vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 36, v 7-10 Des frères malades écrit le 08 mai 2009
Verset(s) :

7. Ces frères malades auront un logement à part affecté à leur usage, et un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux.

8. Toutes les fois que c'est utile, on offrira aux malades de prendre des bains, mais à ceux qui sont bien portants et surtout aux jeunes, on ne le permettra que plus rarement.

9. En outre, on permettra aux malades très affaiblis de manger de la viande, pour qu'ils se remettent ; mais quand ils seront mieux, ils se passeront tous de viande comme à l'ordinaire.

10. L'abbé prendra le plus grand soin que les malades ne soient pas négligés par les cellériers ou par les serviteurs. Lui aussi, il est responsable de toute faute commise par ses disciples.

Commentaire :

Des frères malades.

Pour les frères malades, la règle prévoit donc un logement à part et un frère, appelé serviteur, qui ait la crainte de Dieu… attentionné, soigneux.

Nous sommes entrain de refaire « le logement à part », notre infirmerie avec ses quatre chambres un peu plus vastes et équipées d’un cabinet de toilette. Plus de commodité donc pour les malades et pour les soignants. Nous pourrons mieux honorer ainsi que par le passé la recommandation de « prendre les bains toutes les fois que cela est utile » Comme on le disait déjà, cette nouvelle installation pourrait nous permettre aussi de considérer différemment l’usage de notre infirmerie. Jusqu’à présent, on ne descendait là qu’en cas d’urgence et pour y vivre son dernier passage. Tout en gardant bien sur cette finalité, l’infirmerie pourrait aussi devenir le lieu de résidence habituelle des frères plus diminués dans leur possibilité de mouvement et dans leur autonomie pour le repas ou pour les soins. On pourrait aussi passer peu à peu de l’expression « descendre à l’infirmerie » quand il n’y a pas d’autres possibilités à l’expression « habiter à l’infirmerie » quand les conditions de vie deviennent plus pénibles pour le frère. L’étage des anciens garderait sa vocation d’accueillir là les frères à la mobilité réduite et qui ont besoin de l’ascenseur. Nous le mesurons bien ces lieux spécifiques plus adaptés aux nécessités de l’âge marquent des étapes pour chacun des frères… Les étapes par lesquelles ils apprennent peu à peu à laisser des activités et des choses qu’ils ne peuvent plus faire. Une étape par laquelle ils vivent le lâcher prise par rapport à des objets ou à un environnement familier pour finalement apprendre peu à peu à s’abandonner dans la perspective du grand passage sur l’autre rive. C’est le chemin de tout homme appelé à se préparer dans la liberté à la rencontre avec son Seigneur. Nous nous réjouissons de pouvoir offrir pour ces étapes dures de la vie, des lieux qui soient dignes et agréables. Que frère Mathias soit ici remercié pour son attention aux travaux en cours et surtout pour sas présence auprès de chacun des frères malades. (08/05/09

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 36, v 1-6 Des frères malades écrit le 07 mai 2009
Verset(s) :

1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,

2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,

3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »

4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.

5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.

6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.

Commentaire :

Des frères malades

« Il faut prendre soin avant tout et par-dessus tout des malades en les servant vraiment comme le Christ… »

L’insistance de Benoît est forte. « Avant tout et par dessus tout » afin que l’on soigne les malades « en servant comme le Christ » l’insistance est ici profondément évangélique pour ouvrir le cœur en changeant de regard. Celui qui est malade est le Christ pour moi, pour nous. Le Christ qui est venu en notre chair et qui s’est livré aux mains des hommes, s’identifie à chaque être humain surtout les plus faibles. On pourrait dire qu’en chaque être humain dépendant, le Christ est là livré entre nos mains. Allons-nous l’abandonner par notre négligence ou nos manques d’attention ou bien allons-nous l’honorer et le servir en prenant soin de lui ?

Voilà jusqu’où va la Bonne Nouvelle du Christ venu dans notre chair : il s’offre à nous, livré à notre charité, en chaque homme et particulièrement les plus fragiles. Car dans la faiblesse de la maladie et de l’épreuve, chaque homme est au plus proche du Christ livré en totale dépendance, du bon plaisir des hommes.

Les saints jusqu’à une Mère Térésa ont compris cela magnifiquement et tant de personnes qui agissent dans l’obscurité. Ils l’ont compris avec leur cœur et leurs mains pour se faire proche de tout homme blessé fragile. A notre niveau, au sein de la communauté, en contact de certains hôtes aussi, nous pouvons vivre cette attention du cœur très concrète. Plus nous essayons d’être présents au Christ à travers la lectio et la prière plus nous saurons le reconnaître caché, parfois défiguré en nos frères malades. Cette reconnaissance est une grâce à toujours demander et à sans cesse recueillir. Elle n’est pas connaissance de l’ordre du savoir intellectuel mais elle est autant un acte de foi qu’une attitude d’ouverture qui fait place, dans l’accueil du frère, à toute l’épaisseur de son mystère. On pourrait dire : « il est grand le mystère du frère » et c’est en nous mettant à son service que nous l’approcherons le mieux. (07/05/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 35, v 12-18 Des semainiers de la cuisine écrit le 02 mai 2009
Verset(s) :

12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,

13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.

14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.

15. Le dimanche, aussitôt après la fin des matines, les hebdomadiers entrant et sortant se courberont à tous les genoux à l'oratoire, en demandant que l'on prie pour eux.

16. Celui qui sort de semaine dira ce verset : « Tu es béni, Seigneur Dieu, qui m'as aidé et consolé. »

17. L'ayant dit trois fois, celui qui sort recevra la bénédiction. Puis celui qui entre continuera en disant : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider. »

18. Tous répéteront les mêmes mots par trois fois, et ayant reçu la bénédiction, il entrera.

Commentaire :

Des semainiers de la cuisine.

Cette fin de chapitre nous donne le petit rituel hebdomadaire que pratiquaient les moines de St Benoît pour l’entrée et la sortie de leur service. Rituel aux allures liturgiques qui donne à tous nos services mutuels leur juste place, dans nos journées qui désirent être toutes entières vécues sous la lumière de Dieu. Dans quelques instants, nous vivrons ce petit rituel de façon plus sobre, mais bien significative. Ensemble nous demanderons « Grâce et pardon pour les services de la semaine passée et pour les jours qui viennent, l’esprit de foi et d’amour grâce et pardon, car parfois nous traînons les pieds pour nous lever et nous mettre au service des autres. Grâce et pardon quand nous le faisons à « la va vite » comme pour être au plus vite débarrassé. Notre faiblesse implore donc « l’esprit de foi et d’amour » pour ce service que nous sommes appelés à remplir afin que nous le vivions vraiment avec tout ce que nous sommes en nous donnant vraiment… par à moitié. Avant cette prière, nous allons entendre les différents services demandés pour la liturgie la plupart et parmi eux on trouvera ceux de président de l’Eucharistie et de confesseur. Les frères prêtres au service de leurs frères. Il est heureux en ce jour où nous entourons notre frère Bruno pour son jubilé sacerdotal de relever ce bel exercice du sacerdoce dans le service quotidien de la communauté et de l’Eglise. Parmi tous les services de l’action liturgique lecteurs acolytes, le prêtre tient une place particulière qui l’associe étroitement au Christ tête du corps. Chaque prêtre porte avec le Christ, en lui, le souci de tout le corps. Dans l’Eucharistie, il préside à l’offrande de tous qui s’unissent à l’offrande du Christ. Humble serviteur de l’action liturgique pour que tous soient vraiment rassemblés et s’unissent à l’Unique grand prêtre qu’est le Christ. Dans la confession, le prêtre se met avec le Christ à l’écoute du pénitent pour lui signifier l’accueil du Père et pour l’assurer de son pardon à travers l’absolution. Humble service de l’écoute et du pardon offert. Humble service et comme il n’est pas facile d’être humble dans ce service assez exposé, la tentation serait d’avoir cœur de le remplir. Non, c’est encore humilité que de l’assurer avec ses limites ans le souci de vraiment servir la communauté et d’être à son écoute comme frère.

(02/05/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 35, v 7-11 Des semainiers de la cuisine écrit le 29 avril 2009
Verset(s) :

7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.

8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.

9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.

10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.

11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.

Commentaire :

. Des semainiers de la cuisine.

Ce bref passage nous décrit l’organisation que Benoît vivait à son époque. Une organisation concrète d’entraide entre ceux qui quittent et ceux qui entrent en service. Et au milieu de recommandations très concrètes, le lavement des pieds. A côté du lavage des linges pour maintenir la propreté, le lavement des pieds pour honorer les frères. Cette notation et cette pratique nous surprend, nous qui avons conservé ce geste uniquement dans le cadre liturgique de la célébration du Jeudi Saint. Au temps de Benoît, le commandement du Seigneur de faire comme il avait fait pour les disciples, avait trouvé une expression concrète dans le service des frères, et aussi dans l’accueil des hôtes (RB 53). Aussi au moment de passer les consignes et les instruments enfin de semaine, ce geste vient rappeler aux uns et aux autres, la portée théologale de tout service fraternel. Ce que le cuisinier fera durant la semaine pour préparer les repas des frères, c’est dans l’esprit du lavement des pieds qu’il lui est proposé de le faire. Comme le Christ et pour le Christ présent en chaque frère.

Notre organisation des services et des emplois n’est plus exactement celle décrite par la règle. Certains services d’alors sont devenus pour nous des emplois en raison de l’ampleur de la tâche et de la complexité. Et différents frères sont associés par exemple à la cuisine, pour les pluches, ou des nettoyages. Je remercie les frères de la cuisine et les frères qui travaillent aux légumeries, aux nettoyages de la plonge, au réfectoire, aux fruits, aux fromages, à la cave. Merci à chacun d’apporter son savoir-faire, son temps, sa disponibilité, son esprit de responsabilité puisque ce secteur important de notre vie communautaire fonctionne mieux, dans un climat de paix. Ce travail quotidien porte un poids bien réel de charité et de dévouement, reçu le plus souvent de façon obscure. Il participe à l’échange des dons entre nous, à l’échange de la vie qui nous est offerte pour être donnée. Rendons grâce à Dieu pour cette circulation de la vie entre frères à travers les tâches les plus simples et les plus nobles à la fois, car elles visent le bien des hommes dans leurs besoins les plus élémentaires. (29/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 35, v 1-6 Des semainiers de la cuisine écrit le 28 avril 2009
Verset(s) :

1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,

2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.

3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,

4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.

5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.

6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.

Commentaire :

Des semainiers de la cuisine.

Cela procure une plus grande récompense et charité. Se servir mutuellement, ici à la cuisine, est une belle chose aux yeux de St Benoît, car « cela procure une plus grande récompense et charité » Elle est intéressante cette association des deux notes « Récompense et charité ». Comme si la récompense était associée à la charité. N’y a t-il pas en effet plus belle récompense qu’un cœur qui est de plus en plus capable d’aimer de plus en plus dégagé de lui-même pour se donner aux autres ? Spontanément, quand on rend un service, on attend plus ou moins consciemment et rapidement une récompense. Au moins un merci, un geste de reconnaissance qui montre que l’autre a perçu mon effort et mon dévouement. Peut-être faut-il aussi entendre le mot « récompense » pris isolément… le service mutuel sur cette terre nous promet ainsi une belle récompense dans la vie éternelle. Mais Benoît nous propose de chercher plus profondément notre récompense quand il ajoute le mot « Charité » de façon un peu inattendue… Ce faisant, il nous entraîne plus loin, à sortir du schéma trop naturel du donnant-donnant, de l’échange de bons et loyaux services entre frères.. Schéma qui risque toujours de mesurer notre service pour les autres à la mesure de celui qu’ils nous rendent. En nous invitant à chercher notre récompense dans un accroissement de charité Benoît veut nous faire accéder à un niveau supérieur dans l’ordre de l’amour : l’amour qui donne sans soucis d’abord de recevoir en retour. Aimer toujours plus pour apprendre à aimer dans mesure. Là est notre récompense, une récompense qui ne nous fera jamais défaut, car elle nous fait communier à l’amour de Dieu qui n’a pas de limites. Je voudrais relever un lieu où l’on peut expérimenter cela, mais il y en bien d’autres : je pense au desservisse après les repas. Quand on fait une première tâche va-t-on vite s’esquiver ou bien cherche-t-on à aider les autres frères qu n’ont pas fini leur service ? Se sauver ou bien prendre un peu de temps pour aider les autres ? Le Seigneur veut nous partager sa joie d’aimer, comme le psalmiste l’avait pressenti : « mon cœur incline à pratiquer tes commandements, c’est à jamais ma récompense »

Ps 118,112 (28/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 34, v 1-7 Si tous doivent recevoir également le nécessaire écrit le 25 avril 2009
Verset(s) :

1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»

2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.

3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;

4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,

5. et ainsi tous les membres seront en paix.

6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.

7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.

Commentaire :

Si tous doivent recevoir également le nécessaire.

« Recevoir également » de façon égale. Est-ce possible ? Benoît répond rapidement « non ». Ce qui est important n’est pas la part de gâteau qui devrait être strictement égale aux autres, mais celui à qui elle est destinée… Quand les enfants sont réunis autour de la tarte que la mère de famille est en train de couper ; ils surveillent l’opération afin que toutes les parts soient bien égales. Gare à l’injustice ! Benoît avec l’évangile nous engage à tourner nos regards non plus vers le gâteau mais vers les frères qui vont le recevoir. Il nous enseigne à savoir considérer nos besoins différents et à les accepter heureusement dans la confiance que chacun aura bien la part qui lui convient. Et comme il y a toujours en chacun de nous un enfant qui sommeille et qui est prêt à se réveiller pour dénoncer le part plus grosse qui va dans l’assiette du voisin, Benoît nous invite à un travail spirituel. Pour ne pas laisser l’enfant jaloux et grincheux être le maître de nos sentiments intérieurs, il faut nous remettre humblement dans la lumière de Dieu. Devant Dieu apprenons à reconnaître nos besoins réels pour laisser s’évanouir les besoins imaginaires et toutes les peurs de manquer. Devant Dieu notre Père, sachons grandir dans la confiance afin de ne pas nous sentir oublié ou méprisé parce qu’un frère a reçu quelque chose que je n’aie pas reçu. Et « Rendons grâce » d’avoir moins de besoin. Rendons grâce de pourvoir exister dans certains objets ou instruments que d’autre utilisent. Ne laissons pas l’enfant en nous avoir le dernier mot. Soyons adultes, c’est à dire des hommes libres capables de reconnaître leurs justes besoins. Des hommes capables de se réjouir du bien fait aux autres. « Ainsi tous les membres seront en pais », ainsi nous goûterons cette paix profonde de dépendre de moins en moins de ce qu’on nous donne ou de ce que on ne nous donne pas pour exister. Que l’Esprit Saint donné à chacun selon ses besoins nous apprenne cette paix là. (25/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 33, v 1-8 Si les moines doivent avoir quelque chose en propre écrit le 24 avril 2009
Verset(s) :

1. Par dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice jusqu'à la racine :

2. que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans permission de l'abbé,

3. ni d'avoir rien en propre, absolument aucun objet, ni livre, ni tablette, ni stylet, mais absolument rien,

4. puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition.

5. Tout ce dont on a besoin, on le demande au père du monastère, et personne n'a le droit de rien avoir que l'abbé ne lui ait donné ou permis.

6. Que « tout soit commun à tous », comme il est écrit, en sorte que « ;personne ne dise sien quoi que ce soit », ni ne le considère comme tel.

7. Si quelqu'un est pris à se complaire dans ce vice extrêmement pernicieux, on l'avertira une et deux fois ;

8. s'il ne s'amende pas, il subira une réprimande.

Commentaire :

Si les moines doivent avoir quelque chose en propre.

Le ton avec lequel parle St Benoît ici est particulièrement vif. Cela traduit chez lui une insistance avec laquelle on ne transige pas ; « que personne ne se permette de rien donner ou de recevoir, sans permission de l’abbé, ni d’avoir reçu en propre » Pourquoi une telle insistance ? Certainement tout d’abord par fidélité à l’évangile qui est résumé ici dans cette situation : « que tout soit commun à tous » tiré des actes … Les moines ont un grand désir d’imiter le détachement et la pauvreté des premiers chrétiens qui, touchés par la Bonne Nouvelle, renonçaient à leur propriété pour mettre tout en commun. Mais l’insistance de Benoît vise plus profondément à développer chez chacun des moines une vraie dynamique spirituelle que le souci d’accaparer des biens vient freiner voir étouffer. On peut reprendre les trois verbes avec lesquels Benoît dénonce le vice rejeter : recevoir, donner ou avoir sans permission de l’abbé et les transformer un pour avoir cette dynamique spirituelle : plutôt que recevoir des choses l’importance est d’apprendre à se recevoir de Dieu des frères… Plutôt que de donner des choses, il s’agit de se donner, plutôt que d’avoir, d’accumuler, il nous faut apprendre à être des hommes libres. Se recevoir, se donner, être : telle est la visée de notre vie monastique que pour rien au monde, Benoît voudrait nous voir perdu. Il pose en cela un moyen et un lieu de discernement en la personne de l’abbé. Concernant les biens à recevoir, à donner ou à avoir personnellement, c’est en parlant avec lui que l’on vérifiera où en est notre liberté … Cette recommandation de Benoît n’a rien perdu de son actualité. J’invite chacun à savoir parler quand il reçoit ou donne quelque chose. J’entends parfois les frères libraires être étonnés que des frères fassent facilement des cadeaux depuis la librairie. Que chacun sache en parler avec l’abbé avant. Personne ne vit à son compte dans la maison de Dieu. (24/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 32, v 1-4 Des outils et des biens du monastère écrit le 23 avril 2009
Verset(s) :

1. Pour l'avoir du monastère en outils, vêtements et biens de toute sorte, l'abbé choisira des frères, de vie et mœurs dont il soit sûr,

2. et il leur remettra ces différents objets, comme il le jugera bon, pour qu'ils les conservent et les recueillent.

3. De ces objets, l'abbé gardera l'inventaire. Ainsi, quand les frères se succèdent à tour de rôle dans l'emploi, il saura ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.

4. Si quelqu'un traite les biens du monastère sans propreté ou sans soin, on le réprimandera.

Commentaire :

Des outils et des biens du monastère.

Dans la plaquette, on trouve cette réflexion de F. Noël « le travail me fait découvrir l’obéissance réelle, le respect de la matière, de l’outil, du temps et des temps, du frère avec qui je travaille... »

« Obéissance qu réel, respect de la matière l’outil » voilà en d’autres mots ce que veut nous transmettre ce petit paragraphe sur les outils. Après avoir exhorté le cellérier à considérer « tout son savoir », comme les vases sacrés de l’autel, Benoît développe la même attention à l’égard de « lavoir du monastère. Sa manière d’en parler avec exigence et précision traduit bien la haute conception qu’il se fait de l’ensemble des objets, « outils, vêtements et bien de toute sorte » qui sont au monastère. Il parle un peu comme le ferait un artisan à propos des outils de travail qu sont pour lui, avec ses mains, toute sa richesse… aussi précieuse que la prunelle de ses yeux. L’abbé est présenté ici comme cet artisan qui veille à tous les outils du monastère.

Aujourd’hui, il nous est bon d’entendre cela et de pouvoir recueillir cette notion de respect des outils, qui se dégage. Dans notre société de consommation qui produit sans cesse de nouveaux objets pour éliminer les anciens, ces lignes de la Règle nous enseignent une belle sagesse. Elle nous invite à porter un juste regard sur les objets, la matière : un regard d’artisan qu sait prendre soin de tout ce dont il dispose, un regard d’artisan qui aime ranger pour ne pas perdre, un regard qui sait la valeur des choses pour les conserver en son état et pour s’en détacher quand elles sont hors d’usage. En communauté, nous pouvons nous aider à avoir de juste regard de respect qui ne méprise ni ne fait de l’objet une idole dont on ne peut se séparer. Dans le présent, je crois qu’il nous faut veiller à ne pas laisser des secteurs autrefois utilisés s’encombrer d’objets qui, non rangés ou répertoriés sont en quelque sorte perdus. Parfois il vaut mieux donner que de garder ce dont on n’a plus usage. Mais que tout cela se fasse en concertation avec le cellérier ou l’abbé. Il s’agit des biens du monastère, acquis à la sueur du travail des générations passées. (23/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 31, v 13-19 Du Cellérier écrit le 22 avril 2009
Verset(s) :

13. Qu'il ait avant tout l'humilité, et quand il n'y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole aimable,

14. comme il est écrit : « Une parole aimable surpasse le don le plus précieux. »

15. Tout ce que l'abbé lui enjoindra, il en aura la responsabilité ; ce qu'il lui interdira, il ne se le permettra pas.

16. Il fournira aux frères la ration prescrite sans arrogance ni délai, de peur qu'ils ne s'irritent, en se souvenant de ce que mérite, selon la parole divine, « celui qui irritera un des petits. »

17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.

18. On donnera ce qui est à donner et on demandera ce qui est à demander au moment voulu,

19. afin que personne ne soit troublé ou peiné dans la maison de Dieu.

Commentaire :

Du Cellérier.

« Qu’il ait avant tout l’humilité. Qu’il offre une réponse, une parole aimable… » Je suis frappé de remarquer dans ce chapitre l’importance accordée à la qualité du dialogue entre frères. Le cellérier a ici un rôle majeur en vertu de sa charge de donner un certain nombre de choses de par sa position, il doit pouvoir répondre à des demandes pour satisfaire les besoins légitimes des frères. Il ne doit pas faire attendre, ni donner avec arrogance pour ne pas irriter ni peiner les frères. Comme le suggère Benoît, cette disponibilité attentive à chacun demande beaucoup d’humilité. C’est à dire que l’on fait passer le frère et ses besoins avant toutes les idées que je peux avoir à propos de sa demande… C’est une belle école de charité et d’humanité que nous offre ainsi notre vie monastique, su nous soignons vraiment la qualité de nos relations au niveau le plus basique de la vie quotidienne…

Un frère me demande quelque chose auquel je ne sais comment répondre ? Vais-je l’envoyer promener ? Vais-je enterrer la chose et ne jamais donner suite ? Ou vais-je modestement lui exprimer mes raisons ? Et si un frère me fait un billet pour quelque chose qu’il peut légitimement espérer de moi, vais-je le faire attendre ou bien vais-je m’empresser de lui donner réponse… La paix et la profondeur de notre vie fraternelle dépendent beaucoup de notre manière de faire droit à ces requêtes très quotidiennes que nous nous adressons mutuellement. Combien d’énervements et d’agacements seraient parfois évités si tel billet ou telle demande était honoré sans délai ! Et humblement … Notre charité fraternelle ne se mesure pas à la beauté de nos discours, mais au contraire elle se donne à travers l’humilité et la disponibilité avec lesquels nous sommes présents les uns aux autres. « Ainsi personne ne sera troublé ou peiné dans la maison de Dieu ». (22/04/09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 31, v 8-12 Du cellérier écrit le 21 avril 2009
Verset(s) :

8. Il veillera sur son âme, en se souvenant toujours de cette parole de l'Apôtre : « Qui fait bien son service, se procure une belle place. »

9. Il prendra soin des malades, des enfants, des hôtes et des pauvres avec toute sa sollicitude, sachant sans aucun doute qu'il devra rendre compte pour toutes ces personnes au jour du jugement.

10. Il considérera tous les vases du monastère et tout son avoir comme les vases sacrés de l'autel ;

11. il ne tiendra rien pour négligeable.

12. Il ne cédera pas à l'avarice ni ne sera prodigue ou dissipateur de l'avoir du monastère, mais il fera tout avec mesure et selon les ordres de l'abbé.

Commentaire :

Du cellérier.

« Il veillera sur son âme » Petite recommandation de sagesse de St benoît. S’il est bien conscient que le cellérier est l’homme dédié aux soins des affaires matérielles de la communauté, il rappelle ici le cellérier à son premier devoir spirituel. Dans la charge complexe de l’économie de monastère, avec ses nombreuses sollicitations de tous ordres, sa quête spirituelle doit rester vivante… Sa manière de gérer les affaires sera vraiment « monastique » à la mesure de cette vigilance spirituelle première…

A bien l’entendre, cette petite recommandation de Benoît ne vaut pas que pour le cellérier … mais elle vaut pour tous les moines… à commencer par ceux dont le rythme de vie ou le type de travail est plus exposé à la complexité. Je pense particulièrement aux emplois où le rythme de travail est très soutenu avec beaucoup de sollicitations diverses, il est important que chacun veille sur son âme, c’est à dire qu’il veille à cette primauté de la prière et de la présence au Christ dans sa vie. Et cette primauté se conjugue en un certain nombre de priorités qu’il faut tenir : le temps de lectio et de prière personnelle, le temps de respiration pour rompre le rythme et se refaire. Chacun ici est responsable de son organisation du temps… Responsabilité rude à tenir parfois mais responsabilité unique irremplaçable. Personne ne peut veiller sur ma vie à ma place. Assurer la priorité à la lectio et à la prière sera le gage de l’approfondissement de notre vie sous le regard du Christ. Peu importe si le travail est rude ou prenant, si nous mettons le Christ à la première place et cela concrètement dans notre emploi du temps, notre vie va trouver peu à peu son enracinement. Car c’est le Christ aimé et cherché qui conduit nos vies. C’est lui qui nous aide à lâcher et à renoncer à ce qui n’est pas utile, à ce qui nous encombre et qui parfois occupe bien du temps. Pour finalement pas grand chose…

Oui veillons sur nos âmes, c’est à dire mettons-nous de façon très précise à l’écoute du Christ notre maître… notre guide. (21/04/09)