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6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.
8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.
9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.
10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,
11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.
« Tous se lèveront en signe d’honneur et de révérence pour la Ste Trinité… »
« En signe d’honneur et de révérence », les moines se lèvent et s’inclinent pour rendre gloire à la sainte Trinité… Cette petite notation de Benoît est précieuse pour nous rappeler que, dans l’office, nous prions avec tout notre être, notre esprit, notre cœur et notre corps… Heureuse inclination et prosternation qui nous convoque à cette attitude d’adoration de la Ste Trinité ! Tout notre corps exprime alors ce que notre bouche dit et tout notre corps traduit le sentiment profond de notre cœur qui confesse que toute la réalité est suspendue à Dieu. En son sens étymologique, « Gloire » signifie « ce qui a du poids » Seul Dieu a du « poids » Seul il est une réalité qui demeure à jamais… Toute notre prière ne voudrait confesser que cela. Nos mots, nos paroles ne veulent dire qu’une chose : tout vient de Dieu, tout est pour Dieu, et tout prend sens en lui. A lui seul la gloire par l’honneur et la révérence qui lui sont témoignés, car lui seul a du « poids ».
Mais notre adoration, lors de chaque Gloria nous entraîne plus loin en nous faisant confesser le mystère trinitaire… A chaque fois, nous est offerte la grâce de nous tourner vers le Père, vers le Fils et vers l’Esprit Saint. Dans la formule développée, nous confessons le Père tout puissant, c’est lui la source de tout pouvoir et toute possibilité, nous confessons le Fils, manifesté au Jésus Christ et qui a été fait Seigneur en sa Résurrection, lui vrai Dieu et vrai homme, enfin nous confessons le Saint Esprit qui habite en nos cœurs, lui le Maître intérieur qui nous entraîne dans la prière. Oui nous pouvons doublement nous réjouir que nous soit offerte l’opportunité de nous lever et de nous incliner en l’honneur de la Ste Trinité : d’une part, ce mouvement veut unifier tout notre être corps, cœur et esprit dans l’adoration et d’autre part par cette confession, c’est tout le mystère Trinitaire que nous adorons, contemplons, et aimons. Nous pouvons rendre grâce à Dieu d’être ainsi convoqué à le chanter, le louer l’adorer et à entrer par là plus profondément dans son mystère. (2009-02-1)
7. Tous suivront donc en tout la règle comme leur maîtresse, et nul n'aura la témérité de s'en écarter.
8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,
9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.
10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.
11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.
12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,
13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »
De l’appel des frères en conseil.
Du titre de ce chapitre, je retiendrais volontiers le mot « appel ». Car ce qui se passe dans nos conseils, aujourd’hui on dirait nos chapitres conventuels, est vraiment de l’ordre d’un appel à entendre. Benoît parle de l’abbé qui « convoque » et des frères qui « sont appelés au conseil » Oui dans chacune de nos rencontres en chapitre conventuel, mais aussi au conseil, chacun des frères doit entendre un appel. Quel appel ? Un appel qui fait écho au 1er appel entendu par chacun quand il est venu au monastère. Un appel qui invite à se tenir dans cette même attitude d’écoute foncière de la volonté du Seigneur. Ensemble, il s’agit d’écouter l’appel que le Seigneur nous adresse aujourd’hui dans la fidélité à nos appels personnels et dans la continuité des appels adressés à la communauté depuis sa fondation. Le Seigneur appelle toujours et désir nous révéler sa volonté. Chacun en venant au chapitre doit chercher à discerner ce qui pour lui est juste, ce qu’il comprend au regard de la question posée. Dans une première étape, il est bon que chacun puisse vraiment préparer sa réponse, son propre discernement… Personne ne peut prétendre avoir la réponse définitive, mais ce que chacun a essayé de discerner avec humilité, en le mettant par écrit par exemple, cela est très précieux pour le bien de tous. L’abbé de son côté est invité à écouter chacun pour entendre dans ce qui est dit par les uns et les autres ce que le Seigneur veut dire pour la marche de la communauté. Dans nos chapitres, il nous faut accepter d’entrer dans cette attitude humble d’écoute… en se disposant chacun à être les plus disponibles, dociles, à l’œuvre de l’Esprit… Car soit les frères qui parlent, soit l’abbé qui écoute puis discerne, tous nous sommes, les uns pour les autres, instruments de l’Esprit.
C’est aussi et nous même et les autres, qu’il faut nous considérer. Avec le psalmiste, nous pouvons demander « Apprend-nous à faire ta volonté… Ton souffle est bienfaisant, qu’il nous guide… (Ps 142,10)
1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.
2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.
3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.
4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.
5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :
6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,
7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.
Excommunication – Hier j’en soulignais la dimension ecclésiale et communautaire. La séparation temporaire nous renvoie à la profondeur du lien créé entre nous par la foi et par notre recherche commune dans la vie monastique. Cette exclusion temporaire se veut thérapeutique car le moine n’est pas fait pour être isolé ou replié sur lui-même, comme tout être humain, il est fait pour la communion.
En cette journée mondiale du refus de la misère, prônée par ATD quart monde, j’aurais envie d’élargir le regard sur d’autres excommunications en fait des « exclusions » qui se vivent dans notre société. Celles-ci ne se veulent pas thérapeutiques, mais protectrice ou sécuritaires pour préserver la tranquillité de notre société. En me référant à des documents envoyés par Martine Buhrig, je voudrais mentionner ces exclusions qui blessent notre vivre ensemble en société.
Il y a la situation des sans-abris qui errent dans nos villes et qui passent par chez nous parfois. Certains meurent dans le plus complet incognito. Un collectif des « morts sans toi(t) essaie à Lyon, comme d’autres associations ailleurs de veiller à honorer leur mémoire. Ainsi ce sont 115 personnes mortes seules sans référence à d’autres, mortes dans la rue en détention chez elles oubliées.
Il y a la situation des Roms, qui viennent de Roumanie ou de Bulgarie et qui fuient la misère en espérant trouver en Occident quelques euros pour survire. Ils errent dans nos villes et se font des campements de fortune.
Je cite Martine Buhrig « La police vient de déguerpir les Roms juste avant le rentrée pour que les jeunes ne puissent pas retourner à l’école et conforter des liens forts avec leurs copains français ? Entre deux périphériques, des broussailles et sous bois, un homme frappe sur des bouts de bois pour les enfoncer en terre. Près de lui, sa femme et ses enfants. Il fait gris, frais et humide. La pluie se retient encore de tomber. Vite poser un habitat de fortune. Je suis prise d’une peine immense, de colère contre cette injustice sociale et des larmes jaillissent face à cette capacité que nous avons à traiter d’autres êtres humains comme des bêtes, alors que nos sociétés ont tout pour rendre des citoyens heureux. Il suffit seulement de partager la part du gâteau. Il me semble bon d’entendre cet écho de notre société actuelle qui exclue et peine à donner sa place à tous. Nous en sommes. Nous pourrons prier pour que les cœurs ne se ferment pas ! (2012-10-17)
1. Si un frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur et contrevenant sur quelque point de la sainte règle et aux commandements de ses anciens, avec des manifestations de mépris,
2. ses anciens l'avertiront, selon le commandement de Notre Seigneur, une première et une seconde fois en privé.
3. S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tout le monde.
4. Si même alors il ne se corrige pas, s'il comprend ce qu'est cette peine, il subira l'excommunication.
5. Mais si c'est une mauvaise tête, il recevra un châtiment corporel.
Ces chapitres de la RB du Code pénitentiel sont toujours un peu étonnants pour nous. Ils nous dérangent et nous déplacent. Et en plus, il y en a huit à la suite, et encore quatre autres aux chapitres 43-46. Ils nous surprennent car ils s’appuient sur une forte conception de la communauté et de la communion qui n’est plus la nôtre. Une conception très concrète où tout manquement par rapport à la RB, où toute manifestation de mépris à l’égard des frères est perçue comme une blessure de la communion. La communication est brisée, cela doit se manifester en une « excommunication ». Nous sommes de notre côté très pétris par la mentalité individualiste qui s’est mue sur le plan spirituel et ecclésiale, en une vision individualiste du salut. « L’essentiel est d’avoir sa messe » etc.. Peu importe la communauté dans laquelle je célèbre. Nous sommes doublement individualistes : tout d’abord par le désir d’affirmer même juste et bon ce que l’on fait et pense, même si c’est en décalage avec la règle commune, et ensuite parce que l’on aura tendance à laisser un frère à lui-même, jusque dans ses errances, au nom du respect de la liberté. Voilà les deux tentations individualistes qui nous guettent et qui sont d’autant plus sensibles qu’elles sont dans l’air que nous respirons.
Notre vie monastique à l’école de Benoit à la suite du Christ veut nous apprendre l’inverse : c’est à dire à devenir nous-mêmes tout en nous soumettant à une règle commune et à pendre à cœur le bien des autres dans une vraie sollicitude fraternelle. C’est je crois, ce que nous disent en substance ces chapitres qui traitent de l’attitude à avoir par rapport à un frère en faute. A l’heure où nous faisons mémoire de Vatican II et de sa redécouverte de l’Eglise comme Peuple de Dieu, nous pouvons reprendre conscience de notre être personnel qui est inséparablement un être communautaire. C’est grâce à ce Peuple dont je fais partie, qui m’a vu naitre et qui me porte, que je deviens peu à peu ce que je suis. Et c’est à ce peuple que je me donne et c’est lui que je porte à mon tour. Notre vie en communauté nous donne de vivre cette dimension ecclésiale du Peuple de Dieu, qui est mystère de communion où les personnes deviennent peu à peu elle-même, grâce aux relations qu’elles tissent en Christ. (2012-10-16)
1. Ils auront chacun un lit pour dormir.
2. Ils recevront, par les soins de leur abbé, une literie adaptée à leur ascèse personnelle.
3. Si faire se peut, tous dormiront dans un même local. Si leur grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt avec leurs anciens, qui veilleront sur eux.
4. Une lampe brûlera continuellement dans cette pièce jusqu'au matin.
5. Ils dormiront vêtus et ceints de ceintures ou de cordes, pour ne pas avoir de couteaux à leur côté pendant qu'ils dorment, de peur qu’ils ne blessent le dormeur pendant son sommeil,
6. et pour que les moines soient toujours prêts et que, quand on donne le signal, ils se lèvent sans attendre et se hâtent de se devancer à l'œuvre de Dieu, mais en toute gravité et retenue.
7. Les frères encore adolescents n'auront pas leurs lits les uns près des autres, mais mêlés aux anciens.
Dans la RM 49.3, il est prévu que les lits des moines sont disposés en cercle et celui de l’abbé se trouve au centre, « pour que tel un pasteur attentif et zélé, il surveille le troupeau tout entier de ses brebis rassemblé en un seul bercail ». Benoit est plus sobre dans les détails, proposant cependant ce qui était devenu la norme : le dortoir. On perçoit fortement dans ce chapitre la dimension communautaire, impliquée par le fait de dormir en dortoir. Non seulement dans la journée, mais aussi dans la nuit. Les moines s’entraident en se stimulant pour aller à l’œuvre de Dieu et ils veillent les uns sur les autres. Nos frères trappistes qui ont gardé le dortoir en forme de box conservent en partie cette tradition de soutien mutuel en tout temps. La répétition du mot «invicem » traduit par «mutuellement» dans le fait de s’exhorter à se lever et à se hâter pour l’office divin est significative. Apparait ici d’autant mieux un des buts de notre vie commune, de jour comme de nuit.
La cellule dont nous disposons va-t-elle atténuer cette dimension d’entraide de notre vie commune ? Cela peut être possible si la cellule se transforme en une sorte de forteresse où le frère se réfugierait à l’abri de tout regard. Mais j’entends aussi des frères me dire qu’ils s’entraident pour se lever, en frappant chez l’un ou l’autre afin d ‘être sûr d’être réveillé pour l’office. Mais la cellule comporte les risques de ses chances. Elle est cet espace réservé où chacun est invité à aller au meilleur de lui-même sous le regard de son Dieu. « Retire-toi dans ta chambre pour prier. Ton Père voit ce que tu fais en secret. Il te le revaudra » Mt 6.6. Notre vie en cellule n’a pas d’autre but que de nous permettre ce cœur à cœur avec Dieu, plus simple et plus intime. Dans le silence pour le repos comme pour la lectio, nous sommes là sous son regard. Notre risque serait d’oublier cela et notre cellule peut vite devenir une caverne d’Ali Baba, ou le studio d’un étudiant. Sachons garder à notre cellule ce caractère unique. Elle peut nous aider à devenir davantage ce que nous sommes, des fils de notre Père qui est là tout proche de nous. (2012-10-13)
1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,
2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.
3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.
4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.
5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera
6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.
7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.
En écho à ce chapitre sur les doyens, nous pouvons entendre cette question de la Genèse : « Suis- je le gardien de mon frère ? » dans la bouche de Caïn cette question porte en elle la réponse négative. En instaurant des doyens, Benoit invite des frères, aux côtés de l’abbé, à veiller sur d’autres frères, sur une décanie. Si la réponse de Caïn laisserait penser que chacun est appelé à se débrouiller seul, dan s le monastère de Benoit, il n’en est pas ainsi. Les doyens veillent sur une dizaine de frères, l’infirmier sur les malades, le cellérier sur l’ensemble des frères en leurs besoins matériels, le maitre des novices sur les nouveaux venus, l’hôtelier sur les hôtes. «Suis-je le gardien de mon frère ? » Oui, répondrait Benoit sans hésiter, mais pas n’importe comment. Personne ne s’arroge à soi-même une quelconque responsabilité sur les autres, mais il l’a reçoit, à commencer par l’abbé, élu par ses frères. Ici pour les doyens, Benoit précise quelques critères pour confier la responsabilité de frères à un autre frère : le mérite de sa vie, la sagesse de son enseignement, mais aussi l’humilité et une certaine conscience de partager le fardeau de l’abbé. On le voit ce qui est requis est une capacité à conduire sa propre vie et à entrer dans une vision globale de notre vie monastique. Pouvoir être responsable d’autres, c’est en d’autres termes, pouvoir répondre de sa propre vie et pouvoir répondre du projet commun de notre vie au monastère. Ceci est-il réservé à quelques uns seulement ? Chacun a notre niveau, nous sommes appelés à devenir toujours plus responsable de notre vie personnelle et de notre vie communautaire. La succession et le roulement dans les charges et les emplois nous font devenir un jour ou l’autre responsable d’autres frères concrets ou d’un secteur d’activité du monastère. C’est heureux qu’il en soit ainsi. Cela nous ouvre l’esprit et le cœur à la préoccupation plus large que notre seule vie ?. Cela nous renvoie en même temps à prendre encore plus au sérieux la responsabilité de notre propre vie, de notre emploi du temps, de notre discipline de vie etc. Ce roulement dans les charges et les emplois voudraient nous apprendre à nous sentir toujours plus responsable les uns des autres, quelque soit notre fonction. Porter au cœur avec discrétion et fraternité le souci de l’autre, de mon frère proche. (2012-10-12)
1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
Benoit compare l’attitude que l’on a face aux grands de ce monde et celle face à Dieu dans la prière. Devant les grands de ce monde on se présente avec humilité et révérence à plus forte raison devant Dieu doit on venir avec humilité et très pure dévotion. Il est intéressant de remarquer que les deux ne sont pas identiques : d’un côté humilité et révérence et de l’autre humilité et très pure dévotion. Devant les hommes l a révérence, devant Dieu la très pure dévotion. La révérence est cette crainte marquée de respect, la dévotion est cet engagement de tout l’être qui se voue à Dieu. A partir de la RM 48, on peut penser que l’oraison dont il s’agit ici, se faisait allongé par terre le visage contre le sol. L’attitude exprimait en elle-même un engagement fort de tout l’être. Mais elle comportait le risque de s’endormir ou de divaguer dans des pensées. D’où l’insistance de Benoit sur la qualité de l’attention intérieure ; la pureté du cœur et de l’engagement, les larmes de la componction. Devant les hommes, le respect craintif peut suffire. Devant Dieu, c’est l’engagement et la pureté du cœur qui comptent. Dire cela, c’est dire que nous n’avons pas fini d’apprendre à prier. Comment prier de telle façon que notre prière soit un vrai engagement de tout notre être, une expression de notre amour pour Dieu ? Comment ? Il n’y a pas de recettes, mais cependant quelques points de repères peuvent aider à nous tenir plus en vérité devant notre Dieu. Avec le jeune Samuel dans le temple de Silo ( 1 Sam 3 1-10) Nous pouvons dire au Seigneur « Me voici » c'est-à-dire venir en nous présentant devant lui tel que nous sommes, avec ce qui nous habite, nous préoccupe peut-être. Venir avec toute notre vie pour la déposer devant lui, que ce soit au début de l’office, de la lectio ou de l’oraison. Nous pouvons ensuite lui dire : «Parle , Seigneur, ton serviteur écoute », c’est à dire lui exprimer notre désir de l’entendre, de laisser sa Parole nous rejoindre. Dans la prière, nous voudrions surtout laisser la Parole à Dieu ; laisser sa parole nourrir et rejoindre notre être profond. Ce pourra être en répétant une phrase ou un mot d’un passage lu ou entendu. Ce pourra être seulement de faire silence et être là dans une attention confiante et filiale devant notre Père. A l’office entre deux psaumes, après une lecture durant la lectio, ou dans un temps plus long, la prière silencieuse plus personnelle est à chaque fois une chance et un défi: la chance d’être là en présence du Seigneur de l’Univers, Mon Seigneur et Mon Dieu, et le défi d’être en vérité devant lui toujours plus à l’écoute. (2012-10-11)
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
7. et quand nous nous tenons debout pour psalmodier, faisons en sorte que notre esprit concorde avec notre voix.
Dieu est présent partout, et surtout au moment de l’Office. Comment nous tenir en sa présence ? se demande Benoit. Il trouve des réponses dans les Écritures : il nous faut nous tenir dans la crainte du Seigneur et psalmodier avec sagesse. Et il nous laisse en finale cette recommandation : que « notre esprit concorde avec notre voix » en d’autres mots : que notre esprit, notre cœur, (concorde) et notre voix ne fassent qu’un. A la présence de Dieu, répondons par une présence totale et entière nous exhorte-t-il.
Oui à l’office une de nos tâches principales avec le chant, c’est d’être présent de cœur et d’esprit. A la différence de Dieu, qui est totalement présent à tout instant, et de toute éternité, ou en son échange trinitaire. Nous les hommes, nous faisons l’expérience de la dispersion, voire de la division. Nous pourrons être présent de corps, mais vagabond par nos pensées et parfois absent de cœur. «Le cœur n’y est pas ». Heureux sommes-nous quand nous prenons conscience que vivre ainsi nous pèse voire nous tiraille même corporellement. Nous aussi, nous sommes faits pour vivre unifiés, en nos pensées, notre affectivité et notre corps. Ainsi à l’office, l’unité se fait à partir du corps, le nôtre personnel et le corps communautaire. Nous chantons ensemble, assis ou debout, les louanges de Dieu. Nous nous rappelons ses merveilles. Nous nous tournons vers lui pour le prier au nom de toute l’Église. L’occasion nous est offerte d’entrer dans une relation intime au cœur de la prière commune. Portés les uns par les autres, chacun entre en relation unique avec son Père et notre Père. Chacun en se rassemblant, en unifiant son cœur et son esprit à sa voix, nous faisons plus souvent une expérience de paix, voire de plénitude. Les mots qui sortent de nos lèvres ne sont pas seulement des mots, mais deviennent notre dialogue avec Dieu. Ils prennent une densité et une épaisseur qui réjouissent le cœur et nourrissent l’intelligence. Dieu est là et dans les mots que je reçois de l’Église, je le rejoins avec mes frères… et je me laisse rejoindre par lui. J’approche son mystère et je me laisse enseigner par Lui. C’est, je crois, la grâce que nous vivons lorsque notre esprit concorde avec notre voix. Nous comprenons dès lors que cette recommandation de Benoit n’est pas qu’une affaire de discipline, mais vraiment une grâce à chercher et à accueillir. La grâce d’entrer dans une relation plus filiale avec notre Père dans le Christ, au milieu de nos frères. (2012-10-06)
22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,
23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,
24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,
25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !
Benoit conclue ce chapitre sur la répartition des psaumes avec une certaine force et solennité : par-dessus tout nous donnons cet avertissement si quelqu’un n’aime pas cette distribution qu’il établisse une autre ordonnance . Cet adverbe par-dessus tout (praecipue ) donne une autorité que l’on retrouve exprimée en deux autres chapitres. En RB 33,1 par-dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice (avoir quelque chose en propre) jusqu’à la racine , et en 64.20 et surtout (praecipue) que l’abbé garde en tous ses points la présente règle . Ainsi Benoit s’engage-t-il avec une même détermination pour laisser la liberté de distribuer les psaumes dans l’office que pour demander de retrancher le vice de l’appropriation ou pour exhorter l’abbé à se soumettre à la RB. Ceci témoigne de la belle liberté avec laquelle Benoit propose sa règle et plus particulièrement l’ordonnance de l’office divin. Si l’organisation de l’office lui tient vraiment à cœur, comme en témoigne la première place qu’il lui donne dans sa règle, il reste libre et n’entend pas figer sa réglementation. On peut choisir une autre façon de répartir les psaumes. Il est conscient peut être que cette répartition est liée à une certaine lecture théologique et liturgique du psautier et que bien d’autres son possibles. Le livre des psaumes se prête à cela comme en témoignent les nombreux schémas proposés après le Concile pour la célébration de l’office divin. Un même psaume peut convenir le matin ou le soir. Un autre exprimera simultanément la louange et le cri de détresse. Chaque ps reflète la richesse du jaillissement de la prière sous l’action de l’Esprit Saint. Il porte en lui une variété de sentiments et de mouvements du cœur. La prière du psalmiste est une prière libre qui nous apprend à devenir libres dans notre relation avec Dieu. C’est à dire à être tel que nous sommes devant lui sans faire semblant, comme des enfants confiants en ce Père qui les aime par-dessus tout .
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
Dans sa manière de choisir l’ordre des psaumes, Benoit semble avoir fonctionné en se donnant des priorités. Celles-ci apparaissent dans le fait qu’à certains offices comme à Laudes ou les petites heures, il choisit des psaumes précis. Veut-il que les psaumes expriment au plus près le caractère propre de l’heure célébrée ? La louange matinale à Laudes dans la lumière de la Résurrection. La prière persévérante du moine en chemin pour les petites heures avec le Ps 118 et les psaumes des montées. La prière confiante et abandonnée à Complies avec les psaumes 4,90,133. A Vêpres et plus encore à Vigiles, il semble prendre les longues séries de psaumes qui restent, à la suite, sans une attention trop précise, si ce n’est le fait de commencer le dimanche soir avec le Ps 109, le grand psaume messianique dans lequel l’Eglise a relu l’évènement pascal du Christ. Le Christ victorieux siège à la droite du Père après avoir mis sous ses pieds tous ses ennemis. Il a étendu avec le sceptre de la croix, sa puissance au cœur de l’ennemi qui est la mort.
Avec ce psaume 109, Benoit donne une orientation pascale forte à l’office des Vêpres. Nous célébrons l’assurance de la victoire du Christ sur le mal et sur la mort. Au soir de nos journées, avec leur poids de travail et de soucis, d’épreuves peut-être, il est bon de pouvoir tout remettre dans cette lumière pascale du Christ vivant et victorieux. Plusieurs des psaumes que nous chantons à Vêpres nous entrainent nettement dans cette vision pascale. Le Ps 110.5 du dimanche le Seigneur apporte la délivrance à son peuple ; son alliance est promulguée pour toujours . Lundi le Ps 32.18-19 : Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort . Les Ps 134 et 135 des mardi et mercredi, en évoquant la sortie d’Egypte et la victoire sur les rois de Canaan nous entrainent aussi dans le mémorial des merveilles de Dieu pour son peuple, merveille accomplie dans le passage victorieux du Christ à travers la mort. Le jeudi au Ps 137 nous chantons : Ta droite me rend vainqueur. Le Seigneur fait tout pour moi. Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre . Le vendredi avec les Ps 136 et 141, nous sommes davantage avec le Christ dans l’épreuve de son passage et avec l’espérance qui l’habite : Tire-moi de la prison où je suis que je rende grâce à ton nom. Autour de moi, les justes feront cercle pour le bien que tu m’as fait . Le Ps 140 que nous chanterons ce soir finit par cette conviction qui, mise dans la bouche du Christ, trouve un éclairage profond : Les impies tomberont dans leur piège ; seul, moi, je passerai . La mort et la résurrection du Christ projette sur ce psaume une lumière unique : celle de l’accomplissement de tout en Christ. En reprenant aujourd’hui les psaumes, dans cette lumière, nous ne cessons d’offrir nos vies et celles des hommes à la puissance de la victoire du Christ.