vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 62 01-11 Des prêtres du monastère écrit le 12 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.

2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,

3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.

4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.

5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,

6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.

7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.

8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.

9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.

10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,

11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.

Commentaire :



II est impressionnant de voir que dans ce chapitre, qui n'a pas son équivalent dans la RM. Benoit n'envisage la question du prêtre que sur le mode disciplinaire. Pas de développement sur son rôle, sur sa mission, mais uniquement une attention sur sa manière de vivre en conformité ou non avec la RB. Ces lignes mettent ainsi en relief un double regard sur le prêtre au monastère, à la fois quelqu'un qui est investi d'une haute dignité et à la fois quelqu’un qui est comme tout le monde. Sa dignité est en fait rapidement suggérée lorsque Benoit dit qu'on choisira « quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce". Mais c'est surtout la condition commune à tous les moines qui est rappelée. Son sacerdoce ne lui donne en rien une capacité à mieux vivre la vie monastique et encore moins à des privilèges. Il l'oblige plutôt à une plus grande vigilance et humilité pour se soumettre comme les autres frères aux exigences de la RB. Le primat est donné à sa conversion monastique.

Cette insistance de Benoit me fait penser au fort accent mis sur la formation humaine, par le dernier document sur la formation des futurs prêtres, « le don de la vocation presbytérale », promulgué par le pape François, en 2016. Dans cette nouvelle Ratio de formation des prêtres, le pape François invite les candidats et les formateurs à honorer la prise en compte de toute la personne. Je cite : « L'appel divin interpelle et implique l'être humain 'concret ' (... ) Une spiritualité juste et harmonieuse exige une humanité bien structurée. En effet, comme le rappelle St Thomas d'Aquin, « la grâce présuppose la nature », elle ne la remplace pas mais la perfectionne. il est donc nécessaire de cultiver l'humilité, le courage, le sens pratique, la magnanimité de coeur, la droiture du jugement et le discernement, la tolérance et la transparence, l'amour de la vérité et l'honnêteté » (n° 93). Ces lignes qui invitent à l’unification de l' être pour les futurs prêtres diocésains, me semblent tout aussi valable pour un prêtre dans un monastère. Ce dernier est appelé à unifier sa vie humaine et spirituelle, sa vie de consacré et sa vie de ministre de la Parole et des sacrements. C'est dans cette unification que le ministère presbytéral a le plus de chance d'être fécond, pour le frère prêtre lui-même comme pour la communauté qu'il sert. S'agit-il d'une exigence supplémentaire pour le moine prêtre ? En quelque sorte oui, pour un service plus heureux des frères et des hôtes. Mais cette unification de la personne n'est-elle le but recherché par tout moine ? Dans le désir d'être un peu plus lui­ même en vérité, chacun n'est-il pas entrainé à œuvrer et à s'offrir à la grâce qui veut nous unifier avec nos dons, mais aussi nos faiblesses ? « Unifie mon coeur, unifie ma vie », pouvons-nous demander avec le psalmiste.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 61 05-14 Des moines etrangers, comment Jes recevoir écrit le 11 octobre 2023
Verset(s) :

5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.

6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,

7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.

8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,

9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,

10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.

11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.

12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.

13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,

14. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»

Commentaire :

La facilite avec laquelle Benoit s'ouvre a l'idée d'agréger un moine d'un autre monastère peut nous déconcerter a priori. « On le persuadera de rester » nous semble délicat à manier aujourd'hui. Paradoxalement, Benoit qui a mis en évidence le voeu de stabilité n'est pas gênée par l'idée de faciliter le changement de communauté d'un frère dont on aurait perçu les qualités. Est-ce qu'avec le temps, nous avons acquis un sens plus aigu de la stabilité, entendu plus comme le lien étroit avec une communauté que le fait de demeurer dans un même lieu?

S'il est vrai que « l'on sert partout le même Seigneur", nous mesurons le prix des liens qui se tissent entre nous et qui nous font frères les uns des autres. Ce lien a de quoi nous étonner toujours il me semble. II n'a pas la spontanéité d'un lien d'amitié qui réunit deux personnes sans qu'elles sachent toujours bien pourquoi. Du coup, il n'en a pas non plus l'aisance ou la fraicheur, avec la note de joie naturelle qui habite deux amis quand ils se retrouvent. Non le lien de la fraternité a quelque chose de moins colorée, de plus rude peut-être. En quelque sorte, il est assez banal. Nous sommes frères parce nous partageons habituellement le même toit et la même table. Ensemble, nous portons le même projet de mener la vie monastique en ce lieu pour témoigner de la grâce du Christ, offerte pour le louer et apprendre a nous aimer. Là où la fraternité biologique, celle du sang, est toujours derrière nous, la fraternité monastique, liée à notre profession commune de servir ici un même Seigneur, est toujours devant nous. En quelque sorte, elle est toujours en construction, jamais acquise une fois pour toute. De ce fait elle est fragile. Mais elle est belle aussi, d'une beauté austère, car elle vient nous chercher chacun pour nous révéler des capacités à aimer insoupçonnées. II s'agit d'apprendre à nous ouvrir sans cesse à l'autre, alors que rien, sinon le Christ, nous engage à le vivre. Sortir de nous-même pour faire attention, pour poser un geste, pour dire une parole, faire un billet d'absence. En soi, rien ne nous y oblige. Mais l'appel est là qui nous invite a nous décentrer de nous-même pour aller vers

le frère, sans autre prétention que de lui faire du bien, et sans autre attente que de servir la vie qui circule entre nous. Car c'est le mystère de la fraternité qui nous réunit : si on ne la soigne pas, elle peut s'étioler très vite et la vie commune devenir insipide, voire intenable. Mais si chacun laisse toujours ouverte une fenêtre sur les autres, il l'écoute de leurs besoins, de leurs attentes, simplement pour être avec, alors quelque chose de profond se déploie entre nous. Mystérieuse alchimie de cette vie partagée entre hommes qui se découvrent de plus en plus frères, sous le regard d'un même Père des Cieux. N'ayons pas peur d'une certaine austérité de vie fraternelle, n'est-ce pas le prix de son authenticité et de sa profondeur?

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 61 01-04 Des moines etrangers, comment les recevoir écrit le 10 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte

2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,

3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.

4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.

Commentaire :

« S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela. » Cette notation de Benoit est précieuse a deux titres : elle donne des indications sur la façon de faire des remarques et elle incite a discerner ce que le Seigneur peut nous dire de bien des manières.

La façon de faire des remarques : celles-ci doivent être « raisonnables », et exprimées avec une « humble charité "· Une remarque raisonnable rejoint la réalité. Elle n'est pas faussée par la charge émotionnelle qu'on y met. Celle-ci manifestera plus la colère ou l'impatience qu'un souci de nommer une difficulté à résoudre. En faisant une remarque, le risque est que prédomine mon interprétation des faits plutôt que la réalité des faits eux-mêmes. « Oui, tu as fait cela, parce que tu voulais cela ». Ici, il vaut mieux interroger: « il s'est passé cela, mais pourquoi, ou à cause de quoi ? » Et souvent, si !'on prend simplement le temps d'interroger et d'écouter, on se rend compte que la raison d'une faute était souvent bien différente de ce que j'avais imaginé. Oui, gardons-nous de projeter trop vite sur l'autre notre interprétation des choses. Avec « une humble charité ». telle est la deuxième caractéristique d'une remarque juste. Non seulement elle n'est pas dite sous le coup de l'émotion, mais elle est dite avec le recul de celui qui apprend humblement à s'examiner d'abord lui-même. Qui suis-je pour dire cela a mon frère? Ensuite, la charité. C'est-a-dire que si je dis quelque chose, c'est vraiment parce que j'aime mon frère. Je ne veux pas lui faire la leçon, encore moins régler mes comptes avec lui. Mais je désire pour lui le meilleur. ainsi que le plus juste pour la communauté.

Demeurer vigilant pour examiner si le Seigneur ne viendrait pas nous parler a travers une remarque. L' abbé, mais aussi tous les frères, nous devons cultiver cette attention, et communautaire et personnelle. Si on m'a dit cela, si on a repéré tel défaut au sujet de la communauté : est-ce que je vais me cabrer pour me défendre ou bien est-ce que je vais simplement écouter. Écouter pour tenter de discerner. La question qui nous est peut-être posée en filigrane serait : est-ce que je suis désireux de progresser en saisissant toutes les occasions, même les moins agréables, ou bien est-ce que je suis en recherche plus ou moins consciente d'un confort qu'il ne faut surtout pas déranger. Notre manière de réagir à une remarque est à cet égard un bon indicateur de notre disposition intérieure. Oui, n'ayons pas peur des remarques raisonnables, faites avec humilité. Sachons v discerner une parole pour nous.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 60 01-09 Des prêtres qui voudraient habiter au monastère les recevoir écrit le 05 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.

2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle

3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»

4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;

5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.

6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,

7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.

8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,

9. à condition toutefois qu'ils promettent eux aussi l'observation de la règle et leur propre persévérance.

Commentaire :

En guise de commentaire de ce chapitre sur les prêtres qui voudraient habiter au monastère, et St Benoit invite a l'humilité, je voudrais reprendre quelques lignes du pape François qui met en garde contre la mondanité spirituelle qui peut tous nous guetter. Le pape nous invite tous a nous demander: finalement, qui est-ce que je veux servir dans la vie monastique, moi ou bien le Christ et son Église ?

93. La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d 'amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel. C 'est ce que le Seigneur reprochait aux pharisiens : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire !es uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jn 5, 44). Il s 'agit d'une manière subtile de rechercher

« ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Ph 2, 21) ( ..) Du moment qu 'elle est liée à la recherche de l'apparence, elle ne s 'accompagne pas toujours de péchés publics, et, extérieurement, tout semble correct. Mais si elle envahissait l'Eglise, « elle serait infiniment plus désastreuse qu'une quelconque autre mondanité simplement morale ».

95. Celle obscure mondanité se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment opposées mais avec la même prétention de "dominer l'espace de l'Église ". Dans certaines d'entre elles on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l 'Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l 'histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d'un petit nombre. Dans d'autres, la même mondanité spirituelle se cache derrière la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, ou clans une vaine gloire liée à la gestion d'affaires pratiques, ou dans une attraction vers les dynamiques d'auto-estime et de réalisation autoréférentielle ( ..). Dans tous !es cas, elle est privée du sceau du Christ incarné, crucifié et ressuscité, elle se renferme en groupes d'élites, elle ne va pas réellement à la recherche de ceux qui sont loin, ni des immenses multitudes

assoiffées du Christ. II n'y a plus de ferveur évangélique, mais la fausse jouissance d 'une autosatisfaction égocentrique. (Evangelii Gaudium 93, 95)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 59 01-08 Des fils de nobles ou de pauvres qui sont offerts écrit le 04 octobre 2023
Verset(s) :

1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,

2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.

3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –

4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,

5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.

6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.

7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.

8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.

Commentaire :

II y a quelques jours, pour !es Sts Anges Gardiens, nous entendions dans l'évangile de Mt, la parole de Jésus : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pour devenir comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux ». Jésus inverse l'ordre de valeur habituel pour nous révéler celui du Royaume : « Celui qui se fera petit comme un enfant, celui­-ci est le plus grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3-4). II me semble que c'est à la lumière de cette loi nouvelle que nous pouvons le mieux entendre ce chapitre de la RB, obsolète aujourd'hui en sa réalisation concrète. S'il y a un enfant à offrir aujourd'hui, c'est bien chacun de nous en ce qu'il devient ou voudrait devenir un peu plus comme un enfant. Bien sur, cela n'a rien a voir avec « un retour a l'enfance » qui est plus un phénomène de régression psychologique qu'un dynamisme spirituel. Car il s'agit de devenir comme un enfant, et non pas de revenir à l'enfance. C'est une posture d'adulte qui emprunte à l'enfant l'élan de spontanéité, de simplicité et de confiance, et non pas les travers de l'enfant capricieux ou tout-puissant. L'enfant, c'est aussi celui qui est totalement dépendant des autres pour grandir. Seul, il ne peut rien. Comment grandir sur ce chemin de l'enfance spirituelle ? La suite de la parole de Jésus peut nous guider:« Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m'accueille. moi » (Mt 18, 5). Le parallèle de ce passage en Luc ajoute : « Et celui qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé » (Lc 9, 48). Accueillir un enfant en son nom, c'est accueillir Jésus, et accueillir Jésus, c'est accueillir le Père. Regarder un enfant, pour y reconnaitre Jésus; regarder Jésus pour y reconnaitre le Père. Jésus ne craint pas de s'identifier à l'enfant. En Jésus, l'enfant

qu'il a été, demeure dans toute sa beauté, à travers sa simplicité (pas de duplicité en lui). En même temps, Jésus adulte a appris en son âge mur à devenir pleinement l'enfant du Père en acceptant au gré de sa vie de plus en plus conflictuelle avec les chefs et les anciens, a s'en remettre totalement a Lui. Sa mort est l'acte où il est suprêmement adulte en y consentant librement. Elle est l'acte ou il est suprêmement enfant du Père, en acceptant de s'abandonner et de dépendre totalement du bon vouloir du Père qui le relèvera. A la suite de Jésus, pour nous moine, devenir enfant sera entrer de manière adulte et consentie en une dépendance de plus en plus abandonnée. La pédagogie monastique nous apprend à ne plus compter sur nos seules forces, pour le jour elles nous feront complétement défaut. Nous pourrons alors nous offrir heureusement au bon soin de nos frères, dans l'attente d'être recueilli dans les bras de notre

Père. Apprends-nous Seigneur Jésus à devenir à ta suite cet enfant qui reçoit tout de son Père.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 24-29 De la façon de recevoir les frères écrit le 03 octobre 2023
Verset(s) :

24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,

25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.

26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.

27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,

28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.

29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.

Commentaire :

Avec cette fin de chapitre, nous arrivons au terme du rite de profession tel que Benoit le définit. Vient le moment de sceller par des actes concrets l'entrée en communauté. C'est la renonciation des biens, en faveur soit des pauvres soit de la communauté, et puis le changement d'habits pour revêtir les effets du monastère. Par ses rites, est signifiée une radicalité évangélique : celle de l'abandon de tout l'être à Dieu à travers une communauté concrète de laquelle on dépendra désormais. Mais cette radicalité n'exclue pas la prudence de Benoit lorsqu'il évoque les effets du frère qui sont conservés au cas où il partirait. Petite mention de sagesse qui n'amoindrit pas la radicalité de l'engagement. Mais elle nous rappelle à tous que la persévérance est un don fait à notre faiblesse humaine. Celle-ci doit sans cesse s'y replonger pour avancer. Les difficultés d'engagement ne sont pas d'aujourd'hui.

Je voudrais m'arrêter sur l'expression choquante pour nos oreilles modernes: « puisqu'à partir de ce jour, il sait qu 'il n'aura même plus pouvoir sur son corps ». Prise littéralement, elle pourrait prêter a bien des abus qui apparenteraient la vie monastique a de l'esclavage. La suite qui évoque un possible départ du monastère nous indique déjà qu'il ne s'agit pas de contrainte extérieure. Le moine « sait », dit Benoit. Il a une conscience des implications de son choix. Comment entendre le « Il n'aura même plus pouvoir sur son corps »? Peut-être Benoit veut-il dire qu'en entrant au monastère, il accepte de ne pas disposer par lui-même de ce dont il a besoin pour son corps: la nourriture et les vêtements qu'il reçoit ainsi que les objets nécessaires a son quotidien. De même, il renonce à décider par lui-même de ses allers et venues, de ses emplois ou obédiences, en les recevant de la communauté par l'abbé. En ce sens, il n'a pas pouvoir sur son corps. Ces renoncements restent des choix libres. Ils ne peuvent être imposés de manière arbitraire ou sous une forme de chantage par l'autorité. Ils viennent toujours chercher chacun au lieu d'un consentement profond, qui lui fasse dire oui ou non en toute liberté. Avec le temps, et pas seulement le jour de la profession, chacun est entrainé à exercer sa liberté pour vivre ces renoncements comme un vrai don de soi au Christ, et non comme une obligation qu'on ne peut éviter. Avec le temps, ces renoncements trouvent des concrétisations qui évoluent. Depuis St Benoit, on ne reçoit plus ce dont on a besoin de la même manière. Entre notre entrée et l'avancée dans la vieillesse, la dépendance ne se vit pas de la même manière. Tous ensemble, il nous revient de veiller pour que la dépendance vécue dans l'obéissance fasse sens et demeure une authentique expression de notre don au Christ.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 17-23 De la façon de recevoir les frères écrit le 30 septembre 2023
Verset(s) :

17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,

18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.

19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.

20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.

21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»

22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».

23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.

Commentaire :

« Il promettra devant tous »... Au regard de la difficulté que je soulignais hier de s'engager aujourd'hui « pour toujours », que veut-dire promettre persévérance, conversion de ses mœurs et obéissance_? Est-ce qu'on promet ou fait voeux parce qu'on est sûr d'être fidéle pour toujours? Je pense qu'il faut ressaisir cette promesse à la lumière de l'ensemble du rite proposé, et qui demeure notre rite de profession. Le frère promet certes, mais il le fait devant tous, devant les saints et il implore l'aide de Dieu avec le « Suscipe ». Autrement dit, quand il s'engage, il n'est pas seul. Je reviens tout d'abord sur la promesse. Le verbe promettre traduit le mot latin « promitto, ere » qui se traduit par « faire aller en avant, laisser aller en avant, assurer prédire, promettre, garantir ». Je retiens le premier sens « faire aller en avant". Lorsque le frère promet, lorsqu'il professe, mot à mot lorsqu'il « lit devant tous » ses voeux, il exprime publiquement qu'il veut aller de l'avant, qu'il est déterminé à marcher dans la persévérance, la conversion et l'obéissance. Il ne promet pas qu'il va y arriver, mais il dit sa volonté de faire aller de l'avant sa vie selon cette orientation. Il veut placer sa vie sous le dynamisme de la persévérance, de la conversion et de l'obéissance. Ensuite, il le fait devant tous les frères, l'abbé et les saints. Le premier sens que l'on entend avec raison c'est qu'il les prend à témoin. Chacun de ceux qui sont présents ici-bas, mais aussi !es saints qui sont présents d'une manière propre dans la communion de l’Église, entendent la promesse faite. Mais d'une autre manière, ils sont aussi pris à parti pour accompagner ce frère par leur prière et par leur soutien fraternel. « II se prosternera au pied de chacun afin que l'on prie pour lui » dit Benoit. Que le frère puisse accomplir jour après jour sa promesse dépend aussi des frères. La promesse du frère les engage. C'est la réalité de l'alliance qui nous lie mutuellement, et qui nous rend responsable les uns des autres. Enfin il demande l'aide de Dieu par le chant du « Suscipe » : « Reçois-moi, Seigneur selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente ». A travers sa parole reconnue comme un appel, le Seigneur nous a fait entendre la promesse de nous rendre heureux en cette vie en vue de l'être pleinement dans l'autre. Lors de la profession, le frère lui demande

instamment de tenir sa promesse, et de lui faire grâce pour qu'à son tour, il soit fidèle à sa promesse. La profession monastique nous entraine à mettre là toute notre assurance. Notre avenir ne repose pas sur nos propres forces ou capacités de tenir par nous-mêmes, mais dans la grâce du Seigneur et son amour qui ne confondra pas notre attente. Jour après jour, il marchera

à nos cotés.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 11-16 De la façon de recevoir les frères écrit le 29 septembre 2023
Verset(s) :

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.

13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.

14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,

15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,

16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.

Commentaire :



« Il ne lui sera pas permis. à dater de ce jour, de sortir du monastère ". Le long processus propose par Benoit pour affermir le candidat dans son engagement veut conduire de toute évidence à un choix irrévocable. La vie monastique implique pour Benoit un « pour toujours". Comment comprendre et faire comprendre cette conviction ainsi fortement affirmée, alors que notre époque peine de plus en plus à envisager n'importe quel engagement pour toujours ? Benoit ne la justifie pas vraiment. Est-il habité par une vision de la vie terrestre qui serait déjà une première étape de la vie dans l' Au-delà ? Et qu'en conséquence, toute remise en cause d'un engagement promis devant Dieu, pourrait être préjudiciable pour la vie a venir, a l'instar du juste redevenu méchant chez le prophète Ezéchiel ?

Comment pouvons-nous comprendre cette invitation a un « pour toujours" qui reste au coeur de notre vocation? Je relèverai deux aspects : Tout d'abord, celui de la vocation personnelle au célibat qui nous engage dans une relation privilégiée avec Dieu ou plus précisément avec le Christ. Nous avons tous perçu cet appel a entrer dans une intimité particulière avec Dieu, avec le Christ. Certes la vie monastique n'est pas seule voie, mais c'est la nôtre, c'est-a-dire la forme que je juge la plus apte à m'aider à entrer dans une meilleure connaissance et un plus grand amour du Christ. Cette forme de vie sera le pédagogue patient qui, jour après jour, nous apprend à découvrir qui est le Christ. Elle nous entraine à regarder le Christ comme l'objet de plus en plus conscient de notre amour et de notre désir. Je suis entré parce que j'ai perçu que j'étais très aimé par Dieu et qu'un bonheur m'était promis là. Je reste parce que je découvre que l'amour reçu est comme un ferment puissant de vie. Il creuse en moi,

à travers le genre de vie monastique, le désir d'aimer le Christ de plus en plus. Je reste parce que je découvre que cet amour ne demande qu'à grandir si je m'y donne fidèlement dans les moyens qui me sont offerts. Inséparablement à cette relation privilégiée avec le Christ, le "pour toujours" s'éclaire à la lumière de la vie du Royaume à venir. Au fur et mesure du chemin sur lequel prend consistance notre relation avec le Christ, grandit la conscience qu'à l'horizon du Royaume, elle va s'approfondir encore. La Vie ici-bas semble naturellement faite pour demeurer et s'épanouir dans l'Au-delà. L'amour cherché et expérimenté dès à présent, appelle comme irrésistiblement l'amour espéré dans le futur. Oui, faisons confiance au don reçu !ors de notre entrée, il est comme la graine d'une plante, d'un arbre qui s'enracine peu à peu pour étendre ses branches jusque dans le Ciel.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 07-11 De la façon de recevoir les frères écrit le 28 septembre 2023
Verset(s) :

7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.

8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.

9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,

10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »

11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.

Commentaire :



« On observera s'il cherche vraiment Dieu, s'applique avec soin à l'oeuvre de Dieu, à l'obéissance et aux pratiques d'humilité ». Je suis interessé par le verbe latin traduit ici par « s'appliquer », le verbe « sollicito, are» qu'on peut traduire par« remuer totalement, agiter, troubler, inquiéter, tourmenter, exciter, soulever, attirer... » De cette variété de sens offerts par le dictionnaire, je retiens !es premiers « remuer agiter totalement, inquiéter...". "Si sollicitus est": on pourrait traduire en poussant un peu, s'il est entièrement remué, agité par l'oeuvre de Dieu. l'obéissance et les pratiques d'humilité ou encore s'il se remue, s'agite entièrement pour l'oeuvre de Dieu, l’obéissance, les pratiques d’humilité ... En français familier, on dirait « s'il se bouge vraiment". A travers ces nuances de sens, on peut entendre que St Benoit invite à discerner chez le nouveau-venu le degré plus ou moins profond d'investissement. Est-ce qu'il est touché, pris aux tripes par la vie qu'il découvre et qu'il apprend, ou non? Est-ce qu'il s'y engage du bout des lèvres ou bien entièrement ?

Ces nuances de sens qui vont jusqu'à impliquer une certaine inquiétude, ou profonde insatisfaction, disent combien l'oeuvre de Dieu, mais aussi l’obéissance et le désir de l’humilité sont un labeur de tout l'être dans la vie monastique. Si le nouveau-venu ne cherche pas à s'y donner pleinement, il vaut mieux qu'il s'en aille. "Si tu ne peux pas, tu es libre, tu peux t'en aller". Ici se situe comme un passage étroit obligé dont il est toujours important de nous rappeler le sens, pour ne pas nous décourager lorsqu'on affronte ensuite !es difficultés, ou pour ne pas paraitre masochiste à nos propres yeux comme à ceux de qui nous regardent. L'oeuvre de Dieu, l'obéissance et l'humilité ne sont pas cherchées pour elles-mêmes. Si l'on s'y engage entièrement, c'est parce qu'on a perçu, d'une manière ou d'une autre, qu'en les vivant, nous sommes profondément unis au Christ, Lui en qui notre vie prend sens. Se remuer, se bouger pour aller à l'oeuvre de Dieu, c'est inséparablement nous remuer. nous décider pour honorer le Christ qu'on ne veut préférer à rien d'autre. Si on s'engage librement à obéir, à un horaire, au supérieur, aux frères, c'est parce qu'on est profondément comme inquiet dans le désir de ne pas manquer la Parole que Dieu nous offre jour après jour. Si on se donne dans la voie de l'humilité, c'est qu'on a compris que par elle, le Christ nous a sauvés de l'orgueil du péché. Nous qui ne sommes plus au noviciat, et nous savons le poids, la peine parfois que représente cette fidélité à nous remuer, à nous bouger pour demeurer vivant dans l'oeuvre de Dieu, l'obéissance et

l'humilité. Mais gardons vivante la conscience que l'appel de Dieu nous associe par là, avec le Christ, au mystère du salut à l'oeuvre aujourd'hui dans notre monde. Nous annonçons par toute notre vie le Règne de Dieu qui est à l'oeuvre.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 58 05-06 De la façon de recevoir les frères écrit le 27 septembre 2023
Verset(s) :

5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.

6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.

Commentaire :



Du logement des hôtes, le nouveau venu passe au logement des novices. Entre !es deux, il y a une marche très sensible. Car désormais, il va consacrer la majeure partie de son temps à apprendre, sans oublier de manger et de dormir, précise st Benoit. Apprendre (meditare) : apprendre les usages du monastère et une manière de vivre ; apprendre à prier et une manière d'être en présence de Dieu, non seulement durant !es offices ou la lectio, mais aussi durant la journée par la garde du coeur dans le recueillement; apprendre pour entrer dans !'intelligence de la vie monastique à travers la connaissance des sources et des textes qui nous régissent ; apprendre à travailler pour participer à la vie de la communauté et à sa subsistance ; apprendre à vivre avec d'autres en se supportant et s'aimant dans la patience.

Etre capable d'apprendre et de se laisser conduire est la disposition première demandée au novice. Ici, l'ancien apte à gagner les âmes va l'aider à apprendre de telle sorte qu'il ne s'agisse pas de s'humilier ou de se conformer en surface pour faire bonne figure. Non, il va lui montrer comment apprendre de telle sorte que le désir d'apprendre reste en lui comme une profonde disposition. On pourrait dire que le noviciat est ce temps ou l'on apprend la bonne manière d'apprendre. Ce n'est pas le temps où on apprend une fois pour toute, et puis après on est quitte, voire on fait ce qu'on veut. Oui heureux sommes-nous si le noviciat a développé en nous le goût d'apprendre durant toute notre vie. Ici, il s'agit bien plus que de la curiosité intellectuelle pour connaitre des choses nouvelles. Apprendre désigne cette attitude de quête et d'ouverture vis-a-vis du mystère de Dieu. Cultiver le désir d'écouter Celui qui nous a appelés et qui nous offre d'entrer dans son projet d'amour pour chacun et pour le monde. Apprendre sera plus un chemin qui nous transforme qu'une caverne dans laquelle on entasserait des trésors. En même temps, la vie monastique selon st Benoit est une école ou !'on apprend avec d'autres et par !es autres. Nos frères seront souvent des pédagogues malgré eux. Les frictions de la vie

commune qui me heurtent ou me font ma! sont souvent des lieux bénéfiques d'apprentissage pour corriger ma tendance spontanée a me prendre pour le centre du monde. Des frères à mes cotés voient et font les choses autrement. Ils m'apprennent que le monde est toujours plus grand que ce j'en perçois. Heureuse et couteuse cohabitation fraternelle qui m'enlève mes illusions de toute puissance ou de suffisance.

Si celui qui sort du noviciat, sort renforcé dans le désir d'apprendre, il est bien armé pour la vie monastique ... car le chemin d'apprentissage ne fait que commencer.