vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13 v 12-14 De quelle manière célébrer la solennité des matines. écrit le 30 octobre 2015
Verset(s) :

12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Après avoir décrit le déroulement de l'office de Laudes, Benoit s'arrête sur la prière du Notre Père, dont il n'avait pas encore fait mention. Nous pouvons être surpris par l'insistance de prier le Notre Père, à haute voix par le supérieur seul. Il faut tout d'abord la replacer dans son contexte. A son époque, la prière du Notre Père était le plus souvent récitée en silence à part soi, en raison de la discipline de l'arcane. Celle-ci voulait que certaines morceaux de l'Ecriture ou de la doctrine comme le Credo, ne soient pas divulguées aux non-initiés, c'est-à- dire aux non-baptisés. Le Notre Père était un de ces morceaux de choix de la foi chrétienne. On le considérait comme un résumé de l'évangile. St Benoit innove en proposant que la prière soit dite à haute voix à Laudes et à Vêpres, tout en préservant semble-t-il la pratique de la récitation en silence pour les autres heures, récitation conclue ensemble par « délivre-nous du mal ». Son but est éminemment pastoral: tous doivent entendre l'engagement que la prière les incite à prendre pour pardonner les offenses subies. La prière est perçue, non seulement comme une adresse à Dieu, mais aussi comme un enseignement et un engagement pour se purifier par le pardon donné et reçu.

On pourrait se demander nous à la P q V : Alors que nous disons à tous les offices, le Notre Père, mesurons-nous cet engagement que contiennent les paroles dites ou chantées? Est-ce pour cette raison que le bréviaire romain, la Prière du Temps Présent ne propose qu'une oraison pour conclure l'office des petites heures, sans intentions, ni Notre Père? Bon nombre de monastères ont cet usage aujourd'hui. Ils s'appuient sûrement sur l'ordonnancement prévu par RB 16 qui ne mentionne pas le Notre Père. P. Adalbert dit pourtant « qu'à toutes les heures, semble-t-il, la Prière par excellence occupe le poste d 'honneur, parachevant et couronnant l'office entier, sans qu'une collecte s’y ajoute» (Ce que dit St Benoit p 112). La fin de ce chapitre 13 irait dans ce sens qui parle de son usage dans « les autres célébrations ». La prière du Notre Père est riche. Qu'elle demeure le sommet de notre prière liturgique est heureux. Comme expression de notre engagement, à pardonner à nos frères, mais aussi à œuvrer pour que le règne de Dieu vienne et que sa volonté soit faite, elle nous place au cœur de l'alliance avec Dieu. En la disant et redisant, nous apprenons à tisser et fortifier la relation à notre Père des Cieux, en Jésus son Fils qui nous l'a enseignée, par l'Esprit qui crie en nous « Père ». Nous voilà invités au sein de la Trinité. (2015-10-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 13 v 1-11 De quelle manière célébrer la solennité des matines. écrit le 29 octobre 2015
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

Commentaire :

L'office de Laudes chez St Benoit a cette caractéristique de commencer par les deux mêmes psaumes tous les jours, y compris le dimanche: les Ps 66 et 50. Le premier est à la fois une prière« que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous» et un souhait« Que les peuples te rendent grâce, qu'ils te rendent grâce tous ensemble». Avec ce Ps, la louange matinale est d'emblée ouverte à l'universel. Notre louange s'unie à celle de tous les peuples qui déjà chantent la gloire de Dieu. Elle se vit dans l'espérance eschatologique que «tous les peuples rendent grâce» et découvrent un jour que le Seigneur « gouverne les peuples avec droiture ». Nous avons gardé cette ouverture à l'universel en chantant le Ps 66, chaque dimanche à Laudes.

Après le Ps 66, Benoit propose le Ps 50 qui invite, dès le matin, à l'humble reconnaissance de sa condition de pécheur. Nous avons aussi le Ps 50, les mercredi et vendredi. Les autres jours, nous psalmodions d'autres psaumes (les 6,31,37,142) dont la tonalité pénitentielle est assez présente: « Seigneur, corrige-moi sans colère, et reprends moi sans fureur» (6) ; « J'ai dit: 'Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés'» (31) ; « Oui j'avoue mon péché, je m'effraie de ma faute » (37) ; «N'entre pas en jugement avec ton serviteur, aucun vivant n'est juste devant toi» (142). S'agit-il de se morfondre dans une culpabilité morbide? Je pense plutôt que ces psaumes nous font entrer dans une attitude toute de vérité sur notre condition devant Dieu: « aucun vivant n'est juste devant toi ». Nous nous reconnaissons pécheur, c'est-à-dire jamais totalement ajustés à l'amour de Dieu et des frères. Ainsi nous nous disposons à être dans les mains de Dieu, comme une terre toute assoiffée de sa grâce.« Me voici devant toi comme une terre assoiffée ... Je suis à bout de souffle ... Ton souffle est bienfaisant, qu'il me guide en un pays de plaine» (142). Dès le matin, ces psaumes nous entrainent à être en vérité devant notre Dieu. Nous nous ouvrons à son œuvre de salut qui se poursuit aujourd'hui.

L'office de Laudes de St Benoit, avec ses psaumes répétés donne à la prière du moine une double ouverture au salut réalisé par Dieu: ouverture au salut universel auquel tous les peuples sont appelés et ouverture au salut personnel auquel chacun se dispose en se présentant humblement pécheur devant Dieu. (2015-10-29)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 1-8 De quelle manière célébrer la solennité des matines. écrit le 28 octobre 2015
Verset(s) :

1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.

2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.

3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,

4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.

Commentaire :

L'office de Laudes est le seul qui soit qualifié de « solennité» dans la RB, aussi bien pour le dimanche que pour la semaine (RB 13). Il se distingue en même temps des « solennités» ou fêtes annuelles dont on parle en RB 14. Est-ce que St Benoit nous laisse entendre que cet office revêt une dimension particulière? La note pascale est fortement soulignée pour le dimanche, par l'ajout de « l'alléluia» au Ps 50 récité quotidiennement, par le choix des psaumes 117 et 62, par le choix de la leçon de l'Apocalypse, livre de la Révélation de toute chose accomplie dans le mystère pascal du Christ.

Notre office dominical actuel s'inscrit dans cette tonalité pascale donnée par la règle, par le choix des psaumes, le 117 notamment qui est relu dans l'Eglise comme une prophétie de la mort et la résurrection du Christ. Nous célébrons « solennellement» aux premières heures du jour la mémoire de la résurrection du Christ que les femmes ont découverte au petit jour. Les antiennes explicitent cette dimension pascale, ainsi que l'hymne sur laquelle je voudrais m'arrêter ce matin.

Cette hymne est une exhortation: « allez, vivez, chantez». Elle veut nous entrainer dans le dynamisme initié par le Christ ressuscité. Dans chacun de ces versets, sont répétés les mots « aujourd'hui », « le Christ est ressuscité »,« et l'homme découvre» et enfin « en lui» (dans le Christ). Ressort de cette insistance l'actualité de la résurrection du Christ: c'est aujourd'hui qu'il est ressuscité. La célébration de ce mémorial de la résurrection nous donne de l'accueillir maintenant, Lui le Vivant. Alors nous découvrons, qu'en Lui quelque chose peut changer dans notre vie si nous renaissons, vivons et nous perdons dans le Christ: notre vie présente prend déjà son poids d'éternité d'enfance et de vie nouvelle. Les deux couplets de l'hymne sont une merveilleuse relecture de l'œuvre conjuguée de la création (les sept jours) et de la rédemption annoncée par les prophètes. Consommation du temps et accomplissement de la promesse divine débouchent sur les signes du Pain et de Vin chargés d'un sens nouveau. Ils sont ces « vivres» par lesquels nous « puisons» dans la vie du Christ Ressuscité. « L'amour tient table ouverte» et nous sommes conviés au festin de Dieu. Les réjouissances messianiques sont déjà offertes en prémices de celles que nous goûterons dans le Royaume. Cette hymne nous plonge de façon si belle au cœur du mystère. (2015-10-28)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11 v 11-13 Comment célébrer les vigiles le dimanche. écrit le 27 octobre 2015
Verset(s) :

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.

Commentaire :

Dernière notation de Benoit après la description du déroulement de l'office: l'appel à la régularité et à la ponctualité. A 1 'heure des réveils et des horloges électroniques, nous ne mesurons plus bien la difficulté que devait représenter le fait de sonner le lever en pleine nuit. Le sonneur devait demeurer toujours plus ou moins éveillé pour surveiller l'évolution de la nuit, en se repérant sur les étoiles. Ainsi lit-on dans Cassien cet avertissement: « Celui à qui est confiée la charge d'avertir la communauté pour la synaxe ne se permet pas de réveiller les frères pour les vigiles quotidiennes au hasard de sa fantaisie ni selon que lui-même est réveillé la nuit, ou selon les aléas de son sommeil ou de son insomnie. Mais, même si une longue habitude l'amène à se réveiller à l 'heure convenue, c'est pourtant en guettant avec attention et souvent, par le mouvement des étoiles, le temps fixé pour l'assemblée, qu'il appelle les frères à l'office des prières, de crainte de faire preuve d'imprudence dans les deux cas, ou bien, appesanti de sommeil, de laisser passer l 'heure fixée de la nuit, ou bien de l'anticiper pour aller dormir plus vite ... » (Inst 2, 17). L'éveilleur de ses frères devait veiller doublement afin de ne pas manquer l'heure. Ce n'était pas une petite responsabilité.

S'il y a retard, Benoit prescrit de raccourcir l'office, plutôt que de le décaler, ce qu'on aurait plutôt tendance à faire. Peut-être a-t-il pitié de ses frères en hiver. .. afin de ne pas alourdir. En été, la raison est peut-être davantage de ne pas manquer le début de l'office de Laudes qui suit immédiatement les vigiles et qui doit être commencé au lever du jour. Si telle est la motivation du fait de raccourcir les vigiles commencées en retard, cela confirmerait l'importance pour Benoit et pour les anciens d'accorder le cycle de la prière liturgique au rythme cosmique du soleil. La louange rendue à Dieu, n'est pas simplement celle des êtres humains qui chantent, mais elle s'unit étroitement à celle de toute la création. Les psaumes 148-150 prévus pour l'office de Laudes redisent cette profonde communion dans la louange de tout le monde créé. « Louez-le soleil et lune, louez-le tous les astres de lumière ... Qu'ils louent le nom du Seigneur: sur son ordre ils furent créés ... » (2015-10-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11 v 6-10 Comment célébrer les vigiles le dimanche. écrit le 24 octobre 2015
Verset(s) :

6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.

7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,

8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .

9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.

10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.

Commentaire :

Nous aimons la solennité de notre office des vigiles du dimanche que nous célébrons maintenant le samedi soir. Cette solennité est marquée principalement par le 3 a nocturne qui s'ajoute au régime habituel, et qui se conclue par la lecture solennelle de l'évangile encadrée par les deux hymnes. Pour lecture de l'évangile, nous avons pris l'habitude de lire celui du dimanche, alors qu'il est vraisemblable qu'au temps de St Benoit, on lisait un évangile de la résurrection ... Est-ce pour cette raison qu'il prescrit de conclure cette proclamation de l'évangile par un « Amen» qui a quelque chose de solennel. Cet « Amen» pourrait signifier la foi et l'adhésion en la résurrection ... mais on a peu d'éléments sur ce fait.

Je voudrais revenir sur les deux hymnes «A toi Dieu notre louange» et «A toi la louange» qui encadrent l'évangile, à la manière d'un écrin. Elles comptent parmi les plus anciennes hymnes qui soient parvenues jusqu'à nous. Leur note est fortement trinitaire, comme pour mieux souligner que c'est dans la foi trinitaire que l'annonce de l'évangile prend toute sa mesure. C'est dans la louange trinitaire que nous pouvons le mieux chanter notre reconnaissance pour le don du Christ ressuscité. Le «A toi Dieu notre louange» nous invite d'abord à louer le Père Eternel devant qui se prosternent les anges, pour élargir notre adoration à la Trinité: «Dieu nous t'adorons, Père infiniment saint, Fils éternel et bien aimé, Esprit de puissance et de paix ». Puis l'hymne s'adresse au Christ, en résumant l'œuvre de salut qu'il a accompli pour nous: son incarnation, sa mort et sa résurrection, sa royauté auprès du Père en attendant sa venue pour le jugement. L'hymne finit par une demande au Christ: « montre-toi le défenseur et l'ami des hommes sauvés par ton sang. Prends-les dans ta joie et dans ta lumière» ... L'évangile prend place là après cette hymne. Il nous met en présence du Christ vivant dans sa Parole. Au milieu de nous, Il nous parle. Et en réponse, avec l'hymne « A toi la louange» : nous chantons de nouveau la gloire de la Trinité. De la louange de la Trinité à la gloire rendue à la Trinité, en accueillant le Christ présent en sa Parole. En quelques minutes, nous sommes placés au cœur de notre foi chrétienne.

Réjouissons-nous d'être ainsi portés dans la profondeur de notre foi chrétienne et d'être entrainés dans la louange, cette louange qui voudrait être un avant-goût de celle qui n'aura pas de fin. (2015-10-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11 v 4-5 Comment célébrer les vigiles le dimanche. écrit le 23 octobre 2015
Verset(s) :

4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.

5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.

Commentaire :

« Suivront six autres psaumes avec antiennes » ... Quand on parle de notre office, on évoque assez facilement les psaumes ou les hymnes, mais plus rarement les antiennes. Celles- ci nous occupent particulièrement pourtant, car elles demandent un effort renouvelé de mémorisation et d'exécution dans la mesure où elles sont propres à chaque psaume.

Quel rôle joue-t-elle dans notre prière? Sont-elles une aide pour mémoriser une phrase du psaume souvent mis en exergue de cette manière? Nous permettent-elles de mieux prier le psaume en lien avec l'heure de l'office célébré ou en lien avec une fête? En effet, elles veulent nous aider à actualiser et à faire nôtre, aujourd'hui, la prière du psaume.

Si on prend les antiennes de notre office des vigiles du dimanche, elles nous orientent sur la célébration du Christ ressuscité, avec une accentuation au second nocturne sur le mystère de l'Eglise tendue à sa rencontre. Je prends quelques exemples pour faire ressortir les résonnances qui peuvent nous aider à mieux habiter et célébrer notre office comme la célébration du Seigneur Ressuscité qui vient. En semaine 1, le Ps 2 qui exalte la royauté du Roi Messie sur les princes de la terre, est introduit par l'antienne: « Gloire à l'Agneau immolé! A lui force et puissance à jamais ! ». Le Christ Ressuscité a établi son règne en étant devenu l'Agneau immolé. En semaine 2, le Ps 131 qui fait mémoire de la promesse du Seigneur de donner une descendance à David d'où naitra le Messie, est introduit par l'antienne: «J'interdirai tout sommeil à mes yeux avant d'avoir trouvé un lieu pour le Puissant de Jacob ». S'expriment dans cette antienne l'attente et l'espérance du peuple d'Israël, attente et espérance accomplies par le Christ qui, par sa résurrection, a trouvé définitivement son Lieu. Au second nocturne, en semaine 1, le Ps 44 qui contemple le Roi Messie, beau comme aucun des enfants de l'homme et à la rencontre duquel vont les jeunes filles, est introduit par l'antienne: «De mon cœur a jailli un chant de joie : louange pour mon Dieu ». Cette antienne reprend en partie le début du psaume. Elle exprime la louange émerveillée qui monte du cœur de l'Eglise devant son Seigneur et son Dieu, le Christ Ressuscité. En semaine 2, le Ps 83 qui chante le désir du croyant de rencontrer le Dieu Vivant dans son temple est précédé de l'antienne: «Mon âme désire les parvis du Seigneur, mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu Vivant ». Celle-ci reprend le verset 3 du psaume. Elle manifeste le désir et l'attente de toute l'Eglise en prière tendue vers la vie avec Dieu, dans les demeures éternelles. Il peut être bon de méditer de temps en temps sur les antiennes. (2015-10-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 1-3 Comment célébrer les vigiles le dimanche. écrit le 22 octobre 2015
Verset(s) :

1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.

2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.

3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.

Commentaire :

« Ils s'assiéront en bon ordre ... ils se lèveront avec révérence ». Dans ces notations sur la manière de s'asseoir et de se lever, se trouvent données plus que de simples recommandations de rubriques. On peut entendre là que la liturgie est ordonnée et qu'elle implique une manière d'être et une manière de faire. Ordre et manière créeront cette dynamique propre à la liturgie. Le « bon ordre ». Si Benoit vise la façon de s'asseoir, on peut entendre l'importance d'un bon ordre dans la liturgie. Bon ordre dans le déroulement des actions et des paroles selon un sens théologique précis (le gloria se dit à la fin du psaume, non au début, les litanies sont à la fin de la prière, non au début etc ... ). La liturgie appelle nécessairement un ordre qui est essentiel à l'action célébrée. Cet ordre n'est pas le fait que tout soit bien cadré et mesuré au millimètre près, ce que parfois on a eu tendance à penser. L'ordre, le bon ordre dans la liturgie est celui qui fait bien apparaître le sens de l'action qui se déroule: l'action de la messe, l'action d'une prière ou celle de la célébration d'un sacrement. Chaque célébration a sa cohérence que le bon déroulement fait apparaître. Dans le bon déroulement, on peut aussi inclure le rythme, un rythme ni trop lent ni trop bref. Nous insistons ici par ex pour qu'entre chaque psaume, il y ait un petit temps de pause, afin de laisser résonner un verset, un mot. .. et de ne pas tout avaler à la suite. Parfois aux vigiles, ou aux laudes, on a à peine le temps de se mettre à la bonne page. N'ayons pas peur de ces pauses brèves.

Se lever « avec révérence». Ici St Benoit attire notre attention sur la manière avec laquelle nous faisons nos gestes, et sur nos attitudes. Qu'est-ce qui distingue un geste liturgique d'un geste quotidien? Outre le moment de la célébration et l'espace dans lequel il est fait, c'est la manière de faire le geste qui va le distinguer. Cette manière n'a rien d'ostentatoire ou d'artificiel. Elle veut rester très simple. Et en même temps, elle est liturgique parce qu'elle est habitée par le désir de célébrer pleinement l'action en train de se vivre. Une prosternation au gloria faite machinalement ou bien avec révérence, n'est plus tout à fait la même. A l'autel, la manière tranquille et respectueuse de faire nos gestes signifiera que le pain et le vin consacrés sur l'autel sont plus que du pain et du vin. La prière liturgique nous convoque à nous tenir en présence de Dieu, avec respect et révérence filiale. Elle nous entraine, nous enveloppe comme nos coules, pour nous aider à habiter nos gestes afin que par tout notre être on célèbre notre Dieu, Père et Créateur. Parfois laissons-nous enseigner et corriger par le responsable de liturgie. (2015-10-22)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 1-10 Comment célébrer la louange nocturne en été. écrit le 20 octobre 2015
Verset(s) :

1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,

2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.

3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.

Commentaire :

Comment célébrer la louange? Je suis de plus en plus sensible et heureux quand j'entends des frères ou d'autres personnes dire qu'elles vont célébrer l'office. Célébrer l'office et non pas seulement le dire. Dire l'office est une expression qui nous vient spontanément à la bouche, mais celle de célébrer est plus juste. En' effet, il ne nous est pas demandé de nous acquitter d'une tâche, ni de dire notre office de prière pour l'avoir. Mais nous sommes conviés à célébrer, c'est-à-dire à donner de la solennité, de l'ampleur à la louange de Dieu. Le mot célébrer en latin veut dire d'abord « fréquenter en grand nombre, assister en foule » d'où ensuite l'idée de célébrer avec solennité du fait de la présence de participants nombreux. Cette origine étymologique est suggestive: en effet quand nous célébrons l'office, nous prions avec toute l'Eglise, pas seulement avec l'assemblée présente. Nous sommes même en présence des anges et de l'Eglise céleste. Dès lors notre prière liturgique est vraiment une célébration, la réunion d'une assemblée grande et nombreuse parce qu'elle associe toute l'Eglise. Elle est la prière de l'Eglise, que nous soyons deux ou 50 ou 1000 ... Dans nos voix s'expriment plus que nos seules voix présentes.

Dans le mot célébrer, on peut aussi entendre le fait que c'est tout notre être qui est convoqué à travers les gestes, le chant et les attitudes. Célébrer la louange divine nous entraine à nous laisser traverser tout entier pour exprimer à Dieu notre reconnaissance, notre action de grâce, comme nos demandes et nos supplications. Il est heureux encore, lorsque par ex dans un office que nous célébrons en voiture lors d'un voyage, des frères proposent de chanter telle ou telle partie. Que l'office s'adapte à l'occasion du voyage et ne soit pas une copie conforme de l'office du chœur, cela est normal et même souhaitable. Mais que l'on garde le souci de célébrer cet office en y soulignant notre engagement corporel par le chant ou par tel geste, est heureux. On se souvient alors qu'il n'est pas un pensum à remplir, mais bien un temps où l'on se réjouit devant Dieu et pour Lui, de la vie qui vient de Lui et de la joie que nous avons de pouvoir croire en Lui. Comme des enfants qui se savent aimés de Lui, nous chantons avec allégresse sa gloire et sa bonté pour nous. (2015-10-20)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 09, v 8-11 Combien de psaumes faut-il dire aux heures de la nuit écrit le 15 octobre 2015
Verset(s) :

8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.

9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.

10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,

11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.

Commentaire :

« On lira aux vigiles». Une des caractéristiques de l'office des vigiles est d'offrir d'abondantes lectures de l'Ecriture. Le bréviaire romain dénomme cet office « Office des lectures» faisant passer cet aspect avant celui de « vigiles-veille» durant la nuit.

Nous avons adopté à la PqV la lecture continue de l'AT, sur 3 ans, en omettant que quelques textes trop difficilement audibles ou compréhensibles. L'Ecriture nous est ainsi ouverte totalement, avec le NT lu à l'office de Laudes du T.O. Nous avons une vraie chance d'avoir cet accès complet aux Ecritures, année après année, dans une lecture à haute voix et suivie d'un répons aux vigiles. Les Ecritures viennent à nous à travers une voix humaine, celle du lecteur de semaine, pour mieux nous permettre d'y entendre la Parole que Dieu désire nous adresser. Ces Ecritures sont l'expression de la foi en Dieu, venu à la rencontre de son peuple. En elles, se reconnaît la recherche incessante faite par Israël pour se conformer à la Volonté de Dieu. Et cette recherche s'est vécue à travers les aléas d'une histoire très humaine. Rien d'humain qui ne soit présent dans les Ecritures, comme pour mieux nous dire que c'est tout l 'homme qui est convoqué, appelé à se laisser transformer par le Seigneur. En écoutant les Ecritures, nous repérons comment peu à peu la connaissance de Dieu s'est approfondie, purifiée pour préparer la venue de Jésus, le Messie apportant le point d'orgue à cette progressive révélation. Nous lisons en ce moment le livre de Josué. Certaines pages heurtent notre sensibilité; par ex quand on prête à Dieu, le commandement de passer au fil de l'épée toutes les populations, hommes et bêtes, des villes conquises par Israël. Al' époque de celui qui écrit, la pointe était certainement de mettre en évidence la nécessité pour Israël de s'en remettre totalement à Dieu, en renonçant à se servir soi-même sur le butin des villes conquises. Par l'anathème, Israël exprimait son obéissance et sa totale confiance en Dieu au regard de toutes les idoles environnantes. Aujourd'hui que Dieu puisse demander cela nous semble intolérable. Notre connaissance de Dieu s'est affinée en Jésus, pour reconnaître en Lui un Père qui fait se lever son soleil aussi bien sur les bons que sur les méchants. En écoutant ces livres de l ' AT, écrits 20 à 28 siècles avant nous, nous apprenons à entrer dans cette histoire de l'humanité en quête du visage de Dieu. Les répons qui suivent sont un guide précieux pour éclairer le passage entendu par d'autres passages de l ' AT ou du NT. La Bible s'éclaire par la Bible et ne se comprend bien que dans sa totalité. (2015-10-15)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 09, v 1-7 Combien de psaumes faut-il dire aux heures de la nuit écrit le 01 octobre 2015
Verset(s) :

1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

2. On y joindra le psaume trois et le gloria.

3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.

4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.

5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.

6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.

7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.

Commentaire :

Dans l'exposé de la manière de célébrer les vigiles, on peut être frappé par tous les éléments préparatoires qu'elles comportent, et qui sont répétés chaque jour: le verset introductif, le Ps 3 et Ps 94. On n'entre pas dans la prière liturgique sans un minimum de préparation surtout lorsqu'on sort du sommeil. Il faut dérouiller la machine! Plus profondément nous avons là des moyens pour nous préparer à nous tenir en présence de Dieu. Par le verset: « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange », nous nous plaçons devant notre Dieu, comme des mendiants de sa grâce. Pour nous tenir devant lui en prière, elle nous est nécessaire. Dans l'hymne aux saints anges que nous avions lundi « Gloire à toi Seigneur des anges », nous chantions: « Que l'un d'eux, un ange, descende et passe nous toucher d'un tison, nos lèvres rendront grâce purifiées par ton pardon ». Dans la même ligne, nous pouvons entendre la répétition du Ps 3 comme une confession de foi dans le Seigneur: « Je me couche et je dors, je m'éveille: le Seigneur est mon soutien », et aussi comme une demande pressante contre tous les ennemis qui peuvent venir troubler le temps de la prière : ces pensées étrangères à la prière plus ou moins dispersantes. Humblement, nous reconnaissons que nous avons besoin de l'aide du Seigneur pour nous tourner vers lui : « Sauve-moi, mon Dieu! Tous mes ennemis, tu les frappes à la mâchoire» ... Ce Ps 3 situe tout de suite la prière de l'office au cœur de l'œuvre du salut en train d'être accomplie par le Christ, à travers son peuple. Prier nous fait collaborer à l'œuvre de salut dans notre cœur d'abord, en solidarité avec tous les hommes. L'ouverture des lèvres est donc inséparable de la disponibilité du cœur: «Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, ne lui fermez pas votre cœur ». Le rappel du peuple qui a eu le cœur égaré dans le désert et qui a déçu le Seigneur montre que le salut se joue là au niveau du cœur. C'est au lieu de notre cœur, en vérité, en profonde confiance filiale que nous sommes invités à acclamer Dieu « notre Rocher », à nous incliner, à nous prosterner pour l'adorer. .. En entrant dans l'office, revenons au lieu de notre cœur, et là préparons-nous en demandant avec confiance la grâce du Seigneur.(2015-10-01)