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12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.
13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,
14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;
15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.
16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.
17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.
18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
En entendant ces lignes, on peut avoir une double impression : celle que St Benoit choisit les psaumes, et simultanément celle qu'il fait du remplissage. De manière moins précise qu'il ne l'a fait pour l'office des laudes, il choisit pour les psaumes de vêpres, une série qui commence le dimanche, par le Ps 109 pour s'achever le samedi avec le Ps 147 ... Dans ce choix, l'important est certainement les psaumes retenus pour le dimanche, jour de la résurrection: Ps 109, le psaume de l'intronisation du Messie:« le Seigneur dit à mon Seigneur, Siège à ma droite ... » et les Ps 110, 111, 112 qui commencent tous par« Alléluia » pour chanter la louange de Dieu qui « donne des vivres à ses fidèles. gardant touiours mémoire de son alliance», qui « apporte la délivrance à son peuple », qui « de la poussière relève le faible. retire le pauvre de la cendre pour qu'il siège parmi les princes»... Comme déjà pour Laudes et Vigiles, ces choix manifestent combien le dimanche est le jour majeur de la semaine L'ordonnancement de la prière chante et signifie alors vraiment la résurrection du Christ. Le choix des psaumes de complies est plus circonstanciel : il s'agit d'introduire à la nuit par une prière confiante. Le moine prie et s'abandonne à Celui « ne dort ni ne sommeille» (Ps 120, 4).
Seconde impression : Benoit fait du remplissage pour parvenir à obtenir le nombre voulu de psaumes par office (4 pour vêpres et laudes, douze pour les vigiles). Ce qui est en partie vrai pour les vêpres, l'est davantage pour les vigiles. Benoit, plus préoccupé de garder le nombre de psaumes, séquence en 2 les psaumes les plus longs. Mesure de bon sens pour éviter trop de lourdeur, mais surtout approche symbolique pour maintenir le nombre de douze psaumes la nuit. Faire ainsi du remplissage nous informe en même temps sur le statut de la psalmodie durant l'office: celle-ci n'est pas une prière qui devrait coller à tout prix au réel des jours de la semaine, et encore moins à notre propre réel. Les psaumes sont utilisés la plupart du temps comme un instrument dans lequel nous glissons notre voix, notre souffle. Nous nous coulons dans cette prière qui nous apprend avant tout à nous tenir devant notre Dieu. Sans coller absolument ce que nous pensons et vivons, les psaumes permettent la prière en commun, et plus largement la prière de l'Eglise au nom de l'humanité. A travers les psaumes, nous prenons appui sur la foi et le désir de nos ancêtres dans la foi. Invariablement, ils nous entrainent dans un dialogue aimant, parfois conflictuel, voire houleux avec notre Dieu... L'impo1iance est de ne jamais cesser de nous adresser à notre Père, de nous tourner vers Lui, comme le Verbe son Fils, et uni à Lui, qui, de toute éternité, est tourné vers son Père.
7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.
8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,
9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.
10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,
Dans le passage entendu, St Benoit poursuit la répartition des psaumes des petites heures. Après le Ps 118, St Benoit propose de répéter chaque jour les psaumes 119 à 127. Durant 5 jours, à raison de trois psaumes par petite heure (tierce, sexte et none), les moines devaient reprendre sans cesse ces psaumes dits « des montées». De nouveau, nous retrouvons l'image de la marche dont ces psaumes peuvent scander le rythme... Après la marche pour suivre fidèlement, la Loi du Seigneur selon le Ps 118, l'image se précise pour devenir un pèlerinage vers Jérusalem. La fidélité au Seigneur pour suivre ses voies n'est plus seulement quête intérieure assidue et ininterrompue, presque haletante, mai;, cheminement vers la Cité où Dieu réside. La marche se fait concrète. Elle débute avec le ps 119 qui fait le constat difficile :
« Malheur à moi je dois vivre en exil et camper dans un désert ! Trop longtemps, j'ai vécu parmi ces gens qui haïssent la paix ... » Propos qui ne sont pas rappeler le Ps 118, 19 : « Je suis un étranger sur la terre; ne me cache pas tes volontés». Mais avec le Ps 120, le regard s'élève et l'espérance s'affirme:« Je lève les yeux vers les montagnes: d'où le secours me viendra-i il? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ». Sur le chemin, le Seigneur se révèle être un « gardien », un « ombrage » ... « Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie» ... L'horizon se dégage avec la vue de Jérusalem dans le Ps 121 : « Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem! ... C'est là le siège du droit ... » Suivent trois psaumes 122-125 qui expriment le cri poussé vers le Seigneur et l'expérience de son salut durant la traversée de l'épreuve, peut-être celle du retour de l'exil. « Nos yeux levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié... notre âme est rassasié de mépris ... Béni soit le Seigneur qui n'a pas fait de nous la proie de leur dent...Oui s'appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion : il est inébranlable, il demeure à jamais. Jérusalem, des montagnes l'entourent, ainsi le Seigneur: il entoure son peuple ...Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! ...Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous... » Les deux derniers psaumes 126-127 peuvent être priés comme une relecture confiante de la fidélité du Seigneur envers qui le craint : «Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ... Des fils voilà ce que donne le Seigneur ... Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies. Tu te nourriras du travail de tes mains : heureux es-tu, à toi le bonheur ...Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie ... » Ces derniers versets résonnent aussi comme une promesse tendue vers le bonheur du Royaume à venir, esquissé dès ici-bas.
2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.
3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.
4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.
5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.
6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.
Le soin que St Benoit prend à détailler la distribution des psaumes est un signal à être un peu plus attentif au rapport qu'il établit entre certains psaumes et le moment ou le jour où ils sont dits... Ainsi sa recommandation: « de la sorte, on commencera toujours par le 20 ° aux vigiles du dimanche » ou encore le choix du psaume 118 pour les petites heures du dimanche d'abord, puis des premiers jours de la semaine... Pour prendre une image, sur la route du moine en prière, les psaumes jouent le rôle d'indicateur, soit sous la forme d'un poteau qui donne un repère précis : tel le ps 20, là c'est le dimanche, soit sous la forme de ces balises qui, en bord de route, indiquent et accompagnent les virages, tel le ps 118 qui accompagne le pas à pas du moine dans sa recherche de Dieu au long des jours... Le ps 20 nous aide à contempler le mystère du Christ Ressuscité, et avec lui à reconnaitre la victoire que Dieu son Père lui a donné :
« Seigneur, le roi se réjouit de ta force, quelle allégresse lui donne ta victoire ! Tu as répondu
au désir de son cœur... La vie qu'il t'a demandée tu la lui donnes, de longs jours des années sans fin...Tu le revêts de splendeur et de gloire ... » Le ps 118 vient nourrir notre cœur avec cœur avec le Seigneur. Il commence comme une promesse : « heureux les hommes intègres
dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur» pour s'achever sur une prière instante de celui qui se sait faible : « Je m'égare brebis perdue, viens chercher ton serviteur. Je n'oublie pas tes volontés » Le chemin du moine n'est pas un long fleuve tranquille. Sa force est de se
savoir faible, et de ne jamais oublier les volontés du Seigneur pour appeler sans cesse son aide. Les 176 vts de ce psaume sont comme autant d'invocations qui nous laisse pressentir le travail continu d'ajustement du croyant avec son Dieu. Il a reconnu que la Parole de Dieu lui est offerte à travers les commandements, les jugements, les volontés, les décisions Il nous rappelle qu'il
nous faut nous aussi être à 1'affut, pour écouter et reconnaitre au gré de nos situations quotidiennes tel écho de la Parole du Dieu qui marche à nos côtés « Tous ses ordres ne sont
que fidélité » .... « Ses volontés sont d'une ampleur infinie » ...
1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
La liturgie nous apprend année après année à utiliser les mots justes ou encore les attitudes justes dans le temps qui est juste. L'usage du mot Alleluia en est un exemple des plus frappants. Totalement absent en Carême, il abonde au Temps Pascal. Il est utilisé plus modérément en temps ordinaire, sauf le dimanche où il est plus présent. La position à genoux est normalement exclue en temps pascal, alors qu'elle est recommandée au Carême, en signe de pénitence. Les mots attente, désir ou l'invocation « viens » rythment le temps de l'avent, de même l'appel à la conversion le temps du carême. Ainsi la liturgie nous éduque+elle à unir notre tempo personnel à celui de toute l'Eglise qui chemine d'année en année à la rencontre de son Seigneur. Le cycle des temps liturgiques fait entrer plus profondément dans le mystère du Christ, Sauveur de l'humanité. En Eglise, nous découvrons son Visage de grâce et nous accueillons sa puissance de vie à l'œuvre depuis Pâques et la Pentecôte. Il y a pour chacun de nous une forme d'obéissance à vivre à l'égard de la liturgie. Elle nous précède, nous enseigne et nous guide à travers ces différents usages.
Et nous touchons ici un paradoxe qu'il n'est pas toujours aisé de vivre. La liturgie nous entraine à épouser une certaine vision de la réalité reconnue dans la foi, alors que nous personnellement nous pouvons vivre des émotions ou des évènements très différents. Pour simplifier, la liturgie nous invite à revêtir le blanc et la ioie du temps pascal, alors qu' intérieurement nous souffrons et nous peinons, nous reconnaissant peut-être davantage dans la couleur du carême. Nous pouvons vivre alors une sorte de division intérieure. Comment ne pas subir cette situation? Je vois deux choses. La première me semble être de cultiver l'esprit de foi qui élargit sans cesse le regard, là où nos pesanteurs personnelles risquent toujours de réduire la vie du monde à nos seuls problèmes. La seconde sera au contraire d'apprendre dans la prière personnelle, à parler en vérité au Seigneur de ce qui nous habite et nous fait souffrir. Car lorsque que nous peinons, il y a un réel risque de vivre un monologue, replié sur nous mêmes, tournant en boucle nos problèmes. Comment casser ce cercle vicieux autocentré ? En transformant le monologue en dialogue avec le Seigneur. Oui, apprenons à sortir de nous-même, pour parler avec lui de ce qui nous habite. Demandons-lui la lumière, la paix, le discernement. Si les problèmes ne changeront pas d'un seul coup, notre manière de les aborder, elle, va souvent permettre d'ouvrir de nouveaux chemins.
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Pour résumer ce chapitre, on pourrait dire que, pour Benoit, les fêtes et solennités ne bousculent pas la cadre de l'office, même s'il y a un choix des psaumes et des antiennes propre. Se dégage ainsi une forte impression de constance dans notre office, une grande régularité de fond. C'est une force pour notre fidélité dans la prière. En même temps, les mémoires des saints, les fêtes et les solennités font intervenir de la variété. Ces célébrations mettent du relief dans la célébration de l'unique mystère du Christ. Des figures humaines ressortent avec plus ou moins d'éclat (St Justin hier, Ste Blandine aujourd'hui, St Boniface bientôt...) A travers elles, nous touchons du doigt combien le Christ qui s'est incarné une seule fois, ne cesse d'être présent dans des vies humaines bien concrètes. Ces femmes et ces hommes qui ont été fidèles totalement dans le martyr de sang comme dans le martyr de charité pour les autres, manifestent la puissance du Christ ressuscité qui est à l'œuvre. Ils sont les « vivantes icônes où son mystère est apparu sur nos chemins ...heureux femmes et hommes qui ont su refléter pour leurs frères la lumière du Christ» (Hymne:« Heureux celui que ton visage a fasciné») ... Les Saints sont saints, non pas tant parce qu'ils seraient sans défaut, comme le soulignait C. Salenson, mais certainement parce qu'ils se sont offerts totalement à l'œuvre du Christ en eux. En quelque sorte, ils sont tellement devenus transparents à sa grâce, qu'ils reflètent le visage de leur Seigneur. Faire mémoire d'eux dans la liturgie, c'est dire merci à Dieu de susciter ces personnes dans notre pâte humaine. Car elles deviennent comme des ferments pour toute l'humanité. Le bien est contagieux, bien plus profondément que le mal qui semble en apparence le gagner de vitesse. Célébrer la mémoire des saints, c'est raviver en nous le sens du Royaume qui vient. Ils nous précèdent dans la gloire de Dieu. A la fois, leur vie terrestre fait ressortir les vraies valeurs du Royaume qui ne trompent pas et qui sont porteuses de vie, fusse au prix d'une mort réelle. Et à la fois, la communion vécue avec eux dans la prière, nourrit notre Espérance. La liturgie met tout cela en lumière, au gré des hymnes, des oraisons ou des préfaces qui, souvent par un seul mot ou une phrase, savent saisir un aspect saillant de la personnalité fêtée. La sobriété heureuse de notre liturgie latine nous invite à redoubler d'attention pour ne pas passer à côté de ces nuances propres à chaque fête de saint. Je voudrais inviter les frères hebdomadiers à y être eux-mêmes attentifs pour aider toute la communauté à être à l'écoute. Par exemple, il est dommage lorsqu'aucune mention n'est faite du saint fêté... En contemplant ce que le Seigneur
a fait pour eux, il nous faut apprendre à les recevoir dans nos vies comme des frères et sœurs proches de nous qui poursuivons notre pèlerinage.
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
De l'attention particulière que porte Benoit dans la RB, à la prière du Notre Père, nous pouvons entendre que cette prière n'est pas une prière comme les autres et qu'elle mérite un soin particulier. Elle est« l'oraison dominicale», c'est-à-dire mot à mot, la prière du Seigneur, celle que le Seigneur Jésus nous a laissé. Quand on y réfléchit, il n'est pas banal d'avoir reçu de la bouche même de Jésus, les mots par lesquels nous pouvons en toute assurance nous tourner vers « son Père et notre Père ». Je crois ne pas me tromper en disant que dans la bible, la prière du Notre Père est la seule gui soit vraiment enseignée comme une prière à adresser à Dieu. Nous trouvons beaucoup d'exhortations à prier. De nombreuses prières sont rapportées de celle de Salomon le jour de la dédicace du Temple, à celles des psaumes, en passant par celle de Daniel ou de Judith. Mais a-t-on une formule dont on nous dise quand tu veux prier dit .. Avec le
« Notre Père », nous avons comme une clé pour oser entrer en présence de Dieu, pour nous
tenir debout face à Lui, comme un fils qui s'entretient avec son père. Simone Weil, cette philosophe juive, devenue chrétienne, sans faire cependant le pas décisif du baptême, raconte dans une lettre autobiographique qu'elle ne savait prier qu'avec le Notre Père. « Je récitais le Pater en grec chaque jour avant le travail, et je l'ai répété bien souvent dans la vigne. Depuis lors, je me suis imposé pour unique pratique de le réciter une fois chaque matin avec une attention absolue. Si pendant la récitation mon attention s'égare ou s'endort, fut-ce d'une manière infinitésimale, ;e recommence jusqu'à ce que j'aie obtenu une fois une attention absolument pure .... La vertu de cette pratique est extraordinaire et me surprend chaque fois, car quoique je l'éprouve chaque jour elle dépasse chaque fois mon attente. Parfois les premiers mots déjà m'arrachent ma pensée à mon corps et la transportent en un lieu hors de l'espace d'où il n'y a ni perspective, ni point de vue. L'espace s'ouvre ... » (S. Weil, Œuvres, Autobiographie spirituelle, Quarto Gallimard, 1999, p 773)
Je retiens de ce témoignage vécu par S. Weil, son effort d'attention. Avons-nous d'autres outil entre nos mains quand nous disons cette prière, pour faire qu'elle soit un moment privilégié de notre dialogue filial avec notre Père? A ce moment-là, redoubler d'attention. Prendre appui sur le geste des mains tendues qui veut exprimer notre disponibilité et notre ouverture, notre adoration aussi. Oui, à chaque office, essayer de faire que la récitation du Notre Père ne soit jamais machinale ni banale.
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
« Et que tout être vivant chante louange au Seigneur » venons-nous de chanter avec le dernier verset du Ps 150, lui-même concluant le psautier, « le livre des louanges » ... Parmi tous nos offices, l'office des Laudes est celui qui porte le plus la marque de la louange gratuite pour Dieu. Cette dimension de louange gratuite est bien soulignée par les psaumes 148 à 150 qui achèvent tour à tour la psalmodie des jours en semaine. Dans le passage de la règle entendu, St Benoit les appelle d'ailleurs « les Laudes». Cet aspect de louange ressort un peu plus le dimanche lorsqu'avant le chant du Ps 99, on reprend les cantiques tirés du livre de Daniel qui magnifient la gloire de Dieu pour l'un, et la beauté de la création pour l'autre. Chaque matin, lorsque la création s'éveille, lorsque le repos nocturne a effacé les peines du jour passé, le corps reposé, nous sommes là pour chanter la vie plus forte que la mort. A ce titre, !'office des Laudes du dimanche qui fait mémoire de la résurrection du Christ se présente comme le modèle de cet office pour toute la semaine. Fort de notre espérance dans le Christ vivant, et contemplant le miracle perpétuel du réveil matinal de la nature, notre cœur chante son Créateur et son Sauveur.
Aux vigiles de Vendredi, nous avons une belle antienne tirée Ps 49 qui éclaire bien tout notre service de louange, et plus spécialement celui des Laudes : « Offrez à Dieu le sacrifice de louange qui vous délivre et lui donne gloire ». Par nos voix unies pour chanter, nous présentons à Dieu un sacrifice de louange. Vers lui monte ainsi notre reconnaissance, le débordement de gratitude pour tous ses bienfaits. Ces mots qui expriment les sentiments de notre cœur envers notre Père des cieux ont valeur de sacrifice. C'est-à-dire qu'ils consistent en une offrande de notre part, une offrande gui coûte, l'offrande de notre temps, celle de notre attention à la vie qui s'écoule, mais aussi celle de notre communion qui fait effort pour unir chacune de nos voix en un chant harmonieux. « Ce sacrifice nous délivre », poursuit notre antienne, et « donne gloire à Dieu ,,. Il nous délivre, en ce sens qu'il nous sort de nous-même. Il brise notre repli sur notre seul horizon terrestre. Il nous ouvre à une vie de relation bien plus large, relation avec notre Dieu reconnu comme la source de toute chose, et relation avec nos frères reconnus comme des partenaires pour chanter et œuvrer sur cette terre. Enfin, le sacrifice de louange rend gloire à Dieu, au sens propre tout d'abord qu'il lui donne du poids (sens du mot gloire en hébreu). Notre louange qui retourne toute chose à son Auteur manifeste son existence bienfaisante. Elle magnifie ensuite toute la grandeur de son œuvre créatrice et de son dessein de salut. Ensemble, nous nous émerveillons d'entrevoir un projet immense qui se déploie sous nos yeux et dans nos existences.
1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
Lorsqu'on entend les différents chapitres qui composent ce directoire liturgique, on peut être frappé par le fait qu'il n'y ait pas question de silence. Les fois où St Benoit recommande avec insistance le silence sont toute hors cadre liturgique.
Depuis plusieurs décennies, notre pratique actuelle a introduit des petits silences après chaque psaume, ainsi qu'après la lecture du passage de !'Ecriture. Là où autrefois, les psaumes étaient enfilés à la suite les uns des autres, aujourd'hui les silences permettent une petite respiration. Respirer pourquoi ? Certainement pour éviter un automatisme trop mécanique d'un chant qui roulerait sur lui-même. C'est le temps réservé concrètement pour trouver la page du psaume suivant. Mais cette respiration peut aussi nous permettre de laisser résonner un mot, un verset, l'antienne ... petite résonance à travers laquelle nous assimilons et faisons nôtre ces mots sortis d'un autre âge et de situation humaine bien différente de la nôtre. Cette résonance n'est souvent pas fortuite. Il y a peut-être une parole à entendre pour moi aujourd'hui.
Après la lecture du capitule, le silence est davantage; prolongé. Comment habitons-nous ce silence? N'est-ce pas un moment privilégié pour méditer la parole entendue? Méditer, c'est faire revenir à la mémoire, se répéter une phrase ou plusieurs pour nous en imprégner. C'est peut-être faire un lien avec un autre passage de !'Ecriture pour mieux entrer dans l'intelligence des Ecritures. Faisons de ce moment, un moment actif pour mieux écouter, mieux nous laisser toucher par la Parole. A Laudes, nous avons la chance d'écouter en temps ordinaire, le NT à la suite, y compris certains passages jamais lus par ailleurs. Aux Vêpres, la lecture de l'évangile de la messe permet d'en raviver la mémoire, et peut-être de préparer le temps d'oraison suivant. Il n'est pas rare d'entendre une parole, ou de remarquer un geste de Jésus auquel nous n'avions pas prêté attention le matin. Aux Vigiles, le silence vient après une longue pmtion de! 'Ecriture, plus abondante, et voulue comme telle, en cette heure nocturne plus favorable à l'écoute. Parfois, le silence n'est pas aisé. Outre la fatigue plus sensible parfois, les passages entendus ne sont pas toujours très inspirants, comme par exemple le livre de Josué que nous entendons en ce moment. Comment faire de ce silence un temps vivant et nourrissant ? Je crois que nous pouvons nous appuyer sur le répons qui suit. La plupart du temps, celui-ci offre une mini-lectio avec la reprise de tel verset entendu, mais aussi le renvoi à d'autres passages de !'Ecriture qui viennent éclairer. Nous pouvons alors faire parfois l'expérience de la harizah, le collier de perle, qui fait jaillir la lumière, notamment par l'éclairage que donne le Christ.
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
De ce chapitre centré sur la célébration des vigiles le dimanche, je retiens les notations corporelles que st Benoit donne. « Tous se lèveront avec révérence » au moment du gloria qui conclue le 4° répons... « Tous se tenant debout, avec honneur et crainte» lors de la proclamation finale de l'Evangile. Deux notations qui veulent qualifier la position debout et qui nous disent que dans la liturgie, on est debout d'une certaine manière, pas n'importe comment, ni comme dans la vie quotidienne. Il y a des manières d'être debout qui ne conviennent pas alors à l'instant vécu: par ex quelqu'un qui aurait les mains dans les poches (si caricaturale qu'elle puisse paraitre, cette attitude se rencontre de temps en temps dans la nef à la PqV), ou encore quelqu'un un peu déhanché, ou encore les bras croisés lors de la prière eucharistique ... St Benoit nous invite à soigner notre posture debout, pour rendre honneur à la présence de Dieu que nous accueillons et célébrons ensemble. Notre posture va dire beaucoup de Celui, invisible aux yeux, à qui nous parlons et que nous reconnaissons comme notre Dieu, notre Père, source de nos vies. Pour prendre un parallèle, au chapitre, nous avons cette belle habitude de nous lever lorsqu'une personne étrangère entre et vient nous parler. De cette façon, nous lui signifions sans rien lui dire, qu'elle est accueillie, et qu'elle compte à nos yeux. Nous faisons l'effort de nous lever et nous lui exprimons notre respect. Comment faire avec Dieu qu'on ne voit pas? Il est partout présent. Avec la rencontre fraternelle, la liturgie t:st un des lieux privilégiés où nous exerçons notre sens de l'altérité, notre sens de la présence d'un Autre. Les postures que nous adoptons aiguisent ce sens de l'altérité, autant pour nous-mêmes et pour les autres que pour Dieu. Pour nous-mêmes, la juste posture corporelle vient exprimer et soutenir notre acte de foi en Celui qui est là et que nous désirons adorer. Pour les autres, nos postures mutuelles nous aident à porter ensemble le service de la louange de Dieu. Devant Dieu nous sommes aussi un corps communautaire où chacun apporte une part irremplaçable et nécessaire à tous. Me tenir de façon juste aide les autres à se tenir de facon juste. Pour Dieu, enfin, dans notre manière d'être debout, assis, ou à genou, dans la façon de nous incliner, notre corps se joint à notre cœur pour lui dire notre amour, notre profond respect, notre adoration... F. Mathias et Maiiine Buhrig nous ont donné des repères qui s'avèrent justes anthropologiquement, et qui sont au service de cette attitude juste devant notre Dieu. Ecoutons le langage de notre corps, grandissons dans l'attention à la beauté et à la profondeur de nos gestes. Ils manifestent notre être là en vérité devant nos frères et devant Celui qui est toujours là...
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
En France, un repas sans pain, n'est pas un repas, au Vietnam, un repas sans riz n'est pas un repas, ou encore au Burundi, un repas sans haricot... De même un office des vigiles sans une certaine quantité de psaumes n'est pas un office des vigiles... St Benoit met la barre assez haute, puisqu'il fixe à 12 le nombre minimum, sans compter les Ps 3 et 94. Nous avons gardé de notre côté la mesure de 6 psaumes, plus l'invitatoire. Veiller avec le Seigneur pour le monde a besoin de temps, mais aussi de nourriture : un plus grand nombre de psaumes, des lectures plus longues. En effet, cette abondance nous rappelle que notre service de louange dépasse la mesure de chacun et nous place dans le champ de l'humanité toute entière. Si je suis invité à faire mienne la prière des psaumes, les mots que je prononce et que j'écoute, élargissent ma prière qui devient celle de tous les hommes. Ces mots sont les médiateurs de tant de prières non exprimées. La répétition des psaumes, apparemment bien monotone, nous insère dans le grand balbutiement humain en quête de sens, en recherche d'une relation avec l' Au-delà, avec ce Dieu inconnu pour beaucoup. Notre foi nous donne d'oser redire ces mots prononcés des milliers de fois dans la certitude qu'ils expriment la soif du cœur humain. Joies, peines, douleurs, angoisses, détresses, louanges trouvent à travers nos lèvres et notre cœur un porte-parole, un ambassadeur auprès de Celui que nous pouvons appeler notre Père. Si nous cherchons son visage comme tous les humains, la foi nous donne cette assurance que ces mots prononcés ne le sont pas dans le vide. Nous croyons qu'ils touchent les oreilles de notre Père, en même temps qu'ils nourrissent notre propre cœur. A travers nous, notre humanité accomplit sa vocation filiale de porter vers Dieu la vie reçue, de la chanter avec reconnaissance et de la crier dans l'attente de sa plénitude espérée. Mystère de cette relation que notre Dieu désire pour toute l'humanité et pour chacun, pour lui partager sa vie. Et sa vie atteint en sa plénitude lorsque nous pouvons répondre dans la prière, lorsque nous pouvons dire «tu» à Dieu avec notre «je» filial... ou encore avec notre« nous» communautaire. N'est-ce pas le bonheur de notre Dieu de voir ses enfants se tourner vers lui avec confiance, même si c'est pour crier, voire râler et se rebiffer. .. Cette prière signe la grâce de l'Alliance qui se noue, qui prend corps en devenant voix, nôtre voix et à travers la nôtre celle de toute l'humanité. Soyons heureux d'être là cachés dans la nuit, comme des porte-voix de tant de voix étouffées, inquiètes ou désabusées qu'elles ne peuvent plus s'exprimer, ne sachant quelles oreilles trouver qui les entendent vraiment.