vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 61, v 1-4 Des moines étrangers, comment les recevoir ? écrit le 29 août 2009
Verset(s) :

1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte

2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,

3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.

4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.

Commentaire :

Elle est belle cette humilité de Benoît qui est prêt à reconnaître dans toute personne qui passe, un messager de Dieu : « l’abbé examinera si le Seigneur ne l’aurait pas envoyé pour cela »

L’humilité rend ouvert à toute personne qui peut-être reconnue comme un instrument du Seigneur. Comment reconnaître si c’est vraiment le cas ? Si Benoît invite effectivement à la prudence « l’abbé examinera essentiellement l’humilité de la personne. Ici le moine en question doit montrer, qu’il se contente de ce qu’on lui propose et qu’il n’est pas exigent. Etre content de tout est un des signes de l’humilité, un des degrés de l’échelle. Et de nouveau, on regardera pour éventuellement ensuite les prendre au sérieux, la manière avec laquelle il fait ses remarques. Les fait-il avec une humble charité ou non ? Les fait-il par amour vrai sans souci de lui-même, sans prétention, ni intérêt ? Il est heureux que St Benoît nous entraîne dans cette direction là pour le discernement des esprits. Là où nous pouvons être tenté de considérer les apparences, les aptitudes ou les compétences, nous sommes ramenés à cultiver un autre regard sur les êtres… un regard qui est attentif à ce qui anime vraiment le cœur. Ce regard ne nous est peut-être pas spontané, car il nous renvoie à notre propre exigence personnelle, à notre propre quête de l’humilité. En effet dans cette quête, nous apprenons à nous décentrer de nous-même et de nos mouvements spontanés souvent très mélangés… et nous apprenons à considérer notre vie, nos actions dans la lumière du projet de Dieu. Qu’il nous guide dans ce discernement qui est inséparablement connaissance de nous-même et écoute de la valeur de Dieu. (2009-08-29)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 60, v 1-8 Des prêtres qui voudraient habiter au monastère. écrit le 27 août 2009
Verset(s) :

1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.

2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle

3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»

4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;

5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.

6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,

7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.

8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,

Commentaire :

Ce petit chapitre sur les prêtres qui voudraient habiter au monastère nous laisse aisément sentir la grande réticence de Benoît à leur endroit… Il redoute une méprise de leur part. Il entend veiller à ce qu’aucune illusion ne vienne à leur faire espérer un régime d’exception, en vertu de l’homme que l’on reconnaît à la messe à l’office. L’équilibre est subtile : à la fois on reconnaît aux prêtres une place particulière, à la fois on reconnaît qu’ils vivent selon la règle commune à tous. Cet équilibre est en fait un appel pour les prêtres « à donner plutôt des exemples d’humilité » On retrouve la dynamique évangélique reprise au chapitre 7 de l’humilité : plus on est élevé, plus il faut s’abaisser. Cette attitude intérieure d’humilité est salutaire d’abord pour le prêtre qui évite ainsi toute illusion sur lui-même et elle est bienfaisante pour la communauté qui voit un vrai modèle de serviteur dans la suite du Christ. Ce petit chapitre peut s’étendre à toutes les situations où nous sont rendus des honneurs, ou des permissions spéciales. Allons-nous en profiter pour nous placer ou pour en tirer de la gloriole aux yeux des autres ou pour nous exempter du régime commun à tous ? Nous avons dans la Règle de vie quotidienne comme un beau gade fou et « garde fou » peut être entendu au sens propre. Oui la vie commune avec ces mêmes exigences pour tous peut nous garder de cette « folie » qui nous ferait prétendre à un régime d’exception. L’enflure et l’illusion sont folies. L’humilité sagesse….. et la vie comme un gage de santé. Nous pouvons rendre grâce à Dieu d’être conduit à travers la vie de tous les jours, sans prétention, sur un vrai chemin de sagesse… sur lequel « nous apprenons à marche ensemble avec notre Dieu »

(Mt 6,5) (2009-08-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 59, v 1-7 Des Fils de nobles ou de pauvres qui sont offerts. écrit le 22 août 2009
Verset(s) :

1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,

2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.

3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –

4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,

5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.

6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.

7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.

Commentaire :

Il nous est difficile de comprendre vraiment aujourd’hui comment on pouvait accueillir des enfants en vue qu’ils deviennent moine un jour. Une chose est sûre : cela engageait fortement la responsabilité de la communauté dans sa capacité de porter et d’accompagner des enfants pour les conduire à la maturité d’une vie humaine et monastique. Les précautions prises par St Benoît laissent entendre, que ce n’était pas si simple.. et on le comprend.

La question que l’on peut se poser en écho à ce chapitre pour nous est : comment la communauté donc chacun, se sent responsable de ceux qui arrivent au monastère… Comment la communauté est-elle formatrice ? La question mérite d’être examinée. En effet, d’une part la responsabilité de la formation est confiée au maître des novices, aussi est-il important que l’on ne s’immisce pas dans ce qui se vit au noviciat… et que l’on passe par le maître des novices s’il y a quelque chose à dire. D’autre part, c’est la communauté dans sons ensemble qui accueille et qui porte les nouveaux venus. Elle-même la communauté ne doit pas démissionner de sa responsabilité. Je crois dans deux sens :

Le premier en vivant avec fidélité et assiduité sa recherche de Dieu …. Rien de plus beaux et de formateur que cette humble fidélité à notre vie pour faire pressentir le bon goût caché souvent qu’elle a et que nous recherchons dans la prière, le lectio… la vie fraternelle. Le labeur quotidien de chacun où les actes l’emportent sur les paroles ne trompe pas et enseigne vraiment.

Un second aspect mérite d’être relevé : chacun est appelé à laisser grandir en soi un certain sens paternel c’est à dire un sens de la responsabilité des autres. Cela vaut en priorité pour les responsables de service ou d’emploi… mais cela vaut pour chacun. Un sens paternel, c’est à dire encore une capacité à se décentrer de soi, de ses soucis ou de ses problèmes pour accueillir le frère dans le besoin maintenant.. pour écouter avant de raconter toujours nos histoires. Un sens paternel tout en discrétion et en attention, comme Joseph, comme Marie que nous fêtons aujourd’hui. Que leur façon d’être auprès du Christ, le Fils du Père nous enseigne cela … (2009-08-22)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 9-11 De la réception des frères écrit le 18 août 2009
Verset(s) :

9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,

10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

Commentaire :

Persévérer, Tenir bon, Patience. Pour le jeune qui frappe à la porte du monastère en vue de devenir moine, ce sont des attitudes requises. Car notre vie monastique, comme tout engagement, veut prendre tout notre être toute notre vie. La vie Chrétienne ne se satisfait pas de demi-mesure. Suivre le Christ, dans le mariage ou le célibat, requiert toute notre énergie et toute notre volonté. Ensuite, nous proposant la fidélité pour toujours, le Christ nous révèle la vraie profondeur d’une vie humaine. Celle-ci atteint sa perfection et sa vérité dans la durée et dans l’épreuve du temps. Le temps nous permet de tendre à une maturité que lui seul peut donner. On ne coupe pas une moisson encore verte ou des arbres trop jeunes. La maturité est la loi d’une vie pleine. Elle requiert persévérance, patience dans les épreuves… un tenir bon qui fortifie l’homme intérieur. Au contraire, celui qui papillonne sans cette, qui zappe d’engagement en engagement épuise en lui la vie. Il coupe en lui ses ressources toujours vertes. Il passe à côté de sa propre profondeur, il ne donne pas son fruit le sien unique.

Ainsi le discernement pour un choix de vie ici pour la vie monastique, demande-t-il du temps… pour éprouver le cœur. Cherche-t-il la vie, celle qui sera bonne pour lui, celle qui lui permettra de donner son fruit. Ce fruit qui le rendra heureux et qui rendra gloire à notre Père des cieux. Certes le discernement n’est pas une loi exacte qui installerait l’homme sur des rails.. non, le discernement est un temps d’épreuve et de patience pour reconnaître en son cœur, le désir profond. C’est le désir qui m’entraîne vers la vie, dans la vérité en passant par l’acceptation humble de ce que je suis, à l’écoute de la Parole du Christ, le maître de tout appel. (2009-08-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 57, v 7-9 Des artisans du monastère écrit le 12 août 2009
Verset(s) :

7. Le fléau de l'avarice ne doit pas s'insinuer dans les prix,

8. mais on vendra toujours un peu meilleur marché que ne peuvent le faire les autres producteurs séculiers,

9. « pour qu'en tout Dieu soit glorifié ».

Commentaire :

Des artisans du monastère.

Ce matin je conclue le partage de la conférence fait à Monastic sur le Commerce dans nos monastères . Le dernier point que j’ai abordé était : L’activité commerciale, un trait d’union entre nos monastères

C’est un fait que depuis quelques années, s’est développée une entraide et une solidarité entre nos monastères à travers la vente des produits faits par les uns et les autres. On peut vraiment parler de solidarité. Et elle se vit à deux niveaux :

- Le premier se concrétise dans la vente de nos produits respectifs. Les gens savent pouvoir trouver dans nos magasins monastiques des produits d’autres moines. Ainsi se crée un réseau, une chaîne de solidarité dont tous bénéficient. Les monastères fabricants disposent d’un nombre non négligeable de point de vente pour écouler leur production, et les monastères qui vendent, ont là des articles de qualité qui partent bien et qui jouent même souvent le rôle de produit d’appel. On vient dans tel magasin monastique parce que l’on sait pouvoir y trouver tel article de qualité. Je citais l’Aléxion, la farine de l’Oelenberg …. Mais cette solidarité pourrait encore mieux jouer : parfois on ignore qu’un monastère fabrique tel article et on veut un article équivalent fabriqué par une société civile. De même dans la régulation des prix, une meilleure concertation serait nécessaire pour éviter les différences étonnantes.

- Le deuxième niveau de la solidarité entre nos monastères se vit dans la défense de notre image. Comme je le disais, nos monastères sont gratifiés d’une vraie confiance, d’une image positive. Nous ne l’avons pas cherché mais le savoir nous engage à une certaine responsabilité : la première est de ne pas jouer avec cette confiance qui nous est faite. Car l’interpellation de l’article du Canard Enchaîné de Août 2207 demeure à entendre pour être rigoureux dans la présentation de nos produits. Un produit simplement sélectionné ou conditionné par les moines ne peut se prévaloir du qualificatif de « Monastique », comme produit fabriqué au monastère….

Ici je posais trois questions :

- Ne faut-il pas encourager les monastères fabricants à demander pour leurs produits, la marque Monastic qui garantit une qualité et une origine monastique ?

- Quelle attention avoir pour que l’adjectif « Monastic » ne soit pas accolé à n’importe quel produit ou activité ? Si un monastère n’est pas rigoureux sur ce point, c’est l’image monastique qui en pâtit et ce sont les autres monastères qui en subissent les conséquences.

- Enfin je demandais s’il ne faudrait pas mettre en place une instance entre nos monastères qui puisse interpeller un monastère quand il n’est pas rigoureux dans sa façon de jouer de l’image monastique en induisant une tromperie dans l’esprit des gens.

Je voudrais en rappelant combien le chapitre 57 de la Règle de St Benoît gardait toute sa pertinence.. pour nous aider à éviter toute fraude de quelque nature qu’elle soit, car nous sommes vraiment désireux que Dieu soit loué en toute chose y compris dans notre activité commerciale.

(2009-08-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 57, v 7-9 Des artisans du monastère écrit le 11 août 2009
Verset(s) :

7. Le fléau de l'avarice ne doit pas s'insinuer dans les prix,

8. mais on vendra toujours un peu meilleur marché que ne peuvent le faire les autres producteurs séculiers,

9. « pour qu'en tout Dieu soit glorifié ».

Commentaire :

Des artisans du monastère.

Je poursuis le partage de ce que j’ai dit à Monastic au sujet du « commerce dans les monastères » Aujourd’hui je considérerai « l’activité commerciale dans son rapport avec le client »

Il me semble que la question de fond qui doit nous habiter est : « quelle relation désirons-nous instaurer avec ceux qui passent dans nos magasins ? Car nous sommes normalement habiter du désir de servir, du désir d’accueillir en vérité et de témoigner de l’Evangile. Je soulignerais deux points.

Nos clients attendent une qualité de service particulière. Une récente enquête, faite par Monastic par des gens compétents dans ce domaine, montrait que les monastères sont gratifiés d’un réel capital de confiance et d’intérêt de la part des gens. Ceux-ci espèrent trouver dans nos magasins des produits de qualité même si un amalgame est assez vite fait avec les produits naturels, artisanaux, bio etc… Mais il demeure que « produits monastiques » est un gage de sérieux et de qualité dans la tête de beaucoup.

Je posais trois questions :

- Autour des objets de mauvais goût ou d’un goût qui laisse à désirer : jusqu’où aller dans l’accueil des attentes des gens pour vendre ces objets ? Comment faire que nos magasins soient des lieux d’éducation au bon goût … notamment dans les articles de piété ou dans les livres ? Il ne s’agit pas de devenir élitiste pou méprisant… mais comment œuvrer dans ce sens ?

- Autour du prix juste : le fait de savoir que les gens ont un apriori positif à l’égard de nos magasins, faut-il en profiter pour pousser les prix ? Je donnais l’exemple de notre frère potier qui avait choisi de baisser ses prix sur les conseils d’un frère vietnamien… et du coup ses ventes s’étaient développées. …

- L’attitude commerciale juste : les gens attendent qu’on puisse les conseiller et faire la promotion de tel article intéressant. A l’inverse vouloir à tout prix que le client reparte les mains pleines et la bourse légère n’est pas digne d’un moine…

Enfin je dirai que les clients espèrent trouver une qualité d’accueil dans nos magasins. L’accueil premier est donné par l’espace lui-même dans nos magasins ; est-il bourré ou aéré ? Sa manière d’être présenté dit-elle quelque chose de notre quête de beauté et de liberté ? Cet espace fait-il signe aussi de notre recherche d’intériorité ? Faut-il qu’il y ait un fond musical ?

La qualité d’accueil sera bien sûr vécue dans la présence des moines à l’égard des clients. Une égale présence et disponibilité envers les petits comme envers les riches sera un signe qui ne trompe pas. (2009-08-11)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 55, v 15-22 De la garde robe et de la chaussure des frères. écrit le 09 août 2009
Verset(s) :

15. Comme literie, il suffira d'une natte, d'une couverture ordinaire et d'une autre en laine, et d'un chevet.

16. Cependant ces lits seront fréquemment inspectés par l'abbé, à cause des objets appropriés qui pourraient s'y trouver.

17. Et si l'on trouve chez quelqu'un un objet qu'il n'a pas reçu de l'abbé, il subira une sanction très grave.

18. Et pour retrancher radicalement ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui est nécessaire,

19. c'est-à-dire coule, tunique, chaussons, chaussures, ceinturon, couteau, stylet, aiguille, mouchoir, tablette, pour ôter tout prétexte de nécessité.

20. Cependant l'abbé aura toujours égard à cette phrase des Actes des Apôtres ;: « ;On donnait à chacun selon ses besoins. ;»

21. Ainsi donc l'abbé, lui aussi, aura égard aux infirmités des nécessiteux, non à la mauvaise volonté des envieux.

22. Dans tous ses jugements, cependant, il songera à la rétribution de Dieu.

Commentaire :

De la garde robe et des chaussures de frères.

Benoît est-il le premier communiste avant l’heure, quand il souhaite que soit retranché radicalement le vice de la propriété ? A première vue, on pourrait le penser tant son insistance est forte dans toute la règle. Mais quand en fin de chapitre, il recommande de donner à chacun selon ses besoins, on pressent qu’il est loin d’une logique égalitaire qui aplatit tout et broie la vie comme l’a malheureusement montré l’idéologie communiste.

Benoît obéit à une toute autre logique qui est celle de la grâce. En demandant aux moines de ne rien tenir en propre, comme s’ils l’avaient acquis par leur travail ou leurs mérites, il veut nous faire vivre dans la logique de la grâce. Dans cette vie, rien ne nous est dû, rien n’est acquis, tout nous est donné par notre Père. De Lui nous tenons le souffle et toute chose… Et du Christ, nous tenons l’assurance du Salut.

Recevoir toute chose par la communauté et l’abbé c’est inscrire notre vie la plus concrète dans cette logique de la grâce …. Et comme dans tous les aspects de notre vie monastique, l’intention spirituelle se vit très concrètement, jusque dans les moindres détails ; apprenons à entrer dans cette logique : au lieu de nous servir ou de nous réserver apprenons à recevoir ou à demander.

Quand le réflexe de mettre de côté nous guette, sachons lâcher prise, sachons prendre de la distance dans un regard de foi. Ai-je vraiment besoin ? Puis-je me passer d’un objet et faire confiance pour recevoir au moment fixé ? Je vous invite à être attentif à nous exercer à la liberté par rapport à tout ce que l’on peut convoiter dans un premier mouvement mais qui ne nous est pas nécessaire.

Cette attention du cœur est un gage de liberté profonde car elle maintient notre désir dans la logique de la grâce. (2009-08-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 56, v 1-2 De la table de l’abbé - écrit le 09 août 2009
Verset(s) :

1. La table de l'abbé sera toujours avec les hôtes et les étrangers.

2. Cependant chaque fois qu'il y a moins d'hôtes, il aura le pouvoir d'inviter ceux des frères qu'il voudra.

Commentaire :

De la table de l’abbé.

La table de l’abbé : ce petit chapitre est étonnant par l’importance qu’il donne à la table de l’abbé. L’abbé mange avec les hôtes et les étrangers ou pèlerins ou encore il peut inviter certains frères s’il y a pas d’hôtes.

Ainsi concernant la table de l’abbé, Benoît ne veut rien laisser au hasard. Certainement parce qu’à travers la table de l’abbé, est signifiée la communion qui se réalise entre la communauté et les hôtes ou entre les frères eux-même.

L’abbé accueille en premier les hôtes au Ch 53, c’est aussi celui qui leur donne les marques de l’hospitalité durant le repas. Pour les hôtes il est le Christ qui prend soin et qui sert, comme les hôtes sont le Christ pauvre accueillis par l’abbé et la communauté.

La table de l’abbé est au cœur du réfectoire ce symbole de l’échange vécu dans le service entre la communauté et les hôtes, ou entre les frères eux-mêmes.

De nos jours, la table de l’abbé joue moins ce rôle à l’égard des hôtes mais elle le conserve encore au sein de la communauté. Quand pour sa fête un frère vient à la table de l’abbé, ou quand un frère de passage ou un hôte proche de la communauté s’assoit à cette table, c’est une manière de signifier l’honneur et l’affection fraternelle que toute la communauté porte à ses personnes. La table de l’abbé est alors un lieu où se manifeste la communion que l’on vit par ailleurs au quotidien.

Il est bon aussi que la table de l’abbé n’ait pas aux jours ordinaires de caractères particuliers. Aux jours ordinaires tous peuvent y venir. Dans cette simplicité s’exprime le fait que l’abbé soit un frère parmi les frères. Il préside le repas et dit la prière mais il est au milieu des frères, comme un enfant qui reçoit de Dieu son Père la nourriture et le repos qu’elle procure. Ici je voudrais rappeler qu’on hésite pas à venir à la table de l’abbé en temps normal. Elle est ouverte à tous…. C’est toujours pénible de devoir faire de grands signes pour compléter les places.

(2009-08-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 12-16 De la réception des frères écrit le 09 août 2009
Verset(s) :

12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.

13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.

14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,

15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,

16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.

Commentaire :

« Quand il en aura délibéré avec lui-même »

Le mot délibérer, déberare en latin, ou le substantif, délibération, déliberatio en latin, est une étymologie latine ancienne intéressante : ils viennent de la conjonction de la proposition « de » avec le substantif « libra » qui signifie : la livre comme mesure de pesée poids.. Autrement dit délibérer signifie étymologiquement « faire la pesée dans sa pensée ». « Délibérer en lui-même » dit St Benoît, faire la pesée en nous-même de toutes les pensées qui nous habitent et tenter d’en retenir une afin de prendre une direction, ici un engagement.

En effet les pensées qui nous traversent sont nombreuses et quand il faut prendre une direction, faire une chose il faut trancher. Quelle pensée retenir et selon quel critère ? L’image de la pesée est intéressante. Quelle pensée fait vraiment le poids, quelle pensée donne de la quille à ma vie ? Quelle pensée mérite d’être retenue car elle assure une cohérence à ce que j’ai déjà vécu et à ce que je pense être appelé à vivre ? Dans un discernement de vie, mais finalement dans beaucoup de nos discernements, cette façon de poser la question peut être éclairante. Concernant le discernement pour un choix de vie, Benoît donne une autre précision quand il dit mot à mot : « si le nouveau venu habite avec lui-même dans la délibération… » Cette notion d’habitation avec « soi-même » donnée par le verbe « habitare securi » suggère que l’on doit être à l’aise en soi-même. Toute délibération qui est bonne doit nous laisser à l’aise, en paix, de telle manière que l’on habite vraiment avec nous-même. C’est le gage pour que cette délibération engage vraiment l’avenir, car tout l’être est unifié et tendu dans la perspective choisie. Pour Benoît le travail du discernement situé à cette profondeur de l’être pourra permettre de faire le pas pour toujours. L’amitié du Christ et l’amitié pour le Christ pourra s’inscrire dans une vie donnée à son service dans la fidélité et la persévérance. (2009-08-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 17-23 De la réception des frères écrit le 09 août 2009
Verset(s) :

17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,

18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.

19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.

20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.

21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»

22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».

23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.

Commentaire :

« Il promettra persévérance, bonne vie et mœurs et obéissance »

Ainsi Benoît résulte-t-il en trois mots notre engagement monastique… trois mots écrits sur une charte ou pétition déposée sur l’autel en signe d’offrande de sa vie. L’ensemble du rituel étant conclue par l’invocation au Seigneur qui donne toute grâce : « Reçois moi Seigneur et je vivrai, ne me déçois pas dans mon attente »

Dans ce rituel s’exprime toute la dynamique de notre vie monastique qui est inséparablement engagement de chacun et grâce du Seigneur. Chacun s’engage à vivre la vie monastique dans la persévérance ou stabilité, dans la pratique de la conversion de toute sa façon de vivre pour qu’elle soit toujours plus accordée à l’Evangile, c’est la conversion des mœurs .. et enfin dans la pratique de l’obéissance, cette écoute de tous les instants à une parole autre. Le moine s’engage ainsi à un vrai travail intérieur qui est à la fois dépouillement par rapport à beaucoup de ses repères anciens (la culture familiale, professionnelle…) et à la fois reconstruction de soi dans la lumière de l’Evangile. Dépouillement pour une reconstruction… et reconstruction qui appelle un dépouillement toujours plus grand. Humainement, nous savons que cela dépasse nos seules forces et c’est pourquoi, nous prions le Seigneur « Reçois-moi… » Sucipe-me, ce verbe latin qui évoque le geste du père qui reçoit dans ses bras l’enfant qui vient de naître.

Oui notre vie monastique consiste en une nouvelle naissance à vivre. Par nos vœux, par nos promesses, nous nous disposons à renaître… mais sans la grâce du Seigneur qui nous fait devenir ses fils, nous ne pouvons rien faire. Si nous ne disons chacun seul, qu’une seule fois la prière « Reçois-moi » lors de notre profession, nous avons la chance de la redire avec tous les frères, notamment lors de chaque enterrement. Cela nous permet de remettre entre les mains de notre Père notre vie et notre désir de le servir, dans la stabilité, la conversion et l’obéissance, qu’il nous donne de renaître chacun et tous ensemble. (2009-08-09)