vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 décembre 2009 — Noël - Messe du jour — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

Année ABC - Messe du Jour de Noël 2009 -

Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jn 1 1-18

Homélie du F. Matthieu

Texte :

b]2009

Hier, lors de l’annonce de Noël au début de la prière des vêpres, pour ouvrir notre célébration de Noël, nous avons entendu la longue énumération des évènements de l’histoire de notre monde, depuis la création, le déluge et l’appel d’Abraham et elle s’est achevée sur cette profession de foi, plusieurs fois répétés et comme orchestrés : Le Verbe est né parmi nous !… Comme si toute histoire s’arrêtait là, ou plutôt comme si toute l’histoire trouvait là son rythme définitif.

Aujourd’hui, l’évangile de Jean que nous venons d’entendre déploie devant nous l’abrupt du Mystère qui se joue dans la naissance de Bethléem.

Mystère inouï, impossible à imaginer, à prévoir, mais qu’il nous faut absolument, aujourd’hui, entendre, pour écouter autrement, qu’il nous faut regarder, pour voir autrement, qu’il nous faut méditer, ruminer dans notre cœur pour comprendre autrement.

Écouter, voir, comprendre autrement la réalité de Dieu, le Seigneur, créateur des mondes, qui est devenu l’un de nous et cela change radicalement la marche de notre vie d’homme :

« Le Verbe était Dieu… et il a habité parmi nous… »

Jean emploie ici un verbe unique, tellement particulier qu’il joue avec une grande subtilité sur les deux langues, le grec et l’hébreu, les deux langues de la Révélation biblique :

Il faut comprendre : il a planté sa tente au milieu de nous...

Il faut entendre aussi : il a planté « sa Présence » au milieu de nous, ce que la tradition biblique et juive appelle la « Shekhinah », la Présence même du Dieu qui habite au milieu de son peuple en marche au désert, la Présence même du Seigneur sur l’Arche de l’Alliance « entre les deux Kerubim », ces deux figures d’anges qui « délimitent » l’espace - si l’on peut parler ainsi - où Dieu trône dans le Saint des Saints dans son Temple.

Approfondissons ces images de l’Ecriture.

Il a planté sa tente au milieu de nous .

Il ne s’agit pas de n’importe quelle tente, ni de n’importe quel lieu de campement ; il s’agit du désert de l’Exode où le peuple marche vers la terre promise, de campement en campement.

Dieu comme chacun des israélites, « a choisi d’habiter sous la Tente », la Tente que le livre des Nombres appelle la « Tente du Rendez-vous », car le Dieu vivant et vrai est celui qui toujours tient table ouverte pour le passant que nous sommes, pour le passant qu’est tout homme en quête de sens...

Lorsque le Verbe se fait chair, lorsque Jésus naît de la Vierge Marie, il inscrit sa chair comme la « Tente du Rendez-vous » au milieu des hommes, le lieu définitif de la Rencontre avec Dieu, l’accomplissement de toutes les attentes d’Israël et des hommes : ici nous pouvons à coup sûr rencontrer Dieu !

Lorsque le Verbe se fait chair, lorsque Jésus naît de la Vierge Marie, il se manifeste comme le Dieu de l’Exode, celui qui a choisi de s’inscrire au cœur de l’histoire d’un peuple pour le sauver de son péché et, à travers Israël, pour sauver tous les hommes en leur faisant retrouver le chemin qui, à la suite de Jésus, les emmène avec lui vers cette terre que Dieu promet.

Et cette Présence au milieu de nous, avec nous, dans notre monde, dans notre chair, c’est la Présence du Dieu trois fois saint « Celui que les cieux ne peuvent contenir », Celui dont la terre est « l’escabeau de ses pieds ».

Et pour que cette merveille puisse s’accomplir, la Tradition biblique et juive a bien compris qu’il fallait toute la Puissance de Dieu, car seul il pouvait « inventer », choisir de « se restreindre », de se mettre à notre portée, de se couler à notre mesure, et c’est bien là la plus grande merveille de son amour, le signe le plus évident de cet amour qui ne recule devant rien pour revenir à hauteur des hommes pécheurs que nous sommes. Et cet acte de Dieu, « se restreignant » par amour, aujourd’hui s’accomplit, dans le Verbe fait chair en Jésus, à Bethléem de Judée.

Oui, aujourd’hui, Dieu a fait définitivement alliance avec nous, Il marche pour toujours avec nous sur nos chemins.

Et si nous étions un peu sages, un peu réveillés de nos égarement, au lieu de l’obliger à nous suivre dans toutes nos errances - et, par amour, il a décidé de ne nous abandonner nulle part, fut-ce au fond de la mort -, au lieu de l’obliger à nous suivre, nous essaierions de nous mettre à sa suite sur ce chemin de Vie qu’il nous propose à nouveau en ce matin de Noël. Amen.

Frère Matthieu Collin

Homélie du 24 décembre 2009 — Noël - Messe de minuit — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année ABC - Messe de la nuit de Noël - 24 décembre 2009

Is 9 1-6; Tit 2 11-14; Lc 2 1-14

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

2009

Nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu, l’unique Parole survient en nous, et dans l’accueil de sa présence, nous avons rencontré l’Ineffable…

Frères et soeurs, ces mots tirés d’une hymne que nous chanterons durant le temps de Noël qui s’ouvre, peuvent nous guider dans la méditation du mystère que nous célébrons ce soir : la venue du Fils de Dieu dans la chair.

Oui, avec sa venue dans notre humanité, Lui la Parole qui survient en nous, nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu . C’est parce que le Fils de Dieu a pris naissance aux profondeurs de l’homme, que nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu…C’est l’échange merveilleux par lequel notre nature humaine reçoit une incomparable noblesse , comme nous le chanterons dans la préface… Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels .

Tous ces mots que l’on ose à peine prononcer, veulent nous faire entrevoir la beauté et le bonheur de cette fête de Noël. Plus que les réjouissances autour de la naissance d’un enfant, il faut nous réjouir du mystère de Dieu et de l’homme qui se manifeste en ce jour.

S’il est vrai que Dieu s’est fait homme, nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu’est-ce que Dieu ? et qu’est-ce que l’homme ? Quel est ce Dieu qui s’est abaissé, et qui sera bafoué…et quel est cet homme qui se trouve ennobli et glorifié… ? Ces questions ne sont pas anodines aujourd’hui où l’on ne sait plus bien qui est Dieu : peut-on en dire quelque chose ? Ne vaut-il pas mieux se taire, et se contenter de ne pas savoir et d’être agnostique ? De même au sujet de l’homme, on se pose beaucoup d’interrogations sur sa naissance, sur sa mort, sur sa capacité à être libre : n’est-il pas le jeu de conditionnements de toutes sortes ?

A la croisée de toutes ces questions, la fête de Noël n’apporte pas de réponse, à la manière d’une doctrine philosophique, mais elle permet un chemin. Elle ouvre un chemin sur lequel chacun de nous peut avancer, à son pas, à la mesure de sa foi, pour aller à la rencontre de Celui qui révèle et la profondeur de Dieu, et la profondeur de l’homme : le Christ.

Le Christ enfant, vulnérable qui grandira incognito ; le Christ, cet homme à la parole de feu qui finira sur une croix ; le Christ ressuscité qui se révèle présence d’amour à nos côtés…

Oui, devant la crèche et l’enfant démuni, nous pouvons oser un nouveau regard sur Dieu et sur l’homme. Nous pouvons oser aller à la rencontre de Dieu sans peur, sans préjugé. Nous pouvons laisser de côté, les images qui toujours nous encombrent, images de puissance un peu façon Jupiter, ou image d’un Dieu Fort au dessus de toutes les lois de la nature.

En Jésus, Fils de Dieu, Dieu est là. Il est là : donné, offert dans une mangeoire, comme un pain. Dans l’enfant de Bethléem, Dieu se révèle comme le don total, le don sans mesure jusqu’à l’extrême faiblesse, comme le dernier souffle sur la croix le confirmera. Dieu est là donné et donnant, Lui notre Dieu qui est échange de don entre le Père et le Fils dans l’Esprit…

Mais devant la crèche, nous pouvons aussi oser un nouvelle manière d’être homme et femme, non plus des hommes et des femmes blindés dans nos convictions, et accrochés à nos connaissances, à nos grades ou à nos fonctions…Devant l’enfant de Bethléem, nous pouvons oser exister avec nos fragilités, nos questions, nos incertitudes, nos doutes. Si l’enfant que nous avons été est devenu adulte, l’adulte que nous sommes est appelé dans la lumière de l’Evangile, à redevenir comme un enfant…Un enfant de Dieu totalement donné lui aussi, totalement offert et disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint.

Oui, nous sommes appelés, jour après jour à prendre naissance aux profondeurs de Dieu, à la source du don toujours échangé de la vie divine. A cette source, nous pouvons alors faire de notre vie un don, un échange de dons avec tous ceux que nous côtoyons…Nous pourrons faire de notre vie une offrande à Dieu de tout ce que nous sommes…

Entrons dans cette eucharistie qui est la célébration de cet échange de dons entre Dieu et les hommes en Jésus Christ : En Lui, Dieu nous donne toute sa vie, en Lui, nous nous donnons à Dieu et à nos frères.

(2009-12-25)

Homélie du 22 novembre 2009 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Servan
Cycle : Année B
Info :

Année B - 34° Dimanche du Temps Ordinaire - Christ Roi

Dn 7 13-14; Ap 1 5-8; Jn 18 33-37

Homélie du F.Servan

Texte :

« Et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d'homme »

Ceux qui ont lu les évangiles savent que cette figure un peu mystérieuse du Fils de l'homme ( à laquelle Jésus s'est référé plus d'une fois) a une double face ( comme une pièce de monnaie ou, si vous préférez comme une médaille).

, - une face d'humilité, celle du SERVITEUR, bientôt humilié, jugé, devant Pilate: « Voici l'Homme, Ecce Homo! Le fils de l'homme doit beaucoup souffrir », solidaire de la faiblesse et des souffrances des hommes ( pensons à ces saintes faces, peintures ou gravures de G Rouault).

- et une face glorieuse, victorieuse (celle annoncée dans le livre de Daniel, reprise dans les visions de l'Apocalypse, nous venons d'en entendre des passages en ce dimanche du Christ Roi de l'univers).

Dans le Credo que nous allons redire dans un instant, nous retrouvons bien ces deux aspects: « Crucifié (jugé) sous Ponce Pilate, ressuscité, il siège à la droite du Père. Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ».

Premier aspect, première face de la médaille « Fils de l'Homme » : cette année, l’évangile selon saint Jean nous a fait entendre une partie des échanges entre Jésus le Juif et Pilate le gouverneur romain (notons que l'évangile de Jean est très bon pour construire et mener de tels dialogues) ! Un échange qui porte ici sur la royauté: où l'on part de « Es-tu le

roi des juifs ? » Le roi de ce petit peuple obstiné que méprise le gouverneur. Et cela aboutit à « Alors, tu es roi ? » Roi tout court, roi universel pour tout homme non pas qui possède la vérité, mais lui appartient, la recherche sans cesse en écoutant la voix du « Christ roi de l'univers ».

Entre ces deux ? Une réserve et une précision importante de la part de Jésus: « Tu dis que je suis roi ». Je ne dis pas Oui, je ne dis pas Non. Car ma royauté ne vient pas d'ici, pas de ce monde, pas comme les rois de ce monde avec leur garde d'élite, roi qui dispose de la force, contraint, domine, voir écrase, mais roi qui par sa parole et par sa voix (la voix attire) rassemble un peuple pris parmi toutes les nations, les races, les langues.

Durant toute sa vie publique, Jésus n'a cessé de rappeler cela. Ainsi, au cours de son dernier repas (marqué par la scène du lavement des pieds) il dit à ses disciples (Luc 22,25) « Les rois des nations païennes commandent en maîtres. Pour vous, rien de tel, faites plutôt comme moi: je suis au milieu de vous comme celui qui sert à table » ! SERVITEUR et avec Lui, tous serviteurs: ceux qui ont souci de ne pas violenter et maltraiter la terre en la cultivant pour les hommes; ceux qui en 2013 veulent réveiller dans les communautés chrétiennes par l'importance de la Diaconie, de l'attention aux plus petits (Diaconia 2013); ceux qui viennent consoler ceux qui pleurent et sont dans l'épreuve.

« Restez éveillés (en tenue de service) afin d'être jugés dignes de vous tenir debout devant le Fils de l'Homme » ! .Avec ces paroles (Lc 21) nous venons-de retourner la médaille pour contempler sa face glorieuse !

Mais attention à ne pas retomber dans des conceptions trop humaines et paresseuses de la notion de gloire ! Si on y réfléchit un peu la gloire du Christ, de l'agneau immolé de l'Apocalypse, ce ne peut être une gloire qui domine de façon arbitraire et despotique, à vous faire peur !. Non, c'est le resplendissement de son être profond qui est d'être serviteur, pour toujours.et, le jugement, c'est le Fils de l'Homme qui recherche et souvent admire ce qui dans l'homme ou la femme qui se tient « debout », devant lui est en harmonie avec cet être serviteur (voyez Mt 25). Ce qu’avait très bien compris G.Brassens dans la plus belles de ses chansons !

Dans l'évangile de Luc, (12.37) Jésus déclare : Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller (dans le service) ! Amen, je vous le dis: il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour ».

Le Christ, roi serviteur sur la terre et dans la gloire!

, Cette parole a inspiré une très belle hymne que les frères aiment chanter le dimanche soir avant d'entrer dans la nuit (vous en avez le texte sur une feuille). Le mieux ici serait que la parole cède la place au chant que vous n'avez guère l'occasion d'entendre.

Hymne :(T : D. Rimaud ; M : C. Villeneuve © SODEC)

Près de toi se trouve le pardon:

toute guérison et toute grâce.

Tu entends ma voix au fond de mes impasses!

Dieu qui n'oublies pas,

rien de ma plainte ne t'échappe.

Viendras-tu, le soir, comme un voleur,

ou dans la splendeur d'une aube en fête?

Rien ne m'est connu de l'heure qui s'apprête,

mais, à ta venue,

tout dans ma nuit sera lumière.

Bienheureux celui qui veillera

quand. tu paraîtras nimbé de gloire!

Tu l'inviteras, lui dresseras la table,

tu le serviras:

qu'il prenne la plus belle place!

(2012-11-25)

Homélie du 08 novembre 2009 — 32e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 32° Dimanche du Temps Ordinaire - 2012

1 R 17 10-17; Heb 9 24-28; Mc 12 38-44

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Dieu, notre Père, est un éducateur de génie. Y pensons-nous assez ?

Première lecture. Élie est le prophète tout puissant au service du Dieu tout puissant. Mais pour qu’il ne se prenne pas pour Dieu, et qu’il apprenne qu’il n’est qu’une petite créature, voilà qu’il doit commencer par fuir devant le roi Achab, aller se cacher au désert, tremblant de peur, et là, comme un bébé, biberonner l’eau du torrent et recevoir chaque jour la becquée des corbeaux : « Élie, tu n’es et ne seras jamais qu’un nourrisson, ne l’oublie jamais ! ».

Cette expérience radicale de finitude et de dépendance tout homme, toute femme, doit un jour la faire, en pleine conscience, pour devenir vraiment adulte.

Élie affamé reçoit ensuite l’ordre d’aller mendier sa nourriture chez les ennemis traditionnels d’Israël, à Sarepta de Sidon, – l’humiliation parfaite ! – Plus, là-bas il doit commander à une veuve, sur le point de mourir de faim avec son fils unique, de lui donner tout ce qui leur reste comme vivres: la honte au front ! La leçon est rude. « N’aie pas peur », c’est ce que Dieu souffle à l’oreille de son prophète pour qu’il le redise à la femme. Et merveille, ça marche : elle ose croire à cette pure folie et donne tout. Mais qu’est-ce qui se passe ?

Dieu menait le jeu, sans se montrer, avant de dévoiler ses cartes lorsque nous le voyons multiplier, durant des jours et des jours, l’huile et la farine de la veuve, pour elle-même, pour son fils, comme aussi pour Élie à qui elle doit sa survie.

Le prophète envoyé aux païens et la païenne qui sauve le prophète deviennent ainsi l’un par l’autre, d’ennemis qu’ils étaient, de vrais enfants du même Dieu, adultes!

Si cela a marché, c’est parce que, – Dieu le sait, – la vie est dans le don, à condition qu’il s’y mêle suffisamment de folie. Le curé d’Ars, qui se laissait dévorer par ses pénitents, jusqu’à quinze heures de confessionnal par jour, en plus du reste, disait: « Mon secret est bien simple, c’est de tout donner et ne rien garder ». Mais il savait bien que le don n’est pas une question de quantité, mais de qualité du cœur, et c’est précisément cela qu’illustre la veuve pauvre dans l’évangile d’aujourd’hui.

Qu’a-t-elle mis dans le tronc du temple : deux petites pièces jaunes ! Ridicule pour payer les réparations du temple et les dépenses considérables du culte. Mais c’est Jésus qui compte la quête : « Elle a mis plus que tous, plus que tous les gros billets ». Évidemment le plus était dans l’amour qu’elle y mettait. Mais l’amour de qui ?

Cette femme représente les pauvres du Seigneur, les anawim de l’Ancien Testament. Ceux-là n’avaient pas encore Dieu à portée de main, comme il le sera en Jésus Christ. Ils le trouvaient alors dans le temple, lui exprimant leur amour par leurs oboles, venant baiser ses pierres dans l’espérance qui ne déçoit pas, celle des promesses.

C’est ce que l’évangéliste Marc nous fait comprendre lorsque, par delà son chapitre 13, il fait réapparaître, au début du chapitre 14, la femme, transfigurée.

Elle était au seuil de la mort, comme le temple dont la destruction s’annonçait, sans mari, démunie de tout, sauf d’espérance. Et voilà qu’elle réapparaît en la femme riche de l’onction à Béthanie, la jeune fiancée ecclésiale du Christ maintenant présent, vrai homme, venu combler son attente séculaire. En échange amoureux des piécettes d’hier, et aujourd’hui du parfum de grand prix, il lui offre, dans un peu de pain et de vin, son corps et son sang eucharistiques, la totalité de son amour venu répondre au sien, car c’est elle, la femme, qui a commencé, comme toujours. Le don répond au don, les folies s’enlacent.

On peut se dire : « Tout cela est bien beau, mais quel rapport avec notre vie ?

N’oublions pas le début de l’évangile entendu tout à l’heure. Jésus y critique sévèrement les scribes qui sont l’opposé de l’humble veuve pauvre : orgueilleux, nantis, aimant les salutations sur l’esplanade du temple et les premières places dans les festins. Oui, les festins ! Et nous y voilà, avec la petite phrase assassine de Jésus qui les condamne en quelques mots : « Ceux-là, ils dévorent les biens des veuves ».

Elles, elles donnent tout, eux, ils prennent tout, les biens et la vie, sans qu’on nous dise par quelle perversité économique, plus ou moins consciente. Du coup, nous sommes renvoyés à notre monde moderne. Le prochain pauvre et sans défense n’est-il jamais sur nos tables ?

Il faut choisir.

On peut, comme les scribes, dévorer inconsciemment l’autre et ses biens, par nourriture interposée.

On peut au contraire, – autour de la table, familière ou eucharistique, – suivre l’exemple des deux femmes démunies et donnant, suivre Jésus qui fit de même.

On peut se risquer soi-même au grand jeu de l’amour, qui ne prend que ce qui lui est offert et se donne pareillement.

Le tout de nos vies n’est-il pas dans l’immensité des petits riens ? Une immense chance !(2012)

Homélie du 01 novembre 2009 — Toussaint — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année ABC - Fête de la Toussaint - 1 Novembre 2009

Ap 7 2-4, 9-14; 1 Jn 3 1-3; Mt 5 1-12a

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

En faisant le choix de cet évangile des Béatitudes pour la fête de la Toussaint, l’Eglise, dans sa liturgie, veut souligner le lien qui existe entre le bonheur et la sainteté.

D’ailleurs, avant d’être proclamés saints dans les calendriers officiels (avant leur « canonisation ») les chrétiens dont la vie a été particulièrement exemplaire et conformes à celle du Christ ont été d’abord désignés comme des « bienheureux ». C’est l’étape de leur béatification. Ainsi en est-il du bon pape Jean XXIII ou du Père Charles de Foucauld ou de Frédéric Ozanam, pour n’en citer que quelques uns parmi les plus récents et qui ne sont pas des saints au sens strict du terme.

En fait l’appellation de « saint » a varié au cours de l’histoire. Au début de l’Eglise, au temps de Saint Paul, tous les fidèles croyants et confessant le mystère pascal de Jésus-Christ Seigneur étaient considérés comme des saints. Paul adresse ses lettres aux « saints des différentes églises de Dieu qui sont à Ephèse, à Corinthe ou à Rome ».

L’Evangile des Béatitudes que nous venons d’entendre commence par la mention de la foule qui suivait Jésus. Même si les premières paroles de ce « Sermon sur la Montagne » s’adresse en priorité aux disciples, elles concernent en fait tous les auditeurs et elles doivent nous rejoindre nous aussi, chacun, chacune, présent aujourd’hui dans cette église.

Message de bonheur donc, mais de quel bonheur s’agit-il ?

Nous le savons bien. Autour de nous, la majorité des gens (et sans doute nous-mêmes aussi) ne conçoit pas le bonheur sans un minimum de richesse, de santé, de relations et d’amis avec lesquels il est bon de rire et de plaisanter. Un bonheur qui cherche à fuir les conflits, les tensions et les persécutions de tous genres. Et qui s’abstient souvent de dénoncer les injustices au bénéfice de la tranquillité et de fausses paix, avec des silences plus ou moins coupables. Un bonheur pas très courageux en bref, à la recherche surtout du confort et d’assurances molles.

Jésus, dans ces premières paroles de son enseignement évangélique, vient indiquer un tout autre chemin de bonheur. Il s’inscrit dans un tout autre état d’esprit. Le bonheur qu’il propose est d’un type volontairement paradoxal. Il prend à rebours cette conception ordinaire et primaire du bonheur. En la retournant à 180°, il ouvre une nouvelle perspective : celle du Royaume des Cieux, en opposition à l’esprit du monde, et à tous les royaumes de la terre.

Dans le Royaume des Cieux, en effet, ce ne sont pas les plus riches, les plus violents ou les moins courageux qui sont assurés du bonheur. Au contraire ce sont les pauvres de cœur, les faibles, les pacifiques et les non-violents.

Il me vient alors à l’esprit la lecture d’un livre récent d’un auteur que beaucoup doivent connaître de nom dans cette assemblée, car il intervient souvent à la radio et à la télévision. Jean-Marie PELT, un scientifique reconnu pour ses recherches sur l’évolution de l’univers vient d’écrire un livre dont le titre est : « la raison du plus faible ». Il montre (et démontre) qu’à l’occasion des périodes de crise dans cette évolution du cosmos, en particulier lors des grands changements climatiques (passages de l’ère primaire à la secondaire puis à la tertiaire…) ce sont les êtres vivants les plus petits et apparemment les plus faibles qui ont le mieux résisté à la crise et l’ont traversée, alors que les plus forts s’effondraient. Et l’on pense alors aux dinosaures pour le monde animal ou à la fable de la Fontaine du « chêne et du roseau » pour le monde végétal.

Mr PELT applique sa thèse au développement de l’humanité, et non sans humour et avec nuances il cherche à contrer la pensée dominante de la théorie de Darwin sur la sélection naturelle et la domination des plus forts sur les plus faibles.

Si nous lisons bien la Bible, comme la Grande Histoire de notre salut, nous voyons combien le petit peuple d’Israël, élu de Dieu, a pu traverser des crises et survivre alors que les empires assyrien, babylonien, égyptien, perse, grec ou romain disparaissaient chacun à leur tour. Et l’histoire récente de la Shoah, dans le III° Reich programmé pour mille ans donne raison de façon saisissante à la thèse de J-M. Pelt.

C’est bien dans le petit reste d’Israël, le peuple des « anawims » que Dieu a choisi la Vierge Marie pour s’incarner et devenir l’un de nous. Aussi le Magnificat est-il le parallèle le plus éclatant du message des Béatitudes. Chant qui exalte les humbles qui monte d’une âme exultant de joie et de bonheur.

Saint Paul, lui aussi, en d’autres termes reprend ce message des Béatitudes en l’appliquant aux premiers saints des nouvelles communautés chrétiennes. Aux corinthiens, il écrit : « Il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants. Mais ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages. Ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort». Et à un autre moment il leur écrit aussi : « Je mettrai mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ».

Frères et sœurs, en ces temps où nous vivons où tant de gens évoquent des crises de tous genres dans l’Eglise et hors de l’Eglise, il nous est bon en ce jour de Toussaint de réentendre ces messages paradoxaux de l’Evangile et de Saint Paul, et d’en vivre, avec la grâce de Dieu, le plus intensément possible. Tous, quelque soit notre état de vie, marié ou célibataire, nous avons une vocation personnelle à la sainteté ; le Concile Vatican II l’a solennellement rappelé. Tous, nous avons une vocation au bonheur, à la joie et à la vie éternelle. Il suffit d’avoir confiance et de ne pas tuer l’espérance en nous.

Avec le psalmiste, en terminant, prions le Seigneur :

« Je suis pauvre et malheureux, mais le Seigneur pense à moi.

Tu es mon aide, mon libérateur. Seigneur, ne tarde pas ! »

Amen (2009-11-01)

Homélie du 25 octobre 2009 — 30e dim. ordinaire — Frère Servan
Cycle : Année B
Info :

Année B – 30° Dimanche du Temps Ordinaire - Dimanche 25 octobre 2009

Jr 31 7-9 ; Heb 5 1-6 ; Mc 10 46-52

Homélie du F.Servan

Texte :

« L'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route »

Une petite scène, brève mais bien enlevée, pleine de mouvement et de vie, qui, en peu de mots (deux temps, trois mouvements), « il jette son manteau, il bondit, il court vers Jésus », à la manière concise de l'évangile de Marc, nous rapporte la rencontre d'un homme avec Jésus de Nazareth, et l'ouverture de ses yeux de chair et des yeux de la foi.

Au départ: un aveugle mendiant, assis, prostré, au bord de la route. (Peut-être que çà nous arrive aussi parfois, d'être cet homme-là, mendiant au bord de la route de la vie), et, en finale, devenu un disciple, un voyant-croyant, marchant d'un bon pas sur la route qui monte vers Jérusalem. « Et il suivait Jésus sur la route » - ce qui est un excellent résumé pour dire en peu de mots ce qu'est la vie chrétienne! - prenant place

dans la foule disparate où se mêlent disciples et pèlerins de la Pâque qui approche: « Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse ».

C'était donc " à la sortie" du bourg! Notons que Marc ne dit rien de ce qui s'est passé à l'intérieur de la bourgade, alors que l'évangile de Luc nous rapporte la rencontre non moins vivante entre Jésus et un certain Zachée, petit homme mais gros riche collecteur d'impôts, un mendiant, un riche: « Tu sauves Seigneur l'homme et les bêtes, et les riches et les pauvres ».

Le même Luc nous rapporte aussi cette guérison d'aveugle, mais, à l'entrée du bourg et non à la sortie ! Allez savoir ? Un exemple, parmi d'autres pour nous rappeler que nos évangiles ne sont pas des rapports de police attentifs à bien reconstituer ce qui s'est passé au juste. Plus que vers le passé, ils sont tournés vers l'avenir de la semence, de la foi, vers tant d'hommes et de femmes qui au travers des siècles, ont rencontré le Christ pour le suivre sur la route. Tous ceux, connus ou inconnus, dont nous allons faire mémoire à la Toussaint, dimanche prochain.

Pour composer son récit, chaque évangile retient telle histoire et la place à l'endroit qui lui convient. Chez Marc cette scène vient comme un point d'orgue à toute une partie centrale de son évangile où Jésus essaie d'ouvrir les yeux de ses compagnons sur Lui-même et sur sa mission. Messie, Oui, mais comment? Et trois annonces de la Passion de rythmer alors une série d'enseignements sur le programme un peu décoiffant qu'il propose à qui veut le suivre : pour réussir vos vies d'hommes et de femmes accueillant le Royaume (qui vient, qui est déjà là) soyez serviteurs ! Pierre et les autres ont du mal à entendre cela: ils étaient comme les aveugles: « Ils étaient en route montant à Jérusalem et Jésus marchait devant eux, et ils étaient dans la stupeur, ils étaient aveugles ! »

Mais voici Bar Timée qui va sauver la situation, devenant un modèle de démarche catéchuménale et tout simplement de foi chrétienne. Aux yeux de Marc, la démarche de cet homme préfigure celle que vivront, à partir de Pâques, les apôtres enfin guéris de leur aveuglement et après eux tant d’hommes et de femmes !!

Voyez la progression de son chemin de foi à travers les titres donnés à Jésus dans le texte!

On lui dit : « C’est Jésus de Nazareth qui passe », mais lui de crier et sans voir de se hisser d’un coup à un autre niveau. La foi naît et va grandir en lui. « Jésus, fils de David, aie pitié de moi » Titre messianique qui anticipe les acclamations de la proche entrée à Jérusalem : « Hosanna au fils de David. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » !

Bien sûr, avant la résurrection, il ne peut dire encore : « Seigneur Jésus, le Fils du Dieu vivant aie pitié de moi pécheur », la prière chère à nos frères des églises d'Orient. Mais dans une rencontre très personnelle, intuitive qui a suivi l’élan, le bond, la course de tout son être. Il donne sa foi confiance : « Va, ta foi t'a sauvé et il dit Rabbouni, « mon Maître » comme s'écrira Marie Madeleine dans le jardin de la Résurrection.

Puisque ce brave Bar Timée est un prototype réussi du disciple croyant, n'oublions pas pour finir de nous mettre à son école!

.

« Il se mit à crier » Dans notre vie, peut-être aurons-nous parfois motif de crier ainsi vers Jésus le Sauveur, non pas rituellement comme dans nos Offices liturgiques, mais vitalement, avec tout notre être pour tout ce qui ne va pas en moi, dans mes proches, ma famille, ma communauté, mon église, la société comme elle va, pour ma foi si faible et pauvre.

Il y aura alors beaucoup de gens à nous interpeller pour nous faire taire : « voix extérieures ou à l'intérieur de moi : Jésus Ressuscité, le Fils de Dieu ? Tu y crois ? Vous mes frères moines, pourquoi passer tant de temps à redire dans l'église et de jour et de nuit, tous ces appels que l'on trouve dans les Psaumes: « A pleine voix je supplie, je crie vers le Seigneur ».

Heureusement, d'autres voix nous diront : « Confiance, lève-toi - Il t'appelle » ! Voix d'hommes et de femmes qui m'encouragent sur ma route humaine et chrétienne, ou, plus modestement, tel beau chant, telle hymne, chantée à l'église qui soutient et réveille ma foi un peu endormie!

Justement (et ce sera mon point d'orgue), ce matin, à la prière des Laudes, vers 6 h30, les frères ont chanté, comme chaque dimanche:

« Allez aujourd'hui, vers la joie gui s'avance: Christ est ressuscité; et l'homme découvre, s'il fait route en lui, sa patrie nouvelle, et l'homme découvre, s'il se perd en lui, une vie nouvelle ».

« L’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route »

(2009-10-25)

Homélie du 23 août 2009 — 21e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - 21° Dimanche du Temps Ordinaire - 23 août 2009

Josué 24 1-2,15-18; Eph 5 21-32; Jn 6 60-69

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Avec ce passage de l’évangile de St Jean que nous venons d’entendre, s’achève la lecture continue du grand chapitre 6, discours de Jésus sur le Pain de Vie, que la liturgie nous a fait méditer durant tous ces dimanches d’été.

L’Evangile de Jean comporte de grandes sections, divisées en chapitre dans nos bibles. Elles représentent autant de catéchèses pour les auditeurs, afin de leur permettre d’entrer plus profondément dans le mystère du Christ, dans le mystère de Dieu. Il est bon alors de lire d’un trait et en entier ces sections, comme nous invitait à le faire frère Ghislain au début de l’été pour le chapitre 6. Nous découvrons alors que la plupart du temps, la clé d’interprétation du passage se trouve dans un ou 2 versets, rarement plus. Et ce ou ces versets se situent toujours dans un dialogue de Jésus avec un personnage du texte. Il en va ainsi pour le récit de la Samaritaine, celui de l’aveugle-né, de la résurrection de Lazare, les derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant la Passion ou les rencontres du Christ ressuscité avec Marie Madeleine, Thomas ou Pierre.

Chaque fois, ce ou ces versets portent sur l’identité même de Jésus.

C’est le cas aujourd’hui avec la finale du discours sur le Pain de Vie, dans la Confession de foi de Pierre, en réponse à la question de Jésus : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Et Pierre de dire : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller, tu as les paroles de la Vie Eternelle. Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ! »

Cette confession de Pierre a son parallèle dans les autres évangiles, à Césarée, quand Jésus pose la question décisive : « Pour vous, qui suis-je ? » Et Simon Pierre de répondre alors : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Mais la confession de Pierre dans l’évangile de Jean s’inscrit dans un autre contexte qu’à Césarée. Elle est l’aboutissement d’un long débat entre Jésus et les juifs, à propos de la vie véritable et du bon choix, de la bonne décision à prendre quand on est porté par ce désir de vie, de vie éternelle.

La 1ère lecture plaçait déjà le peuple d’Israël devant cette décision de foi, à l’Assemblée de Sichem, en présence de Josué, des anciens et de toutes les tribus. « Voulez-vous servir le Seigneur, le Dieu de vos pères qui vous a libéré de l’esclavage en Egypte, ou voulez-vous servir les idoles, les dieux païens de ce nouveau pays que Dieu vient de vous confier, ces idoles qui vous attirent tant et vers lesquelles les gens se ruent à leur suite. C’est là une question de vie ou de mort, de bénédiction ou de malédiction. Et ne croyons pas trop vite que ce soit une question qui ne se posent qu’à ces gens du passé.

Elle nous concerne tout autant, même si les noms ou les visages des idoles ont changé dans nos sociétés modernes. Nous savons bien qu’elles sont présentes et séduisantes pour le croyant qui doit faire un discernement loyal, un bon choix de vie.

Alors, frères et sœurs, interrogeons-nous un instant. Sommes-nous vraiment, oui ou non, habité par le désir de la vie éternelle ? Avons-nous faim de ce pain venu du Ciel, qui est d’une autre nature que pain périssable que nous consommons si agréablement, mais qui ne rassasie pas entièrement.

Saint Benoît, dans sa Règle, a un chapitre qui liste un bon nombre d’instruments de l’art spirituel dans la vie monastique et l’un d’ eux est ainsi rédigé : « le moine doit désirer la vie éternelle de toute la convoitise spirituelle de son être ».

Cette vie éternelle est un thème qui revient constamment dans le chapitre 6 de l’évangile de Jean. Mais c’est un thème central de tous les écrits johanniques, voire de tout le Nouveau Testament. Au début de la grande prière de Jésus à son Père au chapitre 17, il la définit ainsi : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, Père, et Celui que tu as envoyé dans le monde. »

Le pape Benoît XVI, dans son avant-dernière encyclique : « Spe Salvi » développe une réflexion sur la vie éternelle en rapport avec l’espérance chrétienne, pour nous aujourd’hui. « Peut-être, nous dit-il, de nombreuses personnes refusent-elles la foi, simplement parce que la vie éternelle ne leur semble pas quelque chose de désirable. Ils ne veulent nullement la vie éternelle, mais la vie présente, et la foi en la vie éternelle semble, dans ce but, plutôt un obstacle. Continuer à vivre éternellement, sans fin, apparaît plutôt comme une condamnation que comme un don. Certainement on voudrait renvoyer la mort le plus loin possible. Mais vivre toujours, sans fin, en définitive, cela peut être seulement ennuyeux et en fin de compte, insupportable. »

C’est là, certes, une mauvaise compréhension de ce que doit représenter pour nous croyants, la vie éternelle. Cette vie au-delà de l’espace et du temps, qui est cependant déjà inscrite dans l’aujourd’hui de notre ici et de notre maintenant. Bien sûr, les mots nous manquent pour la décrire exactement, mais nous en avons le pressentiment dans l’accueil des dons de la foi et de l’espérance. Et c’est assurément la grâce divine et non nos propres efforts ou mérites qui nous permettent d’y accéder.

C’est cette expérience de grâce et de prière que faisait déjà le Psalmiste du Psaume 15, bien avant Jésus. Les premiers chrétiens ne s’y sont pas trompés quand ils ont appliqué ce psaume à la résurrection du Christ et au nouveau chemin de vie tracé dans l’Esprit Saint. Voulez-vous le prier avec moi en terminant cette homélie.

Garde moi, mon Dieu

J’ai fait de toi mon refuge

J’ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu

Je n’aurai pas d’autre bonheur que Toi

Toutes les idoles du pays, ces dieux que j’aimais

Ne cessent d’étendre leurs ravages

Et l’on se rue à leur suite

Je n’irai pas leur offrir le sang des sacrifices

Leur nom ne viendra pas sur mes lèvres

Seigneur mon partage, mon pain et ma coupe

De toi dépend mon sort

La part que j’ai reçue fait mes délices

J’ai même le plus bel héritage

Je bénis le Seigneur qui me conseille

Même la nuit mon cœur m’avertit

Je garde le Seigneur devant moi sans relâche

Il est à ma droite, je suis inébranlable

Mon cœur exulte, mon âme est en fête

Ma chair elle-même repose en confiance

Tu ne peux m’abandonner à la mort

Ni laisser ton ami voir la corruption

Tu m’apprends le chemin de la Vie

Devant ta face, débordements de joie

A ta droite, éternité de délices.

(2009-08-23)

Homélie du 14 juin 2009 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Corps et Sang du Christ - 14 juin 2009

Ex 24 3-8; Heb 9 11-15; Mc 14 12-16,22-26

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Lorsque nous célébrons une fête du Christ, nous commémorons habituellement un événement historique de la vie de Jésus : il en est ainsi à Noël, à Pâques, à l’Ascension… Aujourd’hui, la célébration de la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ ne se situe pas dans le même registre. C’est le Jeudi Saint que nous commémorons l’institution de l’Eucharistie. La fête d’aujourd’hui évoque davantage notre conviction chrétienne en la présence réelle du Christ Vivant dans le Pain de Vie et le vin de la coupe de communion. Elle nous rappelle que, par l’action de l’Esprit Saint et par les paroles prononcées par le prêtre, au nom du Christ et de l’Eglise, sur le pain et sur le vin, nous sommes vraiment en présence du Corps et du Sang du Christ ressuscité et glorieux. Les paroles que Jésus a prononcées au soir de la Cène et que nous rapporte l’évangile de Marc lu en ce jour sont des paroles fortes : « Ceci est mon corps », « ceci est mon sang ». Lorsqu’elles sont redites par le célébrant au cours de la messe, dans l’obéissance à l’ordre du Seigneur : « Faites cela en mémoire de moi », c’est-à-dire « refaites-le comme moi je l’ai fait », ce n’est pas une simple évocation symbolique de la venue du Christ Jésus ou de sa présence, mais c’est la réalité sacramentelle de son Corps livré et de son Sang versé, sous les espèces du pain et du vin consacrés.

Depuis le XIIIème siècle, cette fête du Saint Sacrement, appelée couramment « Fête Dieu », a véhiculé la dévotion et la foi de nombreuses générations de chrétiens. Une fête avec ses processions et manifestations publiques a aidé un peuple immense à faire mémoire. Elle nous oriente vers ce qui fait le cœur de l’Eglise et que le Concile Vatican II a qualifié de « source et de sommet de toute la vie chrétienne ». L’Eucharistie perpétue ainsi la présence du Christ au milieu de son peuple, et elle réalise la promesse que Jésus avait faite à ses apôtres : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

La célébration eucharistique ne fait donc pas qu’évoquer un souvenir, un événement du passé, mais elle actualise, elle rend présent le geste même du Christ qui, le soir du Jeudi Saint, anticipe le sacrifice de sa vie remise à son Père pour le salut de tous les hommes : « Poussé par l’Esprit éternel, nous dit la seconde lecture, dans l’épitre aux hébreux, Jésus s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tâche… » Et le pape Jean-Paul II dans une de ses dernières encycliques écrivait : « Quand l’Eglise célèbre l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent… Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre humain que Jésus-Christ ne l’a accompli et n’est retourné vers le Père, qu’après nous avoir laissé le moyen d’y participer comme si nous avions été présents ».

L’Eucharistie n’est donc pas un simple repas de convivialité fraternelle comme le serait un repas entre amis. Elle est l’offrande du sacrifice du Christ rendu présent et elle est participation à ce sacrifice.

En ce jour de fête, nous sommes alors appelés à remercier Dieu pour le don de ce sacrement que Jésus nous a fait à la veille de sa mort. Animés d’une profonde reconnaissance, nous sommes invités à contempler le Christ présent dans ces signes du mystère de la foi. Nous sommes invités à « savourer » ce que nous vivons dans chaque célébration eucharistique. Car elle est le « don par excellence » de la personne même du Christ en son humanité et en son œuvre de salut. Nous sommes conviés à adorer le Christ vivant, déjà venu et encore à venir, et toujours présent dans son Corps qui est l’Eglise, comme l’affirme si fortement Saint Paul dans ses lettres.

Commentant la profession de foi que nous sommes invités à exprimer chaque fois que nous approchons pour recevoir l’eucharistie, Saint Augustin écrivait ceci : « C’est votre propre mystère que vous recevez. C’est à l’affirmation de ce que vous êtes que vous répondez ‘AMEN’. Et votre réponse est comme une signature. Soyez donc les membres du Corps du Christ afin que soit vrai votre AMEN… Soyez ce que voyez et recevez ce que vous êtes ».

L’Eucharistie n’est donc pas une communion en solitaire, individualiste, entre Dieu, Lui, et moi. Elle est essentiellement partage, c’est pourquoi de même que « l’Eglise fait l’eucharistie », « l’eucharistie édifie l’Eglise ». Les deux affirmations sont interchangeables. Nourris du Corps du Christ, nous renforçons la communion entre les membres de notre communauté et de toute l’Eglise pour ne faire qu’un, ainsi que le dit encore Saint Paul : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul et même pain ».

Communiant à un tel don, à un tel signe d’amour, frères et sœurs, dans la mesure où nous restons ouverts et disponibles à la grâce qui nous est offerte, ne demeurons pas insensibles, et soyons nous aussi entraînés, à la suite de Jésus, à faire don de nous-mêmes, à devenir nous aussi, comme les premiers disciples, témoins du Christ Ressuscité en tous les lieux de notre vie. Nous pouvons y apporter l’amour même du Christ, attentifs à devenir des artisans de paix, à nous montrer solidaires particulièrement des plus démunis, à collaborer à l’édification d’un monde plus juste, plus humain, plus en harmonie avec le projet de notre Dieu.

C’est dans l’Eucharistie que nous puisons nos forces : elle est Source de Vie. Négliger de s’y approcher, négliger de la célébrer, négliger d’y participer, c’est prendre le risque de laisser notre foi s’affadir, c’est prendre le risque de nous éloigner peu à peu de Dieu qui nous deviendra alors un étranger.

En cette fête du Corps et du Sang du Christ, redécouvrons et reconnaissons en ces signes du pain et du vin consacrés, l’amour infini du Christ qui ne cesse de se donner afin que nous vivions.

AMEN (2009-06-14)

Homélie du 07 juin 2009 — Sainte Trinité — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Dimanche de la Trinité - 3 juin 2012

Dt 4 32-34,39-40; Rom 8 14-17; Mt 28 16-20

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Les lignes d’évangile que nous venons d’entendre sont les dernières du texte de Saint Matthieu :

« Allez, dit Jésus aux onze apôtres : de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

L’Evangile selon Saint Matthieu, si l’on met à part les 2 premiers chapitres relatifs à la naissance et à l’enfance de Jésus, commence avec une scène de baptême dans les eaux du Jourdain, avec le dernier des prophètes : Jean-le-Baptiste. Le baptême de Jésus par Jean est le moment de la première et claire manifestation du Dieu Père, Fils et Esprit. L’Esprit descend sur Jésus sous la forme d’une colombe et la voix du Père, venant des cieux atteste : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute ma complaisance.

On peut ainsi établir dans cet évangile de Matthieu une inclusion significative de la mention de la Trinité, manifesté à l’occasion du baptême reçu au Nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Cette formulation a été retenue par la tradition de l’Eglise dans la célébration du sacrement et dans sa liturgie. Il n’en avait pas été toujours ainsi. Les toutes premières générations chrétiennes pratiquaient le baptême au Nom de Jésus seul (ainsi faisait Saint Paul dans les Actes) ou le baptême dans l’Esprit et le feu.

Baptiser au Nom du Père , du Fils et du Saint Esprit, c’est faire entrer le nouveau disciple dans un mystère de relations, qui unit dans l’amour trois réalités divines, comme l’énoncera plus tard le dogme de l’Eglise à propos de ce mystère de la Trinité : unité de nature en Dieu et distinction de personnes.

Car, ce que nous apprend la Révélation Chrétienne, c’est qu’il ne suffit pas d’être deux pour bien aimer, pour aimer en vérité. Le risque d’un amour à 2 personnes seulement, c’est la fusion, une certaine fermeture ou repliement sur soi, voire un étouffement, alors que l’Esprit, en tant que 3ème personne apporte un souffle, une respiration. Il entretient la communication, la vie, la circulation et l’ouverture de l’amour aux autres. Oui, Dieu est Amour, communion d’amour entre trois personnes : Qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui, dira Saint Jean.

C’est bien ce mystère de relations en Dieu, en trois personnes qui distingue le christianisme de toutes les autres religions ou recherches de sagesse. Il est la marque de son identité propre. Et confesser la foi en la Trinité, comme nous sommes invités à le faire chaque année durant la Vigile Pascale, avec le renouvellement de l’engagement de notre baptême, et comme nous le faisons chaque dimanche, en récitant ou en chantant le Credo de l’Eglise, c’est s’ouvrir et entrer dans ce mystère de relations divines, que le Christ est venu nous révéler et nous partager, pour que nous en vivions avec lui et en Lui.

Un auteur contemporain, engagé dans le dialogue inter-religieux, surtout avec le bouddhisme, Dennis Gira, a pu écrire que l’expérience fondamentale de tout homme est celle de ses relations, de ses relations interpersonnelles. Or la foi chrétienne, dit-il, met en valeur de manière exceptionnelle cette dimension relationnelle de l’existence de tout être humain, en y voyant sa source et sa fin en Dieu lui-même, Etre de relations par excellence.

Dennis Gira, dans son dialogue avec ses amis bouddhistes explique alors les raisons de son choix dans son livre : « le Lotus ou la Croix ». Il s’engage résolument dans sa relation avec le Dieu Trinité révélé en Jésus-Christ. Nous ne pouvons que le suivre et adhérer à ses convictions.

Frères et sœurs, la fête de la Trinité que nous célébrons ce matin, n’est pas d’abord une fête réservée à des théologiens, habiles en spéculations intellectuelles. C’est la fête de tout baptisé au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est notre fête à tous, au lendemain de la Pentecôte, où nous avons reçu l’Esprit qui envoie en mission chacun de nous. Et nous avons l’assurance joyeuse que Jésus est avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

AMEN

(2012-06-03)

Homélie du 08 mars 2009 — 2e dim. du Carême — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2° Dimanche de Carême - 8 mars 2009

Gen 22 1-18; Rom 8 31-34; Mc 9 2-10

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Ce matin même je suis tombé sur un poème de Guillevic et je ne résiste pas au plaisir de vous le lire, comme une introduction à l’évangile de la Transfiguration.

La beauté doit venir

D’un autre monde

Qui s’avance

Jusqu’au nôtre

Et parfois même

L’enveloppe.

Regarde

Cette chapelle romane,

Les prés alentour,

Le ciel qui s’incline,

Regarde et maintenant

Ose dire où nous sommes.

Aujourd’hui, on aurait envie de n’être plus qu’accueil de « la beauté venue d’un autre monde », de se laisser « envelopper » par elle, de voir « le ciel qui s’incline », de rester là, « sans oser dire où nous sommes » !...

Ne rien faire d’autre qu’écouter, comme jamais. Quoi ? La parole la plus riche de toute la Bible, celle qui nous offre tout ce que nous avons tous le plus besoin d’entendre, une parole de père, la Parole de Dieu le Père qui nous désigne et nous présente Jésus :

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le !».

Je vous le donne !

« Et comment avec lui ne nous donnerait-il pas tout ? »

Il n’y a plus qu’à recevoir, à se faire tout écoute, comme disait Élisabeth de la Trinité. En ce moment, elle est avec nous, pour nous entraîner à sa suite dans « les profondeurs de ce mystère ».

Comme Jésus entraîne ses disciples sur la montagne ; il faut tout quitter pour le suivre, monter jusqu’au sommet, là où la terre et le ciel se rejoignent,

le ciel dans lequel apparaissent Moïse et Élie,

la terre qui est sous nos pieds, la nôtre, celle où Jésus s’est incarné.

Et là, aux confins des deux mondes, Jésus apparaît transfiguré : « Ses vêtements deviennent étincelants, d’une blancheur extrême, tels que foulon sur terre ne peut ainsi blanchir ». N’est-on pas au ciel ?

Il faut fermer les yeux pour voir ce qui ne se voit pas.

Faire silence pour entendre ce qui ne s’entend pas avec des oreilles pleines des bruits de ce monde, ouvrir les oreilles intérieures pour entendre la voix du Père qui nous murmure à l’oreille son secret : « Celui-ci est mon Fils ». Ce Jésus que vous suivez, votre maître, c’est mon Fils, mon unique.

Cette parole du Père devrait littéralement nous priver de parole. Mais la Bible nous fait un devoir de la faire tellement nôtre que nous puissions rejoindre le Père, et surtout ce qu’il vit.

Une parole chargée de fierté, d’admiration, de chaleur, d’interrogation aussi : « Mon Fils, mon unique, que je risque, comment va-t-il vivre sa mission ? » Comment ? Il suffit d’être père – ou mère – pour entrevoir le poids d’une telle interrogation,… sans pouvoir aller plus loin : Dieu seul sait ce que Dieu vit en lui-même! Et pourtant…

En cette circonstance, comment ne penserait-il pas à la fin de l’aventure ? Non plus sur la haute montagne, mais sur la petite colline de Sion, la petite butte du Calvaire, sous un ciel vide ?

Comment le Père n’entendrait-il pas déjà le cri de son Fils appelant son Dieu : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Pourquoi ?

Le Père sait déjà qu’il ne répondra pas à Jésus de Nazareth. C’est dans les Écritures que son Fils devra lire sa volonté de Père et de Dieu, et la faire sienne, pour parvenir à faire, à deux, leur propre et unique volonté. C’est le mystère de l’obéissance, quand elle est une œuvre d’amour.

De son côté, le Père, lui aussi, relit les Écritures sans sauter une seule page. Comment, en son cœur de Père, ne serait-il pas remué aux entrailles au souvenir de ce que lui-même a vécu à travers le drame de son enfant Abraham ? Abraham qu’il venait de faire père d’un fils, que maintenant il lui fallait sacrifier, par obéissance à son Dieu et Père, et donc en profonde communion avec lui.

Deux pères plongés dans le même drame de leur “paternité maternité” ouverte par le couteau, en vue de la nouvelle naissance d’un fils qui serait l’avenir de tout un peuple de fils de Dieu. C’est dur d’être père !

D’écho en écho, comment ce Père céleste oublierait-il le cri de douleur de David sanglotant en apprenant que son fils Absalom, resté accroché dans un arbre, comme crucifié, vient d’être mis à mort le cœur transpercé de trois javelots : « Mon fils Absalom! mon fils, mon fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place !» (2 Samuel chap. 19)

C’est le réflexe de l’amour paternel. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », et d’abord pour son fils.

Mais il y a amour plus grand encore. C’est, pour un père, de donner ce qu’il a de plus cher que lui-même : son propre fils, de le livrer pour ceux qu’il aime, afin d’en faire l’aîné d’une multitude de frères.

Deux dons en un seul, le Père et le Fils en totale communion dans l’amour, sous la nuée.

C’est fini. Tout s’efface. Seule demeure une parole, pour chacun de nous, pour chacune.

« Celui-ci est mon Fils ! Écoutez-le ! » Prenez-le !

« Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus personne, sinon Jésus, seul avec eux ».

Restons là, restons avec eux, écoutons, de cette écoute qui est la plus aimante des réponses.