vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 23 juin 2013 — 12e dim. ordinaire — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

JUBILE de

50 ANS DE PROFESSION

Frère Rémi Gauthey

23.06.2013 - 12° Dimanche du Temps Ordinaire

(Za 12, 10-11 ; Ps 62 ; Ga 3, 26-29 ; Lc 9, 18-24)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Un jour de jubilé de mariage ou de vie religieuse est toujours une belle occasion de méditer sur la profondeur de nos engagements humains et chrétiens. Entre le jour de l’engagement et le jour d’aujourd’hui, 10 ans, 20 ans 25 ans ou 50 ans pour notre frère Rémi se sont passés. Que d’évènements vécus ont déployé la grâce initiale reçue alors…que de joies éprouvées, que de combats aussi, car pas de vie sans combat pour la fidélité. F. Rémi exprimera cela après la communion dans son action de grâce. Je voudrais à la lumière de la Parole de Dieu entendue ce jour, essayer de rejoindre la profondeur de notre engagement monastique, ce qu’il veut nous permettre de déployer pour la gloire de Dieu. Je vais me laisser guider par le Psaume médité après la 1ère lecture.

« Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube ». Cette prière du psalmiste trouve une forte résonnance dans le cœur d’un moine. S’il entre un jour au monastère, c’est parce qu’il est habité par une forte quête de Dieu. Chacun de nous a fait l’expérience d’un appel sous des formes très différentes, appel pressant à chercher Dieu. Dire « chercher Dieu », cela veut dire qu’il y a toute une part d’inconnue dans cette démarche. On entre avec la forte conviction que ce genre de vie nous permettra de grandir dans l’amitié avec Dieu et dans la joie de le servir avec des frères, mais on cherche. La formation va aider à vérifier que ce désir n’est pas illusoire et qu’il est vraiment le moteur de notre vie. Nous laisser conduire par ce désir est notre joie car il nous élargit sans cesse. C’est aussi notre épreuve, car cela nous bouscule sans cesse. Nous sommes entrainés dans une marche, St Benoit parle même de course, où s’arrêter peut signifier abandonner. Aussi, comment demeurer vivant dans notre désir de chercher Dieu ? En demeurant toujours à l’écoute de sa Parole. « Chaque matin, la parole me réveille » dit le prophète Isaïe. Chaque jour, la méditation de l’évangile et des Ecritures vient nourrir et aviver notre quête. Comme à ses disciple, le Christ nous pose la question : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ». Nous le savons, Jésus n’attend pas d’abord une réponse théologiquement correcte, mais il attend l’expression de notre cœur et de notre confiance en lui, en réponse à la grande confiance qu’il a en nous. Oui, la familiarité avec la Parole de Dieu veut nous faire grandir dans la familiarité avec le Christ, avec notre Père des cieux…de découverte en découverte, pour le chercher encore.

« Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom » poursuit le psalmiste…En quelques mots est exprimée ici ce qui a fait la première occupation et préoccupation de la vie de notre frère Rémi durant 50 ans…se tourner vers Dieu pour le chanter dans la prière de l’office, 7 fois par jour. Et f. Rémi nous a aidés à le faire en nous accompagnant à l’orgue. Oui, durant 50 ans, les premiers mots qui sont sortis de sa bouche, « dès l’aube », ont été pour Dieu lors de l’office des Vigiles ou de celui des Laudes. Là a été son bonheur et sa joie la plus profonde. Pour beaucoup, cette joie est difficile à comprendre. Comment est-ce possible de trouver de la joie, à venir à l’Eglise, entre 3 et 4 heures par jour, pour dire toujours les mêmes prières, semaine après semaine ? Cette joie, c’est la joie des enfants de Dieu qui, depuis le baptême, ont revêtu le Christ. Joie d’exprimer à Dieu notre Père, avec toute l’Eglise, notre reconnaissance pour le don de la vie et pour la grâce de la foi. Joie de recevoir les mots pour apprendre à nous tenir en sa présence. Joie de le chercher en le chantant. Et cette joie n’est pas exubérance facile ou superficielle. Elle est parfois inséparable d’un combat. Le combat des jours obscurs où soi-même on ne voit plus bien clair, où l’on vient à l’office avec des pieds de plomb, où la souffrance des hommes pèse tout son poids. La prière de l’office nous offre alors de pouvoir aussi déposer ces fardeaux, les nôtres et ceux des hommes. Devant notre Père, nous osons pousser les cris de détresse et douleur. Pouvoir le faire, fait grandir l’Espérance, et cela aussi est source de joie.

« Oui tu es venu à mon secours …Ta main droite me soutient… » Qui, mieux que le Christ, peut reprendre en vérité ces mots du psalmiste. Lui qui après avoir été rejeté par les anciens, tué, a été secouru par son Père qui l’a ressuscité. Et Jésus dans l’évangile, engage tous ceux qui veulent le suivre, à prendre leur croix, pour faire comme lui l’expérience d’être relevé par le Père, ressuscité par Lui. Notre vie chrétienne à la suite du Christ, quelle que soit la vocation, nous entraine à vivre cette profonde expérience du « qui perd gagne ». « Qui perdra sa vie pour moi, la sauvera ». Notre vie monastique offre une pédagogie propre faite de renoncement aux biens personnels, faite de dépendance vécue dans l’écoute et l’obéissance, faite d’une vie simple vécue dans le travail et le service mutuel, faite d’une vie fraternelle où l’on apprend à se recevoir des autres et à se donner à eux….Cette pédagogie nous éprouve et nous creuse, car il n’est pas facile d’apprendre à tout perdre pour tout recevoir de façon nouvelle…ce que nous expérimenterons de manière radicale quand nous mourrons et ressusciterons dans le Christ. F. Rémi, au sein de la communauté, tu apprends et nous apprenons avec toi et grâce à toi, cette vie à la suite du Christ. Cela demande du temps, car nous résistons souvent. Il n’est pas facile d’accepter de devenir vraiment libre, libre de cette liberté joyeuse de se donner tout entier. Nous mesurons ici la beauté de la fidélité à mener ce bon combat de la foi et de la vie monastique. Se donner jour après jour, jusqu’au Jour où le Père nous relèvera dans le Christ.

Ce matin, en disant merci à Dieu avec toi f. Rémi, pour ces 50 ans de vie monastique, pour sa fidélité qui nous accompagne toujours, nous présentons tout ce vécu en l’unissant à l’offrande du Christ en son eucharistie. (2013-06-23)

Homélie du 09 juin 2013 — 10e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

10e Dimanche du T. O. Année C, 9 juin 2013

Homélie du frère Hubert

Texte :

Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction.

Choisis donc la vie, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en t’attachant à lui.

Ainsi parle le Seigneur à son peuple Israël, dans le désert où il lui offrait son alliance.

Choisis la vie.

La vie est don de Dieu. Elle est aussi, de notre part, un choix.

Choix de croire en ce don de Dieu, malgré les apparences, malgré les épreuves, surtout dans les épreuves ; croire que Dieu n’a d’autre volonté que de nous donner la vie.

Aujourd’hui, St Luc nous montre Jésus, accompagné de ses disciples et d’une grande foule, faire route vers Naïm. C’est le cortège du Fils de Dieu, le cortège du Vivant, le cortège de la Vie.

En sens inverse, sortant de la ville, une autre foule accompagne une femme, portant en terre son fils unique. Elle a perdu et son mari et son fils. Plus de descendance possible. Plus d’avenir. Cortège de la mort.

Que va-t-il se passer à leur rencontre ?

Vont-ils se rencontrer ?

Jésus va-t-il se détourner, comme plus tard dans le même évangile de Luc, le prêtre et le lévite qui précèdent le samaritain compatissant ?

Dans nos vies, dans notre monde, quel est le vainqueur ?

Est-ce la vie, est-ce la mort ? Est-ce ce qui donne la vie, est-ce ce qui donne la mort ?

Loin de se détourner, Jésus fut saisi de pitié envers cette femme, comme le Dieu de tendresse et de pitié si souvent évoqué dans l’Ancien Testament.

La veuve ne fait rien, ne dit rien. Luc ne parle pas de sa foi, ne met aucune parole, aucune demande sur ses lèvres. La seule chose qui parle pour elle est sa détresse muette. Tout part de Jésus. L’évènement qui va se produire n’a aucune explication en dehors de ce qui se passe en Jésus : il est saisi de pitié. Comme Dieu qui a vu la misère de son peuple opprimé en Egypte, ou déporté à Babylone à cause de ses fautes.

Cortège de la vie ?

Luc évoque à de multiples reprises les foules qui font route avec Jésus. Cortège de la vie.

Mais nous savons qu’il présente la vie publique de Jésus comme une unique montée vers Jérusalem où il sera livré aux mains des hommes : le cortège du vivant est le cortège de celui qui donne non seulement la vie, mais sa vie.

La résurrection du fils de la veuve de Naïm peut nous paraître un acte facile pour Jésus. Dans le récit évangélique, il est clair qu’elle n’est possible que comme fruit de la Pâque du Christ, càd comme fruit du don que Jésus fait de lui-même pour nous ses frères pécheurs.

Jésus n’a vaincu la mort qu’en la traversant.

Et il l’a traversée en choisissant la vie, la vie qui lui vient et ne lui vient que de son Père :

Père, entre tes mains, je remets mon esprit.

La puissance de vie de Jésus ne lui vient que de sa foi absolue en l’amour de son Père,

en sa parole entendue lors de son baptême dans le Jourdain : C’est toi mon Fils : moi aujourd’hui je t’ai engendré. Cet aujourd’hui, cet engendrement, sont plus forts que toute rupture, tout péché, toute mort. Jésus a choisi de faire confiance à son Père, de ne recevoir que de lui. Il a choisi la vie.

Celle que rien ne peut tenir en échec.

Nous pouvons penser aussi à Marie, sa mère, qui a reçu dans ses bras son corps mort, supplicié.

Elle aussi a choisi la vie, a choisi de faire confiance à la parole de vie, à la promesse. Sa foi a devancé l’heure. Elle a reçu, au moment-même, toute l’humanité en filiation : Voici ton fils. Et trois jours plus tard, elle a exulté à la résurrection de Jésus.

Jésus s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent. Le chemin vers la tombe n’est plus possible. Jésus, appelé par Luc « le Seigneur », titre réservé au Christ ressuscité, ordonne au jeune homme : « Lève-toi. », du verbe même qui désigne la résurrection.

Jésus le rendit à sa mère, comme Elie avait rendu à la veuve de Sarepta son jeune enfant.

Jésus est le nouvel Elie, le prophète qui s’est levé parmi nous et par lequel Dieu a visité son peuple.

En lui, Dieu crée un ciel nouveau et une terre nouvelle… une Jérusalem de joie, un peuple d’allégresse…. Où l’on n’entendra plus de cris ni de pleurs.

Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. (Rm 8, 11)

C’est cette victoire que nous ne cessons de célébrer et de recevoir dans chaque eucharistie.

Nous sommes le corps nouveau que la Pâque de Jésus a engendré. La foule qui portait le mort hors de la ville peut faire demi-tour et entrer, avec la foule des vivants qui accompagne le Christ, dans la nouvelle Jérusalem, Temple de la vie.

Homélie du 07 juin 2013 — Sacré Cœur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

SACRE COEUR -

07 Juin 2013

Ez 34,11-16; Rm 5, 5b-11 ; Le 15,3-7

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans un regard illuminé par la foi, l'Eglise nous invite aujourd'hui à regarder un cœur

humain ouvert, blessé par une lance pour y contempler le cœur de Dieu. Passer du regard

d'une réalité humaine à la contemplation du mystère de Dieu. Le cœur humain de Jésus mort

en croix est certainement, comme le disait hier f. Hubert, le cœur humain qui a parfaitement

accompli le commandement de l'amour. Par le don total de lui-même, Jésus a aimé Dieu de

tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force, jusqu'à son dernier

souffle. Et il a aimé ses bourreaux jusqu'à leur pardonner. S'il y a un cœur humain qui a aimé

vraiment, c'est bien le cœur de Jésus. Voilà ce que nos yeux voient et reconnaissent à la

lumière de toute la vie de Jésus.

Mais le regard ne s'arrête pas là. Dans la lumière de la résurrection de Jésus, nos yeux

contemplent sous le signe du cœur transpercé, une autre dimension de l'amour offert. Dans la

vulnérabilité de son cœur, Jésus, le Fils de Dieu, nous dévoile l'immensité de l'amour de Dieu.

Un amour à cœur ouvert. Un amour qui n'est que don. Un amour tout puissant dans sa

vulnérabilité.

Pour exprimer l'amour de Dieu pour son peuple, l'Ecriture a utilisé des images, celle

de l'époux, du père et de la mère de famille, ou encore comme aujourd'hui celle du pasteur.

Un pasteur qui ne se résout pas à perdre une seule de ses brebis et qui se met en quête de celle

qui est égarée ou malade. Il n'a qu'un désir: conduire ses brebis dans les meilleurs pâturages.

Jésus a repris à son compte cette image pour illustrer sa propre mission. Mais sur la croix, il

nous donne à voir jusqu'où va l'engagement du berger pour son peuple. Sur la croix, le berger

se fait agneau immolé, brebis d'abattoir. Sur la croix, il prend la dernière place du condamné

pour sauver tous les condamnés que nous étions. « Il est mort pour les coupables que nous

étions ». «Preuve irréfutable que Dieu nous aime », ajoute Paul. La blessure du cœur ouvert

est la signature définitive du Dieu Amour pour les hommes perdus que nous étions. Il n'y a

pas d'autre signature laissée à nos yeux de chair.

Mais la manifestation de l'Amour de notre Dieu ne s'arrête pas là. Il est une autre

signature de son Amour, c'est« l'amour de Dieu répandu dans nos cœurs, par l'Esprit Saint

qui nous a été donné». L'eau et le sang jailli du cœur ouvert préfiguraient le don de l'Esprit,

Amour de Dieu offert en partage à tous les hommes. L'Amour n'a pas de plus grande joie que

de susciter l'Amour. Dieu en nous donnant son Esprit d'Amour, se donne lui-même et nous

offre de devenir amour à notre tour. Non seulement Dieu sauve les condamnés que nous

étions, mais il veut nous rendre capable d'aimer comme Lui, par son Esprit répandu en nos

cœurs. Don insondable de son Amour pour nous qui savons si mal aimer en vérité. L'Esprit en

nos cœurs nous entrai ne à aimer comme Jésus, de don de nous-mêmes en renoncement, de

renoncement en offrande de nous-mêmes, jusqu'au cœur blessé peut-être par

l'incompréhension ou par l'opposition. Il veut faire de nos vies qui aiment des signatures de

l'Amour de Dieu offert aux hommes.

Dans cette célébration, venons avec confiance à la source de cet Amour, jailli du Cœur

du Christ. Si nous nous sentons faibles, il veut nous fortifier. Si nous sommes si peu capables

d'aimer les plus pauvres et les plus petits, il veut nous apprendre à nous donner. Son Amour

toujours offert à chaque eucharistie, veut nous renouveler, et nous attirer à son cœur. Là nous

puiserons « la joie aux sources vives du salut ». (2013-06-07)

Homélie du 02 juin 2013 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :



Luc 9.11-17 Année C 2 juin 2013

La multiplication des pains

Homélie de Frère Antoire

Texte :

Nous connaissons bien ce passage de la multiplication des pains, qu'a-t-il à voir avec notre

vie, en quoi peut-il nous concerner ?

Le premier verset nous précise Jésus parlait, du règne de Dieu à la foule.

Autrement dit l'Evangile commence par l'évocation d'un grand nombre d'hommes et de femmes qui,

tous convergent vers un but. Et Ce but est une personne.

Ces foules ont une grande valeur de symbole, on les retrouve fréquemment dans la vie de Jésus. Elles signifient toujours un désir une démarche.

Foules qui symbolisent toutes les attentes qui nous habitent.

Foules de Galilée qui nous révèlent un besoin, une quête d'une parole de vie, d'une présence,

d'une réponse à nos questions.

Foules qui révèlent cette faim de valeurs sûres, stables, qui nous sont absolument nécessaires,

dont l'absence pèse sur notre société comme sur celle du temps de Jésus.

Dans ces foules, tantôt une femme s'en détache et apostrophe Jésus, tantôt un homme s'avance,

demande la guérison de son enfant, un autre monte sur un arbre pour tenter de voir le maître.

Foules d'hier et de toujours qui nous rappellent que seule une démarche personnelle peut

permettre au Seigneur de prendre désormais l'initiative dans notre vie.

Jésus les accueillait et les guérissait

Etre accueilli c'est être reconnu.

Etre accueilli par Dieu c'est expérimenter qu'il n'est pas lointain, inaccessible mais qu'il veut

se découvrir à nous comme quelqu'un d'intime à nous-mêmes.

Nous qui formons cette assemblée, nous avons tous besoin de la guérison de nos plaies

secrètes, de nos blessures de l'âme, et l'Eucharistie est un des grands moments de la vie

chrétienne où nous devons demander au Christ de toucher nos plaies et de les guérir.

Jésus leur parlait du règne de Dieu. La parole engage tout l'être ; c'est dans la

parole donnée que le couple se construit, que le profès monastique s'engage devant Dieu et

devant sa communauté, c'est par la médiation de la parole que le mystère du don du corps et du

sang du Christ s'accomplit dans l'Eucharistie pour nous nourrir et nous guérir.

Ils mangèrent et furent tous rassasiés . Symbole du Christ pain de vie et de la

démesure du don et de l'amour de Dieu pour les hommes.

Il n'y avait au départ que cinq pains et deux poissons.

Image de notre bien modeste contribution à la geste de Dieu, mais, de ce peu, le Seigneur peut

faire jaillir une fécondité et une vitalité étonnante.

Il resta douze paniers.

Douze paniers qui continuent depuis deux mille ans à nous nourrir à chaque eucharistie.

Douze paniers qui nous disent avec force:

Comme les foules de Galilée, partez sans cesse à la suite de Celui qui seul peut combler vos attentes, les manques qui vous habitent, qui seul peut vous conduire à la Vraie lumière.

Offrez-lui vos cinq pains, vos deux poissons.

Et donnez-lui ainsi l'initiative de votre vie.

(2013-06-02)

Homélie du 26 mai 2013 — Sainte Trinité — Frère Sébastien
Cycle : Année C
Info :

Fête de la Sainte Trinité 26 mai 2013

Proverbes 8.22–31 / Romains 5.1–5 /: Jean 16.12–15

Homélie de F.Sébastien

Texte :

Aujourd’hui c’est fête, et pas n’importe laquelle, c’est la fête bien personnelle de notre Dieu, le seul Dieu. Et ce qu’il a d’unique, c’est d’être Trois personnes en un seul Amour ! », un festival d’amour !

Tous nous savons que l’amour ne va pas sans secret, mais ici le secret est redoublé car c’est celui d’une intimité insondable, qui de plus n’est pas entre deux personnes, mais entre trois. Et le paradoxe est qu’elles brûlent de nous le révéler.

La fête d’aujourd’hui est pour cela une chance qu’elles ne sauraient manquer, – offerte à la mesure du désir bien personnel de chacune des Trois Personnes divines, mais aussi à la mesure de l’ouverture de nos cœurs. Ouvrons tout grand pour être introduits un peu plus dans mystère de l’intimité divine ! Du coup nous voici provoqués à l’impossible !

Impossible, car on peut, et cela s’explique, entendre en soi une petite voix sceptique, perfide : « Tout cela c’est bien joli, en théorie, mais pratiquement ? » Par quel miracle ?

Eh bien, c’est possible et même offert ! Comment ? Eh bien, par le miracle de la liturgie ! Car la liturgie nous donne des paroles inspirées par notre Dieu lui-même, pour nous faire participer, aujourd’hui même, aux relations des personnes divines, entre elles et avec les hommes. Ces paroles, l’Esprit Saint vient les murmurer en nous, déjà quand nous préparons les textes de notre messe, puis pendant la célébration. Ces textes devenus paroles vivantes nous enfantent à notre insu à la vie trinitaire.

Ainsi la première lecture, prise dans l’Ancien Testament, bien avant l’Incarnation du Fils de Dieu, nous transporte aux origines de la création du monde, avec l’évocation saisissante de la sagesse divine personnifiée : elle parle, et à travers ses paroles nous commençons à entrevoir que le Dieu Unique en son mystère n’est jamais solitaire, mais toujours accompagné.

Je cite : 22 « Le Seigneur Dieu m'a créée, au commencement de son œuvre, avant ses créatures les plus anciennes. 25Avant que les montagnes fussent affermies, avant les collines, j'étais enfantée. 30 J'étais à l'œuvre auprès de lui, me réjouissant chaque jour, et jouant sans cesse en sa présence. »

La seconde lecture nous plonge dans l’univers du péché et du salut accordé moyennant la foi en Jésus-Christ, le Fils du Père, la deuxième personne de la Trinité. Il n’est alors question que de relations, tant en Dieu qu’avec les hommes. C’est par Jésus que nous parvenons à l’espérance dont Paul dit, en une de ces formules dont il a le génie: « L’espérance ne trompe pas, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné. » C’est fait ! C’est donné ! L’Esprit Saint, la troisième personne de la Trinité, est là, en chacun, en chacune de nous, à l’œuvre pour nous diviniser. L’Esprit Saint, un maître en relations d’amour !

Dans l’évangile, c’est Jésus lui-même, la Parole du Père, qui s’adresse à nous. Par exemple en ces deux passages, qu’on pourrait méditer inlassablement.

Je cite :

16 12 « J’ai beaucoup de choses à vous dire encore, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. 13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité [...].14 Il me glorifiera, parce qu'il recevra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. 15 Tout ce qui est au Père est à moi. »

Plus loin : « Voici que l'heure vient où vous me laisserez seul; pourtant je ne suis pas seul, parce que le Père est avec moi. » La collaboration entre les trois personnes divines est constante et totale.

En manière de conclusion, je vous laisse quelques lignes d’une lettre qu’Élisabeth Catez, devenue en 1984, la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, écrivait de son carmel de Dijon à sa jeune sœur sans oublier sa mère, le jour de la fête de la Sainte Trinité 1902 :

« Pour moi il n’est pas de fête semblable... Oui c’est dans ce grand mystère que je te donne rendez-vous. Qu’il soit notre centre, notre demeure. Je te laisse avec cette pensée du P. Vallée qui fera ton oraison... “Que l’Esprit Saint vous emporte au Verbe, que le Verbe vous conduise au Père, et que vous soyez consommés en l’Un, comme c’était vrai du Christ et de nos saints. Je vous embrasse, mes deux chéries”. p.76

Je termine par cette prière :

Père du Fils unique,

tu es vraiment notre Père

et nous sommes tes enfants de lumière.

Fils unique du Père, Jésus,

tu es vraiment notre frère

dès cette terre et pour toujours.

Esprit du Père dans le Fils,

Esprit du Fils dans le Père,

Esprit répandu dans nos cœurs,

tu es vraiment l'amour en nous

et tu palpites entre nous tous

pour nous faire Un.

La fête de la Sainte Trinité, c’est la fête de notre avenir !

Un avenir commencé dès ici-bas !

Homélie du 19 mai 2013 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

PENTECÔTE 19 MAI 2013

Ac 2,1-11; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair », ainsi parlait Paul, frères et sœurs, aux Romains. Nous avons une dette. Spontanément, nous n’aimons pas avoir des dettes. On voudrait rembourser le plus possible pour ne pas dépendre de notre créancier. Dans le mot créancier, il y a le mot croire…Le créancier nous a fait confiance en nous prêtant de l’argent, et nous ne voudrions pas trahir cette confiance. Ce matin, envers qui donc Paul affirme-t-il que nous avons une dette ? Si « ce n’est pas envers la chair », c’est donc envers le Saint Esprit, puisqu’il affirme que nous ne sommes plus sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit…Nous n’avons pas de compte à rendre à la chair, mais à l’Esprit. Que veut nous dire Paul ? Il veut nous aider à prendre conscience que par notre baptême et par notre foi au Christ Ressuscité, nous sommes gratifiés de ce don merveilleux qu’est l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint habite en nous, non comme un dominateur, mais comme un hôte discret. Il vient en nous et nous fait confiance, comme un créancier, en nous offrant ses dons. Don de liberté, quand il nous libère de l’emprise de la chair avec ses tendances égoïstes. Don de vie, quand il nous partage la vie du Christ ressuscité, dès maintenant en attendant de rendre la vie à nos corps mortels à la fin des temps. Don de prière quand il nous entraine à nous tourner vers notre Dieu en l’appelant « Père ». On pourrait continuer la liste des dons du Saint Esprit. La tradition de l’Eglise s’est plue à essayer de les énumérer, en parlant des 7 dons du St Esprit…Mais la liste pourrait être plus longue, à tel point que le mot Don peut être un des noms du Saint Esprit. Il est le Don, celui qui est donné par le Père. Il est le Don en personne. Et il ne cesse de se recevoir et de se donner, dans l’échange d’amour entre le Père et le Fils.

Frères et sœurs, nous balbutions en disant cela. Si nous avons une dette envers l’Esprit Saint, comment allons-nous faire avec ce créancier divin ? Car nous sommes un peu comme cet homme de l’évangile qui devait à son maitre 60 millions de pièces d’argent. Impossible de rembourser, nous n’en sommes pas capables. Mais s’agit-il de rembourser ? Non, l’Esprit Saint ne vient pas en nous pour ensuite exiger quelque chose de nous. Il vient plutôt comme Celui qui nous fait confiance. Heureux sommes-nous quand l’Esprit Saint nous aide à comprendre que notre Dieu nous invite avec beaucoup de respect à entrer dans une autre vision des choses, de nous-mêmes et du monde. Sous l’emprise de la chair, nous sommes dans des rapports de force et de domination. Sous la conduite de l’Esprit qui nous respecte, nous découvrons la joie de l’alliance : Dieu me fait confiance, je peux lui faire confiance. Quand l’Esprit de Dieu me donne, il ne m’oblige pas à redonner ou bien à obtenir tel résultat. Mais il me fait comprendre et saisir de l’intérieur, que la vraie liberté sera de me donner à mon tour. Il ne m’impose rien par ses dons, mais il me laisse découvrir la joie profonde qu’il y a à laisser grandir en moi la paix, la douceur, la lumière, la force…Là où l’emprise de la chair me défigure, le don du Saint Esprit me rend mon vrai visage d’homme : un visage de fils du Père et un visage de frère pour les hommes. Oui, frères et sœurs, si nous avons une dette envers le Saint Esprit, c’est celle de lui faire confiance, de nous laisser faire par lui. N’ayons pas peur, il est infini respect car infini Amour. Entrons dans cette écoute et dans cette disponibilité intérieure avec joie, notre vie chrétienne s’en trouvera fortifiée et illuminée. Comme pour les premiers apôtres, elle s’en trouvera aussi plus heureuse de dire la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité.

En cette Eucharistie, nous venons à la source du don de l’Esprit, dans le mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus. Dans l’Esprit Saint, rendons grâce pour ce don immense qui nous est fait. Dans le cœur des croyants que nous sommes, l’Esprit Saint continue l’œuvre d’amour qu’il a entreprise au début de la prédication apostolique. (2013-05-19)

Homélie du 12 mai 2013 — 7e dim. de Pâques — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

Année C - Pâques - 7ème dimanche

Actes 7, 55-60 ; Apoc 22,12…20 ; Jean 17, 20-26

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Les 3 lectures que nous venons d’entendre nous mettent en présence de 3 témoins : Etienne, le premier martyr du livre des Actes des Apôtre, Jean, le voyant de l’Apocalypse, et Jésus dans le IV° évangile, à l’heure où il passe de ce monde à son Père. 3 témoins qui sont chacun dans une attitude de prière, les yeux levés vers le Ciel, contemplant et reflétant à leur manière la Gloire de Dieu, tout en laissant échapper des paroles fortes, profondes qu’il nous faut aujourd’hui encore recueillir et méditer si nous ne voulons pas perdre la valeur de ces témoignages et si nous sommes appelés à être témoins de l’Evangile à notre tour et à notre place.

Saint Etienne, tout d’abord, l’un des 7 diacres de la première église de Jérusalem. Le récit des Actes nous le présente comme le disciple parfait du Christ. Des signes et des prodiges marquent sa vie, ainsi qu’une prédication irrésistible de la Bonne Nouvelle. Un homme tout entier sous la mouvance de l’Esprit Saint. Mais ce sont surtout les derniers instants de sa vie, ses dernières paroles et sa mort violente qui le conforment plus étroitement à son Maître : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Seigneur, ne leur impute pas ce péché », en écho aux propres paroles du Christ sur la Croix, remettant son souffle à son Père et pardonnant à ses meurtriers.

Etienne se déclare devant ses accusateurs comme le témoin du Fils de l’Homme, qu’il contemple dans les cieux grands ouverts, debout, à la droite de Dieu. Ce Fils de l’Homme renvoie à la vision prophétique de Daniel dans l’Ancien Testament, qui décrit de façon grandiose la venue d’un personnage céleste, s’avançant dans les nuées devant un Ancien, à l’heure du Jugement des rois et des peuples de la terre, dans une perspective apocalyptique. Jésus lui-même, à plusieurs reprises s’identifiera à ce Fils de l’Homme annoncé par Daniel. Mais alors que la vision du prophète se déroule dans un cadre glorieux et victorieux, à la fin des temps, Jésus, lui, opère une synthèse d’oracles de l’A.T. différents, voire opposés. « Le Fils de l’Homme doit souffrir beaucoup, être mis à mort, et, le 3ème jour, ressusciter d’entre les morts ». Ce Fils de l’Homme est alors à rapprocher du Serviteur Souffrant du chapitre 53 du livre d’Isaïe. Deux visages de témoins-serviteurs, correspondant aux 2 étapes du mystère pascal, où Jésus , et Etienne après lui, atteignent, par delà la mort, une vie glorieuse.

Pour Etienne donc, à l’heure de sa mort, la vision du Fils de l’Homme, debout à la droite de Dieu, a pu apporter au martyr une consolation et la promesse d’être introduit, lui aussi, dans la vie glorieuse du Ciel, auprès de son maître. La révélation se fait ainsi réconfort et annonce prophétique.

Dans la seconde lecture, Jean, le voyant-visionnaire de l’Apocalypse achève son livre dans une contemplation des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle où règneront la Justice et la Paix. Il est le témoin pour sa communauté d’une attente, celle de la venue de Celui qui est l’Alpha et l’Omega, le Premier et le Dernier. Jean entend et rapporte la voix du Ciel qui lui dit : « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des églises » Et Jean de répondre : « Moi, je témoigne de la vérité de tout ce qui est écrit dans ce livre. Et celui qui témoigne de tout cela déclare : Oui, je viens sans tarder. Amen ! Viens Seigneur Jésus ! »

Enfin , dans l’évangile, Jésus le 3ème témoin de la liturgie de ce dimanche, lève lui aussi les yeux vers le Ciel pour adresser à son Père sa grande prière pour l’Unité. Jésus, témoin parfait de l’Amour, de la Vérité et de la Gloire de Dieu. Tel, il se présentait, face aux questions de Nicodème au début de l’évangile : « en vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et pourtant vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous si je vous disais les choses du Ciel ? Et cependant, nul n’est monté au Ciel sinon Celui qui est descendu du Ciel : le Fils de l’Homme ! »

Frères et sœurs, en ce temps liturgique qui nous fait aller de l’Ascension à la Pentecôte, l’Eglise invite les croyants à penser au Ciel, à penser au lien qui unit la Terre et le Ciel.

A notre tour, comme Etienne, comme Jean, comme Jésus, nous avons à être des témoins de cette réalité du Ciel, où le Christ est monté pour nous y préparer une place et où il intercède pour nous, assis à la droite de son Père et Notre Père. C’est du Ciel que Jésus répand son Esprit sur chacun de nous et sur l’Eglise. Esprit de vérité qui procède du Père et qui rend témoignage de Lui. A notre tour, nous rendons témoignage, parce que nous sommes avec lui et que nous sommes pris en lui, dans sa prière pour l’Unité.

Penser au Ciel, ce n’est pas pour un chrétien se désintéresser des choses de la terre, se démobiliser pour se réfugier dans des rêves d’arrière-monde, comme l’ont reproché et dénoncé avec justesse des philosophies athées ou comme les anges le disaient aux disciples à l’Ascension : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder le Ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le Ciel. »

Penser au Ciel, tout en restant engagé sur la terre, pour des combats de vérité, de justice et d’amour, c’est donner à ces combats un sens, une espérance et un avenir. Le Ciel alors n’est pas d’abord un lieu cosmique ou astrophysique, le Ciel, c’est Dieu lui-même. Non pas au-dessus de nous, mais en nous au plus intime.

Avec le Christ le Ciel est désormais présent sur la terre et entrer au Ciel, c’est trouver Dieu et vivre par Lui, avec Lui et en Lui.

Alors nous serons cohérents, chaque fois que nous prions la prière qui nous a été enseignée par le Seigneur lui –même : « Notre Père qui es aux cieux… que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ou quand nous allons entonner dans un instant le Sanctus : « Saint, Saint Saint, le Seigneur : le Ciel et la terre sont remplis de ta Gloire. Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna, au plus haut des Cieux ! »

AMEN

(2013-05-12)

Homélie du 09 mai 2013 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

ASCENSION DU SEIGNEUR 9 mai 2013

(Ac 1, 1-11; He 9,24-28 - 10,19-23; Le 24, 46-53)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres, l'évangéliste Luc situe

l'Ascension de Jésus dans la continuité d'un repas. Dernier repas durant lequel Jésus donne

l'ordre de ne pas quitter Jérusalem pour y attendre le don de l'Esprit Saint. Ce dernier repas

qui n'est pas sans rappeler un autre repas que l'on a davantage coutume d’appeler « dernier »,

celui de la Cène avant la passion. Si à la Cène, Jésus nous laisse son testament sous le double

signe de l'eucharistie et du service fraternel, ici avant de monter vers son Père, Jésus laisse

une promesse, la promesse du don de l'Esprit Saint.

Oui, cette fête de l'Ascension est à plus d'un titre, la fête de la promesse. Ce mot

revient dans chacune de nos lectures sous une forme ou sous une autre. A l'heure du départ et

de l'absence de Jésus qui retourne vers son Père, il s'agit pour les disciples - et pour nous-

mêmes - de savoir sur quoi, sur qui nous appuyer. Nous pouvons nous appuyer sur une

promesse. Et quelle est-elle cette promesse?

C'est tout d'abord la promesse entendue de la bouche de Jésus lui-même: « Jean a

baptisé avec de l'eau; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici

quelques jours. » Plusieurs fois dans les évangiles, on nous rapporte cette annonce du don de

l'Esprit faite par Jésus. Jésus ouvre une ère nouvelle, celle d'un renouvellement total des

personnes dans l'Esprit Saint. Là où le baptême de Jean préparait, le baptême dans l'Esprit

accomplit. L'homme n'est plus seulement lavé corporellement, il est renouvelé en son être

intérieur, en son cœur. L'Esprit Saint vient illuminer son regard en le confortant dans la foi en

Jésus mort et ressuscité. Réjouissons-nous ce don qui nous est fait déjà depuis notre baptême,

et qui nous est encore promis. La vie de l'Esprit est notre vie. Nous avons de la chance d'être

croyant!

Promesse encore, quand Jésus parle à deux reprises de ce que Père a promis: «Je vais

envoyer sur vous ce que le Père a promis ». Et où le Père a-t-il parlé? Quand a-t-il promis?

Implicitement, Jésus invite à relire l'Ancien Testament et les annonces prophétiques de ce don

par lequel le peuple d'Israël sera gratifié du don de l'Esprit: «Je mettrai en vous mon esprit

et vous vivrez» dit le Seigneur par le prophète Ezéchiel. « Je répandrai mon esprit sur toute

créature », dit-il par le prophète Joël. La promesse de Dieu n'est pas nouvelle. Elle s'enracine

dans son projet d'amour à l'égard des hommes qui est de toujours. Projet qui a lentement mûri

et pris forme, pour s'accomplir pleinement avec la venue de son Fils dans notre chair. Sachons

de temps en temps relire l'AT pour y reconnaitre ce grand projet de Dieu sur les hommes.

Nous pourrons entrer dans sa vue qui très large.

Promesse enfin, lorsque l'auteur de l'Epitre aux Hébreux affirme: « Continuons sans

fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis». Ici la promesse porte

nos regards plus avant. Elle nous oriente vers « ce sanctuaire du ciel» dans lequel « nous

pouvons entrer grâce au sang de Jésus ». Jésus en montant au ciel « ne s'évade pas de notre

condition humaine», comme nous le chanterons dans la préface. Mais tel un premier de

cordée, lui la Tête du Corps il nous précède, auprès de son Père. Par sa mort offerte par

amour, Il a présenté le vrai sacrifice qui pouvait nous réconcilier avec Dieu, le sacrifice de

l'amour total. Il a détruit le péché et il a ouvert la « voie nouvelle et vivante» qui nous relie,

de manière sûre, désormais à son Père et notre Père. Avec lui, nous pourrons un jour participer

pleinement à la vie divine. Comme nous y invite, l'auteur de l'Epitre aux Hébreux, ne

fléchissons pas dans notre espérance d'être un jour réuni au Christ. Laissons cette espérance

nous apprendre à relativiser nos soucis ou nos préoccupations quotidiennes. Gardons nos yeux

fixés sur le Christ et sur nos frères pour mieux les servir.

Frères et sœurs, en cette eucharistie de l'Ascension fête de la promesse, nous célébrons

la promesse de Dieu, déjà réalisée par le don de l'Esprit et de la vie éternelle, reçu dans le

Corps et le Sang du Christ. Promesse que nous attendons avec foi dans l'attente de la venue

du Christ. (2013-05-09)

Homélie du 28 avril 2013 — 5e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

5e dimanche après Pâques année C 28 avril 2013

Actes 14, 21b-27 Apocalypse 21,1-5 Jean 13, 31-35

Homélie du F.Ghislain Lafont

Texte :

Les trois textes que nous venons d’entendre mentionnent tous les trois la vie éternelle.

Saint Paul dit aux convertis d’Iconium et d’Antioche, qu’il se prépare à quitter : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ». Dans l’évangile, Jésus parle à des disciples de la gloire. Etrangement, juste après que Judas ait quitté la salle du cénacle, il dit : « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, il lui donnera sa propre gloire et la lui donnera bientôt ». La lecture de l’Apocalypse, entendue entre les deux autres, nous décrit ce Royaume de Dieu, cette Gloire qui a été donnée au Christ. Elle nous parle d’une demeure céleste, dont les habitants seront Dieu et les hommes, qui demeureront ensemble. Le texte la décrit d’abord négativement : les larmes seront essuyées, il n’y aura plus de mort ni de pleurs, ni de cris, ni de tristesse, et positivement : Dieu lui-même sera avec eux et la communauté des hommes sera transfigurée comme une jeune fille en habit de mariée.

La rencontre de ces textes peut être l’occasion de penser, nous aussi, au Royaume, à la Gloire, ou, pour prendre un mot plus habituel : au ciel. Dans sa Règle, saint Benoît invite à « désirer la vie éternelle de toute l’intensité de notre concupiscence spirituelle ». Le mot de concupiscence ne s’applique pas en général à la vie éternelle, mais à d’autres désirs, parfois très forts, mais dont les objets ne sont pas toujours très nobles. Saint Benoît l’emploie sans doute exprès pour dire la force du mouvement qui devrait nous pousser vers la vie éternelle.

Pour décrire cette vie éternelle, saint Augustin use de trois mots quelque part de trois mots qui sonnent ben ensemble : videbimus, vacabimus, amabimus. Nous verrons, nous nous reposerons, nous aimerons.

Nous verrons. La vie éternelle, dit saint Jean, c’est de « te connaître, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». En ce moment, nous connaissons, mais comme à travers un voile qui, à la fois, cache et révèle. Dans la vie éternelle, nous connaîtrons comme nous sommes connus : une sorte de transparence respectueuse, un échange admiratif, une familiarité douce avec le grand Mystère de Dieu et des hommes. Voilà la lumière inépuisable qui nous attend.

Nous nous reposerons. La lettre aux Hébreux nous exhorte à la fidélité sur cette terre, afin que nous puissions, dit-elle en citant le ps. 109, « entrer dans le repos de Dieu ». Plus d’agitation, plus d’inquiétude, même plus d’efforts légitimes pour en arriver à nos fins… Mais le calme, la douceur, l’abandon, toutes ces choses que nous aimons lorsque, pour un instant fugitif, elles nous sont données, Dieu nous en montrera la vérité et nous y entrerons.

Nous aimerons : ce repos et cette lumière, cette admiration, nous ne pourrons pas les garder pour nous-mêmes, nous ne serions pas vraiment heureux si d’autres, tous les autres n’en profitaient pas eux aussi, autant que nous et même plus que nous. Un bien reçu ne peut être éprouvé dans sa vérité s’il ne l’est pas par tous. Paradoxalement, on ne peut le posséder vraiment qu’en le partageant avec les autres, en le donnant aussitôt qu’on l’a reçu, en le recevant dès qu’on ne l’a plus. Cet admirable échange n’est pas une nécessité, c’est chez nous un désir profond que nous le vivrons éternellement. Saint Augustin, parlant de sa jeunesse, a cette parole si vraie : « j’aimais aimer ». Nous aussi nous aimons aimer et êtres aimés, dès maintenant nous essayons d’y parvenir : l’effort réussira, sans fin ni mesure.

Tel est le message de la vie éternelle. Mais il y a encore autre chose à méditer : si nous pouvons l’entendre, ce message, c’est que, en nous, la vie éternelle est maintenant présente. Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous, nous dit saint Luc. La connaissance, le repos, l’amour sont des réalités dont nous avons, dont nous pouvons du moins avoir l’expérience. Sur cette terre, la vie éternelle a un nom : c’est la vie intérieure, ce contact que nous pouvons entretenir en profondeur avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Nous pouvons, de temps à autre, et même souvent, nous retirer des faux-semblants qui nous tiennent lieu de savoir, et prendre quelque distance par rapport aux inévitables mais troublantes rumeurs de ce monde. Nous pouvons aussi redécouvrir l’amour au-delà de nos égoïsmes et vérifier à quel point le commandement du Seigneur renouvelé dans l’évangile d’aujourd’hui, est vrai et bienfaisant. Laissons-nous donc toucher par cet appel à rentrer à l’intérieur de nous-mêmes, là où vit en nous le Dieu qui nous crée, le Fils qui est l’un des nôtres et nous a tout donné, l’Esprit qui anime tout en Dieu et dans la création. Laissons, ne fût-ce que pour quelques minutes, dominer en nous la connaissance, le repos, l’amour. Alors, sans paroles mais avec un désir qui croît sans cesse, nous découvrons la vie éternelle.

Homélie du 21 avril 2013 — 4e dim. de Pâques — Frère Vincent
Cycle : Année C
Info :

4ème Dimanche de Pâques année C

21/04/2013

Homélie du F. Vincent Lescanne

Texte :

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se présente aux siens comme le Bon Berger. C’est une image à laquelle on est peut-être moins habitués aujourd'hui, mais au temps de Jésus l’image parlait à ses auditeurs, dans une civilisation où l’élevage avait une place importante. On sait quand même que le rôle du pasteur, du berger est de rassembler son troupeau, de le conduire sur les bons chemins et de lui procurer eau vive et nourriture. Cette image du berger, du pasteur nous la retrouvons tout au long de la Bible. Dans l’Ancien Testament Dieu est souvent appelé le berger de son peuple.

Tout au long de l'histoire du peuple d'Israël, aussi, Dieu fait appel à des bergers : Abraham, Moïse, mais aussi un bon nombre des prophètes. Et nous n'oublions pas que la nuit de Noël, la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur a d'abord été annoncée à des bergers.

Jésus, le « bon berger » connaît chacune de ses brebis, en nous rappelant que dans la Bible, le verbe connaître n'a pas le même sens qu'aujourd'hui. Quand nous disons que nous connaissons quelqu'un cela signifie : « Je vois qui c'est. » Dans la bible, connaître quelqu'un, c'est l'aimer personnellement et entièrement. A la question piège des juifs (que malheureusement l’évangile lu aujourd’hui a sauté), « dis-nous ouvertement si tu es le Messie », Jésus répond donc par l’image messianique qu’il leur a déjà donnée. Ici il ne parle que des brebis qui écoutent sa voix. L’insistance de Jésus est manifestement sur la relation : le berger est le véritable berger lorsqu’il connait ses brebis, qu’il les aime, qu’il les appelle par leur nom ; et les brebis connaissent le vrai berger à sa voix, qui leur dit son amour pour elles. A l’inverse, le mercenaire n’a pas de relation personnelle, il ne travaille que pour le salaire.

Si les brebis reconnaissent leur vrai pasteur à sa voix, c’est non seulement à cause de sa parole, mais aussi à cause des œuvres qu’il fait pour elles, ces œuvres qui leur donnent la vie. Œuvres d’amour pour son Père, dont la plus haute sera le don qu’il fait de sa propre vie, la libre acceptation qu’on la lui prenne pour le salut de ses brebis. D’ailleurs si ses brebis viennent à lui, c’est parce qu’elles pressentent qu’il vient du Père : c’est le Père qui les mène à lui, comme lui les conduit au Père. Quand Jésus se dit le « bon berger », qui donne la vie éternelle, il rappelle que les brebis lui sont données par le Père, et révèle son lien particulier avec celui-ci : le Père et moi nous sommes un, nous dit Jésus ce matin.

Le Christ nous connait personnellement. Il nous aime sans conditions, tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, nos limites et nos péchés. Pour Lui, nous sommes son bien le plus précieux, même celui qui est exclu, même celui dont nous disons à tort qu’il est irrécupérable. Jésus est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus. Il ne cesse de rejoindre les uns et les autres pour les sortir de leur misère, de leur situation de péché.

Quand nous lisons les évangiles nous voyons tout ce que Jésus a fait pour libérer les hommes de ce poids qui les accable. Il ne cesse de les entourer de sa tendresse et de son pardon.

L’évangile nous dit que les brebis écoutent la voix de leur maître. Elles l’écoutent car elles se sentent aimées et protégées par lui. Le Christ, bon berger, n’utilise pas la contrainte, c’est sa voix qui se fait entendre dans l’intimité de notre cœur. C’est son regard plein d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même. Si nous décidons de le suivre, ce n’est pas sous la contrainte mais pour répondre à un amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous.

Accueillons ce matin ce que nous dit Jésus de son amour pour son Père, de son amour pour nous.

21-04-2013