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37. Et qu'il sache que, quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à en rendre compte.
38. Et autant il sait avoir de frères confiés à ses soins, qu'il soit bien certain qu'il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes au jour du jugement, sans parler de sa propre âme, bien entendu.
39. Et ainsi, craignant sans cesse l'examen que le pasteur subira un jour au sujet des brebis qui lui sont confiées, en prenant garde aux comptes d'autrui, il se rend attentif aux siens,
40. et en procurant aux autres la correction par ses avertissements, lui-même se corrige de ses vices.
Comment doit être l’abbé.
En entendant cette fin du chapitre sur l’abbé, on peut être surpris par la répétition de l’expression « rendre compte » déjà présente quelques lignes avant. Benoît est habité par cette conviction : « quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à rendre compte… »
Il s’appuie certainement sur ce passage de l’épître aux hébreux : « Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez leur soumis ; en effet, ils sont là pour veiller sur nos âmes et ils auront à rendre des comptes » (13,17. Cette conviction de Benoît, assise sur l’écriture, exprime une haute idée de la médiation humaine dans le dessein de Dieu. Celui-ci a confié à quelques-uns uns le soin de veiller sur le plus grand nombre….Et ces quelques-uns uns pourtant choisis par leurs frères, doivent en retour rendre compte de leur charge, de leur vigilance. Tout se passe comme si la charge de veiller sur d’autres était indispensable dans le dessein de Dieu. Et tout se passe comme si cette responsabilité était relative, car soumise à examen, totalement remise au Père.
Cette insistance sur la médiation humaine, ici le service de l’abbé, tout autant que sur sa totale relativité au seul Maître qu’est Dieu, nous fait pressentir combien notre vie monastique est intimement liée au mystère de l’Eglise. L’Eglise est ce peuple constitué et organisé pour être sacrement du salut, signe et moyen de ce salut dans le monde. Dieu choisit de se donner, de faire confiance à ses hommes et ses femmes pour qu’ils soient, par toute leur vie et par leur manière de s’organiser, témoins de son Amour. Redoutable confiance faite à des êtres fragiles et pécheurs qui deviennent médiateurs et serviteur de son Amour. Dieu ne parle aux hommes qu’à travers d’autres hommes. Il ne veut inviter à marcher à sa suite qu’à travers d’autres hommes. En Jésus, il nous a montré sa grande estime de cette médiation humaine, jusque dans sa fragilité, jusque dans la mort. C’est donc lui qu’il nous faut regarder afin d’apprendre de lui à être chacun à notre place, des médiateurs fidèles, à travers notre service des autres, de la grâce de Dieu. (2008-10-01)
33. Avant tout, qu'il ne laisse point de côté ni ne compte pour peu de chose le salut des âmes commises à sa garde, en prenant plus de soin des choses passagères, terrestres et temporaires,
34. mais qu'il songe sans cesse qu'il est chargé de diriger des âmes, dont il devra aussi rendre compte.
35. Et pour ne pas se plaindre d'un éventuel manque de ressources, qu'il se souvienne qu'il est écrit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ;
36. et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. »
Comment doit être l’abbé ?
Deux petits mots émergent de ces quelques lignes entendues ce matin : « avant tout », « d’abord ». « Qu’avant tout » l’abbé se préoccupe du salut des âmes et du bien des frères et qu’il ne se laisse pas trop accaparer par les soucis matériels. Qu’il cherche « d’abord » le Royaume de Dieu et sa justice. Après avoir longtemps exhorté l’abbé à l’attention aux uns et autres pour s’adapter à chacun, il rappelle au final ce primat de la qualité spirituelle d’une vie de moine sur la qualité de son confort ou des soucis des commodités. Comme le disait Frère Yvan, l’abbé n’a pas prise sur la vie spirituelle des frères lais il est invité à se mettre au service des uns et des autres sur leur chemin de croissance pour le Royaume. Son ministère est alors surtout celui de l’accompagnement sur la route, celui de l’encouragement quand la marche se fait plus pénible, celui de l’éveilleur peut-être pour permettre d’aller vers d’autres horizons intérieurs. Ce primat de l’attention aux frères pour leur croissance vers le Royaume demande à l’abbé un acte de foi toujours plus profond. Il s’agit d’être là présent aux uns et aux autres dans la conviction pourtant que c’est Dieu qui conduit le frère. Paradoxe d’une attitude faite de présence et d’effacement. Attitude inconfortable que Benoît invite à affronter. La tentation serait de se laisser accaparer par les affaires plus concrètes ou plus intérieures.
Avant tout – d’abord- La qualité de notre vie de moine, quelles que soient nos charges ou nos fonctions, dépend certainement de ces priorités que l’on sait maintenir dans nos vies plus concrètes. Qu’est-ce que fais passer avant tout ? Qu’est-ce qui compte d’abord dans mon emploi du temps, dans ma manière de vivre ? Qu’est-ce qui donne du poids à ma vie ? Voir « Avant tout » (2008-09-30)
30. L'abbé doit toujours se rappeler ce qu'il est, se rappeler le titre qu'on lui donne, et savoir que « plus on commet à la garde de quelqu'un, plus on lui réclame ».
31. Et qu'il sache combien difficile et ardue est la chose dont il s'est chargé, de diriger les âmes et de se mettre au service de caractères multiples : l'un par la gentillesse, un autre par la réprimande, un autre par la persuasion... ;
32. et selon la nature et l’intelligence d’un chacun, il se conformera et s’adaptera à tous, de façon non seulement à ne pas subir de perte dans le troupeau commis à sa garde, mais aussi à se féliciter de l’accroissement d’un bon troupeau.
Comment doit être l’abbé ?
« Diriger les âmes » dit St Benoît. Un art difficile ! Impossible même car Dieu seul c’est ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. Il ne suffit pas d’être bon psychologue, ou bon diplomate, ni animateur de groupe compétent, c’est une tâche différente.
L’abbé sait qu’il n’a pas « sa communauté en main » comme disent parfois les professeurs : « Je tiens ma classe en main ! » L’Esprit souffle ou il veut : on ne sait ni d’où il vient, ni où il va. C’est cela qui rend tâche de l’abbé, comme d’un père spirituel à la fois simple et compliquée. Il suffit de suivre Dieu, de consentir à entrer dans son plan, de se laisser conduire par lui, d’être attentif à ce qu’il peut inspirer à tel frère. Là où on ne l’attend pas. « Souvent le Seigneur révèle au plus jeune ce qui vaut le mieux » dira Benoît au chapitre sur le conseil. Tout cela semble simple mais cela suppose d’accepter de n’avoir aucune prise sur les événements, si sur les cœurs, sauf la connaissance que Dieu nous en donne, cela demande de l’abbé, comme du père spirituel, ou de l’hôtelier, une liberté intérieure. C’est de cette ouverture à l’Esprit que la communauté, le frère accompagné, l’hôte ont le plus besoin. Ce qu’ils attendent vraiment.
Pour l’abbé, notre enseignent dit St Benoît, doit accepter de ne jamais savoir si ses paroles sont efficaces. Si elles ont touchées le cœur des frères. Il doit agir comme si tout dépendait de lui, tout en sachant que tout est grâce. Dieu travaille à travers lui, pas forcément là où il a l’impression de réussir. (2008-09-27)
23. Dans son enseignement, d'autre part, l'abbé doit toujours observer la norme que l'Apôtre exprime ainsi : « Reprends, supplie, réprimande »,
24. c'est-à-dire que, prenant successivement des attitudes diverses, mêlant les amabilités aux menaces, il se montrera farouche comme un maître et tendre comme un père.
25. C'est dire qu'il doit reprendre durement les indisciplinés et les turbulents, supplier d'autre part les obéissants, les doux et les patients de faire des progrès ; quant aux négligents et aux méprisants, nous l'avertissons de les réprimander et de les reprendre.
26. Et qu'il ne laisse point passer les fautes des délinquants, mais qu'il les retranche jusqu'à la racine dès qu'elles commencent à se montrer, pendant qu'il en a encore le pouvoir, se souvenant de la condamnation d'Héli, le prêtre de Silo.
27. Les âmes bien nées et intelligentes, qu'il les reprenne une et deux fois par des admonitions verbales,
28. mais les mauvais sujets, durs, orgueilleux, désobéissants, que les coups et le châtiment corporel les arrêtent dès le début de leur faute, vu qu'il est écrit : « On ne corrige pas un sot avec des mots »,
29. et encore : « Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »
« Reprend, exhorte, menace » Benoît applique ce texte de 2Tim aux différentes sortes de moines = reprendre vertement les indisciplinés et les turbulents – exhorter les obéissants – menacer et châtier les négligeant et les arrogants.
Il ne s’agit pas ici d’un jugement de valeur, la Règle parle de différences de tempéraments, pas de degré de sainteté. A un moment ou à un autre, chacun de nous se heurte à un obstacle, se cabre, résiste. Chacun le fait à sa manière, suivant sa psychologie. Le primaire rue dans les brancards, il est saisi d’indignation, se met en colère, il est violant parfois. Le secondaire rumine en lui-même comme exprime sa révolte en petites phrases assassines, en sourires en coin, fait semblant de ne pas nous voir. Chacun a sa parade, son jeu de défense subtil. Benoît ne juge pas, pour lui l’obstacle auquel le moine se heurte est inévitable. Il fait partie du chemin. La façon de réagir dépend du mécanisme de défense de chacun. En fait Benoît met tous ces moines sur le même plan. Il donne une seul consigne à l’abbé : celle de réagir, car c’est cela seul qui compte, le vrai service à rendre à chacun. L’abbé doit mesurer sa réaction, en l’adaptant au tempérament de chacun des frères. La réaction de l’abbé n’est donc pas plus importante, elle est identique, mais elle doit être adaptée à chaque frère.
Ce que dit la Règle ici, ne concerne pas que l’abbé. Chacun de nous a à réagir à l’égard de ses frères. Ma réaction est-elle guidée par mon agacement, mes principes, ma manière de voir ? Est-elle adaptée à l’autre ? Il s’agit d’aimer l’autre. C’est d’abord ce moi que je dois convertir.
Le coléreux n’est pas plus grand pécheur, moins bon moine, que celui qui a un caractère plus passif mais sa colère est plus visible. (2008-09-26)
16. Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère.
17. Il n'aimera pas l'un plus que l'autre, à moins qu'il ne l'ait reconnu meilleur dans les bonnes œuvres ou l'obéissance.
18. A l'homme venu de l'esclavage qui entre en religion, il ne préférera pas l'homme libre, à moins qu'il n'existe une autre cause raisonnable.
19. Que si l'abbé en décide ainsi, la justice l'exigeant, il fera de même pour le rang de qui que ce soit ; sinon, ils garderont leur place normale,
20. car « esclave ou libre, nous sommes tous un dans le Christ », et sous un même Seigneur nous portons d'égales obligations de service, car « Dieu ne fait pas acception de personnes. »
21. Notre seul titre à être distingués par lui, c'est d'être reconnus meilleurs que les autres en bonnes œuvres et humbles.
22. L'abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas suivant les mérites.
Comment doit être l’abbé ?
« L’amour, ça ne se commande pas » Et pourtant St Benoît demande à l’abbé de ne pas se laisser mener par ses sentiments son affectivité. Ce qui doit compter pour lui ce n’est pas la sympathie (pour tel frère) mais la manière de vivre des frères : « Celui qu’il trouvera meilleur par ses actes et son obéissance » « ceux qu’il trouve humbles et meilleurs dans les œuvres » Obéissance, humilité, au passage Benoît cite déjà 2 vertus qu’il estime particulièrement importantes pour le moine. Cette conversion de l’affectivité, Benoît ne la demande pas à l’abbé seulement, chacun de nous ; ce qui doit nous guider dans la vie monastique, ce ne sont pas les attraits, ni les sentiments, mais le goût du bien, la beauté d’une vie transfigurée par la recherche de Dieu. Nous en sommes loin ! Cette conversion de l’amour ne se fait pas facilement. Aimer pour Dieu non pour soi. Le monde des sentiments, des émotions, est l’un des secrets, des plus mystérieux. Un monde auquel il est difficile d’être lucide ! Le proverbe dit que l’amour rend aveugle. L’amour dont il parle n’est pas de la charité. Cet aveuglement nous le repérons facilement chez les autres, mais bien souvent nous ne sommes pas conscients d’être menés par notre affectivité. C’est pourquoi l’un des plus grands combats du moine, c’est de laisser venir à la lumière, toute la haine, tout l’amour, qui habitent son cœur d’homme. La relation au père spirituel aide pour cela : laisser venir à la parole, à la lumière, pour reconnaître et nommer les sentiments qui nous habitent. Prier pour ceux qui ont trop de place, positive ou négative, dans notre affectivité, demander à Dieu son aide.(2008-09-25)
11. Quand donc quelqu'un prend le titre d'abbé, il doit diriger ses disciples par un double enseignement,
12. c'est-à-dire qu'il montrera tout ce qui est bon et saint par les actes plus encore que par la parole. Ainsi, aux disciples réceptifs il exposera les commandements du Seigneur par la parole, aux cœurs durs et aux plus simples il fera voir les préceptes divins par ses actes.
13. Inversement, tout ce qu'il enseigne aux disciples à regarder comme interdit, qu'il fasse voir par ses actes qu'on ne doit pas le faire, « ;de peur qu'en prêchant aux autres, il ne soit lui-même réprouvé »,
14. et qu'un jour Dieu ne lui dise, à cause de ses péchés : « ;Pourquoi proclames-tu mes ordonnances et recueilles-tu dans ta bouche mon alliance, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? ;»
15. Et : « Toi qui voyais le fétu dans l'œil de ton frère, dans le tien tu n'as pas vu la poutre. »
Comment doit être l’abbé ?
« Pour caractériser les missions de l’abbé », St Benoît utilise ici trois mots clés : le nom qu’il porte, ce qu’il dit, ce qu’il fait. Le nom, la parole, les actes et il faut une cohérence entre ces trois éléments sinon l’abbé n’est pas crédible et il tombe sous le coup des paroles dures de Jésus lorsqu’il s’adressait aux pharisiens hypocrites.
L’hypocrisie, l’incohérence, le mensonge ces maladies nous guettent tous. « Ils disent et font pas » Lequel d’entre nous peut prétendre ne jamais mériter de reproche ! Même si nous ne vivons pars toujours dans la vérité, nous ne devons pas renoncer à la dire. L’autre danger serait de déclarer juste et bien ce qui nous plait, ce qui est à notre portée, pour sauvegarder une cohérence de façade, un autre pharisianisme, qu’on peut rencontrer parmi nous :
- On déclare que le silence n’a pas tellement d’importance, parce que l’on est incapable de se taire.
- On prétend qu’on prie toujours, parce qu’on a par le courage de s’arrêter de prier.
- On trouve prétexte de ne pas rendre service, parce qu’on n’aime pas être dérangé.
Un nouveau pharisianisme, qui ne s’enracine pas en Dieu mais dans notre égoïsme.
St Augustin disait dans la cité de Dieu : « L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu » et donc de nos frères. Dans ce passage de la Règle, Benoît nous met dans une situation inconfortable, ou nous n’avons qu’un seul moyen d’être fidèle au Christ. Le moine, comme l’abbé, doit se souvenir du nom qu’il porte. Et sa parole autant que sa vie doit y correspondre. Et s’il tombe, qu’il le reconnaisse et se convertisse. La cohérence à laquelle Benoît nous invite n’est pas une perfection de façade mais la perfection d’un désir, le désir de suivre le Christ, malgré nous avec nos misères, nos faiblesses, nos péchés. C’est ce qu’on est en droit d’attendre de tout moine : pas qu’il soit parfait, mais qu’il sache reconnaître ses faiblesses et qu’il désire avancer. C’est le sens de notre vœu de conversion de vie. (2008-09-24)
1. L'abbé qui est digne de gouverner le monastère, doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne, et vérifier par ses actes le nom du supérieur.
2. Il apparaît en effet comme le représentant du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle d’un des noms de celui-ci,
3. selon le mot de l'Apôtre : « Vous avez reçu l'esprit d'adoption filiale, dans lequel nous crions : abba, père ! »
4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,
5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.
6. L'abbé se rappellera toujours que son enseignement et l'obéissance des disciples, l'une et l'autre chose, feront l'objet d'un examen au terrible jugement de Dieu.
7. Et l'abbé doit savoir que le pasteur portera la responsabilité de tout mécompte que le père de famille constaterait dans ses brebis.
8. En revanche, si le pasteur a mis tout son zèle au service d'un troupeau turbulent et désobéissant, s'il a donné tous ses soins à leurs actions malsaines,
9. leur pasteur sera absous au jugement du Seigneur et il se contentera de dire au Seigneur avec le prophète : « Je n'ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut. Mais eux s'en sont moqués et ils m'ont méprisé. »
10. Et alors, les brebis qui auront désobéi à ses soins auront enfin pour châtiment la mort triomphante.
. Comment doit être l’abbé.
Ce chapitre est d’abord pour nous l’occasion de prier pour notre abbé. Aussi l’occasion de remercier Dieu qui nous le donne. Je croie que nous avons tous de la chance, que nous avons cette communauté unie autour de son père abbé, c’est la grâce de la Pierre Qui ire aujourd’hui. Aussitôt après avoir présenté l’abbé aux frères, St Benoît se tourne vers l’abbé, et lui dit ce qu’il doit être. Le Père Adalbert fait remarquer que cette façon de traiter l’abbé au début de la règle est caractéristique de la tradition égyptienne et lérinienne. Alors que Bazile et Augustin ne parlent du supérieur que plus loin, ou même en finale. Benoît dit ainsi parce que pour lui la relation d’obéissance à Dieu est la plus importante et c’est l’abbé qui représente Dieu dans la communauté. La Règle dit que l’abbé, dans le monastère, est à un confluant de relation = il est à en relation filiale à l’égard du Père ; pour les frères il tient la place du christ. Il est son représentant. Benoît ne compare pas l’abbé à un Père de famille, ni à un chef militaire, ni à un chef d’entreprise, non, il dit que l’abbé est celui qui enseigne. Il dit de nous que nous sommes disciples. Lui-même Jésus était considéré comme le maître, l’enseignant. C’est à ce cercle de disciples autour de Jésus que la Règle se réfère. Si elle définit le monastère comme une école, c’est que ce terme est la définition exacte du groupe des 12 entourant Jésus. Le monastère, école et service du Seigneur est la continuation de ce groupe. L’abbé y tient la place du Christ : il est celui qui enseigne la vie.(2008-09-23)
6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.
7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.
8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.
9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.
10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,
11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.
12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.
13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.
Dans les monastères aujourd’hui combien on trouve de frères qui sont cénobites, d’autres plus anachorites, mais aussi certains qui sont un peu sarabaïtes, d’autres un peu gyrovagues ! Et chacun d’eux peut reconnaître tel ou tel aspect de sa vie dans les deux portraits entendus ce matin, surtout en parlant des saraboïtes et des gyrovagues, Benoît énumère, de manière négative, les principes de l’art spirituel qu’il va développer ensuite de façon positive. L’élément essentiel, pour Benoît, ce qui nous aide à devenir moine, c’est la Règle. Pour lui elle n’est pas un règlement, mais elle est maîtresse d’expérience et il prend l’exemple de l’or passé au feu. Pour que la Règle l’aide à vivre, le moine doit consentir à apprendre : ne plus se fier seulement à ce qu’il pense, à ce qu’il ressent, à ce qu’il désire mais qu’il s’abandonne, qu’il fasse confiance à la Règle de St Benoît et à l’abbé.
Il convient aussi d’accepter la durée, les belles paroles de suffisent pas pour changer en une heure ! Il faut le contact de la réalité : la vie commune, dans ce qu’elle a de rude ! Elle nous révèle notre égoïsme, notre volonté propre, nos limites. De ce labeur de la vie quotidienne le moine naît à lui-même. Il devient homme de vérité. Nous pouvons être tentés de prendre la fuite ! Car il y a une part de nous-même qui résiste à la grâce. Mais c’est cette vérité de la vie commune qui fait du moine un homme libre, non plus « esclave de sa volonté propre et des plaisirs » Comme dit St Benoît, comme libre enfin d’être lui-même et capable de s’aimer, capable d’aimer. (2008-09-20)
1. Il est clair qu'il existe quatre espèces de moines.
2. La première est celle des cénobites, c'est-à-dire vivant en monastères ; ils servent sous une règle et un abbé.
3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère
4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,
5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.
Pour St Benoît, au fond, il n’y a que deux sortes de moines : ceux qui le sont et ceux qui prétendent l’être, ou ne le sont pas.
Alors quel est le ressort profond de la vie monastique ?
A travers les différences qui tiennent à la culture, à la règle, à la communauté, à quoi va-t-on reconnaître un moine ?
Cette question est importante : pas pour juger les autres, mais d’abord pour nous-même. Cette vie me conduit-elle vers Dieu, ou m’éloigne-t-elle de lui ?
Pour Benoît, la première caractéristique du moine, c’est d’être un combattant. La vie monastique est un combat dans les rangs d’une communauté, ou seul au désert. Cette idée du combat du moine n’est pas l’aspect dont on parle le plus aujourd’hui. Le moine se définie plus volontiers comme un chercheur de Dieu, ce qui est vrai aussi. Mais notre expérience rejoint l’enseignement de St Benoît, le combat est là, jour après jour, la paix du moine n’est pas facile. Elle est victoire sans cesse remise en cause. Victoire sur tout ce monde grouillant de pensées obscures, de tentations, de désirs désavoués, et le premier travail du moine, c’est de prendre conscience peu à peu, de la présence de ces adversaires dans son cœur.
Ce combat ne diminue pas avec le temps mais il s’éclaire : nous repérons mieux nos faiblesses.
La règle de St Benoît est là pour nous dire quelles armes utiliser.
Surtout ce combat est nécessaire : c’est grâce à lui que nous nous accrochons au Christ, il est notre bouclier, lui il nous aime.
(2008-09-19)
45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.
46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.
47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,
48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.
49. Mais en avançant dans la vie religieuse et la foi, « le cœur se dilate et l'on court sur la voie des commandements » de Dieu avec une douceur d'amour inexprimable.
50. Ainsi, n'abandonnant jamais ce maître, persévérant au monastère dans son enseignement jusqu'à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience, afin de mériter de prendre place en son royaume. Amen.
Cette finale du prologue est importante, elle énonce en quelques lignes le projet que va développer la Règle entière. St Benoît veut instituer une école pour le service du Seigneur.
Cette école du serviteur du Christ à sa charte de fondation dans la parole du Christ : Mt 11,29
Prenez mon joug sur vos épaules et mettez-vous à mon école .
Cette école devra donc présenter les caractéristiques indiquées par Jésus aussitôt après Mt 11,30 Mon joug est doux et mon fardeau léger . C’est pourquoi Benoît rajoute nous espérons n’y établir rien de trop austère ou pénible
(RB 45).
Dans cette parole de Jésus - le joug facile et le fardeau léger - qui n’est pas la seule, ailleurs dans le même évangile de Mt, il parle des deux voies que suivent les hommes : l’une large et facile et l’autre qui conduit à la perdition. L’autre étroite et resserrée qui nous mène à la vie. Celle-ci prise par un petit nombre veut quelque chose de strict, une certaine étroitesse, fait donc partie aussi de l’école du Christ.
Comment concilier ces caractères qui semblent opposés : douceur et légèreté, stricte exigence ? Benoît se pose la question et trouve une réponse dans l’amour.
(2008-09-18)