vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58, v 17-23 De la façon de recevoir les frères - écrit le 25 mars 2013
Verset(s) :

17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,

18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.

19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.

20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.

21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»

22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».

23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.

Commentaire :

Je suis frappé par les diverses notations dans ce chapitre qui concernent le caractère définitif de l’engagement pris par le novice.

On a entendu déjà les épreuves auxquelles on le soumet, puis les différentes étapes pensées pour mûrir la délibération et éprouver la liberté réelle.

Aujourd’hui, il s’agit du rite d’engagement lui-même avec cette mise en garde : Si jamais, il fait autrement qu’il sache qu’il sera damné par celui dont il se moque , c’est à dire Dieu.

L’avertissement est fort. Il laisse entendre que la fidélité n’était pas forcément plus évidente hier qu’aujourd’hui.

L’expression se moquer de Dieu peut nous surprendre. Comment la comprendre ? Il me semble qu’elle s’éclaire à la lumière du rite lui-même, et notamment du verset : Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai . Ce verset résume bien l’acte d’offrande que le novice fait de lui-même à Dieu.

Par sa profession monastique, par les vœux d’obéissance, de stabilité, et de conversion, il abandonne totalement sa vie à Dieu ; il le fait dans la confiance que Dieu lui viendra en aide. Ne me déçois pas dans mon attente . Par cet abandon de lui-même, le novice épouse l’attitude du Christ en son mystère pascal quand il se livre totalement au Père qui lui donnera la vie.

En s’engageant pour toujours le jeune frère atteste par sa foi en Dieu que Dieu est digne de confiance . Effectivement on peut bâtir sa vie dans la certitude que toute donnée à Dieu, elle n’est pas perdue. Dieu nous relèvera.

C’est ici que peut s’éclairer l’expression se moquer de Dieu au sujet du frère qui part. En effet, celui qui quitte la vie monastique atteste par le fait même, que Dieu ne peut pas lui être fidèle. Il manifeste qu’il ne croit plus que Dieu peut lui venir en aide. Il préfère rompre cette alliance et se débrouiller seul, en conséquence il jette le discrédit sur Dieu. Celui-ci n’est pas digne de confiance !!

Ceci nous fait mesurer combien notre engagement est aussi celui de Dieu. Entre lui et nous, se vit une alliance qui est une question de vie ou de mort.

Dans la foi, nous croyons que malgré les épreuves, malgré les ténèbres, si nous tenons bon selon nos vœux monastiques, Dieu ne peut pas nous abandonner. Notre vie monastique nous place alors au cœur du mystère pascal du Christ.

(2013-09-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 55, v 15-22 De la garde robe et de la chaussure des frères écrit le 09 mars 2013
Verset(s) :

15. Comme literie, il suffira d'une natte, d'une couverture ordinaire et d'une autre en laine, et d'un chevet.

16. Cependant ces lits seront fréquemment inspectés par l'abbé, à cause des objets appropriés qui pourraient s'y trouver.

17. Et si l'on trouve chez quelqu'un un objet qu'il n'a pas reçu de l'abbé, il subira une sanction très grave.

18. Et pour retrancher radicalement ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui est nécessaire,

19. c'est-à-dire coule, tunique, chaussons, chaussures, ceinturon, couteau, stylet, aiguille, mouchoir, tablette, pour ôter tout prétexte de nécessité.

20. Cependant l'abbé aura toujours égard à cette phrase des Actes des Apôtres ;: « ;On donnait à chacun selon ses besoins. ;»

21. Ainsi donc l'abbé, lui aussi, aura égard aux infirmités des nécessiteux, non à la mauvaise volonté des envieux.

22. Dans tous ses jugements, cependant, il songera à la rétribution de Dieu.

Commentaire :

Ainsi donc l’abbé aura égard aux infirmités, aux nécessiteux, non à la mauvaise volonté des envieux . Nécessiteux et envieux, deux catégories de moines que Benoît souhaite que l’on distingue. Deux catégories qui ne sont pas figées.

Le nécessiteux d’aujourd’hui peut devenir l’envieux de demain. L’abbé est invité à faire preuve de discernement de telle manière à donner à chacun selon ses besoins, et non selon ses envies. Et le discernement n’est pas si facile pour l’abbé car il n’est pas aisé à opérer d’abord par chacun de nous.

Qu’est-ce qui est besoin, qu’est-ce qu’une envie ?

L’envie ayant une forte tendance à vouloir s’imposer comme un besoin incompressible. Une bonne part de la dynamique de la publicité repose sur ce ressort : l’envie transformée en besoin. Elle nous dit sous toutes les formes suivez vos envies, car c’est ce dont vous avez besoin .

La discipline monastique que propose Benoît vient buter fortement sur cette confusion. Et pourquoi insiste-t-il tant pour que, sous le regard de l’abbé, les moines ne suivent pas leur envie ?

Je crois que c’est pour nous permettre de devenir des hommes de désir. Nos envies ne sont souvent que de pâles expressions de notre désir. Elles sont comme des rétrécissements du désir focalisé sur un objet avec le risque de s’y attacher de façon irrationnelle. Notre désir est toujours plus grand que nos envies. Notre désir est, à la racine de notre être, ce mouvement qui nous ouvre, à la relation avec le monde, avec les autres et avec Dieu. Notre désir est ce dynamisme vital que nous ne connaissons pas bien tant il nous enveloppe et nous déborde. Réduire notre désir à nos envies de posséder ou de consommer, c’est le dénaturer, en conséquence nous défigurer nous-mêmes. Nous valons bien plus que nos envies.

La vie monastique se veut une école pour prendre distance à l’égard de nos envies, pour apprendre à opérer un discernement. Ce que nous ne savons pas faire spontanément d’où l’importance de la parole avec l’abbé ou un frère.

Si nous consentons à nous-mettre ainsi sous le regard d’un autre, en vérité, nous pouvons devenir plus libres à l’égard de nos envies qui, sous certains aspects, peuvent exercer une vraie tyrannie sur nous !!

(2013-03-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 55, v 9-14 De la garde robe et de la chaussure des frères écrit le 07 mars 2013
Verset(s) :

9. En recevant du neuf, on rendra toujours l'ancien, qui devra être déposé temporairement au vestiaire pour les pauvres.

10. Il suffit en effet à un moine d'avoir deux tuniques et deux coules pour la nuit et pour laver ces effets.

11. Ce qui serait en plus, c'est du superflu, il faut le retrancher.

12. De même les chaussons et tout ce qui est ancien ;; on le rendra en recevant du neuf.

13. Ceux qui sont envoyés en voyage recevront du vestiaire des caleçons, qu'ils y remettront à leur retour après les avoir lavés.

14. Les coules et tuniques seront un tant soit peu meilleures que celles qu'ils portent d'ordinaire. Ils les recevront du vestiaire en partant en voyage et les remettront au retour.

Commentaire :

Ce qui serait en plus, c’est du superflu, il faut le retrancher

Le moine voudrait vivre léger, sans s‘encombrer de choses inutiles. Car il sait qu’il est pèlerin sur cette terre, de passage, en route vers la patrie. Le risque de voir les choses de cette terre prendre trop de place, c’est à dire une place plus importante que le nécessaire, n’est pas un risque vain.

Le mot superflu dit bien cela. Le superflu, c’est tout ce qui déborde, tout ce qui dépasse les limites du nécessaire. En d’autres termes ce sont les réserves que l’on peut accumuler par peur de manquer peut-être. Le moine voudrait ne se contenter que du nécessaire. Quand il a besoin il demande et quand il n’a plus besoin il redonne. De cette façon tout ce qu’il utilise, tout ce qui passe entre ses mains reste dans le flux de la vie. Rien qui stagne ou qui dort dans des stocks.

Il nous est bon chacun personnellement de cultiver cette légèreté, surtout ne pas faire de réserve, mais utiliser et remettre les choses après usage dans les communs.

Pourquoi est-ce bon de cultiver cela au niveau des choses les plus banales de la vie quotidienne ? Parce qu’ainsi, nous nous entrainons à vivre de l’unique nécessaire : chercher Dieu à l’écoute de sa Parole, chercher à faire sa volonté.

Comme toujours dans la règle de saint Benoît, il y a un lien étroit entre nos manières de vivre très quotidiennes et notre recherche spirituelle.

Notre vie est un tout et nous désirons l’unifier sans cesse.

Notre attention dans la vie quotidienne à ne pas accumuler du superflu nous renvoie à notre recherche de l’unique nécessaire, la vie en Dieu, et vice versa notre quête de Dieu nous apprend à demeurer vigilants dans la vie concrète.

Soyons les hommes de l’unique nécessaire.

(2013-03-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 54, v 1-5 Si un moine doit recevoir des lettres ou quelque chose écrit le 02 mars 2013
Verset(s) :

1. Il ne sera aucunement permis à un moine de recevoir ou de donner, sans permission de l'abbé, lettres, eulogies ou petits présents quelconques, ni de ses parents, ni d'aucun homme, ni entre eux.

2. Même si ses parents lui envoient quelque chose, il ne se permettra pas de l'accepter avant d'en avoir référé à l'abbé.

3. Si l'abbé permet qu'on l'accepte, il sera en son pouvoir de donner la chose à qui il veut,

4. et le frère à qui on l'avait envoyée ne s'en fâchera pas, « pour ne pas donner d'occasion au diable. »

5. Celui qui se permettrait de faire autrement, sera soumis à la sanction de règle.

Commentaire :

Au moment du jubilé de sa profession, F.Cyprien nous disait que sa famille lui avait demandé : Qu’est-ce que l’on peut t’offrir ? . Il avait répondu Le plus beau cadeau que vous me ferez, ce sera votre présence .

Faire des cadeaux est une manière commune de marquer les liens entre les personnes. Et beaucoup ne savent pas faire autrement. Par notre engagement monastique, nous moines, nous désirons vivre libres, libres par rapport à l’avoir, libres par rapport aux objets, par rapport à l’argent. Nous savons combien parfois l’attachement à des bricoles coupe les ailes de notre désir profond. Nous nous accrochons à un objet ou à ce qu’il représente et nous manquons le véritable objet de notre désir : être libre vraiment pour Dieu et pour les autres.

C’est au nom de cette liberté que ce petit chapitre de la règle veut nous rendre vigilant. Si on nous offre quelque chose, ayons cette humilité d’en parler.

Ayons ce souci de tout mettre sous la lumière de Dieu, en se demandant si cet objet m’est vraiment utile ou s’il ne le sera pas davantage à un autre frère.

Ayons cette spontanéité et cette honnêteté de reconnaître que seul nous ne sommes pas le meilleur juge. Et allons jusqu’au bout de la recherche de vérité et de liberté.

Parfois la tentation est là comme pour Saphyre et Ananie. On veut bien donner en gros sa vie. Tous nous sommes d’accord là dessus, mais certaines parties, on se les réserve.

Oser dire à l’abbé ce que l’on reçoit simplement, sans le retenir d’une main est un bel exercice spirituel. C’est une grâce de liberté à demander et c’est une grâce de liberté qui va nous rendre plus fort et plus vrai.

Nous sommes appelés à être des hommes debout, pas des esclaves !!

(2013-03-02)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 21-24 De la réception des hôtes écrit le 01 mars 2013
Verset(s) :

21. Quant au logement des hôtes, il sera confié à un frère dont l'âme est pénétrée de la crainte de Dieu.

22. Il y aura là des lits garnis en nombre suffisant, et la maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement.

23. Celui qui n'en a pas reçu l'ordre n'entrera aucunement en rapport avec les hôtes ni ne conversera avec eux,

24. mais s'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme nous l'avons dit, et demandant une bénédiction, il passera son chemin en disant qu'il n'a pas permission de converser avec un hôte.

Commentaire :

Comment recevoir chaque hôte et de la manière juste ?

En ayant un cœur pénétré de la crainte de Dieu.

Ainsi suggère Benoît quand il demande que le logement des hôtes soit confié à un frère dont l’âme est pénétrée de la crainte de Dieu.

De nouveau Benoît situe l’accueil au plan spirituel. C’est une rencontre spirituelle que les moines qui accueillent sont invités à vivre avec les hôtes.

Comment nous aider les uns les autres à demeurer dans cette juste perspective ? Nos frères hôteliers, mais aussi tous les frères qui interviennent d’une manière ou d’une autre à l’hôtellerie.

Tout d’abord je crois qu’il nous faut demeurer fermes pour préserver notre cadre monastique. Avoir la crainte de Dieu, c’est aller à l’office avec les frères quand la cloche sonne, et non pas continuer à parler avec des hôtes.

Ensuite, il nous faut éviter ce qui ressemble à du bavardage. Ne pas s’installer après le repas au moment du café pour bavarder avec les hôtes. Si on a une personne à rencontrer, on va dans l’annexe du réfectoire. Attention à ces rencontres où le frère raconte sa vie au lieu d’être discret et d’être à l’écoute des gens. On entend parfois des hôtes dire qu’un frère a passé beaucoup de temps avec eux. Ils n’osent pas dire qu’il leur a fait perdre leur temps et c’était pour parler de lui-même.

Être pénétré de la crainte de Dieu, on pourrait dire de manière équivalente, c’est être désireux de demeurer à l’écoute de Dieu au long de nos journées, être désireux de faire avant tout sa volonté dans nos activités, nos rencontres.

Il nous faut sans cesse travailler ce désir là, le nourrir par la lectio, par le silence et la prière. Notre cœur va alors peu à peu trouver sa paix et sa profondeur, une écoute plus vraie de Dieu et des autres.

(2013-03-01)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 16-20 De la réception des hôtes écrit le 23 février 2013
Verset(s) :

16. La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part, afin que les hôtes arrivant à des heures incertaines, – ils ne manquent jamais au monastère, – les frères n'en soient pas dérangés.

17. Dans cette cuisine entreront en charge pour l'année deux frères qui remplissent bien la fonction.

18. S'ils en ont besoin, on leur procurera des aides, pour qu'ils servent sans murmure, et inversement, quand ils ont moins d'occupation, ils iront au travail là où on leur commande.

19. Et l'on y veillera, non seulement pour eux, mais aussi dans tous les services du monastère :

20. quand ils en ont besoin, on leur attribuera des aides, et inversement, quand ils sont libres, ils obéiront aux commandements qu'on leur donne.

Commentaire :

Comment prévoir l’imprévisible ? Comment se tenir prêt à tout moment à accueillir les hôtes, sans que les frères soient dérangés ?

Il est intéressant de voir le souci d’organisation de Benoît, à la fois il ne veut pas fermer la porte aux hôtes qui arrivent à des heures incertaines , à la fois il veille à ce que les frères de la communauté ne soient pas dérangés dans leur rythme propre.

Délicat équilibre à tenir pour faire droit toujours à la charité et pour que les frères demeurent fidèles à leurs devoirs monastiques. Il résout la tension en séparant nettement la cuisine de l’abbé et des hôtes, confiée à deux frères pour un an, avec des aides s’il le faut, à charge pour eux, s’ils ont moins de travail, de se rendre disponibles dans d’autres secteurs du monastère.

Nous n’avons plus aujourd’hui cette cuisine à part pour les hôtes, même s’il est déjà arrivé dans nos discussions pour aménager nos emplois d’en parler, en songeant à un traiteur à part par exemple. Les hôtes savent désormais qu’ils doivent arrivés à des heures régulières. Nous leur demandons de se conformer à nos horaires.

Reste que l’imprévu arrive toujours et qu’il peut être rude à vivre pour nos frères hôteliers ou pour les frères chargés des services des repas. La charité gratuite appelle toujours plus de générosité. Bien accueillir un hôte en retard c’est une forme de pardon qu’on lui offre.

Cette attention humble et disponible peut avoir sur lui bien plus d’impact qu’une attitude réprobatrice et courroucée l’égard du retardataire.

Nos frères hôteliers et au réfectoire sont invités à puiser plus profond alors les ressorts de leur charité. Ce n’est pas facile pour eux d’autant que souvent l’horaire communautaire les appelle. Nous leur disons notre reconnaissance de savoir être vraiment donnés aux hôtes, comme ils sont, et de demeurer bien présents à la vie commune de prière et de rencontres.

Que le Christ qui accueille en eux et qui est accueilli dans l’hôte soit leur joie et leur force.

(2013-02-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 6-15 De la réception des hôtes écrit le 22 février 2013
Verset(s) :

6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.

7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.

8. Une fois reçus, on conduira les hôtes à l'oraison, et après cela le supérieur s'assiéra avec eux, lui ou celui qu'il aura désigné.

9. On lira devant l'hôte la loi divine, pour l'édifier. Après quoi, on lui donnera toutes les marques d'hospitalité.

10. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne majeur que l'on ne puisse violer,

11. tandis que les frères continueront à observer les jeûnes accoutumés.

12. L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes.

13. L'abbé, ainsi que toute la communauté, lavera les pieds de tous les hôtes.

14. Après le lavement des pieds, on dira ce verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. »

15. On accordera le maximum de soin et de sollicitude à la réception des pauvres et des étrangers, puisque l'on reçoit le Christ davantage en leur personne, la crainte des riches obligeant par elle-même à les honorer.

Commentaire :

On donnera toutes les marques d’humilité… Ou on lui donnera toutes les marques d’hospitalité , mot à mot d’humanité omnis exhibeatur humilitas, omnis exhibeatur humanitas .

Humilité pour honorer le Christ en l’hôte, humanité pour honorer l’être humain.

Les marques d’humilité sont surtout données lors de la salutation et du premier contact lequel se conclue par une prière et par l’écoute de la Parole de Dieu.

Les marques d’humanité sont offertes à travers le repas et les restes d’hospitalité, du lavement des mains et des pieds. Le verset qu’accompagne le lavement des pieds est tiré du Ps 47.10 : nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple . De nouveau, ce verset élève le cœur en une confession de foi en la présence de Dieu.

Marques d’humilité, marques d’humanité en présence des hôtes. On pourrait élargir cela à toute rencontre humaine digne de ce nom. Benoit nous engage à vivre un déplacement continuel du regard et du cœur. Comment garder cette attitude ouverte et accueillante ? Comment vivre nos rencontres les plus simples dans cet état d’esprit de respect et d’attention ?

On pourrait inverser la question en se demandant qu’est-ce qui nous empêche de demeurer dans cette disposition de profonde humilité et humanité ?

Ce peut être les soucis et les préoccupations qui passent avant la prise en compte de la personne. Ce peut être nos difficultés à nous arrêter pour vraiment accueillir et écouter l’autre. Ce peut être des peurs ou de mauvais souvenirs de rencontres passées difficiles.

Dans nos manières d’aborder les rencontres, avec les hôtes, et aussi entre nous, nous pouvons être parasités par bien des choses. Concrètement cela nous empêche d’être vraiment présent à l’autre. Humilité et humanité. Humilité celle d’être bien là et non ailleurs, humanité pour savoir nous ouvrir et nous donner.

Que ce temps de carême nous aide à retrouver en notre cœur ces chemins d’humilité et d’humanité.

(2013-02-22)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 53, v 1-7 De la réception des hôtes écrit le 19 février 2013
Verset(s) :

1. Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ, car il dira : « J'ai été hôte et vous m'avez reçu. »

2. « A tous » on rendra les honneurs qui leur sont dus, « surtout aux frères dans la foi » et aux étrangers.

3. Lors donc qu'un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité.

4. On commencera par prier ensemble, et ensuite on échangera la paix.

5. Ce baiser de paix ne doit se donner qu'après qu'on ait prié, à cause des illusions du diable.

6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.

7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.

Commentaire :

Le regard de foi posé sur l’hôte dans lequel on reconnaît le Christ donne une forte note théologique à tout ce chapitre sur la réception des hôtes.

Benoit est tellement habité par cette conviction de foi qu’il semble préoccupé avant tout de ne pas manquer la rencontre du Christ. Sa préoccupation n’est pas d’abord humanitaire, elle est théologale.

Comment en toute venue de l’hôte ne pas passer à côté de la rencontre avec Dieu ? S’il s’appuie sur la citation de Mt 25, c’est moins par peur du jugement dernier que pour mieux asseoir sa conviction du devoir d’honorer le Christ en tout homme. Le mot honneur revient deux fois dans le chapitre. En honorant l’hôte, surtout le pauvre, c’est le Christ que l’on honore. L’attitude elle-même recommandée aux moines - tête inclinée, prosternation - veut adorer en eux le Christ qu’on reçoit .

Cette insistance et ces attitudes quasi-liturgiques choquent nos esprits modernes qui voient là une exagération qui dépasse la mesure d’une juste réserve. Et en même temps, comment ne pas entendre un élan spirituel qui peut bousculer nos manières bien installées.

Regardons-nous l’arrivée impromptue d’un hôte, surtout des plus pauvres, comme une visite de Dieu ?

Accueillons-nous celui qui nous dérange peut-être, avec cet a priori positif qui change tout de notre manière de l’accueillir?

La question est posée à nos frères hôteliers bien sûr, mais aussi à chacun de nous.

La bienveillance a priori de la communauté soutiendra la bienveillance concrète de tous les frères acteurs de l’accueil, les portiers, les hôteliers, les réfectoriers, les cuisiniers, les lingers, les frères proches des passagers.

Ce regard de foi porté sur chaque hôte n’enlève pas la capacité de discernement, mais certainement nos inclinations à juger trop facilement.

Ce regard de foi veut nous aider à nous tenir devant chacun avec une profonde attitude de respect et d’attention face à son mystère qui a à voir avec celui du Christ depuis qu’il s’est fait chair lui-même !!

(2013-02-19)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 52, v 1-5 De l’oratoire du monastère écrit le 16 février 2013
Verset(s) :

1. L'oratoire sera ce que signifie son nom, et on n'y fera ou déposera rien d'autre.

2. L'œuvre de Dieu achevée, tous sortiront dans un silence complet et l'on aura le respect de Dieu,

3. en sorte qu'un frère qui voudrait prier à par soi en particulier, n'en soit pas empêché par l'importunité d'un autre.

4. Si en outre, à un autre moment, il voulait prier à part soi en privé, il entrera et il priera sans bruit, non à voix haute, mais avec larmes et application du cœur.

5. Donc celui qui ne fait pas ainsi, on ne lui permettra pas de demeurer à l'oratoire, une fois achevée l'œuvre de Dieu, comme il a été dit, de peur qu'un autre n'y trouve un empêchement.

Commentaire :

L’oratoire, lieu du respect de Dieu et lieu du respect du frère.

De manière étonnante ici, Benoît lie étroitement les deux quand il dit : tous sortiront dans un silence complet et l’on aura le respect de Dieu, en sorte qu’un frère qui voudrait prier à part soi en particulier, n’en soit pas empêché par l’importunité d’un autre .

En respectant le silence et le climat de recueillement de l’oratoire, on respecte et Dieu et le frère.

Dieu, par ce qu’on manifeste dans cet espace que sa présence est là offerte à notre écoute.

Le frère, parce qu’on veut préserver le silence propice à nouer une relation vivante avec Dieu.

L’oratoire – l’église - est ce lieu particulier qui combine expression publique et vie intime du peuple chrétien. Dans les deux cas, c’est Dieu qu’on veut honorer et glorifier. Dans les deux cas, le priant vit sa foi sur deux registres autant nécessaires l’un et l’autre.

Dans la prière commune, en communauté, cellule d’église, nous chantons la louange divine. Nous faisons monter vers Dieu en un chant toutes les attentes humaines. Le je de chacun s’unit au nous qui voudrait n’oublier personne. Mais le je a besoin aussi de son espace propre pour écouter ou faire silence, pour dire à Notre Père son désir propre. Le nous communautaire doit pouvoir préserver ces moments d’intimité à chacun.

Cette alternance de la prière en je et en nous n’équivaut pas strictement à l’alternance en prière personnelle et en prière communautaire.

Les moments de prière plus personnelle vécue à l’église avant un office ou après sexte en Carême ou au moment de l’oraison le soir nous donnent d’être ensemble. Ensemble, nous nous soutenons les uns les autres dans l’attention à Dieu. Ce soutien mutuel est heureux et réconfortant.

A l’inverse, la prière de l’Office, prière publique de l’église sait aussi ménager des espaces de silence, après la lecture, et entre les psaumes. Chacun peut alors donner toute sa mesure de présence personnelle à la prière commune.

Nous avons besoin de ces petits moments de respiration et de silence pour faire nôtre pleinement la prière de l’église.

Prière publique et prière intime. Prière en nous et prière en je dans notre église qui s’offre comme un espace privilégié où Dieu nous accueille, au centre du monastère, Il nous rappelle que Dieu nous précède toujours dans notre existence de moine.

(2013-02-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 51, v 1-3 Des frères qui ne partent pas trop loin écrit le 15 février 2013
Verset(s) :

1. Un frère qui est envoyé pour une commission quelconque et dont on attend le retour au monastère ce jour-là, ne se permettra pas de manger au dehors, même s'il y est invité tout à fait instamment par quiconque,

2. sauf si son abbé lui en a donné l'ordre.

3. S'il fait autrement, il sera excommunié.

Commentaire :

Ce petit chapitre traitant d’un aspect mineur de notre vie – manger ou non à l’extérieur quand on est en course – en dit long cependant sur notre vie monastique cénobitique. Il met fortement en lumière la communion concrète que nous voulons vivre. Même en dehors du monastère, le moine demeure lié à la communauté. Il n’est pas tout d’un coup à son propre compte, comme se manifeste cette communion ?

Je relève trois notations offertes dans ce chapitre.

Tout d’abord, le frère est envoyé en course. Sortir, pour faire des courses, pour aller à une réunion ou pour toute autre raison, est toujours une mission. Mission commandée par l’abbé et par la communauté, en mission qui découle de son emploi. Cet envoi est pour chacun de nous, qui que nous soyons le signe que tout ce que nous faisons est liée à la mission de la communauté. Nous voulons œuvrer en lien avec la communauté pour la Gloire de Dieu. C’est lui qui est la fin ultime de tout ce que nous vivons.

Deuxième notation : On attend le retour du frère au monastère ce jour-là dit Benoît. La communauté nous attend à un moment précis. La vie de la communauté, c’est d’être réunis tous ensemble. Chacun est attendu par les autres et c’est heureux. Car on a besoin des uns et des autres.

Ensuite nos sorties sont limitées dans le temps. On veille à ne pas s’attarder en chemin comme les 72 disciples de l’Évangile d’hier. Être vigilant au cadre horaire de nos sorties, c’est une manière concrète de marquer notre engagement dans la vie commune.

Troisième notation : si le frère s’arrête quelque part pour manger sans permission de l’abbé, Benoît prévoit que le frère sera excommunié. Ici est mis en valeur le lien fort entre la parole avec l’abbé et la communion avec la communauté. Si la parole avec l’abbé est là, la communion entre nous s’édifie. Si la parole manque, la communion s’étiole. Nous vivons cela à travers la rencontre avec l’abbé avant et après le voyage. Si l’on passe chez un voisin, on en parle avec le Père Abbé. Pour des visites plus significatives, on en parle avant.

Tout ces espaces de parole ne sont pas inutiles. Ils sont pour chacun l’occasion de librement signifier la communion avec la communauté en ses sorties.

Ne manquons pas ces occasions de parole, de liberté et de vérité.

(2013-02-15)