfoui au cœur de l'homme de lever les yeux et les mains avec reconnaissance pour chanter son Créateur et son Sauveur. « En toute circonstance. of.fi-ons à Dieu par Jésus, un sacrifice de louange, c'est-à-dire les paroles de nos lèvres qui confèssent son nom» (He 13,15). Au terme d'une journée remplie d'activités, de rencontres, de temps de réflexion, de prière et de silence, notre prière de vêpres est un peu comme un entonnoir qui recueille et rassemble tout ce vécu avant la nuit pour le transformer en louange. Louange et bénédiction qui confessent combien Dieu est bon, lui de qui tout vient. Louange qui n'oublie pas non plus le poids du jour. Chaque vendredi soir, nous nous souvenons paiiiculièrement de la Passion de Jésus qui a été alors le sacrifice du soir parfait, le seul qui pouvait plaire à Dieu son Père, et qui pouvait dans le même temps nous sauver. Comme nous le chanterons ce soir : « Quand meurt le jour, Seigneur, tu nous invites à laisser le.fardeau. Tu prends sur toi le poids trop lourd Tu nous ofji-es ton amour pour y trouver le repos que cherchaient les disciples. De celle croix dont l'ombre lumineuse couvre un monde épuisé, les bras tendus vers le pardon, Tu rassembles en communion les fils de Dieu dispersés que ranime ta grâce». Dans la lumière de la croix de Jésus, au terme d'une journée, nous pouvons transformer le poids trop lourd de nos échecs et de notre médiocrité en offrande à Dieu. Et dans le même moment où chacun chante sur les lèvres cette offrande, le Christ nous rassemble les uns et les autres en communion, en corps de louange, image de ce rassemblement des «_fils de Dieu dispersés» qu'il désire toujours plus large. Notre communauté, petite cellule d'Eglise, unie dans son chant d'action de grâce, offre le modeste signe de l'attente du Royaume qui vient. Par notre fidélité persévérante, nous sommes comme les fils d'Israël assis« au bord desfleuves de Babylone» qui ne veulent pas oublier leur patrie, Jérusalem ... Nous sommes nostalgiques de la Jérusalem à venir:« Que ma langue s'allache à mon palais ...sije n'élève .Jérusalem au sommet de ma joie». Notre chant, notre écoute et notre silence nourrissent« les lampes ardentes» de nos« cœurs en éveil» pour accueillir la voix du Seigneur qui surgira dans la nuit.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, v 01-11 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 06 février 2020
Verset(s) :

1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.

2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.

3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.

4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.

5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.

6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.

7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.

8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,

9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.

10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,

11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.

Commentaire :

Après la répartition des psaumes aux Vigiles et aux Laudes, Benoit distribue les psaumes du psautier aux petites heures. avant de poursuivre avec celle des Vêpres et des Complies.

Aux petites heures, je suis frappé par la place donnée aux psaumes 118. ainsi qu'aux psaumes 119-127. Est-ce un hasard ? Je ne le pense pas. Ces psaumes sont conçus comme deux grands ensembles facilement divisibles. Dans leur structure propre, ils donnent un rythme, le psaume 118 avec ces 22 strophes égales et les « psaumes dit des montées )), repris traditionnellement par les pèlerins de Jérusalem. De ces deux ensembles se dégagent un mouvement. comme l'expression d'une lente et profonde marche. Au cœur de la journée, les petites heures viennent redonner le sens et le goût de la marche dans la quête de la Volonté du Seigneur. Dans le Ps 118, le thème du chemin, des voies est très prégnant. Entre le premier verset, « heureux les hommes intègres dans leurs voies, qui marchent suivant la loi du Seigneur )), et le dernier : « Je m'égare brebis perdue, viens chercher ton serviteur )), environ 22 mentions du chemin, des voies, ou des allusions à la marche sont présentes. Si le psalmiste médite, crie, prie, et cherche avec sa langue et son esprit, il se tourne aussi vers le Seigneur avec ses pieds. Son engagement pour la loi est toujours un engagement concret. « J'examine la voie que j'ai prise, mes pas me ramènent à tes exigences )> (Ps 118,59). Entre la voie du mensonge et la voie des volontés du Seigneur, l'ami de Dieu qui désire être à l'écoute, discerne combien les exigences du Seigneur sont un chemin sûr vers lequel le ramènent ses pas, car tel est son désir le plus profond. D'une autre manière, les psaumes 119 à 127 nous disent la marche du pèlerin qui tend vers Jérusalem dans le désir de voir son bonheur (127,5). Cette marche n'est pas sans obstacle et sans combat pour les surmonter : le combat de la solitude de !'homme qui

« doit vivre en exil, parmi ces gens qui haïssent la paix)) (119, 6-7) ou la souffrance face« au

mépris des orgueilleux)> (Ps 122,4). Expérience d'une route sur laquelle le Seigneur se révèle être toujours comme « l'ombrage )> qui « garde au départ et au retour >) ( 120, 5,8). Après l'arrivée à Jérusalem (121), le psalmiste relit le chemin parcouru:« Béni soit le Seigneur qui n'a pasfàit de nous la proie de leur dent)) (Ps 123, 6)... « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion... )) (Ps 125, 1). Sur ce chemin, l'homme se fortifie: «Quis'appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion >) (Ps 124.1 ), « Heureux qui craint le Seigneur el marche selon ses voies))... (Ps 127,1) Et en même temps il fait l'expérience que« si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain)) (Ps 126,1)... Les psaumes des montées offrent un véritable enseignement sur la proximité du Seigneur à nos côtés, dans la vie très quotidienne

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 01-10 Comment célébrer la louange nocturne en saison d'été écrit le 18 janvier 2020
Verset(s) :

1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.

2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,

3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.

4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.

5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.

6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.

7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.

8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.

9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.

10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.

Commentaire :

Dans son commentaire (Ce que dit St Benoit) P. Adalbert note qu'il y a une correspondance dans leur structure entre l'office des vigiles et les 4 offices des petites heures prime, tierce, sexte et none. De même qu'on dit 12 psaumes durant chaque nuit, on en dit 12 durant la journée, 3 à chaque petite heure. Chaque office commence par un verset d'ouverture, suivi de l'hymne, et se conclue par la litanie réduite à l'invocation Kyrie eleison. Ainsi « les courtes célébrations échelonnées à travers la journée répondent à la longue prière continue de la nuit » (ibid p 121). Il note ensuite combien les laudes et les vêpres se répondent dans leur structure : pas de verset d'ouverture, puis les psaumes chantés directement; l'hymne est placé après la lecture, puis viennent les deux cantiques propres de Zacharie et de Marie. Ainsi ces « deux heures solennelles, à la limite du jour et de la nuit, se correspondent visiblement » (ibid p 121 ). L'office de complies qui achève la journée, présente chez St Benoit encore une structure originale puisqu'il n'a pas de verset d'ouverture, que l'hymne vient après les psaumes, et avant la lecture, et qu'il s'achève avec une bénédiction pour accompagner l'entrée dans la nuit.

Ainsi selon St Benoit, le chant de l'office, de la louange divine contribue à donner à nos journées une vraie structure, à la manière de la construction d'une maison. Les constructions modernes avec les structures métalliques qui portent l'ensemble et entre lesquelles on monte ensuite les murs peuvent nourrir l'image. Les vigiles pourraient constituer les fondations, sur lesquelles on pose les deux montants des portes de devant et de derrière que sont les laudes et les vêpres, puis ensuite les autres montants sur les différents côtés que sont les petites heures pour maintenir le mur et enfin les complies seraient le toit. Et nous aujourd'hui, nous ajouterions que l'eucharistie est comme le foyer central qui réchauffe et rassemble. Jour après jour, nous édifions la maison de Dieu que nous sommes, communauté rassemblée dans la louange. Les rendez-vous réguliers de la prière non seulement nous tournent ensemble vers le Seigneur, mais ils contribuent à bâtir notre communion fraternelle. Celle-ci trouve sa raison d'être et sa force dans la louange rendue à notre Père des Cieux, à notre Créateur, par le Christ en qui nous sommes des fils en devenir, dans !'Esprit notre souffle commun. Fort de sa structure reçue dans la prière, le monastère, maison de Dieu, s'édifie ensuite par notre travail et les divers jeux de relations qui vont tisser, édifier, cimenter les murs et les parois. Rendons grâce à Dieu l'architecte de nous associer à une telle construction. Car cette construction est heureuse pour nous-mêmes. Elle est utile pour l'Eglise, elle-même en continuelle édification, et elle fait signe pour le monde qui peut découvrir parfois combien il est bon de venir s'y abriter.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 16 v 01-05 Comment célébrer les offices divins dans la journée ? écrit le 16 janvier 2020
Verset(s) :

1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,

3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »

5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».

Commentaire :

St Benoit utilise 4 citations du psaume 118 dans ce chapitre consacré à la répartition de la prière durant la journée et la nuit. Le grand psaume du priant vient asseoir de son autorité le rythme de la prière des moines. En effet, déjà comme en d'autres passages de la RB, St Benoit parle du psalmiste comme d'un prophète. C'est à dire qu'il recueille son témoignage, non seulement comme celui d'un priant qui partage son expérience, mais aussi comme celui d'un homme dont l'expérience peut révéler et fonder celle des moines. Appuyé sur la parole du psalmiste-prophète, St Benoit se sent autorisé à donner forme à une vie scandée par les rendez­ vous réguliers de la prière, toutes les 3 heures, soit 7 temps durant la journée auquel s'ajoute la prière nocturne des vigiles. En reconnaissant une valeur sacrée au chiffre 7, il semble finalement recevoir comme un appel divin cette répartition de la prière durant la journée. Il en découle que pour lui, embrasser ce rythme, c'est répondre à un appel pour s'acquitter « des devoirs de notre service ».

Héritier de cette tradition, nous touchons ici un point important de notre vie monastique : la manière de gérer le temps mis à notre disposition. Nous recevons comme un appel de Dieu le fait d'ordonner nos journées à la prière régulière et commune. C'est elle qui donne le ton, en structurant nos emplois du temps. Tout le reste s'organise autour d'elle et non l'inverse. En choisissant cette vie, nous donnons la priorité à la prière à nos journées. Nous le faisons parce que nous y avons reconnu une grâce offerte en même temps qu'un travail à accomplir. La grâce offe1ie n'est-elle pas celle d'unifier notre vie ? Unifier notre vie dans la louange et l'action de grâce pour reprendre les mots du psalmiste cité par Benoit. Unifier notre vie en présence de Dieu durant cette vie qui devient alors comme une anticipation de la vie à venir dans le Royaume. Et en même temps, vivre ainsi est aussi un travail à accomplir. Travail au sens d'un art qu'il nous faut exercer continuellement afin de l'améliorer. Travail au sens d'office ou de fonction que l'on remplit pour le service de la Gloire de Dieu et de la vie de l'Eglise. Comme tout travail, il est couteux en énergie donnée, en attention prêtée. A certains jours, il peut être peineux car il va nous chercher aux profondeurs de nous-mêmes, de notre foi et de notre fidélité. Encore venir à l'église ? De même, lorsque nous sortons et que nous sommes seuls, comment allons-nous vivre la fidélité à ce service, qui s'il prend d'autres formes, reste notre service à accomplir ? « Usé par l'attente du salut, j ·espère encore ta parole » dit le psalmiste. La prière nous rabote, nous pompe de l'énergie. Elle est le lieu et le signe de notre attente, de notre espérance.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 15, v 01-04 En quels temps on dira Alleluia écrit le 15 janvier 2020
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;

2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.

3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.

4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.

Commentaire :

Trouverait-on un tel titre de chapitre dans le sommaire des règles nouvelles, monastiques ou non. Cette insistance témoigne de deux choses. La première est que St Benoit est au début d'un processus de fixation des pratiques de la liturgie. Il participe à son élaboration, éventuellement conflictuelle. Ainsi en ce début de 6°s, il est mêlé au débat qui opposait les clercs, tenants d'une pratique du chant de !'alléluia limitée au seul temps pascal, et les moines qui l'étendaient à tous les temps sauf en carême, avec des nuances qu'on retrouve par ex entre RM et RB. La seconde chose dont témoigne ce chapitre est l'importance des détails en liturgie, aussi bien des pratiques et des rites que des mots et des paroles utilisées. Car ces détails se révèlent être plein de sens pour la prière, aussi bien en son contenu qu'en sa forme.

Dire cela peut nous rendre attentif aux détails dans la liturgie. Dans son foisonnement de paroles et de gestes, la liturgie peut nous sembler lourde parfois et ennuyeuse. Mais l'abondance des mots et des gestes ne doit pas alors cacher la profonde intelligence qui les a organisés. Depuis le Concile et la réforme liturgique qui a élagué des pratiques accumulées durant les siècles passés cette intelligence ressort mieux. Notre liturgie latine a ce trait propre, au regard de la liturgie byzantine, de viser à une certaine sobriété. Concise, elle évite souvent des répétitions. On peut penser au « c'est tout » de St Benoit qui concluait, dans les chapitres précédents, les descriptions du déroulement de l'office des laudes (12,4 ; 13,11), comme pour dire « n'en rajoutons pas». Cette qualité de notre liturgie latine a son revers : celui de nous laisser sur le bord du chemin si nous ratons telle oraison ou bien telle antienne par manque d'attention. Ceci plaide donc pour que nous demeurions attentifs, non d'une attention crispée, mais d'une attention souple et cordiale. Nous y sommes aidés par les temps liturgiques qui font système en quelque sorte, ayant une cohérence propre qui se décline dans une certaine couleur musicale, dans un même registre de vocabulaire, dans des images qui reviennent plus souvent, dans l'absence de ce1iains chants comme le gloria à la messe en avent et en carême, et la présence abondante de l'alléluia en temps pascal, ete... En temps ordinaire, le temps de la vie chrétienne en son ordre premier, le risque de monotonie n'est pas exclu. Pour rompre quelque chose qui pourrait devenir routinier, par ex, je trouve toujours heureux durant l'eucharistie des féries de semaines, quand le président prend les oraisons pour une intention particulière. Ces oraisons bien choisies nous guident plus précisément dans la communion avec un groupe de personnes ou bien avec une cause importante, sans compter qu'elles nous découvrent les trésors cachés de notre liturgie.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 14, v 01-02 Aux anniversaires des saints, comment célébrer les vigiles ? écrit le 14 janvier 2020
Verset(s) :

1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,

2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.

Commentaire :

Dès le 6°s, certaines fêtes de saints se célébraient : celle des apôtres, mais aussi des martyrs comme St Laurent, et peut-être déjà St Martin, un évêque... La mention de psaumes et d'antiennes propres est intéressante. Elle laisse entendre qu'il y avait une création liturgique pour éclairer la fête avec des accents théologiques et spirituels distincts selon les saints honorés. La multiplication des fêtes et des saints honorés a conduit à faire des communs par catégorie. Ainsi a-t-on aujourd'hui le commun des apôtres, des martyrs, des saints, des saintes. Seules quelques fêtes majeures, nos solennités, ont gardé pour l'office des antiennes et des lectures scripturaires propres (Ste Marie en son Immaculée Conception, en son Assomption, Pierre et Paul, Jean Baptiste, Toussaint et Benoit pour nous, moines). Aux vigiles, le déploiement est alors plus manifeste. Pour les fêtes, aujourd'hui célébrées sous la modalité du commun qui a ses antiennes et ses hymnes, demeure une spécificité pour chaque figure de saint, à travers l'oraison, mais aussi à travers le texte du second nocturne, tiré soit d'une œuvre du saint lui­ même, ou d'un auteur qui parle de lui et d'un aspect de la sainteté illustré en sa vie...

Célébrer un saint, ce n'est pas tant regarder cette personne elle-même, que de rendre grâce au Père pour la gloire de sa sainteté qui resplendit sur un visage humain. Celui-ci devient une « vivante icône » où le « mystère du Christ est apparu sur nos chemins », comme nous l'avons chanté ce matin. Cet homme, aujourd'hui St Rémi dont le martyrologe nous vantait la douceur et l'humilité, cet homme ou cette femme s'est laissé saisir par le Christ de telle sorte que « telle sa vie le laisse voir en transparence ». Ainsi en va-t-il de la sainteté chrétienne à laquelle nous sommes tous appelés : devenir toujours plus un avec et dans le Christ. Avant d'être de l'ordre d'une perfection morale, la sainteté est un don reçu qui nous unit un peu plus au Christ. Fruit du travail de la grâce et de notre consentement à nous laisser façonner par elle, la sainteté ouvre en nous une capacité nouvelle pour aimer, pour reconnaitre en tout homme partout le sceau de l'image du Christ, pour reprendre les termes de l'hymne de ce matin. En chantant les offices des saints, nous rendons grâce à Dieu qui continue à guider son Eglise par ces figures inspirantes et entrainantes qu'il suscite. Et dans le même temps, nous sommes éveillés à entrer nous aussi dans le « bal de l'obéissance» à la grâce, pour reprendre les mots de M. Delbrêl, une autre figure de sainteté contemporaine.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 12-14 Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines? écrit le 11 janvier 2020
Verset(s) :

12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Le christianisme serait-il encore le christianisme sans la croix ? Et l'une des expressions de la croix qui sauve, comme de la croix que nous sommes invités à prendre, n'est-elle pas le pardon reçu et donné. Voilà des convictions qui motivent certainement le sérieux avec lequel Benoit considère la récitation du Notre Père. Le moine ne peut dire cette prière à la légère, car cette prière l'engage. En demandant à Dieu de nous pardonner comme nous même pardonnons, nous sommes placés sous la croix du Christ comme des bénéficiaires indignes et comme des témoins-acteurs de cet immense bienfait reçu.

En disant cette prière au moins 7 fois par jour, nous revenons à la source du salut qui nous permet de nous tenir debout en présence de notre Dieu. Grâce à son pardon offert de manière inconditionnelle et définitive, nous pouvons être là avec assurance et confiance. Ce pardon acquis par le sang du Christ est une grâce qui s'actualise et se renouvelle lors du sacrement de la réconciliation et de l'eucharistie ... La demander comme nous le faisons dans le Notre Père, ne signifie pas qu'elle ne nous serait pas toujours donnée. Mais c'est reconnaitre que nous avons besoin de la grâce de Dieu pour que ce pardon de Dieu continue de produire ses fruits en nous. En effet, il y a en chacun de nous des parts de notre personnalité et de notre histoire qui ont du mal à accueillir le pardon de Dieu et à le laisser nous transformer en enfant de Dieu aimant et ouvert à tous. Comme ces terres dures dans laquelle l'eau ne pénètre pas et ne peut permettre aux graines de germer.

De plus, en demandant que la grâce du pardon de Dieu soit vraiment active en nous, nous confessons aussi la responsabilité gui nous incombe désormais de pardonner. La grâce reçue est une grâce faite pour être transmise à d'autres. Là est le mystère de la croix : heureux bénéficiaires. nous sommes transformés en heureux donateurs. Parfois le pardon semble impossible à donner ou bien il nous fait peur, apparaissant au-dessus de nos forces. La prière du Notre Père nous conforte dans notre responsabilité chrétienne de témoin de la croix du Christ. Le pardon n'est pas à portée de nos forces humaines. En redisant cette prière, nous sommes invités à nous confier chaque fois au pardon reçu pour pouvoir le donner. Peut-être dans ce11aines journées, nous n'avons rien à pardonner à nos frères. Mais nous pouvons par cette demande être toujours en situation d'accueil du pardon immérité et nécessaire à notre faiblesse... pour acquérir avec lui la capacité à le donner lorsqu'il sera demandé.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 01-11 Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines? écrit le 10 janvier 2020
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

Commentaire :

Comment célébrer les matines ou les laudes ? St Benoit énonce pour cela le cadre liturgique... Mais est-ce que ce cadre épuise tout le « comment » ? On pourrait dire, l'instrument est mis à notre disposition, ainsi que la partition. Tout est prêt. Reste à jouer et à interpréter le morceau. Ainsi en va-t-il pour chaque office, de chaque journée... Le cursus des psaumes est donné, ainsi que les mélodies des antiennes et des hymnes. Tout est donné. Il reste à nous donner nous-même en prêtant notre voix, notre souffle, notre attitude corporelle, notre attention vive mais non anxieuse, finalement notre être là. Chaque matin nous tire du sommeil avec plus ou moins d'aisance, et nous entraine à consacrer les premières heures de notre journée à la prière, à l'écoute de la Parole dans la lectio, puis à entrer dans l'action de grâce du Christ lors de l'eucharistie.... Grand mouvement de don de soi par lequel nous nous remettons à l'œuvre que l'Esprit Saint suscite en chacun, dans la communauté et dans l'Eglise. Il est bon de prendre la mesure et de nous souvenir de ce grand mouvement dans lequel nous sommes insérés. C'est, à travers nos voix, le mouvement de la création qui se tourne avec reconnaissance vers son Créateur et Sauveur. Tout vient de Dieu et, par notre louange, tout retourne à Lui. Lors d'une rencontre avec une jeune qui demandait comment prier, je mesurais qu'il n'était pas évident pour elle d'intégrer dans sa prière la louange et la reconnaissance. Notre office des Laudes nous apprend à faire de la louange, de l'émerveillement le premier instant de notre journée. Entrer dans le jour qui commence avec un cœur reconnaissant admiratif pour le fait d'être encore en vie, pour le souffle qui nous anime, pour la vie qui se donne... Tout est cadeau.

« Je veux louer le Seigneur tant que je vis, chanter mes hymnes pour mon Dieu tant que je dure », avons-nous chanté avec le Ps 145.

Ce chant matinal se veut en même temps modeste puisqu'il commence avec une reconnaissance qui se voudrait toujours plus humble, que nous sommes pécheurs. A la lumière du Ps 50, nous étions introduits dans la confiance que Dieu ne « repousse pas un cœur brisé et broyé », mais veut lui rendre « la joie d'être sauvé » selon le Ps 50. En nous tournant vers Dieu dès les premières heures du jour, nous voudrions éviter d'être ce « peuple stupide et sans sagesse » dénoncé par Moïse dans le cantique du Deutéronome, peuple qui oublie son père qui l'a créé, qui l'a fait et affermi ... qui le porte sur ses ailes et le conduit. Ainsi pouvons-nous avec le Ps 149, jour après jour, reconnaitre combien le « Seigneur aime son peuple, combien il donne aux humbles l'éclat de la victoire ... ».