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1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.
2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle
3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»
4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;
5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.
6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,
7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.
8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,
9. à condition toutefois qu'ils promettent eux aussi l'observation de la règle et leur propre persévérance.
« On ne lui relâchera rien de la discipline de la Règle, pour que ce soit comme dit l’Ecriture : « Ami, pourquoi es-tu venu »… Pourquoi ne rien relâcher à la discipline de la Règle ? Pour demeurer sous l’interpellation de l’Ecriture : « Ami, pourquoi es-tu venu ? ». Sortie du contexte du récit de la passion, cette citation est utilisée comme un aiguillon qui éclaire l’aiguillon de la Règle. En effet, il y a toujours un risque de vouloir préserver la Règle et ses exigences pour elle-même. Observer la Règle pour être dans les clous, pour préserver l’uniformité de la vie commune…Mais cette façon de voir reste commandée par des motivations extérieures. On observe pour être un bon observant. La citation de l’Ecriture : « Ami, pourquoi es-tu venu » renvoie aux motivations intérieures initiales. Elle demande de revenir à la source ce qui nous a fait entrer un jour au monastère. S’il y a un impératif d’observer la Règle, c’est pour être plus fidèle à l’appel entendu. Un jour, chacun, prêtre ou non, a perçu l’appel à se mettre en route dans la vie monastique…avec sa pédagogie propre. Cet appel reconnu ne souffrait pas d’attente dans la réponse. Chemin faisant, les difficultés font parfois oublier l’élan premier, et le désir initial s’émousse. L’ardeur à mener le bon combat peut se refroidir. Ici cette parole de l’Ecriture « Ami pourquoi es-tu venu » peut jouer pour chacun le rôle d’un miroir, où se reflète le chemin parcouru. Qu’est devenu mon désir ?
Ce temps de Carême peut-être l’occasion de ce questionnement. Qu’est-ce qui dans ma vie a besoin d’être réveillé ? Un certain laisser-aller sur des points de la règle peut mettre en alerte sur un laisser-aller plus profond dans ma relation avec le Seigneur. Sans crainte, mais avec détermination, nous pouvons revenir … « Revenons au Seigneur de tout notre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil », avons-nous chanté le mercredi des Cendres… « Car il est miséricordieux, lent à la colère et plein d’Amour ». C’est la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Revenir au Seigneur, c’est inséparablement retrouver la source de son Amour. Notre humilité à revenir, à nous remettre en chemin nous permet de redécouvrir le visage d’Amour du Seigneur qui veut réveiller notre propre amour et notre désir de mieux le servir. Oui « revenons au Seigneur de tout notre cœur ». (2015-02-27)
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
De ce chapitre anachronique au regard de notre vie actuelle, je voudrais simplement retenir le mot « oblation », offrande… Offrande de l’enfant dont la main est enveloppée dans la nappe de l’autel avec l’oblation eucharistique. C’est cette petite notation qui fait penser que la profession monastique, dont a parlé le chapitre précédent, se faisait certainement au cours de l’eucharistie. Offrande de l’enfant, offrande du moine et offrande du Christ…c’est tout un. Notre vie offerte n’a en effet de sens que dans l’offrande du Christ. Quel sens pourrait avoir une vie de renoncement, dans le célibat et une discipline de vie en un même lieu, sans la lumière de l’offrande du Christ en son mystère pascal ? Elle aurait le sens d’une recherche de sagesse et de perfection humaine. Mais elle n’aurait pas le sens d’un amour qui s’unit à un autre Amour, celui du Christ.
Oui il est bon de raviver en nous ce sens de l’offrande de notre vie par amour. Nous vivons cette offrande, une fois pour toute, le jour de notre profession. Mais c’est ensuite jour après jour, qu’il nous faut offrir tout ce que nous vivons, unis à l’amour du Christ. Toute chose prenne sens dans cet amour et dans cette lumière. Encore nous faut-il consentir à nous mettre sous la lumière de l’amour du Christ ! Et ceci est une expérience très quotidienne : quand quelque chose est difficile, allons-nous nous replier sur nos gémissements et sur nos lamentations, ou bien allons-nous le présenter au Christ, pour qu’Il nous aide à porter ce fardeau ? Quand nous avons raté quelque chose, allons-nous nous enfermer sur notre dépit et sur notre honte, ou bien allons-nous le présenter au Christ pour qu’Il vienne apporter sa lumière miséricordieuse qui sait tirer le bien du mal ? Quand la vie nous sourit au contraire et que tout semble aller, allons-nous nous laisser griser, voire nous enorgueillir, ou bien allons-nous offrir tout cela en action de grâce au Christ, pour la plus grande gloire de Dieu ? Cette dynamique de l’offrande peut devenir un heureux ressort spirituel qui nous unit à la vie du Christ ressuscité, présent à nos côtés. Notre quotidien le plus banal, un service, un courrier, un ménage, peut être uni à l’offrande du Christ à son Père. Chaque jour à l’eucharistie, nous présentons les offrandes, et avec elles, nos labeurs et ceux des hommes. Unies à l’offrande du Christ, nos vies sont alors ressaisies et transformées. De l’intérieur, elles s’ouvrent à l’amour du Christ et à sa vie, parce que nous avons accepté de tout lui remettre. Peu à peu deviennent plus incarnées, pour nous et pour toute l’Eglise, les paroles « Par lui, avec lui et en lui, à Dieu le Père tout puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». (2015-02-14)
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
« Désormais, tout sera commun entre nous », est la dernière parole du rituel de la profession monastique. Spontanément, on pense aux biens matériels dont nous parle ce matin Benoit. Mais je crois que cela vise non seulement les biens, mais aussi nos dons mutuels, nos façons de penser et de vivre. En cette période de notre vie communautaire où nous travaillons avec Ezalen, je voudrais souligner un aspect dans cette mise en commun : celui de nos façons de penser. Dans nos commissions ou nos groupes de travail, nous avons une difficulté. Nous avons du mal à aboutir pour construire quelque chose ensemble, sur des sujets concrets. Nous savons bien partager nos points de vue et nous écouter. Les groupes de communauté nous ont aidés à cette liberté et à cette écoute respectueuse. Mais il nous faut aller plus loin pour apprendre à bâtir ensemble… C’est un des buts des ateliers guidés par Ezalen : celui sur le lavoir-lingerie, et celui qui commence aujourd’hui sur les activités manuelles. Il s’agit de s’entraider à élaborer ensemble un projet sur des questions concrètes.
La recommandation de Benoit est ici précieuse quand il demande à chaque frère qui fait profession de « ne rien se réserver ». Dans nos élaborations de nouveaux projets, ou dans nos réflexions (je pense aussi à la question de l’horaire des vigiles), chacun est invité à donner son point de vue. L’expression « donner son point de vue » est intéressante. Il s’agit vraiment de le donner et de le partager en l’argumentant. Mais ensuite, une fois mis dans la réflexion commune, il faut aussi accepter de ne pas s’y accrocher, de ne pas vouloir à tout prix rester rivé sur sa manière de voir. La mise en commun de nos idées et réflexions demande à chacun un lâcher prise. La chose est délicate et subtile : à la fois il faut pouvoir dire son point de vue et l’argumenter, et à la fois, il faut pouvoir s’ouvrir au point de vue des autres pour chercher ensemble le meilleur pour la communauté. Dans cette ouverture, nous nous rendons disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint. Car c’est Lui qui est l’artisan de notre communion. Le bien et la vie de la communauté que nous visons, est d’abord son oeuvre. Ensemble, nous voulons nous rendre docile pour que soit plus fort et signifiant notre projet communautaire d’une vie consacrée à la recherche de Dieu, dans la prière assidue, dans un travail réel et dans une vie fraternelle vivante. Que l’Esprit Saint nous vienne en aide. (2015-02-13)
12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.
13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.
14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,
15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,
16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.
Le passage précédent de ce même chapitre soulignait la mise à l’épreuve du nouveau venu, afin de voir s’il cherche vraiment Dieu. Le passage entendu ce matin considère davantage la délibération que le frère doit faire, étape après étape... L’expression « délibérer avec soi-même » n’est pas habituelle en français. Spontanément, on dirait simplement « délibérer ». L’expression veut rendre en fait le latin « habitare secum deliberatione ». Magnifique expression que l’on pourrait traduire « habiter avec soi-même par la délibération ou dans la délibération »…Le jeune qui arrive et qui choisit de rester pour vivre la vie monastique, est appelé à bien réfléchir, à bien peser les choses, c’est le sens étymologique du mot latin « delibero - délibérer », « faire une pesée dans sa pensée », (in Dict. Gaffiot in « delibero »).
Benoit invite donc le nouvel arrivant à aller vérifier dans la profondeur de son être la réponse à l’appel entendu. Dieu lui a fait signe, il n’y est pour rien. Il lui revient par contre d’engager un sérieux discernement. Est-il prêt à répondre avec tout ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses ? Est-il prêt à vivre selon la règle monastique en toute liberté ? Par ce travail de délibération, en partie inconfortable car instable, il descend peu à peu en lui-même. Il rejoint son cœur, son désir profond, celui que Dieu a éveillé ou révélé par son appel. L’appel de Dieu vient manifester un aspect de sa personnalité ou une possibilité de se donner qu’il n’avait pas imaginé. Il lui faut apprendre à habiter avec soi-même dans cette nouvelle vision de sa vie, vécue à la suite du Christ. Si l’appel est reconnu et accueilli, comme révélation d’une promesse de vie offerte par Dieu, la paix viendra comme le fruit naturel de ce processus. Le frère habitera vraiment avec lui-même dans l’accueil de cette nouvelle part de lui-même que l’appel de Dieu a révélé. Dans nos vies monastiques, ce processus d’habitation avec soi-même n’est pas fini au moment de la profession. S’il est initié au cours de la formation, il ne cesse de se poursuivre et de s’approfondir. Dieu nous a appelés et nous appelle à devenir ce que nous ne connaissons pas bien encore, mais que nous accueillons avec confiance. Car nous avons reconnu combien le Seigneur est bon et digne de confiance dans ses desseins. Les chemins par lesquels il nous conduit sont bons. (2015-02-11)
12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.
13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.
14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,
15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,
16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.
Le passage précédent de ce même chapitre soulignait la mise à l’épreuve du nouveau venu, afin de voir s’il cherche vraiment Dieu. Le passage entendu ce matin considère davantage la délibération que le frère doit faire, étape après étape... L’expression « délibérer avec soi-même » n’est pas habituelle en français. Spontanément, on dirait simplement « délibérer ». L’expression veut rendre en fait le latin « habitare secum deliberatione ». Magnifique expression que l’on pourrait traduire « habiter avec soi-même par la délibération ou dans la délibération »…Le jeune qui arrive et qui choisit de rester pour vivre la vie monastique, est appelé à bien réfléchir, à bien peser les choses, c’est le sens étymologique du mot latin « delibero - délibérer », « faire une pesée dans sa pensée », (in Dict. Gaffiot in « delibero »).
Benoit invite donc le nouvel arrivant à aller vérifier dans la profondeur de son être la réponse à l’appel entendu. Dieu lui a fait signe, il n’y est pour rien. Il lui revient par contre d’engager un sérieux discernement. Est-il prêt à répondre avec tout ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses ? Est-il prêt à vivre selon la règle monastique en toute liberté ? Par ce travail de délibération, en partie inconfortable car instable, il descend peu à peu en lui-même. Il rejoint son cœur, son désir profond, celui que Dieu a éveillé ou révélé par son appel. L’appel de Dieu vient manifester un aspect de sa personnalité ou une possibilité de se donner qu’il n’avait pas imaginé. Il lui faut apprendre à habiter avec soi-même dans cette nouvelle vision de sa vie, vécue à la suite du Christ. Si l’appel est reconnu et accueilli, comme révélation d’une promesse de vie offerte par Dieu, la paix viendra comme le fruit naturel de ce processus. Le frère habitera vraiment avec lui-même dans l’accueil de cette nouvelle part de lui-même que l’appel de Dieu a révélé. Dans nos vies monastiques, ce processus d’habitation avec soi-même n’est pas fini au moment de la profession. S’il est initié au cours de la formation, il ne cesse de se poursuivre et de s’approfondir. Dieu nous a appelés et nous appelle à devenir ce que nous ne connaissons pas bien encore, mais que nous accueillons avec confiance. Car nous avons reconnu combien le Seigneur est bon et digne de confiance dans ses desseins. Les chemins par lesquels il nous conduit sont bons. (2015-02-11)
7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.
8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.
9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,
10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »
11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.
« On observera s’il cherche vraiment Dieu ». Aux Vigiles il y a quelques jours, nous entendions dans le prophète Amos, cette parole : « Ainsi parle le Seigneur à la maison d’Israël : cherchez moi et vous vivrez » (Am 5,4). Dans la bouche du prophète, cela veut dire ici « chercher le bien et fuir le mal ». Une note de la BJ en Am 5, 4 explicite les sens de ce verbe « chercher ». Elle souligne que « dans d’autres textes de l’AT on cherche Dieu, on le consulte (verbe darash) en l’interrogeant par un homme de Dieu, en cherchant sa parole soit dans un livre, soit par l’intermédiaire d’un prophète ». La note poursuit : « une autre expression (verbe biqqesh) indique plutôt que l’on cherche la face, c’est-à-dire la présence du Seigneur. Mais les deux expressions sont voisines : si l’on cherche la face du Seigneur, c’est pour connaitre sa volonté, et sa présence se manifeste souvent dans ses oracles ». Pour résumer, on pourrait dire que « chercher Dieu » qui est « une démarche religieuse essentielle dans l’AT » implique autant un engagement concret, chercher le bien et fuir le mal, que le désir de connaitre sa volonté par un homme de Dieu et de rechercher sa présence…
Notre vie monastique nous offre un itinéraire à parcourir pour vivre à notre tour cette recherche de Dieu. Elle n’est pas sans rejoindre les trois aspects de la recherche de Dieu repérés dans l’AT. Avant tout, il faut redire, dans la lignée des chercheurs de Dieu en Israël, que si le Seigneur nous lance cet appel à le chercher, c’est pour que nous vivions et que nous vivions vraiment. Tout d’abord, le chercher, ce sera toujours rechercher le bien et fuir le mal jusque « dans les choses dures et pénibles » qui ne manqueront pas. Dans de telles occasions, l’humilité sera notre force et notre lumière. Car comme le Christ, nous sommes appelés à aimer jusqu’au bout, jusque dans l’adversité. Ensuite chercher Dieu vraiment, ce sera accepter de connaitre et de faire sa volonté par la voie privilégiée de l’obéissance. Obéissance à des hommes pour apprendre l’obéissance à Dieu. Enfin chercher Dieu, ce sera rechercher sans cesse sa face en « s’appliquant avec soin à l’œuvre de Dieu ». Jour après jour, office après office, nous nous tenons devant le Seigneur, dans le désir de Lui être présent, Lui qui est là toujours présent et fidèle. Nous tenir en sa Présence pour l’écouter, pour nous laisser aimer par lui et pour l’aimer…pour le chercher dans le désir de lui être plus uni… ». C’est ta Face que je cherche, ne me cache pas ta Face » (Ps 26, 9). (2015-02-10)
1. Quand un nouveau venu arrive pour la vie religieuse, on ne lui accordera pas facilement l'entrée,
2. mais comme dit l'Apôtre : « Éprouvez les esprits, pour voir s'ils sont de Dieu. ;»
3. Si donc l'arrivant persévère à frapper, se montre patient à supporter, au bout de quatre ou cinq jours, les mauvais traitements qu'on lui inflige et les difficultés d'entrée, et persiste dans sa demande,
4. on lui permettra d'entrer, et il sera dans le logement des hôtes pendant quelques jours.
5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.
6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.
Que retenir de ce début de chapitre, un peu abrupt, au sujet de l’accueil de nouveaux candidats ? Je voudrais retenir le verbe « persévérer ». Tout l’objet de la pédagogie de la Règle, un peu déroutante pour nous, pourrait se résumer dans cette question : le candidat peut-il persévérer dans le genre de vie qu’il veut embrasser ? Dès le début, Benoit est attentif à ne pas laisser dans l’illusion celui qui se présente. S’il veut tenir, il va devoir savoir où chercher sa force. Elle ne sera pas dans une gentillesse trop facile des frères. Non, sa force sera dans la capacité à puiser dans ses ressources intérieures. Elle sera dans sa capacité à supporter, à être patient au nom du Christ que l’on veut écouter et suivre en ce chemin. Je crois que cet enseignement reste d’une profonde vérité. Que l’on arrive au monastère ou que l’on soit là depuis 5,10 ou 50 ans, notre persévérance dans la vie monastique n’est pas fondamentalement liée à l’environnement extérieur favorable ou non. Non, elle est liée d’abord à notre capacité à descendre en nous-mêmes pour y puiser la source qui va nous faire vivre vraiment : la grâce du Christ, sa présence et son visage sans cesse recherché qui nourrissent notre patience.
Ceci apparait clairement dans le prologue où l’on retrouve les deux mots associés : « persévérer et patience ». « Persévérant au monastère dans son enseignement jusqu’à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience » (Prol. 50). A la suite du Christ, la vie monastique nous identifie peu à peu à lui. Si nous ne sommes pas appelés à le suivre jusqu’à la croix, nous sommes appelés à lui être fidèles jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Le don de nous-mêmes ne s’exprimera pas alors par le sang versé, mais par la patience… « Simplement par la patience », pourrait-on dire. Mais comme disait le Curé d’Ars : « 3 minutes de patience valent mieux que 3 jours de jeûne ». Ce matin, nous pouvons réentendre ces mots de persévérer et de patience, comme un encouragement dans notre engagement à suivre le Christ. Si nous sommes tentés de penser que cela devrait être facile, ces mots nous rappellent à un sain réalisme. Ils nous redisent qu’il nous faut savoir regarder en face les résistances, celles extérieures, mais plus encore celles intérieures que nous pouvons opposer. Regarder en face, sans crainte, ni découragement, dans la certitude d’être appelés à mener le bon combat de l’humilité et de la charité pour la Gloire de Dieu. (2015-02-07)
1. Quand un nouveau venu arrive pour la vie religieuse, on ne lui accordera pas facilement l'entrée,
2. mais comme dit l'Apôtre : « Éprouvez les esprits, pour voir s'ils sont de Dieu. ;»
3. Si donc l'arrivant persévère à frapper, se montre patient à supporter, au bout de quatre ou cinq jours, les mauvais traitements qu'on lui inflige et les difficultés d'entrée, et persiste dans sa demande,
4. on lui permettra d'entrer, et il sera dans le logement des hôtes pendant quelques jours.
5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.
6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.
Que retenir de ce début de chapitre, un peu abrupt, au sujet de l’accueil de nouveaux candidats ? Je voudrais retenir le verbe « persévérer ». Tout l’objet de la pédagogie de la Règle, un peu déroutante pour nous, pourrait se résumer dans cette question : le candidat peut-il persévérer dans le genre de vie qu’il veut embrasser ? Dès le début, Benoit est attentif à ne pas laisser dans l’illusion celui qui se présente. S’il veut tenir, il va devoir savoir où chercher sa force. Elle ne sera pas dans une gentillesse trop facile des frères. Non, sa force sera dans la capacité à puiser dans ses ressources intérieures. Elle sera dans sa capacité à supporter, à être patient au nom du Christ que l’on veut écouter et suivre en ce chemin. Je crois que cet enseignement reste d’une profonde vérité. Que l’on arrive au monastère ou que l’on soit là depuis 5,10 ou 50 ans, notre persévérance dans la vie monastique n’est pas fondamentalement liée à l’environnement extérieur favorable ou non. Non, elle est liée d’abord à notre capacité à descendre en nous-mêmes pour y puiser la source qui va nous faire vivre vraiment : la grâce du Christ, sa présence et son visage sans cesse recherché qui nourrissent notre patience.
Ceci apparait clairement dans le prologue où l’on retrouve les deux mots associés : « persévérer et patience ». « Persévérant au monastère dans son enseignement jusqu’à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience » (Prol. 50). A la suite du Christ, la vie monastique nous identifie peu à peu à lui. Si nous ne sommes pas appelés à le suivre jusqu’à la croix, nous sommes appelés à lui être fidèles jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Le don de nous-mêmes ne s’exprimera pas alors par le sang versé, mais par la patience… « Simplement par la patience », pourrait-on dire. Mais comme disait le Curé d’Ars : « 3 minutes de patience valent mieux que 3 jours de jeûne ». Ce matin, nous pouvons réentendre ces mots de persévérer et de patience, comme un encouragement dans notre engagement à suivre le Christ. Si nous sommes tentés de penser que cela devrait être facile, ces mots nous rappellent à un sain réalisme. Ils nous redisent qu’il nous faut savoir regarder en face les résistances, celles extérieures, mais plus encore celles intérieures que nous pouvons opposer. Regarder en face, sans crainte, ni découragement, dans la certitude d’être appelés à mener le bon combat de l’humilité et de la charité pour la Gloire de Dieu. (2015-02-07)
1. S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, si l'abbé le permet.
2. Si l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il a de son métier, dans la pensée qu'il rapporte quelque chose au monastère,
3. on l'enlèvera de ce métier et il n'y mettra plus les pieds, à moins qu'il ne s'humilie et que l'abbé l'y autorise.
On ne peut pas servir Dieu et l’argent, nous dit Jésus dans l’évangile. Comment concrètement vivre cela quand on doit travailler et échanger avec d’autres, par le moyen de l’argent ? Benoit nous laisse des recommandations précises qui permettent d’éviter plusieurs écueils afin « qu’en tout », même dans les échanges pécuniaires, « Dieu soit glorifié ».
Tout d’abord, concernant le travail lui-même, et la manière de le vivre, comme pour bien d’autres aspects de notre vie monastique, Benoit recommande l’humilité. Humilité pour veiller à ne pas s’attacher à son art ni à se glorifier d’être quelqu’un qui gagne beaucoup d’argent pour la communauté. Vouloir être quelqu’un par son travail et par la richesse que l’on rapporte n’est qu’illusion. Car devant Dieu, qu’est-ce que cette gloire-là ! Elle n’est que recherche de soi devant le regard des autres, et non devant Dieu. Benoit nous met en garde ici devant le piège d’une forme d’idolâtrie du travail et de l’argent. C’est une idole puisque le but n’est plus la recherche de la gloire de Dieu, mais celle de la sienne propre.
Autre écueil possible dans les échanges : la fraude, une forme de vol qui ne dit pas son nom. Sous les apparences du bien, il y a de la magouille ou des pratiques occultes. Ici Benoit redoute que par ce genre de pratiques s’insinue une forme de mort dans l’âme. On s’habitue à des façons de faire qui ne sont pas claires, et on l’on perd le sens du bien, de la justice et de la netteté. C’est heureux de réentendre cela pour nous aussi aujourd’hui. Pour nous-mêmes d’abord, et pour le témoignage à donner aux autres, il nous faut toujours veiller à cette clarté dans toutes nos transactions ou opérations diverses.
Dernier écueil ou forme d’idolâtrie : l’avarice. La parade proposée par Benoit est difficilement applicable dans la société marchande contemporaine. Le calcul des prix de revient impose ses barèmes. Mais dans nos divers lieux de commerce et de transactions, reste toujours valable la question à se poser : qu’est ce qui m’anime ? Est-ce de faire du gain à tout prix ? Ou bien est-ce de vivre un échange juste avec l’autre et un échange qui me laisse profondément libre intérieurement ? (2015-02-04)
1. La table de l'abbé sera toujours avec les hôtes et les étrangers.
2. Cependant chaque fois qu'il y a moins d'hôtes, il aura le pouvoir d'inviter ceux des frères qu'il voudra.
3. Cependant il faut toujours laisser un ou deux anciens avec les frères pour le bon ordre.
« Pour le bon ordre »…Pour le bon ordre, St Benoit prévoie qu’il y ait un ou deux anciens aux tables avec les frères. Le mot latin utilisé et traduit par « ordre » est « disciplina »…qui a donné discipline…Un mot qui ne sonne pas très sympathiquement à nos oreilles. Il risque de rappeler des mauvais souvenirs de collège ou de lycée avec leurs préfets de discipline…St Benoit nous introduit-il dans un système scolaire ? Par certains aspects, la Règle qui veut régir « l’école du service du Seigneur » pourrait prêter le flanc à cette critique, notamment quand Benoit en appelle aux sanctions prévues par la Règle à l’encontre des frères qui commettent des fautes (32,5 ; 55,17 ; 70,16).
Mais la « discipline », ou le « bon ordre » comme en ce chapitre, se réduit-elle à un système de coercition ou d’obligations extérieures qu’il faudrait subir, de plus ou moins bon gré ? La Règle, qui nous parle encore aujourd’hui, veut par la discipline, façonner en nous le « disciple » du Seigneur. Le moine disciple, que nous sommes, désire se laisser modeler par une Parole et par une pratique, afin de ressembler un peu plus à son Maitre, le Christ.
Par ex, « pour le bon ordre » de la table, c’est-à-dire pour un ordre où la charité ait la première place, le P. Abbé rappelle de temps en temps quelques points concernant nos repas : Veiller à ne pas choisir sa place pour aller à n’importe quelle table, ou encore veiller à ne pas manger trop vite, pour s’attendre les uns les autres. Dans les deux cas, c’est de liberté et de charité dont il s’agit. J’apprends à être libre et aimer tous mes frères sans choisir ceux avec qui ou en face de qui je serai…Je remarque que plusieurs frères ne vont jamais à certaines tables…Pourquoi cela ? Restons souples intérieurement, ayons à cœur d’aller vers tous, la charité fraternelle grandira et notre cœur s’élargira… De même lorsque j’attends que les frères autour de moi aient fini d’un plat avant de passer au suivant, j’apprends à être libre et à aimer. Libre par rapport à mes appétits et mon besoin de dévorer. J’apprends à aimer mes frères en les prenant en considération. Je mange avec des frères, je ne suis pas tout seul dans ma stabulation… Soyons attentifs à ce bon ordre-là de la liberté et de la charité, ne devenons pas des vieux garçons. (2015-02-03)