vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, v 13-19 De ceux qui arrivent en retard à !'oeuvre de Dieu ou à table écrit le 12 mai 2020
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :

R.B. 43, 13-19

Pourquoi la ponctualité est-elle si importante dans la RB, et dans la vie d'un moine cénobite. non seulement à l'office, mais aussi à table, et dans tous les exercices communautaires ? « C'est parce que nous sommes donnés les uns aux autres », nous disait le

P. David lors de la retraite. « La présence de chacun est irremplaçable » ajoutait-il. Le corps communautaire a besoin de chacun de ses membres, et chaque membre a besoin des autres pour vivre. Laissé à nous-mêmes, nous pouvons survivre et trouver de quoi manger, où dormir et un endroit pour se réchauffer. .. Mais vivrons-nous vraiment pour autant? Me manquera alors la présence des autres frères sans laquelle je ne suis pas vraiment moi-même : un frère qui se donne aux autres et qui se reçoit d'eux. La tentation est grande de penser que mon retard n'a pas d'importance. quïl ne va pas changer la face du monde, qu'on peut bien commencer sans moi etc... Mais alors, j'oublie que je suis en relation, et que ce qui me constitue c'est d'être frère d'un corps de frères. En mangeant ensemble, pas l'un à côté de l'autre, en écoutant ensemble, nous devenons un peu plus membre de ce corps, frère les uns des autres, façonnés et façonnant ce corps fraternel. Ainsi dans l'être là tous ensemble au début du repas, il y a un devenir-là plus fraternel qui est en jeu. li en va de même au sujet de cette règle de ne pas manger entre les repas. Sauf bien sûr besoin particulier pour la santé dont on a pu parler, cette règle veut nous ramener à cet être fraternel qui nous constitue profondément. Je vis, je prie et je mange avec des frères (non dans mon coin) dans la recherche d'un bien commun autant important pour mes frères que pour moi. Ce bien est d'acquérir peu à peu mon vrai visage d'homme et de fils de Dieu en devenant toujours un peu plus frère de mes frères, et un peu moins à mon propre compte. L'excommunication au temps de St Benoit voulait manifester ce fossé que les fautes ou manquements creusent entre le frère et la communauté. Ainsi en va-t-il aussi de notre pratique très modeste par laquelle nous attendons à la porte de l'église ou du réfectoire si nous sommes en retard. Si nous arrivons après ou au moment où retentit le tintement de la cloche à l'église, ou si nous arrivons lorsque le chant est commencé au réfectoire, nous attendons là. Et nous restons là jusqu'à la fin du verset d'ouverture de l'office, et jusqu'à la fin de la prière au réfectoire. Ce temps d'attente debout veut nous faire expérimenter combien tout notre être n'a qu'une hâte. celle de regagner le corps com·munautaire. Notre retard nous pèse finalement. mais il nous faut l'assumer, pour essayer d'y remédier à l'avenir.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, v 10-12 De ceux qui arrivent en retard à l'oeuvre de Dieu ou à table écrit le 09 mai 2020
Verset(s) :

10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,

11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,

12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.

Commentaire :

Lors du précédent chapitre, je disais que notre service de la prière des heures était avant tout celui de la louange de Dieu parce qu'il est Dieu, pour la manifestation de son amour et de sa gloire. S'agissant des retards, les lignes entendues ce matin peuvent nous suggérer plusieurs questions. Quand je peine à quitter un travail, une tâche pour me rendre à l'église, gui est Dieu pour moi? Quand j'arrive souvent juste ou en retard, qui est mon Dieu?

Oui est Dieu pour moi ? Est-il le premier servi et celui dont je veux faire avant tout la volonté? La cloche qui sonne retentit comme un appel, une manifestation de sa volonté. ici et maintenant. Comment est-ce que j'y consens? Si ce n'est le cas, qu'est ce gui résiste en moi, à lâcher ce que je fais? Une des difficultés n'est-elle pas d'absolutiser ce que je suis en train de faire? Je veux absolument finir quelque chose, ou en faire encore un peu plus? Mais ce faisant. est-ce que je ne me comporte pas comme un aveugle ou comme un coureur gui a le nez dans le guidon et qui risque de ne pas voir l'obstacle? Je ne vis plus mon travail dans la lumière d'un tout. Mon activité n'est plus insérée dans le dessein global de Dieu. Je perds le sens du temps gui passe. Mon temps de travail, si je le remets volontairement au service de Dieu et de sa volonté, va prendre tout son sens dans la prière gui va suivre. Loin d'être entravé ou perdu par cette interruption, il va recevoir la pleine lumière d'être ressaisi dans le temps de Dieu. Petite pierre qui prend place dans le grand édifice du Royaume en train de s'élaborer mystérieusement à travers toutes nos activités. Je crois qu'il nous faut sans cesse cultiver ce regard de foi sur notre travail et sur nos activités qui n'aiment pas être interrompus par l'appel de la prière. Sinon nous risquons de demeurer des aveugles qui seront toujours décalés, en dehors du tempo dans lequel Dieu nous offre d'entrer en faisant sa volonté. Car alors le risque serait d'oublier qu'il est« le Seul Maitre des temps », comme nous le chantons le lundi soir au T.O. Et dans ce cas, se pose l'autre question: gui est alors mon Dieu? Quel est le Dieu que je sers vraiment? Est que je ne suis pas en train de m'attacher à une idole? Et à quelle idole? La réussite de mon travail? L'efficacité? L'image de moi-même? Le combat contre les idoles dont !'Ecriture se fait si souvent l'écho n'est pas loin... Chaque cloche qui rencontre notre résistance, nous le fait vivre...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, v 01-09 De ceux qui arrivent en retard à !'oeuvre de Dieu ou à table écrit le 07 mai 2020
Verset(s) :

1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,

2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.

3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.

4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,

5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,

6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.

7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.

8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.

9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.

Commentaire :

« Ne rien préférer à l 'œuvre de Dieu. » En ces jours de confinement, notre office célébré sans hôte prend un relief paiiiculier. Nous sommes ramenés à notre vocation de priant en ce qu'elle a de plus originelle. Nous ne sommes pas là pour offrir une prestation à un public, par notre chant sur lequel vont s'appuyer d'autres chercheurs de Dieu. Nous sommes là simplement pour louer Dieu et chanter sa gloire parce qu'il est Dieu. Sans autre motif.

Notre chant voudrait ainsi faire la joie de Dieu. Comme le dit le psalmiste : « Je veux

chanter au Seigneur tant que je vis, je veux jouer pour mon Dieu tant je dure. Que mon poème lui soit agréable, moi je me réjouis dans le Seigneur» (Ps 103, 33). En écoutant ce chantre du Seigneur, nous mesurons que faire la joie de Dieu, son bon plaisir, nous ouvre à la joie.

Notre chant voudrait toujours confesser le vrai Dieu. Non les idoles, ou les fausses images de Dieu car il échappe toujours, et nous le cherchons sans cesse. Avec le psalmiste, nous demandons : « Scrute moi mon Dieu, tu sauras ma pensée, éprouve-moi, tu connaitras mon cœur. Vois sije prends le chemin des idoles et conduis-moi sur le chemin d'éternité» (Ps 138. 23-24). Car « Oui donc là-haut est comparable au Seigneur ? Qui d'entre les dieux est semblable au Seigneur ? » (Ps 88, 7).

A la suite de tout un peuple de croyants, notre chant voudrait être émerveillement devant les œuvres de Dieu et son amour. Nous sommes entrainés par le psalmiste : « Rendez-grâce au

Seigneur, proclamez son nom, chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses mervei/les ...joie pour les cœurs qui cherchent Dieu» (Ps 104, 1-3). Ou encore « Ou'if est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut, d'annoncer dès le matin ton amour, ta

fidélité au long des nuit » (Ps 91, 2-3).

Comme nous le célébrons en ce temps pascal, en Jésus vivant. notre chant, enraciné dans la louange d'Israël, devient louange pour le dessein de Dieu manifesté à la fin des temps. Avec Paul, nous chantons Dieu pour « la richesse de sa grâce qui déborde jusqu ·à nous en toute intelligence et sagesse. Car il nous dévoile le mystère de sa volonté, selon que sa honté l'avait prévu dans le Christ, pour mener les temps à leur plénitude. récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre » (Ep 1, 8-10). La liturgie ouvre nos yeux de la foi et nous permet d'entrevoir l'œuvre immense de notre Dieu, réalisée en Jésus Ressuscité. Car c'est encore chanter la gloire de Dieu que de confesser notre espérance que notre humanité est promise à une vie d'amitié et de lumière en Celui qui l'a créée et sauvée.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 42, v 05-11 Que personne ne parle après complies. écrit le 06 mai 2020
Verset(s) :

5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;

6. on lira quatre ou cinq feuillets ou autant que l'heure le permettra,

7. tandis que tous se rassemblent grâce à ce délai de la lecture, si l'un ou l'autre était pris par une fonction à lui confiée, –

8. donc une fois que tous seront réunis, ils célébreront complies, et en sortant des complies, on n'aura plus désormais la permission de dire quelque chose à quiconque, –

9. si quelqu'un est pris à transgresser cette règle du silence, il subira un châtiment sévère, ;-

10. sauf s'il survient une nécessité du fait des hôtes ou que l'abbé vienne à commander quelque chose à quelqu'un.

11. Cependant cela même devra se faire avec le plus grand sérieux et la réserve la plus digne.

Commentaire :

Apparaissent bien dans ce chapitre des nuances importantes à propos du silence, nuances auxquels tient particulièrement St Benoit : ce sont celles qui existent entre un climat de silence, et une absence totale de parole. Ainsi au début, Benoit recommande+il aux moines de

« cultiver en tout temps le silence», et pour cela il utilise le substantif« silentium ». Il s'agit du climat de silence global dans la maison, d'une « atmosphère de silence » disait hier soir le P. Basil Hume. Par contre, à la fin du chapitre, Benoit dit expressément que les moines« n ·auront plus la permission de dire quelque chose», et qu'on ne peut « transgresser cette règle du silence », et là il utilise le mot « taciturnitas ». En d'autres passages de la règle, le mot

« silentium », suggère le silence comme un climat général. C'est ainsi que dans le chapitre sur le lecteur au réfectoire. Benoit recommande qu'il y ait un« silence complet» qui comprend et dépasse l'absence de paroles (38,5). De même ce climat de silence est-il recommandé pour l'heure de la sieste (48,5) et lorsque l'on sort de l'oratoire (52,2) par respect pour Dieu et pour le frère qui voudrait rester prier. Dans chaque cas, le silence visé est un bien pour la vie commune, par respect des frères qu'on ne doit pas gêner. Avec le mot« taciturnitas ». le silence a plus explicitement la nuance de se taire, de ne rien dire. li se présente comme une discipline volontaire par laquelle on choisit de ne pas parler. Ce silence est de rigueur après Complies. li est devenu dans notre langage monastique « le grand silence». C'est encore ce mot qu'on retrouve dans le chapitre sur le silence, en RB 6, où est mise en lumière l'attitude du disciple qui choisit de ne parler que si on l'interroge. préférant même taire de bonnes choses. De même dans le chapitre sur l'humilité. le 9° degré veut que le mc,ine interdise à sa langue de parler. gardant le silence attendant qu'on l'interroge.

Il est bon pour nous d'avoir en tête ces nuances de silence suggérées par la règle. A la fois, elles permettent de ne pas durcir le silence : nous souhaitons préserver un climat de silence dans la maison, ce qui n'interdit pas toute parole. Et à la fois. le silence nous demande parfois une discipline plus stricte : à certaines heures. en certains lieux, on ne parle pas. Cette discipline veut stimuler en nous la guète intérieure, l'écoute el l'attention à la présence de Dieu. Avec le silence de la nuit, je pense ici à celui qu'on veut préserver dans la salle des coules ou le cloitre, deux lieux qui nous préparent au recueillement de l'office. Si on a besoin de parler, on se fait signe pour aller dans un parloir. Cette discipline simplement acceptée va nous tirer vers le haut, et contribuer à la paix de tous.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 42, v 01-05 Que personne ne parle après complies. écrit le 05 mai 2020
Verset(s) :

1. En tout temps les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la nuit.

2. Aussi en tout temps, qu'il y ait jeûne ou déjeuner, –

3. si c'est un temps où l'on déjeune, dès qu'ils se seront levés du souper, tous s'assiéront ensemble et quelqu'un lira les Conférences ou les Vies des Pères ou autre chose qui édifie les auditeurs,

4. mais pas l'Heptateuque ou les Rois, parce que ce ne serait pas bon pour les intelligences faibles d'entendre cette partie de l'Écriture à ce moment-là ; on les lira à d'autres moments.

5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;

Commentaire :

Avec ce chapitre qui parle de l'avant complies et de l'après, j'aimerai dire quelques mots sur la prière à Marie que nous honorons particulièrement chaque soir à Complies avec l'antienne qui lui est dédiée. Marie est la femme du seuil. Entre le jour et la nuit à cet office de complies, seuil entre notre monde d'où elle est issue et le monde de Dieu auquel elle prend paii dès maintenant en toute sa personne. Pleinement de chez nous et déjà dans la lumière de Dieu. Au seuil de la nuit, nous aimons nous confier à elle pour qu'à sa prière. nous demeurions fidèles dans la foi et l'attente du Christ. Car si nous nous mettons sous sa garde, comme des enfants confiants. c'est parce que nous avons cette conviction profonde qu'elle nous entraine vers le Christ son fils. Chacune des antiennes latines traditionnelles que nous chantons porte ce regard de foi. Celle que nous chantons en ce temps pascal. le Regina Caeli. qui supplante le traditionnel angélus, impulse un mouvement de joie avec les tintements de cloches plus rapides. Curieusement, cette antienne invite Marie à se réjouir de la résurrection de Jésus, qu'elle a porté, avant de lui demander de prier pour nous. Comme si notre joie voulait rejoindre celle des cieux, la convoquer pour mieux chanter avec nous la résurrection du Christ. Marie est là dans la joie, comme elle a su être là dans la douleur de la croix. De cette présence douloureuse auprès de son Fils agonisant, nous tirons l'assurance de pouvoir nous adresser à elle. lorsque « nous soupirons, gémissons » depuis « noire exil », depuis cette « vallée de larmes». comme le chantons dans le Salve Regina. Mère de miséricorde, douceur de notre vie. elle nous permet de tenir dans l'espérance. Sans peur, elle nous apprend à regarder vers son Fils.

En ce traditionnel mois de Marie, le pape François a recommandé aux chrétiens la prière du rosaire. Prière simple qui simplifie le cceur, et l'approfondit au fur et à mesure qu'elle l'introduit, sous la conduite de Marie, dans la méditation et la contemplation des mystères de la vie de Jésus. En reprenant comme l'angélus, les paroles évangéliques, cette prière nous entraine dans l'émerveillement. Nous nous émerveillons pour ce que Dieu a fait à travers Marie, « la bénie entre /ou/es les.femmes». en Jésus,« lefj,uil béni de son sein». Ne craignons pas d'entrer dans cette prière simple dont la répétition vient nous recentrer sur l'essentiel et nous apaiser dans la joie profonde de l'émerveillement. Prière du pauvre, elle peut convenir aussi au moine dans la liberté et l'inspiration de !"Esprit. Car elle nous permet d'être là devant notre Père des Cieux, sans prétention, ni crainte, pécheur aimé et assisté de la présence et de la protection de Marie.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 41, v 01-09 A quelle heure doit-on prendre le repas? écrit le 01 mai 2020
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque à la Pentecôte, les frères prendront leur repas à sexte et souperont le soir.

2. À partir de la Pentecôte, pendant tout l'été, si les moines n'ont pas de travaux agricoles et que les ardeurs excessives de l'été ne les incommodent pas, ils jeûneront jusqu'à none les mercredis et vendredis.

3. Les autres jours ils déjeuneront à sexte.

4. S'ils ont du travail aux champs ou si la chaleur de l'été est excessive, il faudra maintenir le déjeuner à sexte, et ce sera à l'abbé d'y pourvoir.

5. Et il équilibrera et réglera toute chose en sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent ce qu'ils font sans murmure fondé.

6. Des Ides de septembre au début du carême, le repas sera toujours à none.

7. En carême, jusqu'à Pâques, le repas sera à vêpres.

8. Cependant les vêpres seront célébrées de telle façon que l'on n'ait pas besoin au repas de la lueur d'une lampe, mais que tout s'achève à la lumière du jour.

9. Et de même en tout temps, l'heure du souper ou du repas sera suffisamment tôt pour que tout se fasse à la lumière.

Commentaire :

Ce chapitre nous donne un nouvel exemple de discernement à l'œuvre dans la vie quotidienne. Après la quantité de la boisson, c'est à propos de l'heure du repas qui varie selon les temps liturgiques, pour honorer le jeùne ou l'absence de jeùne. A côté des temps liturgiques forts comme le Carême ou le Temps pascal où la discipline est bien établie, il y a ce qu'on appelle aujourd'hui le temps ordinaire que St Benoit sépare en deux moments : avant et après le 15 septembre. Si après le 15 septembre, la discipline est claire, en revanche avant le 15 septembre, à la faveur de l'été et des travaux agricoles qui peuvent être durs, latitude est laissée à l'abbé d'avancer le repas à midi, les mercredis et vendredis, jours où le repas se fait normalement vers 15h00.

St Benoit invite l'abbé à« équilibrer et à régler toute chose en sorte que les âmes se sauvent el que les fi-ères fàssent ce qu'ils font sans murmure fimdé ». Equilibrer et régler. temperare et disponere en latin... Ces deux verbes latins suggèrent une commune action de régler. de disposer convenablement mais chacun avec un accent différent. D'un côté, il s'agit disposer. régler, équilibrer. organiser en mettant ensemble, en combinant plusieurs choses, c'est temperare, de l'autre il s'agit de disposer, de régler et ordonner en distinguant. en distribuant.

c'est disponere... Avec ce couple de verbes, St Benoit met bien en évidence le travail de discernement à l'œuvre : il s'agit de mettre de l'ordre, de régler les choses en étant capable d'unir. de mettre ensemble, et dans le même temps, en étant capable de distinguer. de séparer. D'un côté, dans une vie commune, il s'agit de marcher ensemble, donc ici d'avoir des horaires communs pour les repas. De l'autre, il faut prendre en compte des exceptions, les cas inédits comme les conditions de travail ou la saison, donc distinguer, pour ne pas arriver à quelque chose qui serait trop lourd à porter, voire invivable pour certains. Le but de cet art du discernement qui met ensemble et distingue à la fois est que « les âmes se sauvent ». Bien plus que de la recherche du juste milieu pour contenter le plus grand nombre. il s'agit de permettre à tous et à chacun de trouver dans les dispositions de la vie concrète, les moyens d'aller à Dieu dans la paix. Marcher ensemble en tenant compte de chacun... quelque chose d'impossible? S'il s'agit du salut des âmes. il s'agit donc d'une œuvre de grâce. Dieu en nous appelant tous si différents que nous sommes à marcher ensemble, sait ce qu'il fait. Avec l'exigence, il donne aussi la grâce. la force et la joie afin que cette école qu'est la vie monastique nous fasse grandir chacun et tous ensemble. li ne demande pas que tout soit parfait, mais que peu à peu s'ouvre des chemins de croissance pour chacun et pour tous.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 40, v 01-09 De la quantité de boisson écrit le 30 avril 2020
Verset(s) :

1. « Chacun tient de Dieu un don particulier, l'un comme ceci, l'autre comme cela. »

2. Aussi est-ce avec quelques scrupules que nous déterminons la quantité d'aliments pour les autres.

3. Cependant, eu égard à l'infirmité des faibles, nous croyons qu'il suffit d'une hémine de vin par tête et par jour.

4. Mais ceux à qui Dieu donne la force de s'en passer, qu'ils sachent qu'ils auront une récompense particulière.

5. Si les conditions locales et le travail ou la chaleur de l'été font qu'il en faut davantage, le supérieur en aura le pouvoir, en veillant toujours à ne pas laisser survenir la satiété ou l'ivresse.

6. Nous lisons, il est vrai, que « le vin n'est absolument pas fait pour les moines », mais puisqu'il est impossible d'en convaincre les moines de notre temps, accordons-nous du moins à ne pas boire jusqu'à satiété, mais plus sobrement,

7. puisque « le vin fait apostasier même les sages. »

8. Quand les conditions locales feront que l'on ne puisse même pas trouver la quantité indiquée ci-dessus, mais beaucoup moins ou rien du tout, les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas.

9. Car nous recommandons ceci avant tout : qu'on s'abstienne de murmurer.

Commentaire :

Ce petit chapitre illustre bien le sens de la mesure qui parcoure toute la règle, et qui en fait sa force. La mesure bénédictine touche beaucoup de lecteurs ou d'observateurs extérieurs car elle rejoint tous les domaines de la vie. Jusque dans la boisson, elle intervient. Détail inutile ? Pas pour Benoit, car le boire comme le manger sont deux actions si vitales et si communes qu'elles disent quelque chose de notre cœur en quête de son propre équilibre de vie. Car justement, jusque dans ces domaines, il lui faut discerner pour trouver la bonne mesure.

En ce cas concret, comment Benoit propose-t-il de discerner? Il pose en principe la modestie, tant il est difficile de donner une règle commune, car tous arrivent avec des dons variés, des aptitudes différentes. Ce premier constat de nécessaire modestie, Benoit le fait dans la lumière de Dieu: c'est lui qui donne à chacun des possibilités différentes. Ainsi évite-t-il de juger. Le jugement appartient à Dieu. Ensuite pour établir la norme, il part des moins dotés :

« eu égard à l'infirmité des faibles, nous croyons qu'il suffit cl'une hémine de vin par jour el

par tête». La bonne mesure est donnée à partir des plus faibles. En même temps, ils encouragent les plus forts qui peuvent se passer de vin à demeurer dans une visée spirituelle : celle de la grâce qu'ils ont reçue : « Dieu leur donne la force des 'en passer» et celle de la récompense, du don que Dieu leur fait à travers l'abstinence. Ainsi à partir des plus faibles, est établi un premier critère de conduite communautaire. Mais là ne s'arrête pas le discernement de St Benoit. Il faut prendre aussi en compte les moments exceptionnels comme « les conditions locales, le travail ou la chaleur». Ceux-ci peuvent conduire l'abbé à ajouter davantage de vin. Alors que Benoit n'est pas favorable à l'introduction du vin qui peut «faire apostasier même les sages », il prévoit qu'on peut ajouter une quantité supplémentaire, selon les besoins. Grande liberté. La force de son discernement est de prendre en compte le réel des personnes qu'il a devant lui. S'il semble impossible de convaincre les moines de son temps de s'abstenir de vin, comme le voudrait la tradition, il en permet donc la consommation avec la recommandation de la sobriété.« Accordons-nous du moins à ne pas boirejusqu 'à la satiété, mais plus sobrement».

Dernier point de discernement : comment se situer face au mangue, quand il y a « beaucoup moins ou rien du tout? Il faut se tourner vers Dieu et le bénir : « les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas». Comme il avait commencé au début du chapitre, il achève toutes ces considérations sous le regard de Dieu. C'est lui qui dote chacun de dons différents, c'est lui qui donne ou ne donne pas la nouriture ou le vin. Il nous revient de demeurer dans la gratitude à son égard, pour ce qu'il donne comme pour ce qu'il ne donne pas. Ainsi l'ultime visée du discernement est-elle de nous établir dans la paix du cœur et la confiance en Dieu.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 39, 06-11 De la quantité de nourriture écrit le 29 avril 2020
Verset(s) :

6. S'il arrive que le travail devienne plus intense, l'abbé aura tout pouvoir pour ajouter quelque chose, si c'est utile,

7. en évitant avant tout la goinfrerie et que jamais l'indigestion ne survienne à un moine,

8. car rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinfrerie,

9. comme le dit Notre Seigneur : « Prenez garde que la goinfrerie ne vous appesantisse le cœur. »

10. Quant aux enfants d'âge tendre, on ne gardera pas pour eux la même mesure, mais une moindre que pour les plus âgés, en gardant en tout la sobriété.

11. Quant à la viande des quadrupèdes, tous s'abstiendront absolument d'en manger, sauf les malades très affaiblis.

Commentaire :

« Rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinji-erie »... Nous avons là le seul usage dans la règle du mot chrétien, dans lequel Benoit inclue le moine, faisant de lui un chrétien parmi les autres. L'autre usage du mot «chrétiens» se trouve dans le chapitre sur l'élection de l'abbé (RB 64,4), mais justement pour les distinguer des moines et pour désigner

l'ensemble des croyants des alentours, appelés à veiller afin d'éviter tout dérapage dans le processus de choix du supérieur.

Il est heureux de nous voir ici inclus parmi les chrétiens, comme aimait le faire si souvent le P. Denis lorsqu'il répétait volontiers« On ne devient que lentement homme, femme, philosophe, vrai. On devient lentement chrétien. J'espère mourir chrétien». Devenir humain, devenir chrétien. Ce n'est pas peut-être pas un hasard si cette mention de la vie monastique intrinsèquement liée à la vie chrétienne, se fait à propos de la nourriture. Sur ce terrain, nous nous retrouvons un parmi les autres, à devoir assumer la gestion d'un besoin élémentaire : se nourrir. Autour de ce besoin se cristallisent beaucoup d'attention en quête d'un équilibre jamais atteint. Jusqu'à notre mort, il nous faudra manger, et nous situer face à la peur de manquer, au désir d'être rassasié, au plaisir de goûter, à la joie de pmtager avec d'autres etc... Veiller au juste équilibre entre ces diftërents aspects fait partie de notre dignité humaine. En quoi regarde­

t-elle notre dignité chrétienne '? Comme nous l'entendons ces jours-ci à l'eucharistie, notre dignité chrétienne nous porte à cultiver le désir d'un autre pain,« celui qui descend du ciel et donne la vie au monde» (Jn 6, 33). Jésus, l'envoyé du Père, s'offre à nous comme le vrai pain de vie. Notre désir humain, éveillé par la grâce baptismale, nous porte à ne pas laisser s'assouvir cette faim profonde de Dieu, de sa Parole, d'une relation vivante avec Lui. Il nous revient de veiller à ne pas laisser le plaisir « pour la nourriture qui se perd" obscurcir le plaisir de « la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle» (Jn 6, 27). Si la goinfrerie appesantit le cœur, quel plaisir éprouve-t-il ? Est-il vraiment heureux ? Le psalmiste affirme : « Leur cœur alourdi s'est fermé, moi Je prends plaisir à ta loi » (Ps 118, 70). Le plaisir de la Loi garde assurément le cœur ouvert et léger. Car par sa Loi, par sa Parole, par son Pain, notre Dieu désire

nous faire plaisir. Il vient nourrir en nous la joie profonde à l'écoute de sa Parole et à la réception du Pain de Vie. N'est-ce pas là que notre plaisir rejoint le plus sûrement le plaisir de Dieu?

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 39, v 01-05 De la quantité de nourriture écrit le 28 avril 2020
Verset(s) :

1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,

2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.

3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.

4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.

5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.

Commentaire :

En écoutant ce chapitre, je me disais que l'on pourrait entendre le « il suffit » de St Benoit différemment en pensant à environ 800 millions de la population mondiale qui n'a pas ce qui lui« suffit» en matière alimentaire, soit I habitant sur I O. Le« il suffit l> donne une sorte de ratio pour les moines qui veulent apprendre à contenir leur appétit. Pour bon nombre d'humain, mieux vaudrait dire « il faudrait >l tant la limite raisonnable est rarement atteinte, voire jamais. D'un côté, les riches que nous sommes, doivent apprendre à contenir, de l'autre les pauvres vivent sans cesse dans la quête du strict nécessaire. Le « il suffit » de st Benoit peut dès lors être perçu, non seulement comme un salutaire rappel à notre propension à dépasser les limites, mais aussi comme un exercice de solidarité. Ici, nous choisissons d'avoir des menus gui compo1ient des limites: nous ne mangeons pas de viande, nous ne buvons du vin qu'aux jours de fêtes, de même pour les pâtisseries. Le soir, nous n'avons qu'un plat de légumes ou féculents. A certains jours, peut-être une part de nous-mêmes râle-t-elle contre ce qu'elle estime comme insuffisant, ou pas bien cuisiné, ou servi en trop petite quantité. Ne faut-il pas alors que nous relevions la tête de notre assiette, au sens propre et figuré pour nous remettre dans la réalité? Au sens propre, en prenant le temps de manger. plutôt que d'ingurgiter, afin de goûter et apprécier ce qui est peut-être moins abondant aujourd'hui ... Au sens figuré, relever la tête, c'est nous souvenir de cette part d'humanité qui n'a pas le nécessaire. Ce1ies y penser ne va pas changer leur sort immédiatement. Mais cela peut changer mon regard. Cela peut m'apprendre à penser ma vie sous le mode de l'action de grâce. Je suis un privilégié, et je peux remercier Dieu de ne manquer de rien. J'évoquais ces familles à Venise pour lesquelles on collecte des victuailles, parce qu'elles ne peuvent s'en fournir. Bien des gens de nos régions vont facilement aux restos du cœur ou à la Croix Rouge pour bénéficier d'une aide alimentaire. Garder mon cœur solidaire en pensée, en attention, en prière, peut en contrecoup me rendre plus libre vis­ vis de mon appétit parfois tyrannique. Nos libres services, nos petits déjeuners peuvent devenir des lieux d'entrainement à cette libe1ié solidaire. Prendre ce qui est devant moi, un fruit un peu abimé, ou bien un morceau de pain ou de fromage mal coapé... Finir un plat que personne ne prend spontanément et permettre aux autres d'avoir du bon plat... Il y a bien des manières d'exercer déjà entre nous la solidarité, où la pensée de l'autre, de mon frère, de mon voisin n'est pas évacuée. Même si c'est un libre-service. je ne mange pas comme si j'étais tout seul.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 38, v 05-12 Du lecteur hebdomadier écrit le 25 avril 2020
Verset(s) :

5. Et il se fera un silence complet, en sorte que, dans la pièce, on n'entende personne chuchoter ou élever la voix, sinon le seul lecteur.

6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.

7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.

8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,

9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.

10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.

11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.

12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.

Commentaire :

R.B. 38, 5-12 Du lecteur hebdomadier

« il se.fera un silence complet» ... S'il est vrai que le réfectoire est un lieu quasiment liturgique, avec la prépondérance donnée à la lecture, la qualité du silence fait aussi partie du repas. Il va favoriser l'écoute et l'accueil de la parole, cette Parole divine qui cherche à se faire entendre sous tant d'expressions humaines. Le silence n'est pas un luxe. Nos frères malentendants le savent. Car l'écoute durant le repas n'est pas si aisée. Elle doit frayer son chemin entre les bruits des couverts, celui des plats qu'on manie et dépose sur les tables. Elle peut être troublée par l'attention légitime portée à son voisin qui demande quelque chose ou que l'on voit manquer de quelque chose. Et puis, parfois l'attention doit se concentrer sur ce qu'il y a dans notre assiette, sur un poisson pour ne pas avaler une arête... Autant de facteurs qui ont de quoi troubler le silence, l'écoute et l'attention.

Je voudrais relever trois points sur lesquels on pourrait améliorer le silence et favoriser ainsi le recueillement et le calme du repas : au début du repas, un point à l'attention des servants et aide aux servants, et un autre à la fin du repas. Tout d'abord au début du repas. Je demande aux frères plongeurs de veiller à ne pas faire marcher la machine dès qu'ils voient les frères an-iver et prendre peu à peu place au réfectoire, jusqu'au coup de gong à la fin du martyrologe. La machine est bruyante et n'aide pas à entrer paisiblement dans le repas qui s'ouvre par la prière et la lecture du martyrologe. Si le frère plongeur ne se rend pas compte ou oublie, je demande aux frères de service d'aller lui faire signe de couper la machine.

J'attire l'attention des frères aide aux servants, ceux qui sortent les plats du chariot chauffant pour les distribuer sur les tables. Parfois les plats et les couvercles sont posés bruyamment sur le chariot, et de même les plats ensuite sur les tables. Pendant quelques minutes, cela fait un fond sonore bruyant que l'on pourrait diminuer en faisant attention et en prenant son temps, De même le chariot qui porte les pots de tisane peut être bruyant si on n'y prend garde... Les frères servants de table doivent veiller aussi au bruit lorsqu'ils ramassent les plats vides.

Dernier lieu d'attention pour garder le calme et la paix à nos repas. Je rappelle une règle qu'on s'est donné depuis longtemps. A la fin du repas, avant le coup de gong et raction de grâce, on ne rassemble pas les couverts. ni les assiettes ni les verres. On les laisse à la place de chacun. Là encore j'insiste, si on voit un frère qui oublie et veut le faire, on lui fait signe d'attendre le coup de gong... Sachons apprécier ce calme et cette paix que nous procurent nos repas en silence. Ils sont un trésor que beaucoup nous envie.