vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 15, v 1-4 En quel temps on dira Alléluia ? écrit le 05 mars 2009
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;

2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.

3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.

4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.

Commentaire :

En quel temps on dira Alléluia ?

En ce temps de Carême, nous écoutons ce petit chapitre toujours un peu surprenant à nos oreilles. Il traite d’un petit détail que la tradition de l’Eglise a conservé très concrètement dans sa prière, notamment pour le Carême et pour le temps Pascal… Aussi en ce moment sommes-nous en train de nous abstenir de dire et chanter l’alléluia, pour mieux le laisser éclater et résonner au matin de Pâques jusqu’à la Pentecôte. Usage apparemment anecdotique et cependant combien significatif de la profonde entrée dans le mystère pascal du Christ qui nous est proposé de vivre… C’est toute la pédagogie de la liturgie de nous faire intérioriser et revivre le mystère du Christ. Le Carême temps de l’abstention et de la sobriété nous entraîne vers nos terres en friches pour mourir avec le Christ et en lui, à tout ce qui ne nous fait pas vraiment vivre… Tant d’illusion de vie nous habitent, mais ne sont que des mirages sans lendemain. Mourir à ce que nous retenons, à ce à quoi nous nous accrochons plutôt que de tenir au Christ. Cette traversée de sobriété et de désir dans la prière veut ouvrir « sous nos pas » le chemin de la vraie vie… celle qui nous est offerte gratuitement au matin de Pâques Le chant de l’alléluia nous entraînera avec toute l’Eglise à recueillir et à exprimer cette Joie intime de la vie du Ressuscité à l’œuvre dans notre existence.

Ainsi chacun est convié à se laisser façonner par la liturgie… En Carême, il s’agit de nous laisser creuser et au temps Pascal de nous laisser aller à l’exultation de la louange… Et heureusement dans les deux périodes, il nous est proposé de demeurer dans la Joie, Joie du défi spirituel en Carême et Joie de chanter le Ressuscité au temps Pascal… La Joie, ce don de l’Esprit grandira à mesure où nous nous libérerons de nous-même pour accueillir en nos vies le Ressuscité… comme notre Vie… « Poursuit ton Exode Israël, marche encore vers ta Joie, Dieu passe avec toi et t’arrache à la nuit … » (2009-03-05)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 13-14 Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines? écrit le 28 février 2009
Verset(s) :

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines.

Il est peut-être surprenant de voir la manière avec laquelle Benoît considère la prière du Notre Père dans l’office. A ses yeux, elle est d’abord un enseignement qui mérite d’être écouté plus qu’une prière à dire. Il s’agit d’écouter l’exhortation au pardon qu’elle contient… et après avoir écouté de s’engager sur cette voie du pardon… Cet accent nous fait mieux mesurer combien l’office n’est pas séparé, si séparable de notre vie quotidienne. Les paroles qui y sont dites ne le sont pas pour le plaisir, mais pour la gloire de Dieu et en conséquence pour nous engager sur un chemin de vérité et de charité avec nos frères. On pourrait faire ici facilement le parallèle souvent fait entre eucharistie et pardon mutuel. La parole de Jésus : « Si venant présenter ton offrande à l’autel tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, va d’abord de réconcilier avec ton frère » Cette parole convient aussi pour l’office d’une certaine manière quand Benoît estime que les frères seront « mis en demeure de se purifier » « des épines de disputes ». Nous connaissons le phrase : « Ils se sont beaucoup aimés parce qu’ils se sont beaucoup pardonnés. » Cela vaut aussi pour notre vie communautaire… La beauté de notre charité se manifeste toujours plue réelle à notre capacité de nous pardonner. Nous ne pardonnons pas 7 fois…dans les mesquineries de la vie ou les conflits plus graves… les occasions ne manquent pas. Ayons le cœur grand, le cœur toujours aux aguets pour demander pardon et pour pardonner. Ce cœur là est un cœur qui n’est pas parfait mais qui sème le bonheur de vivre autour de lui. Ce temps de Carême peut-être ce temps favorable pour nous faire grandir comme des êtres de pardon capables de mendier le pardon de Dieu et le pardon des frères…et capables de le donner. Demandons cette grâce d’humilité et d’amour qui viennent attendrir notre cœur. Car notre Dieu si souvent du dans sa carapace d’auto justifications aspire à la rencontre vraie que lui ouvre le pardon reçu et donné… « Seigneur tire moi de la prison où je suis. Que je rende grâce à ton Nom » (Ps 141) (2009-02-28)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13, v 1-11 Aux jours ordinaires comment célébrer les matines? écrit le 20 février 2009
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

Commentaire :

Aux jours ordinaires, comment célébrer les matines.

« Que tous soient présents pour le Ps 50 » Visiblement Benoît attache une grande importance au Ps 50 qu’il prévoit de dire avec antienne, tous les jours même le dimanche. La journée du moine commence donc en le plaçant dans l’attitude de l’humble confession de sa condition de pécheur… « Pitié pour moi mon Dieu …. Efface mon péché … crée en moi un cœur pur au mon Dieu… renouvelle au fond de moi ton Esprit » Est-ce surprenant, après que l’on ait entendu le chapitre 7 ? La, Benoît place au sommet de l’échelle de l’humilité le moine qui, habité par la prière de contrition du publicain, découvre la voie de l’amour. En résumé, on pourrait dire « Si tu veux découvrir l’amour de Dieu et apprendre à aimer, apprendre à te reconnaître pécheur du fond du cœur … » Telle est la perspective de Fond, me semble-t-il, qui motive cette première place donnée au Ps 50 à l’office des Laudes. Il ne s’agit pas d’une perspective morale ou l’on devrait confesser tel ou tel péché des le point du jour, ici comme d’ailleurs au début de chaque eucharistie, nous apprenons à nous remettre devant Dieu avec tout notre être marqué par le péché, blessé en bonne part à notre insu, mais blessé réellement… Car le pécheur, nous sommes toujours en décalage devant Notre Père. Devant lui qui n’est qu’Amour, nous sommes si peu aimants. Devant lui qui n’est qu’ouverture et accueil, nous sommes si souvent fuyants … Devant lui qui n’est que don, nous sommes tellement enfermés sur nous-même… Se reconnaître pécheur ici, n’est pas faire le compte de ses péchés pour être quitte. C’est pouvoir s’offrir à la miséricorde de Dieu tel que nous sommes blessés par l’égoïsme, fermé à l’amour, étroit dans le don de nous-même. Se reconnaître pécheur, cela s’apprend…. Cela ne nous est pas inné. C’est une grâce à recevoir, une disposition du cœur qui veut nous ouvrir à l’Amour véritable …. En me reconnaissant pécheur en vérité, j’apprends à m’abandonner totalement à la puissance salvatrice et

re-créatrice de Dieu. Enfin, j’arrêt de me justifier pour laisser Dieu me rendre juste… « Tu veux au fond de moi la vérité, rend moi la joie d’être sauvé. Ma bouche annoncera ta louange… le sacrifice qui plait à Dieu c’est un esprit brisé… »

(2009-02-20)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 12, v 1-4 De quelle manière célébrer la solennité des matines? écrit le 19 février 2009
Verset(s) :

1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.

2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.

3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,

4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.

Commentaire :

De quelle manière célébrer la solennité des matines

Il est intéressant de remarquer cette expression : « La solennité des matines », nous dirions des Laudes… Benoît ne l’utilise qu’à propos des Laudes, celles du dimanche comme celles des jours ordinaires. Visiblement le mot « solennité » est utilisé dans deux sens dans la Règle de St Benoît : pour désigner les fêtes annuelles plus remarquables et ici pour caractériser l’office des Laudes, auquel est reconnu un certain caractère, une vraie importance. Est-ce parce qu’il ouvre chaque journée au moment du lever du soleil, en plaçant sous la lumière du Christ ? On voudrait aussi remarquer l’heure solennelle de la louange au lever du jour. Peut-être … Certainement les laudes du dimanche revêtent elles une vraie solennité : au point du jour, avec toute l’Eglise, nous chantons la résurrection du Christ. C’est la Bonne Nouvelle qui jaillit de nos lèvres et que nos voix veulent répandre pour y associer toues les Peuples : Allez aujourd’hui vers la joie qui s’avance, chantez aujourd’hui l’indicible merveille : Christ est ressuscité ! Comme nous y invite l’hymne.

Ensuite la psalmodie ne cesse de nous entraîner dans cette exultation … avec le Ps 117, nous méditions l’Amour éternel du Seigneur qui est venu en aide à Jésus que l’on a bousculé, encerclé pour l’abattre. Avec, la Pierre, rejetée des bâtisseurs, nous pouvons chanter : « le bras du Seigneur est fort » « Je te rends grâce car tu m’as exaucé, tu es pour moi le salut » Oui nous ne voulons pas laisser passer inaperçu ce « jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie … »

Les Ps 62 et 99 viennent nous entraîner plus loin dans la louange : « Oui tu es venu à mon secours je crie de joie à l’ombre de tes ailes… » « Acclamez le Seigneur, terre entière venez dans sa maison lui rendre grâce… Oui le Seigneur est bon sa fidélité demeure d’âge en âge… » Et pour signifier combien la résurrection du Christ est la Joie que toute la création attendait, à la suite de Benoît, nous reprenons les Cantiques des bénédictions du livre de Daniel : « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur, vous le soleil et la lune, bénissez le Seigneur » En ce dimanche matin, la liturgie nous invite à convoquer toutes les créatures, minérales, végétales et animales pour chanter la victoire du Christ sur la mort, victoire qui intéresse toute la création … Laissons nous entraîner par ce grand mouvement de louange des Laudes du dimanche matin … (2009-02-19)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 11-13 Comment célébrer les vigiles le dimanche? écrit le 18 février 2009
Verset(s) :

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.

Commentaire :

Comment célébrer les vigiles le dimanche

« Qu’on mette tous ses soins »… Ici dans ce chapitre, qu’on mette tous ses soins à éviter un retard dans la sonnerie pour ne pas troubler le déroulement de l’office et de la journée monastique. « Qu’on mette tous ses soins » Nous pouvons garder précisément cette petite phrase pour ce qui concerne notre engagement dans la liturgie. Celle-ci mérite en effet toute notre attention. Dans notre vie monastique, elle est notre premier service… celui que l’on préférera avant toute autre chose. Dans le déroulement de nos activités qui ne manquent pas, veillons à lui garder cette première place… La première place, parce qu’elle nous replace au cœur de la rencontre avec notre Dieu qui nous fait vivre. Sachons concrètement donner la priorité à l’office. Appuyons-nous sur la cloche pour quitter notre travail… Si nous somme plusieurs, entraînons-nous pour nous diriger sans tarder à l’office. Je remarquais une bonne idée dans un groupe de frères qui travaillent ensemble : un réveil sonnait pour rappeler à tous la nécessité de partir pour l’Eglise. Quand nous avons des services : chantres, présidents de l’Eucharistie, acolytes, lecteur, ne préparons pas à la dernière minute les feuilles, les missels ou les lectionnaires… au contraire, commençons notre journée ou notre travail, par cela pour que notre service se fasse sans précipitation… la liturgie mérite la première place dans nos préoccupations même si les autres soucis ne manquent pas elle garde la place d’honneur : en elle, nous saisissons, ou plutôt nous nous laissons saisir par le mystère de Dieu qui est toujours là et qui nous accompagne pour vivre toute chose de lui… (2009-02-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 1-11 Comment célébrer les vigiles le dimanche écrit le 17 février 2009
Verset(s) :

1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.

2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.

3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.

4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.

5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.

6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.

7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,

8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .

9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.

10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

Commentaire :

On peut être surpris de ne trouver qu’au 4ème chapitre de l’ordo liturgique ce chapitre sur les vigiles du dimanche. En effet par leur solennité et par le renvoie implicite qu’elles font à la vigile Pascale, ce chapitre aurait pu figurer en tête. Dans la Règle le Maître prévoyait dans la nuit du samedi au dimanche une veille complète depuis le soir jusqu’au chant du coq. Benoît prévoie seulement un lever plutôt par rapport à l’horaire habituel et il augmente la mesure des lectures qui passent de 4 en semaines à 12 le dimanche. Il ajoute également 3 cantiques de l’Ancien Testament et toute la partie finale autour de la proclamation de l’Evangile… Cette vigile du dimanche se caractérise donc par un déploiement de lectures et de chants pour affirmer plus fortement le caractère de veille en celle nuit qui fait mémoire de la Résurrection du Christ. Dans notre office, lui aussi, plus développé, même si les lectures restent au nombre de 2, notre méditation de la résurrection du Christ est guidée avant tout dès l’ouverture plus développée et par le choix des Psaumes et des Antiennes. Notre ouverture d’office est plus développée qu’à l’ordinaire. En place l’invitatoire, les versets d’ouverture nous font dire avec le Christ : « Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme… » « Nous sommes entrés dans l’eau et le feu, tu nous as fait sortir vers l’abondance. » « Jour après jour, ce dieu nous accorde la victoire. Le poids de la mort est à Dieu, le Seigneur. » Avec le Christ dans le Christ nous confessons sa Résurrection qui est aussi la notre. Vient ensuite le texte lu qui nous introduit au mystère par une brève méditation inspirée des Pères ou d’auteurs plus modernes. Le texte mérite d’être proclamé comme une Bonne Nouvelle… comme une annonce inédite de la Résurrection du Christ, après l’hymne qui exprime notre réponse joyeuse à cette annonce, « car l’univers est illuminé par ta Résurrection et le Paradis ouvert à nouveau », vient le chant des Psaumes introduit par une antienne. Chaque Psaume est choisi en ouverture de la lecture christologique qu’il permet de faire… Dans la lumière de notre foi en la Résurrection, nous pouvons vraiment méditer et chanter ces Psaumes comme le texte de l’Ecriture qui concernent Jésus mort et Ressuscité (Lc 24,27) On pourrait reprendre chaque Psaume et son antienne pour repérer cet éclairage mutuel entre l’Ecriture et l événement de la mort et de la Résurrection… Tous ces textes veulent nous faire chanter le mystère du Christ…non à la manière d’un texte dogmatique, mais à la manière d’un poème qui veut toujours révéler davantage… Ainsi le psaume 44 par exemple fait regarder le Christ comme « un guerrier valeureux dont l’honneur est de courir au combat = celui de la croix pour la justice et la vérité » Et c’est lui que Dieu a consacré par sa résurrection, comme aucun de ses semblables. » Soyons attentifs au chant des Psaumes, ils nous montrent le Christ

(2009-02-17)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 1-3 Comment célébrer la louange nocturne en saison d'été? écrit le 11 février 2009
Verset(s) :

1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,

2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.

3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.

Commentaire :

Comment célébrer la louange nocturne en saison d’été ?

« On maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut… »

La psalmodie est pour le moine comme les deux tranches de pain du sandwich, entre lesquelles on insérera quelques morceaux choisis de la Parole de Dieu… S’il faut choisir pour abréger l’office en raison de la brièveté des nuits, Benoît, à la différence du Maître, préfère garder les tranches de pains et retrancher sur le reste : quelques extraits de la Parole de Dieu. En utilisant cette image du pain et du sandwich, on mesure mieux combien le chant des psaumes est pour nous une nourriture de base. Une nourriture un peu austère, mais aussi consistante et nourrissante. Comme le pain, les Psaumes peuvent à certains jours paraître sans beaucoup de saveur car les mots qui viennent sur nos lèvres ne parlent pas immédiatement au cœur nécessairement. Et pourtant ils nourrissent notre être priant… Ils le nourrissent en l’élargissant à la dimension de toute l’humanité … C’est mots de l’homme biblique me sont offerts pour que je les fasse mien… pour que mon cœur devienne plus sensible à tous ce qui peut traverser la vie des hommes et des femmes d’hier et d’aujourd’hui … les psaumes sont donc une nourriture singulière : en m’enrichissant de prières que je ne formulerais pas spontanément, ils m’engagent à une sorte de disposition intérieure. Ma prière n’est plus seulement mienne, elle est celle de toute l’humanité… Et ce faisant ma prière devient plus humaine… Elle l’aide à consentir à tout l’humain qui est en moi, avec ses ombres et ses lumières…. Tous ses cris de souffrance et de joie de l’humanité viennent m’apprendre en retour à oser me tenir devant Dieu avec toute ma profondeur humaine… Etonnant va et vient de la prière avec les psaumes : elle m’ouvre à la quête de l’humanité et dans le même temps elle m’ouvre à ma propre humanité. (2009-02-11)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 09, v 1-6 Combien de psaumes faut-il dire aux heures de la nuit? écrit le 07 février 2009
Verset(s) :

1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

2. On y joindra le psaume trois et le gloria.

3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.

4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.

5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.

6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.

Commentaire :

Le début de chaque office est important et de notre manière d’y être ou non présent peut dépendre en bonne part notre engagement spirituel qui va suivre. Les minutes en silence qui précèdent l’office nous sont offertes pour quitter notre sommeil ou nos activités et nous préparer à une rencontre. Et quelle rencontre : celle du Dieu Vivant ! En communauté avec toute l’Eglise, nous venons chacun unir nos voix pour chanter sa louange, pour célébrer sa gloire et lui présenter toute notre humanité avec ses désirs, ses souffrances et ses attentes. Les quelques minutes qui précèdent l’office peuvent être précieuses pour nous accorder, comme on accorde un instrument, pour être bien là dans le service de la louange et d’intercession qui nous revient. Le verset d’ouverture « Seigneur ouvre et mes lèvres … Dieu viens à mon aide » conne comme une confession celle de notre impuissance à accomplir par nous-même, notre office. Sans la grâce du Seigneur, sans son Esprit Saint, nous ne pouvons pas prier comme il convient. Nous pouvons prononcer les paroles et récités les prières mais c’est le Seigneur qui nous donnera la grâce de prier vraiment, d’être tout entier en sa présence. Que ces versets d’ouverture lui expriment tout notre désir de ne pas manquer le rendez-vous, qu’il nous offre. Aux vigiles, l’office ouvre notre journée, nous avons ensuite la chance d’être invités à la prière. Par les psaumes invitatoires… Benoît ne connaît pas le mot « psaume invitatoire » mais il a perçu le rôle avec les psaumes 3 et 94… Ces psaumes nous remettent devant notre tâche de priants sur le mode impératif : ainsi le psaume 94 « Venez crions de joie pour le Seigneur acclamez notre rocher, allons jusqu’à lui, entrez inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur… en lui écouterez vous sa parole… ne fermez pas votre cœur… » De même les psaumes 80, 95, 97,98 que nous utilisons toute la semaine viennent nous exhorter nous réveiller par de nombreux impératifs… « Chantez, adorez, apportez votre offrande… »

Laissons-nous mettre en voix, laissons-nous dans cette disposition du cœur qui ne s’épuise pas à louer et chanter son Créateur et Seigneur. (2009-02-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 08, v 1-4 Des offices divins au cours des nuits écrit le 05 février 2009
Verset(s) :

1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,

2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.

3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.

4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.

Commentaire :

Est-ce un hasard si Benoît, à la suite du Maître commence son directoire liturgique par l’office au cours de la nuit ? Il s’inscrit là certainement dans la tradition monastique la plus ancienne qui donne à la prière de la nuit une place privilégiée, une place d’excellence pour les moines. À quelque heure qu’elle se fasse au début, ou au milieu ou en fin de nuit. Cette tradition de veille durant la nuit rejoint le cœur de notre vie de moine qui veut faire de nous des veilleurs devant Dieu, des veilleurs pour le monde. Nous nous inscrivons sur la trace des priants de l’Ancien Testament qui ouvraient leurs yeux dans l’attente du salut et les promesses de la justice (Ps 118, 81, 82, 123)

Nous avons au début de nos vigiles de semaine de très belles hymnes qui nous introduisent avec justesse à ce service de veille… Elle nous entraîne à la suite de l’Evangile à nous tenir proche du Christ et ensuite à embrasser l’attitude des serviteurs ou des vierges qui attendent le Maître et l’Epoux. Comme le Christ, nous voulons veiller et apprendre à prier sans jamais nous lasser, lui qui a tracé la voie lorsque dans le secret, il restait en prière tout au long de la nuit. A côté de ces veilles régulières, deux veilles retiennent l’attention de l’hymnographie : celle de la Transfiguration ou il manifeste à ses compagnons de veille son visage de Gloire… Et celle de Gethsémani où à ses compagnons de peine il voulut apprendre à veiller et à prier à l’heure de l’angoisse. Si là nous dormions avec Pierre, Jacques et Jean quand il devait accepter seul la coupe et accomplir sa Pâques, aujourd’hui dans la lumière de l’Esprit Saint, nous pouvons veiller, grandir dans notre foi et aimer dans l’attente de la fête de son retour. (Vigiles du vendredi) De même comme des serviteurs fidèles sur les pas la foi, nous désirons être prêts à recevoir le Maître à son retour (Vigiles du mercredi) Comme les vierges sages, les lampes de notre vigilance allumées, nous désirons pouvoir entrer dans la Maison de lumière. (Vigiles lundi) Un dernier point de ces très belles hymnes peut nourrir notre désir : en cette heure de veille, nous sommes conviés à prendre dans notre prière tous ceux qui ne connaissent pas l’amour du Christ… « Seigneur en leur faveur nous voulons te servir. Fais de nous des flambeaux annonçant ta lumière au monde dans la nuit… (Vigiles du mercredi) (2009-02-05)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 35-43 De l'humilité (4°) écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

35. Le quatrième degré d'humilité est que, dans l'exercice même de l'obéissance, quand on se voit imposer des choses dures et contrariantes, voire des injustices de toute sorte, on embrasse la patience silencieusement dans la conscience,

36. et que, tenant bon, on ne se décourage ni ne recule, selon le mot de l'Écriture : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. ;»

37. Et aussi : « Que ton cœur soit ferme ! Supporte le Seigneur. »

38. Et voulant montrer que le fidèle doit même supporter pour le Seigneur toutes les contrariétés, elle place ces paroles dans la bouche de ceux qui souffrent : « A cause de toi, nous sommes mis à mort chaque jour. On nous regarde comme des brebis de boucherie. »

39. Et sûrs de la récompense divine qu'ils espèrent, ils poursuivent en disant joyeusement : « Mais en tout cela, nous triomphons, à cause de celui qui nous a aimés. »

40. Et ailleurs, l'Écriture dit aussi : « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer au feu l'argent. Tu nous as fait tomber dans le filet. Tu nous as mis sur le dos des tribulations. »

41. Et pour montrer que nous devons être sous un supérieur, elle poursuit en ces termes : « Tu as fait chevaucher des hommes sur nos têtes. »

42. En outre, ils accomplissent le précepte du Seigneur par la patience dans les adversités et les injustices : frappés sur une joue, ils présentent aussi l'autre ; à qui ôte leur tunique, ils abandonnent aussi le manteau ; requis pour un mille, ils en font deux ;

43. avec l'Apôtre Paul, ils supportent les faux frères, et ils supportent la persécution et quand on les maudit, ils bénissent.

Commentaire :

Supporter, tenir bon, ne pas se décourager ne pas reculer persévérer, embrasser la patience. Voici tous les synonymes qui parsèment les lignes entendues au sujet du 4ème degré de l’humilité … Lorsque survient l’adversité, les contrariés, voire les injustices dans la vie monastique, et plus particulièrement dans l’exercice de l’obéissance, voilà la stratégie proposée pour avancer plus profondément dans l’humilité. Au lieu de se mettre en colère : supporter ; au lieu de se rebeller, tenir bon ; au lieu d’abandonner, embrasser la patience. Loin d’être une manœuvre tactique pour lâches voulant éviter le combat, cette stratégie de l’humilité porte le moine au cœur du combat spirituel. Là ou la contrariété, voire les injustices réveillent en nous le désir de revanches et la volonté de ne pas se laisser écraser, la stratégie de l’humilité nous fait entrer par la patience à un autre niveau de combat. C’est le niveau où le Christ lui-même a combattu comme quelques citations scripturaires employées le suggèrent… « On nous regarde comme des brebis de boucherie… » Le Christ seul a connu l’injustice totale et a souffert avec patience ce qu’il ne méritait en aucun cas. Là son attitude de patience, de pardon et d’amour pour ceux qui le faisaient souffrir, il a vaincu le mal en sa racine. Par son humilité il a accepté d’être compté pour rien… et il nous a délivrés de tout orgueil et de toute prétention à exister pour nous-même et sa Résurrection signe sa Victoire.

Ce 4ème degré ne veut rien moins que nous faire entrer dans le dynamisme pascal du Christ par la patience, supporter les contrariétés, voir les injustices, avec cette profonde conviction « qu’en tout cela, nous triomphons, à cause de celui qui nous a aimés « Que le Christ mort et Ressuscité, nous vienne en aide ! (2009-02-04)