Homélies
Liste des Homélies
C 2003 – Avent 2°Dimanche 7 décembre 2003
2e Dimanche de l’Avent
Lectures : Ba 5, 1-9 / Ps 125 / Ph 1, 4-6.8-11 / Lc 3, 1-6
Homélie de frère Matthieu
En ce deuxième Dimanche de l’Avent, ce sont les figures prophétiques qui sont mises en avant dans les textes que la liturgie nous propose.
Jean le Baptiste dans l’Evangile que nous venons d’entendre, associé à la figure d’Isaïe, ou plutôt d’un des ses disciples, qui, au cœur de l’exil du peuple à Babylone, annonce un retour merveilleux vers la terre promise.
Baruch, ce disciple de Jérémie, dans la première lecture qui, lui aussi, annonce des temps nouveaux à Jérusalem, la cité sainte, temps de joie et de reconstruction dont Dieu prend toute la charge.
Paul enfin qui, en bon prophète du Christ, se tourne vers ce Jour où viendra le Seigneur Jésus, jour d’accomplissement où chaque chrétien parviendra à la plénitude de la justice et de l’amour dans le Royaume de Dieu.
Paroles prophétiques qui retentissent aujourd’hui pour nous, en ce temps de l’Avent, attente de la venue du Christ Jésus que nous devons préparer toujurs à nouveau dans notre vie, en marchant vers son Jour.
Et que nous disent-ils ces prophètes ?
D’abord qu’il faut ouvrir les yeux sur le temps où nous sommes pour y discerner ce qui est le plus important, aujourd’hui comme hier : Dieu à l’œuvre en nos vies d’hommes, au delà des apparences superficielles, Dieu qui veut faire de nous des pèlerins, des marcheurs à la suite du Christ, le vrai chemin.
Saurons-nous enfin reconnaître ce temps favorable où nous sommes visités par Dieu qui nous offre à chacun sa force et son salut ?
Ils nous disent encore, ces prophètes, qu’il nous faut reconnaître le chaos où nous vivons : notre péché qui brouille les pistes et obscurcit le chemin vers Dieu ; qu’il nous faut aujourd’hui nous convertir, faire retour vers le Dieu qui veut nous sauver.
Oui, aujourd’hui, il nous faut prendre conscience à nouveau que Dieu nous appelle à nous retourner vers le seul but digne de notre vie : le Christ Jésus. Dieu nous appelle à renoncer à tout ce qui entrave notre marche, amour de l’argent, du pouvoir, toute forme d’égoïsmes…
Ces prophètes nous font entendre enfin la Bonne Nouvelle de la part de Dieu. Car si nous devons « préparer le chemin du Seigneur, aplanir sa route », c’est le Seigneur lui-même qui vient au devant de nous ; comme le dit le livre de Baruch, « Dieu a décidé que les vallées seraient comblées, la terre aplanie afin que nous puissions cheminer en sécurité sous le regard de Dieu ».
Oui, c’est d’abord Dieu qui veut que tout homme voit son salut et Il nous en a donné et nous en donne aujourd’hui comme hier tous les moyens.
Saurons-nous aujourd’hui écouter enfin la parole des prophètes qui nous parlent de la part de Dieu ?
Le temps est favorable, Dieu nous appelle à « quitter notre robe de tristesse, à revêtir la parure de la gloire de Dieu pour toujours ». Dieu nous appelle. Quelque soit notre détresse, osons nous remettre debout ; tournons notre visage d’homme pêcheur, défiguré, brisé, vers le visage de notre Dieu, car il est miséricordieux. « Il a si bien commencé son travail en nous qu’il veut le conduire à son achèvement au Jour du Christ » nous dit l’apôtre Paul.
Laissons-nous réconcilier par Dieu.
Osons tendre la main pour saisir la main que Dieu nous tend pour nous entraîner à sa suite sur la route qu’Il aplanit pour nous.
Ecoutons la Parole de Dieu : aujourd’hui, Il veut nous sauver.
Croyons que , pour nous, aujourd’hui, Il met en œuvre la puissance de son amour.
Aujourd’hui, si nous écoutons, si nous prenons le chemin ouvert, si nous croyons…
Alors on dira : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous sommes en grande fête ! »
Car nous serons sauvés !
Amen.
Frère Matthieu Collin
Année ABC - Messe de la Toussaint - 1 Novembre 2003
Ap 7 2-4, 9-14; 1 Jn 3 1-3; Mt 5 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc
b]2003
Frères et soeurs,
La Toussaint : la fête des amis de Dieu !!!
En ce jour, frères et soeurs, nous réjouissons de ce que Dieu a fait en tant d’hommes et de femmes qui nous ont précédés, de ce qu’il en a fait ses amis...Il y a les amis très connus, et l’on pense immédiatement à la dernière en date que l’Eglise a voulue honorer, Mère Teresa, et il y a les amis moins connus ou inconnus aux yeux des hommes, mais connus de manière sûre par Dieu, reconnu par lui. Et c’est peut-être à eux d’abord que cette fête est dédiée, à cette foule innombrable des amis de Dieu, anonymes, oubliés des hommes et pourtant uniques aux yeux de Dieu...
Car cette fête nous redit avec force que Dieu seul, finalement, connaît tous ses amis, lui seul reconnaît les siens. Nous les hommes, et c’est ce que fait l’Eglise, nous reconnaissons ceux dont la sainteté brille de manière plus éclatante. L’Eglise les propose alors comme des témoins sûrs de la foi et de la charité vécue dans l’Esprit-Saint. Mais il y a tous ceux qui, de manière plus ou moins obscure, ont cheminé avec fidélité à la suite du Christ, marchant humblement avec leur Dieu au service de leur frères. C’est heureux qu’il en soit ainsi, que le nombre des saints déborde largement les listes que nous pouvons dresser... “144 000" nous dit l’Apocalypse pour exprimer l’immensité incalculable des élus.
Ainsi il y a la sainteté qui brille aux yeux de tous, et il y a la sainteté cachée... Il y a les amitiés franchement déclarées, et les amitiés plus discrètes, celles qui ne regardent que les deux amis.
Dieu, notre Père se plaît à vivre avec nous, les humains selon ces deux registres. Il se plaît parfois à manifester très largement la richesse de ses dons en certaines personnes, de telle sorte qu’il n’est pas possible qu’elles les cachent... Ce sont les géants de la foi et de la charité...Mère Teresa, Vincent de Paul, François d’Assise, Martin, Antoine, Paul.
Pour d’autres personnes au contraire, ses dons demeurent cachés durant tout le temps de leur vie, et parfois leur sainteté n’éclatera qu’après leur mort.
Je pense ici à la sainteté de Thérèse de Lisieux ou à celle de Catherine Labouré dont les soeurs, les plus proches, furent parfois les premières surprises...Et puis il y a ceux, tous ceux dont l’amitié avec Dieu ne sera révélé que dans la joie du Ciel quand les uns et les autres seront unis au choeur des anges et tous les bienheureux...
On le voit, la sainteté, l’amitié avec Dieu ne se mesure pas à l’éclat de ce que nos yeux humains pourraient repérer ou approcher. Elle est cette relation unique que Dieu veut nouer avec tous les hommes pour leur révéler Son visage de Père, et aussi pour manifester peu à peu à chacun son visage de fils dans le Christ Jésus.
L’amitié avec Dieu est d’abord comme un secret entre Dieu et chacun de ses amis, entre Dieu et chacun de nous. Un secret que l’on reçoit comme un cadeau à découvrir, à explorer et à faire grandir.
Comme tout cadeau reçu, cette relation avec Dieu peut nous surprendre nous-même, et parfois nous trouver maladroit dans notre réponse... Il faut du temps pour que la présence de Dieu que l’on a entrevu un jour, comme la présence d’un père, ou ami très proche et très sûr, prenne peu à peu plus de consistance dans nos vies...Il faut du temps pour prendre au sérieux notre relation avec Dieu que l’on ne voit pas. Il est ce Père ou cet ami déroutant dont le visage, révélé en Jésus, reste encore voilé à nos yeux de chair. Il est cet ami sur lequel nous pouvons compter, sans jamais pouvoir le saisir ou le retenir...Il nous parle à travers les Ecritures ou à travers nos frères, ou encore dans un murmure au fond du coeur.
C’est le chemin de la foi de nous apprendre à écouter la Parole de notre Dieu, qui nous dit “Tu”, “Tu es mon enfant”. Et en retour, nous osons dire “Tu” à Dieu, “Tu es mon Dieu, tu es mon Père”, celui sur lequel je sais pouvoir m’appuyer.
Ainsi se noue, dans le coeur de chacun, cette relation qui trouvera autant de mots pour se dire qu’il y a d’êtres humains. Relation qui ira s’approfondissant, pour nous donner d’oser croire toujours plus en l’Amour de notre Dieu, du Christ notre Seigneur, et de mieux le connaître. Car notre coeur humain recèle bien des possibilités de relation et d’ouverture à Dieu, à son mystère d’Amour que nous n’avons pas finies de découvrir.
Mais peut-être me direz-vous, comment être sûr qu’on n’est pas dans l’illusion, que l’on ne s’entretient pas dans le rêve ?
Si notre relation est unique, comme une amitié intime à accueillir et laisser vivre, nous ne sommes pas les seuls amis de Dieu.
Nous avons besoin de l’aide des autres amis de Dieu, pour avancer. Ce sera le bien précieux de nos assemblées eucharistiques et de nos offices qui, célébrés en Eglise, nous offre le secours de la Parole entendue, la force du Pain de Vie, et le témoignage de foi des frères et soeurs qui sont là. A nos côtés, les autres amis de Dieu nous font pressentir combien est grand le mystère de notre Dieu, et combien nous n’aurons pas jamais de découvrir son visage, s’il est vrai qu’Il désire se faire proche de chacun de nous si différents.
Unique aux yeux de Dieu, et unique dans notre manière de nous engager à sa rencontre, nous ne sommes pas seuls. Nous nous aidons les uns les autres, par notre recherche mutuelle, par le partage de la foi, par notre engagement au service les uns des autres, par notre fidélité- nous rendons grâce aujourd’hui pour les 60 ans de profession monastique de notre f.Rouin-.
En ce jour, nous recevons de plus l’assurance du témoignage de tous ces amis de Dieu qui ont fondé toute leur vie sur cette relation de vie et qui ont trouvé dès ici bas leur joie et leur bonheur à se donner à Dieu.
Que notre célébration de ce matin nous redonne confiance sur notre chemin de foi, Dieu est fidèle à l’égard de tous ses amis, à l’égard de nous tous.....
Année B - 30° Dimanche du temps ordinaire - 26 octobre 2003
Jér 31 7-9; Heb 5 1-6; Mc 10 46-52
Homélie du F.Guillaume
Ce récit de la guérison de l’aveugle-mendiant, Bartimée, aux portes de Jéricho, que nous venons d’entendre dans l’Evangile selon St Marc est intéressant à bien des titres.
Le double cri de ce pauvre infirme : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi », combinée avec la supplication du publicain de la parabole de St Luc est à l’origine de la prière du cœur, (ou prière de Jésus), inlassablement murmurée depuis des siècles par nos frères d’Orient, « Seigneur Jésus, Fils de David, aie pitié de moi, pécheur ! »
En outre, dans l’ensemble de l’évangile de Marc, ce texte occupe une place que certains exégètes qualifient de « plaque tournante ». Il conclue en effet toute une marche de Jésus avec ses disciples, depuis la Galilée, et il précède l’épisode de l’entrée triomphale à Jérusalem, où nous voyons les foules acclamer Jésus en étendant des vêtements et des feuillages sur la route, à son passage, tout en criant, comme Bartimée : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, le règne de David, notre père ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
Le thème du chemin, de la route, est très présent chez Saint Marc. Il est mentionné au début et à la fin de notre passage ; au début, où il nous est dit que Bartimée se tenait assis en bordure de ce chemin, en train de mendier. Plus explicitement, cela signifie qu’il est fixé, là, en dehors, exclu de ce chemin sur lequel circule Jésus, ses disciples et la foule dans une certaine agitation. Cette exclusion est renforcée par l’attitude que beaucoup de gens lui manifestent, alors qu’il crie : on cherche à le rabrouer, à le faire taire. C’est un gêneur, un marginal, comme l’on dit aujourd’hui à propos de ceux qui font la manche dans les couloirs ou les rames du métro, ou sur les marches de sortie des églises de nos grandes villes.
Mais l’aveugle-mendiant n’a que faire de la foule qui le rejette. Ce qu’il veut, ce qui l’intéresse, c’est d’entrer en relation avec Jésus, et pour cela, il redouble ses cris pour attirer son attention, à lui. Ce en quoi il va réussir. Il réussit si bien que cette foule dans un premier temps si hostile et si méprisante à son égard, va se retourner en sa faveur : telle une opinion publique versatile et malléable, qui, à l’appel d’un mot d’ordre d’un leader, obéit sans réfléchir). « On » s’intéresse alors à lui, « on » l’appelle, « on » lui parle : « Confiance ! Lève-toi ! Jésus t’appelle ! »
Jésus s’est arrêté. Et c’est alors qu’a lieu le dialogue si beau, si personnel entre Jésus, le Maître, et le futur disciple, entre la miséricorde et la misère (comme le disait Saint Augustin à propos de la rencontre de Jésus et de la femme adultère). Bartimée a la simplicité et la confiance d’appeler Jésus : « Rabbouni ! » , un terme familier que l’on ne retrouve qu’une seule fois dans les évangiles, prononcé par Marie-Madeleine, une autre exclue de la société d’alors, au matin de la Résurrection, dans le jardin, à l’appel de son nom.
Jésus interroge Bartimée sur son désir : « que veux-tu exactement que je fasse pour toi ? ». Tout comme il interroge Marie-Madeleine : « qui cherches-tu ? » ou la samaritaine « quelle est ta soif ? ». Et Bartimée de répondre tout simplement et en vérité : « donne-moi la capacité de voir, de te voir, toi, en particulier et en premier ! ».
Jésus reconnaît la foi de cet homme : il le guérit.
D’éloigné qu’il était, au bord du chemin, exclu, Bartimée devient par cet échange, un proche, un intime de Jésus. Jésus reconnaît sa foi : il le guérit. Désormais, Bartimée est capable de voir, mais la guérison physique de sa cécité occupe peu de place dans le récit, ici, à la différence d’une autre guérison d’aveugle, rapportée par Saint Marc, à Bethsaïde. Ce qui importe, c’est la conversion du regard, qui accompagne le miracle, et avec la vue retrouvée, le changement de vie de cet homme. D’exclu du chemin, pauvre et aveugle, rejeté par tous, Bartimée devient l’exemple du disciple à part entière : «il suivait Jésus sur le chemin » (le texte grec écrit même « dans » le chemin : « ». Bartimée est riche de sa nouvelle condition, il voit clair sur l’identité de Jésus, son sauveur ; il peut marcher, le cœur et le corps libérés.
Bien sûr, ce texte d’évangile est un modèle de catéchèse. Certains ont pu y déceler le schéma de toute vocation, notamment à la vie religieuse : une supplication, un appel, une conversion (accompagnant ou non une guérison), un envoi en mission : Va ! et une mise en route, à la suite du Christ. D’autres contestent cette séquence pour la vocation à la vie religieuse, mais peu importe. L’essentiel est de se reconnaître chacun dans l’attitude profonde de ce Bartimée ; fils de Dieu, ayant la crainte de Dieu (Bar – ). Une attitude qui contraste si fortement avec celle de la foule impersonnelle et versatile, qui n’a pas encore accès à la foi et qui n’est pas entrée dans une relation d’intimité et de confiance avec Jésus, Sauveur.
Nous sommes tous plus ou moins en bordure de ce chemin où marche Jésus. Tous plus ou moins éloignés, plus ou moins aveugles et mendiants, assis et fixés dans nos acquis, nos certitudes, emmitouflés dans nos manteaux ou dans nos coules. Au passage de Jésus dans notre vie, et à son appel, nous avons à nous lever, nous aussi, à lâcher notre manteau (et peut-être davantage) et à nous jeter avec confiance dans le dialogue avec Jésus qui guérit nos blessures et nous rend à la vraie vue, qui est à la fois vie en vérité, parole et mouvement en vérité.
Sur le chemin, « dans le chemin », car Il est lui-même : « le Chemin, la Vérité, et la Vie ».
AMEN (2003-10-26)
B – 19° dim du TO -13 août 2000
1 R 19, 4-8 ; Ep 4,30 – 5,2 ; Jn 6, 41-51
Homélie de Frère Matthieu
A quatre reprise dans ce passage de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre, Jésus nous parle de la vie : de la « vie éternelle », du « pain de vie », du « pain vivant » et enfin de cette « vie » que lui, Jésus, donne au monde en donnant sa propre vie.
Qu’est-ce donc que cette « vie » dont nous parle Jésus ; qu’a-t-elle à voir avec notre propre vie quotidienne, et comment y accéder aujourd’hui ?
Dans ce passage, cette vie, Jean nous la présente en référence à deux grands événements racontés dans la Bible :
le premier, le plus explicite, est celui de la Manne, ce pain que Dieu a donné au peuple d’Israël dans le désert de son Exode vers la Terre promise – c’est à cette épisode que fait référence aussi l’histoire d’Elie que nous avons écouté dans la première lecture – : durant quarante ans, nos Pères ont mangé la manne ; ils en recueillaient chaque jour, juste ce qu’il en fallait pour ce jour-là et toute provision pour le lendemain devenait pourriture… et quand les Hébreux entrèrent en Terre promise, la manne cessa car la Terre pouvait désormais leur donner son fruit et sa vie. Et ceci était écrit pour nous servir d’exemple.
Le second épisode, qui sert de référence à l’évangéliste, moins apparent, mais tout aussi présent, est celui de la création et du Péché dans ce Jardin, au milieu duquel se trouvaient deux arbres, celui de la Connaissance et celui de la vie. Le récit de la création nous redit comment l’homme et la femme reçurent la vie de Dieu, « à son image et à sa ressemblance », et comment ils reçurent tout l’univers créé, pour le faire fructifier et y trouver leur vie ; le récit du Jardin, raconte comment, l’homme et sa femme ont perdu le chemin de l’Arbre de vie en écoutant la voie du Satan, de l’Adversaire, qui leur présenta une vie « comme des dieux » – et n’était pas la « vraie vie » car elle les conduisit à la mort certaine. Et ceci aussi était écrit pour notre instruction.
Il faudrait reprendre ces textes tout au long et en faire notre méditation… pourquoi ne serait-ce pas, pour vous, d’utiles « devoirs de vacances » durant cette semaine ?
Pour l’instant, je me contenterai de relever deux éléments, qui me paraissent la réponse essentielle à notre question : « quelle est donc cette vie que Jésus nous offre, en offrant sa vie ? »
La « vraie vie », celle que Dieu veut pour nous, c’est la vie qu’Il nous donne.
C’est la vie qu’il crée pour l’homme et la femme et qu’il leur donne : elle est une vie à l’image et à la ressemblance de la vie de Dieu qui n’est que don.
… / …
C’est aussi la manne, nourriture de vie qui descend du Ciel, c’est à dire qui vient de Dieu lui-même, et qui n’est une vraie nourriture que si elle est reçue jour après jour, comme un don gratuit.
La « vraie vie », c’est une vie toujours et à chaque instant reçue.
Cela peut paraître évident… et pourtant si vous vous arrêtez un instant, vous réaliserez sans doute que c’est une évidence bien difficile et que nous mettons bien peu en pratique, nous tous, pour préférer le plus souvent une vie qui soit « nôtre », que nous créons nous-mêmes, que nous voulons maîtriser… Que de soucis ne nous faisons-nous pas pour l’assurer, cette vie, pour la gagner, pour l’organiser, pour la prévoir, pour la maîtriser… et dès lors cette vie nous échappe, et cette vie nous déçoit, parce qu’elle n’est pas la « vraie vie ».
La « vraie vie » c’est une vie concrètement reçue comme un don dans la reconnaissance de qui en est la Source.
Mais nous constatons, au fil de nos existences quotidiennes, qu’il est au delà de nos capacités de vivre ainsi dans la reconnaissance concrète que la vie n’est que don, à recevoir au jour le jour de la main du Créateur : et cette incapacité là, bien concrète – et pour laquelle nous trouvons toutes les bonnes raisons du monde – , la Bible l’appelle le « Péché », « cassure originelle » qui nous empêche aujourd’hui de vivre selon notre être profond, créé par Dieu…
Et voilà le deuxième élément décisif de cette « vie » que Jésus nous offre : elle est aussi une « vie pardonnée », c’est-à-dire « redonnée au delà » de la Cassure et du Péché ; et c’est ce que nous redit, aujourd’hui, saint Paul dans la seconde lecture : « Dieu vous a pardonné dans le Christ » et vous allez pouvoir désormais commencer à expérimenter qu’il est possible et surtout qu’il est heureux, de recevoir la vie plutôt que de la prendre, car Jésus est venu pour nous réapprendre le chemin de la « vraie vie », celle qui est reçue pour être redonnée.
Oui, dans le Christ, nous pouvons commencer à être une « créature nouvelle », c’est-à-dire retrouver à nouveau la ressemblance de Dieu qui est en nous : redevenir comme Dieu, redevenir capable d’aimer parce que nous savons à nouveau que nous sommes aimés, parce que la vie ne nous fera plus jamais défaut parce qu’elle vient de Celui qui la donne et la reçoit, qui la crée et la recrée.
Oui, en croyant au Christ mort et ressuscité pour nous, nous pouvons réapprendre ce qu’est la « vraie vie », réapprendre surtout à la recevoir comme un don gratuit que Dieu nous fait chaque jour.
Convertissons, et notre pensée, et notre regard, et notre cœur, osons croire enfin que nous sommes faits pour la « vraie vie », celle que Dieu nous donne sans cesse gratuitement, celle que nous pouvons transmettre à notre tour si nous réapprenons à la recevoir comme un don gratuit.
Voilà l’incroyable merveille que Dieu réalise, voilà l’incroyable Bonne Nouvelle à laquelle nous pouvons croire, à laquelle ils faut croire : la « vraie vie » est là, offerte... sachons l’accueillir aujourd’hui !
Frère Matthieu Collin
B 2003 16°Dimanche 20 juillet 2003
16e Dimanche du temps ordinaire
Homélie de frère Matthieu
Lectures : Jér 23, 1-6 / Ep 2, 13-18 / Mc 6, 30-34
Homélie de frère Matthieu
L’évangile de Dimanche dernier se terminait sur un beau résumé de l’activité missionnaire des douze : ils chassaient beaucoup de démons et guérissaient de nombreux malades…
Aujourd’hui, les apôtres reviennent et rapportent à Jésus « ce qu’ils ont fait et enseigné ». On peut sentir leur fierté devant la mission accomplie et leur émerveillement devant ce qu’il leur a été donné de faire, devant ce qu’ils ont fait. Jésus, dans l’évangile de Marc, ne semble pas partager cet enthousiasme ; il perçoit sans doute le risque de « la grosse tête », le risque de la « surchauffe », alors il se montre plein de sollicitude, il parle de repos, il faut fuir cette agitation qui envahit et empêché même de se nourrir normalement…
« Le Seigneur est mon berger,
« sur des près d’herbe fraîche, il me fait reposer,
« il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. »
Jésus, déjà, se montre ici comme le vrai berger, celui qui sait ce dont ses brebis ont d’abord besoin : devant l’euphorie missionnaire, Jésus invite à la prise de distance, au ressourcement et c’est sur les eaux tranquilles du lac qu’ils emmènent ses disciples, seuls avec lui.
Il le sait, mais il faut que ses disciples aussi l’apprennent, le vrai pasteur, selon le cœur de Dieu, n’est pas celui qui se glorifie de sa réussite mais bien celui qui se fait le serviteur attentif des brebis du troupeau à lui confié. Jérémie nous l’a rappelé dans la 1ère lecture et c’est l’enseignement de tous les prophètes.
C’est que le chemin est long pour conduire le peuple jusqu’en terre promise, la terre du repos.
Et les foules qui se sont rassemblées avant même l’arrivée de Jésus et de ses disciples sont là pour le prouver : elles sont là « comme des brebis sans pasteur » et Jésus le voit et éprouve pour elles la pitié même de Dieu : il est ému jusqu’aux entrailles.
« Comme des brebis sans berger ».
La référence est ici au livre des Nombres et c’est Moïse, tout proche de sa mort, qui demande à Dieu, « lui qui dispose de la vie de toute créature – dit-il » de susciter un homme « qui entre et sorte à leur tête, qui les fasse sortir et entrer en bon ordre – sans agitation ni bousculade… – afin que « la communauté du Seigneur ne soit pas comme un troupeau de brebis sans pasteur » (Nb 27, 17).
Ce berger, ce sera Josué, fils de Nun, ce berger, aujourd’hui, c’est Jésus.
Jérémie, lui aussi, nous l’avons entendu, annonçait un jour où Dieu, pour rassembler les brebis dispersées, enverrait un « Germe juste, issu de David » qui lui aussi fut berger avant d’être roi d’Israël au nom de son Dieu.
Ce nouveau David, c’est aujourd’hui Jésus.
Et face à la détresse des brebis dispersées, abandonnées qui suscitent son immense amour, Jésus montre aux apôtres, aux disciples, et Il nous montre à nous aussi aujourd’hui, que l’important, l’indispensable, l’unique nécessaire, c’est l’instruction, l’enseignement de la Torah, le pain de la Parole…
Chasser les démons, guérir les malades… oui bien sûr, pais il est un remède plus nécessaire, plus radical, une lumière sur la route : le pain rompu de la Parole de Dieu.
Et aujourd’hui c’est bien à nous que cet exemple est donné, que cette parole s’adresse.
Ce dont nous avons faim – en avons-nous encore conscience ? – ce dont nous avons en tout cas besoin, c’est de l’enseignement de Jésus, et longuement, très longuement comme nous dit notre évangile.
Et où le trouverons-nous sinon dans les Ecritures illuminées, ouvertes, interprétées par la Parole de Jésus et par l’Esprit qui nous est donné.
Vous êtes en vacances, vous partez en vacances : prenez du repos, c’est ce que Dieu demande, mais un repos où ne manque pas le ressourcement véritable :
« il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. »
Alors n’oubliez rien dans vos bagages… et surtout pas votre Bible !
Alors ne négligez rien dans votre programme de repos et surtout pas le temps de la lecture et de la méditation des Ecritures ! Et pourquoi pas le temps du partage de la Parole avec d’autres, rencontrés au hasard de vos chemins !
Alors, et alors seulement, vous aurez entendu, aujourd’hui, l’appel du Christ, votre Pasteur, au repos… et vos vacances seront alors de bonnes vacances, temps de la Vie renouvelée.
Amen.
Frère Matthieu Collin
Année ABC - Fête de st Pierre et st Paul - 29 juin 2003
Ac 12 1-11; 1 Tim 4 6-18; Mt 16 13-19
Homélie du F.Guillaume
La liturgie réunit donc en une fête solennelle les deux apôtres Pierre et Paul, colonnes de l’Eglise et figures éminentes et déterminantes dans la construction des communautés chrétiennes du 1er siècle.
L’Eglise ancienne aurait très bien pu établir une fête de tous les Apôtres, car Jacques et Jean sont aussi appelés « colonnes de l’Eglise », et on leur aurait associé André, Thomas, Philippe et tous les autres du premier collège épiscopal. Il y a quelques jours, nous recevions à l’hôtellerie, avant son ordination épiscopale pour le diocèse de Lyon, Thierry Brac de la Perrière. Il nous disait que son archevêque, Mgr Barbarin avait demandé au Pape 3 auxiliaires (il n’en a obtenu en fait que 2). Cela, dans le but de former une véritable équipe épiscopale autour de lui, et ainsi retrouver un peu de l’esprit du gouvernement de l’Eglise primitive, dans une diversité de vocations personnelles. A l’un de ces évêques, pas nécessairement toujours le même d’ailleurs, il serait demandé de rappeler l’exigence et l’urgence de la mission, à l’image de Paul, à un autre la nécessité de la prière et de la communion de l’amour fraternel, à l’écoute de Jean, à un autre le souci de respecter et de ménager les sensibilités plus traditionnelles de certains, à la suite de Jacques. A l’archevêque enfin, le rôle de Pierre pour assurer l’unité de l’Eglise locale, conforter sa foi et l’inviter avec insistance à l’écoute et à la méditation de la Parole de Dieu et à la réception des sacrements.
C’est bien cette écoute de la Parole de Dieu et la célébration de l’eucharistie que nous sommes venus accomplir ce matin, en ce dimanche d’été. Qu’allons-nous alors retenir des 3 lectures entendues, 2 d’entre elles (la 1ère et l’évangile) centrées sur la personne de Pierre, la 3ème sur celle de Paul ? On aurait aimé, en ce jour de leur fête avoir une lecture associant les 2 apôtres ensemble ; il en existe dans les Actes ou les lettres de Paul et de Pierre, mais elles font mention d’une incompréhension mutuelle entre les 2 apôtres, voire même d’un conflit ou d’une opposition suivis certes d’une réconciliation, en particulier à propos de l’admission et de l’intégration des nouveaux baptisés. La liturgie n’a pas osé le choix de ces textes, pourtant très révélateurs de la complémentarité et de la différence de tempérament des 2 apôtres.
Les 3 textes que nous avons écouté dans cette liturgie insistent chacun à leur manière et dans leur contexte sur la grâce de Dieu à l’œuvre dans l’un et l’autre disciple : grâce libératrice, grâce source d’espérance, grâce qui révèle et qui permet de confesser la foi.
La 1ère lecture nous place dans un contexte pascal. Les parallèles sont nombreux entre cette libération miraculeuse de Pierre avec les récits de la Passion et de la Résurrection de Jésus, dans les Evangiles. Pierre est persécuté et emprisonné du fait de la haine des Juifs et sous les ordres d’Hérode, Jacques vient d’être décapité, tout comme Jean-Baptiste l’avait été avant Jésus. On est dans la semaine de la Fête de Pâques. La prière de l’Eglise, devant Dieu, insistante, douloureuse évoque la prière du Christ à Gethsémani. Pierre est invité à vivre sa pâque, sa libération, sous les ordres de l’ange de Dieu qui le fait passer de la captivité à la liberté. C’est la grâce divine qui agit de bout en bout, et Pierre n’a qu’à consentir, à se laisser conduire et à faire confiance, et toute l’église avec lui.
La 2ème lecture est une confession-testament de Paul, pour la grâce de Dieu qui l’a accompagné durant toute sa vie, et en particulier dans les persécutions, lui aussi, dans les abandons et les trahisons des faux-frères. Paul pardonne à tous, à l’image de Jésus en croix, d’Etienne lapidé qu’il a jadis persécuté et qui lui a pardonné alors. C’est une confession d’espérance aussi, quand Paul pense à son avenir. Il a l’assurance d’avoir mené le bon combat et qu’il recevra la récompense promise, non pas du fait de ses œuvres et de ses mérites personnels, mais du fait de sa foi en Jésus-Christ et de l’action de l’Esprit Saint en lui. Il a conscience que ce n’est plus lui, Paul ou Saul, qui vit, mais Christ qui vit en lui, Sa vie présente dans la chair, il la vit dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui. Ainsi, la grâce de Dieu n’a-t-elle pas été vaine en lui.
La 3ème lecture enfin, l’Evangile, nous rapporte la confession de Pierre à Césarée : un texte bien connu, s’il en est... Ne retenons là encore que la dimension de grâce ou de gratuité totale de l’expérience vécue alors par l’apôtre. Ce n’est en effet pas la chair et le sang qui font prononcer à Pierre les paroles décisives de la reconnaissance de Jésus comme Messie, Fils de Dieu. C’est une révélation gratuite du Père des Cieux. Pierre n’y est pour rien. La preuve en sera que, quelques versets plus loin, quand il laissera s’exprimer en lui la chair et le sang, il voudra éviter à Jésus d’avoir à souffrir sa Passion. Jésus le reprendra vivement et Pierre se verra traité de « suppôt de Satan », d’obstacle dangereux à écarter de la route.
Pierre et Paul sont ainsi de grands amis de Dieu, des passionnés de Jésus. Ils sont nos amis aussi. Nous nous reconnaissons en eux, si nous laissons à notre tour la grâce divine agir en nous, si nous l’accueillons généreusement et si nous la faisons grandir autour de nous. Pierre et Paul n’étaient pas des héros. La Tradition n’a pas occulté leurs faiblesses ni leurs péchés, bien au contraire. Mais ils étaient des hommes loyaux, sincères, dont le cœur brûlait d’amour pour Dieu, pour leurs frères et leurs communautés. Ils ont su accueillir la miséricorde et le pardon de ce Dieu d’Amour et de tendresse.
Pour nous, ils ne sont pas nécessairement des modèles à imiter, tout comme les autres saints dont nous faisons souvent mémoire. Si nous honorons les saints, Pierre et Paul aujourd’hui, ce n’est pas pour eux-mêmes en fait, mais pour le Christ qu’ils ont connu, aimé et servi, tout comme nous aussi, nous voulons le connaître, l’aimer et le servir.
Dimanche dernier, ç’était la Fête du Saint Sacrement, la Fête-Dieu disait-on autrefois ou celle du Corps et du Sang du Christ, et vendredi, nous avons célébré le Cœur Sacré de Jésus. Aujourd’hui, c’est la fête des amis de Dieu : fête de l’amitié fraternelle et spirituelle. Souvenons-nous des dernières paroles de Jésus échangées avec ses disciples avant sa Passion : « désormais, je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ».
C’est dans cette communion d’esprit et de cœur que nous pouvons maintenant, après avoir écouté et médité la Parole de Dieu, entrer dans la Grande Prière Eucharistique du Christ et de l’Eglise, et rendre grâce au Seigneur de tout notre cœur.
(2003-06-29)
B 2003 Pâques Dimanche 20 avril 2003
Dimanche de la Résurrection
Lectures : Ac 10, 34a, 37-43 / Col 3,1-4 / Jn 20, 1-9
« Il vit et il crut. »
Voilà ce que, la plupart du temps, on retient de cet évangile et la foi du disciple bien-aimé est objet de notre admiration, donnée en exemple de ce que devrait être notre propre foi…
Mais nous voilà loin, peut-être, de la foi, bien réelle qui est la nôtre, celle de ce matin de Pâques ! Qu’en est-il en effet de notre propre foi, à chacun d’entre nous, au delà – ou en deçà – des alleluias et des professions de foi qui remplissent nos liturgies et nos célébrations…
Oui, qu’en est-il de ma foi en la résurrection du Christ ? N’est-ce pas le jour où jamais de se poser la question ?
Et l’Evangile de Jean que nous venons d’entendre, si nous le regardons de plus près, est sans doute bien fait pour nous aider dans ce questionnement personnel.
Car, il n’est pas seulement question ici de la réaction de foi du disciple bien-aimé, mais aussi de celle des deux autres acteurs que Jean met en scène : Marie de Magdala et Pierre… et il ne s’agit pas de n’importe qui… Marie Madeleine est celle qui deviendra pour toute l’Eglise, l’apôtre des Apôtres, et Pierre n’est-il pas le chef du collège apostolique, le fondement de l’Eglise ?
Que nous dit l’Evangile ?
Marie vient au tombeau de grand matin, elle voit elle aussi, mais seulement la pierre enlevée et elle s’enfuit, ou plutôt elle va trouver l’appui de deux de ses frères, les disciples de Jésus… et elle leur dit tout simplement son affolement devant ce qu’elle comprend comme la disparition du corps de Jésus, la violation de sa sépulture, le vol sans doute de son cadavre… elle est bien loin de la foi en la résurrection de son Seigneur !
Et Pierre ? Il part en courant, il arrive au tombeau, il entre dans le sépulcre… vide… il voit le linceul resté là, il regarde le linceul et le linge qui avait recouvert la tête… il voit, mais de son constat minutieux de l’état des lieux, il ne semble rien tirer qui est à voir avec la foi !
Et le verset qui clôt le récit… - mais que l’on ne nous a pas lu ! - nous dit simplement que les disciples rentrèrent chez eux… et le disciple bien aimé aussi…
Nous voilà sans doute plus à l’aise pour avouer nos interrogations, nos perplexités face au mystère de la résurrection de Jésus.
Mais n’en restons pas là, car l’Evangile n’en reste pas là lui non plus…
Il nous a d’abord fait remarquer que ces interrogations des disciples ne restent pas dans le secret de leur cœur, ils les partagent : Marie va le dire aux disciples, et ils vont ensemble au tombeau… et ils regardent ensemble et il s cherchent ensemble… et la suite de l’Evangile nous dira que leur recherche se poursuit, que Marie reste au tombeau et se penche pour regarder… il continuent de chercher, ils sont en marche, ils sont en route… ils sont en quête de leur Seigneur et c’est bien là ce qui nous est aussi demandé : être éveillé, à l’écoute, en recherche, en quête de Dieu.
Et l’Evangile nous indique aussi et surtout le lieu essentiel de leur recherche et de la nôtre : les Ecritures… c’est là qu’il s’agit de voir – l’Evangile reprend le mot –, de voir qu’ « il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » ! Oui, voilà bien l’essentiel : nous savons désormais où chercher, que lire, relire et méditer : les textes de notre Bible ; il est grand temps de la ressortir, de la mettre sur notre table de chevet, de lui donner le pas sur toute autre lecture… si toutefois nous voulons être sérieux avec nos questions, nos doutes, notre recherche !
Oui, dans cette quête de Dieu, la communauté des croyants est le lieu primordial du partage, peut-être pas d’abord de notre foi, mais de notre recherche, de nos questions… c’est de là qu’il faut partir et il faut se mettre en route, courir ensemble, regarder ensemble…
Oui, dans notre quête du ressuscité, les Ecritures sont le lieu essentiel, indispensable qu’il faut scruter… et pourquoi pas ensemble aussi, en Eglise en tout cas, à la suite de tous les croyants qui nous précèdent dans notre quête et nous transmettent ce qu’ils ont eux-mêmes reçu.
Oui, alors, mais alors seulement, nous pourrons demeurer en chemin et faire, au jour que Dieu voudra, l’expérience personnelle de la venue de Jésus, le ressuscité, à notre rencontre… au cœur de nos vies…
Et en cela aussi, il faut suivre Marie de Magdala, qui va reconnaître son Maître bien-aimé dans celui qu’elle croit d’abord être le jardinier !
Et en cela aussi, il faut suivre Pierre, qui fera lui aussi l’expérience de la rencontre du ressuscité, celui qu’il a renié et qui le remettra dans l’assurance et de son pardon et de son secours toujours offert.
Et en cela aussi, il faut retrouver le disciple bien-aimé, et apprendre avec lui, à voir et à grandir dans la foi…
Amen.
Frère Matthieu Collin
Année ABC - Fête de st Joseph - 19 Mars 2003
Sam 7 4-16; Rom 4 13-22; Mt 1 16-24
Homélie du F.Guillaume
Il est d’usage, quand on doit prêcher le jour de la fête de Saint Joseph de ne pas séparer cette grande figure de celle de Marie et de la Sainte Famille, tout comme l’on ne sépare jamais Marie de son Fils Jésus, en bonne théologie mariale. L’évangile retenu par la liturgie aujourd’hui nous y invite d’ailleurs, avec l’épisode de Jésus perdu et retrouvé au Temple de Jérusalem, et nous nous y arrêterons donc, mais auparavant il me semble bon de méditer sur la place de Saint Joseph dans l’histoire du salut, à partir des 2 premières lectures qui soulignent l’inscription de Jésus, fils de Joseph et de Marie, dans l’histoire de tout un peuple, à travers des descendances, des généalogies. Joseph, en effet, avant d’être père, a lui-même été un fils : fils de David, fils d’Abraham, fils d’Adam, fils de Dieu.
Fils de David, Joseph appartient ainsi à une descendance royale. Par la nomination qu’il confère à Jésus, il transmet cette filiation royale. La 1ère lecture nous rapporte la prophétie de Nathan à David, à propos de la promesse de Dieu : l’un de ses descendants sera Roi pour toujours, cette royauté sera stable à jamais. Joseph est le dernier descendant mortel de la généalogie davidique. Mortel, donc encore atteint par l’instabilité et l’impermanence, alors que le Christ-Jésus, le Messie annoncé et accueilli sera reconnu comme Roi pour toujours, régnant sur une Royauté Nouvelle et Eternelle. Cette Royauté sera pleinement manifestée à l’occasion de sa Passion et de sa Résurrection. Joseph, en ce sens, tout comme Jean-Baptiste, est à la jointure entre les 2 Alliances : l’ancienne et la nouvelle. La paternité qu’il exerce envers Jésus est signe d’une paternité autre que le Christ vient révéler aux hommes, en désignant Dieu comme Abba, son Père et Notre Père. C’est déjà tout le sens inscrit en filigrane dans la scène de l’évangile d’aujourd’hui. « ne savez-vous donc pas que je dois être chez mon Père ? »
Fils d’Abraham, Joseph l’est avant tout par sa foi et par sa justice. C’est ce que nous laisse entendre la seconde lecture par la voix de Saint Paul. Joseph, témoin de l’espérance en Dieu, face à l’incroyable et déroutante parole divine. Tout comme son ancêtre dans la foi, espérant contre toute espérance, il a tenu bon et il n’a pas douté. Il a accordé sa confiance à l’ange et à Marie, alors qu’il était prêt à renoncer à sa fiancée par obéissance à la Loi. Merveilleuse liberté de Saint Joseph dans son obéissance à Dieu. Avant Saint Paul, il comprenait que l’accomplissement de la volonté de Dieu pour lui, dépassait la simple observance d’un précepte de la Loi. Comme Abraham, prêt à sacrifier son fils Isaac au Mont Moriya, et avec lui son projet de paternité, Joseph, homme juste et droit, est prêt à sacrifier son projet conjugal avec Marie. Et au moment même où il va accomplir ce sacrifice, il retrouve son épouse dans une promesse infiniment plus riche, plus mystérieuse et plus féconde aussi. Car la descendance d’Abraham et de Sara fut charnelle : Isaac épousera Rebecca et ils auront des enfants et de nombreux petits-enfants. La descendance de Jésus qui ne se maria pas est d’ordre spirituelle et ecclésiale. Saint Paul, nous le savons dans l’épître aux Ephésiens où il expose sa pensée sur le sacrement du mariage, compare avec audace et grande profondeur théologique, l’alliance du mari et de la femme à celle du Christ et de l’Eglise. « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle : il a voulu la rendre Sainte, en la purifiant avec l’eau qui lave et cela par sa Parole. Il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tâche ni ride, ni aucun défaut : il a voulu son Eglise Sainte et irréprochable. C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme… »
Et comment ne pas penser, en écoutant ce texte, à l’amour que Joseph et Marie ont dû éprouver l’un vis-à-vis de l’autre, dans une totale vérité et non moins totale chasteté ?
Joseph, fils d’Adam, fils de Dieu. C’est ainsi que l’évangéliste St Luc achève la remontée généalogique de Jésus, alors que St Matthieu la faisait descendre depuis Abraham. Par cette mention d’Adam (et sous-entendue par celle d’Eve), l’évangile veut souligner l’inscription de Jésus dans l’humanité tout entière, et cette inscription passe par Joseph et Marie. Ensemble, ils ont connu les joies, les soucis, les difficultés de tous les parents, face à la croissance et à l’éducation de leurs enfants. Et nous pouvons retenir particulièrement le détail de l’évangile d’aujourd’hui : l’angoisse partagée par Marie et Joseph, dans leur recherche de Jésus perdu dans la foule à Jérusalem. D’autres passages de l’évangile nous parlent discrètement de cette humanité simple et réelle de la famille de Jésus, « fils du charpentier de Nazareth, frère de Jacques, Joseph, Simon et Jude, et dont les sœurs sont toutes de chez nous … » A chaque fois, c’est pour marquer l’étonnement devant la personne même de Jésus, sa sagesse, sa parole, son comportement souvent incompréhensible. « D’où lui vient cette sagesse ? N’a-t-il pas perdu la tête ? » Ses proches sentent bien un écart, une distance, malgré leur familiarité avec lui. Et c’est bien là la confrontation au mystère de l’Incarnation qui est en jeu, et qui ne cesse de se répéter à chaque génération, jusqu’à nous. Jésus, cet homme si semblable à nous et si différent pourtant, cet ami déroutant, comme le titre du livre de Mgr Deniau, évêque de Nevers. Oui, Jésus a dû être un enfant bien déroutant pour Joseph et pour Marie, et cependant il fut la chance de leur vie réussie, de leur vie de sainteté, dans la grâce et l’obéissance de leur foi.
Réjouissons nous donc, chères sœurs et chers frères, dans la communion des saints, en ce jour béni où nous célébrons les merveilles que le Seigneur a accomplies par l’intermédiaire de son serviteur humble et fidèle Joseph, fils de David, fils d’Abraham, fils d’Adam, fils de Dieu, et ne doutons pas qu’il a dû chanter bien des fois avec son épouse Marie le même cantique d’action de grâces :
Magnificat, magnificat ! (2003-03-19 -Venières)
Mercredi des CENDRES
Jl 2, 12-18 ; 2Co 5,20-6,2 ; Mt 6, 1-6, 16-18
homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
Ce matin, ce n’est pas la trompette qui retentit pour nous comme au temps de Joël, le prophète, pour annoncer un jeûne sacré...Non, c’est la Parole de Dieu qui nous est adressée de façon insistante, comme un appel pressant : “Revenez à moi de tout votre coeur dans le jeûne, les larmes et le deuil! Déchirez vos coeurs!!!” Et Paul poursuit en écho : “Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu”. Ainsi plus qu’une trompette, c’est la voix de notre Père que nous sommes invités à entendre...
Oui frères et soeurs elle est étonnante cette voix qui nous appelle. Qui est-il notre Dieu pour nous interpeller de la sorte?...Quel est son désir pour nous quand il nous demande de déchirer nos coeurs ? Qui sommes-nous pour entrer dans ce chemin un peu fou aux yeux humains, chemin de prière et de jeûne, chemin de partage avec les pauvres ? A quelle relation avec lui, Dieu notre Père nous appelle-t-il par ses prophètes et par l’apôtre Paul? Pourquoi Dieu nous parle-t-il ainsi ? Pourquoi semble-t-il si pressé de nous voir lui ouvrir nos vies? Autant de questions que posent ces textes et toutes notre liturgie de ce jour pour nous entraîner plus loin dans notre cheminement de foi.
Mystérieusement ces paroles témoignent du grand intérêt que Dieu nous porte, du grand intérêt qu’il a trouvé depuis le début et qu’il trouve encore, à nouer une relation avec nous...Ces paroles nous révèlent le désir profond de notre Père de nous voir partager sa vie...Ainsi depuis des siècles, il n’a cessé de venir à la rencontre d’Israël pour tisser avec Lui une alliance.....jusqu’à la venue de Jésus qui nous a redit ce désir de notre Dieu de marcher avec nous et de nous partager sa vie, sa tendresse jusque dans notre mort....Et depuis l’Eglise n’a cessé de transmettre cet appel insistant : “Revenez-à-moi”....jusqu’aujourd’hui où chacun de nous devient à son tour le dépositaire de ces paroles ...
Revenez à moi...Mais pourquoi revenir? Est ce que nous nous sommes éloignés ? Laissez-vous réconcilier avec Dieu...Mais est ce que nous nous sommes séparés de lui? L’Eglise qui nous propose ces textes chaque année nous invite simplement de nous laisser questionner par notre Dieu....Non pas à la manière d’un Dieu accusateur... Non, car notre Dieu est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment” nous a dit Joël, le prophète...Au début de ce carême, nous sommes invités à entendre notre Père nous redire son Amour, et son immense Tendresse...Seul son Amour est vraiment questionnant, seul son Amour peut venir en nous illuminer nos impasses et nous libérer de nos aveuglements, de notre péché...Notre Père n’a pas d’autre langage que cet Amour proclamé avec force par les prophètes, et manifesté sur une croix au Golgotha pour nous invités à faire un bout de chemin avec Lui...Car peut-être pécheurs, nous nous étions un peu arrêtés sur le bord de la route. Si la vie ne cesse de nous propulser en avant, il n’est pas rare que notre coeur, que notre amour de Dieu et des autres reste comme figé dans des schémas passés....Les jours passent qui nous conduisent vers la mort et cependant nous oublions souvent que nous sommes appelés à devenir des vivants, des personnes capables d’une relation toujours nouvelle avec notre Dieu et avec nos frères...Nous sommes appelés à naître ...
Appelés à naître, à renaître avec le Christ, marchons à sa suite durant ces quarante jours pour apprendre de lui, avec lui de quel amour le Père nous aime, et avec quel amour il désire tisser avec nous cette relation unique...Appelés à naître laissons enseigner par le Christ, écoutons sa Parole cette voix qui nous murmure dans le secret de notre chambre : “c’est maintenant le jour du salut”.(2003-03-05)
Année B - Baptême du Christ - 12-01-2003
Isaïe 55,1-11 ; 1 Jean 5,1-9 ; Marc 1, 7-11
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs,
Ce qui fait le lien entre les 3 lectures que nous venons d’entendre, en cette liturgie de la fête du baptême du Christ, et ce qui a sans doute justifié leur choix, c’est la mention de l’eau dans chacun de ces trois textes. L’eau, le symbole fondamental que l’on retrouve dans les rites de toutes les religions du monde, avec son caractère ambivalent de vie et de mort, de fécondité et de dévastation : l’actualité de ces derniers jours, avec son cortège de catastrophes naturelles : inondations, cyclone, tempête est là pour nous le rappeler et nous inviter à la prière pour toutes les victimes.
Dans la 1ère lecture, l’eau est appelée à étancher la soif des exilés à Babylone, dans une grande exhortation consolante du prophète Isaïe à son peuple abattu. Une eau qui abreuve aussi la terre, la fait germer pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui le mange. Une eau qui, pour Isaïe est le symbole même de la Parole de Dieu accomplissant sa mission.
Dans la 2ème lecture, l’eau, pour Saint Jean, rend témoignage, avec le sang et l’Esprit, que Jésus est le Fils de Dieu, et ce témoignage unique des 3 renvoie à celui que Dieu lui-même rend à son Fils, dans l’Esprit, ce qui annonce la scène de l’Evangile, quand Jésus sort de l’eau du Jourdain, après son baptême par Jean, et que la voix du Père se fait entendre et que l’Esprit descend sur lui sous la forme d’une colombe. Scène éminemment trinitaire qui inaugure l’Evangile de Saint Marc et sur laquelle il est bon de s’attarder un peu.
Remarquons qu’à la différence des 3 autres évangiles, Marc ne commence pas le sien par l’évocation des origines du Christ : origines sous la forme de généalogies et du récit de la naissance à Bethléem ou origine dans le sein du Père, du Verbe Eternel qui vient planter sa tente sur la terre des hommes.
Le commencement pour Marc, ce n’est pas l’origine, c’est la proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, et c’est la manifestation de l’identité de ce Jésus, Fils de Dieu, venu de Nazareth, une obscure bourgade de Galilée. Cette manifestation a lieu à l’occasion d’un événement très banal et populaire : le baptême dans les eaux du Jourdain, accompli par un homme reconnu comme prophète, que tous les autres évangélistes mentionnent aussi au début de leur écrit : Jean, le cousin de Jésus.
Saint Luc, nous le savons, dans les deux premiers chapitres de son évangile, a composé un parallèle très pensé théologiquement et très soigné littérairement entre Jean et Jésus. Son intention étant de marquer la rupture et la continuité entre deux époques de l’histoire du Salut : une ancienne et une nouvelle.
Saint Marc, lui, est beaucoup plus sobre, mais son intention théologique est bien aussi de souligner une opposition , de marquer une différence de nature entre deux baptêmes, entre deux manières d’être sauvé.
Avant que Jésus ne paraisse, on venait à Jean pour un baptême de conversion, en vue du pardon de leurs péchés. La démarche consistait en une confession de ces péchés, pour en être purifiés par l’eau et par le geste du baptiseur. C’était le rite qui accomplissait le salut, au sens où le baptisé retrouvait la santé et une juste relation avec Dieu qui pardonne et qui donne la vie.
En voyant Jésus venir à lui, Jean comprend que désormais, ce baptême de conversion dans l’eau va changer de nature. Ce qui sera premier, ce ne sera plus la confession des péchés, mais la confession de foi en Celui qui vient après lui et qui est plus puissant que lui. C’est cette confession de foi, dans l’Esprit, qui apportera le salut à celui, à celle qui la profèrera.
En un sens, ce commencement de l’Evangile de Marc est en accord profond avec la théologie paulinienne de la justification par la foi, et non par les œuvres, développée dans l’Epître aux Romains. Le baptême dans l’Esprit Saint apporté par Jésus n’est plus un rite de plongée dans l’eau, mais la plongée même dans le mystère de la vie et de la mort du Christ, une participation active à sa passion et à sa Résurrection.
L’eau du baptême sera peut-être encore nécessaire, pour sa richesse symbolique et évocatrice des grands événements de l’histoire du salut, mais elle ne sera plus suffisante, ni même première. Ce qui va constituer le baptême chrétien, c’est la foi en Jésus, Fils de Dieu, confessée par celui qui le reçoit, ou par ceux qui le présentent dans le cas des petits enfants. Ainsi, pour ces derniers, le baptême ne vient pas d’abord pour les laver d’une faute originelle qu’ils n’ont pas commise mais dont ils seraient solidaires depuis le péché d’Adam. On sait combien cette conception du baptême en lien avec le péché originel a marqué les mentalités et justifié la pratique de ce sacrement des enfants pour leur éviter la damnation éternelle… Le baptême des enfants se justifie bien plutôt dans la confession de foi au Fils de Dieu de ses parents, parrain et marraine et de la communauté chrétienne qui l’accueille. On peut se réjouir du renouveau de cette juste compréhension du baptême, dans l’Eglise après le Concile Vatican II.
Alors peut-être aussi, comprendra-t-on mieux le sens de la fête d’aujourd’hui, et le pourquoi du baptême de Jésus, lui qui n’avait pas de péché à confesser. Jésus s’est prêté à cette démarche par humilité et dans l’obéissance à son Père. Son baptême par Jean manifeste son identité de Fils de Dieu, bien-aimé, en qui le Père a mis tout son Amour. Ce baptême révèle déjà tout l’abandon de sa vie à la Volonté du Père, et inaugure le chemin qui le conduira à la Croix, là où sera à nouveau confessée son identité messianique de Fils de Dieu, mais alors par un païen : un centurion romain.
Que retenir en conclusion, de ce début de l’évangile de Marc, si condensé, si sobre, sinon, qu’à notre tour, en tant que baptisés, nous avons à confesser en 1er lieu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, avant même toute démarche de confession de nos péchés et de tout désir de conversion. L’une ne supprime pas l’autre, mais il y a antériorité de l’une sur l’autre : et bien sûr, une véritable confession de foi a pour conséquence un changement de nos comportements et de nos représentations.
Quand, le mercredi des Cendres, nous nous entendons dire par le prêtre ou le Père Abbé : « Convertis-toi, et crois à la Bonne Nouvelle ! », nous devrions en nous-mêmes inverser la formule, qui correspondrait mieux au message de saint Marc : « Crois à la Bonne Nouvelle, et convertis-toi ! ». C’est ce que nous aurons l’occasion d’écouter et de méditer tout au long des prochains dimanches de cette Année Liturgique que nous allons passer en compagnie de cet évangile. (2003-01-12)