vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 1-5 De la réception des hôtes. écrit le 07 juillet 2009
Verset(s) :

1. Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ, car il dira : « J'ai été hôte et vous m'avez reçu. »

2. « A tous » on rendra les honneurs qui leur sont dus, « surtout aux frères dans la foi » et aux étrangers.

3. Lors donc qu'un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité.

4. On commencera par prier ensemble, et ensuite on échangera la paix.

5. Ce baiser de paix ne doit se donner qu'après qu'on ait prié, à cause des illusions du diable.

Commentaire :

De la réception des hôtes.

« On commencera par prier ensemble »

Quand il accueille des hôtes, surtout pour les nouveaux venus, F. Hugues, les accompagne à l’église pour leur montrer le lieu de notre prière.. S’il n’est pas trop naturel aujourd’hui de prier ensemble avec tout hôte qui se présente, nous pouvons dire que l’office célébré au cours de la journée est notre 1er lieu de rencontre avec les hôtes… et le plus souvent pour la plupart d’entre nous, notre unique lieu de rencontre avec les hôtes. Il est heureux qu’il en soit ainsi… la prière est notre vrai lieu de communion avec tous ceux qui passent ici. Pas de paroles échangées entre eux et nous, sinon les mots de la prière adressée à Notre Père… S’il en est ainsi cela requiert de notre part quelques points d’attention si l’on veut que ce lieu de communion soit vécu de façon vraiment juste. J’en relèverai un particulièrement : celui de la discrétion du regard… A la prière, au cours de l’Eucharistie il y a trop de regards tournés vers la nef et cela parfois de façon vraiment indiscrète, voir grotesque… des bras croisés qui regardent et qui regardent… faisons attention à demeurer discret et cela surtout au moment de la communion lors de la messe. Notre présence à l’office et à la messe demande à chacun de nous une vraie qualité d’intériorité et de prière… Appliquer son cœur à la prière, à ce qui se vit au moment, voilà notre labeur spirituel, sans cesse à reprendre. Veillons y tout particulièrement à la communion…. C’est un moment ou nous accueillons le Christ, pain vivant…alors appliquons notre cœur à cette rencontre… ne laissons pas nos yeux divaguer vers la nef comme à un spectacle. Le Christ nous donne rendez-vous… les hôtes veulent apprendre le recueillement, aidons les par le nôtre. (2009-07-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 51, v 1-3 Des frères qui ne partent pas très loin écrit le 04 juillet 2009
Verset(s) :

1. Un frère qui est envoyé pour une commission quelconque et dont on attend le retour au monastère ce jour-là, ne se permettra pas de manger au dehors, même s'il y est invité tout à fait instamment par quiconque,

2. sauf si son abbé lui en a donné l'ordre.

3. S'il fait autrement, il sera excommunié.

Commentaire :

Des frères qui ne partent pas très loin.

« S’il fait autrement il sera excommunié » Faire autrement ici, c’est prendre des libertés par rapport à la communauté, d’est facilement aller chez les voisins et s’attarder avec eux sans en référer à l’abbé… De son propre chef s’arrêter manger chez des voisins. De fait, le frère prend ses distances par rapport à la communauté. Il décide par lui-même…. Il s’excommunie en ne faisant pas corps avec la communauté. Benoît se fait une haute idée de la vie communautaire et de son dynamisme profond. De la communauté, nous recevons tout. D’elle nous recevons non seulement le vivre et le gîte, mais bien plus, nous nous recevons nous même comme membre vivant du corps. La vie monastique nous propose une règle de vie communautaire exigeante, car elle veut nous sortir de cette illusion tenace qui voudrait que nous pouvons nous suffire à nous même… Aucun de nous n’est auto-suffisant … Libre et autonome nous sommes en même temps dépendant les uns des autres et finalement dépendant de Dieu de qui nous recevons sans cesse la vie, le mouvement de l’être. En nous invitant à ne pas agir sans en référer à l’abbé et à la communauté, Benoît veut nous apprendre à vivre dans la conscience de cette dépendance radicale… En embrassant la vie monastique, nous voulons vivre cette dépendance foncière non plus comme un poids subi mais comme un apprentissage à la vraie liberté… Une liberté jusque dans les moindres détails de notre vie et pour être libre par rapport à nos mouvements spontanés, nous référons à un autre. Je rappelle nos coutumes sur ce point… Quand nous nous arrêtons chez des voisins et qu’ils nous invitent à prendre quelque chose, nous ne parlons au retour… Si on reçoit des invitations, nous en parlons avant au P. Abbé qui dira ce qui est possible. Ces paroles peuvent nous coûter car elles nous déplacent dans noter désir d’indépendance…. Mais elles nous remettent chaque fois dans al lumière du Christ sous laquelle nous désirons vivre toute chose… Cela n’a pas de prix.

(2009-07-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 50, v 1-4 Des frères qui travaillent loin de l’oratoire ou qui sont en voyage écrit le 03 juillet 2009
Verset(s) :

1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –

2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –

3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.

4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.

Commentaire :

Des frères qui travaillent loin de l’oratoire ou qui sont en voyage.

« En voyage… les moines ne négligeront pas de s’acquitter de cette prestation de leur service… »

La présence à l’office comme notre prestation de service « fructum servitutis » en latin… Etonnante manière d’envisager la prière, que l’on rangerait plutôt du côté de la gratuité. Mais nous pour les moines, nous dit Benoît, elle est une « prestation de service » L’expression française. Le « pensum » était « le poids de laine que l’esclave devait filer chaque jour …»

Et par extension le pensum est devenu la tâche ou la fonction quotidienne à assumer… L’office serait ainsi le « poids de temps en présence » que le moine consacrera chaque jour pour chanter Dieu. La mesure de ce poids est réglée dans notre vie au monastère. Benoît insiste ici pour que cette mesure ne change pas quand nous sortons en voyage, dans la mesure du possible. Comment entendre cette insistance ? Comme une contrainte à laquelle on va se soumettre plus ou moins bien et avec plus ou moins de bonne grâce ? Ou bien pouvons-nous l’entendre comme une opportunité pour nous réapproprier notre service de prière ? En effet au monastère, l’horaire et les cloches nous portent et nous entraînent sans que l’on y pense le plus souvent. A l’extérieur, laissé à nous-même ou en voyage avec des frères, l’occasion est offerte de nous ressaisir de notre office, de le faire nôtre. Même si la forme est plus légère et différente, continué là où nous sommes à sanctifier les heures et une belle grâce qui nous est faite. Nous pouvons alors mesurer toute l’épaisseur de cette prière qui veut présenter tous les mots humains à notre Dieu Notre Père. Prier dans le train, dans le métro, avec un frère en voiture, dans la chambre d’une ville bruyante… autant de situations qui nous rendent proches et solidaires des hommes nos frères. Autant de situation où nous mesurons l’importance de la prestation de notre service de prière. Dans ce lieu, dans ces heures où tous s’affairent, nous prenons le temps de nous arrêter pour faire monter vers Dieu comme une offrande notre vie humaine et cette de tous les hommes nos frères. (2009-07-03)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 49, v 1-8 L’observance du Carême écrit le 27 juin 2009
Verset(s) :

1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,

2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,

3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.

4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.

5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,

6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,

7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,

Commentaire :

. L’observance du Carême.

De ce petit chapitre, je retiendrai deux mots ou expressions : « en tout temps » et « joie »

« En tout temps », les moines doivent garder l’observance du Carême. Cette affirmation un peu abrupte nous remet face à la radicalité contenue dans noter vie monastique. Radicalité de la vie au désert que nous avons choisi… Cette radicalité, nous l’avons embrassée avec joie et enthousiasme aux premiers jours de notre entrée. Elle s’offre à nous maintenant dans la durée… 1à ans, 20 ans, 4à ans, 60 ans. Dans la radicalité de cette vie au désert, il nous faut apprendre à savoir vivre de peu, sans nous encombrer… sans cesse dans la recherche de l’unique nécessaire et parfois c’est dur de demeurer là… parfois le poids du jour et le poids de notre faiblesse se font davantage sentir. Dans le désert, le Seigneur a conduit son peuple non pour le faire mourir, mais pour le faire vivre. Cette conviction de foi peut nous réconforter si le découragement nous guette. Le Christ ne nous a pas appelés ici pour mourir mais pour vivre à un autre niveau de plénitude. C’est ici que le mot « joie » de ce chapitre peut nous éclairer. Très curieusement, nous le savons, ce mot ne se rencontre que dans ce chapitre sur le Carême et par deux fois. Alors que Benoît engage ses moines sur une voie plus sentie de renoncement, il leur parle de « joie spirituelle »… Je crois que si aucun de nous n’avait pressenti quelque chose de cette joie là, il n’y aurait personne à s’engager dans la vie monastique. C’est cette joie là qui nous fait entrer et tenir. Elle est comme une source profonde, pas immédiatement, ni facilement accessible car elle est toujours un don inattendu de l’Esprit Saint. Et cette joie ne se confond pas avec les joies que l’on serait enclin à chercher dans la possession des biens et dans l’aisance du confort quotidien. Non, cette joie se donne dans l’apprentissage du renoncement à soi-même et dans le pieu travail de lâcher prise par rapport à nos sécurités habituelles. C’est la joie du désert où nous conduit l’Esprit (celle de Jean-Baptiste dont nous parlait Mgr Gaillot,) C’est la joie de l’Amour « répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint… Joie exigeante et forte comme l’Amour, qu’elle nous donne de vivre et chercher… « Viens Esprit Saint nous révéler le goût de cette Joie là … » (2009-06-27)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 48, v 1-9 Le travail manuel quotidien. écrit le 18 juin 2009
Verset(s) :

1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.

2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :

3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.

4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.

5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.

6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.

7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,

8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.

9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.

Commentaire :

Le travail manuel quotidien.

Nous venons de réfléchir en communauté sur nos emplois, sur le travail au monastère. C’est intéressant de voir que Benoît parle du travail des moines en le mettant en relation avec la lection divina. Il cherche à équilibrer ces deux occupations. Dans le cadre tracé par l’office divin, comment répartir les temps de travail et les temps de lectio. Au sujet du travail cela nous rappelle trois convictions de Benoît, que nous croyons toujours importantes et vraies :

L’oisiveté est un danger pour le moine « Ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains » « Tout doit se faire avec mesure à cause des faibles » Evêque et Cassien l’on dit, le travail est un remède contre l’acédie. Mais il n’est pas seulement une condition d’équilibre et de santé spirituelle. C’est aussi l’un des devoirs du chrétien. St Paul y invite souvent : le disciple du Christ doit travailler, pour gagner sa vie, mais aussi pour pouvoir faire l’aumône. Cette répartition du temps entre travail et lectio, Père Adalbert nous dit qu’elle remonte aux premières règles de la vie monastique occidentales. Pacôme et Cassien parlaient seulement du travail, sans prévoir de temps particuliers pour la lectio. Mais Augustin réserve déjà 3 h pour la lectio. A l’inverse dans le monachisme gaulois primitif, les frères disposaient de la journée entière pour prier. Ni travail ni temps de lectio. Basile, Augustin, Cassien, ont combattu vigoureusement cette conception de la vie monastique. C’est vrai l’écriture, nous dit qu’il faut prier sans cesse mais cela ne contredit pas le devoir de travailler. Surtout si la prière de l’homme est réponse à la Parole de Dieu. Prier sans cesse, c’est plus écouter Dieu sans cesse que lui parler sans cesse d’où le besoin de lire et apprendre à connaître l’Ecriture, pour nous en imprégner, pour qu’elle nourrisse notre journée, notre travail, nos rencontres.

Ce chapitre peut-être l’occasion de repenser la place de la lectio divina dans notre vie, et se poser la question : dans nos journées la Parole de Dieu est-elle ma nourriture quotidienne ? (2009-06-18)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 47, v 1-4 Le signal pour l’office divin. écrit le 17 juin 2009
Verset(s) :

1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.

2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.

3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.

4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.

Commentaire :

Le signal pour l’office divin.

Le petit chapitre traite de deux questions différentes : l’annonce de l’office, la manière de le réciter.

C’est l’abbé qui est responsable de l’annonce de l’œuvre de Dieu, cela dit déjà son importance. St Benoît ne dit pas « sonner pour l’œuvre de Dieu », ou « donner un signal », mais annoncer. Annoncer l’œuvre de Dieu : c’est tout autre chose. Lorsque sonne la cloche pour l’office, c’est une annonce joyeuse et toujours nouvelle, comme fut pour Marie l’annonce de la bonne nouvelle. C’est Dieu qui nous visite, et nous invite à la rencontre. Le Père Muard disait : « Dieu qui m’appelle » Heureux de croire le moine pou qui ces annonces de l’œuvre de Dieu sont chaque fois un appel heureux l’homme qui sait découvrir à tout instant, dans sa vie l’appel du Christ. Les prescriptions de Benoît sur la façon d’exécuter les psaumes et les antiennes sont imprégnées du même sens de la majesté de Dieu. Le chapitre nous rappelle aussi que le chant, comme la lecture, sont un service. S'ils sont accomplis avec humilité, crainte de Dieu, dans l’obéissance service reçus de Dieu. Nous sommes serviteurs de Dieu, disponibles. A la place que Dieu veut. (2009-06-17)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 46, v 1-6 De ceux qui commettent des manquements en certaines choses. écrit le 15 juin 2009
Verset(s) :

1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement

2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,

3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,

4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.

5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,

6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.

Commentaire :

De ceux qui commettent des manquements en certaines choses.

Le chapitre 46 est un appel à la loyauté envers Dieu et en envers les frères. Ne rien laisser dans l’ombre « Il ira aussitôt s’accuser spontanément devant l’abbé et la communauté »

Le chapitre précédent parlait des fautes dans la liturgie. Celui-ci concerne la vie courante, le travail. Benoît établit une distinction entre les fautes extérieures, et les péchés secrets de l’âme. L’acte, le comportement, la maladresse qui ont gêné la communauté. Et ces blessures secrètes, ces intentions du cœur, qui ne doivent être révéler qu’au Père Abbé ou au Père Spirituel.

Il y a des frères qui savent demander pardon, reconnaître leurs tors, leurs erreurs, leurs maladresses. Cette loyauté rend ceux qui la pratiquent agréables à vivre en communauté ! Mais il y a ceux qui ne peuvent pas faire cette démarche. Et il y a ces moments où chacun de nous peine. Il nous faut beaucoup de temps parfois ! Nous avons ce réflexe de nous justifier d’accuser l’autre. Christ nous connaît ? Il sait notre faiblesse, nos chutes, nos infidélités et cependant il nous choisit avec nos difficultés à reconnaître nos fautes, nos ennemis. Ila choisi des hommes, non des héros, ni des saints. Il ne s’agit pas de devenir impeccable, à la force du poignet mais d’ouvrir notre cœur au Christ. Ne pas nous lasser de revenir à lui. Croire que lui peut tout en nous. (2009-06-15)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 45, v 1-3 De ceux qui se trompent à l’oratoire écrit le 13 juin 2009
Verset(s) :

1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,

2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.

3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.

Commentaire :

De ceux qui se trompent à l’oratoire

« Réparer par l’humilité le manquement… » Ici à l’office pour comprendre cette particulière attention de Benoît, il faut se souvenir du chapitre 19 et 20 où il parle de la Présence divine surtout présente à l’office. Il rappelle à ces moines « comment il faut être en présence de la divinité et de ses anges, faisant en sorte que notre esprit s’accorde avec notre voix… » (RB 1ç, 6-7) Benoît a une haute idée de la présence divine. À laquelle nous pouvons communier par la prière et par notre présence active à l’office…

En demandant ce matin de préparer le manquement survenu dans le chant par des fautes, des oublis, ou toute autre négligence, Benoît veut nous ramener avant tout à cette conscience de la présence divine durant l’office. Il veut aiguiser notre délicatesse de cœur en nous mettant en garde contre l’habitude et la médiocrité… En présence de Dieu, il ne devrait y avoir que beauté et don de soi. Application de soi. Mais nous ne sommes pas toujours à la hauteur de cette vision de la foi. L’office se passe alors à des pensées plus ou moins encombrantes par lesquelles on poursuit ce qu’on pensait précédemment ou par lesquelles on anticipe ce qui va venir, au lieu de nous laisser soulever par la vision de Foi en Dieu présent en ce moment, nous sommes plaqués au sol par des pensées, qui se révèlent après coup souvent inutiles… C’est notre combat, et pas des moindres, que de nous tourner toujours plus en Profondeur vers notre Dieu au moment de l’office. Je pense à trois choses qui peuvent nous y aider la 1ère est de mettre à profit les minutes qui précèdent l’office pour nous préparer, pour demander la grâce d’être là et de mieux reconnaître notre Dieu qui vient, qui est là dans notre prière. « Dieu vient à mon aide » La 2ème est de repérer ces moments ou l’on goûte vraiment le Psaume, ou la Parole entendue pour apprendre à mieux l’accueillir d’autre fois. La 3ème est d’apprendre à discerner dans nos pensées celles qui comme inlassable répétition nous entraînent toujours dans les mêmes dédales, les mêmes impasses afin de couper court…Et il peut y avoir des pensées qui sont sources celles là les confier à l’Esprit Saint qui saura nous en faire souvenir afin de demeurer présent d’esprit et de cœur à notre office à l’accueil de la Rencontre ici et maintenant. (2009-06-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 44, v 1-10 De ceux qui sont excommuniés écrit le 12 juin 2009
Verset(s) :

1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,

2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.

3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.

4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.

5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,

6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.

7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,

8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.

9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.

10. Ils feront ainsi jusqu'à ce qu'il donne sa bénédiction et dise : « ;Cela suffit. »

Commentaire :

De ceux qui sont excommuniés

Dans la suite du chapitre précédent, on continue de nous parler de communion en considérant sa face négative l’excommunication. L’excommunication est cette mesure temporaire à but thérapeutique qui veut permettre au frère de retrouver la communion des frères. Comme on le voit ici, le frère excommunié à un certain nombre d’actes à accomplir… notamment de se prosterner devant tous à la sortie de l’oratoire ou du réfectoire. Pratique impressionnante car elle touche le corps. Un corps gisant à terre en signe de ‘humilité et de réparation par rapport aux fautes commises qui ont semé la mort. Le frère est là comme mort…qui mendie la communion avec ses frères. Ce chapitre nous redit que la communion entre frères est un lien précieux, et parce que précieux, fragile. Elle est comme une eau vive : elle se donne sans cesse dans l’échange… Sinon elle devient une eau morte. Le plus souvent la communion se vit entre nous comme une eau qui s’écoule naturellement…. Nous donnons la vie les uns aux autres par l’échange de la Parole, par l’entraide dans le service et le travail ; par le soutien dans la fidélité à la prière commune. Notre présence active à la vie de la communauté est notre manière fondamentale et première de nous mettre au service de la communion. Pas nécessairement besoin de beaucoup de Paroles, l’attention vraies aux autres ne trompe pas. Pas besoin de grands discours, l’empressement à se mettre au service les uns des autres est bien plus éloquent. On le mesure bien la communion requiert de chacun de nous un don de plus en plus total… Dans ce domaine si on n’avance pas on recule… Ici nous mesurons toutes nos faiblesses. Il nous faut alors nous confier et demander le secours de l’Esprit Saint lui l’Elan de l’Amour entre le Fils et le Père peut seul nous entraîner dans son propre mouvement de don. Notre responsabilité envers la communion vécue en communauté est double : en premier lieu, nous confier à l’Esprit Saint pour qu’Il nous apprenne à nous donner vraiment… en second lieu humblement, avec sa force, savoir demander pardon, nous prosterner aux pieds de nos frères quand nous avons blessé la communion… Vient Esprit Saint, ferment de communion. (2009-06-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, v 13-19 De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table écrit le 11 juin 2009
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :

De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table.

Dans le même chapitre, on parle de l’office et de la table. Est-ce un hasard ?

Dans les deux cas, on pointe le défaut de retardataires qui troublent la vie communautaire de la prière des repas. A l’office et à table, le signe de la communion est-il si important que l’on ne souffre pas le retard ? En effet en ces deux lieux où l’on se nourrit, de la parole et des nourritures terrestres, le signe de la communion est là pour nous rappeler qu’aucun de nous ne vit par lui-même…C’est ensemble que nous recevons la Parole et le pain quotidien. C’est ensemble, les uns par les autres que nous sommes nourris. A l’office, par les chœurs alternés ou les paroles dites et entendues, nous nous donnons et recevons la Parole de Dieu… Dieu nous repeint à travers ces mots que nous nous disons et que nous chantons. De même à table, le pain et les aliments nous sont servis les uns par les autres en signe du travail accompli les uns par les autres en signe du travail accompli les uns pour les autres…Fruit de notre travail commun, nous le partageons ensemble… C’est la Forte communion des cénobites qui se transmettent les uns aux autres, et la Parole de Divine et le pain quotidien. Ensemble, nous nous recevons les uns des autres et nous nous édifions des uns par les autres. Ensemble nous construisons le Corps du Christ… ce Corps qu’il ne cesse de vouloir rassembler sous l’impulsion de son Esprit.

Oui, ce prier ensemble et ce manger ensemble n’est pas qu’une affaire de Son ordre ou de discipline, il est notre manière concrète d’inscrire dans notre histoire humaine le signe du Corps du Christ qui s’édifie. Dans notre monde marqué par l’individualisme, soyons vigilants pour ne pas perdre ce sens de la communion qui est une vérité bien plus profonde de notre vie humaine… Je rappelle ici un point d’attention qui exprime cela concrètement durant nos repas : Veillons à nous attendre… et à ne pas manger comme si nous étions seuls… Avant de passer au plat suivant, attendons que l’ensemble des frères ait fini le plat précédent. Comme il est triste de voir à une même table un frère qui se dépêche de manger son fruit alors qu’un autre n’a pas fini son légume ! Et que fera ce frère pressé du temps qu’il a gagné ? Oui, dans notre manière de manger, soyons attentifs les uns aux autres. Apprenons à manger ensemble, à nous recevoir les uns les autres. (2009-06-11)