vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 50, v 1-5 Des frères qui travaillent loi ou sont en voyage écrit le 14 février 2013
Verset(s) :

1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –

2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –

3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.

4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.

Commentaire :

Dans notre vie monastique assez stable, de manière habituelle, nous célébrons la prière des heures à l’oratoire. Ce lieu nous rassemble pour sanctifier le temps. Espace et temps régulent alors notre vie et façonnent en nous une fidélité profonde à une Autre Présence.

Benoît prévoit ici qu’un travail éloigné ou qu’une absence rende impossible la présence au chœur pour la prière. Il recommande avec clarté de ne pas pour autant négliger le service de la louange dans la célébration des heures. Si la dimension de l’espace n’est pas acquise, il importe de ne pas laisser passer la dimension du temps qui structure notre vie de moine. On pourrait dire ainsi avec humour que notre stabilité est moins dans un lieu donné que dans la fidélité au temps qui passe à célébrer. Nous sommes davantage les hommes du temps que de l’espace. Il s’agit de sanctifier le temps en quel lieu où l’on se trouve. Nous voulons en effet célébrer «Celui que les Cieux et les Cieux des Cieux ne peuvent contenir» qui est présent en tout lieu. Notre manière d’être à l’écoute de sa présence au milieu de nous, c’est d’être fidèle aux heures de la prière, sans crispation, ni scrupule mais réellement.

Chaque jour nous pouvons vivre cela avec la prière de None qui nous «dépayse» en nous donnant de célébrer en cellule, sur le lieu de travail, en début de réunion etc.. Ce dépaysement de la prière est certainement une chance, c’est aussi une exigence pour chacun et pour tous. Quand nous sommes ensemble, n’ayons pas peur de nous exhorter à ce temps de prière. De même si nous sommes en voyage, soyons simple, sans faux-respect humain pour demeurer fidèle à notre service de moine qui n’est pas circonscrit à la clôture du monastère. De même dans les absences plus longues, chacun est renvoyé à sa responsabilité pour garder cet esprit de prière, cette attention à chanter la Gloire de notre Dieu. Même si les conditions seront différentes concrètement. Parce qu’en tout lieu on sert le même Seigneur. (2013-02-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 49, v 5-10 De l’observance du Carême écrit le 12 février 2013
Verset(s) :

5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,

6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,

7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,

9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.

10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.

Commentaire :



Et si ce Carême qui commence était l’occasion de vivre un peu plus accordé à l’Esprit Saint ? Une occasion de vouloir davantage ce qu’il veut pour nous ?

Dans les lignes entendues ce matin, Benoît nous propose une sorte de pédagogie pour accorder davantage notre volonté aux motions de l’Esprit Saint.

En effet outre ce que la Règle prévoit comme démarche communautaire (repas retardés à Vêpres), Benoît invite chaque moine à offrir quelque chose de son «propre mouvement». Mot à mot à offrir quelque chose de sa «volonté propre». C’est le seul passage où l’expression «volonté propre» est entendue positivement. Où est la différence entre une volonté propre positive et une volonté propre négative ? Dans la manière de vivre les choses, soit on se donne, on lâche prise, on renonce à notre confort immédiat (ici à propos de la nourriture, ou de la loquacité etc..), soit au contraire on cherche son intérêt ou on défend son point de vue, comme d’autres chapitres de la RB le suggère. Et ici Benoît ajoute que la volonté propre positive qui se donne est animée de la joie de l’Esprit Saint. Seul l’Esprit Saint peut nous aider à nous donner vraiment sans chercher notre intérêt d’abord. En ce temps de Carême, il nous faut demander la grâce de l’Esprit Saint pour mieux écouter ce qu’il nous suggère pour mieux nous donner et pour qu’il accompagne notre chemin de conversion.

Benoît poursuit en donnant un repère concret. Pour être sûr de ne pas être dans l’illusion sur les motions de l’Esprit Saint, il recommande de s’ouvrir de sa volonté de conversion sur tel point ou tel autre, à l’abbé «pour tout faire avec l’oraison et l’agrément», mot à mot la volonté de l’abbé.

De cette manière le moine va pouvoir «attendre la Sainte Pâques avec la joie du désir spirituel». L’Esprit Saint veut nous entrainer dans cette joie profonde, où notre désir, notre volonté s’accorde à son élan de vie et de don. Nous sommes appelés à nous donner à Dieu dans la prière et le jeûne, et à nos frères dans le partage et la disponibilité. Demandons cette grâce les uns pour les autres d’être plus docile et plus heureux sous la conduite de l’Esprit Saint, pour vivre ensemble ce Carême avec fruits.( 2013-02-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 49, v 1-4 De l’observance du Carême écrit le 09 février 2013
Verset(s) :

1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,

2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,

3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.

4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.

Commentaire :



Ce chapitre tombe à propos à la veille du Carême dans lequel nous entrerons mercredi prochain. Que la Règle consacre un chapitre sur la manière de vivre ce temps liturgique suffit à ne montrer l’importance dans la vie du moine. Ce temps en effet nous rappelle à chacun le cœur de notre consécration religieuse : nous convertir. SI en tout temps, on doit chercher à se convertir, le carême est un temps privilégié pour nous en rappeler le sens et l’urgence. Le sens de notre conversion, c’est devenir semblable au Christ dans sa mort et sa résurrection. En cheminant vers Pâques, nous apprenons à mettre nos pas dans ceux du Christ. Nous apprenons à mourir à notre égoïsme et à tout ce qui nous centre sur nous-mêmes, pour accueillir la vie du ressuscité. Le Carême nous rappelle l’urgence d’entrer dans ce mouvement de vie. Le péché nous retient dans la médiocrité. Le temps qui passe nous presse de nous ouvrir à la vraie vie.

Il est heureux que nous percevions la force spirituelle, le poids du Carême dans notre vie chrétienne et monastique. Il veut réactiver l’eau baptismale, nous faire passer de la mort de nos demi-mesures à la vie d’un don toujours plus entier de nous-mêmes. Je disais, il y a peu à un frère, que cela m’est toujours un peu difficile d’entrer en Carême. Cela me coûte. Vivre avec plus d’attention et dans une écoute renouvelée. Consentir à jeûner, c’est à dire à ne pas compter sur mes seules forces physiques, mais à chercher dans le Seigneur mon appui. Tout cela vient prendre à rebrousse poil, mon inclination naturelle à mener une vie tranquille. On peut mieux saisir ici, la notation des évangélistes synoptiques qui précisent que c’est l’Esprit Saint qui pousse Jésus au désert où il va être tenté. Si l’Esprit Saint ne nous pousse pas, ne nous accompagne pas durant ces quarante jours, nous ne pourrons recueillir le fruit de conversion attendu. Qu’il vienne apaiser en nous ce qu’il peut y avoir de crainte. Qu’il nous aide à nous décentrer de nous-mêmes pour regarder Jésus, le Christ humilié par amour pour nous. (2013-02-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, v 22-25 Du travail manuel écrit le 08 février 2013
Verset(s) :

22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.

23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.

24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.

25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.

Commentaire :

Nous voyons ici la façon avec laquelle Benoit envisage le dimanche, un peu à la manière du sabbat chez les juifs. C’est un jour davantage adonné à la lecture et à la médiation de la Parole de Dieu. Jour de repos et de repos dans le Seigneur. Ce trait corrobore la vision générale de ce chapitre sur le travail et la lecture. Toute la vie du moine voudrait être vécue de façon unifiée. Elle est occupée, c'est-à-dire toute donnée ; dans les activités manuelles, dans la lecture et la prière. Surtout Benoît voudrait éviter que le moine soit oisif en errant de ci de là, sans but. Même le repos n’est pas un farniente, mais un moment vécu sous la lumière de la Parole de Dieu. Cette approche très unifiée fait-elle vraiment droit au besoin de repos du moine, serions- nous tenté de demander? Dans notre monde marqué par une culture des loisirs en plus en plus prégnante et élaborée, nous pouvons ressentir un décalage fort. L’excès que peut produire cette culture où l’on parlera de «s’éclater» est à l’opposé de la vision très unifiée, voir uniforme, de Benoît. Mais le repos et le loisir ne peuvent-ils pas trouver dans notre vie monastique une juste posture ? La vie monastique ne peut-elle pas avec son rythme et ses équilibres nous aider à donner une juste place au repos ? Elle veut nous apprendre à ne pas le vivre de façon autonome en nous offrant le cadre horaire pour le vivre (après le repas, les dimanches – chez nous le samedi après midi). Elle nous appelle à le vivre dans la cohérence avec toutes les autres activités de travail, de lecture et de prière. Si le repos ou tel loisir nous sort de notre désir d’être tout à Dieu et tout à la communauté, est-ce encore un loisir monastique ? Finalement le vrai critère de nos loisirs n’est-il pas celui de l’unification de toute notre vie en Dieu ? Si le loisir qu’il soit plus artistique ou plus sportif, plus ludique ou culturel, s’il permet à notre cœur de trouver son repos en Dieu et sa paix profonde en relation avec des frères, n’est-il pas alors vraiment monastique ? Avouons-le, ceci n’est pas si automatique. Comme en toute chose, nous avons à convertir notre façon de nous détendre pour la faire passer du «je m’éclate » au «j’unifie toute ma vie ». Dans notre contexte actuel, ce n’est pas si facile, mais ce peut-être un vrai témoignage à offrir !! (2013-02-08)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, v 14-21 Du travail manuel de chaque jour écrit le 07 février 2013
Verset(s) :

14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.

15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.

16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.

17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.

18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.

19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;

20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.

21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.

Commentaire :

Vaquer à la lecture, ou vaquer à l’oisiveté ou au bavardage? Telle est la tentation que Benoît repère aux heures prévues pour la lectio. La tentation est subtile car à la différence d’un travail manuel qui tend à un résultat concret en exerçant ses mains et sa force, la lecture se présente comme activité moins engageante. En parlant de «vaquer à la lecture», expression qui revient plusieurs fois, Benoit suggère que le moine fait le vide, se libère pour lire. Les anciens vaquaient à la philosophie considérée comme «otium», comme «loisir». De même s’adonner à la lecture suppose de consentir à s’arrêter et à se rendre disponible pour une activité apparemment non rentable et non productive. Par rapport au travail manuel, la lecture se présente comme une sorte de loisir. Mais telle n’est pas la façon avec laquelle Benoît la considère. Il l’intègre dans l’horaire monastique comme un exercice dans lequel le moine doit s’appliquer, tendre de tout son esprit (intendere). La lecture se présente alors non comme un loisir, mais finalement comme une sorte de travail. C’est l’inverse de l’oisiveté et du bavardage qui sont les expressions de l’acédie. Rester sans rien faire, bavarder sont aussi une forme de vide où l’on s’arrête. Mais fruits de l’acédie, ils font du tord au moine en le maintenant dans un vide intérieure et une sorte de dégout des choses spirituelles. La lecture au contraire nous entraine à demeurer actifs et vivant dans notre vie à l’écoute de l’Esprit saint. Elle nous permet de nous engager résolument pour que Dieu, par sa Parole agisse en nous. Qu’elle soit sous les deux formes complémentaires de la lecture de la Bible ou de la lecture d’auteurs spirituels, la lecture est un travail de l’âme, du cœur pour rester éveillé aux choses de Dieu. Elle veut nous rendre responsable de notre santé intérieure. Comme pour les aliments, de sa quantité et de sa qualité va dépendre beaucoup notre santé spirituelle. Si nous la faisons à la «va-vite» ou en «dilettante», nous sommes comme ces personnes qui se contentent de grignoter à la va-vite leurs repas. Le risque sera alors de chercher ailleurs sa nourriture dans des lectures faciles, sur internet, ou ailleurs. La lecture spirituelle, la lectio divina demande un vrai engagement de notre part, car elle veut nourrir notre alliance et notre relation avec Dieu. , (2013-02-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, v 14-21 Du travail manuel de chaque jour écrit le 07 février 2013
Verset(s) :

14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.

15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.

16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.

17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.

18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.

19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;

20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.

21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.

Commentaire :

Vaquer à la lecture, ou vaquer à l’oisiveté ou au bavardage? Telle est la tentation que Benoît repère aux heures prévues pour la lectio. La tentation est subtile car à la différence d’un travail manuel qui tend à un résultat concret en exerçant ses mains et sa force, la lecture se présente comme activité moins engageante. En parlant de «vaquer à la lecture», expression qui revient plusieurs fois, Benoit suggère que le moine fait le vide, se libère pour lire. Les anciens vaquaient à la philosophie considérée comme «otium», comme «loisir». De même s’adonner à la lecture suppose de consentir à s’arrêter et à se rendre disponible pour une activité apparemment non rentable et non productive. Par rapport au travail manuel, la lecture se présente comme une sorte de loisir. Mais telle n’est pas la façon avec laquelle Benoît la considère. Il l’intègre dans l’horaire monastique comme un exercice dans lequel le moine doit s’appliquer, tendre de tout son esprit (intendere). La lecture se présente alors non comme un loisir, mais finalement comme une sorte de travail. C’est l’inverse de l’oisiveté et du bavardage qui sont les expressions de l’acédie. Rester sans rien faire, bavarder sont aussi une forme de vide où l’on s’arrête. Mais fruits de l’acédie, ils font du tord au moine en le maintenant dans un vide intérieure et une sorte de dégout des choses spirituelles. La lecture au contraire nous entraine à demeurer actifs et vivant dans notre vie à l’écoute de l’Esprit saint. Elle nous permet de nous engager résolument pour que Dieu, par sa Parole agisse en nous. Qu’elle soit sous les deux formes complémentaires de la lecture de la Bible ou de la lecture d’auteurs spirituels, la lecture est un travail de l’âme, du cœur pour rester éveillé aux choses de Dieu. Elle veut nous rendre responsable de notre santé intérieure. Comme pour les aliments, de sa quantité et de sa qualité va dépendre beaucoup notre santé spirituelle. Si nous la faisons à la «va-vite» ou en «dilettante», nous sommes comme ces personnes qui se contentent de grignoter à la va-vite leurs repas. Le risque sera alors de chercher ailleurs sa nourriture dans des lectures faciles, sur internet, ou ailleurs. La lecture spirituelle, la lectio divina demande un vrai engagement de notre part, car elle veut nourrir notre alliance et notre relation avec Dieu. , (2013-02-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, v 7-13 Du travail manuel de chaque jour écrit le 06 février 2013
Verset(s) :

7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,

8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.

9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.

10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.

11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.

12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.

13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.

Commentaire :

« Ils n’en seront pas fâchés ou attristés » Benoît invite les moines à un joyeux réalisme ou au moins à ne pas sombrer dans la tristesse, si est exigé de leur part davantage de travail ou un travail plus simple comme le travail des champs.

Le travail et le lieu par excellence qui nous place au cœur de la réalité. Réalité de la matière : matière vivante des aliments que l’on produit comme les fromages ou que l’on prépare à la cuisine ; matière des tissus que l’on ne lave pas à n’importe qu’elle température et que l’on ne répare pas n’importe comment ; matière de la chaudière à bois difficile à régler, des voitures à surveiller, ou encore des ordinateurs capricieux. En tous nos lieux de travail, nous sommes confrontés à la matière de laquelle nous apprenons à connaitre les lois pour mieux la travailler ou travailler en synergie avec elle. Le travail nous confronte aussi à la réalité des « conditions locales », nous dit Benoît. Dans le Morvan, il est difficile d’élever des arbres fruitiers, mais on peut faire de l’élevage ou encore produire de l’électricité, les lieux, la qualité de la terre, la richesse de l’environnement, le climat sont autant de paramètres qui conditionnent notre façon de travailler.

Benoît ajoute la prise en compte d’un autre aspect de la réalité : la pauvreté. Si les moines sont pauvres, ils ne doivent pas rechigner devant aucun type de travail, pas même celui des champs (que RM ne voulait pas voir accomplir par des moines). Le travail nous permet d’assumer notre existence humaine fragile et instable et de la prendre en main. Le travail nous confronte aussi à un autre type de pauvreté : celles de nos limites. Il nous fait mesurer que nous ne sommes pas tout puissant. Nos forces et nos capacités sont limitées. En ce sens, il nous permet de mieux nous connaître nous-mêmes, pour apprendre à travailler avec justesse, ni trop, ni trop peu, sans s’étourdir ni s’écouter.

Le travail est une belle école de réalisme pour assumer pleinement notre condition humaine. Insérés, dans un milieu donné au prise avec la matière, la vie, le temps et les hommes, nous pouvons être heureux d’avoir du travail, et même rude parfois. A l’égalité avec tout homme nous sommes des artisans associés à l’œuvre créatrice divine. Nous apportons notre part à la manifestation de la vie voulue par Dieu, vie qui est «très bonne». (2013-02-06)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, v 1-9 Du travail manuel de chaque jour écrit le 05 février 2013
Verset(s) :

1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.

2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :

3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.

4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.

5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.

6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.

7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,

8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.

9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.

Commentaire :

A propos du chapitre précédent sur le signal de l’heure de l’œuvre de Dieu, je relevais l’importance que Benoît accordait au fait que chaque chose devait être accomplie au temps voulu. Dans la même visée, ici Benoît précise l‘horaire des activités du moine, activités faites essentiellement de travail et de lecture, en dehors des heures vouées à la prière. En d’autres chapitres, on voit qu’interviennent d’autres occupations comme les services hebdomadaires de la cuisine (RB 55). Au désir que toute chose soit accomplie en son temps, s’ajoute le souci que le moine ne reste pas oisif. Le temps dans la vie du moine n’est pas laissé à son libre arbitre. Le temps vécu par chacun est un temps offert à Dieu et à la communauté. Comme toute sa vie le moine s’engage à vivre le temps en acceptant de ne pas se le réserver. Donner son temps à Dieu et à ses frères, c’est notre manière de nous donner très concrètement. L’horaire monastique avec son rythme se veut être une aide pour nous donner heure après heure, jour après jour. Il veut nous éviter de rester oisif, inoccupé. Il veut surtout nous garder de nous mettre à notre propre compte. Les heures de lectio sont données à Dieu comme un espace gratuit offert pour que la Parole fasse son œuvre en nous. Les heures de travail sont offertes à la communauté pour assurer sa subsistance et son développement, son ouverture aussi au plus pauvre. En écoutant ce chapitre, je voudrais inviter chacun à vérifier où il en est de son équilibre. Est-ce un équilibre de don de soi ou est-ce un équilibre de course après le temps ? Vivons nous notre horaire comme une recherche toujours insatisfaite de gagner du temps pour soi ou le vivons nous comme une chance de nous donner à Dieu et à nos frères ? Dans notre contexte culturel où le temps se monnaie («Time is money »), notre horaire se présente comme une forte contrainte à notre part encore mondaine. Allons-nous le subir ou au contraire nous laisser façonner par lui, pour devenir davantage capable de nous donner ? (2013-02-05)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 47, v 1-4 Du signal de l’heure de l’œuvre de Dieu écrit le 02 février 2013
Verset(s) :

1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.

2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.

3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.

4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.

Commentaire :

« Pour que tout s’accomplisse aux heures voulues ». La sagesse populaire commenterait ainsi cette recommandation de Benoît : « avant l’heure, ce n’est pas l’heure, après l’heure, ce n’est plus l’heure ». L’annonce de l’œuvre de Dieu qui rythme les journées obéit à cette exigence de ponctualité. Les cloches électrifiées, en lien avec une minuterie, nous rendent, de ce point de vue, un vrai service. Mais qu’elles viennent à se dérégler et nous ne savons plus bien où nous en sommes. Nous mesurons alors combien la régularité de l’annonce des heures contribue au déroulement paisible et harmonieux de nos journées.

Comme le dit l’Ecclésiaste, « il y a un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour engendrer, un temps pour mourir, un temps pour planter, un temps pour arracher » (Qo 3, v1-2). Nous pouvons ajouter en contexte monastique : « Un temps pour travailler, un temps pour célébrer l’office, un temps pour dormir, un temps pour veiller ». La vie monastique s’offre à nous comme une pédagogie très concrète pour faire toute chose aux heures voulues. Pour quoi faire ainsi une chose, puis s’arrêter sans avoir nécessairement achevé la première pour passer à autre chose ? Pourquoi cesser le travail là où il en est pour aller à l’Office ? N’est-ce pas pour nous apprendre la vraie dynamique du temps qui passe dans la lumière de Dieu ? Le temps n’est pas notre propriété qu’il faudrait à tout prix calculer –monnayer – épargner etc … Il nous est offert comme un don pour nous permettre de déployer toutes nos potentialités de maturité, de don, mais aussi de relation, d’émerveillement, de gratuité. Laissés à nous-mêmes, nous serions tentés soit de nous enfermer dans le travail, soit de nous laisser vivre paresseusement. L’alternance des activités et des jours dans la vie monastique est une belle école pour lâcher prise et apprendre à déployer toutes nos potentialités de dons de nous-mêmes er d’ouverture aux autres et à Dieu de qui nous recevons tout. Regardons avec bonheur cette alternance, où toute chose faite au temps voulu avec sérénité nous enseigne la belle profondeur de la vie des enfants de Dieu. Si nous nous surprenons à subir trop souvent ou à maugréer contre cette alternance des activités, prenons le temps de faire le point sur notre rythme. C’est le signe que quelque chose est à revoir. Entrer dans ce rythme et vivre nos journées dans la lumière de Dieu est un long apprentissage de liberté. (2013-02-02)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 46, v 1-6 De ceux qui commettent des manquements en certaines choses. écrit le 26 janvier 2013
Verset(s) :

1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement

2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,

3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,

4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.

5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,

6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.

Commentaire :

« Qu'il vienne le dire lui-même ! » Benoit désire développer dans lacommunauté une atmosphère de loyauté et de franchise. Nous

comporter comme des hommes. Cela suppose que l'on ne craint pas la communauté, mais qu'on l'aime. Elle est pour l'ensemble et pour chacun de nous le lieu où nous pouvons devenir davantage fils de Dieu. Si au contraire nous nous sentons surveillés, jugés, il faut en parler avec le père spirituel. C'est un reste de complexe infantile. Il risque paralyser toute liberté spirituelle. Croyons que Dieu nous aime, à travers chacun de nos frères.

« Il ira aussitôt s'en accuser spontanément. » Parmi les fautes où nous pouvons tomber, il y a les manquements matériels. Qu'ils soient commis en public, ou en secret. Les faire connaitre, s'en accuser. Puisqu'ils sont une atteinte au bien de la communauté, à ce que notre profession monastique a mis en commun, il est juste que nous nous en accusions devant la communauté.

Mais à côté de ces manquements matériels, il y a les fautes commises dans le secret du cœur. Ce secret appartient à Dieu seul. Il est inviolable. C'est au père spirituel seulement qu'il doit être révélé. Cette ouverture du cœur crée une relation d'un ordre supérieur, qui n'est pas de simple amitié. Mais elle est précieuse. Nous savons combien elle nous aide à vivre.

Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre accusation, publique ou au père spirituel, elle rétablit le cœur dans la lumière. L'ouverture du cœur nous met dans la lumière. Et un frère uni à Dieu est lumineux pour ses frères. (2013-01-26)