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1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.
3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.
De ceux qui se trompent à l’oratoire
« Réparer par l’humilité le manquement… » Ici à l’office pour comprendre cette particulière attention de Benoît, il faut se souvenir du chapitre 19 et 20 où il parle de la Présence divine surtout présente à l’office. Il rappelle à ces moines « comment il faut être en présence de la divinité et de ses anges, faisant en sorte que notre esprit s’accorde avec notre voix… » (RB 1ç, 6-7) Benoît a une haute idée de la présence divine. À laquelle nous pouvons communier par la prière et par notre présence active à l’office…
En demandant ce matin de préparer le manquement survenu dans le chant par des fautes, des oublis, ou toute autre négligence, Benoît veut nous ramener avant tout à cette conscience de la présence divine durant l’office. Il veut aiguiser notre délicatesse de cœur en nous mettant en garde contre l’habitude et la médiocrité… En présence de Dieu, il ne devrait y avoir que beauté et don de soi. Application de soi. Mais nous ne sommes pas toujours à la hauteur de cette vision de la foi. L’office se passe alors à des pensées plus ou moins encombrantes par lesquelles on poursuit ce qu’on pensait précédemment ou par lesquelles on anticipe ce qui va venir, au lieu de nous laisser soulever par la vision de Foi en Dieu présent en ce moment, nous sommes plaqués au sol par des pensées, qui se révèlent après coup souvent inutiles… C’est notre combat, et pas des moindres, que de nous tourner toujours plus en Profondeur vers notre Dieu au moment de l’office. Je pense à trois choses qui peuvent nous y aider la 1ère est de mettre à profit les minutes qui précèdent l’office pour nous préparer, pour demander la grâce d’être là et de mieux reconnaître notre Dieu qui vient, qui est là dans notre prière. « Dieu vient à mon aide » La 2ème est de repérer ces moments ou l’on goûte vraiment le Psaume, ou la Parole entendue pour apprendre à mieux l’accueillir d’autre fois. La 3ème est d’apprendre à discerner dans nos pensées celles qui comme inlassable répétition nous entraînent toujours dans les mêmes dédales, les mêmes impasses afin de couper court…Et il peut y avoir des pensées qui sont sources celles là les confier à l’Esprit Saint qui saura nous en faire souvenir afin de demeurer présent d’esprit et de cœur à notre office à l’accueil de la Rencontre ici et maintenant. (2009-06-13)
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
10. Ils feront ainsi jusqu'à ce qu'il donne sa bénédiction et dise : « ;Cela suffit. »
De ceux qui sont excommuniés
Dans la suite du chapitre précédent, on continue de nous parler de communion en considérant sa face négative l’excommunication. L’excommunication est cette mesure temporaire à but thérapeutique qui veut permettre au frère de retrouver la communion des frères. Comme on le voit ici, le frère excommunié à un certain nombre d’actes à accomplir… notamment de se prosterner devant tous à la sortie de l’oratoire ou du réfectoire. Pratique impressionnante car elle touche le corps. Un corps gisant à terre en signe de ‘humilité et de réparation par rapport aux fautes commises qui ont semé la mort. Le frère est là comme mort…qui mendie la communion avec ses frères. Ce chapitre nous redit que la communion entre frères est un lien précieux, et parce que précieux, fragile. Elle est comme une eau vive : elle se donne sans cesse dans l’échange… Sinon elle devient une eau morte. Le plus souvent la communion se vit entre nous comme une eau qui s’écoule naturellement…. Nous donnons la vie les uns aux autres par l’échange de la Parole, par l’entraide dans le service et le travail ; par le soutien dans la fidélité à la prière commune. Notre présence active à la vie de la communauté est notre manière fondamentale et première de nous mettre au service de la communion. Pas nécessairement besoin de beaucoup de Paroles, l’attention vraies aux autres ne trompe pas. Pas besoin de grands discours, l’empressement à se mettre au service les uns des autres est bien plus éloquent. On le mesure bien la communion requiert de chacun de nous un don de plus en plus total… Dans ce domaine si on n’avance pas on recule… Ici nous mesurons toutes nos faiblesses. Il nous faut alors nous confier et demander le secours de l’Esprit Saint lui l’Elan de l’Amour entre le Fils et le Père peut seul nous entraîner dans son propre mouvement de don. Notre responsabilité envers la communion vécue en communauté est double : en premier lieu, nous confier à l’Esprit Saint pour qu’Il nous apprenne à nous donner vraiment… en second lieu humblement, avec sa force, savoir demander pardon, nous prosterner aux pieds de nos frères quand nous avons blessé la communion… Vient Esprit Saint, ferment de communion. (2009-06-12)
13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,
14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.
15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,
16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.
17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.
18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.
19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.
De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table.
Dans le même chapitre, on parle de l’office et de la table. Est-ce un hasard ?
Dans les deux cas, on pointe le défaut de retardataires qui troublent la vie communautaire de la prière des repas. A l’office et à table, le signe de la communion est-il si important que l’on ne souffre pas le retard ? En effet en ces deux lieux où l’on se nourrit, de la parole et des nourritures terrestres, le signe de la communion est là pour nous rappeler qu’aucun de nous ne vit par lui-même…C’est ensemble que nous recevons la Parole et le pain quotidien. C’est ensemble, les uns par les autres que nous sommes nourris. A l’office, par les chœurs alternés ou les paroles dites et entendues, nous nous donnons et recevons la Parole de Dieu… Dieu nous repeint à travers ces mots que nous nous disons et que nous chantons. De même à table, le pain et les aliments nous sont servis les uns par les autres en signe du travail accompli les uns par les autres en signe du travail accompli les uns pour les autres…Fruit de notre travail commun, nous le partageons ensemble… C’est la Forte communion des cénobites qui se transmettent les uns aux autres, et la Parole de Divine et le pain quotidien. Ensemble, nous nous recevons les uns des autres et nous nous édifions des uns par les autres. Ensemble nous construisons le Corps du Christ… ce Corps qu’il ne cesse de vouloir rassembler sous l’impulsion de son Esprit.
Oui, ce prier ensemble et ce manger ensemble n’est pas qu’une affaire de Son ordre ou de discipline, il est notre manière concrète d’inscrire dans notre histoire humaine le signe du Corps du Christ qui s’édifie. Dans notre monde marqué par l’individualisme, soyons vigilants pour ne pas perdre ce sens de la communion qui est une vérité bien plus profonde de notre vie humaine… Je rappelle ici un point d’attention qui exprime cela concrètement durant nos repas : Veillons à nous attendre… et à ne pas manger comme si nous étions seuls… Avant de passer au plat suivant, attendons que l’ensemble des frères ait fini le plat précédent. Comme il est triste de voir à une même table un frère qui se dépêche de manger son fruit alors qu’un autre n’a pas fini son légume ! Et que fera ce frère pressé du temps qu’il a gagné ? Oui, dans notre manière de manger, soyons attentifs les uns aux autres. Apprenons à manger ensemble, à nous recevoir les uns les autres. (2009-06-11)
4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,
5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,
6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.
7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.
8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.
9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.
10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,
11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,
12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.
De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table
« De façon à se corriger à l’avenir » Benoît mer en place des règles pour le frère qui arrivent en retard se tenir le dernier à l’écart afin d’être vue de tous ne pas rejoindre le chœur pour la psalmodie faire satisfaction à la fin de l’office. Autant de petites pratiques contraignantes qui veulent aider chacun à se corriger…. Nous avons gardé à la Pierre Qui Vire une part de ces pratiques que je rappelle : quand on arrive alors que les tintements de la cloche sonnent ou ont sonné, on reste près de la porte et on attend pour rejoindre sa place que le verset d’entrée soit fini… Jusqu’à l’alléluia ! Et pas avant ! Il est intéressant de voir en effet que l’on a tendance à vouloir regagner sa place au plus vite. Comme pour se faufiler incognito, car aucun d’entre nous n’aime être à cette place à l’écart. Mais tel est son rôle : nous faire mesurer que notre retard nous place à l’écart de la communauté. Il nous met en décalage et nous n’aimons pas que cela soit visible, nous voudrions nous faufiler sans être vu.
Mais cette règle est là pour nous aider à ne pas nous habituer au retard… ne pas nous habituer à vivre à contre-temps de la communauté et plus profondément à contre-temps du temps de Dieu. Car nous sommes appelés à travers l’horaire communautaire à entrer dans ce temps offert par notre Dieu… le temps de la marche avec lui heure après heure, jour après jour. Année après année. Temps d’un long pèlerinage ponctué de ces moments de prières communautaires dans lesquels la communauté et l’Eglise met sa voix à celle de tous les hommes pour louer con créateur. Oui nos, offices en rompant le cour du temps en révèle en fait sa vrai profondeur : Il est temps de rencontre entre la créature et son Créateur, entre les fils et leur Père des Cieux. Alors, ne vivons plus à contre-temps. Ne manquons pas ces rendez-vous offerts tout au long des jours. (2009-06-10)
1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,
2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.
3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.
De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table
« On laissera tout ce qu’on avait en main… » L’obéissance à la cloche pour l’office n’est pas sans rappeler l’obéissance sans délai du Christ. C’est l’obéissance de ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ. Pourquoi est-ce si difficile de laisser tout, d’arrêter un travail ou une conversation pour aller à l’office ? Souvent la cloche nous place devant un dilemme : continuer ce que je fais afin de gagner du temps pour ne plus avoir à revenir ensuite ou bien m’arrêter pour me préparer à l’office et arrive dispos… Nous sommes alors devant un choix : poursuivre mes activités selon ma vision des choses, ou bien accepter de les suspendre pour aller prier. Je dirais, nous sommes sans cesse confrontés à refaire ce choix heure après heure, jour après jour. C’est le choix fondamental de notre vocation monastique la préférence pour la prière. La préférence pour le Christ. Ce choix est difficile parce qu’il nous demande de vivre sans cesse dans la lumière de la foi. Si nous travaillons, c’est pour le Christ, nous arrêtons de travailler pour la prière, c’est encore pour le Christ… Nous voulons mettre toute notre vie dans la lumière de notre foi au Christ… La tentation est de préférer rester la tête dans le guidon et de mener nos affaires-notre travail hors de la lumière du Christ. De ce point de vue, la rupture auxquelles nous invite l’office, sont une bonne occasion de nous renouveler dans notre foi au Christ, le maître de nos existences. Quand la cloche sonne et nous coupe dans notre élan, sachons-nous tourner vers le Christ pour lui rendre ce qui est inachevé… Sachons lui confier notre temps, nos activités pour qu’il les ordonne à l’avènement du Royaume. Chacun de nous est inséparablement au service de la communauté et au service du Royaume en vertu de notre engagement à la suite du Christ. La perspective du Royaume nous aide à lever les yeux vers le Christ et à nous arrêter pour la prière si nous sommes tentés de rester river sur notre travail… Le désir de servir la communauté nous entraîne à ne pas vivre en dilettante ou à notre compte…si nous sommes tentés de confondre prière avec évasion facile. (2009-06-03)
5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;
6. on lira quatre ou cinq feuillets ou autant que l'heure le permettra,
7. tandis que tous se rassemblent grâce à ce délai de la lecture, si l'un ou l'autre était pris par une fonction à lui confiée, –
8. donc une fois que tous seront réunis, ils célébreront complies, et en sortant des complies, on n'aura plus désormais la permission de dire quelque chose à quiconque, –
9. si quelqu'un est pris à transgresser cette règle du silence, il subira un châtiment sévère, ;-
10. sauf s'il survient une nécessité du fait des hôtes ou que l'abbé vienne à commander quelque chose à quelqu'un.
11. Cependant cela même devra se faire avec le plus grand sérieux et la réserve la plus digne.
Que personne ne parle après complies !Le silence que nous sommes appelés à vivre dans notre vie monastique a besoin de règles qui délimitent des temps des espaces, comme la règle du grand silence après complies. Mais le silence que nous recherchons est bien plus grand, que toutes les règles ne peuvent le dire…. Notre silence monastique est davantage un état ou une respiration qu’une discipline plus ou moins suivie.
Le chapitre entendu nous le fait pressentir. A la fois, il insiste sur la règle du silence absolu durant la nuit, et à la fois, il évoque les exceptions possibles et l’importance alors de maintenir « le plus grand sérieux et la réserve la plus digne ». Sérieux et réserve qualifient alors la qualité du silence recherché non comme une obligation mais comme une profonde respiration de l’être intérieur. C’est là, à cette qualité de silence qu’il nous faut tendre. Là, le dérangement nocturne et les nécessités de la charité ne troublent pas et se vivent dans la paix et l’accueil des personnes. Et cette qualité de silence rejoint notre quête spirituelle profonde. Car finalement, pourquoi tenons-nous au silence la nuit, mais aussi le jour ? Pourquoi voulons-nous garder notre à notre maison cette atmosphère de silence ? Pourquoi ne voulons-nous pas parler n’importe où et n’importe quand ? Parce que nous voulons cultiver en notre cœur la présence de Dieu, parce que nous désirons jour après jour nous laisser habiter et pacifier par son Esprit Saint. Le silence veut nous apprendre à devenir des hommes de prière pas seulement à l’office, mais tout au long de nos journées. Homme de la prière continuelle et du dialogue intérieur avec notre Dieu. Chacun habite le silence à sa façon… les uns prient le chapelet durant leur déplacement par exemple, d’autres redisent la prière de Jésus ou un verset des psaumes ou un passage d’Evangile ruminé dans la mouvance de la lectio… Oui n’ayons pas peur du silence dans nos journées, dans notre travail. Il s’offre à nous comme un bel espace de rencontre avec notre Dieu.(2009-05-29)
1. En tout temps les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la nuit.
2. Aussi en tout temps, qu'il y ait jeûne ou déjeuner, –
3. si c'est un temps où l'on déjeune, dès qu'ils se seront levés du souper, tous s'assiéront ensemble et quelqu'un lira les Conférences ou les Vies des Pères ou autre chose qui édifie les auditeurs,
4. mais pas l'Heptateuque ou les Rois, parce que ce ne serait pas bon pour les intelligences faibles d'entendre cette partie de l'Écriture à ce moment-là ; on les lira à d'autres moments.
Que personne ne parle après complies !
Nos frères de la sérigraphie vendent des cartes et des posters où l’on voit un jardinier avec la légende : « La bonne humeur, la joie et l’humour cela se cultive tous les jours ». C’est le potager de la bonne humeur. Aujourd’hui avec St Benoît ou pourrait résumer le passage entendu par « Le silence cela se cultive tous les jours ». Et le monastère est le potager du silence. Potager de la bonne humeur et potager du silence ? Dans les deux cas, il s’agit de cultiver, et apparemment de cultiver des plantes différentes : le silence pourrait sembler à première vue être éloigné de la bonne humeur et de la joie. Mais si on y regarde de plus près, on peut remarquer que si les plantes à cultiver sont différentes, les mauvaises herbes qu’il s’agit d’enlever peuvent être assez semblables. C’est mauvaises herbes s’appelleront mutisme, repli sur soi ; pas de vrai silence ni de joie dans le repli sur soi. Elles s’appelleront encore aigreur ou tristesse. Cultiver le silence et cultiver la joie et la bonne humeur nous renvoient certainement à une même purification profonde et à un même but : être vraiment ouvert disponible à Dieu et aux autres. Notre recherche du silence dans la vie monastique, si elle a des aspects à ascète et austères, ne peut que nous ouvrir à cette joie de la rencontre. Rencontre de Dieu dans une prière goûtée dans l’intime du cœur, dans la méditation de la Parole qui peut nourrir nos journées et nos activités. Mais aussi rencontre des frères quand l’occasion est donnée dans la joie d’être vraiment soi même… Non pour bavarder sur les autres mais partager un peu de soi même/
Oui cultivons ensemble la joie – la bonne humeur et le silence… Accueillons cette joie qui est tout autant éloignée de l’extérieure bavarde que de la dispersion. Recueillons-nous dans le silence qui ne ressemble ni à un triste renfermement sur soi ni à une distance qui méprise. Nous désirons en effet mieux accueillir dans notre silence joyeux « cet hôte imprévu qui vient de nuit nouer l’Alliance » Comme nous le chantons chaque soir du temps pascal. Que l’Esprit Saint nous apprenne à vivre en silence et cette joie. (2009-05-28)
1. De la sainte Pâque à la Pentecôte, les frères prendront leur repas à sexte et souperont le soir.
2. À partir de la Pentecôte, pendant tout l'été, si les moines n'ont pas de travaux agricoles et que les ardeurs excessives de l'été ne les incommodent pas, ils jeûneront jusqu'à none les mercredis et vendredis.
3. Les autres jours ils déjeuneront à sexte.
4. S'ils ont du travail aux champs ou si la chaleur de l'été est excessive, il faudra maintenir le déjeuner à sexte, et ce sera à l'abbé d'y pourvoir.
5. Et il équilibrera et réglera toute chose en sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent ce qu'ils font sans murmure fondé.
6. Des Ides de septembre au début du carême, le repas sera toujours à none.
7. En carême, jusqu'à Pâques, le repas sera à vêpres.
8. Cependant les vêpres seront célébrées de telle façon que l'on n'ait pas besoin au repas de la lueur d'une lampe, mais que tout s'achève à la lumière du jour.
9. Et de même en tout temps, l'heure du souper ou du repas sera suffisamment tôt pour que tout se fasse à la lumière.
A quelles heures doit-on prendre les repas ?
Cette façon qu’à Benoît de présenter les heures de repas en fonction des temps liturgiques est un précieux témoin pour nous d’une intelligence de la vie quotidienne ancrée dans la vision plus large de l’année chrétienne. C’est cette large perspective de l’année chrétienne qui donne sens à la vie tout court des moines, et cela jusque dans les détails des repas. S’agit-il d’un détail ? Pour les moines d’alors, sûrement pas. Comme les orthodoxes aujourd’hui, Mgr Séraphin nous le disait, la dimension du jeûne est plus qu’une simple observance, elle est une manière de vivre assez permanente. On pourrait dire la vie du moine était une vie dans le jeûne ; le jeûne inscrivant dans le corps, le désir de Dieu et l’attente de la Venue du Christ.
Le jeûne ne nous est plus aussi aisé ou familier aujourd’hui ? Il n’est plus pour les chrétiens d’occident en général et pour nous moines, un repère aussi clair, ce mode de vivre le temps chrétien dans l’attente de l’Epoux. A la Pierre qui Vire, se serai tenté de penser que nos Vigiles jouent ce rôle similaire en inscrivant dans notre rythme corporel cette ouverture à un Autre, cette attention qui décentre… L’office en général joue aussi ce rôle en nous décentrant de nous-même. Dans notre corps, nous pouvons mesurer l’impact de ces rythmes de la nuit et du jour… A certains jours il peut y avoir une tension, qui se traduit par une fatigue un énervement ou une tristesse. Il faut reconnaître le rythme est rude parfois compte tenu des impératifs de travail ou des aléas de la vie faite de conflits… Notre corps est le 1er souvent à en donner des signes d’alerte. Sachons écouter… Savoir écouter ne signifie pas s’écouter et se la couler douce… Non, je crois quand notre corps nous donne des signaux de fatigue, c’est un appel à reconsidérer nos priorités, et aussi notre manière d’aborder les choses. Ma priorité est-elle la vie que je reçois de la communauté ou bien d’autres priorités que je me donne moi-même viennent-elles ajouter du poids ? Entre priorité reçue de notre vie monastique et priorité que je me donne. Il y a un discernement à faire…. Et si la charge reçue du service de la communauté est trop importante, il faut pouvoir en parler. Autre point : comment aborder les choses ? Est-ce que je fais les choses en fonçant tête baissée pour abattre le plus de travail possible ou est-ce que je les fais dans un esprit de foi et désireux d’être attentif à Dieu et à mes frères ? Entre les deux natures, le risque d’épuisement et dessèchement n’est pas le même… Il nous faut aujourd’hui plus qu’hier, ensemble et personnellement, soignez notre manière de vivre pour nous donner vraiment, mais sans jamais perdre de vue celui que l’on veut servir et que l’on attend le Christ.(2009-05-27)
5. Si les conditions locales et le travail ou la chaleur de l'été font qu'il en faut davantage, le supérieur en aura le pouvoir, en veillant toujours à ne pas laisser survenir la satiété ou l'ivresse.
6. Nous lisons, il est vrai, que « le vin n'est absolument pas fait pour les moines », mais puisqu'il est impossible d'en convaincre les moines de notre temps, accordons-nous du moins à ne pas boire jusqu'à satiété, mais plus sobrement,
7. puisque « le vin fait apostasier même les sages. »
8. Quand les conditions locales feront que l'on ne puisse même pas trouver la quantité indiquée ci-dessus, mais beaucoup moins ou rien du tout, les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas.
9. Car nous recommandons ceci avant tout : qu'on s'abstienne de murmurer.
De la quantité de boisson.
« Les habitants du lieu béniront Dieu » Quand on ne pourra se procurer du vin. Et « ne murmureront pas »
Bénir Dieu ou murmurer ? Bénir Dieu ou nous plaindre et geindre sur manque ? La vie quotidienne nous donne de vivre de bien des situations qui nous placent devant ce dilemme. Face à une contrariété, ici manque de vin, face à événement qui ne se passe pas comme on le voudrait, comment réagissons-nous ? St Benoît nous invite à prendre de la hauteur en nous tournant vers notre Dieu… en le bénissant ? Nous le présentons cette attitude qui ne nous est pas spontanée, ne se commande pas aisément. On voudrait bien réagir comme cela, mais souvent c’est le dépit ou la tristesse qui l’emporte. Au lieu d’être trouvé libre par rapport aux choses (ici le vin) ou aux événements, on est pris en flagrant délit -pourrait-on dire- d’attachement extrême ou de volonté de puissance… On aimerait tant tout maîtriser et que les choses aillent comme on le voudrait. Mais non, la réalité se dérobe et nous laisse seul avec nos illusions.
Que signifie ici « Bénir Dieu » ? Certainement pas de se voiler la face sur l’âpreté de la réalité, mais plutôt apprendre à la regarder autrement, dans le regard de Dieu. Trop souvent nos yeux sont fixés sur nos seuls intérêts. La réalité équivaut à ce que j’en perçois et du coup à ce que j’en fais. Mais n’est-ce pas se mettre à la place de Dieu ? N’est-ce pas me poser inconsciemment comme le seul maître à bord ? Bénir Dieu, c’est redonner à Dieu le manche du gouvernail, le commandement de ma vie. C’est lui qui fonde nos existences. Depuis les premiers mots de l’Alliance scellée avec les hommes. Il désire nous apprendre à vivre notre vie dans la lumière de sa présence. Une présence à nos côtés qui n’enlève pas les difficultés, mais qui veut nous aider à les assumer. Tout vient de Dieu et tout retourner à Dieu. Entre les deux temps de notre existence humaine, Dieu est là qui marche avec nous dans la foi, nous apprenons à le reconnaître et jour après jour, nous pouvons alors découvrir la densité de nos vies humaines. « Vraiment Dieu est en ce lieu, et moi je ne le savais pas » Disait déjà Jacob (Gn 28,16) (2009-05-26)
1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,
2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.
3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.
4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.
5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.
De la quantité de nourriture.
Je ne sais pas s’il vous est arrivé en regardant des vaches dans un pré, ou des moutons, de vous faire cette réflexion : C ‘est étonnant de voir qu’elles passent la plupart de leur temps à manger…Tout le jour se passe à brouter et à ruminer, quel drôle de vie ! Mais ainsi en est-il peut être de tous les animaux. Et nous les humains ? Il me semble que toute l’éducation humaine tout notre humanisation consiste au contraire à bien déterminer les temps où l’on mange pour les distinguer des autres temps où l’on travaille, où l’on instruit, où l’on s’adonne à tout autres activités humaines. E la différence des animaux, nous ne sommes pas faits pour « Brouter » toute la journée. Et cette différence qui est notre fierté, il nous faut cependant la cultiver pour bien la préserver. Nous savons aujourd’hui le risque, et pour la santé et pour l’éducation, de cette culture qui veut que l’on grignote à tout moment. Les petits enfants américains notamment font les frais de cette dérive en étant anormalement obèses et en perdant des repères temporels indispensables à leurs processus d’humanisation.
Quand St benoît insiste dans ce chapitre sur le « Il suffit » pour déterminer la ration de nourriture, il s’inscrit dans ces processus d’humanisation. En effet il veut que les moines soient toujours plus libres par rapport à la nourriture et à sa quantité. Le « Il suffit » est là pour donner une mesure commune à tous les frères, afin de les aider ensemble à progresser vers plus d’humanité. Nous pouvons nous réjouir d’avoir cette norme commune pour notre nourriture et ne pas être laissée à nos envies passagères. Certes cela peut être contraignant certains jours. Mais sachons alors tirer profit spirituellement des limites imposées. Ces limites nous alertent sur le danger de n’obéir qu’à nos pulsions et elles nous aident au contraire à écouter notre désir profond qui a faim d’une autre nourriture. « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Oui, réjouissons-nous d’être ainsi éduqués par notre vie monastique et toujours plus préférer les nourritures de la Parole à celle de la table. Notre désir profond et nos cœurs ont faim de cette Parole. (2009-05-19)