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1. Si un frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur et contrevenant sur quelque point de la sainte règle et aux commandements de ses anciens, avec des manifestations de mépris,
2. ses anciens l'avertiront, selon le commandement de Notre Seigneur, une première et une seconde fois en privé.
3. S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tout le monde.
4. Si même alors il ne se corrige pas, s'il comprend ce qu'est cette peine, il subira l'excommunication.
5. Mais si c'est une mauvaise tête, il recevra un châtiment corporel.
La mise à l’écart de la communauté pour fautes.
Nous entrons dans une série de 8 chapitres sur la correction des fautes.
Nous avons entendu la correspondance littérale de ce chapitre avec la parole du Christ en Matthieu 18 : avertissement, d’abord en privé, répété. Puis devant la communauté – Enfin, si le frère ne se corrige pas, l’excommunication = « s’il refuse d’écouter même la communauté, qu’il soit pour lui comme le païen comme le publicain » Le parallélisme étroit entre la Règle et l’Evangile est déjà pour nous un rappel important : Notre référence, c’est le Christ, sa Parole. On peut dire aussi que ce chapitre nous concerne tous, le frère récalcitrant, désobéissant, orgueilleux, murmurateur, lequel d’entre nous ne s’y reconnaît pas ? Le chapitre traite de la réparation de nos fautes. La sainteté n’est pas de dire j'ai jamais péché, mais de revenir à Dieu, sans cesse, avec un cœur humble. Rappelons-nous la parole du P. Michel Rondet : « Le chemin va toujours de la sainteté désirée, à la pauvreté offerte ». Mais nous pouvons aussi entendre ce chapitre avec un esprit de louange. Pour l’instant, notre louange est celle de pécheurs qui essaient de se convertir. Mais ce pécheur qui donne à Dieu plus de joie que les 99 justes, c’est chacun de nous. Fils prodigue attendu par le Père. Joie de Dieu et joie du pécheur qui découvre la miséricorde de Dieu. Son infinie miséricorde. « S’il comprend ce qu’est cette peine, il subira l’excommunication » Comprendre l’excommunication, c’est comprendre surtout l’inverse : le bien de la communication ? Le bien de la communion. Sa dimension affective dont nous avons un besoin vital. Le partage de tout ce qui fait notre vie. Cette charge du bien commun que nous partageons aussi. Nous pouvons demander à Dieu son aide, quand nous sommes tentés de nous isoler ou d’exclure tel frère de notre communion ou bien d’avoir notre réseau de relation hors de la communauté. C’est en aimant les frères que Dieu a appelé à partager notre vie, que nous apprenons à aimer. (2009-03-24)
1. Ils auront chacun un lit pour dormir.
2. Ils recevront, par les soins de leur abbé, une literie adaptée à leur ascèse personnelle.
3. Si faire se peut, tous dormiront dans un même local. Si leur grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt avec leurs anciens, qui veilleront sur eux.
4. Une lampe brûlera continuellement dans cette pièce jusqu'au matin.
5. Ils dormiront vêtus et ceints de ceintures ou de cordes, pour ne pas avoir de couteaux à leur côté pendant qu'ils dorment, de peur qu’ils ne blessent le dormeur pendant son sommeil,
6. et pour que les moines soient toujours prêts et que, quand on donne le signal, ils se lèvent sans attendre et se hâtent de se devancer à l'œuvre de Dieu, mais en toute gravité et retenue.
7. Les frères encore adolescents n'auront pas leurs lits les uns près des autres, mais mêlés aux anciens.
8. En se levant pour l'œuvre de Dieu, ils s'exhorteront mutuellement avec retenue, à cause des excuses des somnolents.
Comment les moines dormiront ?
« Pour que les moines soient toujours prêts … » En ce jour de la Saint Benoît, cette petite phrase résonne comme une exhortation emblématique… Que voudrait on pour soi-même, que pourrions-nous nous souhaiter de meilleur sinon : être prêts … Prêts à nous lever, ici, pour aller au cœur de Dieu, prêts à répondre quand on nous demande quelque chose prêt à servir… prêts à nous donner. Etre toujours prêts… pour qu’un jour avec notre feu allumé nous nous présentions debout au moment du dernier appel … de la rencontre attendue… Il est intéressant de voir combien, cette veille du cœur, cette attente de la rencontre par laquelle nous voudrions être toujours prêts, s’incarne dans notre vie la plus concrète, dans la manière de dormir, de manger ou de travailler, de vivre entre frères, et avec les autres personnes. La question qui nous est posée en filigrane pourrait être : dans tout ce que je vis, dans toutes mes activités, quelles sont mes priorités afin de demeurer prêts ? Toujours prêts à répondre … à la cloche, à la requête d’un frère… à la vie que Dieu m’offre. Pour le sommeil, Benoît prescrit un moyen concret : demeurer vêtu et ceints de ceintures… Nous préférons certainement une autre tenue vestimentaire mais il demeure vrai que chacun doit se donner des repères pour pouvoir se lever rapidement… notamment en ne veillant pas trop tard le soir…. Quelles priorités on se donne ? Cette question n’est pas seulement une question d’organisation et gestion de notre temps. Elle est une question avant tout spirituelle. Qu’est-ce qui habite mon cœur, jour après jour ? Quelles préoccupations l’animent en son intime ? Est-ce seulement le souci des affaires quotidiennes à gérer avec leur ronde incessante ? Ou bien est-ce à travers elles l’ouverture à une rencontre toujours possible, parce que toujours espérée attendue, avec notre Dieu… avec nos frères ? C’est là à l’intime du cœur que se joue en fait notre manière de demeurez ouvert, toujours prêts dans tout ce que nous faisons… « Mon cœur est prêt mon Dieu, mon cœur est prêt, je veux chanter jouer des hymnes ! » Chante le psalmiste (Ps 56) Que l’Esprit Saint nous vienne en aide. (2009-03-21)
1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,
2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.
3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.
4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.
5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera
6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.
7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.
Des doyens du monastère.
« De telle manière que l’abbé puisse partager avec eux son fardeau »
La visée de l’institution des doyens est claire : soulager l’abbé dans sa charge pastorale. Et le soulagement opéré semble être d’abord dans l’ordre du gouvernement, les doyens assurant une vigilance pastorale sur leur décennie. Ce rôle des doyens à l’égard de leur décanie se rapprocherait davantage de nos jours à celui des responsables de groupe ou de commission, voire de celui des chefs d’emplois. : Toute fonction qui place un frère en responsabilité à l’égard d’autres frères. Ces fonctions participent effectivement au gouvernement de l’abbé dans la mesure où ils portent et le souci de la bonne marche d’une activité de la communauté, et le souci des frères qui sont sous leur responsabilité… Et le plus souvent cela se fait très naturellement. Qu’est-ce que cela demande à ces frères responsables d’autres frères, dans un groupe, une commission ou un emploi ? Je dirai avant tout l’écoute et l’attention aux frères, et dans un second temps de savoir prévoir et baliser le chemin pour qu’il soit un chemin communautaire. Ecouter les frères, veiller à leurs attentes et à leurs besoins permet à chacun de prendre sa part de la vie commune, comme le rappelait le Père Denis à propos du mot « commun » « communis » Et fort de l’écoute des frères, le frère responsable doit veiller à donner une direction, une orientation où tous peuvent marcher ensemble. Donner une direction ne veut pas dire imposer ses vues de façon aveugle, mais ouvrir un chemin qui soit en accord avec la dynamique de notre vie monastique, telle que nous voulons le vivre ici à la Pierre Qui Vire. D’où l’importance de pouvoir aussi dialoguer avec l’abbé, le cellérier ou les différents responsables. Je remercie chacun des frères responsables de groupe ou de secteurs d’emplois. Car je sais que leur tâche est délicate. Elle demande beaucoup d’oubli de soi dans le temps donné et dans l’écoute des autres… mais n’est-ce pas là aussi une belle opportunité de donner la vie… d’exercer une certaine paternité en permettant à tous de vivre pleinement, en grandissant lui-même et en faisant grandir la communauté ? (2009-03-20)
1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
De la révérence dans l’oraison.
Au terme du directoire liturgique : ce beau petit chapitre. Après avoir donné les orientations concrètes de la prière commune, Benoît nous laisse quelques conseils pour l’attitude du cœur…. En entendant des lignes, nous mesurons sans peine qu’en matière de prière, nous sommes toujours des débutants… Seigneur apprend-nous à prier demandaient les disciples. « Apprends-nous cette attitude cordiale, humble et pure quand nous nous tournons vers toi », nous engage à demander ce matin, St Benoît.
Cette insistance sur l’attitude intérieure, sur notre disposition intime lorsque nous prions, nous oblige à un déplacement. Spontanément, nous sommes soucieux de savoir si nous avons bien prié ou non … si le temps de la prière a été fructueux … Nous aimerions mesurer le résultat. Ici, l’accent ne porte pas sur le résultat mais sur notre manière de nous engager dans la prière… sur notre façon d’aller à la rencontre de Notre Père des Cieux…. Du Christ notre Seigneur… Comment je me présente devant Dieu ? Vais-je à la prière pour prendre deux images : les mains dans les poches ou bien comme Moïse en enlevant mes sandales aux pieds ? Vais-je à la prière dans l’assurance de celui qui sait ou bien y vais-je dans le désir de mieux connaître et aimer Celui qui m’appelle ? Enfin vais-je prier plein de moi-même de mes sécurités et de mes réussites ou bien vais-je prier dans la conscience de ma petitesse pleine de confiance et gratitude ? Nous le sentons bien notre manière de venir ou d’entrer en prière n’est jamais complètement ajusté ou « pure » pour parler comme St Benoît… Heureux sommes-nous si nous en sommes conscients afin d’être attentifs à notre façon d’entrer en prière… Car quelqu’un nous attend et nous convie à une rencontre vraie. Allons-nous venir en vérité, avec humilité nous présenter devant lui ? (2009-03-19)
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Aux anniversaires des Saints comment célébrer les vigiles ?
Il est intéressant de remarquer que des le temps de St Benoît et avant lui comme en témoigne d’autres pères de l’Eglise, la liturgie a fait une place notable aux saints… en célébrant avant tout l’anniversaire du de leur mort. Je ne sais pas si on a gardé des calendriers en usage à l’époque, ils nous permettraient de connaître de quels saints étaient déjà honorés. Certainement les apôtres, plusieurs martyrs, dont Laurent…, d’autres saints comme St martin. Tout se passe comme si assez naturellement la liturgie qui veut célébrer le mystère du Christ ne pouvait pas faire autrement que d’y associer des témoins des plus remarquables. En célébrant la mémoire des saints, c’est toujours l’unique mystère du Christ qu’on célèbre. .. La mémoire de son action coutumier, accomplie, développée dans les membres de son corps. Tous ces témoins remarquables font briller d’une lumière particulière l’unique mystère du Christ. Ils en manifestent par leur vie leurs paroles, leurs actions ou leurs écrits des reflets toujours plus riches. Oui célébrer la mémoire de ces hommes et de ces femmes nous fait pressentir, dans l’histoire qui avance, la genèse incessante du corps mystique du Christ qu’est l’Eglise. Les saints en sont comme les organes ou le tissu les plus visibles, mais à travers eux nous rejoignons la part immense de chrétiens ordinaires qui sont comme autant de cellules vivantes du Corps… Dans cette lumière on comprend aisément que l’on ait un jour éprouvé le besoin de célébrer la fête de tous les saints, la Toussaint. La fête de tous les amis de Dieu, inconnus pour la plupart.
Nous venons de vivre la Pâques et l’inhumation de notre frère Arnaud. Là encore, nous percevons bien que nous touchons du doigt le passage de Dieu dans une vie d’homme…. Toute vie chrétienne est belle à cause de ce passage qu’il bon d’essayer de reconnaître. Nous ne mettrons par Frère Arnaud sur les autels, mais il nous est bon en ces jours ou nous mesurons qu’il nous manque de rendre grâce à Dieu pour la belle place qu’il a tenu dans l’Eglise, dans le corps du Christ à la louange de sa Gloire. (2009-03-14)
20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,
23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,
24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,
25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !
Dans quel ordre doit-on dire ces psaumes ?
« Par-dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu’un n’aime pas cette distribution des psaumes, qu’il établisse une autre ordonnance, s’il a juge meilleur » Cette phrase, et d’autres semblables, quand il parle des vêtements, de la nourriture, de la boisson… nous aide à reconnaître en St Benoît un Père spirituel. A l’aimer, aimer cette liberté qui l’habite, où il veut nous conduire, Benoît n’absolutive pas les moyens, aucun, pas même cette structure de l’office qu’il établit avec tant de soin !
« Les moines font preuve de trop de paresse … tiède que nous sommes « A la fin de ce chapitre Benoît compare « nos saints Pères » qui accomplissaient le service du Seigneur avec vigueur, entrain, et nous, qui le faisons avec paresse, inertie, négligence, car nous sommes tièdes. Voilà la constatation des faits ! Comment agir pour en sortir ? Car tous, un jour au l’autre, nous faisons cette expérience : nous sommes confrontés à un ramollissement de notre désir. L’office divin devient une corvée. Tout ce qui nous est demandé nous semble pénible. Nous nous trouvons mille raisons pour nous excuser. St Ignace de Loyola n’oppose pas nos pères vaillants, et les tièdes que nous sommes. Il parle des périodes de consolation, moments de ferveurs joyeuses, où tout nous semble aisé. Et des périodes de désolation. Elles ne signifient pas que nous sommes mauvais mais que Dieu nous éprouve. Alors nous n’avons que lassitude et dégoût pour les choses de Dieu, pour la prière et la vie communautaire. En ces périodes de désolation, il faut tenir bon. Ne rien diminuer de notre service spirituel. Ne pas prendre de décision qui engage notre vie. On serait tenté de se laisser aller, d’abandonner telle ou telle pratique. C’est important, au contraire de ne rien laisser tomber. Car dans le désert, c’est une question de vie ou de mort. Si Dieu permet cette usure, c’est pour que nous fassions l’expérience du Roc : « le roi de mon cœur, c’est Dieu pour toujours » dit le Ps 72. Dieu veut nous mener, par-delà le désert, par-delà les nuits, sur le Roc de notre foi, Jésus le Christ.(2009-03-13)
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
7. et quand nous nous tenons debout pour psalmodier, faisons en sorte que notre esprit concorde avec notre voix.
Dans quel ordre doit-on dire ces psaumes ?
« Par-dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu’un n’aime pas cette distribution des psaumes, qu’il établisse une autre ordonnance, s’il a juge meilleur » Cette phrase, et d’autres semblables, quand il parle des vêtements, de la nourriture, de la boisson… nous aide à reconnaître en St Benoît un Père spirituel. A l’aimer, aimer cette liberté qui l’habite, où il veut nous conduire, Benoît n’absolutive pas les moyens, aucun, pas même cette structure de l’office qu’il établit avec tant de soin !
« Les moines font preuve de trop de paresse … tiède que nous sommes « A la fin de ce chapitre Benoît compare « nos saints Pères » qui accomplissaient le service du Seigneur avec vigueur, entrain, et nous, qui le faisons avec paresse, inertie, négligence, car nous sommes tièdes. Voilà la constatation des faits ! Comment agir pour en sortir ? Car tous, un jour au l’autre, nous faisons cette expérience : nous sommes confrontés à un ramollissement de notre désir. L’office divin devient une corvée. Tout ce qui nous est demandé nous semble pénible. Nous nous trouvons mille raisons pour nous excuser. St Ignace de Loyola n’oppose pas nos pères vaillants, et les tièdes que nous sommes. Il parle des périodes de consolation, moments de ferveurs joyeuses, où tout nous semble aisé. Et des périodes de désolation. Elles ne signifient pas que nous sommes mauvais mais que Dieu nous éprouve. Alors nous n’avons que lassitude et dégoût pour les choses de Dieu, pour la prière et la vie communautaire. En ces périodes de désolation, il faut tenir bon. Ne rien diminuer de notre service spirituel. Ne pas prendre de décision qui engage notre vie. On serait tenté de se laisser aller, d’abandonner telle ou telle pratique. C’est important, au contraire de ne rien laisser tomber. Car dans le désert, c’est une question de vie ou de mort. Si Dieu permet cette usure, c’est pour que nous fassions l’expérience du Roc : « le roi de mon cœur, c’est Dieu pour toujours » dit le Ps 72. Dieu veut nous mener, par-delà le désert, par-delà les nuits, sur le Roc de notre foi, Jésus le Christ.(2009-03-13)
12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.
13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,
14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;
15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.
16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.
17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.
18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
Dans quel ordre doit-on dire ces psaumes ?
La minutie avec laquelle Benoît organise l’office des vêpres, découpant ou groupant les Ps, peut nous surprendre. Pourquoi met-il tant de soins à prévoir cette régularité dans la longueur de l’office, chaque jour ?
« Les vêpres sont chantées chaque jour » Dit St Benoît. Chaque jour ! Certaines communautés nouvelles ont été très sensibles au caractère spontané de la prière : ce n’était vrai que si c’était libre, jaillissant du cœur. Mais nous avons expérimenté aussi combien ces groupes de prière peuvent devenir bavards, bruyants ! Est-ce encore le lieu où Dieu parle ? Où il est écouté ?
Les anciens ont préféré structurer la prière, lui donner un rythme. St Benoît aime les rythmes réguliers, qui font ressembler la journée, la semaine, l’année du moine, à une sorte de respiration, ou à un cœur qui bat. L’expérience de la prière monastique est cette alternance régulière des offices. Et dans l’office, de la Parole chantée ou écoutée, et des temps de silence, de prière silencieuse. C’est le rythme, ce grand battement qui anime chacune de nos journées, et toute l’année liturgique. Il doit devenir la respiration de notre existence. Nous savons que c’est un défi. Car nous sommes confrontés à l’autre rythme trépidant, déréglé, qui nous fait courir parfois, qui nous rend énervés, débordés, impatients. Ce n’est pas uniquement une question de quantité de travail. La prière tient de l’artisanat. Elle est un travail. Notre travail de moine. Rare sont les artistes en ce domaine ! Plus nombreux sont les artisans, les tâcherons, les manœuvres de la prière ! C’est ce chemin là que St Benoît propose à ses moines. Un humble chemin, au jour le jour, office après office, lectio divina après lectio divina. La beauté de ce « chaque jour » de la prière. Passer du temps pour Dieu au temps de Dieu.(2009-03-12)
7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.
8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,
9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.
10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,
11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.
Dans quel ordre doit-on dire ces psaumes ?
« Les psaumes seront toujours répétés identiquement » Répéter, recommencer les mots expriment l’une des difficultés, de notre prière liturgique, et aussi de notre vie monastique.
La répétition, l’uniformité, font partie de l’office divin, de notre prière monastique. Nous pourrions penser que le changement la variété des formes, l’originalité du font des éléments nécessaires pour soutenir l’attention, éveille l’intérêt. La prière monastique prend le contre-pied de cette manière de voir. La Règle ne cherche pas à créer l’événement, la surprise. Tout le pari de la vie monastique, plus que le pari la promesse, c’est que chaque instant est porteur d’une grande richesse, de la Présence de Celui que nous cherchons. C’est tout le jeu de notre vie : à travers, la répétition, le recommencement, faire craquer l’écorce de l’ennemi, laisser resplendir la beauté de l’instant présent, lieu de la Présence. C’est bien le sens de la prière des psaumes. Le Psaume 118 en est un exemple typique : l’amour de la volonté de Dieu s’y exprime à chaque verset indéfiniment ! Faire craquer l’apparence des choses, pour laisser jaillir la lumière de Dieu. Mais pour cela il faut durer, sans se laisser prendre au piège des compensations faciles. Durer pour que se brise la résistance de notre cœur. La répétition permet d’abord de dépasser la lettre, pour plonger dans la profondeur de la Parole. Il y a une conséquence, plus importante encore : La Parole de Dieu qui tombe goutte à goutte, finit par creuser en nous une faille, pour atteindre ce qu’il y a de plus intérieur. La Parole extérieure, proférée, chantée, murmurée finit par rejoindre cette Parole inscrite au plus intime de nous-même, ce murmure de l’Esprit qui nous habite. (2009-03-11)
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
. Comment célébrer les divins offices dans la journée ?
Nous avons là un beau petit chapitre qui fonde un trait essentiel de notre vie de disciple du Christ à la suite de St Benoît. La prière des heures qui scande et rythme chacune de nos journées. Sept rendez-vous le plus un la nuit sont prévus par Benoît… Il prend appui sur deux versets du Psaume 118 qui se distingue en parlant l’un de Louange et l’autre d’action de grâce pour désigner la prière dite. Mais ces deux versets en commun de chanter Dieu pour « les jugements de sa Justice » ou selon notre traduction liturgique pour « des justes décisions » Cette dernière notation est précieuse pour nous aujourd’hui encore… car elle donne le sens de notre venue à l’Eglise nuit et jour. Nous venons louer, chanter, rendre grâce à Dieu pour « ces justes décisions ». Nous venons nous émerveiller et le remercier pour son projet dur le monde et pour son dessein d’amour pour chacun. Car cet enracinement biblique dans le Ps 118 de notre office, nous mesurons alors combien nous nous inscrivons ici dans la conception juive de Bénédiction et de louange que nous rappelait C.Tassin, il a 10jours. Avec le Peuple juif qui se tourne vers Dieu avant tout pour le bénir et le louer, nous sommes-nous aussi ces adorateurs et ces contemplatifs de son mystère et de son dessein à l’œuvre parmi nous. Notre service de prière est avant tout cela : un chant à sa gloire dans la reconnaissance et la fidélité.
Dans notre monde utilitariste et en quête d’efficacité, s’arrêter 7 fois par jour pour louer Dieu va paraître peut être de plus en plus insensé… Et nous même sentons bien comme il est difficile parfois de consentir à s’arrêter pour ce rendez-vous gratuit qui ne rapporte rien … A la gratuité de l’amour de Notre Dieu qui nous d’être et de respirer sans qu’on eut rien demandé, nous voulons répondre par la gratuité de notre chant. A la gratuité de la grâce répondons par la gratuité de notre gratitude. Pour parle comme François Varillon. C’est là un très beau service qui nous est confié, c’est là notre service quotidien en ce monde….(2009-03-07)