vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 novembre 2012 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Le Christ Roi de l’Univers 25 novembre 2012

Dan 7 13-14 ; Ap 1 5-8 Jn 18,33-37

Homélie du F.Antoine Courcier

Texte :

Et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme

Ceux qui ont lu les Evangiles savent que cette figure un peu mystérieuse du Fils de

l'homme (à laquelle Jésus s'est référé plus d'une fois) a une double face (comme une

pièce de monnaie ... ou, si vous préférez, comme une médaille)

- une face d'humilité ... celle du SERVITEUR, bientôt humilié, jugé, devant

Pilate" : Voici l'Homme " Ecce Homo! " le fils de l'homme doit beaucoup souffrir,

solidaire de la faiblesse et des souffrances des hommes (pensons à ces saintes faces,

peintures ou gravures de Georges Rouault) ...

- et une face glorieuse, victorieuse (celle annoncée dans le livre de Daniel,

reprise dans les visions de l'Apocalypse ... nous venons d'en entendre des passages en

ce dimanche du Christ roi de l'univers)

Dans le Credo que nous allons redire dans un instant, nous retrouvons bien ces

2 aspects: " Il s'est fait homme ... Crucifié (jugé) sous Ponce Pilate / Il ...

ressuscité ... il siège à la droite du Père/ Il viendra dans la gloire pour juger les

vivants et les morts ... et son règne n'aura pas de fin."

Premier aspect, première face de la médaille" Fils de l'H" : cette année l'Evangile selon st

Jean nous a fait entendre une partie des échanges entre Jésus le Juif et Pilate le

gouverneur romain (notons que l'Evangile de Jean est très bon pour construire et mener

de tels dialogues). Un échange qui porte ici sur la royauté: où l'on part de " Es-tu le

roi des juifs ?" le roi de ce petit peuple obstiné que méprise le gouverneur. Et cela

aboutit à " Alors, tu es roi ?" roi tout court, Roi universel ... pour tout homme non pas qui possède la vérité, mais lui appartient, la recherche sans cesse en écoutant la voix du " Christ roi de l'univers. (vérité sur Dieu, sur l'homme, sur les relations entre l'homme et Dieu, entre les hommes ... )

Entre ces deux. Une réserve et une précision importante de la part de Jésus :

Tu dis que je suis roi ... Cà dépend! ... car ma royauté ne vient pas d'ici, pas de ce

monde, pas comme les rois de ce monde avec leur garde d'élite; rois qui disposent de

la force, contraignent, dominent, voir écrasent ... mais roi qui par sa parole et par sa

voix (la voix attire) rassemble un peuple pris parmi toutes les nations, les races, les

langues.

Durant toute sa vie publique Jésus n'a cessé de rappeler cela. Et au cours de

son dernier repas (marqué par la scène du lavement des pieds) il dit encore à ses

disciples ( Luc 22,25) :" Les rois des nations païennes commandent en maîtres ... Pour vous, rien de tel! Faites plutôt comme moi: je suis au milieu de vous comme celui qui sert à table!" SERVITEUR et avec Lui, tous serviteurs: ceux qui ont souci de ne pas violenter et maltraiter la terre en la cultivant pour les hommes; ceux qui en 2013 veulent réveiller dans les communautés chrétiennes l'importance de la 1

Diaconie, de l'attention aux plus petits (Diaconia 2013); ceux qui viennent consoler

ceux qui pleurent et sont dans l'épreuve ... etc ...

Autre parole :

« Restez éveillés (en tenue de service) afin d'être jugés dignes de vous tenir debout

devant le Fils de l'Homme!''(Luc 21) .... Là, nous venons de retourner la médaille

pour contempler sa face glorieuse !

Mais attention à ne pas retomber dans des conceptions trop humaines et paresseuses

de la notion de gloire! Si on y réfléchit un peu la gloire du Christ, de l'agneau

comme immolé de l'Apocalypse, ce ne peut être une gloire qui domine de façon

arbitraire et despotique, à vous faire peur! Non, c'est le resplendissement de son être

profond qui est d'être serviteur, pour toujours; ... et, le jugement, c'est le Fils de

l'Homme qui recherche et souvent admire ce qui dans l'homme ou la femme qui se

tient" debout" devant lui est en harmonie avec cet être serviteur ( Voyez Mt 25)

- ce qu'avait très bien compris un Georges Brassens dans la plus belle de ses chansons !

Dans l'évangile de Luc, ( 12.37) il y a un texte assez étonnant, quand Jésus déclare:

« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller

(dans le service)

Amen, je vous le dis: il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les

servira chacun à son tour. "

Le Christ, roi serviteur sur la terre et dans la gloire !

Cette parole de Jésus le Christ a inspiré une très belle hymne que les frères

aiment chanter le dimanche soir avant d'entrer dans la nuit (vous en avez le texte

sur une feuille). Le mieux ici serait que la parole cède la place au chant que vous

n'avez guère l'occasion d'entendre ....

Homélie du 18 novembre 2012 — 33e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - 33° Dimanche du Temps Ordinaire - 19/11/2000

Daniel 12 1-3 ; Hébreux 10 11-14,18 ; Marc 13 24-32

Homélie de F.Guillaume

Texte :

L’Evangile que nous venons d’entendre appartient à un genre littéraire dans la Bible très particulier : le genre apocalyptique. Ce genre n’est pas facile à bien comprendre, car il ne nous est pas familier.

Si nous lisons ce texte à la lettre en effet, dans une perspective historique de la fin du monde, si nous nous arrêtons à la description détaillée des évènements qui l’accompagnent, nous risquons de passer à côté du message essentiel que Jésus veut enseigner à ses disciples et à nous-mêmes.

N’oublions pas que le mot « apocalypse » dans l’Ecriture n’est pas à entendre d’abord au sens de « catastrophe finale », dans le but de nous faire peur, mais qu’il signifie « Révélation », dévoilement d’un contenu caché, d’un aspect de l’Evangile, qui est toujours Bonne Nouvelle pour les croyants.

Les images que le langage apocalyptique utilise, en particulier dans notre texte, devraient nous aider à mieux entrer dans le mystère de Dieu, là où un simple développement rationnel est impuissant à en dire la richesse.

Ainsi «le soleil qui s’obscurcit, la lune qui perd son éclat, les étoiles qui tombent du ciel et les puissances célestes qui sont ébranlées » nous renvoient au récit de la Création dans le livre de la Genèse. Il y a ainsi correspondance entre la Fin du monde et son Commencement. Au terme d’une grande détresse nous dit l’Evangile, il y aura comme un retour au Chaos et aux Ténèbres primitifs, et ils précèderont une Nouvelle Création, un monde nouveau, une Jérusalem d’En-haut, de justice et de paix.

Le message est donc clairement un message d’espérance, de vie éternelle, qui s’adresse à des personnes vivant dans un temps de persécution et de malheur, comme au temps du prophète Daniel qui prophétisait dans la première lecture la résurrection des justes :

« en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront ; les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte… Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et les justes resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles ».

Une autre image de l’évangile de ce jour est celle des « nuées » sur lesquelles s’avance le Fils de l’homme. Ces nuées évoquent la nuée dans le Désert, qui accompagnait le peuple dans sa marche vers la Terre Promise. L’image symbolise la présence de Dieu à son peuple. Dieu n’abandonne pas les siens, au temps de l’épreuve ou de la persécution. Mieux, il se fait proche : il se tient à la porte et il frappe, prêt à partager le repas avec celui qui lui ouvrira sa maison, son cœur.

Ce thème de la proximité est aussi développé par la parabole du figuier, dont les branches et les feuilles annoncent l’été. Le texte de Saint Marc joue sur l’ambiguïté du mot « proche ». Au terme de l’histoire, il ne s’agit plus de la proximité d’un événement, d’une catastrophe redoutable, mais de la proximité du Fils de l’Homme, d’une personne, d’une rencontre :

« De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver tout cela, sachez que le Fils de l’Homme est proche, à votre porte ».

Enfin une dernière image que je relèverai dans cet évangile : celle du « rassemblement final autour du Fils de l’Homme ». Le message, là encore, est important à comprendre : le salut est proposé à tous les hommes, les élus viendront des 4 coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel. Image de l’Universalisme ouvrant à des horizons larges, faisant craquer tous les repliements identitaires ou sécuritaires.

Au terme de l’Histoire, pour l’évangéliste Marc, le plus important, ce n’est pas le Jugement dernier, qu’il ne décrit pas à la différence d’autres évangiles, mais c’est ce rassemblement : message de consolation et d’encouragement, d’exhortation à tenir bon, car le but espéré dès cette vie, c’est la communion des élus autour du Fils de l’Homme, lui qui est victorieux de tout mal et de toute mort.

Ainsi, à travers des images qui renvoient à d’autres passages de l’Ancien ou du Nouveau Testament, ce texte de l’évangile, à première écoute déconcertant ou déroutant, peut s’éclairer et nous pouvons en tirer 3 enseignements pour nous aujourd’hui :

- d’abord il nous invite à la vigilance et à la persévérance dans la foi, surtout au temps de l’épreuve : alors qu’un mouvement trop naturel nous ferait penser que Dieu nous abandonne, ou qu’il n’existe plus, c’est précisément alors que l’on ne l’attend plus qu’il s’approche de nous et qu’il se tient à la porte et qu’il frappe. Saurons-nous reconnaître cette présence et l’accueillir ? Notre foi se nourrit-elle assez de l’attente de Dieu, l’attente de Celui qui doit venir et qui vient, comme nous le rappellera le Temps liturgique de l’Avent, dans 15 jours.

- le second enseignement de cet évangile est de montrer la place centrale du Fils de l’Homme dans l’Histoire, dans notre histoire, personnelle et collective. En lui, nous confessons le Christ, Messie de Dieu, venu dans le monde pour nous sauver et nous apporter la Vie, la Vraie Vie. Le ciel et la terre pourront passer et passeront, ses paroles ne passeront pas. Il partage l’intimité de Dieu : il est de même nature que le Père, et par Lui, tout a été fait.

o Pourtant, il ignore tout autant que nous, tout autant que les anges dans le ciel, le jour et l’heure de cette Fin du Monde. Nul ne les connaît sinon le Père. Jésus semble dire que c’est là une connaissance réservée, alors que dans d’autres passages il affirme : « tout m’a été remis par mon Père… Tout ce qui est à toi est à moi, et tout ce qui est à moi est à toi, car nous sommes Un »

Sans doute, en bonne théologie, faut-il distinguer dans le Christ une économie divine, trinitaire, où effectivement tout est commun entre le Père et le Fils, dans l’Unité de l’Esprit Saint, et une économie humaine, dans l’incarnation du Verbe, par laquelle le Christ renonce à beaucoup de prérogatives divines, pour partager plus profondément notre condition, ainsi que le chante l’hymne aux Philippiens.

- Enfin le dernier enseignement à retirer de cet évangile et le plus important, je crois, c’est la certitude de la présence de Dieu à tout moment de l’histoire du monde, depuis sa création, jusqu’à son achèvement. Nous célébrons cette présence réelle et mystérieuse à chaque eucharistie. Cette présence trouve en effet son centre et son somment dans l’événement pascal : le sacrifice de Jésus, mort et ressuscité, comme nous l’a rappelé la seconde lecture :

« Jésus-Christ, après avoir offert pour les péchés, un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté »

AMEN (2000-11-19)

Homélie du 11 novembre 2012 — 32e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

32ème dimanche TO (Année B)

(1 Rois 17,10-16 ; Hébreux 9,24-28 ; Marc 12,38-44)

Frère Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Les trois textes de la liturgie que nous venons d’entendre sont placés sous le signe du don, de l’offrande. Et dans chacun, il y est question de vie et de mort.

- Don d’un peu d’eau et d’un morceau de pain, de la part de la veuve de Sarepta, pour le prophète Elie, en une période de grande sécheresse, où les gens meurent de faim et de soif,

- Don d’argent, que ce soit de grosses sommes de la part des riches ou que ce soit 2 piécettes de la part d’une pauvre veuve qui donne tout ce qu’elle a pour vivre

- Don de sa vie, de la part du Christ, en sacrifice pour le péché des hommes : offrande suprême plus spirituelle, plus théologale, dans la seconde lecture de l’épitre aux Hébreux qui englobe l’histoire du salut dans le mystère pascal de la mort et de la résurrection de Jésus.

Revenons sur chacun des ces 3 textes des ces 3 gestes de don et d’offrande et cherchons à en tirer une leçon pour nous aujourd’hui.

Dans le livre des Rois, ce n’est pas la 1ère fois que nous trouvons le prophète Elie en manque d’eau et de pain, à la frontière de la survie. Déjà, en fuyant l’hostilité de la reine Jésabel, qui lui en voulait à mort parce qu’il avait détruit les temples de son Dieu Baal et fait massacrer leurs prêtres, Elie s’était retrouvé seul, au désert, complètement déprimé et souhaitant que Dieu lui reprenne sa vie. C’est alors qu’un ange lui avait apporté par 2 fois de l’eau et du pain, afin qu’il retrouve courage et force et qu’il reprenne la route : 40 jours et 40 nuits vers l’Horeb. Aujourd’hui, c’est la sécheresse qui l’amène à réclamer à cette veuve de Sarepta de l’eau et du pain, à partir de ses dernières réserves d’huile et de farine. Aucun des personnages de cette scène n’est dupe : c’est la dernière chance de vie pour le prophète, pour la veuve, pour son enfant. A moins d’un miracle de la part du Dieu auquel croit Elie. Miracle qui se réalise grâce au devoir d’hospitalité, devoir prioritaire, accompli par cette femme. Et tout comme Elie avait pu reprendre la route au désert, cette femme veuve pourra reprendre la route de l’éducation de son enfant, en le nourrissant jusqu’au retour de la pluie.

L’Evangile, lui, nous montre Jésus au Temple dans une controverse avec des scribes où il dénonce leur hypocrisie et leur superficialité. Ces hommes ayant autorité dévorent en fait les biens des veuves et ils affectent de prier longuement, en public pour bien se montrer et paraître justes. Cela impressionne ceux qui les voient et les entendent : les disciples de Jésus seraient aussi tentés d’admirer cette manière de faire, d’envier peut-être ces riches qui mettent de grosses sommes d’argent, ostensiblement, dans le tronc de la salle du Trésor. Après tout, ne sont-ils pas, ces riches ceux qui rendent le plus beau culte à Dieu, la plus belle offrande qui lui plaise, pour sa plus grande Gloire ?

Jésus prend alors la parole et il l’adresse, non pas directement aux scribes, aux riches, ni même à la pauvre veuve, mais à ses disciples. Et cette parole est empreinte d’autorité : Amen, je vous le dis : cette veuve a donné plus que tout le monde. Elle a pris sur son indigence, elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre.

Jésus rappelle ainsi l’enseignement des prophètes, trop oublié de ses contemporains. Dieu ne regarde pas à l’apparence. Il voit le fond des cœurs. Le sacrifice qui lui plaît, c’est un esprit brisé, un cœur aimant, prêt à tout donner, prêt à se donner. Et à travers l’exemple de la pauvre veuve, Jésus anticipe l’annonce de son propre sacrifice, du propre don de sa vie. Il n’est pas sans signification que ce passage de l’évangile de Marc, au chapitre 12 précède de peu les récits de la Passion et de la Résurrection.

Du coup, le sens le plus profond de ces récits de veuves que la liturgie nous donne à méditer aujourd’hui, à travers la 1ère lecture et l’évangile, se trouve dans la seconde lecture de l’épitre aux Hébreux. Elle nous présente le sacrifice du Christ s’offrant une fois pour toutes, à la différence des autres sacrifices matériels de dons et d’offrandes, éphémères, lesquels doivent se répéter d’année en année, en expiation pour les péchés du peuple. Le Christ, en se donnant par amour sur la Croix, en offrant son propre sang et en souffrant sa Passion, est entré une fois pour toutes dans le véritable sanctuaire, au Ciel, où il se tient désormais, à la droite du Père, et où il intercède pour nous. Il apparaîtra une seconde fois, nous dit le texte, non plus à cause du péché, mais pour le salut de tous ceux qui l’attendent. Telle est notre foi chrétienne, telle est notre espérance qui doivent inspirer tous nos actes de charité, à commencer par les plus humbles, les plus cachés.

En ce dimanche 11 novembre, fête de Saint Martin qui avait partagé la moitié de son manteau pour le donner à un pauvre, nous voici invités à notre tour à nous interroger sur l’offrande que nous faisons de nos richesses, de notre temps, de notre vie tout entière pour les autres et pour Dieu. Que les exemples de ces veuves de la Bible, des saints de l’Eglise mais surtout que l’exemple du Christ en personne nous stimulent, avec la force de l’Esprit Saint, à faire de même !

AMEN (2012-11-11)

Homélie du 02 novembre 2012 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Homélie pour la «commémoration des fidèles défunts» –

2 novembre 2012 -

Rom 14 7-12 ; Jn 6 37-40

Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

O mort, où est ta victoire ? Avons-nous chanté au début de cette célébration. Si la mort est victorieuse, ce pourrait être le jour où nous perdons l’espérance. Le jour où elle semble avoir le dernier mot sur la vie et sur l’existence. Il nous arrive tous un jour où l’autre d’avoir éprouvé ce sentiment que la mort a le dernier mot. Ce sont des jours d’épreuve pour la foi et l’espérance.

Ce matin, avec toute l’Église, nous recueillions pour nous-mêmes et pour tous les défunts la belle lumière de la foi en la résurrection du Christ. En faisant mémoire de sa mort et de sa résurrection, nous accueillons le don de sa vie offerte à tous les hommes. En Jésus, nous croyons que la mort n’a pas le dernier mot. Elle devient passage vers la vie, éternelle joie. Voilà la Bonne Nouvelle qui porte un éclairage vigoureux sur notre existence présente et sur notre existence à venir.

Sur notre existence présente, quand dans notre aujourd’hui, les forces de mort, d’angoisse, de désespérance, ou de découragement nous oppressent, notre foi au Christ ressuscité peut être un rempart sûr. En fixant les yeux sur lui et en lui exprimant notre confiance nous lui abandonnons notre désir illusoire d’une vie sans épreuve. Suivons pas à pas le Ressuscité, il va nous apprendre à traverser avec lui. Non pas fuir les difficultés, ni les refuser mais les traverser avec cette force qui ne vient pas de nous. La force de la Résurrection à l’œuvre dans l’Église et dans le monde depuis le jour de Pâques.

La Bonne Nouvelle de la Résurrection apporte aussi un éclairage sur notre existence à venir. Celle-ci peut-elle être autre chose que la poursuite et la transfiguration de ce dynamisme de confiance en Christ qui a animé notre vie terrestre? Notre foi d’aujourd’hui, notre confiance se transforme en abandon total. Abandon filial en Christ pour nous tourner vers notre Père dans un moment de reconnaissance qui ne s’épuisera pas. Car nous vivons alors du même Esprit qui anime en le Christ. Nous balbutions en disant cela et en mesurant combien notre foi n’est qu’un don de Dieu, don qui nous entraine à nous abandonner toujours plus en ses mains. A vue humaine, nous sentons notre faiblesse et nos limites, nos résistances parfois, à entrer dans ce grand mouvement de la confiance. Aussi est-ce la raison pour laquelle nous demandons cette grâce pour nous-mêmes et pour tous nos défunts que le Seigneur Ressuscité nous fasse entrer et aussi tous nos défunts dans ce dynamisme d’abandon pour accueillir comme lui et en lui le souffle de vie pour la vie éternelle. (2012-11-02)

Homélie du 01 novembre 2012 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

TOUSSAINT 2012

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Au réfectoire, nous lisons en ce moment un livre sur le Concile, « L’évènement Vatican II ». Hier, on nous disait que le chapitre, « l’Appel universel à la sainteté » de la Constitution sur l’Eglise, constituait une nouveauté dans l’histoire de l’Eglise. Pour la première fois, un concile disait « fortement et explicitement », que « la sainteté est le cœur et la finalité de l’Eglise et de la vie humaine ». La sainteté cœur et finalité de l’Eglise et de la vie humaine…La sainteté est au cœur. Ainsi le Concile affirmera que « dans le baptême par la foi, les disciples du Christ sont véritablement devenus, fils de Dieu, participants de la nature divine et par conséquent, réellement saints » (LG 40). Fils de Dieu, participants de la nature divine, réellement saints…Les mots sont pesés et d’un poids bien réel qui dit la très grande dignité de chacune de nos vies. Déjà, nous sommes saints parce que pris dans la vie de Dieu. Mais la sainteté est aussi la finalité de notre vie chrétienne en Eglise. « Les fidèles, poursuit le Concile, doivent appliquer les forces qu’ils ont reçues selon la mesure du don du Christ à obtenir cette perfection (de la charité), marchant sur les traces du Christ, devenus conformes à son image, accomplissant en tout la volonté du Père…. » (LG 40). Marcher sur les traces du Christ, lui devenir semblable, accomplir comme lui la Volonté du Père…Ce matin, je retiendrai deux mots du Concile pour mieux cerner l’appel à la sainteté : marcher et devenir.

Marcher…Nous venons d’entendre l’évangile des béatitudes avec sa belle litanie d’heureux, heureux les pauvres de cœurs, heureux les doux. Heureux. Un traducteur juif du Nouveau Testament, A. Chouraqui, a traduit ce mot « heureux » par « en marche ». « En marche, les humiliés du souffle, en marche les faiseurs de paix, etc… ». Le traducteur explique ce choix en faisant un rapprochement avec les Ps 1 « Heureux qui se plait dans la loi du Seigneur » et en soulignant que le bonheur promis engage de la part de ceux qui croient un chemin à parcourir. Si nous sommes déjà « heureux » parce que déjà en Christ, nous sommes toujours en marche vers le bonheur. Le malheur pour nous serait de rester au bord de la route, de nous arrêter en nous repliant sur notre tristesse ou sur nos illusoires richesses. « En marche », nous le sommes à la suite de tous ceux dont faisons mémoire aujourd’hui. A la suite de tous ces témoins du Christ, « nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Eglise » qui nous sont donnés en exemple, comme nous le chanterons dans la préface. Oui, notre bonheur aujourd’hui est de marcher sur le chemin de la pauvreté, de la douceur, de la paix. Chemin qui n’est pas sans âpreté. Parfois, il nous faut traverser les larmes, les persécutions et les outrages au nom du Christ. Le « en marche » sonne alors comme un profond appel à traverser avec confiance et espérance, les épreuves. Le bonheur est déjà en marche depuis que le Christ a tracé la voie par sa mort et sa résurrection.

Devenir… Se transformer, changer d’aspect. Quand cela touche nos vies, parler de devenir engage une histoire…Depuis que nous sommes venus au monde, nous ne cessons de devenir : enfant, adolescent, adulte et ancien jusqu’à un jour devenir mort…Devenir est-il dès lors synonyme d’issue fatale ou d’impasse. Qu’allons-nous devenir ? Dans la seconde lecture, St Jean se pose aussi la question. S’il peut affirmer que « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » il poursuit en disant que « ce que nous serons ne parait pas encore clairement ». Notre devenir reste voilé à nos yeux ici-bas. Mais il ajoute dans une forte affirmation de foi : « Lorsque le Fils de Dieu paraitra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est ». Devenir semblable au Christ : voilà notre espérance, voilà notre vie. Etre semblable au Christ sera notre vie dans l’au-delà d’une manière que l’on ne peut imaginer. Mais devenir semblables au Christ peut déjà constituer notre aujourd’hui. En suivant Jésus et en vivant selon son évangile, jour après jour déjà nous lui devenons semblables…dans l’attente d’être un jour tout en lui.

Marcher, devenir. Ensemble sur le chemin de la sainteté, nous marchons vers le Royaume, ensemble nous nous entraidons à devenir semblables au Christ. En venant maintenant à cette table eucharistique en pèlerins, nous devenons davantage ce que nous allons recevoir, le Corps du Christ. Réjouissons-nous d’être les invités au repas du Seigneur, avant de participer un jour au banquet préparé dans sa Maison. (2012-11-01)

Homélie du 21 octobre 2012 — 29e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Jubilé de profession (50 ans) du F.Hubert de Blangy

Année B - 29° Dimanche du Temps Ordinaire

Is 53 10-11; Heb 4 14-16; Mc 10 35-45

Homélie du F.Hubert

Texte :

Mot d'introduction

C’est aujourd’hui la Journée missionnaire mondiale.

Qu’est-ce qu’être missionnaire sinon vivre du Christ et témoigner de lui dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, un monde qui est de Dieu et pour Dieu.

Notre eucharistie aura une couleur particulière puisque ma famille et mes amis sont venus se joindre à ma communauté pour rendre grâce au Seigneur à l’occasion de mes 50 ans de profession monastique.

Puissent ces 50 ans être un témoignage à Celui qui m’a appelé,

qui nous appelle et nous envoie, chacun.

C’est lui Jésus (montrer la croix), Christ et Seigneur, qui a de l’importance, évidemment,

ce n’est pas moi.

C’est lui qui m’a donné le souffle de la vie, qui m’a plongé dans sa Pâque par le baptême,

qui m’a appelé, alors que j’étais encore enfant,

m’a fait le cadeau de la vie monastique à la Pierre qui Vire,

me donne chaque jour sa grâce et son pardon.

C’est lui qui est fidèle, lui dont la promesse de vie ne se dément jamais.

C’est lui qui nous rassemble aujourd’hui dans son corps Au nom du Père et du Fils et du St Esprit.

Confions-nous humblement à son amour sauveur,

avec lui, avançons-nous avec pleine assurance vers notre Père qui fait grâce.

Homélie

Deux thèmes, deux réalités me touchent beaucoup : le thème du Serviteur et celui de la fraternité.

Ils me parlent du Christ, de son mystère et du nôtre.

Aussi, je suis heureux de recevoir en ce jour cette parole de Jésus : Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la multitude .

La figure du Serviteur, c’est plus que le service, c’est le Serviteur évoqué par Isaïe, l’innocent compté parmi les pécheurs, le juste justifiant les multitudes en se chargeant de leurs péchés.

C’est le Christ, se mettant à genoux devant chacun de nous, pour nous laver les pieds, le Christ sur la croix, dont le cœur ouvert s’offre pour être notre demeure.

Jésus est Seigneur parce qu’il est Serviteur. C’est bien là la révolution de la Révélation chrétienne.

Jésus (et donc Dieu) n’est pas Seigneur à la manière des puissants de ce monde. Il est Seigneur parce qu’il est l’Amour,

il nous a montré par sa mort et sa résurrection en quoi consiste l’amour, et cet amour-là est vainqueur de toute puissance qui ne conduit pas à la vie.

Etre missionnaire pour un chrétien, c’est de témoigner de ce Dieu-là.

Nous avons la vocation et la responsabilité de révéler au monde qui est Dieu, quel est son vrai visage.

Il nous faut sans cesser regarder Jésus pour découvrir qui est Dieu.

Nous nous fabriquons tellement d’images fausses de Dieu !

Dieu est tout-puissant parce qu’il se donne totalement.

Dans l’oraison, nous avons demandé à Dieu de servir sa gloire.

Nous pouvons demander cela sans crainte, pcq Dieu ne fait pas de nous ses esclaves ; au contraire, il nous libère de nos esclavages pour faire de nous ses fils.

Dans une très belle hymne pour la fête de St Benoît, nous chantons : Servir le seul Maître dont le joug rende libre.

Par le baptême, nous ne sommes pas constitués esclaves

mais fils libres dans la maison du Père, cohéritiers du Fils unique ; saint Benoît n’appelle pas les moines à l’enfermement dans un carcan, mais à la dilatation du cœur.

Nous pouvons, sans asservissement, servir la gloire de Dieu

pcq le Père ne cherche pas sa propre gloire mais celle de son Fils, et que son Fils s’est anéanti jusqu’à la croix pour nous donner cette gloire que le Père lui a donnée.

L’homme a tellement d’importance pour Dieu qu’il s’est fait chair pour se donner tout entier à nous, et nous diviniser.

Il en est mort en se heurtant à notre mal.

Etre frère : le Seigneur m’attire à cela.

Jésus n’a pas honte de nous appeler ses frères, nous dit l’épitre aux Hébreux.

Je crois profondément que nous sommes tous frères et sœurs,

parce que fils et filles du même Père et aimés de lui.

J’aime la dimension fraternelle de la vie monastique selon St Benoît ; je crois au signe du Royaume qu’elle constitue.

J’aime que la communauté monastique soit constituée de frères aux origines, aux formations, aux itinéraires très divers.

Quelle que soit notre situation dans la société, nous sommes tous aussi dignes les uns que les autres, tous fils et filles du Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Et simultanément, nous en sommes tous aussi indignes :

cette filiation est un don totalement gratuit.

Rien ne nous donne “droit” à vivre en Dieu, sinon l’amour que Dieu lui-même nous porte.

Frères parce que fils, nous n’entrons dans le Royaume qu’en l’accueillant comme des enfants.

Notre corps vieillit, mais dans l’Esprit saint, notre cœur est appelé à rajeunir de jour en jour, de la jeunesse même de Dieu.

Un frère m’a écrit : Quand tu as fait tes premiers vœux au moment où le Concile commençait, les ''noces d’or'' étaient un terme lointain, dernier point d’orgue avant une mort prochaine ! Aujourd’hui tu n’es qu’aux 2/3 du parcours !

Nul ne sait quand sera l’appel et la rencontre.

Rien ne m’est connu de l’heure qui s’apprête, mais à ta venue, tout dans ma nuit sera lumière , dit une de nos hymnes de complies.

Un jubilé, cela signifie que cette heure se rapproche,

celle de la mort, certes, mais celle de la rencontre avec le Christ, avec notre Père, et tous les saints.

Je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée.

Nous retrouvons là le désir de Jacques et Jean, de siéger aux côtés de Jésus dans sa gloire.

Cela se réalisera bel et bien, et pas seulement pour eux, mais pour chacun de ceux que le Christ aura sauvés et glorifiés.

Pour cette vie à venir, pour la vie humaine et divine qui nous est déjà donnée aujourd’hui, au fil des jours, je rends grâce, et je le fais spécialement en reprenant les mots du Ps 33 que mon père a longuement répétés tout au long de mon année de noviciat

pendant la leucémie qui l’avait atteint : Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres .

Veuille le Seigneur me donner, nous donner à tous,

un cœur sans partage (oraison) qui ne préfère rien à l’amour du Christ et des frères (RB).

Homélie du 07 octobre 2012 — 27e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 27e dimanche du Temps Ordinaire -

Gn 2,18-24 ; He 2,9-11 ; Mc 10,2-16

Homélie du F.Sébastien

Texte :

« Au commencement Dieu fit le ciel et la terre… »

Il les fit l’un pour l’autre, car tout dans la création est relationnel : le ciel est pour la terre et la terre est pour le ciel, et – comme le montrent les lectures de ce dimanche – la femme et l’homme sont l’un pour l’autre, comme le sont entre eux les frères et les sœurs, mais aussi les enfants et les adultes.

C’est d’un peu de glaise prélevée de la terre fraîchement créée que Dieu façonna le premier homme : telle une deuxième création complétant la première pour la mener à son accomplissement.

« Et Dieu dit : “ Il n’est pas bon que l’homme soit seul !” » D’où le savait-il ? sinon de son expérience personnelle au sein de la Trinité. Il fallait donc aller plus loin et ce fut comme en une autre création, celle de la femme. Pas plus cette fois-ci que lors des deux précédentes, Dieu ne pouvait attendre de l’homme la moindre collaboration, tant cette œuvre divine le dépassait infiniment. Cette oeuvre se fit dans la nuit de son sommeil. La femme est née d’une nuit d’amour, lorsque le Créateur, se penchant sur l’homme endormi, prit, non plus un peu de glaise pour faire un homme, mais un peu de la chair de l’homme déjà fait pour lui faire une femme.

Puis, précise le texte, « il referma ». Cicatrisation, immédiate aux yeux de chair, mais la blessure reste ouverte au cœur : c’est celle de l’amour, une porte ouverte sur l’autre, le lieu possible des plus grandes joies, mais aussi des plus grandes souffrances quand l’aimé, par l’ouverture, s’en va, ne laissant derrière lui qu’une terre aride, stérile, désolée. On songe à la plainte de Claudel : « Cette blessure, comment me l’aurais-tu faite plus profonde qu’en te retirant ? »

L’homme aspirait à un partenaire qui lui fut assorti. Il n’en avait trouvé aucun parmi les animaux que Dieu avait façonnés avant lui : ni dans la gazelle si élégante, ni dans l’ourse si maternelle, ni dans la colombe charmante mais un peu volage, ni dans celle qui, pourtant, était déjà en la forme, si féminine en ses mimiques... Dans son sommeil mystérieux, – combien de temps dura-t-il ? des millénaires peut-être – l’homme rêvait, d’un rêve venu de plus loin que ses propres profondeurs… À son réveil, lorsque Dieu lui présenta la femme qu’il lui avait préparée, la réalité dépassait toutes ses espérances : une aide, à lui parfaitement assortie, la part qui lui manquait pour devenir vraiment humain, deux en une seule chair, deux qui chemineraient ensemble vers le terme de leur commune vocation, une vocation divine. Une vocation multiforme, universelle, susceptible de s’accomplir aussi bien dans la vie conjugale que dans le célibat, choisi ou non. Tout est affaire de relation entre le masculin et le féminin dont nous sommes tous composés.

Voilà qui est bien joli, mais est-ce bien réaliste ? Quand la blessure saigne, quand la souffrance ronge, quand la mort emporte des êtres chers… toutes ces épreuves qui peuvent être écrasantes, qu’en faire ? Oui, que faire ? Au moins, essayer de se tourner vers Celui qui continue sa création à travers ce qui peut devenir des médiations. Jésus est passé par là. Relire alors l’épître aux Hébreux peut aider, revenir au passage lu tout à l’heure : Jésus est vraiment devenu notre aide, une aide parfaitement assortie, car « il est de notre race et il ne rougit pas de nous appeler ses frères », ses sœurs. « Il a connu absolument les mêmes épreuves que nous, excepté le péché… C’est ainsi qu’il est devenu un grand prêtre capable de compatir à nos faiblesses ». Puissions-nous, aux heures dures, y chercher lumière et force, prêter l’oreille à l’extraordinaire affirmation : « Si Jésus a fait l’expérience de la souffrance et de la mort, c’est par grâce de Dieu » – ai-je bien lu ? oui, par grâce de Dieu ! – Mais en vue de quoi ; l’auteur nous le dit : en vue « du salut de tous ».

Jésus, par sa Passion et sa résurrection, est vraiment devenu « l’aîné d’une multitude de frères », notre frère personnel, à chacun et à chacune. Grâce à lui, la relation première, homme femme, s’est enrichie de la relation fraternelle – au sens large – une relation qui, elle aussi, plonge ses racines en Dieu lui-même.

L’évangile boucle, en finale, avec la relation qui se vit entre adultes et enfants : « Le royaume de Dieu appartient à ceux qui leur ressemblent ». Accueillez-les, dit Jésus – qu’ils soient les vôtres selon la chair ou par suite d’un libre choix d’amour – , imitez-les et, par leur aide, « le Royaume de Dieu est à vous ! »

Homélie du 14 septembre 2012 — La Croix glorieuse — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

LA CROIX Version longue

(Voir ci-dessous / version abrégée)

Fête de la Sainte Croix

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Peut-on fêter une croix, un instrument de supplice raffiné ? A-t-on le droit ? Même si nous savons bien, trop peut-être, qu'il s'agit d'une croix unique, unique parce que unie à tant d'autres semblables...

La croix sur laquelle fut bel et bien fixé, avec marteau et clous, un certain Jésus de Nazareth, sous sa pancarte« Roi des Juifs).

C'était au temps où le légat de Rome, Varus, faisait crucifier en une seule journée deux mille esclaves révoltés, parfois enduits de poix et allumés à la tombée de la nuit…

Une croix parmi des milliers de milliers. Comme celles de ces 26 chrétiens crucifiés ensemble à Nagasaki, le 6 février 1597 : ¬des Européens, des Japonais, des religieux des laïcs, même des enfants qui encourageaient les adultes. Martyrisés comme Jésus.

Mais, en ce jour, il ne faut pas oublier la croix banale de l'accidenté, cloué sans clous, sur un lit d'hôpital. Dominique, 21 ans, mal parachuté pendant son service militaire, et qui me faisait écrire par sa sœur : « Je me retrouve comme un papillon épinglé sur une planchette de liège, arrêté comme un réveil dont le ressort est cassé. Dominique, le boute en train qui ne tenait pas en place. Il garda toujours une petite croix au cou.

Ce qui me rappelle le lourd crucifix, cuivre et ébène, qu'on offrait autrefois comme cadeau de communion solennelle, pour accompagner la vie chrétienne. On le pose, religieusement, sur la poitrine du mort ou de la morte, avant de fermer le cercueil, et de mettre le tout en terre. On ne sépare pas ceux qui ont vécu tant de choses ensemble tout au long d'une vie.

Et cette photo, inoubliable. Le crucifix entre les mains crispées de Thérèse de l’Enfant Jésus luttant contre l'asphyxie, se cramponnant à lui, comme à la rampe de l'escalier qu'on descend, marche à marche, vers le noir final, le néant ricanant : « Tout en bas, y-a-t-il un ciel ? » Le crucifix que la petite carmélite de 24 ans couvre de baisers, des baisers qui se veulent des réponses.

Thérèse, tellement sœur de cette Jeanne d'Arc de 19 ans liée à son poteau par une chaîne de fer, sur des fagots. Jeanne qui réclame que jusqu'au bout soit tenue devant ses yeux la croix de Celui qu'elle rejoint dans un cri : «Jésus, Jésus Marie). La fumée et les flammes montent vers le ciel. Jeanne est élevée sur sa croix comme Jésus dans l’Évangile de saint Je~ avec lui, et, sans le savoir, partage sa gloire.

En ce jour, peut-on évoquer aussi - est-ce possible ? -le crucifix un jour piétiné rageusement et jeté aux orties par le profanateur qui se bat avec ses fantômes mortifères ? IL faut se dire et se redire : Dieu peut comprendre toutes les formes de souffrance. Pour sauver tous les hommes, il a accepté que son Fils soit mis en croix sur le Golgotha avec un révolté qui le raillait, qui l'insultait... Dans cet affrontement gigantesque de la haine et de la miséricorde, qui aura eu le dernier mot ? Le premier. .. Ils étaient deux larrons, face à un seul et même Amour...

Cet amour qui ouvre la voie devant la croix de procession marchant en tête de la communauté monastique lorsqu'elle porte son mort jusqu'au cimetière. Un lieu baigné de paix, planté déjà de plusieurs rangées de petites croix de bois nu. Le frère y dormira parmi ses frères, ici-bas en la terre comme au ciel, près de la grosse croix de pierre où bat encore le cœur de notre fondateur, le Père Muard.

Une croix massive. Elle me rappelle la croix monumentale que les Chartreux ont plantée sur le Grand Som, le sommet qui domine leur monastère, comme pour illustrer leur devise: « Stat crux dum volvitur orbis ». « La croix demeure tandis que le monde évolue-», tourne en rond autour de son axe.

Un monde qui converge vers la Croix souvent sans le savoir. En disant cela, je ne puis m'empêcher de penser à nos frères juifs d'il y a 2000 ans. À ceux qui montaient à Jérusalem pour y célébrer la Pâque et qui, aux portes de la ville sainte, ont découvert un homme en croix défiguré, mort, sous un écriteau: « Le roi des juifs». De ce roi, quel juif pouvait vouloir ?

C'est de ce roi que, plus tard, plongé dans la lumière venue d'en-haut, un Juif de Tarse osera dire: « Nous, nous prêchons.. un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »

Dieu en croix. Oui, l'Amour a fait cela. Il l'a fait pour nous. Pour une fête éternelle... La sienne d’abord, la nôtre ensuite, en la sienne…

Version abrégée

(Ci-dessus version originale, développée)

Peut-on fêter une croix, un instrument de supplice raffiné ? Même si c’est dans la liturgie, même si c’est celle de Jésus,… au temps où le légat de Rome, Varus, faisait crucifier en une seule journée deux mille esclaves révoltés, enduits de poix et allumés à la tombée de la nuit.

Une croix parmi des centaines de milliers.

Le 6 février 1597 : 26 chrétiens sont crucifiés ensemble à Nagasaki, ¬des Européens, des Japonais, des religieux, des laïcs, des enfants qui encouragent les adultes.

Sans oublier la croix de l'accidenté, cloué sans clous, sur un lit d'hôpital.

Le crucifix de cuivre qu'on pose religieusement sur la poitrine du mort ou, de la morte, avant de fermer le cercueil. On ne sépare pas ceux qui ont vécu tant de choses ensemble.

Le crucifix entre les mains crispées de Thérèse de l’Enfant Jésus luttant contre l'asphyxie, se cramponnant à lui, comme à la rampe de l'escalier qu'on descend, marche à marche, vers le noir final, le néant ricanant : « Tout en bas, y-a-t-il un ciel ? » Le crucifix que la petite carmélite de 24 ans couvre de baisers qui se veulent être des réponses…

Jeanne d'Arc, 19 ans, enchaînée à son poteau, Jeanne qui réclame que jusqu'au bout soit tenue devant ses yeux la croix : «Jésus, Jésus Marie ». Et c’est l’envolée dans la gloire…

Tant de crucifix piétinés rageusement par des profanateurs parfaitement conscients. Sur le Golgotha, Jésus a été raillé comme personne.

Je ne puis m'empêcher de penser à nos frères juifs d'il y a 2000 ans. À ceux qui montaient à Jérusalem pour y célébrer la Pâque et qui, aux portes de la ville sainte, ont découvert un homme crucifié, mort, sous un écriteau: « Le roi des juifs». De ce roi, quel juif pouvait vouloir ?

C'est de ce roi que, plus tard, un Juif de Tarse osera dire: « Nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »

Dieu en croix. L'Amour en croix, rayonnant de gloire.

Venez ! Adorons ! Adorons-le !

Il nous ouvre ses bras, communions !

Laissons-nous emporter dans sa prière de Fils, face à son Père et lui présentant le monde !

Homélie du 02 septembre 2012 — 22e dim. ordinaire — Frère Servan
Cycle : Année B
Info :

Année B – 22° Dimanche du Temps Ordinaire - 2 sept 2012

Dt 4 1-2, 6-8 ; Jc 1 17-22 ; 27 ; Mc 7 1-8, 14-15, 21-23

Homélie du F.Servan

Texte :

Heureux de retrouver l'évangile selon Marc (après une interruption de un mois et demi). Il nous accompagnera désormais tous les dimanches jusqu'à la fin de l'année liturgique, durant trois mois.

Heureux ! Oui mais ! Dans le passage de l'évangile que nous venons d'entendre, mais aussi dans l'ensemble des trois lectures de ce dimanche, sur le thème de la religion authentique fidèle à la Loi de Dieu, il y a quand même pas mal de mots et de réalités qui me dépassent, devant lesquels je me sens assez comme le petit enfant du Ps 130.

Je les énumère: la LOI (la Torah) donnée au peuple de l'Alliance non comme un code de permis-défendus mais comme une lampe sur nos pas, une lumière sur nos routes humaines : « Ecoute Israël, tu es aimé. Tu aimeras en retour - (ici on peut signaler qu'il existe un livre de Paul Beauchamp « La loi de Dieu » sur la Loi de l'alliance telle que accomplie et transmise par Jésus. Cà demande un effort crayon en main, c'est parfois subtil, mais cela peut éclairer le chrétien adulte ! ). LA MISE EN PRATIQUE de la Loi, comment? Quelle est la manière pure et irréprochable de pratiquer la Loi ?

LES TRADITIONS DES ANCIENS, celles des pharisiens, mais aussi les traditions religieuses et humaines de nos églises réglant et précisant le culte, les rites et balisant la vie morale, sans oublier les traditions-de la vie monastique, vénérables, éducatives etc. A vérifier de temps à autres, comme tout ce qui est humain. LE PUR et L'IMPUR. Non pas au sens hygiénique, mais moral et religieux: ce qui va ou ne va pas dans le sens du « Soyez saints comme moi je suis saint » dit le Seigneur.

Enfin, et c'est pas le plus simple: LE CŒUR HUMAIN. Souvent compliqué, fragile, instable voire hypocrite et que Dieu seul connaît bien!

Cela fait beaucoup ! Et cela dépasse de beaucoup le cadre d'une modeste homélie. Je me contenterai d'une réflexion sur cette notation de l'évangéliste: « fidèles à la tradition des anciens, les pharisiens, au retour du marché (ou de la place publique) font de multiples ablutions de purification ». Ce sont des gens religieux et pieux qui font cela pour garder le peuple fidèle à l'Alliance. Or, après les tentations de l'idolâtrie ou du culte sans justice dénoncées jadis par les prophètes, comme Isaïe; ce petit peuple, à partir de l'Exil

et après, est confronté à la menace du monde ambiant et à ses idées, disons pas très catholiques! Ainsi la civilisation romaine au temps de Jésus - (vous aurez noté que ce monde ambiant est évoqué dans nos trois lectures : « Cette Loi, vous la mettrez en pratique aux yeux de tous les peuples » sous leur regard pas forcément aussi admiratif que le dit le rédacteur du Deutéronome – « La religion véritable, c'est de venir en aide et de se garder propre (pur) au milieu du monde ». Nous avons entendu dans l’évangile sur le marché ou la place publique, le juif pieux, pharisien, peut être amené à fréquenter choses et gens impurs, des païens, des publicains.

Il me semble que ce mot de " marché" est très évocateur pour nous, puisque notre monde dominant, celui que vous connaissez; ce n'est pas d'abord un monde d'intériorité et tout simplement d'humanité mais bien d'abord un grand super ou un hypermarché dont on profite peu ou prou. Mais dont on souffre aussi pas mal ! Il ne règle pas seulement l’économie mondiale, il domine et influence grandement la façon de vivre et de penser !

D'où la tentation aujourd'hui pour toutes les traditions religieuses de multiplier les garde fous et les marqueurs identitaires, au risque de se retrouver en ghetto pur et dur. On pense bien sûr à l'Islam et à la Charia version wahhabite, mais il n'est pas interdit de regarder aussi chez soi, de temps à autre et surtout de revenir souvent à la parole de Jésus qui a rappelé à son peuple l'essentiel de la Torah ( le décalogue ou

encore le chapitre 19 du Lévitique sur l'amour concret du prochain) et dont l'enseignement est peut-être plus équilibrée en Mt 23 qu'ici dans saint Marc. Je cite : « Vous purifiez l'extérieur de la

coupe et de l'assiette, mais l'intérieur est plein de cupidité. Purifie d'abord (d'abord) l'intérieur de la coupe afin que l'extérieur aussi (aussi) devienne pur. Vous avez négligé ce qu'il y a de plus grave dans la Loi: la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu'il fallait pratiquer sans négliger le reste !

Ecouter le Christ : écouter souvent aussi et prier l'Esprit Saint, l'Esprit de notre baptême, qui habite en nos cœurs et qui lui seul est la Loi nouvelle de liberté sachant incarner la Parole dans les événements et la vie d'un chacun.

Pour terminer, je vous partage cette prière que la communauté dira ce soir à l'heure des Vêpres, en conclusion de ce dimanche:

« Seigneur notre Dieu, nous avons besoin de lois pour vivre dans la charité, et de signes pour t'exprimer notre foi. Que ces préceptes et ces rites ne s'opposent jamais à ta volonté mais nous aident à lui conformer notre cœur ». (2012-09-02)

Homélie du 19 août 2012 — 20e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 20e dimanche du T. O .

Pr 9 1-6 ; Ep 5 15-20 ; Jn 6 51-58

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Mon œil est de flamme,

mon visage est rond,

je donne mon âme

quand j’offre un citron.

Est-il permis de commencer une homélie par un petit poème – de Francis James, je crois – aussi badin, aussi léger ? Le fait est qu’il m’est remonté à la mémoire lorsque je parcourais les lectures de ce jour, sur le pain de vie qui se donne à travers des choses insignifiantes. Sans compter la saisissante évocation du Christ de l’Apocalypse avec « ses yeux comme une flamme de feu » :

Mon œil est de flamme,

...,

je donne mon âme

quand j’offre un citron.

Peut-on, rien qu’en donnant son visage donner aussi son âme ? En tout cas, Jésus l’a fait ; il a risqué parmi les hommes son visage de fils de Dieu fait homme, ce visage unique où se lisait la flamme d’un amour qui rêvait de se donner tout entier. Ce qu’il réalisa au cours de son dernier repas, lorsqu’il ne nous offrit apparemment guère plus qu’un citron sur la table, en réalité ce que des siècles d’histoire sainte avaient préparé pour cette heure : un peu de pain et de vin, trois fois rien, mais chargé de tout lui-même : corps, sang, âme et divinité. Oui, et divinité !

J’ai pensé à saint Jean Bosco disant à un jour un gamin des bas quartiers de Turin, alors que tous deux avaient l’estomac creux : « Tu vois, si un jour je n’ai plus rien qu’un petit morceau de pain, c’est avec toi que je le partagerai ». Un tel avec toi fait que les deux ne font plus qu’un.

Je ne sais pas si l’enfant a tout compris, – moi non plus – mais je devine que Jésus n’aurait pas dit autre chose. Ce qui est sûr c’est que par la suite Don Bosco et Jésus ont réalisé par des actes ce que leurs paroles avaient annoncé. L’amour est indissociablement parole et acte.

Ce qui rejoint le discours sur le pain de vie que nous méditons ces dimanches-ci dans l’évangile de saint Jean, un discours qui est une prophétie impressionnante, une parole qui passe à l’acte. Nous, il nous arrive de dire et de ne pas faire, de promettre et, le moment venu, de nous dérober. Pas Jésus ! Lui, il n’est que vérité, ses paroles sont des engagements. Tout ce qu’il avait expliqué à ses disciples dans la synagogue de Capharnaüm, il l’a réalisé lors de la dernière cène qui ne faisait qu’un avec la Passion et la résurrection qui suivirent.

La prophétie était réalisée au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer : Jésus, Fils de Dieu, nous offrait sa vie divine, la vie éternelle, à travers le don de son corps livré et de son sang répandu pour tous, pour chacun et chacune d’entre nous.

Telle est la merveille des sacrements : ils font d’immenses choses avec de toutes petites choses, bien adaptées aux enfants que nous sommes : quelques mots bien concrets, des gestes aussi simples que de faire couler un peu d’eau sur un front, de verser à boire un peu de vin, de distribuer des petits morceaux de pain, en laissant Jésus s’occuper des miettes tombées sous la table, pour le bonheur des petits chiens.

À peine une dinette ! Mais une dinette divine, préparée tout au long de la Bible. C’est là qu’il faut en chercher le sens.

Par exemple en revenant sur la première lecture de ce dimanche, le festin de la sagesse, cette sagesse mystérieuse, fascinante, intelligence suprême, assise auprès de Dieu, cette sagesse qui lance son appel aux étourdis que nous sommes : « Venez, mangez mon pain, et buvez du vin que j’ai préparé ! Laissez là votre folie et vous vivrez ». Alors qui veut vivre, la grande vie ? Jésus répond lui-même avec des paroles doucement murmurées à l’intime de l’âme : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, déjà, et moi au dernier jour je le. ressusciterai... Celui-là demeure en moi et moi en lui».

L’amour est indissociablement parole et don. Il s’accomplit dans un “demeurer l’un en l’autre” que Dieu nous offre dans l’eucharistie pour nous l’apprendre. (2012-08-19)