vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 01 novembre 2009 — Toussaint — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Fête de la Toussaint - 1 Novembre 2009

Ap 7 2-4, 9-14; 1 Jn 3 1-3; Mt 5 1-12a

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

En faisant le choix de cet évangile des Béatitudes pour la fête de la Toussaint, l’Eglise, dans sa liturgie, veut souligner le lien qui existe entre le bonheur et la sainteté.

D’ailleurs, avant d’être proclamés saints dans les calendriers officiels (avant leur « canonisation ») les chrétiens dont la vie a été particulièrement exemplaire et conformes à celle du Christ ont été d’abord désignés comme des « bienheureux ». C’est l’étape de leur béatification. Ainsi en est-il du bon pape Jean XXIII ou du Père Charles de Foucauld ou de Frédéric Ozanam, pour n’en citer que quelques uns parmi les plus récents et qui ne sont pas des saints au sens strict du terme.

En fait l’appellation de « saint » a varié au cours de l’histoire. Au début de l’Eglise, au temps de Saint Paul, tous les fidèles croyants et confessant le mystère pascal de Jésus-Christ Seigneur étaient considérés comme des saints. Paul adresse ses lettres aux « saints des différentes églises de Dieu qui sont à Ephèse, à Corinthe ou à Rome ».

L’Evangile des Béatitudes que nous venons d’entendre commence par la mention de la foule qui suivait Jésus. Même si les premières paroles de ce « Sermon sur la Montagne » s’adresse en priorité aux disciples, elles concernent en fait tous les auditeurs et elles doivent nous rejoindre nous aussi, chacun, chacune, présent aujourd’hui dans cette église.

Message de bonheur donc, mais de quel bonheur s’agit-il ?

Nous le savons bien. Autour de nous, la majorité des gens (et sans doute nous-mêmes aussi) ne conçoit pas le bonheur sans un minimum de richesse, de santé, de relations et d’amis avec lesquels il est bon de rire et de plaisanter. Un bonheur qui cherche à fuir les conflits, les tensions et les persécutions de tous genres. Et qui s’abstient souvent de dénoncer les injustices au bénéfice de la tranquillité et de fausses paix, avec des silences plus ou moins coupables. Un bonheur pas très courageux en bref, à la recherche surtout du confort et d’assurances molles.

Jésus, dans ces premières paroles de son enseignement évangélique, vient indiquer un tout autre chemin de bonheur. Il s’inscrit dans un tout autre état d’esprit. Le bonheur qu’il propose est d’un type volontairement paradoxal. Il prend à rebours cette conception ordinaire et primaire du bonheur. En la retournant à 180°, il ouvre une nouvelle perspective : celle du Royaume des Cieux, en opposition à l’esprit du monde, et à tous les royaumes de la terre.

Dans le Royaume des Cieux, en effet, ce ne sont pas les plus riches, les plus violents ou les moins courageux qui sont assurés du bonheur. Au contraire ce sont les pauvres de cœur, les faibles, les pacifiques et les non-violents.

Il me vient alors à l’esprit la lecture d’un livre récent d’un auteur que beaucoup doivent connaître de nom dans cette assemblée, car il intervient souvent à la radio et à la télévision. Jean-Marie PELT, un scientifique reconnu pour ses recherches sur l’évolution de l’univers vient d’écrire un livre dont le titre est : « la raison du plus faible ». Il montre (et démontre) qu’à l’occasion des périodes de crise dans cette évolution du cosmos, en particulier lors des grands changements climatiques (passages de l’ère primaire à la secondaire puis à la tertiaire…) ce sont les êtres vivants les plus petits et apparemment les plus faibles qui ont le mieux résisté à la crise et l’ont traversée, alors que les plus forts s’effondraient. Et l’on pense alors aux dinosaures pour le monde animal ou à la fable de la Fontaine du « chêne et du roseau » pour le monde végétal.

Mr PELT applique sa thèse au développement de l’humanité, et non sans humour et avec nuances il cherche à contrer la pensée dominante de la théorie de Darwin sur la sélection naturelle et la domination des plus forts sur les plus faibles.

Si nous lisons bien la Bible, comme la Grande Histoire de notre salut, nous voyons combien le petit peuple d’Israël, élu de Dieu, a pu traverser des crises et survivre alors que les empires assyrien, babylonien, égyptien, perse, grec ou romain disparaissaient chacun à leur tour. Et l’histoire récente de la Shoah, dans le III° Reich programmé pour mille ans donne raison de façon saisissante à la thèse de J-M. Pelt.

C’est bien dans le petit reste d’Israël, le peuple des « anawims » que Dieu a choisi la Vierge Marie pour s’incarner et devenir l’un de nous. Aussi le Magnificat est-il le parallèle le plus éclatant du message des Béatitudes. Chant qui exalte les humbles qui monte d’une âme exultant de joie et de bonheur.

Saint Paul, lui aussi, en d’autres termes reprend ce message des Béatitudes en l’appliquant aux premiers saints des nouvelles communautés chrétiennes. Aux corinthiens, il écrit : « Il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants. Mais ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages. Ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort». Et à un autre moment il leur écrit aussi : « Je mettrai mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ».

Frères et sœurs, en ces temps où nous vivons où tant de gens évoquent des crises de tous genres dans l’Eglise et hors de l’Eglise, il nous est bon en ce jour de Toussaint de réentendre ces messages paradoxaux de l’Evangile et de Saint Paul, et d’en vivre, avec la grâce de Dieu, le plus intensément possible. Tous, quelque soit notre état de vie, marié ou célibataire, nous avons une vocation personnelle à la sainteté ; le Concile Vatican II l’a solennellement rappelé. Tous, nous avons une vocation au bonheur, à la joie et à la vie éternelle. Il suffit d’avoir confiance et de ne pas tuer l’espérance en nous.

Avec le psalmiste, en terminant, prions le Seigneur :

« Je suis pauvre et malheureux, mais le Seigneur pense à moi.

Tu es mon aide, mon libérateur. Seigneur, ne tarde pas ! »

Amen (2009-11-01)

Homélie du 25 octobre 2009 — 30e dim. ordinaire — Frère Servan
Cycle : Année B
Info :

Année B – 30° Dimanche du Temps Ordinaire - Dimanche 25 octobre 2009

Jr 31 7-9 ; Heb 5 1-6 ; Mc 10 46-52

Homélie du F.Servan

Texte :

« L'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route »

Une petite scène, brève mais bien enlevée, pleine de mouvement et de vie, qui, en peu de mots (deux temps, trois mouvements), « il jette son manteau, il bondit, il court vers Jésus », à la manière concise de l'évangile de Marc, nous rapporte la rencontre d'un homme avec Jésus de Nazareth, et l'ouverture de ses yeux de chair et des yeux de la foi.

Au départ: un aveugle mendiant, assis, prostré, au bord de la route. (Peut-être que çà nous arrive aussi parfois, d'être cet homme-là, mendiant au bord de la route de la vie), et, en finale, devenu un disciple, un voyant-croyant, marchant d'un bon pas sur la route qui monte vers Jérusalem. « Et il suivait Jésus sur la route » - ce qui est un excellent résumé pour dire en peu de mots ce qu'est la vie chrétienne! - prenant place

dans la foule disparate où se mêlent disciples et pèlerins de la Pâque qui approche: « Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse ».

C'était donc " à la sortie" du bourg! Notons que Marc ne dit rien de ce qui s'est passé à l'intérieur de la bourgade, alors que l'évangile de Luc nous rapporte la rencontre non moins vivante entre Jésus et un certain Zachée, petit homme mais gros riche collecteur d'impôts, un mendiant, un riche: « Tu sauves Seigneur l'homme et les bêtes, et les riches et les pauvres ».

Le même Luc nous rapporte aussi cette guérison d'aveugle, mais, à l'entrée du bourg et non à la sortie ! Allez savoir ? Un exemple, parmi d'autres pour nous rappeler que nos évangiles ne sont pas des rapports de police attentifs à bien reconstituer ce qui s'est passé au juste. Plus que vers le passé, ils sont tournés vers l'avenir de la semence, de la foi, vers tant d'hommes et de femmes qui au travers des siècles, ont rencontré le Christ pour le suivre sur la route. Tous ceux, connus ou inconnus, dont nous allons faire mémoire à la Toussaint, dimanche prochain.

Pour composer son récit, chaque évangile retient telle histoire et la place à l'endroit qui lui convient. Chez Marc cette scène vient comme un point d'orgue à toute une partie centrale de son évangile où Jésus essaie d'ouvrir les yeux de ses compagnons sur Lui-même et sur sa mission. Messie, Oui, mais comment? Et trois annonces de la Passion de rythmer alors une série d'enseignements sur le programme un peu décoiffant qu'il propose à qui veut le suivre : pour réussir vos vies d'hommes et de femmes accueillant le Royaume (qui vient, qui est déjà là) soyez serviteurs ! Pierre et les autres ont du mal à entendre cela: ils étaient comme les aveugles: « Ils étaient en route montant à Jérusalem et Jésus marchait devant eux, et ils étaient dans la stupeur, ils étaient aveugles ! »

Mais voici Bar Timée qui va sauver la situation, devenant un modèle de démarche catéchuménale et tout simplement de foi chrétienne. Aux yeux de Marc, la démarche de cet homme préfigure celle que vivront, à partir de Pâques, les apôtres enfin guéris de leur aveuglement et après eux tant d’hommes et de femmes !!

Voyez la progression de son chemin de foi à travers les titres donnés à Jésus dans le texte!

On lui dit : « C’est Jésus de Nazareth qui passe », mais lui de crier et sans voir de se hisser d’un coup à un autre niveau. La foi naît et va grandir en lui. « Jésus, fils de David, aie pitié de moi » Titre messianique qui anticipe les acclamations de la proche entrée à Jérusalem : « Hosanna au fils de David. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » !

Bien sûr, avant la résurrection, il ne peut dire encore : « Seigneur Jésus, le Fils du Dieu vivant aie pitié de moi pécheur », la prière chère à nos frères des églises d'Orient. Mais dans une rencontre très personnelle, intuitive qui a suivi l’élan, le bond, la course de tout son être. Il donne sa foi confiance : « Va, ta foi t'a sauvé et il dit Rabbouni, « mon Maître » comme s'écrira Marie Madeleine dans le jardin de la Résurrection.

Puisque ce brave Bar Timée est un prototype réussi du disciple croyant, n'oublions pas pour finir de nous mettre à son école!

.

« Il se mit à crier » Dans notre vie, peut-être aurons-nous parfois motif de crier ainsi vers Jésus le Sauveur, non pas rituellement comme dans nos Offices liturgiques, mais vitalement, avec tout notre être pour tout ce qui ne va pas en moi, dans mes proches, ma famille, ma communauté, mon église, la société comme elle va, pour ma foi si faible et pauvre.

Il y aura alors beaucoup de gens à nous interpeller pour nous faire taire : « voix extérieures ou à l'intérieur de moi : Jésus Ressuscité, le Fils de Dieu ? Tu y crois ? Vous mes frères moines, pourquoi passer tant de temps à redire dans l'église et de jour et de nuit, tous ces appels que l'on trouve dans les Psaumes: « A pleine voix je supplie, je crie vers le Seigneur ».

Heureusement, d'autres voix nous diront : « Confiance, lève-toi - Il t'appelle » ! Voix d'hommes et de femmes qui m'encouragent sur ma route humaine et chrétienne, ou, plus modestement, tel beau chant, telle hymne, chantée à l'église qui soutient et réveille ma foi un peu endormie!

Justement (et ce sera mon point d'orgue), ce matin, à la prière des Laudes, vers 6 h30, les frères ont chanté, comme chaque dimanche:

« Allez aujourd'hui, vers la joie gui s'avance: Christ est ressuscité; et l'homme découvre, s'il fait route en lui, sa patrie nouvelle, et l'homme découvre, s'il se perd en lui, une vie nouvelle ».

« L’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route »

(2009-10-25)

Homélie du 23 août 2009 — 21e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - 21° Dimanche du Temps Ordinaire - 23 août 2009

Josué 24 1-2,15-18; Eph 5 21-32; Jn 6 60-69

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Avec ce passage de l’évangile de St Jean que nous venons d’entendre, s’achève la lecture continue du grand chapitre 6, discours de Jésus sur le Pain de Vie, que la liturgie nous a fait méditer durant tous ces dimanches d’été.

L’Evangile de Jean comporte de grandes sections, divisées en chapitre dans nos bibles. Elles représentent autant de catéchèses pour les auditeurs, afin de leur permettre d’entrer plus profondément dans le mystère du Christ, dans le mystère de Dieu. Il est bon alors de lire d’un trait et en entier ces sections, comme nous invitait à le faire frère Ghislain au début de l’été pour le chapitre 6. Nous découvrons alors que la plupart du temps, la clé d’interprétation du passage se trouve dans un ou 2 versets, rarement plus. Et ce ou ces versets se situent toujours dans un dialogue de Jésus avec un personnage du texte. Il en va ainsi pour le récit de la Samaritaine, celui de l’aveugle-né, de la résurrection de Lazare, les derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant la Passion ou les rencontres du Christ ressuscité avec Marie Madeleine, Thomas ou Pierre.

Chaque fois, ce ou ces versets portent sur l’identité même de Jésus.

C’est le cas aujourd’hui avec la finale du discours sur le Pain de Vie, dans la Confession de foi de Pierre, en réponse à la question de Jésus : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Et Pierre de dire : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller, tu as les paroles de la Vie Eternelle. Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ! »

Cette confession de Pierre a son parallèle dans les autres évangiles, à Césarée, quand Jésus pose la question décisive : « Pour vous, qui suis-je ? » Et Simon Pierre de répondre alors : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Mais la confession de Pierre dans l’évangile de Jean s’inscrit dans un autre contexte qu’à Césarée. Elle est l’aboutissement d’un long débat entre Jésus et les juifs, à propos de la vie véritable et du bon choix, de la bonne décision à prendre quand on est porté par ce désir de vie, de vie éternelle.

La 1ère lecture plaçait déjà le peuple d’Israël devant cette décision de foi, à l’Assemblée de Sichem, en présence de Josué, des anciens et de toutes les tribus. « Voulez-vous servir le Seigneur, le Dieu de vos pères qui vous a libéré de l’esclavage en Egypte, ou voulez-vous servir les idoles, les dieux païens de ce nouveau pays que Dieu vient de vous confier, ces idoles qui vous attirent tant et vers lesquelles les gens se ruent à leur suite. C’est là une question de vie ou de mort, de bénédiction ou de malédiction. Et ne croyons pas trop vite que ce soit une question qui ne se posent qu’à ces gens du passé.

Elle nous concerne tout autant, même si les noms ou les visages des idoles ont changé dans nos sociétés modernes. Nous savons bien qu’elles sont présentes et séduisantes pour le croyant qui doit faire un discernement loyal, un bon choix de vie.

Alors, frères et sœurs, interrogeons-nous un instant. Sommes-nous vraiment, oui ou non, habité par le désir de la vie éternelle ? Avons-nous faim de ce pain venu du Ciel, qui est d’une autre nature que pain périssable que nous consommons si agréablement, mais qui ne rassasie pas entièrement.

Saint Benoît, dans sa Règle, a un chapitre qui liste un bon nombre d’instruments de l’art spirituel dans la vie monastique et l’un d’ eux est ainsi rédigé : « le moine doit désirer la vie éternelle de toute la convoitise spirituelle de son être ».

Cette vie éternelle est un thème qui revient constamment dans le chapitre 6 de l’évangile de Jean. Mais c’est un thème central de tous les écrits johanniques, voire de tout le Nouveau Testament. Au début de la grande prière de Jésus à son Père au chapitre 17, il la définit ainsi : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, Père, et Celui que tu as envoyé dans le monde. »

Le pape Benoît XVI, dans son avant-dernière encyclique : « Spe Salvi » développe une réflexion sur la vie éternelle en rapport avec l’espérance chrétienne, pour nous aujourd’hui. « Peut-être, nous dit-il, de nombreuses personnes refusent-elles la foi, simplement parce que la vie éternelle ne leur semble pas quelque chose de désirable. Ils ne veulent nullement la vie éternelle, mais la vie présente, et la foi en la vie éternelle semble, dans ce but, plutôt un obstacle. Continuer à vivre éternellement, sans fin, apparaît plutôt comme une condamnation que comme un don. Certainement on voudrait renvoyer la mort le plus loin possible. Mais vivre toujours, sans fin, en définitive, cela peut être seulement ennuyeux et en fin de compte, insupportable. »

C’est là, certes, une mauvaise compréhension de ce que doit représenter pour nous croyants, la vie éternelle. Cette vie au-delà de l’espace et du temps, qui est cependant déjà inscrite dans l’aujourd’hui de notre ici et de notre maintenant. Bien sûr, les mots nous manquent pour la décrire exactement, mais nous en avons le pressentiment dans l’accueil des dons de la foi et de l’espérance. Et c’est assurément la grâce divine et non nos propres efforts ou mérites qui nous permettent d’y accéder.

C’est cette expérience de grâce et de prière que faisait déjà le Psalmiste du Psaume 15, bien avant Jésus. Les premiers chrétiens ne s’y sont pas trompés quand ils ont appliqué ce psaume à la résurrection du Christ et au nouveau chemin de vie tracé dans l’Esprit Saint. Voulez-vous le prier avec moi en terminant cette homélie.

Garde moi, mon Dieu

J’ai fait de toi mon refuge

J’ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu

Je n’aurai pas d’autre bonheur que Toi

Toutes les idoles du pays, ces dieux que j’aimais

Ne cessent d’étendre leurs ravages

Et l’on se rue à leur suite

Je n’irai pas leur offrir le sang des sacrifices

Leur nom ne viendra pas sur mes lèvres

Seigneur mon partage, mon pain et ma coupe

De toi dépend mon sort

La part que j’ai reçue fait mes délices

J’ai même le plus bel héritage

Je bénis le Seigneur qui me conseille

Même la nuit mon cœur m’avertit

Je garde le Seigneur devant moi sans relâche

Il est à ma droite, je suis inébranlable

Mon cœur exulte, mon âme est en fête

Ma chair elle-même repose en confiance

Tu ne peux m’abandonner à la mort

Ni laisser ton ami voir la corruption

Tu m’apprends le chemin de la Vie

Devant ta face, débordements de joie

A ta droite, éternité de délices.

(2009-08-23)

Homélie du 14 juin 2009 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Corps et Sang du Christ - 14 juin 2009

Ex 24 3-8; Heb 9 11-15; Mc 14 12-16,22-26

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Lorsque nous célébrons une fête du Christ, nous commémorons habituellement un événement historique de la vie de Jésus : il en est ainsi à Noël, à Pâques, à l’Ascension… Aujourd’hui, la célébration de la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ ne se situe pas dans le même registre. C’est le Jeudi Saint que nous commémorons l’institution de l’Eucharistie. La fête d’aujourd’hui évoque davantage notre conviction chrétienne en la présence réelle du Christ Vivant dans le Pain de Vie et le vin de la coupe de communion. Elle nous rappelle que, par l’action de l’Esprit Saint et par les paroles prononcées par le prêtre, au nom du Christ et de l’Eglise, sur le pain et sur le vin, nous sommes vraiment en présence du Corps et du Sang du Christ ressuscité et glorieux. Les paroles que Jésus a prononcées au soir de la Cène et que nous rapporte l’évangile de Marc lu en ce jour sont des paroles fortes : « Ceci est mon corps », « ceci est mon sang ». Lorsqu’elles sont redites par le célébrant au cours de la messe, dans l’obéissance à l’ordre du Seigneur : « Faites cela en mémoire de moi », c’est-à-dire « refaites-le comme moi je l’ai fait », ce n’est pas une simple évocation symbolique de la venue du Christ Jésus ou de sa présence, mais c’est la réalité sacramentelle de son Corps livré et de son Sang versé, sous les espèces du pain et du vin consacrés.

Depuis le XIIIème siècle, cette fête du Saint Sacrement, appelée couramment « Fête Dieu », a véhiculé la dévotion et la foi de nombreuses générations de chrétiens. Une fête avec ses processions et manifestations publiques a aidé un peuple immense à faire mémoire. Elle nous oriente vers ce qui fait le cœur de l’Eglise et que le Concile Vatican II a qualifié de « source et de sommet de toute la vie chrétienne ». L’Eucharistie perpétue ainsi la présence du Christ au milieu de son peuple, et elle réalise la promesse que Jésus avait faite à ses apôtres : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

La célébration eucharistique ne fait donc pas qu’évoquer un souvenir, un événement du passé, mais elle actualise, elle rend présent le geste même du Christ qui, le soir du Jeudi Saint, anticipe le sacrifice de sa vie remise à son Père pour le salut de tous les hommes : « Poussé par l’Esprit éternel, nous dit la seconde lecture, dans l’épitre aux hébreux, Jésus s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tâche… » Et le pape Jean-Paul II dans une de ses dernières encycliques écrivait : « Quand l’Eglise célèbre l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent… Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre humain que Jésus-Christ ne l’a accompli et n’est retourné vers le Père, qu’après nous avoir laissé le moyen d’y participer comme si nous avions été présents ».

L’Eucharistie n’est donc pas un simple repas de convivialité fraternelle comme le serait un repas entre amis. Elle est l’offrande du sacrifice du Christ rendu présent et elle est participation à ce sacrifice.

En ce jour de fête, nous sommes alors appelés à remercier Dieu pour le don de ce sacrement que Jésus nous a fait à la veille de sa mort. Animés d’une profonde reconnaissance, nous sommes invités à contempler le Christ présent dans ces signes du mystère de la foi. Nous sommes invités à « savourer » ce que nous vivons dans chaque célébration eucharistique. Car elle est le « don par excellence » de la personne même du Christ en son humanité et en son œuvre de salut. Nous sommes conviés à adorer le Christ vivant, déjà venu et encore à venir, et toujours présent dans son Corps qui est l’Eglise, comme l’affirme si fortement Saint Paul dans ses lettres.

Commentant la profession de foi que nous sommes invités à exprimer chaque fois que nous approchons pour recevoir l’eucharistie, Saint Augustin écrivait ceci : « C’est votre propre mystère que vous recevez. C’est à l’affirmation de ce que vous êtes que vous répondez ‘AMEN’. Et votre réponse est comme une signature. Soyez donc les membres du Corps du Christ afin que soit vrai votre AMEN… Soyez ce que voyez et recevez ce que vous êtes ».

L’Eucharistie n’est donc pas une communion en solitaire, individualiste, entre Dieu, Lui, et moi. Elle est essentiellement partage, c’est pourquoi de même que « l’Eglise fait l’eucharistie », « l’eucharistie édifie l’Eglise ». Les deux affirmations sont interchangeables. Nourris du Corps du Christ, nous renforçons la communion entre les membres de notre communauté et de toute l’Eglise pour ne faire qu’un, ainsi que le dit encore Saint Paul : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul et même pain ».

Communiant à un tel don, à un tel signe d’amour, frères et sœurs, dans la mesure où nous restons ouverts et disponibles à la grâce qui nous est offerte, ne demeurons pas insensibles, et soyons nous aussi entraînés, à la suite de Jésus, à faire don de nous-mêmes, à devenir nous aussi, comme les premiers disciples, témoins du Christ Ressuscité en tous les lieux de notre vie. Nous pouvons y apporter l’amour même du Christ, attentifs à devenir des artisans de paix, à nous montrer solidaires particulièrement des plus démunis, à collaborer à l’édification d’un monde plus juste, plus humain, plus en harmonie avec le projet de notre Dieu.

C’est dans l’Eucharistie que nous puisons nos forces : elle est Source de Vie. Négliger de s’y approcher, négliger de la célébrer, négliger d’y participer, c’est prendre le risque de laisser notre foi s’affadir, c’est prendre le risque de nous éloigner peu à peu de Dieu qui nous deviendra alors un étranger.

En cette fête du Corps et du Sang du Christ, redécouvrons et reconnaissons en ces signes du pain et du vin consacrés, l’amour infini du Christ qui ne cesse de se donner afin que nous vivions.

AMEN (2009-06-14)

Homélie du 07 juin 2009 — Sainte Trinité — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Dimanche de la Trinité - 3 juin 2012

Dt 4 32-34,39-40; Rom 8 14-17; Mt 28 16-20

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Les lignes d’évangile que nous venons d’entendre sont les dernières du texte de Saint Matthieu :

« Allez, dit Jésus aux onze apôtres : de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

L’Evangile selon Saint Matthieu, si l’on met à part les 2 premiers chapitres relatifs à la naissance et à l’enfance de Jésus, commence avec une scène de baptême dans les eaux du Jourdain, avec le dernier des prophètes : Jean-le-Baptiste. Le baptême de Jésus par Jean est le moment de la première et claire manifestation du Dieu Père, Fils et Esprit. L’Esprit descend sur Jésus sous la forme d’une colombe et la voix du Père, venant des cieux atteste : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute ma complaisance.

On peut ainsi établir dans cet évangile de Matthieu une inclusion significative de la mention de la Trinité, manifesté à l’occasion du baptême reçu au Nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Cette formulation a été retenue par la tradition de l’Eglise dans la célébration du sacrement et dans sa liturgie. Il n’en avait pas été toujours ainsi. Les toutes premières générations chrétiennes pratiquaient le baptême au Nom de Jésus seul (ainsi faisait Saint Paul dans les Actes) ou le baptême dans l’Esprit et le feu.

Baptiser au Nom du Père , du Fils et du Saint Esprit, c’est faire entrer le nouveau disciple dans un mystère de relations, qui unit dans l’amour trois réalités divines, comme l’énoncera plus tard le dogme de l’Eglise à propos de ce mystère de la Trinité : unité de nature en Dieu et distinction de personnes.

Car, ce que nous apprend la Révélation Chrétienne, c’est qu’il ne suffit pas d’être deux pour bien aimer, pour aimer en vérité. Le risque d’un amour à 2 personnes seulement, c’est la fusion, une certaine fermeture ou repliement sur soi, voire un étouffement, alors que l’Esprit, en tant que 3ème personne apporte un souffle, une respiration. Il entretient la communication, la vie, la circulation et l’ouverture de l’amour aux autres. Oui, Dieu est Amour, communion d’amour entre trois personnes : Qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui, dira Saint Jean.

C’est bien ce mystère de relations en Dieu, en trois personnes qui distingue le christianisme de toutes les autres religions ou recherches de sagesse. Il est la marque de son identité propre. Et confesser la foi en la Trinité, comme nous sommes invités à le faire chaque année durant la Vigile Pascale, avec le renouvellement de l’engagement de notre baptême, et comme nous le faisons chaque dimanche, en récitant ou en chantant le Credo de l’Eglise, c’est s’ouvrir et entrer dans ce mystère de relations divines, que le Christ est venu nous révéler et nous partager, pour que nous en vivions avec lui et en Lui.

Un auteur contemporain, engagé dans le dialogue inter-religieux, surtout avec le bouddhisme, Dennis Gira, a pu écrire que l’expérience fondamentale de tout homme est celle de ses relations, de ses relations interpersonnelles. Or la foi chrétienne, dit-il, met en valeur de manière exceptionnelle cette dimension relationnelle de l’existence de tout être humain, en y voyant sa source et sa fin en Dieu lui-même, Etre de relations par excellence.

Dennis Gira, dans son dialogue avec ses amis bouddhistes explique alors les raisons de son choix dans son livre : « le Lotus ou la Croix ». Il s’engage résolument dans sa relation avec le Dieu Trinité révélé en Jésus-Christ. Nous ne pouvons que le suivre et adhérer à ses convictions.

Frères et sœurs, la fête de la Trinité que nous célébrons ce matin, n’est pas d’abord une fête réservée à des théologiens, habiles en spéculations intellectuelles. C’est la fête de tout baptisé au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est notre fête à tous, au lendemain de la Pentecôte, où nous avons reçu l’Esprit qui envoie en mission chacun de nous. Et nous avons l’assurance joyeuse que Jésus est avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

AMEN

(2012-06-03)

Homélie du 08 mars 2009 — 2e dim. du Carême — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2° Dimanche de Carême - 8 mars 2009

Gen 22 1-18; Rom 8 31-34; Mc 9 2-10

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Ce matin même je suis tombé sur un poème de Guillevic et je ne résiste pas au plaisir de vous le lire, comme une introduction à l’évangile de la Transfiguration.

La beauté doit venir

D’un autre monde

Qui s’avance

Jusqu’au nôtre

Et parfois même

L’enveloppe.

Regarde

Cette chapelle romane,

Les prés alentour,

Le ciel qui s’incline,

Regarde et maintenant

Ose dire où nous sommes.

Aujourd’hui, on aurait envie de n’être plus qu’accueil de « la beauté venue d’un autre monde », de se laisser « envelopper » par elle, de voir « le ciel qui s’incline », de rester là, « sans oser dire où nous sommes » !...

Ne rien faire d’autre qu’écouter, comme jamais. Quoi ? La parole la plus riche de toute la Bible, celle qui nous offre tout ce que nous avons tous le plus besoin d’entendre, une parole de père, la Parole de Dieu le Père qui nous désigne et nous présente Jésus :

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le !».

Je vous le donne !

« Et comment avec lui ne nous donnerait-il pas tout ? »

Il n’y a plus qu’à recevoir, à se faire tout écoute, comme disait Élisabeth de la Trinité. En ce moment, elle est avec nous, pour nous entraîner à sa suite dans « les profondeurs de ce mystère ».

Comme Jésus entraîne ses disciples sur la montagne ; il faut tout quitter pour le suivre, monter jusqu’au sommet, là où la terre et le ciel se rejoignent,

le ciel dans lequel apparaissent Moïse et Élie,

la terre qui est sous nos pieds, la nôtre, celle où Jésus s’est incarné.

Et là, aux confins des deux mondes, Jésus apparaît transfiguré : « Ses vêtements deviennent étincelants, d’une blancheur extrême, tels que foulon sur terre ne peut ainsi blanchir ». N’est-on pas au ciel ?

Il faut fermer les yeux pour voir ce qui ne se voit pas.

Faire silence pour entendre ce qui ne s’entend pas avec des oreilles pleines des bruits de ce monde, ouvrir les oreilles intérieures pour entendre la voix du Père qui nous murmure à l’oreille son secret : « Celui-ci est mon Fils ». Ce Jésus que vous suivez, votre maître, c’est mon Fils, mon unique.

Cette parole du Père devrait littéralement nous priver de parole. Mais la Bible nous fait un devoir de la faire tellement nôtre que nous puissions rejoindre le Père, et surtout ce qu’il vit.

Une parole chargée de fierté, d’admiration, de chaleur, d’interrogation aussi : « Mon Fils, mon unique, que je risque, comment va-t-il vivre sa mission ? » Comment ? Il suffit d’être père – ou mère – pour entrevoir le poids d’une telle interrogation,… sans pouvoir aller plus loin : Dieu seul sait ce que Dieu vit en lui-même! Et pourtant…

En cette circonstance, comment ne penserait-il pas à la fin de l’aventure ? Non plus sur la haute montagne, mais sur la petite colline de Sion, la petite butte du Calvaire, sous un ciel vide ?

Comment le Père n’entendrait-il pas déjà le cri de son Fils appelant son Dieu : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Pourquoi ?

Le Père sait déjà qu’il ne répondra pas à Jésus de Nazareth. C’est dans les Écritures que son Fils devra lire sa volonté de Père et de Dieu, et la faire sienne, pour parvenir à faire, à deux, leur propre et unique volonté. C’est le mystère de l’obéissance, quand elle est une œuvre d’amour.

De son côté, le Père, lui aussi, relit les Écritures sans sauter une seule page. Comment, en son cœur de Père, ne serait-il pas remué aux entrailles au souvenir de ce que lui-même a vécu à travers le drame de son enfant Abraham ? Abraham qu’il venait de faire père d’un fils, que maintenant il lui fallait sacrifier, par obéissance à son Dieu et Père, et donc en profonde communion avec lui.

Deux pères plongés dans le même drame de leur “paternité maternité” ouverte par le couteau, en vue de la nouvelle naissance d’un fils qui serait l’avenir de tout un peuple de fils de Dieu. C’est dur d’être père !

D’écho en écho, comment ce Père céleste oublierait-il le cri de douleur de David sanglotant en apprenant que son fils Absalom, resté accroché dans un arbre, comme crucifié, vient d’être mis à mort le cœur transpercé de trois javelots : « Mon fils Absalom! mon fils, mon fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place !» (2 Samuel chap. 19)

C’est le réflexe de l’amour paternel. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », et d’abord pour son fils.

Mais il y a amour plus grand encore. C’est, pour un père, de donner ce qu’il a de plus cher que lui-même : son propre fils, de le livrer pour ceux qu’il aime, afin d’en faire l’aîné d’une multitude de frères.

Deux dons en un seul, le Père et le Fils en totale communion dans l’amour, sous la nuée.

C’est fini. Tout s’efface. Seule demeure une parole, pour chacun de nous, pour chacune.

« Celui-ci est mon Fils ! Écoutez-le ! » Prenez-le !

« Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus personne, sinon Jésus, seul avec eux ».

Restons là, restons avec eux, écoutons, de cette écoute qui est la plus aimante des réponses.

Homélie du 15 février 2009 — 6e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - 6° Dimanche du Temps Ordinaire - 12 février 2012

Lev 13 1-46; 1 Co 10 31- 11 1; Mc 1 40-45

Homélie du F.Guillaume

Texte :

« Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main et le toucha… »

Frères et sœurs, vous n’êtes pas sans ignorer le succès considérable du film « Intouchables» ces dernières semaines. Il est en passe de battre tous les records d’entrées en salle de cinéma, en France et aussi à l’étranger : histoire de la rencontre de 2 hommes, l’un riche handicapé d’un beau quartier de Paris, l’autre, jeune de banlieue, immigré plus ou moins délinquant : 2 figures d’exclus, d’intouchables, handicap physique, handicap social, 2 aspects de lèpres de notre société moderne, pourrait-on dire. C’est sur cette réalité du toucher, de l’intouchable que j’aimerais m’arrêter avec vous ce matin, à partir de l’évangile bien sûr mais aussi de notre expérience humaine, corporelle et spirituelle. Qu’en est-il de ce sens du toucher pour nous ?

En touchant un malade, et qui plus est, un lépreux, Jésus pose un geste fort, de transgression, car dans la mentalité biblique, telle qu’elle nous est rapportée par le Livre du Lévitique en 1ère lecture, un tel malade est un être impur, nécessairement un pécheur, et, en le touchant, on est contaminé, on devient soi-même impur, on risque l’exclusion de groupe, et c’est d’ailleurs bien ce qui nous est dit à la fin de notre passage : il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville, il était obligé d’éviter les lieux habités.

L’évangile de Marc que nous écoutons tous les dimanches cette année, insiste particulièrement sur ces gestes de toucher, de contact physique, que Jésus pose sur différentes personnes ou que d’autres personnes posent sur lui. Déjà, dimanche dernier, nous avions le récit de la guérison de la belle-mère de Pierre, atteinte d’une grosse fièvre. Jésus lui prend la main (la touche donc), la guérit et aussitôt la fièvre quitte la femme qui se lève (le verbe évoque la résurrection) et elle peut reprendre son service.

Un peu plus loin, nous avons le récit étrange de cette femme, souffrant de pertes de sang depuis 12 ans et qui cherche, dans la foule, à s’approcher de Jésus pour toucher ne serait-ce que son vêtement, sûre, que par ce toucher elle pourra être guérie. Et Jésus, se retournant, surpris dit : « qui a touché mes vêtements ? » car il a senti une force sortie de lui par ce contact avec cette femme.

A d’autres endroits, on amène des enfants à Jésus pour qu’il les touche, au grand déplaisir des disciples qui cherchent à les écarter. Mais Jésus prend les enfants dans ses bras, il les bénit, leur impose ses mains, les embrasse. O scandale, oui, aujourd’hui, Jésus serait bien évidemment soupçonné de pédophilie !

Tous ces touchers de Jésus pour guérir, pour bénir, pour communiquer la vie sont des gestes essentiels de son activité apostolique. Il a été envoyé dans le monde pour guérir et sauver tous les hommes. En ce sens, le toucher du Christ a une signification théologique de première importance dans le mystère de l’incarnation. Dieu, en prenant chair peut venir toucher la chair de l’homme. Le Verbe divin ne vient pas seulement parler aux hommes et les entendre, ne vient pas seulement se faire voir d’eux et les voir, respirer et se laisser respirer comme la bonne odeur du Christ, manger, goûter et se laisser manger et boire. Le Christ vient aussi et d’abord toucher et se laisser toucher, au double sens, propre et figuré. Le début de la première épitre de Saint Jean le dira ainsi : « ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos propres yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, car la Vie s’est manifestée… cela, nous vous l’annonçons afin que vous soyez en communion avec nous et afin que notre joie soit complète ».

Toucher, se laisser toucher, au sens propre et au sens figuré aussi.

Et c’est le second verbe de la citation de notre évangile qui est ici important : « pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main et le toucha » . Pris de pitié : le verbe grec est en réalité plus fort : Jésus fut remué au plus profond de lui-même, jusqu’aux entrailles, comme les entrailles d’une mère. On retrouve ce verbe à d’autres endroits-clé de l’évangile de Marc, pour exprimer la compassion et la miséricorde de Dieu face à la misère humaine. Quand Jésus voit une foule rassemblée devant lui, comme un troupeau sans pasteur, ou qui n’a pas mangé depuis 3 jours. Dans l’évangile de Luc, dans les paraboles du bon samaritain et de l’enfant prodigue, on retrouve ce verbe. A chaque fois, il nous est suggéré que Dieu, l’intouchable par excellence se laisse toucher, saisir jusqu’au plus profond de lui-même. Jésus-Christ, et son Père dont il est venu révéler l’amour ne sont pas impassibles, insensibles, invulnérables, devant la détresse humaine.

Ce que nous pouvons lire dans ces textes de l’Ecriture (on pourrait les multiplier), à propos du toucher et de l’intouchable, beaucoup de chrétiens, mais aussi de non-chrétiens ont cherché à le faire passer dans leur vie, et ils nous invitent à faire de même.

Je ne mentionnerai pour terminer que 2 témoins de l’Eglise qui ont été en particulière consonance avec cet évangile d’aujourd’hui. Saint François d’Assise, le fils d’un riche marchand de son temps, promis à une belle carrière et qui fut saisi jusqu’aux entrailles par la détresse des pauvres de son entourage, allant lui aussi au devant d’un lépreux pour l’embrasser au risque de la contamination.

Et plus proche de nous encore, la Bienheureuse Mère Térésa de Calcutta, qui a vécu la plus grande partie de sa vie en Inde, un pays de castes, séparées de toute une partie de la société, la plus pauvre, dénommée «les intouchables » (les dalits). Mère Térésa s’est approchée des plus démunis, des mourants des trottoirs des grandes villes. Et elle écrivait à ses sœurs en avril 1974, ces lignes que je trouve particulièrement fortes :

« les exclus, ceux qui sont rejetés, ceux qui ne sont pas aimés, les prisonniers, les alcooliques, les mourants, ceux qui sont seuls et abandonnés, les marginalisés, les intouchables et les lépreux…, ceux qui sont dans le doute et la confusion, ceux qui n’ont pas été touchés par la lumière du Christ, les affamés de la parole et de la paix de Dieu, les âmes tristes et affligées…, ceux qui sont un fardeau pour la société, qui ont perdu toute espérance et foi dans la vie, qui ont oublié comment sourire et qui ne savent plus ce que c’est que de recevoir un peu de chaleur humaine, un geste d’amour et d’amitié… tous, ils se tournent vers nous pour recevoir un réconfort. Si nous leur tournons le dos, nous tournons le dos au Christ.

AMEN (2012-02-12)

Homélie du 04 janvier 2009 — Épiphanie du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Epiphanie du Seigneur 2009

Is 60 1-6; Eph 3 2-3a, 5-6; Mt 2 1-12

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

2009

Frères et sœurs,

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière ! N’est-ce pas cette exhortation vigoureuse que les mages lancent malgré eux à Jérusalem, quand ils viennent s’informer sur le lieu de naissance du Roi des Juifs ? En effet, ces hommes étrangers à la foi d’Israël, viennent sortir Jérusalem de sa torpeur. Ils la bousculent, ils la « prennent de court », comme nous aimons chanter dans une hymne. Hérode et ses courtisans ont oublié cette Bonne Nouvelle annoncée jadis par le prophète Isaïe : « Debout resplendis, elle est venue ta lumière et la Gloire du Seigneur s’est levée sur toi! ». Du coup, ils prennent la mauvaise attitude : ils ont peur. Au lieu de se réjouir, de cette naissance du Messie tant attendue, ils paniquent. Ils connaissent les Ecritures, mais de façon partielle. Ils savent où le Messie doit naître, mais ils n’ont pas compris toute la largeur et la profondeur de son mystère. Ils ont retenu ce qu’il est possible de maitriser, et non ce qui pourrait les déplacer…

Debout Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière ! N’est-ce pas aussi à cette Bonne Nouvelle que nous renvoient bon nombre de nos contemporains quand ils viennent nous poser des questions sur la vie et son sens, sur notre foi, sur le Christ auquel nous croyons. Par leur recherche tâtonnante, voire provocante parfois, ils nous disent à leur insu : « Debout ! Parlez-nous de cette lumière à laquelle vous croyez, c’est d’elle dont nous avons besoin »…A leur insu, ils nous engagent à mieux connaitre le Christ et son mystère, pour pouvoir mieux en partager la connaissance. Allons-nous être comme Hérode, trop courts dans nos réponses, trop étroits dans notre vision au risque de limiter l’accès de la rencontre de Celui qui est la Vraie Lumière, celle qui éclaire tout homme ? Ici, chacun, nous sommes renvoyés au sérieux de notre vie chrétienne et de notre vie de moine. Nous sommes porteurs d’une lumière que nous ne pouvons pas réduire et enfermer dans un espace trop clos. En Eglise, nous sommes appelés à approfondir sans cesse le sens et la portée de notre foi au Christ qui veut parler à tout homme, à toutes les nations. Nous sommes comme les photophores fabriqués par nos frères potiers : ces cylindres percés de trous et d’ouvertures pour laisser passer la lumière que l’on met à l’intérieur. Si le cylindre est complètement fermé, non seulement la lumière ne se diffuse pas, mais elle s’éteint. S’il est ouvert grâce aux ouvertures qui sont faites, l’air passe de l’extérieur et la lumière diffuse… N’ayons donc pas peur des questions, voire des critiques qui viennent de l’extérieur, elles nous permettent de demeurer ouverts à la recherche des autres. Si elles nous percent, ou nous creusent, elles peuvent aussi apporter de l’oxygène, et nous permettre de nous renouveler dans notre recherche du Christ, et dans notre compréhension de son mystère. Plus le photophore est ouvert, plus il diffuse.

Debout Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière ! Frères et sœurs, ce matin, laissons cette Bonne Nouvelle nous réveiller dans la conviction que notre foi brille d’une lumière bien plus grande que nous ne pouvons imaginer. Dieu notre Père a daigné nous illuminer par la venue de son Fils. Il nous offre ainsi un cadeau sans mesure, cadeau que nous ne cessons d’ouvrir et de découvrir à travers notre lecture de la Bible, dans notre prière, au cours de chaque Eucharistie, dans les rencontres avec les autres. Demeurons ces chercheurs, toujours désireux d’approfondir notre connaissance intime du Christ, toujours ouverts aux interrogations de nos contemporains. Car nous aussi, nous sommes en chemin, comme nous l’avons prié au début de cette célébration : « daigne, nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits à la claire vision de ta splendeur ». (2009-01-04)

Homélie du 28 décembre 2008 — Sainte Famille — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - Fête de la Sainte Famille - 28 décembre 2008

Si 3 2-16; Col 3 12-21; Lc 2 22-40

Homélie du F.Sébastien

Texte :

J’ai encore devant les yeux un grand tableau. En bas, une plaque de cuivre où je lis : Sainte Famille. Auteur inconnu. XIXe siècle.

Trois auréoles illuminent la peinture. La plus grande est pour le petit, un délicieux blondinet aux cheveux bouclés, bouclés comme les copeaux dorés qui sortent sagement du rabot de son père, qui menuise, sans avoir besoin d’enlever son auréole. L’Enfant, précoce, ajuste avec soin deux bouts de bois en forme de croix. La mère, silencieuse, recueillie, fait le lien. La famille au complet.

Une famille pieuse du XIXe siècle..., à la fois bien loin de celles de notre XXIe,.... et étonnamment proche à bien des égards....

À mille lieues en tout cas de celles de la Palestine du temps de Jésus. Les enfants n’y vivaient qu’en bande, comme de joyeuses volées de moineaux : Jésus jouait parmi ses « frères et sœurs », pour reprendre les mots de l’Évangile.

Aujourd’hui l’Église célèbre la Sainte Famille : Jésus, Marie, Joseph. La famille toute sainte, hors normes, à trois, c’est tout : le père, la mère, l’enfant unique. Un certain modèle, qui doit donner à penser. À certaines conditions. Mais allons plus loin.

Tout en réfléchissant avec vous, je me demande ce qu’en pense en ce moment notre Père du Ciel. Comme d’habitude, il participe à notre eucharistie – la liturgie, cela le passionne, et il n’en manque aucune, – se réservant le rôle qui lui revient, comme le demande Vatican II.

Il est le Père, « celui de qui vient toute paternité, toute vie de famille, aussi bien dans les cieux que sur la terre ». Il est le chef de toutes les familles, mais en premier lieu de l’éternelle, de la Sainte Trinité.

C’est dans ce foyer rayonnant d’amour que, nous, les humains, « nous avons été conçus, choisis, dans le Christ, dès avant la création du monde », – comme le dit magnifiquement saint Paul.

Dans le Christ, nous n’avons pas été seulement appelés mais aussi divinement adoptés, avec la plénitude des droits de la famille. Ce qui n’est pas sans nous rapprocher étonnamment de ce Jésus qu’adopta un jour un homme de Nazareth du nom de Joseph. C’est sur l’ordre du Très Haut que ce jeune fiancé « prit l’enfant et sa mère », l’enfant qui n’était ni de sa chair ni de son sang. « Et il partit sans savoir où il allait », à l’aveuglette, comme Abraham, son ancêtre, et avec la même foi. La foi offerte, comme super cadeau de mariage, à tout ménage qui se lance.

Une telle aventure ne peut être que bousculée, creusée, renvoyée à ce que l’évangile vient de nous rappeler, lorsque Joseph et son épouse offrent leur enfant à Dieu dans le temple, puis lorsque, douze ans plus tard, ils le perdent dans la foule, à Jérusalem : trois jours d’angoisse mortelle, avant de le retrouver, encore dans le temple, mais pour s’entendre dire sans ménagement : « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ?» Choc pour le papa confronté par son enfant à un autre Père, un enfant qui éduque virilement ses deux parents désemparés.

« Vos enfants ne sont pas vos enfants, dira le poète Kalil Gilbran, ils sont les fils de la Vie en vous ». L’enfant est toujours un mystère de contestation et de construction au sein duquel ses parents naissent à une nouvelle vie, non sans souffrances.

Jésus, le Fils même de Dieu fit de Joseph à la fois son père adoptif et notre père universel,

comme il fit de Marie sa mère à Nazareth, avant de la faire notre mère universelle, au pied de la croix.

Concluons.

Célébrer la Sainte Famille nous plonge dans le mystère de nos propres familles, de toutes sortes, les temporelles comme les spirituelles, avec leurs réussites et leurs échecs, leurs épreuves et leurs grands bonheurs, leurs parcours aux ressorts imprévisibles. Tout cela vécu entre les immenses bras de notre Dieu et Père, des bras accueillants à tous et à tout, inlassablement encourageants, un Père qui ne songe qu’à une chose : « Il faut que la vie gagne ». Et il s’y emploie ! Fort bien.

Voilà qui peut donner à rêver à ceux et celles qui, du coin de l’œil, observent leurs blondinets et blondinettes, cheveux crépus, yeux bridés, teint de cuivre ou de porcelaine, plongés dans la profondeur mystérieuse de leurs jeux. « Tous ceux-là sont les miens », dit Dieu.

Et nous : « Que sera donc cet enfant ? »

« Que seront nos descendants ? »

Ils seront les fils du Dieu vivant, si nous nous engageons, comme Joseph et comme Marie.

(2008-12-28)

Homélie du 25 décembre 2008 — Noël - Messe du jour — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Messe du Jour de Noël - 25 décembre 2008

Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jn 1 1-18

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

En ce jour de Noël, jour de grande fête et de joie nous ne célébrons pas que la seule naissance de Jésus à Bethléem, mais une tripe naissance de Dieu, selon un thème traditionnel de la spiritualité chrétienne. Il y a en effet une naissance de Dieu en lui-même, il y a la naissance du Fils de Dieu en notre chair, et il y a la naissance du Verbe de Dieu en nous-même, en notre âme.

La 1ère naissance sans doute la plus profonde et la plus mystérieuse est celle que nous contemplons dans le Prologue du 4ème Evangile, qui vient d’être chanté solennellement. Naissance éternelle du Verbe au cœur de la Trinité. Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. La suite du texte précise que ce Verbe est le Fils du Père, plein de grâce et de vérité.

Chaque dimanche et aujourd’hui encore dans un instant, nous professons dans le Credo de l’Eglise que le Christ est le Fils Unique de Dieu né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu engendré, non pas créé et de même nature que son Père. Cet engendrement, cette naissance dans l’éternité échappe au temps et à l’histoire. Elle échappe aussi à notre compréhension et dépasse infiniment les limites de notre entendement, mais nous l’affirmons cependant dans la foi et dans l’amour. Pour nous chrétiens, cette 1ère naissance de Dieu doit demeurer l’objet de notre émerveillement et de notre adoration. Elle est source de joie.

La seconde naissance, celle de l’enfant Dieu à Bethléem qui nous a été rapportée par l’évangile de la messe de minuit, nous est plus familière. Il est plus facile de la raconter aux enfants et elle a été préparée par les calendriers de l’Avent et la réalisation des crèches. Pourtant, cette seconde naissance n’en est pas moins paradoxale ou scandaleuse, voire même folle et impossible à admettre pour qui ne partage pas notre foi. Aucune sagesse païenne, aucune religion ne peut envisager une telle naissance d’un Dieu sur la terre des humains. C’est le mystère de l’Incarnation.

Jésus, le Christ, est né d’une femme, la Vierge Marie, lorsque les temps furent accomplis. Et Dieu a pris les traits de visage d’un bébé, d’un garçon, d’un homme.

Saint Paul dans sa lettre aux Philippiens dira qu’il n’a pas retenu jalousement son rang d’être l’égal de Dieu, mais qu’il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes et par son aspect, il était reconnu comme un homme, et il s’est abaissé dans l’obéissance à son Père, jusqu’à mourir sur une croix.

Autant que pour la 1ère naissance du Verbe dans son éternité, nous avons à nous émerveiller et à nous réjouir de cette 2nde naissance du Verbe dans notre humanité.

Mais ces deux naissances ne présenteraient guère d’intérêt et resteraient extérieures et étrangères à nous, si elles ne s’actualisaient pas présentement en chacun de nous, à l’intime de chacune de nos âmes. C’est le dominicain Maître Echkart qui au Moyen Age, en reprenant une idée d’Origène a longuement développé cette naissance de Dieu qui se produit en nous, en notre âme, et c’est cela qui importe, dit-il. Dieu pénètre ici le fond de l’âme. Personne d’autre ne peut entrer dans le fond de l’âme sinon Dieu seul.

Cette 3ème naissance du Verbe de Dieu à l’intime de notre être permet de rendre compte du vouloir profond de Dieu en s’incarnant. Dieu se fait homme afin que l’homme puisse devenir Dieu, comme l’affirmaient les Pères de l’Eglise. Dieu veut rendre à l’homme sa dignité d’être créé à son image et à sa ressemblance, dignité qu’il a perdue et qu’il perd encore par le péché et c’est toute la raison du sacrifice pascal du Christ dans sa naissance, sa vie, sa mort et sa résurrection. Noël et Pâques sont ainsi inséparables et nous les célébrons ensemble à chaque eucharistie.

Pour terminer, je reprendrai les termes de l’une des préfaces de la nativité qui nous fait chanter à Dieu : « lorsque ton Fils prend la condition de l’homme, la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse ; il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels » .

Amen (2008-12-25)