vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 29 mai 2014 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

ASCENSION DU SEIGNEUR

29 mai 2014

Routes de Vézelay

(Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Pourquoi célébrons-nous avec tant de solennité cette fête de l’Ascension ? Pourquoi est-ce une fête si importante aux côtés de celle de Pâques, de Pentecôte et de Noël, alors que Jésus part et semble nous abandonner ? Dans l’oraison du début de la messe, nous avons demandé à Dieu : « ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire »…L’Ascension du Christ est déjà notre victoire…Oui, la victoire du Christ sur le péché et la mort, acquise le jour de Pâques, nous est pleinement assurée en ce jour de l’Ascension…Nous sommes assurés d’être victorieux en lui…Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment comprendre cela ?

Pour comprendre ce lien victorieux tissé en ce jour, entre le Christ et nous, je prendrai une image…Le Christ victorieux, assis à la droite de son Père, est comme nos champions olympiques qui montent sur la plus haute marche du podium. Ces hommes ou ces femmes ont couru en portant les couleurs de leur pays. Ils se sont identifiés à leur pays et beaucoup de leurs compatriotes se sont identifiés à eux. Si bien que lorsqu’ils ont remporté leur épreuve, c’est comme si c’était tout le pays qui avait gagné. Entre le champion et ses compatriotes, s’est tissé un tel lien, qu’avec lui, c’est toute la nation qui monte sur la première marche, comme en témoigne l’hymne national qu’on joue alors… Avec le Christ, il en est un peu de même. Quand il monte victorieux auprès de son Père, c’est nous tous les hommes qui montons avec lui dans la gloire du Père. Car Lui, le Fils de Dieu, venu vivre comme un homme parmi les hommes, il a porté nos couleurs. Il a surtout porté nos douleurs et nos souffrances. Il s’est tellement identifié à nous, qu’il nous a identifiés à lui… Par la foi, nous reconnaissons ce lien réalisé pleinement dans notre baptême. Baptisé dans la mort et la résurrection de Jésus, nous devenons, comme lui, victorieux de la mort et du péché. En lui, nous formons un seul corps. « En entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps, l’espérance de le rejoindre un jour » chanterons-nous dans la préface. Ainsi, plus que pour le sportif et le pays qu’il représente, le lien noué avec le Christ est un lien vital. Ce lien n’est pas le fruit d’une émotion ou de la ferveur enthousiaste d’un moment. Il est un don qui nous est fait et que nous accueillons dans la foi et la confiance…St Paul dans la seconde lecture affirmait que Dieu nous a fait don de « la force même, du pouvoir et de la vigueur qu’il a mis en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux… »

Oui frères et sœurs, l’Ascension du Christ, sa victoire déjà acquise ravive, et notre espérance de le rejoindre un jour, et notre confiance dans les dons que le Seigneur nous fait dès maintenant…don de force et de vigueur comme pour le Christ ressuscité…C’est le don de l’Esprit Saint. Car nous tous sur cette terre, nous continuons la course, en route vers la victoire définitive. Notre vie humaine, que nous soyons moines, étudiants, laïcs œuvrant dans le monde, prêtres ou religieux-ses, notre vie humaine est comme une longue course…pour que s’étende, en nous d’abord, et pour tous les hommes, la victoire du Christ. Jésus lui-même dans l’évangile nous envoie, comme les apôtres. « Allez-donc ! Faites des disciples ». Le disciple, c’est celui qui écoute. Soyons d’abord nous-mêmes des personnes qui écoutent vraiment, et la Parole de Dieu, et nos frères et sœurs en humanité. Certains découvriront alors la joie qu’il y a à écouter vraiment, à devenir disciple. « Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Baptiser c’est être immergé dans l’eau et l’Esprit. Retrouvons la solidité de notre baptême qui nous immerge dans la profondeur du mystère et de l’amitié de notre Dieu Trinitaire. S’éveillera chez d’autres le goût de mettre toute leur vie sous sa douce et forte lumière. « Apprenez-leur à garder les commandements ». Non, comme un maitre d’école qui fait la morale, mais comme un frère qui laisse les commandements du Christ fortifier sa propre vie et qui donne à comprendre que la Loi d’Amour est très bonne…

Sur la route de la vie humaine et chrétienne, les obstacles sont nombreux. L’indifférence ambiante, nos faiblesses et les tentations peuvent venir nous décourager…Ne nous laissons pas abattre. Jésus nous donne son ultime parole, selon l’évangile de St Matthieu : « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». C’est vrai à travers sa Parole, ainsi qu’à travers le frère ou la sœur qui nous soutient, c’est vrai tout particulièrement dans son corps et son sang que nous allons recevoir maintenant…Jésus le Christ nous donne sa vie divine, soutien pour notre marche aujourd’hui, et gage de notre divinisation dans la vie éternelle. (2014-05-29)

Homélie du 18 mai 2014 — 5e dim. de Pâques — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

ANNÉE A - 5e DIMANCHE DE PÂQUES -

1ère lecture : Actes 6,1-7

2ème lecture : 1ère Lettre de Pierre 2,4-9

Évangile selon saint Jean 14,1-12

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Ce discours de Jésus après son dernier repas, nous l’avons certainement écouté pleins de bonne volonté, reconnu comme un passage déjà entendu... Mais avouons que ces paroles sont toujours déconcertantes, comme souvent l’Evangile et plus encore peut-être l’évangile selon saint Jean ! Rassurons-nous, les disciples, Thomas et Philippe ont l’air tout aussi déconcertés que nous…

Une des clés de ce texte serait peut-être, son insistance sur la foi.

On y trouve en effet plusieurs fois répété le verbe "croire".

Jésus invite ses disciples à croire en lui, comme ils croient en Dieu : leur foi en Dieu semble évidente, mais elle doit devenir le point d'appui de leur foi en Jésus lui-même. Et il s'agit ici de la foi en la personne même de Jésus, tel qu’il se révèle à nous :

- d’abord comme précurseur chez son Père, préparateur d’une demeure pour chacun de nous dans la maison du Père : "Je pars vous préparer une place ; quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi."

Cela nous interroge : sommes-nous bien en attente de cette demeure, tendu vers la maison du Père ? Nous nous contentons bien souvent de vivre au jour le jour, sans nous soucier de cet « ailleurs » qui nous appelle à nous ouvrir dès maintenant à un Autre qui a visage de Père.

L’évangile de Matthieu (18,20) nous apprend que l'habitation de Dieu en nous se réalise quand la foi se vit par et dans l'union entre nous. "Aller vers le Père" n’a rien d'une « dévotion » individuelle par laquelle nous nous unirions solitairement à Dieu, mais c’est une ouverture aux autres par lesquels Dieu vient à nous, attendant notre accueil. Dans sa première lettre, Jean nous dit aussi que nous ne pouvons aimer le Père que nous ne voyons pas si nous n'aimons pas nos frères que nous voyons (4,20). Le Christ a disparu à nos yeux : désormais sa visibilité passe par nos frères. C'est pour cela qu'il y a une Église, c'est-à-dire un rassemblement, dont le rite central est l’écoute ensemble et un repas fraternel.

Être tournés déjà vers le Père, c’est chercher à rejoindre la source inépuisable de toute vie, de tout ce qui vit. Tous les textes bibliques qui nous parlent du désir de Dieu, depuis le psaume 42 jusqu’à la rencontre de Jésus avec Nicodème ou la Samaritaine, ont pour objet ce désir de vivre, de rejoindre le lieu de la perpétuelle naissance et renaissance. Or ce Lieu est le Père vers lequel Jésus précisément est venu nous entraîner. Il est créateur de tous et vient nous rencontrer à travers eux. S’il faut donc « passer », par tous les autres, proches ou lointains, c’est pour aller vers le Père qui nous donne la vie. Jésus récapitule tous ces « autres » par lesquels nous avons à passer parce qu’ils sont sa présence aujourd’hui dans notre monde.

Croire en Jésus, c’est croire cela, c’est le rejoindre là où il est, là il veut nous emmener avec lui, dans la maison du Père.

Mais Jésus, en qui nous devons mettre notre foi se révèle dans notre évangile encore autrement :

- comme l’unique "Chemin" vers le Père : "personne ne va vers le Père sans passer par moi". "Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" et finalement "Je suis dans le Père et le Père est en moi."

Jésus "montre" le Père comme il l'a fait "voir" aux cœurs ouverts tout au long de sa vie terrestre, par "ses paroles" et "ses œuvres" : "Qui m'a vu a vu le Père". "Les paroles que je vous dis, je ne vous les dis pas de moi-même...C'est le Père qui est en moi qui accomplit ses propres œuvres..."

Croire en Jésus, c’est le rejoindre dans ce qu’il est, dans ce qu’il dit, marcher en lui, vivre en lui, dès aujourd’hui, dans notre monde. Mais n’oublions pas que notre marche vers le Père, si elle dépend de notre choix, ne peut se réaliser que dans et par le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie ».

Qui s'unit au Christ rencontre déjà le Père. Et depuis son départ, redisons-le, nous ne pouvons-nous unir au Christ qu'en nous ouvrant à nos frères.

Pas facile de croire cela, pas facile de faire ce qu’il nous dit,

pas facile pour les disciples… pas facile pour nous aujourd'hui !...

Mais finalement Jésus propose à ses disciples, nous propose à nous, de croire, non seulement à cause de sa "parole", mais à cause de ses "œuvres"... ses "œuvres" qui sont l'expression de l'amour miséricordieux du Père.

Il faut toujours nous confier à Jésus qui nous habite et nous achemine vers notre vérité, c'est-à-dire vers la plénitude de notre création. Lui seul est le chemin, la vérité et la vie.

Ecoutons-le : croire en lui, marcher en lui, c’est resurgir à la vie, c’est ressusciter !(2014-05-18)

Homélie du 11 mai 2014 — 4e dim. de Pâques — Frère Servan
Cycle : Année A
Info :

Année A - 11 mai 2014 - 4° Dimanche de Pâques

Jean 10

Homélie du F.Servan

Texte :

" C'est Lui le pasteur, le berger des brebis" ... et, un peu plus loin :" Je suis le bon pasteur, le vrai berger".

(non pas le gentil berger, mais le bon, en contraste avec les mauvais qualifié de voleurs et bandits): le vrai, par rapport au faux berger}le fort et le courageux par rapport au berger à gages, au mercenaire)

Plutôt qu'une belle image bucolique et pastorale (les images de communion du temps de ma grand-mère, un peu trop gentilles et romantiques), dans ces paroles de l'Evangile nous avons l'accomplissement, la plénitude d'une des figures importantes de l'Ecriture sainte et de 1 révélation biblique. Abraham Isaac et Jacob étaient des pasteurs vivant sous la tente, bergers de brebis et autres ... Donc, pour eux, expérimenter et invoquer Dieu comme" le Berger de son peuple" cela voulait dire quelque chose! De même Moïse et David furent bergers ... mais ces 2 là sont appelés à laisser leur troupeau pour conduire le peuple dans une marche, une histoire avec Dieu: " Dieu a besoin des hommes et en appelle à être pasteurs de son peuple !" .... aujourd'hui comme hier ...

" les eaux en te voyant, Seigneur, les eaux tremblèrent ... Tu as conduit comme un troupeau ton peuple par la main de Moïse et d'Aaron "Ps 76

" .. .il choisit David son serviteur; il le prend dans les parcs à moutons; il l'appelle à quitter ses brebis pour en faire le berger de Jacob, son peuple, d'Israël son héritage" (ps 77)

Nous savons que les suivants, les rois-bergers et les guides du peuple furent décevants, pas à la hauteur. .. d'où la dénonciation' mais aussi les promesses faites par les Prophètes; tel le prophète Ezéchiel

"Ainsi parle le Seigneur Dieu: Malheur aux bergers d'Israël qui se paissent eux-mêmes ... Mon troupeau s'est dispersé sur toute la surface du pays sans personne pour le chercher. Alors, je vais chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin. Je le conduirai vers un bon pâturage ... " nous sommes proches vous le voyez, et du Psaume que nous avons chanté et de notre Evangile et aussi de la parabole de la brebis perdue que nous avons en Matthieu et Luc.

Ici un petit conseil: en ces jours de la Pâques et quand il y a un peu de soleil, je ne saurai trop vous conseiller de faire halte dans la chapelle de Béthanie, sur la route de la ferme, les vitraux de Marc Hénard y chantent bien la joie pascale, et après avoir allumé les lumières, regardez et priez un peu avec le tableau du fond où sont inscrites les paroles d'Ezéchiel ! En sortant, ne pas oublier d'éteindre la lumière: Merci.

Dans notre Evangile, la promesse messianique s'accomplit; elle est même dépassée! Ainsi, non seulement les brebis reconnaissent la voix du Berger, mais Il les appelle chacune par son nom.

Et, ces paroles en " Je suis : "Moi, je suis le Berger, le bon, le vrai" Moi, je suis la porte" ...

Nous touchons ici la réalité et le mystère de Jésus le Christ que l'Evangile de Jean essaie de dire avec sept paroles en " Je SUIS" !" Je suis la lumière du monde, la porte, le bon berger, la résurrection et la vie, le chemin, la vérité, la vie, la vigne -" ... " pain-lumière-porte-berger-chemin- vérité-, " C'est-à-dire ce que l'être humain recherche pour accéder à la vie en plénitude !

Non pas paroles de prétention-domination ... mais pour la vie de l'homme: " Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance"

L'histoire sainte est montée jusqu'au Christ; elle en redescend dans l'histoire de son Eglise ( " J'ai encore d'autres brebis ») et de nouveau, des hommes, des femmes sont appelés pour être pasteurs et bergers avec le Christ. Depuis l'apôtre Pierre:" Pierre, m'aimes-tu? Sois le berger de mes brebis jusqu'au pape François dont le beau texte récent" La joie de l'Evangile " est précisément une exhortation "pastorale" ... pour réveiller les grands ou petits pasteurs ... un peu dans le genre d'Ezéchiel ! :" Sortons, Sortons de nous-mêmes vers les petits et les pauvres, les gens en marge, à la périphérie ... Ne soyons pas des gestionnaires un peu tristes et désabusés, au lieu d'être des pasteurs pénétrés de " l'odeur de leurs brebis " ... Cela je vous le demande: soyez des pasteurs avec" l'odeur de leurs brebis ", que celle-ci se sente ... Je vous en prie.!" (2014-05-11)

Homélie du 04 mai 2014 — 3e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 3e dimanche de Pâques – 4 mai 2014

Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35

Homélie du F.Hubert

Texte :

Une lecture, le samedi saint, m’a marqué

et poussé à une lecture peut-être un peu inhabituelle de l’évangile de ce jour.

L’auteur y parle du « baiser échangé par le Christ et Judas au mont des Oliviers ».

Baiser mortifère de Judas à Jésus. Mais aussi baiser de Jésus à Judas.

Baiser d’amour répondant à un baiser mortifère.

Le précédant même.

Car le geste d’amour est premier, il demeure, il ne passe jamais.

Toujours offert.

Jésus appelle Judas : « Ami ».

Judas en est bouleversé,

puisque les trente deniers lui brûlent ensuite les doigts,

et qu’il les rend, reconnaissant avoir livré un sang innocent.

Au soir de Pâques, Cléophas et son compagnon s’éloignent de Jérusalem.

Ils parlent entre eux de tout ce qui vient de se passer :

l’accueil triomphal de Jésus le long du mont des Oliviers,

ses enseignements chaque jour dans le Temple,

le dernier repas, celui de la Pâque,

l’heure des ténèbres au même mont des Oliviers, l’arrestation du Maître,

son simulacre de procès, son supplice, sa mort.

Ils sont déchirés de part en part.

Submergés. Anéantis.

Mais peut-être aussi ne sont-ils pas être fiers d’eux-mêmes :

comme les autres, n’ont-ils pas abandonné celui qui les avait appelés,

qu’ils avaient suivi, qu’ils aimaient : leur Maître ?

Labourés de fond en comble.

Désorientés par leur incompréhension radicale de celui que pourtant ils avaient cru connaître.

Ils avaient cru en sa parole, et sa parole s’était révélé finalement inefficace, inopérante.

« Il était un prophète puissant devant Dieu et devant le peuple, et nos chefs l’ont crucifié. »

« Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu ! »

Ils avaient entendu ces ricanements : comment avaient-ils résonné en eux ?

Au soir de ce troisième jour, ils s’enfuient, partageant leur désarroi, leurs questions,

leur déception sans fond,

et peut-être, cachée, étouffée mais néanmoins présente,

une espérance, envers et contre toute apparence ?

C’est là que Jésus les rejoint : dans leur marche, leur fuite, leurs ténèbres.

Loin de les abandonner, il marche avec eux,

il suscite l’expression de leur douleur, de leur désespoir, de leurs questions.

Il les écoute.

Puis c’est lui qui parle. Lui, la Parole.

Il reprend avec eux les Ecritures :

« Partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Ecriture,

ce qui le concernait. »

Toute l’Ecriture prophétisait sa Passion et sa Résurrection,

et, à travers elle, la fidélité absolue de Dieu.

« Mon fils, mon fils, criait David en pleurant, que ne suis-je mort à ta place ! »

Au fur et à mesure, leurs cœurs se réchauffent, accueillent la lumière, la vie à sa source,

la Parole d’amour qui jamais ne se dédit.

Ils reprennent vie peu à peu.

Reprenant vie, ils ne veulent pas que ce compagnon les quitte.

Les voici à table ensemble.

Jésus bénit et rompt le pain.

Alors leurs yeux s’ouvrent : ils reconnaissent ses gestes : ce ne peut être que Lui.

Et comment pourraient-ils ne pas relier immédiatement ces gestes

à ce qu’il a fait trois soirs plus tôt ? « Ceci est mon corps, donné pour vous. »

« Ceci est la coupe de la nouvelle Alliance en mon sang, répandu pour vous. »

Alors sa mort, c’était vraiment le don de sa vie,

sa manière à lui de rejoindre chacun, dans ses fidélités et ses infidélités…

Ils espéraient que Jésus allait être le libérateur d’Israël :

ils comprenaient tout d’un coup que c’était eux-mêmes qu’il libérait en livrant sa vie,

que c’était l’homme, tout homme, qu’il libérait

en offrant son baiser d’amour à chacun de nous, jusque dans ses choix mortifères.

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Anéantis par la mort de Jésus, ils le découvrent ressuscité des morts,

mais, si j’ose dire, ils font plus profondément encore l’expérience de leur propre résurrection.

Dans la parole et le pain partagés, toujours offerts,

ils viennent de comprendre de quel amour ils sont aimés,

et que rien désormais ne peut leur ôter la vie nouvelle que Jésus vivant leur offre sans mesure.

En Jésus se manifestait ainsi « l’infini de la Rédemption, l’inépuisable mouvement d’assomption de l’inhumain par l’humain, la Miséricorde comme l’éternelle consumation du mal qui délivre tout homme. »

J-F Bouthors Délivrez-nous du mal p. 116.

Alors, à l’instant même, ils se lèvent (la résurrection), ils font demi-tour,

retournant à Jérusalem pour annoncer et partager la Bonne nouvelle :

la conversion et le pardon des péchés.

Depuis ce jour, des hommes et des femmes se succèdent au fil des siècles, qui font l’expérience de cette résurrection et témoignent de cette Bonne nouvelle.

Nous-mêmes, aujourd’hui, accueillons l’invitation du pape François

à « renouveler aujourd’hui même notre rencontre personnelle avec Jésus Christ »,

car « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui le rencontrent.

Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse,

du vide intérieur, de l’isolement.

Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. »(2014-05-04)

Homélie du 27 avril 2014 — 2e dim. de Pâques (de la Miséricorde) — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Années A et B - 2ème Dimanche de Pâques -

27 Avril 2014

Jn 20/19-31

Homélie du F.Antoine

Texte :

Thomas ... un homme si proche de nous .. .il doute . .il veut des preuves concrètes et s'assurer par lui -même! Ce qui peut se comprendre car l'histoire de Thomas c'est d'abord l'histoire d'une absence ... et l'absence dans l'Ecriture a une note péjorative.

A la Cène, Judas s'absente ... Au Golgotha, les disciples ne seront plus qu'un et quand Marie de Magdala arrive au tombeau .. .il n'y a plus personne ! .Cette absence ne serait-elle pas un signe?

Le signe de l'absence de la foi.. .de l'absence de l'amour?

Dans l'Evg d'aujourd'hui, au soir de Pâques il est donné aux apôtres de faire cette expérience, qui parcourt l'Evg de Jean ... l'expérience de voir ... de croire.

Déjà au matin de Pâques, devant les bandelettes, Jean, le disciple bien aimé, voit et croit.

Au matin de Pâques, devant le tombeau ouvert, Marie de Magdala entend une voix connue,

Elle se retourne, elle voit ... elle croit ... elle court annoncer la nouvelle ...

En ce soir de Pâques, c'est Jésus qui donne aux disciples de contempler ses mains et son côté ...

Ils voient ... ils croient: et dès l'arrivée de Thomas, ils lui crient:

« Nous avons vu Le Seigneur! »

Un Nous qui est pour le première fois .. Je Nous de l'Eglise!

Un Nous qui est celui de l'unité des disciples dans la Foi.

Le Nous de la Bonne Nouvelle qui accompagnera la prédication de Pierre comme le témoignage

D'Etienne dans son martyre ... un Nous qui dit avec force que notre Foi personnelle se vit

En union avec la Foi de l'Eglise.

C'est ensemble que nous disons notre Père ... Donne Nous ... Pardonne Nous ... Délivre Nous ...

« Nous avons vu le Seigneur« disent les apôtres!

A quoi répond le défi de Thomas :

« Si JE ne vois pas, si JE ne mets pas mon doigt .. JE ne croirai pas ! »

Le JE d'un homme libre ... mais le JE du doute .. de la méfiance qui exige des preuves et bâtit sa certitude sur la seule expérience personnelle.

C'est au chapitre 3 de la GN que l'on rencontre le premier emploi du JE ..

Adam est absent, Dieu le cherche:

« JE t'ai entendu -dit Adam- J'AI eu peur, JE me suis caché. »

Un JE qui s'inscrit dans le registre de la peur et du refus

Si JE ne vois pas .. .JE ne croirai pas dit Thomas

Refus ••. Peur de manquer de certitude qui nous rappelle que la Foi est un combat, jamais gagné,

Toujours à recommencer ... une folle aventure à laquelle seul Dieu peut nous inviter.

Frères et Sœurs, ....

IL est en chacun de nous un Thomas qui nous pousse à rester trop souvent absent

Absents aux rendez-vous de la Foi comme aux occasions d'aimer.

Absents aux appels de Celui qui nous a laissé la plus grande des Béatitudes :

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Oui, Heureux sommes-nous

Quand nous dépassons l'apparence des évènements pour y. découvrir la réalité de Dieu.

Quand devant toute personne blessée dans sa chair comme dans sa dignité, nous savons reconnaître

en elle la marque des clous, la plaie sur le côté.

Quand nous déverrouillons les portes closes de notre cœur pour les ouvrir au Christ ressuscité ...

. . . . Alors, oui, heureux sommes-nous ! (2014-04-27)

Homélie du 26 avril 2014 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

VIGILE PASCALE 19.04.2014

Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Il y a une semaine, au sortir de l’enterrement de Stéphane parti tragiquement, une personne me disait : « On sent que les gens qui ont la foi ont quelque chose de plus qui les aide à vivre cet évènement dans la paix… » Sans bien savoir le dire, elle avait perçu dans cette célébration pleine d’espérance quelque chose qui ouvrait, qui faisait sens…dans la douleur éprouvée face au non-sens de la mort innocente d’un jeune.

Frères et sœurs, ces gens qui ont la foi, c’est nous, réunis ce soir. Une foi petite ou grande, une foi tâtonnante ou hésitante parfois. Croyant, nous sommes conscients d’avoir reçu un beau cadeau. Comme tous les cadeaux précieux, nous savons aussi tout le soin qu’il demande. Mais nous mesurons combien sont grandes la force et la paix qu’il procure. Et en cette nuit, comme en aucun autre moment de l’année, notre foi chrétienne rayonne de tout son éclat, mais aussi de toute sa joie profonde…Nous fêtons et accueillons le Christ ressuscité. Nous nous réjouissons de confesser que la mort n’a pas le dernier mot. Oui, dans la résurrection du Christ, la vie de chacun avec ses échecs, ses difficultés, ses recherches et ses souffrances est ressaisie. Rien n’est perdu, tout est repris, transformé, et transfiguré…

En cette nuit, il est bon de mesurer à quel trésor de sens et de vie nous introduit la foi chrétienne. Toute la liturgie déploie avec beauté ce trésor. Elle l’ouvre à notre intelligence et elle nous donne aussi d’y prendre part pleinement. Arrêtons-nous pour reconnaitre ce trésor.

Le trésor de la foi est présenté à notre intelligence à travers tous les textes de l’Ecriture que nous avons entendus. Nous découvrons alors l’unique et immense dessein de Dieu. Depuis le temps de la genèse jusqu’à la résurrection du Christ, c’est un même projet d’amour et de vie que Dieu a réalisé pour l’homme et pour toute sa création. Dans la résurrection du Christ, toute l’histoire du peuple juif et de l’humanité s’éclaire : la création est renouvelée entièrement. L’offrande d’Abraham figure le don de Dieu qui a consenti à nous livrer son Fils, et l’obéissance d’Isaac figure l’obéissance de Jésus. Le passage du peuple d’Israël à travers la mer annonce le passage de Jésus de la mort à la vie, et notre propre libération réalisée dans le baptême. Les paroles des prophètes nous font entendre combien l’amitié de Dieu pour son peuple qui a souvent résisté, n’est pas prise en défaut. Dans la résurrection du Christ, son amour nous est acquis définitivement ; son pardon et son Esprit nous sont largement offerts. Le Dieu de la Vie veut rendre l’homme vivant. Aujourd’hui il nous entraine à la suite de Jésus pour être vraiment des hommes et des femmes debout, en vivant de sa vie de ressuscité…

Et déjà c’est dans cette vie que notre liturgie veut nous conduire davantage. Nous partageant abondamment le trésor de la foi, elle nous donne de prendre part à la vie nouvelle de Jésus. Déjà nous avons accueilli le Christ comme la lumière de nos pas. En entrant dans cette célébration, nous avons suivi le cierge pascal et nous avons chanté le Christ notre lumière. Oui, le Christ vivant projette sur nos existences humaines une lumière nouvelle. Il éclaire toute chose de cette lumière neuve qui permet d’ouvrir une espérance là où on ne voit plus. Le Christ lumière vient changer notre regard sur le monde et sur nos vies. Au cœur du plus obscur, il est là, lumière à nos côtés, comme un fidèle compagnon de marche.

Dans quelques instants, nous allons renouveler nos promesses baptismales. Dans le baptême, le Christ nous a libérés de l’emprise du mal et de la mort. Nous avons part à sa vie plus forte que nos peurs et que nos esclavages. En confessant notre foi, et en venant nous signer dans l’eau, nous exprimerons notre engagement à vivre toujours plus en enfants de Dieu, libres de tout asservissement.

Le trésor de la foi qui est offert à profusion en cette nuit, culminera dans notre participation à l’Eucharistie. En mémoire de la mort et de la résurrection du Christ, nous nous unirons au sacrifice du Christ. Nous recevrons son Corps et son Sang, vraie nourriture pour la route d’ici-bas tendue vers la Vie éternelle…et déjà, communion à sa vie divine…

Oui frères et sœurs en « cette nuit de vraie bonheur » comme nous le chantions dans « l’exultet », le trésor de la foi nous est donné à profusion…C’est la vie du Christ Ressuscité qui nous est communiquée. Laissons-la faire son œuvre en nous. Le Christ fait de nous des vivants appelés à transmettre la vie tout autour d’eux. (2014-04-19)

Homélie du 20 avril 2014 — Dimanche de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - Pâques 20-04-2014

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Jérusalem, le matin de Pâques. L’ambiance est lourde. Jésus de Nazareth est mort crucifié il y a deux jours. Pourtant, le dimanche d’avant, le peuple l’avait acclamé comme le roi qui rendrait à la Ville son autonomie, sa splendeur, sa suprématie sur toute autre, elle la Ville de Dieu. Et puis, Jésus n’a pas saisi sa chance sur le moment, et il a suffi de quelques jours pour que le vent tourne complètement, que ses ennemis reprennent la main, que la foule influençable passe de l’enthousiasme à la haine. Et aussitôt Jésus mort, les gens se rendent compte que quelque chose ne va pas, que cette mort est une tragédie…Mais il est trop tard. Il est mort et enseveli. Ce ne sont même pas ses disciples proches qui s’en sont préoccupé : Jésus mort, ceux-ci se sont barricadés dans une pièce afin qu’il ne leur arrive pas le même sort. Deux disciples plus cachés, qui ne se ‘étaient pas ouvertement déclarés pour lui pendant sa vie, l’ont mis dans un tombeau dont ils ont roulé la pierre, et ils sont partis. Des femmes qui voudraient lui rendre les devoirs funèbres que la loi stricte du sabbat a empêché de lui donner, rôdent autour du tombeau…Tout cela est très triste.

Et voici qu’une rumeur commencer à courir. Le tombeau aurait été ouvert on ne sait comment et on n’y a pas trouvé le corps, ce que deux disciples ont été vérifier. Et puis, le Christ serait apparu vivant : à des femmes, à des disciples, à Pierre, aux apôtres enfermés. Et, dans tous les cas, le scénario est le même : Jésus apparaît on ne sait comment et il disparaît de même : en ce sens, il n’appartient plus à notre monde où on n’apparaît pas parce qu’on est là et que tout le monde le voit. Et pourtant, c’est bien lui : il le dit et le répète, il se laisse toucher, il fait reconnaître ses plaies, s’il le faut il mange un peu pour prouver son identité. Il est tout à fait le même et il est tout à fait autre. Allez comprendre !

Alors, Jésus explique : il reprend les Ecritures d’Israël depuis le début, et il montre que depuis le début, entre Dieu et l’homme, c’est une histoire d’amour. Il fait comprendre que la vie et la mort sont les deux aspects de l’amour : aimer = donner sa vie à ceux qu’on aime, pour ceux qu’on aime et donc la perdre ; aimer, recevoir la vie de ceux qu’on aime et donc ne pas la posséder, jamais. Il y faut un long apprentissage, pas mal d’erreurs, pas mal d’échecs, mais l’amour est le plus fort : C’est l’histoire d’Israël, c’est la nôtre. La vie, l’enseignement, la mort de Jésus sont la manifestation parfaite de l’amour, - et les disciples d’Emmaüs, quand ils entendent cela en ont leur coeur tout brûlant, la brûlure de la vérité sur l’amour.

Enfin, Jésus envoie ses disciples : l’enseignement de Jésus les a ressoudés, et ils peuvent aller raconter le Mystère de Pâques et la relation d’amour qu’il instaure entre Dieu et les hommes, entre les hommes entre eux. Pour faire cela, ils ont besoin d’une force d’en-haut, qui ne leur est pas refusée, l’Esprit-Saint qui les harmonise de l’intérieur avec le message qui leur est confié.

Mes frères, nous en sommes là : Eglise de Jésus, nous gardons le témoignage de mort et de la résurrection de l’Homme nouveau, tout à fait le même et tout à fait autre. Nous continuons de méditer l’Ecriture qui nous atteste le sens de ce message, au fur et à mesure que se déroulent nos vies. Nous nous savons envoyés pour en vivre et pour le communiquer. Pour comprendre peu à peu le sens de la mort qui, de tant de manières, habite la vie des hommes et ne pas le séparer de la foi en la résurrection opérant en nous dès ici-bas. Pour en témoigner, avec le plus possible de délicatesse et de fermeté, afin que l’espérance ne défaille pas.

La paix soit avec vous !(2014-04-20)

Homélie du 18 avril 2014 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

VENDREDI SAINT 18.04.2014

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« C’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé »…En écoutant ces paroles du prophète Isaïe, les chrétiens ont spontanément reconnu Jésus dans le serviteur méprisé et défiguré…La souffrance humiliante et la mort horrible que Jésus a vécu s’en trouvent alors illuminées de l’intérieur par le don de lui-même et par l’amour offert. Sur la Croix, Jésus n’a pas subi, il a porté. Il ne s’est pas résigné, il a consenti. Sur la croix, Jésus a fait sienne la parole du psalmiste : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » (Ps 21,2), afin d’épouser jusqu’au bout notre condition humaine abandonnée au non-sens de la mort. Mais il a fait sienne aussi la parole d’un autre psalmiste : « En tes mains, je remets mon esprit », « mes jours sont dans ta main, délivre-moi » (Ps 31, 6, 16) pour ouvrir à notre condition humaine le chemin de la confiance au Père…La souffrance et la mort ont détruit Jésus en sa chair. Mais son amour filial a transformé la fatalité en une voie d’espérance tendue vers son Père. Celui-ci a répondu en faisant surgir Jésus du tombeau…

En ce jour, nous célébrons l’amour du Christ qui, sur la Croix, a jeté définitivement une autre lumière sur nos souffrances et sur notre mort. Nous ne sommes plus seuls à les porter. Jésus les a prises et les a sauvées. C’est pourquoi dans quelques instants, nous prierons avec confiance Dieu notre Père, en élargissant notre regard afin d’y inclure tout être humain. Les plus lointains et les plus proches. Nous n’oublierons pas la famille voisine de la ferme éprouvée par le décès subi de Stéphane à 19 ans. Sur la Croix, Jésus s’est abaissé par amour pour nous. C’est pourquoi, nous allons vénérer la croix, avec humilité et reconnaissance pour le don de son Amour offert. En communiant au Corps du Christ, nous recevrons le fruit de la victoire, la vie du Christ Ressuscité. (2014-04-18)

Homélie du 17 avril 2014 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

JEUDI SAINT 17.04.2014

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Il les aima jusqu’au bout »…Voici, frères et sœurs, comment Jean relit le dernier geste de Jésus lors de son dernier repas…Nous tenons là une clef de compréhension des célébrations pascales qui s’ouvrent ce soir…Jésus achève sa course parmi les hommes. Course glorieuse tout d’abord du prophète adulé par les foules. Course peineuse du maitre de plus en plus contesté par les responsables du peuple. Course finalement avortée dans la fin tragique qui se profile…Qu’est venu faire ce prophète ? Annoncer le Royaume de Dieu ? Faire des miracles ? Révéler un autre visage de Dieu qu’il appelle son Père ?

« Il les aima jusqu’au bout »… Certainement les disciples se sont-ils sentis aimés du Christ auprès duquel ils ont vécu pendant 3 ans. Ils ont reconnu que ce maitre les aimait lorsqu’il parlait, car ces paroles faisaient du bien. Elles remettaient debout, elles redonnaient confiance. Ils ont aussi éprouvé son amour à travers les corrections ou les interpellations qui ont pu les bousculer parfois. En ce soir, au cours de ce repas, Jean perçoit avec plus d’intensité combien Jésus aime des siens en se mettant à leurs pieds pour les laver.

« Il les aima jusqu’au bout ». Le Maitre et le Seigneur s’abaisse pour prendre soin de chacun dans ses besoins corporels les plus élémentaires…Et ce « jusqu’au bout » dérange Pierre qui doit accepter de se laisser faire, sans comprendre…Si, c’est pour avoir une part avec Jésus, il accepte…De même si l’on prend l’autre récit entendu, celui de Paul, les disciples qui ont entendu : Prenez et mangez, ceci est mon corps, ont-ils mieux compris ce que leur disait Jésus ? Cependant manger et partager un moment convivial est plus facile à accepter que de se laisser laver les pieds… L’amour humble qui s’exprime là demande en retour l’humilité de l’accueil. Les disciples vivaient le moment présent de ce repas, mais Jésus vivait déjà l’ultime heure du don de lui-même à son Père, et à ses amis. Par le signe du lavement, par le don du pain et du vin, il annonçait et réalisait en même temps le don total de sa vie offerte sans retenue pour ses amis. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne… »

« Il les aima jusqu’au bout ». Cette parole, comment pouvons-nous l’entendre encore pour nous aujourd’hui…Ne se conjugue-t-elle qu’au passé ? En célébrant ce soir, la sainte Cène, mémorial de l’offrande du Christ, nous savons que le « jusqu’au bout » de l’amour du Christ ne s’arrête pas à la vie terrestre de Jésus. Il embrasse toute l’histoire humaine. L’amour du Christ ne cesse d’accomplir son œuvre pour qu’il atteigne « jusqu’au bout » chacune de nos vies. Il tend à l’accomplissement de toute l’histoire humaine en Dieu…En actualisant ce soir, en rendant présent le geste d’offrande de Jésus en son corps livré et en son sang versé, nous accueillons aujourd’hui le salut et l’Amour du Christ. Par l’Eucharistie, par les sacrements, l’Eglise est devenue la servante de l’Amour du Christ qui n’a de cesse de rejoindre chacun. Jusqu’à ce qu’Il vienne, jusqu’à ce que le Christ ait mis tous ses ennemis sous ses pieds, l’Amour du Christ est à l’œuvre chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie.

Il les aima jusqu’au bout…Pour mesurer tout l’impact de cette affirmation de Jean, il nous faut encore faire un dernier pas dans la compréhension…Quand Jésus invite ses disciples à se laver les pieds les uns aux autres, comme lui-même a fait pour eux, il fait d’eux des coopérateurs de son Amour jusqu’à la fin de temps. Jésus nous fait la joie de savoir à quel point il nous aime en chaque eucharistie. Et dans le même temps, à chaque eucharistie, il nous envoie. Il fait de nous des êtres appelés à aimer jusqu’au bout. Jésus a besoin de notre amour donné et offert humblement là où nous sommes pour que s’étende « jusqu’au bout » l’œuvre d’amour commencée depuis la Galilée, il y a 2000 ans. Le monde attend encore la révélation des fils de Dieu qui s’aiment et se servent comme des frères, humblement et joyeusement à l’image de leur Maitre…

En cette eucharistie, laissons-le Christ nous aimer jusqu’au bout, et laissons-le nous transformer en des coopérateurs actifs de son Amour… (2014-04-17)

Homélie du 13 avril 2014 — Dimanche des Rameaux — Frère Guillaume
Cycle : Année A
Info :

Année A - HOMELIE du dimanche des Rameaux et de la Passion -13/04/2014

(Matth. 21,1-11 ; Isaïe 50,4-7 ; Phil. 2,6-11 ; Matthieu 26,14 à 27,66)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Ce dimanche des Rameaux et de la Passion est le seul dimanche de l’Année Liturgique où l’Eglise nous propose d’écouter 2 évangiles. Le premier, au début de la célébration, à l’extérieur, joyeux et lumineux, après la bénédiction des rameaux. Il ouvre la procession qui nous a conduits à l’intérieur de l’église. Et là nous avons écouté le second évangile, long et douloureux, celui de la Passion et de la mort de Jésus en Croix.

Pourquoi 2 évangiles à priori si différents dans leurs tonalités ? Leur rapprochement peut-il faire signe pour nous ? Quel sens donner à cette juxtaposition qui est donc une exception liturgique ?

En fait l’un et l’autre de ces textes orientent, au seuil de la Grande Semaine Sainte qui culminera dimanche prochain à Pâques, vers le mystère profond de l’identité du Christ et de sa mission.

Saint Matthieu emprunte le vocabulaire royal pour exprimer cette identité paradoxale. Jésus est bien le roi de paix, annoncé par le prophète Zacharie, monté sur un petit âne, selon le rite en usage depuis le roi David. Jésus est acclamé par la foule, comme le Messie-Roi, fils de

David. Il n’entre pas à Jérusalem, monté sur un cheval, à la tête d’une armée, comme le ferait un puissant de la terre. Il est le Roi doux et humble de cœur, qui vient à la rencontre de son peuple qui l’acclame dans la joie avec des palmes, des rameaux .

Le renversement d’attitude de cette foule de Jérusalem n’en est que plus impressionnant dans l’évangile de la Passion, où nous l’entendons crier à l’adresse de ce même Jésus : « Salut, roi des juifs ! ». Jésus est devenu le roi humilié, tourné en dérision, bafoué, insulté, maltraité et finalement crucifié et mis à mort. Pilate l’interroge : « es-tu bien le roi des juifs ? » et l’écriteau de la Croix, désignant le motif de sa condamnation porte l’intitulé : « celui-ci est le roi des juifs », écrit en hébreu, grec et latin nous précise l’évangile de Jean. Les soldats romains, eux, ricanent. Les chefs des prêtres se moquent de lui, avec les scribes et les anciens : « il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même. C’est le Roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la Croix, et nous croirons en lui ! »

Frères et sœurs, ce qu’il nous est donné de comprendre dans ce renversement de la foule et de son attitude envers Jésus entre les 2 évangiles renvoie en fait au cœur le plus profond du mystère de la foi, de notre foi.

Mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, souligné et chanté dans l’hymne aux Philippiens de la seconde lecture. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, révèle la grandeur de sa Royauté en portant avec le bois de la Croix tout le péché du monde, tous les péchés des hommes, nos péchés. Ces textes, si nous les écoutons bien nous font entrer alors dans le mystère de l’amour du Christ, dont la puissance se révèle dans la faiblesse : faiblesse d’un petit âne oui, mais aussi faiblesse d’une mort infâme.

Ce dimanche des Rameaux et de la Passion peut et doit nous interpeller. Que sommes-nous venus célébrer en apportant ces petites branches de bois de buis pour les faire bénir et pour les rapporter dans nos maisons ? Sommes-nous prêts à les associer au bois lourd de la Croix porté par Jésus, mais aussi par Simon de Cyrène ?

Vous êtes invités à accrocher ces rameaux aux crucifix, aux icônes de vos maisons, mais plus profondément la liturgie de ce jour nous invite à nous accrocher au Dieu véritable qui se révèle comme l’Arbre de Vie dont les branches rejoignent le Ciel. Ce rîte des Rameaux, encore très populaire dans nos pays de tradition chrétienne, mais tellement sécularisés par ailleurs aujourd’hui, peut garder tout son sens si nous le dépouillons de toute superstition et si nous ne le séparons pas de l’annonce de la Passion et de la Résurrection du Christ.

Si nous comptons simplement sur une petite branche pour soutenir notre existence, nous serons forcèment, un jour ou l’autre déçus par ce Dieu de superstition. Car il y a bien des chances que vienne un jour où ce branchage trop fragile risque de plier et de rompre.

Mais si nous choisissons de nous approcher du Dieu véritable, qui se révèle comme Arbre de Vie, transformant le bois inerte de la Croix en Arbre éternel dont les branches rejoignent le Ciel, alors le mystère de la Passion de Jésus pourra vraiment éclairer et transformer nos vies. Ce mystère nous rejoint dans nos propres souffrances, et nous cesserons de soupçonner ou d’accuser Dieu de nous les envoyer, pour l’accueillir comme notre Espérance qui vient nous en délivrer éternellement

Nous comprendrons alors que Dieu est devenu souffrance et mort afin que nous participions à son bonheur et à sa Vie. Nous avons place dès maintenant , auprès de lui dans son Royaume, qui est tout autant celui de son Fils, et nous pouvons prier avec confiance : « Notre Père qui es aux Cieux, Que ton Règne vienne ! » AMEN (2014-04-13)