vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 juin 2000 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Fête du Corps et du Sang du Christ - 25 Juin 2000

Is 63 16b-17, 64 2b-7; 1 Co 1 3-9; Mc 13 33-37

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Fête du Corps et du Sang du Christ : fête de l’Eucharistie.

Voici quelques mois, le père Maurice Bellet publiait un ouvrage sur l’eucharistie, et il donnait à son livre le titre suivant : «la chose la plus étrange ». Et en sous-titre : « manger la chair de Dieu et boire son sang ».

Frères et sœurs, nous qui sommes réunis ici dans cette église, baptisés chrétiens et pratiquant de la messe hebdomadaire pour la plupart, avons-nous bien conscience de participer à une chose très étrange et de tenir un langage qui a toute les raisons de paraître insensé ou délirant à un non-croyant ; nous disons en effet que nous allons manger la chair de notre Dieu et que nous allons boire son sang ? Allons donc, quels propos invraisemblables, insoutenables ? Qu’est-ce que ce cannibalisme, plus ou moins déguisé ?

Ne pensons pas que cet étonnement ou que le scandale que nous pouvons provoquer en affirmant cela soit le fait de notre situation actuelle de civilisation avancée, post-moderne, post-chrétienne, qui serait dégagée des mythes et croyances désuets. Cette « chose très étrange », ce langage délirant avait choqué les propres contemporains de Jésus, alors qu’il les enseignait à Capharnaüm, dans son grand Discours sur le Pain de Vie, rapporté dans l’Evangile de Jean. Jésus disait :

« Je suis le Pain Vivant qui descend du Ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la Vie.

Car ma chair est vraie nourriture et mon sang est vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. »

A ces mots, beaucoup de ses disciples se mirent à dire : « cette parole est rude. Qui peut continuer à l’écouter ? Et Jésus, conscient du scandale qu’il vient de provoquer les interpelle :

« les paroles que je vous ai dites sont Esprit et Vie. Mais il en est parmi vous qui ne croient pas ».

Et effectivement, à partir de ce moment-là, c’est-à-dire, à propos de cette chose très étrange dont Jésus leur parlait, beaucoup cessèrent de faire route avec lui.

Jésus se tourne alors vers les douze et leur demande :

« Vous aussi, n’avez-vous pas l’intention de partir ? »

Et nous connaissons l’admirable réponse inspirée à Pierre :

« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous, nous avons cru, et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».

Alors, nous qui sommes venus à cette liturgie, où nous fêtons le Corps et le Sang du Christ, nous nous reconnaissons en Pierre. Nous ne comprenons peut-être pas bien entièrement le sens mystérieux des paroles de vie éternelle de Jésus, nous ne savons peut-être pas bien la portée de ce que nous accomplissons, mais nous lui faisons confiance ; nous avons foi en lui, et surtout, nous rapprochons ses paroles de l’exemple de sa vie, quand il la donne jusqu’à mourir par amour pour nous sur la Croix. La Puissance de Dieu se révèle en Lui : la mort est vaincue par la Résurrection. Car l’Eucharistie est inséparable du Mystère Pascal ; elle est la célébration actualisée de Vendredi Saint et de Pâques, elle qui fut instituée le Jeudi Saint, au cours du dernier Repas de Jésus avec ses disciples.

Tout semble se tenir, et il n’y a rien à ajouter. Pourquoi alors tant de querelles, tant de divisions, aussi bien sur le fond (théologique), que sur la forme (les manières de célébrer) ? L’Eucharistie a prêté le flanc aux plus grandes polémiques et violences entres chrétiens (songeons aux guerres de religions), ce qui prouve qu’elle touche à quelque chose d’essentiel pour notre vie de foi. Le Concile Vatican II la présente comme « la source et le sommet de toute la vie du chrétien ».

Sans entrer dans des détails de théologie, il me semble possible de distinguer deux aspects importants à tenir aujourd’hui comme hier.

D’abord l’aspect rituel. En assistant à l’eucharistie et en y répondant, le chrétien est « un homme rituel » , tout comme le croyant d’une autre religion qui accomplit des rites, des liturgies où il s’engage tout entier dans une relation avec le Divin.

Le rite est une donnée constituante de l’homme en société. Et même dans un monde sécularisé il est facile de repérer de nouvelles formes de rites, que ce soit dans les manifestations sportives, les médias, les concerts, etc. L’eucharistie, comme rite chrétien constitue l’Eglise, en tant que Peuple de Dieu.

Mais le rite à lui seul, ne suffit pas à définir l’eucharistie, car elle est en même temps et surtout un mode d’existence pour le chrétien. Etre chrétien, c’est vivre « eucharistié », c’est-à-dire en état d’action de grâce, comme le demande Saint Paul dans ses lettres.

Toute la vie doit correspondre à cette action de grâce, qui est don de soi, par amour pour les autres, comme Jésus l’a été. L’institution de l’eucharistie, le Jeudi Saint, conjoint ces deux aspects. Jésus, au cours du Dernier Repas avec ses disciples prononce les paroles répétées à chaque messe : « prenez et mangez, ceci est mon corps, prenez et buvez, ceci est mon sang » ; elles constituent le nouveau rite, mais au cours de ce même repas, Jésus lave les pieds de ses disciples, mettant en œuvre le commandement nouveau de l’amour : « c’est un exemple que je vous donne : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi ».

Nous n’inventons pas l’Eucharistie, lorsque nous la célébrons. Nous l’accueillons comme le Don de Dieu par excellence, le Don de sa vie à laquelle nous nous identifions et que nous devons porter aux autres à notre tour. L’eucharistie est au service de la communion.

L’être humain ne se nourrit pas seulement de pain. Il se nourrit de ce qui lui donne de subsister en humanité : à savoir l’amour et la parole, ou plutôt la parole qui est amour.

Manger la chair de Dieu, boire son sang, ce sera aussi manger la Parole de Dieu, l’écouter et l’assimiler, l’incorporer. Ce sera aussi donner notre vie et servir nos frères, dans la sueur, les larmes et le sang, goutte après goutte.

Après avoir été nourris à la Table de la Parole, approchons-nous maintenant de la Table où vont être déposés le pain et le vin pour y êtres consacrés. Auparavant, nous allons proclamer le Credo qui ne mentionne pas explicitement l’eucharistie, mais qui s’attache à la profession de foi trinitaire en Dieu : Père , Fils et Esprit Saint. Pourtant, en réponse aux paroles du Christ à la consécration, nous chanterons : « il est grand, le Mystère de la foi », et nous reprendrons un condensé du Credo.

Frères et sœurs, que cette Fête du Corps et du Sang du Christ, cette Fête-Dieu, en l’Année Jubilaire, soit pour nous l’occasion de fortifier notre foi en l’Eucharistie, dans l’accueil toujours nouveau du Don de la Vie de Dieu en nous.

AMEN (2000-06-25)

Homélie du 23 avril 2000 — Dimanche de Pâques — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Messe du jour de Pâques - 22 avril 1998

Ac 10 34-43; Col 3 1-4; Jn 20 1-9

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Peu de temps avant sa mort, on posa cette question à Confucius, le Grand Sage de la Chine : Il mais

à quoi passeriez-vous votre vie, si elle était à refaire ?" Confucius répondit simplement: "si

elle était à refaire, je passerais ma vie à réinventer la signification originelle des mots".

Frères et sœurs, en ce dimanche de Pâques, où nous célébrons dans la foi et dans la joie la

Résurrection du Christ, notre Seigneur, arrêtons-nous, si vous le voulez bien, à la signification originelle

de ce mot: "Résurrection" ; cherchons à lui rendre un sens, à partir de notre expérience d'homme et de

croyant, à la lumière des Ecritures, en confrontation avec l'expérience des premiers témoins : Madeleine,

Pierre, Jean et Paul. Car Saint Paul nous en avertit dans sa lettre aux Corinthiens: "si Christ n'est pas

ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi : vous êtes encore dans vos

péchés"

Très simplement d'abord remarquons que le mot de "résurrection" provient du verbe "ressusciter"

qu'il vaut mieux prononcer "re-susciter" pour en souligner la double composition : Une particule "re" et un

verbe "susciter". La particule "re" signifie à nouveau, avec une idée soit de retour en arrière, comme on

parle de restauration, de reprise d'une situation antérieure, soit de recommencement, en avant, c'est-à-dire

de renouvellement, si ce n'est une recréation, dans une situation totalement inédite, différente de toute

situation précédente.

Le verbe "susciter" indique lui aussi la naissance, l'éveil à un monde encore inconnu, en rapport avec

la vie. Jésus n'a-t-il pas associé les deux réalités quand il dit à Marthe, à la mort de son frère Lazare : "Je

suis la Résurrection et la Vie" ?

Ainsi l'étymologie du mot de résurrection nous place dans le registre vital du temps et de l'histoire,

selon les dimensions du passé, du présent et de l'avenir.

Entre le passé et le présent, il définit une rupture, une rupture instauratrice, qui conserve cependant

quelque chose d'essentiel du passé. Christ ressuscité, au matin de Pâques, est à la fois le même et un autre

pour les disciples qui l'ont connu avant sa mort sur la Croix. Marie Madeleine dans le jardin, le prend pour

le jardinier, les pèlerins d'Emmaüs cheminent avec lui sans le savoir. Les pêcheurs de Tibériade ne

reconnaissent pas immédiatement l'étranger sur le rivage, près du feu. Le corps glorieux du Christ

ressuscité est ainsi différent de celui qui parcourait les routes de Palestine, enseignant les foules et

guérissant les malades : pourtant, il conserve les marques de la Passion, et Thomas pourra le reconnaître

formellement, en avançant sa main et en la portant dans les plaies du côté du Christ transpercé. Thomas et

Jean auront le droit de toucher: Marie-Madeleine, en revanche se voit interdire ce droit Elle est renvoyée à

l'annonce du message, par la parole et dans la foi: invitation à entretenir désormais avec son Bien Aimé un

nouveau type de relation où le corps est investi autrement que par le contact immédiat, sensible.

Pour les disciples d'Emmaüs, c'est à la fraction du pain que le Christ se fait reconnaître, tout en

disparaissant aussitôt à leurs yeux de chair: là encore, invitation à un nouveau rapport, dans le mystère

sacramentel de l'eucharistie, où le Christ Ressuscité présent réellement en son corps et en son sang, se

donne dans le pain et le vin : nouveau contact, nouveau toucher.

La Résurrection signifie ainsi une rupture instauratrice par rapport au passé ; elle est en même temps

l'irruption du monde humain, terrestre dans le monde divin, céleste, dans le Royaume annoncé et promis.

Elle engage alors un rapport entre le présent et l'avenir, le déjà-là et le pas-encore.

Saint Paul dans la seconde lecture d'aujourd'hui nous l'affirme : "du moment que vous êtes

ressuscités (dès maintenant) avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve

le Christ, assis à la droite de Dieu. C'est en haut qu'est votre but, non sur la terre; en

effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand

paraîtra le Christ, votre vie, alors, vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire".

Notre propre résurrection est donc engagée dès maintenant avec celle du Christ Nous sommes entrés avec

lui, par le baptême, dans le Royaume, dans la vie éternelle, dès lors que nous sommes associés, plongés

dans le mystère de la Mort et de la Résurrection du Christ Nous avons part à la connaissance de ce

mystère, à partir du moment où, comme le disciple Jean, nous croyons, même sans voir. Et nous sommes

appelés à vivre dans l'Esprit Saint une vie nouvelle, une nouvelle création.

n s'agit bien d'une tension entre le déjà-là du Royaume inauguré et le pas-encore du Royaume achevé

L'enjeu de cette tension se situe dans la responsabilité de notre engagement présent, ici et maintenant

Elle met en acte notre espérance, "une espérance pleine d'immortalité", comme le disait déjà le livre

de la Sagesse dans l'A.T. Car "si nous avons mis notre espérance dans le Christ pour ce

monde-ci seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non,

Christ est ressuscité, prémisse de tous ceux qui doivent aussi ressusciter avec lui au

Dernier Jour". Il nous faut espérer contre toute espérance, comme Abraham quand il fut soumis à

l'épreuve, il nous faut croire en l'impossible qui constitue ou re-constitue un réel plus réel que toutes les

réalités de notre imaginaire. Il nous faut enfin aimer de cet amour qui nous vient de l'Esprit Saint et qui est

la puissance dernière à l'œuvre dans la Résurrection.

Croire à la Résurrection, c'est donc croire au poids de ce qui fait l'importance de notre vie : les

événements, les rencontres, les expériences profondes que nous pouvons vivre ici-bas, sans nous y

attacher outre mesure, car la figure de ce monde est appelée à passer. Tout sera suscité à nouveau, re-

suscité: notre vie sera reprise et récapitulée dans le Christ, dans la lumière et la Communion définitive,

dégagée de tout péché, quand Jésus soumettra tout à son Père et qu'il sera tout en tous.

Méditer sur le mystère de la Résurrection, ré-inventer la signification originelle du mot,

c'est donc être invité à porter un regard sérieux sur notre existence, lui donner un sens, au-delà des échecs,

de l'absurde, du péché et des petites morts que nous connaissons tous plus ou moins. Sans déserter le

quotidien, c'est vivre dans l'attente, la confiance et l'espérance. C'est croire en vérité et avec sérieux ce que nous allons vivre tous ensemble dans un instant:

"J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir"

AMEN (1998-04-12)

Homélie du 25 décembre 1999 — Noël - Messe du jour — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Messe du Jour de Noël 1998

Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jn 1 1-18

Homélie du F.Matthieu

Texte :

b]1998

Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ...

Ainsi tout est dit, et il n’y a plus, pour comprendre cette Parole de l’Evangile, qui résume si parfaitement le mystère que nous célébrons aujourd’hui, qu’à méditer les Ecritures pour espérer en découvrir le sens, celui que le Seigneur lui-même veut nous y faire entendre.

Il a habité parmi nous...

Jean emploie ici un verbe bien particulier, tellement particulier qu’il joue avec une grande subtilité sur les deux langues, le grec et l’hébreu, les deux langues de la Révélation biblique il faut entendre : il a planté sa tente au milieu de nous - le mot grec eskènôsen ...

Mais il faut entendre aussi : il a manifesté La Présence , c’est-à-dire la Présence de Dieu, parmi nous, ce que la tradition biblique et juive appelle la Shekhinah , la Présence même du Dieu qui habite au milieu de son peuple en marche au désert, la Présence même du Seigneur sur l’Arche de l’Alliance entre les deux Kerubim , ces deux figures angéliques qui délimitent l’espace - si l’on eut parler ainsi - où Dieu trône dans le Saint des Saints.

Approfondissons ces deux images de l’Ecriture.

Il a planté sa tente au milieu de nous.

Il ne s’agit pas de n’importe quelle tente, ni de n’importe quel lieu de campement ; il s’agit du désert de l’Exode où le peuple marche, de la terre de servitude à la terre promise, de campement en campement, et Dieu comme chacun des israélites, « a choisi d’habiter sous la Tente », la Tente que le livre des Nombres appelle la Tente du Rendez-vous , car le Dieu vivant et vrai est le Dieu de l’Alliance, celui qui toujours tient table ouverte pour le passant que nous sommes, pour le passant qu’est tout homme en quête de sens...

Lorsque le Verbe se fait chair, lorsque Jésus naît de la Vierge Marie, il inscrit sa chair comme la « Tente du Rendez-vous » au milieu de son peuple et alors il n’est nullement étonnant que ce soit des bergers, les derniers en Israël à être encore des nomades, à ne pas être sédentarisés, installés, les derniers à être encore en marche, qui soient les premiers alertés par les anges pour venir le reconnaître Celui qui habite sous la tente avec les hommes en marche, avec les hommes qu’Il invite à marcher à sa suite, avec nous qu’il invite à le suivre aujourd’hui... Et il ne sera pas plus étonnant que, parmi les nations, ce soient des Mages venus d’Orient, des Mages qui ont osé, à cause de l’étoile apparue dans le ciel, le grand voyage qui les entraîne sur les routes d’Israël, qui soient les premiers à trouver l’Enfant pour se mettre à son service comme nous-mêmes nous sommes invités, aujourd’hui, à nous mettre à nouveau au service de Celui qui a planté sa Tente au milieu de nous.

Lorsque le Verbe se fait chair, lorsque Jésus naît de la Vierge Marie, il se manifeste comme le Dieu de l’Exode, celui qui a choisi de s’inscrire au cœur de l’histoire d’un peuple pour le sauver de son péché et, à travers Israël, pour sauver tous les hommes en leur faisant retrouver le chemin qui, à la suite de Jésus, les ramène vers cette terre qu’ils n’auraient jamais dû quitter.

Venons-en à la deuxième figure, celle de la Shekhinah , de la Présence du Dieu qui habite entre les Kerubim sur l’Arche de l’Alliance.

Oui, le Dieu trois fois Saint, Celui que les cieux ne peuvent contenir , Celui dont la terre est l’escabeau de ses pieds , est là, aujourd’hui, réellement présent dans l’enfant de Bethléem.

Et pour que cette merveille puisse s’accomplir, la Tradition biblique et juive a bien compris qu’il fallait toute la Puissance de Dieu, car seul il pouvait inventer , choisir de se restreindre , de se mettre à notre portée, de se couler à notre mesure, et c’est bien là la plus grande merveille de son amour, le signe le plus évident de cet amour qui ne recule devant rien pour revenir à hauteur des hommes pécheurs que nous sommes.

Et cet acte de Dieu, se restreignant par amour, aujourd’hui, dans le Verbe fait chair en Jésus, à Bethléem de Judée, il nous est manifesté comme définitif, sans repentance possible pourrait-on dire : plus jamais, Dieu ne pourra quitter cette Tente qui est au milieu de nous, plus jamais Dieu ne pourra s’éloigner de nous, remonter au ciel, comme il le fit après le péché d’Adam...

Avec Jésus, Verbe fait chair, Dieu implanté en notre terre, nous est donnée la certitude absolue que l’amour de Dieu est bien celui que tous les Prophètes avaient entrevus et espérés, celui dont tout homme rêve un jour, un amour qui n’est que gratuité, un amour qui n’est qu’amour et qui ne peut se décourager devant aucune de nos impasses, devant aucune de nos infidélités, devant aucune des folies ou des violences des hommes.

Oui, aujourd’hui, Dieu a fait définitivement alliance avec nous, Il marche avec nous sur nos chemins, Il a pris parti pour nous par delà toutes nos dérives et toutes nos lâchetés. C’est ce Dieu-là que nous contemplons dans l’Enfant de la crêche, Dieu restreint par amour...

Et si nous étions un peu sages, un peu réveillés de nos égarement, au lieu de l’obliger à nous suivre dans toutes nos errances - et, par amour, il a décidé de ne nous abandonner nulle part, fut-ce au fond de la mort -, au lieu de l’obliger à nous suivre, nous essayerions de nous mettre à sa suite sur ce chemin de Vie qu’il nous propose à nouveau en ce matin de Noël. Amen.

Frère Matthieu Collin