vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 22-28 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 22 juillet 2015
Verset(s) :

22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,

23. ne pas réserver un temps pour le courroux.

24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,

25. ne pas donner une paix mensongère,

26. ne pas se départir de la charité.

27. Ne pas jurer, de peur de se parjurer,

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

Pour mieux expliciter ce que veut dire « se rendre étranger aux actions du monde» et « ne rien préférer à l'amour du Christ », que nous entendions hier, Benoit propose des instruments de discernement concrets. Deux mots servent de repère: charité et vérité. Avec le Christ, vivre la charité pour éteindre la colère, le désir de vengeance, ou la tromperie qui pourraient me conduire à faire des actes selon le monde. Avec le Christ, agir selon la vérité, plutôt que de donner une paix mensongère, plutôt que de jurer ou de mentir. ..

L'amour du Christ est en nous une source qui assainit toutes nos aigreurs, toutes nos demi-mesures, nos faux semblants ... A la soif de puissance ou de vengeance, il oppose la douceur et la force d'une présence qui réconcilie plutôt que de détruire. Là où nous voudrions en finir avec un adversaire par la violence, l'amour du Christ nous apprend la patience, et le lent chemin de la réconciliation. Au désir de se cacher derrière des faux semblants, de demi- mesures, ou de mensonges finalement, l'amour du Christ est en nous une belle lumière qui redonne courage, le courage de la loyauté. Dans notre lutte contre ce qui est trouble et double, l'amour du Christ nous presse de résister et de trouver en Lui notre belle colonne vertébrale de fils de Dieu. La colère, la vengeance ou le mensonge ne font de nous que des demi-êtres, des esclaves, des personnages de façade. Soyons vigilants sur ce qui se passe dans nos cœurs quand survient un conflit ou bien quand nous sommes pris en défaut. .. Apprenons du Christ à nous tenir en lui dans la charité patiente et dans la vérité forte. Son Amour pour nous est notre force. Lui seul guérit nos blessures, ces parts faibles qu'on n'ose parfois même pas s'avouer à soi-même.

Ste Marie Madeleine que nous fêtons aujourd'hui en a fait l'expérience. Elle qui a cherché démesurément l'amour n'a trouvé que vide angoissant et finalement mépris d'elle- même.« J'ai tout perdu hors la misère» chantions-nous ce matin ... Mais « la misère où descend l'amour ». Marie Madeleine sans fard séducteur, s'est tenue en vérité devant Jésus. Et c'est là que son Amour l'a rejointe et a pu faire des merveilles. Comme Marie Madeleine, notre seule force est dans cet être là devant Jésus, dans la vérité de tout notre être. Il n'a qu'un désir: nous rendre à nous même notre dignité de fils de Dieu, dignité plus précieuse que tout à ses yeux. Dignité par laquelle il fait de nous pour notre monde des coopérateurs de son œuvre de salut, comme Marie Madeleine l'a été en devenant « apôtre des apôtres ». (2015-07-22)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 20-21 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 21 juillet 2015
Verset(s) :

20. Se rendre étranger aux actions du monde,

21. ne rien préférer à l'amour du Christ.

Commentaire :

Ces deux instruments s'enracinent dans l'engagement baptismal des premiers chrétiens. En étant baptisés adulte, ceux-ci faisaient le choix de vie radical de rompre avec certaines habitudes de la société d'alors, pour se tourner résolument vers le Christ. Dans le rituel, le nouveau baptisé se tournait vers l'ouest, vers le soleil couchant symbole des ténèbres, en levant la main, en signe de refus. Puis il se tournait vers l'orient, vers le soleil levant, symbole du Christ ressuscité et de son avènement dans la gloire (cf St Ambroise, De mysteriis 7 ; Cyrille de Jérusalem, Catéchèses Mystagogiques 1,2,9). Il voulait renoncer à des manières de vivre marquées par la mort pour choisir de vivre toute chose en Christ, le Vivant.

Ces deux instruments nous rappellent notre engagement baptismal, lorsque nous avons renoncé à l'esprit du mal et à ses œuvres pour choisir le Christ. Nous renouvelons ces promesses lors de chaque vigile pascale. Notre vie monastique veut servir ce propos originaire d'être tout au Christ en y apportant un soin très précis. Les instruments qui suivront énumèreront des attitudes ou des actions à éviter qui marqueront notre préférence concrète pour l'amour du Christ. J'y reviendrai. Aujourd'hui on peut retenir et entendre chacun cette question: est-ce que le Christ et son amour ont vraiment ma préférence? Quels sont les lieux où mon cœur est encore partagé? On se souvient de la phrase de M. Delbrêl : « Mon Dieu, je vous aime, mais tellement plus en cet instant cette cigarette anglaise, ou même gauloise » ... La vie monastique voudrait nous tenir en éveil, afin de préférer le Christ et son amour à tout autre amour. Ces petits amours qui nous retiennent captifs parce que prenant beaucoup de place dans notre cœur et dans notre quotidien. Si on nous les enlève, si les choses ne vont pas comme elles devraient ... cela fait un drame ... au moins intérieur. Comment ne rien préférer à l'amour du Christ? En nous mettant plus profondément à l'écoute de son Amour, qui ne cesse de se dire dans la liturgie, dans la lectio divina et dans le silence de la prière. De jour en jour, sa Parole ne nous dit qu'une chose: son Amour pour nous et son désir de nous voir marcher en Lui. « Je vais t'instruire, te montrer la route à suivre, te conseiller, veiller sur toi» avons- nous chanté ce matin. « Celui qui fait la Volonté de mon Père ... est pour moi un frère ... », entendrons-nous ce matin. Le Christ vient nous révéler le vrai bonheur de vivre avec Lui et en Lui ... Il nous propose de mettre toute notre vie sous la Lumière de son Amour. (2015-07-21)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 14-19 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 15 juillet 2015
Verset(s) :

14. Restaurer les pauvres,

15. vêtir les gens sans habits,

16. visiter les malades,

17. ensevelir les morts,

18. secourir ceux qui sont dans l'épreuve,

19. consoler les affligés.

Commentaire :

En arrière fond de ces instruments, nous pouvons entendre la parabole du jugement dernier: j'avais faim et vous m'avez donné à manger, j'étais nu et vous m'avez habillé ... C'est la base la plus basique de l'éthique et de l'agir chrétien. On y revient toujours, car on peut oublier si vite les choses basiques de la vie, comme de la vie chrétienne.

Eusèbe de Césarée écrit à propos des chrétiens: « Dans une telle conjecture de maux (une guerre ou une famine ?), les chrétiens étaient les seuls à montrer par leur œuvres leur compassion et leur amour des hommes » ... (Hist. Ecc1és. 9,8,14). Et de raconter comment ils ensevelissaient les morts et distribuaient du pain aux affamés ... Dirait-on cela aujourd'hui? Les chrétiens ne sont plus les seuls à montrer par leurs œuvres leur amour des hommes. Ils n'ont plus le monopole de la charité. De nombreuses personnes se dévouent dans des associations diverses, non confessionnelles, que l'on pense aux Resto du Cœur, à Médecin sans frontières ou encore aux maraudes nocturnes auprès des SDF, le Secours Populaire qui font un travail remarquable. Lors de la récente crise de la fièvre Ebola, de nombreuses personnes sont allées sur les lieux, au risque de leur santé. Il est heureux qu'il en soit ainsi. Cela ne fait que révéler la justesse et la pertinence des paroles de Jésus dans la parabole du jugement dernier: beaucoup de personnes qui ne le connaissent pas le servent dans les plus démunis, sans rechercher de récompense pour le don d'eux-mêmes. En retour, ces personnes nous interpellent, nous chrétiens, dans ce qui pourrait être timoré ou retenu dans notre charité à l'égard des autres.

Qu'avons-nous donc de différent des autres, nous chrétiens? Nous avons une double connaissance: connaissance de la parole du Christ qui nous révèle sa présence dans les « tout- petits» et connaissance de l'Esprit Saint qui en nous est dynamisme et élan vers les autres. Nous avons donc une vraie responsabilité: celle de répondre de ces dons merveilleux qui nous sont faits. «N'éteignez pas l'Esprit» (l Th 5,19) nous dit St Paul. «Ne contristez pas l 'Esprit ... montrez-vous au contraire compatissants les uns envers les autres, vous pardonnant mutuellement ... » (Ep 4, 30, 32). Soyons, frères, de plus en plus attentifs à l'élan d'amour que l'Esprit Saint vient susciter en nous... pour nos frères, pour tout homme croisé ... Cet amour de Dieu est répandu dans nos cœurs pour être partagé ..(2015-07-15)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 10-13 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 14 juillet 2015
Verset(s) :

10. Se renoncer à soi-même pour suivre le Christ.

11. Châtier le corps,

12. ne pas rechercher les plaisirs,

13. aimer le jeûne.

Commentaire :

Comment se renoncer soi-même pour suivre le Christ tout en s'aimant soi-même, comme nous l'entendions au début de ce chapitre? Comment châtier le corps sans le maltraiter? Comment ne pas rechercher les plaisirs et avoir plaisir à faire ou à goûter quelque chose? Comment aimer le jeûne et savoir apprécier un repas?

Si nous prenons au sérieux ces instruments qui ont fait leur preuve pour bon nombre de moines qui nous ont précédés, nous ne pouvons cependant pas esquiver trop vite ces questions qui surgissent spontanément dans notre esprit? Questions que notre société marquée par la culture du bien être attise davantage. L'équilibre à rechercher est en effet un équilibre spirituel. Notre vie monastique à la suite du Christ nous pousse à rechercher cet équilibre avec persévérance, afin que notre existence ait une vraie saveur humaine et spirituelle. Pour chacun de nous, il y a un ressort intérieur à trouver afin que le Christ soit réellement le centre de notre désir, afin qu'il occupe peu à peu le champ de nos préoccupations dans tout ce que nous faisons. Plus il devient le centre, plus certains plaisirs ou certains désirs qui occupaient beaucoup de place, paraissent ternes à côté de la joie de sa présence. Et à l'inverse plus sa parole illumine notre quotidien, plus le goût et la saveur des choses simples de la vie devient une source de plaisir et de réconfort. Beauté d'un paysage, simplicité d'une rencontre, plaisir d'un repas quotidien, joie d'un travail ou d'un service accompli avec amour. La vie à la suite du Christ rend fade certains plaisirs, et au contraire redonne du goût aux relations et aux réalités toutes simples que l'on pouvait tenir pour méprisables. L'évangile qui pénètre de plus en plus notre cœur opère un renversement des valeurs et un changement d'équilibre. La vie monastique nous aide à prendre au sérieux ce renversement des valeurs et ne pas nous complaire dans la recherche de choses grandes ou raffinées. L'évangile a le goût de la simplicité, il a la saveur de la sobriété. Laissons-le illuminer nos désirs, laissons-le réordonner nos appétits, laissons le libérer notre cœur ... J'indique un lieu où nous pouvons travailler et vérifier cela: les libres services du soir. .. Seront-ils un moment d'enfermement sur soi ou bien un lieu d'apprentissage de notre liberté? (2015-07-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 2 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 09 juillet 2015
Verset(s) :

2. ensuite « son prochain comme soi-même ».

Commentaire :

Après le « aimer de tout» son cœur, de « toute» son âme, et « toutes» ses forces, maintenant le « aimer comme» comme soi-même ... Aimer de tout et aimer comme, s'agit-il de deux manières d'aimer? Ne s'agit-il pas plutôt de deux repères qui veulent nous conduire à aimer de façon toujours plus unifiée? Pour aimer Dieu est proposé le « tout» en relation avec Dieu Amour qui aime sans mesure; et pour aimer le prochain est proposé le « comme» soi-même, car il est impossible d'aimer les autres si l'on ne s'aime pas soi-même. « Indivisible amour », titre un recueil de textes de Madeleine Delbrêl. Nous sommes un dans notre manière d'aimer, d'aimer Dieu, les autres et nous-mêmes.

Que veut dire aimer les autres comme soi-même? Quand on est en bonne santé, que veut dire aimer un malade comme soi-même? Quand on est jeune, que veut dire aimer un ancien comme soi-même? Quand on est français, que veut dire aimer un vietnamien ou un burkinabé comme soi-même? Derrière ces questions nous pouvons mesurer les fausses compréhensions du « comme soi-même» qui voudraient traiter l'autre selon ma mesure... Et nous faisons souvent cela: nous servons un malade avec toute notre énergie de bien portant, mais l'aimons-nous vraiment en écoutant ce dont il a réellement besoin? Nous rendons un service à un ancien avec rapidité et efficacité, mais prenons-nous vraiment la mesure de son pas et de ses véritables attentes? Nous allons à la rencontre de nos frères vietnamien et burkinabé, mais venons-nous avec nos questions, nos sujets de conversation propre à notre culture, ou bien nous intéressons-nous aux leurs? Etonnamment le aimer comme « soi-même» nous appelle à un discernement sur notre manière d'aimer... Aimons-nous à partir de nos forces, de nos certitudes, de nos idéaux, ou bien aimons-nous à partir de notre être réel, de notre être humain basique, petit, limité, parfois blessé ou inquiet? Cette part humaine fragile et vulnérable est commune à tous. Ce sera cette part humaine basique, si nous y consentons et si nous l'aimons, qui nous donnera d'entrer en communion avec les autres. Peut-être est-ce là que se trouve la différence entre les saints et ceux qui sont en train de le devenir: les saints vivent tellement en ce lieu de leur petitesse originelle, abandonné à Dieu, qu'ils peuvent rejoindre tous les hommes, les grands comme les petits, les riches comme les méprisés. Ils s'aiment tellement eux-mêmes avec leur limite et leur finitude, que celles des autres ne leur font pas peur. Jésus lui-même ne manifeste-t-il pas cela dans toute sa vie quand il s'est fait tout à tous? Seigneur, apprends-nous à aimer comme tu as aimé (2015-07-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 01 Quels sont les instruments des bonnes œuvres ? écrit le 08 juillet 2015
Verset(s) :

1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;

Commentaire :

Nous retrouvons ce long chapitre des instruments des bonnes œuvres. Long catalogue traditionnellement en usage dans les premiers siècles pour aider les chrétiens confrontés aux persécutions. La tradition monastique a fait sien cet outil spirituel facile à mémoriser, à partir de courtes sentences, toutes plus ou moins inspirées de l’Ecriture…Nous pourrions nous demander quels sont les instruments que nous gardons en mémoire…Il y en a certainement plus qu’on ne le pense. Ils reviennent facilement à la mémoire à l’occasion d’un évènement ou d’une conversation… « Désirer la vie éternelle, faire la paix avant le coucher du soleil »…

Comme d’autres avant lui, Basile et Augustin, St Benoit commence cette liste par le commandement de l’amour de Dieu : « en premier lieu, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, et de toutes ses forces »…Aimer Dieu de toute ses capacités et de toute son énergie peut sembler soit au-delà de notre portée si l’on cherche à quantifier ou soit irréel puisque Dieu est invisible, comment lui manifester notre amour ? Je crois qu’il faut entendre quelque chose de plus profond. Ce commandement nous révèle d’abord le visage de Dieu. Quand l’Ecriture nous laisse ce commandement de l’amour de Dieu, elle suggère, ce que St Jean précisera 5 ou 6 siècles plus tard, que Dieu est amour. Le Dieu infiniment amour désire nous voir partager son bonheur d’aimer, en faisant que tout ce que nous sommes soit amour. Le « tout », de « tout » ton cœur, de « tout » ton âme, de « toutes » tes forces doit donc être entendu, non pas comme un fardeau impossible, mais comme un appel à la dilatation de l’être dans l’amour. Si nous sommes tentés d’aimer pour un temps ou seulement avec une partie de nous-même, ce commandement nous entraine à nous donner jusqu’au bout de nous-mêmes. Aimer Dieu qui est Amour infini ne peut être qu’à sa mesure à lui, c’est à dire sans mesure, au-delà de toute mesure…Les mystiques sont les témoins joyeux de cette expérience de l’amour qui dilate et transfigure l’être. Nous aussi baptisés, nous portons cette capacité à aimer. Aimer toujours plus largement. Aimer Celui de qui nous venons, et vers qui nous allons, Dieu notre Père, uni au Christ son Fils, dans la force de l’Esprit. Dans la lumière de notre foi trinitaire, aimer ne doit plus nous faire peur. En effet, aimer Dieu, aimer nos frères est devenu l’œuvre de l’Esprit en nous. Uni au Christ, nous aimons comme lui dans la force de l’Esprit. Ayons donc foi en l’œuvre de l’Esprit en nous. Laissons-nous faire au gré des évènements et des appels intérieurs afin d’aimer plus généreusement, et de nous donner vraiment sans rien retenir… (2015-07-08)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 1 Quels sont les instruments des bonnes oeuvres écrit le 08 juillet 2015
Verset(s) :

1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;

Commentaire :

Nous retrouvons ce long chapitre des instruments des bonnes œuvres. Long catalogue traditionnellement en usage dans les premiers siècles pour aider les chrétiens confrontés aux persécutions. La tradition monastique a fait sien cet outil spirituel facile à mémoriser, à partir de courtes sentences, toutes plus ou moins inspirées de l’Ecriture…Nous pourrions nous demander quels sont les instruments que nous gardons en mémoire…Il y en a certainement plus qu’on ne le pense. Ils reviennent facilement à la mémoire à l’occasion d’un évènement ou d’une conversation… « Désirer la vie éternelle, faire la paix avant le coucher du soleil »…

Comme d’autres avant lui, Basile et Augustin, St Benoit commence cette liste par le commandement de l’amour de Dieu : « en premier lieu, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, et de toutes ses forces »…Aimer Dieu de toute ses capacités et de toute son énergie peut sembler soit au-delà de notre portée si l’on cherche à quantifier ou soit irréel puisque Dieu est invisible, comment lui manifester notre amour ? Je crois qu’il faut entendre quelque chose de plus profond. Ce commandement nous révèle d’abord le visage de Dieu. Quand l’Ecriture nous laisse ce commandement de l’amour de Dieu, elle suggère, ce que St Jean précisera 5 ou 6 siècles plus tard, que Dieu est amour. Le Dieu infiniment amour désire nous voir partager son bonheur d’aimer, en faisant que tout ce que nous sommes soit amour. Le « tout », de « tout » ton cœur, de « tout » ton âme, de « toutes » tes forces doit donc être entendu, non pas comme un fardeau impossible, mais comme un appel à la dilatation de l’être dans l’amour. Si nous sommes tentés d’aimer pour un temps ou seulement avec une partie de nous-même, ce commandement nous entraine à nous donner jusqu’au bout de nous-mêmes. Aimer Dieu qui est Amour infini ne peut être qu’à sa mesure à lui, c’est à dire sans mesure, au-delà de toute mesure…Les mystiques sont les témoins joyeux de cette expérience de l’amour qui dilate et transfigure l’être. Nous aussi baptisés, nous portons cette capacité à aimer. Aimer toujours plus largement. Aimer Celui de qui nous venons, et vers qui nous allons, Dieu notre Père, uni au Christ son Fils, dans la force de l’Esprit. Dans la lumière de notre foi trinitaire, aimer ne doit plus nous faire peur. En effet, aimer Dieu, aimer nos frères est devenu l’œuvre de l’Esprit en nous. Uni au Christ, nous aimons comme lui dans la force de l’Esprit. Ayons donc foi en l’œuvre de l’Esprit en nous. Laissons-nous faire au gré des évènements et des appels intérieurs afin d’aimer plus généreusement, et de nous donner vraiment sans rien retenir… (2015-07-08)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 03, v 7-13 De l’appel des frères en conseil écrit le 07 juillet 2015
Verset(s) :

7. Tous suivront donc en tout la règle comme leur maîtresse, et nul n'aura la témérité de s'en écarter.

8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,

9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.

10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.

11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.

12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,

13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »

Commentaire :

« Ne pas suivre la volonté de son propre cœur »…Voilà l’envers négatif d’une formule que nous affectionnons : « chercher Dieu ». Cette formule positive : « chercher Dieu » nous redit ce désir intime qui nous a fait venir ici et qui nous meut intérieurement. Chercher Celui que notre cœur aime et désire aimer davantage. Le chercher en discernant en toute chose sa volonté… L’envers négatif « ne pas suivre la volonté de son propre cœur » nous rappelle à un certain réalisme. Notre cœur n’est pas d’emblée unifié et totalement tourné vers son Seigneur. Il est capable, et parfois de manière très subtile, d’arranger les choses de telle manière que tout se déroule comme « je » le souhaite, sans plus me soucier de ce que le Seigneur veut. Pour nous aider, à demeurer dans cette attention profonde à la volonté de Dieu, Benoit nous donne deux outils : la règle, comme maitresse de vie, et la demande de conseil…

La règle, maitresse de vie, est ce tuteur auquel nous avons choisi de lier notre vie quotidienne, dans l’espoir de grandir de façon plus affermie, plus rapide, plus droite. Guidée par la règle, nous évitons bien des chemins de traverse ou des facilités qui nous laissent centrés sur nous-mêmes et sur nos illusions. Par ex : obéir à la cloche, au lieu de vouloir continuer ce que l’on fait, nous rend plus libre pour la rencontre du Seigneur à l’office ou pour la rencontre des frères au repas, au chapitre ou la classe de chant. Ne négligeons pas ces détails quotidiens. Il forme en nous l’homme intérieur, l’homme plus libre et plus donné.

Le second point, davantage adressé à l’abbé, vaut je crois pour tous : demander conseil… C’est un bel instrument que Benoit nous offre ici. Savoir s’enquérir d’un conseil, d’un autre regard sur ce que l’on fait, ce n’est pas renoncer à sa responsabilité. C’est plutôt vivre très concrètement le fait que nous en sommes en communauté. Les travaux et les choix de chacun intéressent la marche de la communauté. Nos emplois, nos services sont ordonnés au bien de tous, non à notre seule satisfaction ou à nos ambitions… Comme nous y invite Ezalen, ne craignons pas de perdre du temps à demander conseil ou à faire circuler l’information dans nos emplois ou nos services. Loin de perdre notre temps, nous le gagnons en recueillant davantage d’idées et surtout nous accroissons la qualité de la collaboration entre nous. Je ne vois que du bénéfice, à la différence de décisions prises trop vite qui susciteront ensuite récriminations ou critiques… Je crois ensuite qu’il y a une vraie joie à vivre entre nous, en partageant nos avis et nos recherches. Soyons heureux de nous donner de telle joie !(2015-07-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 03, v 1-6 De l’appel des frères en conseil écrit le 04 juillet 2015
Verset(s) :

1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.

2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.

3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.

4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,

5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.

6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.

Commentaire :

Avec ce petit chapitre, nous avons une application politique de l’écoute que St Benoit ne cesse de demander à ses moines… Ecoute personnelle et communautaire afin de gérer la marche concrète et les questions qui se posent à la communauté. On pourrait résumer en une phrase : dans un monastère, la vie politique, entendue comme la gestion des affaires, est fondée sur l’écoute.

Premier moment de cette écoute : celle de l’abbé qui discerne le bien fondé de proposer ou non un sujet à traiter. Second moment : la communauté accueille cette question et y réfléchit. En général, aujourd’hui, on laisse souvent un laps de temps entre l’annonce du sujet et le temps de l’échange. Ces deux premiers moments sont ceux d’une écoute qui appelle une réflexion en vue d’un discernement …

Ensuite, c’est l’abbé qui écoute les avis de chacun, avec une attention particulière aux plus jeunes. La prise de parole des frères elle-même se vit sous le mode de l’écoute. Le frère donne son avis, avec humilité. Il veut chercher avant tout la volonté de Dieu, et non pas s’accrocher à tout prix à son point de vue. Une fois entendue les paroles des frères, l’abbé délibère, mot à mot, « il fait une pesée dans sa pensée ». Il cherche et écoute ce qui peut être la volonté de Dieu. Deux adjectifs sont employés par Benoit pour qualifier ce qui guide la décision : « utilius » (le plus utile, traduit ici « le meilleur ») et « salubrius » (le plus salubre, le plus propice à la santé, traduit par « le plus opportun ». Décider le plus utile, c’est être attentif à ce que les choses marchent. Décider le plus opportun, c’est être attentif au temps et au moment. Chercher la volonté de Dieu passe par cette double attention d’une efficacité et d’une opportunité. Se faisant, on espère entrer et nous tenir dans le dessein de Dieu pour la communauté, dans l’histoire concrète qu’elle construit jour après jour.

Dernière précision sur la qualité de l’écoute en vue des prises de décisions : si les moines sont invités à obéir à l’abbé, ce dernier est fortement invité à demeurer en état de discernement pour prévoir les choses et les faire avec justice. Dans la RB, cette façon habituelle de rappeler les responsabilités de chacun, affirme qu’il n’y en fait qu’un Maitre que l’on cherche à écouter ensemble : c’est Dieu. Chacun à notre place, nous n’avons pas d’autres propos que de chercher toujours à faire ce qui lui plait, aujourd’hui… (2015-07-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 03, v 1-6 De l'appel des frères en Conseil écrit le 04 juillet 2015
Verset(s) :

1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.

2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.

3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.

4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,

5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.

6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.

Commentaire :

Avec ce petit chapitre, nous avons une application politique de l’écoute que St Benoit ne cesse de demander à ses moines… Ecoute personnelle et communautaire afin de gérer la marche concrète et les questions qui se posent à la communauté. On pourrait résumer en une phrase : dans un monastère, la vie politique, entendue comme la gestion des affaires, est fondée sur l’écoute.

Premier moment de cette écoute : celle de l’abbé qui discerne le bien fondé de proposer ou non un sujet à traiter. Second moment : la communauté accueille cette question et y réfléchit. En général, aujourd’hui, on laisse souvent un laps de temps entre l’annonce du sujet et le temps de l’échange. Ces deux premiers moments sont ceux d’une écoute qui appelle une réflexion en vue d’un discernement …

Ensuite, c’est l’abbé qui écoute les avis de chacun, avec une attention particulière aux plus jeunes. La prise de parole des frères elle-même se vit sous le mode de l’écoute. Le frère donne son avis, avec humilité. Il veut chercher avant tout la volonté de Dieu, et non pas s’accrocher à tout prix à son point de vue. Une fois entendue les paroles des frères, l’abbé délibère, mot à mot, « il fait une pesée dans sa pensée ». Il cherche et écoute ce qui peut être la volonté de Dieu. Deux adjectifs sont employés par Benoit pour qualifier ce qui guide la décision : « utilius » (le plus utile, traduit ici « le meilleur ») et « salubrius » (le plus salubre, le plus propice à la santé, traduit par « le plus opportun ». Décider le plus utile, c’est être attentif à ce que les choses marchent. Décider le plus opportun, c’est être attentif au temps et au moment. Chercher la volonté de Dieu passe par cette double attention d’une efficacité et d’une opportunité. Se faisant, on espère entrer et nous tenir dans le dessein de Dieu pour la communauté, dans l’histoire concrète qu’elle construit jour après jour.

Dernière précision sur la qualité de l’écoute en vue des prises de décisions : si les moines sont invités à obéir à l’abbé, ce dernier est fortement invité à demeurer en état de discernement pour prévoir les choses et les faire avec justice. Dans la RB, cette façon habituelle de rappeler les responsabilités de chacun, affirme qu’il n’y en fait qu’un Maitre que l’on cherche à écouter ensemble : c’est Dieu. Chacun à notre place, nous n’avons pas d’autres propos que de chercher toujours à faire ce qui lui plait, aujourd’hui… (2015-07-04)