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64. aimer la chasteté,
« Aimer la chasteté ». Dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique on trouve cette définition de la chasteté : « La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel » CEC 2337 – La chasteté est donc devant nous, aimer la chasteté, c’est dans cette lumière aimer l’intégration réussie de notre sexualité et l’unité intérieure dans tout notre être. Cette définition du Catéchisme de l’Eglise Catholique concerne tous les états de vie : les personnes mariées comme les personnes consacrées dans le célibat. Chaque personne est en quête de cette unité intérieure et de cette intégration de sa sexualité qui va le rendre plus libre à l’égard de ses passions et plus disponible pour la rencontre de l’autre. Notre sexualité qui nous constitue être de relation, marque d’une incomplétude, nous ouvre à la rencontre de l’autre, et de l’autre sexe en particulier. C’est la beauté de notre existence humaine que de porter en elle ce dynamisme relationnel constitutif. C’est aussi un de ses labeurs principaux : bien vivre dans l’harmonie et la genèse la relation, et les relations hommes-femmes particulièrement !!
Aimer la chasteté pourrait se traduire encore : aimer les relations justes pour aimer justement. On le mesure : c’est le programme de toute une vie. A chaque âge nous avons à apprendre cela pour grandir dans la liberté et la joie et pour faire grandir les autres dans la liberté et la joie. La chasteté, qu’elle soit vécue dans le mariage ou le célibat, est porteuse d’un dynamisme libérant. Liberté par rapport à soi-même, à ses passions sexuelles et autres, par rapport au désir de posséder l’autre, par rapport à tout égoïsme. Devenir chaste est un chemin d’humilité, de patience dans l’acceptation paisible de nos limites et dans le désir d’aimer plus en vérité. Recherchée, aimée, elle est toujours un don reçue de la part du Christ, notre frère en humanité. (2012-06-09)
63. Accomplir chaque jour par ses actes les commandements de Dieu,
« Accomplir chaque jour par ses actes les commandements de Dieu ». « Chaque jour », dans ce chapitre sur les instruments des bonnes œuvres, ce mot est revenu déjà deux fois : avoir chaque jour la mort devant les yeux, confesser chaque jour dans la prière ses fautes passées. Avec l’instrument entendu ce matin, nous pouvons remarquer que ces trois recommandations forment un ensemble original plein d’enseignements. En effet, le premier sur la mort regarde l’avenir, chaque jour avoir la pensée de notre avenir fini-limité, le second sur les fautes passées regarde le passé qui n’est pas oublié mais remis à Dieu avec confiance. Enfin celui entendu ce matin, considère l’agir qui permet de réaliser aujourd’hui les commandements de Dieu. Autrement dit chaque jour le moine est invité à une remise de son passé à Dieu, à un regard lucide sur sa finitude et sa mort à venir, et enfin à une prise au sérieux du présent où il faut agir pour accomplir les commandements de Dieu. Quel programme profond et réaliste !! Chaque jour est une occasion de vivre dans une lumière toute humaine et spirituelle, sans fuite par rapport au passé, ni illusion par rapport à l’avenir, dans une prise en compte de la réalité du présent à vivre. Chaque jour ainsi vécu peut donner à nos vies de moine une assise forte, un ancrage vrai dans la vie concrète et en Dieu. Par cette triple attention quotidienne au passé, à l’avenir et au présent, le moine assume pleinement et courageusement son existence fragile et limitée et responsable. Dans la foi en Dieu qui pardonne notre passé, qui nous attend à la fin de notre vie et qui nous accompagne par sa Parole pour guider notre agir, nos journées peuvent devenir mémorial des merveilles de Dieu. Nous pouvons vivre pleinement le présent dans la fidélité à la Parole de Dieu, parce que nous confession sa miséricorde sur notre vie passée et que nous lui confions notre avenir jusqu’à notre mort. (2012-06-08)
62. Ne pas vouloir être appelé saint avant de l'être, mais l'être d'abord, afin d'être appelé ainsi avec plus de vérité.
« Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être vraiment ». Je garde un souvenir du F.Martin. Quelqu’un était auprès de lui en train de lui dire de bonnes choses en vantant ses qualités, sa sainteté !! Et il avait répondu cette phrase de Jésus dans l’évangile : «Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ». Cette réponse m’avait à la fois amusé et édifié. Il avait trouvé une belle parade pour ne pas être appelé saint. Nos jugements humains sur les autres, qu’ils soient en leur faveur ou en leur défaveur, sont toujours en deçà de la réalité. Quand on parle de la sainteté d’un autre, de quoi parle-ton ? On dit sûrement plus de soi-même qui est édifié, éclairé, conforté par la vie, les attitudes, ou les paroles d’une personne que de la personne en elle-même. Qui peut connaître en effet la sainteté d’un autre, sinon Dieu seul qui nous communique la sienne. Nous apprécions les perfections visibles, Dieu reconnait les mouvements profonds du cœur, sous les bonnes comme sous les moins bonnes apparences. Les figures des saints qui jalonnent l’histoire de l’Église nous redisent dans leur grande variété de caractère, de profils sociaux et de charismes, que la sainteté n’est pas réductible à nos schémas humains. Le Dieu unique désire communiquer ses dons spirituels à chacun de nous dans son unicité, lui qui est infiniment Amour n‘est pas avare, ni en manque d’imagination.
Quel est notre chemin de sainteté à chacun ? Il est le fruit de l’œuvre de l’Esprit Saint et de notre réponse. L’Esprit Saint n’a de cesse de venir nos transmettre en profondeur la vie divine, éteignons nous ou le laissons nous faire son œuvre ? Vivons-nous comme si nous étions les seuls maitres à bord ou bien sommes nous tout à l’écoute de la parole, de la cloche, du frère ? La sainteté n’est-elle pas là dans la disponibilité de plus en plus libre et profonde au souffle de Dieu qui nous fait vivre de sa vie ? (2012-06-07)
61. obéir en tout aux commandements de l'abbé, même s'il agit lui-même autrement – ce qu'à Dieu ne plaise – en se souvenant du commandement du Seigneur : « Ce qu'ils disent, faites-le ; quant à ce qu'ils font, ne le faites pas. »
« Obéir en tout aux commandements de l’abbé, même s’il agit autrement ». Cet instrument forme la paire avec l’instrument précédent « haïr sa volonté propre ». Je concluais hier en invitant à faire confiance à l’Esprit Saint qui guide notre volonté. Notre vie monastique nous donne aussi de faire confiance aux médiations humaines : la parole de l’abbé, celles des frères, les coutumes de la communauté. Confiance dans cette institution qui nous porte et qui nous donne les moyens de devenir nous-mêmes. L’obéissance à la parole de l’abbé est un acte de volonté et de liberté. Cette obéissance n’est en rien contrainte pour celui qui désire obéir à Dieu. Nous savons encore mieux depuis l’incarnation du Christ que Dieu se plait à parler et à se dire à travers les médiations humaines. En écoutant celles-ci et en les respectant, nous mettons toutes les chances de notre côté pour faire sa volonté. Et cette confiance va loin. Benoit le suggère en disant que même si l’abbé agit autrement, il faut faire ce qu’il dit. Car même ainsi, on obéit encore au Seigneur qui a dit : «Ce qu’ils disent faites le, quant à ce qu’ils font, ne le faites pas ». Cet extrême manifeste encore l’obéissance, vécue dans la vie monastique, et commandée par la foi. La foi en Dieu qui se sert de médiations faillibles. Mais cette faillibilité n’a pas empêché la confiance que le Seigneur fait aux hommes. Comme nous le disait si bien Mgr Stenger à propos de Pierre au lendemain de son reniement. Le regard de Jésus se pose sur lui afin que, depuis sa faiblesse assumée, il vive sa mission au service de ses frères. La foi du Seigneur en l’homme faillible appelle la foi du frère qui obéit à son frère faillible à qui est confiée la charge du troupeau. Dans cette lumière de la foi, nos relations fraternelles prennent une densité toute autre qu’il nous faut savoir reconnaitre et gouter. Nous sommes dans les mains de Dieu qui nous conduits à travers sa parole, celle de l’abbé, celles des frères, à travers toutes ces médiation humaines. (2012-06-06)
60. haïr sa volonté propre,
L’expression est forte : Haïr est un mot qu’on utilise rarement et en général pour qualifier le rejet d’une personne. Haïr entraine la rupture et la prise de distance forte. Là où aimer crée des ponts et rassemble les êtres. Quand haïr qualifie ici une part de soi : la volonté propre, on peut l’entendre comme l’invitation à se séparer radicalement, enlever. On peut se demander en quoi la volonté propre est haïssable ? Avoir de la volonté est une bonne chose et personne ne peut vouloir à notre place. Donc il y a bien une volonté qui est mienne. Assurément cette volonté n’est pas haïssable puisque je dois l’exercer pour vivre et m’engager dans toutes mes activités et mes relations. Qu’est-ce donc que cette volonté propre ? Une volonté qui part de soi pour arriver à soi. Une volonté qui trouve son origine et sa fin en soi-même. Par elle, on ne travaille que pour soi et l’on ne souhaite pas être dérangé ou interpellé par un autre. Cette volonté là qui est centré sur soi et sinon aveugle, du moins très mal voyante. En effet, elle oublie que l’être humain est un être de relation qui devient vraiment vivant en se recevant des autres et en se donnant aux autres. Accepter de vivre, d’agir et de penser avec d’autres et pour d’autres est la réalité profonde de notre vie humaine. Vivre centré sur soi est une illusion mortifère. Dans notre contexte monastique, nous expérimentons de plus la réalité spirituelle. Nous cherchons à faire la volonté de Dieu, car nous croyons que dans cette Volonté divine, notre volonté va pouvoir donner toutes ses potentialités. Illuminée par la grâce de l’Esprit Saint, qui veut en nous ce que Dieu veut, notre volonté déploie toutes ses potentialités en entrant dans le projet de Dieu. Là où notre volonté propre est toujours malvoyante et étriquée, notre volonté guidée par l’Esprit Saint, mais aussi par la Parole de Dieu et la Sagesse monastique, s’élargit. Elle peut donner toute sa mesure, et toujours plus grande à la mesure de notre docilité à l’Esprit Saint ; N’ayons donc pas peur de haïr cette volonté propre qui nous rétrécit. Faisons confiance à l’Esprit qui nous bouscule et nous élargit le cœur et le regard. (2012-06-05)
59. Ne pas assouvir les désirs de la chair,
« Ne pas assouvir les désirs de la chair ». Petit instrument qui reprend la recommandation de Paul « Laissez vous mener par l’Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle » (Ga 5.16). De manière analogue Pierre dit ceci : « Très chers, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels qui font la guerre à l’âme ». L’image de la guerre est forte. Comme je le disais le jour de la Pentecôte, les désirs charnels dans la force de leurs excès détruisent et les relations et soi-même. Ils ont l’apparence séduisante d’un certain bien et de plaisirs assurés. Mais en fait, ils sèment une œuvre de mort qui coupe des autres et enferme sur soi.
Pierre suggère l’image du voyage, en rappelant à ses correspondants qu’ils sont voyageurs et pèlerins sur cette terre. Vivre sous la conduite de l’Esprit, le laisser nous mener, c’est partir pour ce voyage. Là où les désirs charnels nous entravent, le souffle de l’Esprit nous entraine à avancer dans la confiance au Seigneur. Les désirs charnels veulent nous retenir dans le bonheur illusoire de la jouissance immédiate. Le souffle de l’Esprit nous fait pressentir la joie profonde de devenir plus libre. La jouissance pour elle-même dans la nourriture, la boisson, le sexe, les relations immatures, le gout de l’avoir, du pouvoir nous retient comme un boulet, rivé à une fausse image de nous-mêmes.
Laissons l’Esprit faire son œuvre en nous. Une œuvre tout en force et en douceur, la force de la vérité et la douceur de l’amour. L’Esprit veut nous réconcilier avec nous-mêmes et nous redonner notre dignité de fils de Dieu. La liberté est notre bien le plus précieux et l’Esprit Saint notre défenseur contre nos désirs les plus esclavagistes. Dans la belle séquence de Pentecôte, demandons lui : « Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé, assoupli ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé ». (2012-06-02)
57. confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements, ses fautes passées,
58. se corriger de ces fautes à l'avenir.
« Confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements ses fautes passées ». Notre première pensée est peut être de nous dire, n’est-ce pas exagéré, voire malsain de vivre ainsi dans le souvenir des fautes passées. Il n’est pas facile en effet d’entrer dans ce mouvement intérieur auquel les anciens étaient peut être plus familiers.
En trois autres passages Benoit invite assez naturellement à la prière avec larmes. A chaque fois, c’est pour insister sur la qualité de la prière plus que sur la quantité (RB 20.3 ; 52.4 ; 49.4). Cette prière est liée à la componction du cœur, à ce cœur vulnérable ouvert par le repentir. Larmes et repentir, tristesse d’offenser Dieu et le prochain. Cœur brisé dirait le Psalmiste. Par ces notations répétées, on entrevoit qu’i l s’agit là d’un vrai engagement dans la prière. Non une prière superficielle, mais d’une prière qui prend tout l’être jusqu’à en être ému aux larmes. Belle sensibilité spirituelle où le moine comprend le poids de son péché devant la lumière de Dieu. Ce qui n’est pas facile à comprendre pour nous, c’est que les larmes dont il s’agit ici, sont des larmes qui ouvrent à l’amour de Dieu, qui le révèlent. Elles n’enferment pas le moine sur lui, mais elles le rendent plu sensible à l’Amour de Dieu dont il mesure la distance qu’a creusé son péché.
Que pouvons-nous entendre aujourd’hui ici ? Se reconnaitre pécheur devant notre Dieu est une affaire d’amour, de cœur. Trop souvent notre cœur est dur, car trop fermé sur sa culpabilité. Celle ci nous enferme sur nous-mêmes et sur la tristesse de ne pas être à la hauteur de ce qu’on voudrait être. La culpabilité nous tourne sur nous-mêmes au lieu de nous faire regarder vers Dieu. La prière avec larmes, même si nous ne savons plus bien la pratiquer, nous montre la direction juste pour se reconnaitre pécheur devant Dieu. Celle de l’amour confiant désireux d’aimer davantage celui qui ne cesse de venir à nos devants. Se reconnaitre pécheur, c’est se laisser toucher par l’amour de Dieu qui attise notre désir d’aimer vraiment davantage. Grâce à accueillir, grâce à demander, aujourd’hui par l’intercession de Marie qui prie pour nous pécheur. (2012-05-31)
55. Écouter volontiers les saintes lectures,
« Écouter volontiers les saintes lectures ». Je crois que nous avons de la chance dans la vie monastique d’avoir la possibilité d’apprendre à écouter. Beaucoup d’aspects de notre vie quotidienne s’organisent autour de l’écoute. Il y a la liturgie, bien sûr, avec l’office des Vigiles qui offrent la part belle à l’écoute des Écritures ; Il y a les repas, mais aussi les chapitres du matin et du soir, et les chapitres conventuels. Tout au long de nos journées, nous sommes mis en situation d’écoute. C’est une chance car d’emblée nous sommes décentrés de nous-mêmes pour recevoir une autre parole. Par là, nous sommes orientés vers la juste posture humaine sous le regard de Dieu. En attente de sa parole, à l’écoute de son amour. Cette mise en disposition favorable ne fait pas cependant de nous des écoutants, de façon automatique. « Écouter volontiers dit Benoit. « Volontiers – libenter en latin », car l’écoute réelle engage notre volonté et notre désir. Si nous ne prêtons pas l’oreille, si nous ne nous engageons pas vraiment dans l’écoute, nous n’entendrons rien. Nous en faisons tous l’expérience lors d’une lecture à l’église ou au réfectoire. Un moment d’inattention ou de distraction nous fait perdre le passage en train d’être lu. Faut-il pour autant se concentrer, voire se crisper, pour ne rien manquer d’une lecture ? L’adverbe «volontiers » qui qualifie ici l’écoute est suggestif. Il est tout le contraire de ce qui serait contraint ou forcé. « Volontiers » fait appel à notre disponibilité de cœur, notre désir profond d’être là et bien là pour Dieu et pour nos frères. Écouter volontiers un passage de l’Écriture hyperconnu c’est, par amour de celui qui nous parle, se tenir en sa présence pour le laisser nous étonner. Un mot, une phrase prendra tout d’un coup un relief inattendu. Écouter volontiers un frère dont on connait déjà «la chanson », c’est le gratifier de notre bienveillance et de notre confiance pour lui permettre de se dire et peut être de nous surprendre. L’écoute volontaire et disponible au jour le jour n’a pas fini de nous ouvrir l’accès à des trésors inconnus, inouïs pourrait-on dire. Ce n’est pas une des moindres joies de notre vie monastique. « Heureux ceux qui écoutent l Parole de Dieu et qui la gardent » disait Jésus (Lc 11.28). (2012-05-30)
56. se prosterner fréquemment pour prier,
« Se prosterner fréquemment pour prier ». Aussi curieux que cela puisse paraitre, il n’y a pas de mention dans la Règle de la recommandation de Paul de « priez sans cesse » (1 Th 5.17). Les invitations à la prière ne manquent pourtant pas dans la RB ; La première place revient au soin apporté à la prière de l’Office. Mais il y a aussi la prière seul à l’oratoire qui doit être brève et pure (RB 20.4). En Carême, la prière se fait plus insistante et plus engagée (RB 49) et puis les occasions de prier qui sont offertes par la vie quotidienne lors de l’accueil des hôtes (RB 53), au départ et au retour de voyage d’un frère (RB 67), mais aussi quand on veut faire quelque bien, ou en fait la demande instante à Dieu (Prol 4). La prière est donc présente dans la vie du moine. L’instrument entendu ce matin, peut être aussi compris comme une invitation à demeurer en éveil «se prosterner fréquemment pour prier ».
Chacun de nous peut trouver sa manière de demeurer sous le regard du Seigneur. Prier, dit une action, celle de se tourner vers notre Dieu. Une prière ponctuelle, limitée dans le temps se concrétise dans une attitude. Se prosterner suggère Benoit. Ce peut être aussi s’arrêter debout, s’asseoir ou se mettre à genoux. Ces prières ponctuelles que chacun peut vivre durant sa journée ont un rôle pédagogique. Avant de commencer un travail, de vivre une rencontre, à la fin d’une occupation. Ces brèves ponctuations priantes peuvent nous apprendre «le priez sans cesse ». « Fréquemment » dit plus modestement Benoit. Il nous fait apprendre peu à peu à vivre nos journées, non comme si nous étions seul, mais en relation avec notre Père des Cieux, avec le Christ dans l’Esprit Saint. C’est à la fois une grâce à recevoir et une attention à cultiver. Nous voudrions grandir dans cette familiarité avec notre Dieu. En nous ouvrant à son amour, cette familiarité nous ouvre à nos frères toujours un peu plus. (2012-05-26)
52. ne pas aimer à beaucoup parler ;
53. ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire,
54. ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats.
Durant le temps pascal, nous avons chanté une hymne à l’Esprit Saint. Voici la 1° strophe qui peut éclairer ces instruments entendus ce matin sur le trop plein de mots et de rire.
Esprit qui planes sur les eaux, apaise en nous les discordances, les flots inquiets, le bruit des mots, les tourbillons de vanité, et fait surgir dans le silence la parole qui nous recrée ». « Le bruit des mots et les tourbillons de vanité ». Je pense que c’est cela que veut nous éviter ce matin Benoit. Il peut arriver à certaines occasions qu’à quelques uns, on s’amuse, on se gausse de bons mots et sans s’en rendre compte on risque d’exclure d’autres qui ne peuvent entrer dans le jeu. J’entends parfois des réflexions de frères se sentent un peu mis à l’écart de petits cercles qui ont l’habitude de se parler ou de rire ensemble. Soyons attentifs à ces petits cercles qui, s’ils veulent être vraiment fraternels, doivent toujours être prêts à s’ouvrir pour faire place à l’autre. Ne laissons pas «le tourbillon de vanité » nous entortiller et nous fermer à celui qui est un peu différent. C’est la qualité de notre vie fraternelle qui en dépend. Celle-ci n’est jamais exclusive, mais toujours inclusive.
Ces instruments nous invitent aussi à prendre au sérieux le climat de silence que nous cherchons à préserver dans le monastère. Ensemble, il nous faut nous y aider si nous voulons demeurer à l’écoute. Je rappelle les lieux sensibles où nous cultivons le silence : la salle des casiers à partir de la sonnerie des Vêpres jusqu’à 8 h00, la salle des coules et le cloitre, évitons les papotages, la plonge, Si nous avons besoin de parler, faisons signe pour aller à l’écart dans un lieu idoine, ou bien patientons avant le moment opportun. Cette retenue dans la parole est une belle école d’écoute et de maitrise de soi pour discerner qui est vraiment important de dire et à quel moment : «Esprit qui planes sur les eaux, fais surgir dans le silence la Parole qui nous recrée ». (2012-05-25)