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1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»
2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.
3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;
4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,
5. et ainsi tous les membres seront en paix.
6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.
7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.
C'est l'un des très beaux chapitres de la Règle. Frère Adalbert nous dit
qu'il ne doit rien à la Règle du Maître. Ici Benoit a trouvé sa source dans
la Règle de Saint Augustin. Et celui-ci s'inspirait des Actes de Apôtres:
« Ils mettaient tout en commun » 4/32, et « Chacun recevait une part,
selon ses besoins » 4/35.
Mais Augustin prenait en considération l'origine sociale des frères.
Benoit, lui, ne parle pas du passé ni de l'origine des frères. Il distingue
les faibles et les forts. Ceux qui ont plus de besoins, et ceux qui en ont
moins. Les plus forts sont invités à rendre grâce à Dieu. En se gardant
de la tristesse et de la jalousie. Les plus faibles, mieux traités, sont
incités à l'humilité.
La conclusion du chapitre parle du murmure. Ce sont les plus robustes,
moins favorisés, qui peuvent être tentés de murmurer. Benoit revient
souvent dans la Règle sur ces pensées mauvaises, qui ruinent la paix du
cœur, et le climat de joie du monastère.
Augustin terminait par cette parole forte: « Heureux celui qui réduit ses
besoins. »
Ces besoins matériels sont une occasion, soit de nous tourner vers Dieu,
soit de nous éloigner de Lui. Nous pouvons y découvrir la bonté de Dieu
pour nous. Et la charité de nos frères, les services qu'ils nous rendent
sans cesse. Cette découverte de l'amour dont nous sommes entourés
par Dieu et par la communauté, peut nous rendre très heureux. Les uns
pour les autres, nous sommes révélation de l'Amour. Nous avons un
cœur capable de rendre heureux, pourvu que notre cœur soit ouvert à
la misère de tout homme. Le murmure, l'envie, la jalousie, le jugement
sévère sur nos frères, c'est tout à l'opposé.
Dans son cheminement spirituel vers Dieu, chacun est unique. C'est
pour cela que notre regard critique sur notre frère est toujours dans
l'erreur.
Progressons dans la charité fraternelle, c'est notre combat quotidien
pour grandir dans l'amour de Dieu, comme nous le rappelait frère
Silouane. (2012-11-15)
1. Par dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice jusqu'à la racine :
2. que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans permission de l'abbé,
3. ni d'avoir rien en propre, absolument aucun objet, ni livre, ni tablette, ni stylet, mais absolument rien,
4. puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition.
5. Tout ce dont on a besoin, on le demande au père du monastère, et personne n'a le droit de rien avoir que l'abbé ne lui ait donné ou permis.
6. Que « tout soit commun à tous », comme il est écrit, en sorte que « ;personne ne dise sien quoi que ce soit », ni ne le considère comme tel.
7. Si quelqu'un est pris à se complaire dans ce vice extrêmement pernicieux, on l'avertira une et deux fois ;
8. s'il ne s'amende pas, il subira une réprimande.
Cette fois Saint Benoit est beaucoup plus long que le Maître. Ce n'est
pas son habitude. Cela dit l'importance qu'il donne à la
désappropriation.
Il fait découler la pauvreté de l'obéissance. Dans cette perspective, la
relation à l'Abbé est déterminante. La pauvreté consiste à ne disposer
de rien sans sa permission. Benoit donne ici à l'Abbé le titre de « Père
du monastère ». Pour nous rappeler qu'il est le père à qui nous pouvons
tout demander. Pour lui rappeler qu'il a agir comme un père: « Quel
est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s'il lui demande
du pain? Ou un serpent s'il lui demande un poisson? » Lc 11/11 Le
dépouillement du moine est abandon entre les mains de Dieu.
La Règle du Maître concluait en disant: « Le bien du monastère est à
tous, et à personne. » Benoit, lui cite les Actes des Apôtres: « Que tout
soit commun à tous. » Ce qui nous renvoie à la première communauté
de Jérusalem, où la mise en commun des biens signifiait l'unité des
cœurs.
« Par-dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice de la
propriété jusqu'à la racine. » Pourquoi cette intransigeance? Il s'agit de
notre relation à Dieu. Souvent nous nous croyons libres, alors qu'un tas
de petites choses occupent encore notre cœur. Mais ce que nous
recherchons, c'est nous rendre de plus en plus dépendant, vis-à-vis de
Dieu. Une dépendance aimante. La pratique de la pauvreté enseignée
par la Règle veut nous aider à être toujours plus dociles à l'Esprit Saint.
La pauvreté n'est pas une question de plus ou de moins, c'est un désir
de conformité au Christ. Un besoin d'amour.
Aujourd'hui même Dieu nous invite à être pauvres. Sachons accueillir
les occasions qui se présentent.(2012-11-14)
1. Pour l'avoir du monastère en outils, vêtements et biens de toute sorte, l'abbé choisira des frères, de vie et mœurs dont il soit sûr,
2. et il leur remettra ces différents objets, comme il le jugera bon, pour qu'ils les conservent et les recueillent.
3. De ces objets, l'abbé gardera l'inventaire. Ainsi, quand les frères se succèdent à tour de rôle dans l'emploi, il saura ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
4. Si quelqu'un traite les biens du monastère sans propreté ou sans soin, on le réprimandera.
5. S'il ne s'amende pas, il subira les sanctions de règle.
L’avoir du monastère. Benoit prévoit qu’il soit bien conservé par quelques frères sûrs. Certainement est-il en son temps assez facilement inventoriable, les objets et outils étaient rares et donc très précieux.
Aujourd’hui, c’est tout autre chose. A cause de la longue histoire de notre communauté et à cause de la société de consommation qui offre sans cesse de nouveaux objets, l’avoir du monastère n’est plus quantifiable, ni gérable par un seul. La succession des frères dans les emplois demandent une vigilance précise pour que se transmette bien tout ce qui est confié à la garde du responsable. Il n’est pas rare qu’un nouveau responsable jette comme inutile sans prendre suffisamment d’information, quelque chose que l’on regrettera de ne plus avoir. Veillons avant de jeter ou de se séparer de quelque chose à s’informer de son usage précis. S’il y a le risque d’entasser et de s’encombrer, celui de jeter sans précaution existe aussi. Il arrive aussi que s’entassent dans des endroits un peu abandonnés des objets ou des outils qui, remis en service dans d’autres secteurs, seraient très utiles. Que la sous-cellérerie avec le cellérier veille à ne pas laisser trop d’endroits non rangés, où l’on ne sait plus bien ce qui s’y trouve.
Etant moins nombreux, les espaces libres s’agrandissent et l’on risque d’entasser inutilement. Par ailleurs des frères décèdent et laissent parfois des documents qui méritent d’être conservés. Je pense au P. Adalbert dont le fond est en partie regroupé grâce au frère Ghislain. D’autre part, normalement l’ensemble des documents du frère Jean-Fançois devrait retourner à la MdF. Merci au F.Orsise qui veille sur les archives des frères pour conserver une trace de qui a été important dans sa vie en lien avec la communauté. Il y a un équilibre à tenir et à parler à plusieurs, pour savoir ce qui mérite d’être gardé ou non. Cela aussi est un patrimoine communautaire. (2012-11-10)
17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.
18. On donnera ce qui est à donner et on demandera ce qui est à demander au moment voulu,
19. afin que personne ne soit troublé ou peiné dans la maison de Dieu.
«Sans perdre la paix de l’âme ». De nouveau, en concluant ce chapitre, Benoit se montre attentif au cellérier, au moine. S’il recommande au début qu’il veille sur son âme, il souhaite que la règle prévoie des aides à ses côtés pour qu’il remplisse sa charge sans perdre la paix de l’âme. L’aide fraternelle comme un rempart contre la tristesse ou le trouble de l’âme.
Tous, il nous arrive de traverser ces moments où l’on se sent seul pour faire quelque chose. Moments remplis d’un sentiment d’abandon plus ou moins fondé dans la réalité, mais sentiment pesant où le sol parait se dérober sous nos pieds. La barque intérieur prend l’eau . Benoit prévoit donc le soutien des frères pour que ne nous submerge pas le découragement, ni que s’installe le murmure. Le mot latin utilisé est «solacia» qui veut dire «soulagement, consolation et qui vient du verbe «solor» réconforter, consoler, adoucir, soulager. L’aide fraternelle envisagée ici n’est pas seulement technique et matérielle. Elle englobe davantage avec cette notre de réconfort et de soutien du frère aidé. Autrement dit, il n’y a pas d’un côté le travail en lui-même et la façon dont il se déroule le climat et l’ambiance. L’aide d’un frère qui s’acquitte au plus vite de sa tâche pour s’en aller sans demander son reste, reste bien en deçà de ce qu’exige une aide fraternelle. Ce type d’aide ressemble davantage à un travail de fonctionnaire qu’on a hâte de quitter. Or au monastère, nous ne sommes pas des fonctionnaires. Nous sommes des frères qui s’entraident et qui portent ensemble la réalité du travail ou de services. Celui qui aide un frère responsable d’un emploi le fait en se donnant vraiment, non du bout des doigts. Alors son aide sera précieuse et réconfortante. Alors le climat sera vraiment fraternel, celui d’une maison, la maison de Dieu édifié par chacun selon sa mesure. Tour à tour, nous sommes en position d’aider un frère, soyons alors des frères de réconfort. Et que notre frère Cyprien soit remercié pour sa vigilance sur notre grande maison. (2012-11-09)
12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,
13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »
Chapitre 03, v 12-13 De l’appel des frères en conseil
« Fais tout avec conseil ». Pour les choses de grande importance, l’abbé convoque l’ensemble de la communauté qui donnera son avis. Pour les choses moins importantes, il réunit le conseil des anciens ou doyens dirions-nous aujourd’hui. Ainsi en toute chose l’abbé est invité à prendre conseil, car c’est de la vie de la communauté qu’il s’agit. Ce précepte de «tout faire avec conseil» est très libérant. Effectivement, il est source de lumière pour l’abbé, ainsi souvent il évite bien des maladresses, des erreurs ou des oublis. Et à qui l’abbé demande-t-il conseil aujourd’hui ? Outre les deux instances communautaires mentionnées, je demande volontiers conseil aux frères à travers les commissions chargées d’un domaine de notre vie, mais aussi aux responsables d’emploi ou de secteurs, ou tout simplement à un frère dont je sais qu’il connait davantage la situation à éclairer. Ainsi y a-t-il deux critères qui m’orientent vers tel frère plutôt que tel autre pour rechercher son conseil : celui de la compétence ou de la connaissance sur le sujet et celui de la liberté par rapport au sujet et à l’abbé. Compétence et liberté du frère sont ainsi pour moi des gages de confiance dans le conseil demandé.
« Tu ne le regretteras pas » ; j’ai l’impression que c’est très vrai et cela à plusieurs niveaux. Tout d’abord au plan spirituel, parce qu’en demandant conseil, j’essaie de lâcher ce qui serait trop immédiatement selon mes vues. Demander conseil, c’est se mettre dans une attitude d’écoute pour chercher ensemble la volonté du Seigneur. Et ensuite au plus humain et pratique, je suis frappé de voir combien à travers le dialogue les idées viennent, des suggestions arrivent pour affiner le discernement. On est toujours plus intelligent à deux ou trois que tout seul !! Ce serait bien dommage dès lors de se priver du conseil des frères.
13. Qu'il ait avant tout l'humilité, et quand il n'y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole aimable,
14. comme il est écrit : « Une parole aimable surpasse le don le plus précieux. »
15. Tout ce que l'abbé lui enjoindra, il en aura la responsabilité ; ce qu'il lui interdira, il ne se le permettra pas.
16. Il fournira aux frères la ration prescrite sans arrogance ni délai, de peur qu'ils ne s'irritent, en se souvenant de ce que mérite, selon la parole divine, « celui qui irritera un des petits. »
17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.
«Une parole aimable surpasse le don le plus précieux ». Un peu plus haut, Benoit recommandait au cellérier d’opposer un refus raisonnable à une demande déraisonnable. Ici quand il n’y a rien à donner, il doit offrir une parole aimable. En entendant cela, on se dit c’est évident, cela coule de source. Si on regarde notre manière de réagir avec un peu de lucidité, on réalise que ce n’est pas si simple, et pas seulement pour le cellérier. Combien de fois quand un frère nous demande quelque chose que nous ne pouvons lui donner, ne sommes-nous pas tentés de lui répondre avec agressivité. Comme si nous ne supportons pas d’être en situation de faiblesse, comme si nous nous sentions agressés. Du coup, on risque d’envoyer le frère sur les roses. Pourquoi la parole aimable ne nous est-elle pas si spontanée ? Parce que la peur nous habite ? Ou bien la volonté de dominer tout ? Evagre a cette sentence « Mauvais économe accable les âmes des frères, l’homme du ressentiment n’aura pas pitié d’elles » (Aux moines 74). Le ressentiment, la peur, la volonté d’indépendance sont en nous des mouvements intérieurs qui nous aveuglent et nous enferment sur nous-mêmes. Nous pouvons devenir incapables d’accueillir les autres et leur offrir au moins une bonne parole. Parole désarmée certes, mais parole fraternelle. Et cette parole n’a pas de prix, car elle est un témoignage de charité. Charité modeste qui ne peut s’accompagner dans ce cas de don, mais charité bien réelle. Ne mésestimons pas cette charité d’une bonne parole, humble et démunie. Elle est un baume dans la vie quotidienne. Ne sous-estimons pas notre capacité à donner une bonne parole. Oui ne nous laissons pas paralyser par la peur, ou le stress, ou le manque. L’Esprit Saint en nous veut susciter la parole aimable. Qu’il soit notre souffle !! (2012-11-07)
10. Il considérera tous les vases du monastère et tout son avoir comme les vases sacrés de l'autel ;
« Il ne tiendra rien pour négligeable » Négligeable, négliger, négligent, ces mots reviennent assez souvent dans la RB. Rien n’est négligeable nous dit Benoit, ce matin à propos des outils. Ailleurs, il veille à ce que les malades ne soient pas négligés. Ou encore les négligents dans leur service à l’Office ou par leur retard sont invités à réparer par l’humilité.
En latin, le verbe « neglego » qui veut dire « négliger, ne pas s’occuper de, être insouciant, indifférents à » est la contraction de « nec-lego » mot à mot «ne pas lire». Mais le verbe lego avant de signifier lire, veut dire « ramasser, recueillir, choisir ». On pourrait ainsi traduire mot à mot nec-lego par « ne pas ramasser, ne pas recueillir, ne pas choisir, ne pas lire » !
Ainsi celui qui néglige quelque chose ou quelqu’un est une personne qui ne recueille pas, qui ne sait pas lire, reconnaitre ce qui est en train de se passer ou ce qu’un autre vit. Le négligent est quelqu’un qui passe à côté de la vraie valeur des choses (ici les objets du monastère). La vraie valeur des personnes (les malades par exemple) ou la vraie valeur du moment présent (il s’attarde au lieu d’aller à l’Office pour la prière). Le négligent ne sait pas lire et reconnaitre la profondeur de la réalité qu’il a sous les yeux. Il est indifférent, insouciant ou trop centré sur lui-même.
Benoit nous invite à lire la réalité avec toujours plus de profondeur et de largeur. Il nous invite à considérer la beauté et la qualité de tout objet comme celles des vases sacrés de l’autel. Il veut que l’on reconnaisse dans le malade, le Christ. Il désire que l’on vienne et que l’on soit à l’Office pour nous tenir devant Dieu Lui-même. La réalité des choses, des êtres et de notre vie n’est pas quelconque. Elle est belle et grande. Elle requiert de notre part une attention et une présence toujours plus précise. Car nous n’avons pas fini de la découvrir. Et ce n’est pas une des moindres de nos joies quotidiennes que de pouvoir reconnaitre cette valeur de la vie, de pouvoir la goûter, nous en émerveiller et en rendre grâce. (2012-11-06)
1. On choisira pour cellérier du monastère un membre de la communauté qui ait sagesse, maturité de caractère, sobriété ; qui ne soit pas grand mangeur, hautain, turbulent, injuste, lent, prodigue,
2. mais qui ait la crainte de Dieu. Il sera comme un père pour toute la communauté.
3. Il prendra soin de tout,
4. il ne fera rien sans l'ordre de l'abbé ;
5. il observera les ordres reçus,
6. il ne fera pas de peine aux frères.
7. Si un frère lui présente une requête déraisonnable, il ne le peinera pas en le repoussant avec mépris, mais avec humilité il opposera à cette mauvaise demande un refus raisonnable.
8. Il veillera sur son âme, en se souvenant toujours de cette parole de l'Apôtre : « Qui fait bien son service, se procure une belle place. »
9. Il prendra soin des malades, des enfants, des hôtes et des pauvres avec toute sa sollicitude, sachant sans aucun doute qu'il devra rendre compte pour toutes ces personnes au jour du jugement.
« Il veillera sur son âme ». Un peu rapidement parfois, on pourrait avoir tendance à classer le cellérier, voire tous les frères très impliqués dans la vie économique du monastère, comme des techniciens voués aux choses matérielles, en oubliant qu’ils sont aussi des moines en chemin. Chacun doit veiller à demeurer un chercheur de Dieu au cœur de ses activités. Et ce n’est pas facile. Plus les activités sont dispersantes, plus il faut veiller à tenir les moyens et les temps qui sont au contraire unifiant. Unifiant pour nous aider à nous rassembler sous le regard du Seigneur.
Mais Benoit propose ici au cellérier une voie d’unification au sien même de son service. Il la suggère, après lui avoir recommandé de « veiller sur son âme », en citant Paul « qui fait bien son service se procure une belle place ». Bien faire son service, c’est veiller sur son âme, car cela procure une belle place. Qu’est-ce que cette belle place? La phrase suivante le suggère : une belle place au jugement de Dieu. En effet, le cellérier devra rendre compte de son service auprès des malades, des enfants, des hôtes, et des pauvres au jugement de Dieu ; Benoit a certainement en arrière pensée « j’avais faim, j’avais soif, j’étais nu» , le jugement selon Matthieu. Pour résumer la pensée de Benoit, on peut dire que bien remplir son service, notamment auprès des petits, c’est assurément aussi veiller son âme, en la préparant à affronter le jugement de Dieu. Voilà une voie sure et profonde d’unification de sa vie offerte au cellérier, et finalement à chacun de nous. En nous donnant vraiment avec sollicitude aux autres, avec justesse et oubli de soi, on unifie notre vie, notre cœur et notre agir en Dieu. C’est lui que l’on sert. La prière au long des journées et la lectio seront comme des occasions de ressaisir tout cela. Notre regard s’élargit alors pour regarder un peu plus toute personne et toute réalité en Dieu. Lui le Seigneur de nos vies nous apprend à voir comme lui que tout est appelé à être récapitulé en Lui. (2012-10-31)
1. Tout âge et degré d'intelligence doit recevoir un traitement approprié.
2. Aussi chaque fois que des enfants et des adolescents par l'âge, ou des adultes qui ne peuvent comprendre ce qu'est la peine d'excommunication,
3. quand donc ceux-là commettent une faute, on les punira par des jeûnes rigoureux ou on les châtiera rudement par des coups, afin de les guérir.
La question que nous laisse ce petit chapitre pourrait se formuler ainsi : comment corriger, comment se corriger ? Benoit prévoit pour les enfants en bas âge qui vivaient alors au monastère et pour les adultes incapables de comprendre, la peine des coups. Pédagogie virile qui sonne étrangement à nos oreilles. Reste la question comment corriger ou se corriger ? Le mot corriger signifie redresser, remettre droit, d’où améliorer, guérir.
Chacun nous apprenons à mieux nous connaitre pour mieux marcher droit et libre sous le regard du Seigneur. Mais voilà sur tel ou tel aspect, on fait l’expérience que cela ne va pas droit . Dans tel ou tel domaine, laissés à nous-mêmes, nous ressemblons à une voiture qui, si on lâche le volant, prend insensiblement une autre direction pour finalement aller dans le fossé. Aller doit, marcher droit, dans le sens de la justice et de la justesse, ne nous est pas spontané. On aime tellement parfois s’accorder du répit, faire des détours, s’octroyer des exceptions, vivre à son aise en sortant des clous. Mais certains détours peuvent avoir des conséquences qui ne pardonne pas, en termes de santé ruinée, de relations brisées, d’énergie gaspillée. La vie n’est pas un jeu.
Dans notre vie monastique, faibles que nous sommes, nous apprécions la règle commune car elle est une aide précieuse. Si elle vient déranger nos désirs trop spontanés de faire des détours, elle est un point d’appui pour redresser ce qui, en nous, va à la dérive. Elle est un rappel qui nous permet de replacer notre vie la plus quotidienne dans cette belle visée : vivre toute chose dans l’amitié de Dieu et des frères. Elle nous stimule à regarder avec toujours plus de hauteur notre existence. Car elle veut canaliser nos énergies vers le bien si précieux qui est d’aimer avec toujours plus de vérité et de liberté. N’ayons pas peur, soyons assez humbles pour nous laisser corriger, remettre droit par la règle et par notre vie commune. A travers ces corrections de la vie quotidienne, nous pouvons entendre cette parole : «Confiance lève-toi, debout, il t’appelle ». Mc 10.49 (2012-10-30)
1. Un frère qui est sorti du monastère par sa propre faute, s'il veut revenir, commencera par promettre de s'amender complètement du défaut qui l'a fait sortir,
2. et alors on le recevra au dernier rang, pour éprouver par là son humilité.
3. S'il s'en va de nouveau, il sera reçu ainsi jusqu'à trois fois, en sachant qu'ensuite on lui refusera toute autorisation de retour.
« Pour éprouver par là son humilité ». Benoit se fait pédagogue toujours, même à l’égard des frères qui sont sortis, demandent à revenir. Le fait de revenir, si louable soit-il, ne suffit pas. Encore faut-il que le frère éprouve et que la communauté vérifie pour quoi il revient. Est-ce pour le Seigneur auquel cas il accepte de prendre la dernière place, celle que le Christ a choisi pour lui-même. Sinon il ne pourra rester, la dernière place assignée au frère qui revient n’est pas une punition, mais une pédagogie, rude certes, mais profondément vraie. Elle met en lumière, de façon crue, le vrai fondement de notre vie monastique : l’humilité pour et comme le Christ. On n’entre pas au monastère pour faire carrière, mais pour chercher Dieu et pour faire sa volonté. En se mettant à cette école de vie, au service de Dieu, on accepte d’être souple entre ses mains dans le désir d’être un petit instrument utile dans le grand dessein de son Amour. Chacun avec ce que nous sommes dans les mains de Dieu, nous acceptons de devenir ce que nous ne savons pas encore très bien. Nous acceptons de ne pas connaitre clairement ce que nous allons devenir. Les différents obédiences et charges qui nous sont demandées nous façonnent, sans que l’on sache bien comment. L’humilité profonde qui nous est demandée est celle-là : accepter de nous laisser façonner par la vie monastique et par la communauté. C’est en même temps de notre part un tel acte de foi en la Providence de Dieu qui se sert de tout pour le bien de ceux qu’il aime. Le frère qui est sorti a pu penser un moment qu’il devait reprendre lui-même sa vie en main pour devenir ce qu’il veut devenir. S’il revient, il doit humblement accepter de devenir ce que Dieu veut qu’il devienne à travers cette communauté concrète et à travers les événements qui la modèleront. C’est un bel acte de foi, c’est notre acte de foi au jour le jour. (2012-10-27)