vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 20 avril 2014 — Dimanche de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - Pâques 20-04-2014

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Jérusalem, le matin de Pâques. L’ambiance est lourde. Jésus de Nazareth est mort crucifié il y a deux jours. Pourtant, le dimanche d’avant, le peuple l’avait acclamé comme le roi qui rendrait à la Ville son autonomie, sa splendeur, sa suprématie sur toute autre, elle la Ville de Dieu. Et puis, Jésus n’a pas saisi sa chance sur le moment, et il a suffi de quelques jours pour que le vent tourne complètement, que ses ennemis reprennent la main, que la foule influençable passe de l’enthousiasme à la haine. Et aussitôt Jésus mort, les gens se rendent compte que quelque chose ne va pas, que cette mort est une tragédie…Mais il est trop tard. Il est mort et enseveli. Ce ne sont même pas ses disciples proches qui s’en sont préoccupé : Jésus mort, ceux-ci se sont barricadés dans une pièce afin qu’il ne leur arrive pas le même sort. Deux disciples plus cachés, qui ne se ‘étaient pas ouvertement déclarés pour lui pendant sa vie, l’ont mis dans un tombeau dont ils ont roulé la pierre, et ils sont partis. Des femmes qui voudraient lui rendre les devoirs funèbres que la loi stricte du sabbat a empêché de lui donner, rôdent autour du tombeau…Tout cela est très triste.

Et voici qu’une rumeur commencer à courir. Le tombeau aurait été ouvert on ne sait comment et on n’y a pas trouvé le corps, ce que deux disciples ont été vérifier. Et puis, le Christ serait apparu vivant : à des femmes, à des disciples, à Pierre, aux apôtres enfermés. Et, dans tous les cas, le scénario est le même : Jésus apparaît on ne sait comment et il disparaît de même : en ce sens, il n’appartient plus à notre monde où on n’apparaît pas parce qu’on est là et que tout le monde le voit. Et pourtant, c’est bien lui : il le dit et le répète, il se laisse toucher, il fait reconnaître ses plaies, s’il le faut il mange un peu pour prouver son identité. Il est tout à fait le même et il est tout à fait autre. Allez comprendre !

Alors, Jésus explique : il reprend les Ecritures d’Israël depuis le début, et il montre que depuis le début, entre Dieu et l’homme, c’est une histoire d’amour. Il fait comprendre que la vie et la mort sont les deux aspects de l’amour : aimer = donner sa vie à ceux qu’on aime, pour ceux qu’on aime et donc la perdre ; aimer, recevoir la vie de ceux qu’on aime et donc ne pas la posséder, jamais. Il y faut un long apprentissage, pas mal d’erreurs, pas mal d’échecs, mais l’amour est le plus fort : C’est l’histoire d’Israël, c’est la nôtre. La vie, l’enseignement, la mort de Jésus sont la manifestation parfaite de l’amour, - et les disciples d’Emmaüs, quand ils entendent cela en ont leur coeur tout brûlant, la brûlure de la vérité sur l’amour.

Enfin, Jésus envoie ses disciples : l’enseignement de Jésus les a ressoudés, et ils peuvent aller raconter le Mystère de Pâques et la relation d’amour qu’il instaure entre Dieu et les hommes, entre les hommes entre eux. Pour faire cela, ils ont besoin d’une force d’en-haut, qui ne leur est pas refusée, l’Esprit-Saint qui les harmonise de l’intérieur avec le message qui leur est confié.

Mes frères, nous en sommes là : Eglise de Jésus, nous gardons le témoignage de mort et de la résurrection de l’Homme nouveau, tout à fait le même et tout à fait autre. Nous continuons de méditer l’Ecriture qui nous atteste le sens de ce message, au fur et à mesure que se déroulent nos vies. Nous nous savons envoyés pour en vivre et pour le communiquer. Pour comprendre peu à peu le sens de la mort qui, de tant de manières, habite la vie des hommes et ne pas le séparer de la foi en la résurrection opérant en nous dès ici-bas. Pour en témoigner, avec le plus possible de délicatesse et de fermeté, afin que l’espérance ne défaille pas.

La paix soit avec vous !(2014-04-20)

Homélie du 18 avril 2014 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

VENDREDI SAINT 18.04.2014

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« C’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé »…En écoutant ces paroles du prophète Isaïe, les chrétiens ont spontanément reconnu Jésus dans le serviteur méprisé et défiguré…La souffrance humiliante et la mort horrible que Jésus a vécu s’en trouvent alors illuminées de l’intérieur par le don de lui-même et par l’amour offert. Sur la Croix, Jésus n’a pas subi, il a porté. Il ne s’est pas résigné, il a consenti. Sur la croix, Jésus a fait sienne la parole du psalmiste : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » (Ps 21,2), afin d’épouser jusqu’au bout notre condition humaine abandonnée au non-sens de la mort. Mais il a fait sienne aussi la parole d’un autre psalmiste : « En tes mains, je remets mon esprit », « mes jours sont dans ta main, délivre-moi » (Ps 31, 6, 16) pour ouvrir à notre condition humaine le chemin de la confiance au Père…La souffrance et la mort ont détruit Jésus en sa chair. Mais son amour filial a transformé la fatalité en une voie d’espérance tendue vers son Père. Celui-ci a répondu en faisant surgir Jésus du tombeau…

En ce jour, nous célébrons l’amour du Christ qui, sur la Croix, a jeté définitivement une autre lumière sur nos souffrances et sur notre mort. Nous ne sommes plus seuls à les porter. Jésus les a prises et les a sauvées. C’est pourquoi dans quelques instants, nous prierons avec confiance Dieu notre Père, en élargissant notre regard afin d’y inclure tout être humain. Les plus lointains et les plus proches. Nous n’oublierons pas la famille voisine de la ferme éprouvée par le décès subi de Stéphane à 19 ans. Sur la Croix, Jésus s’est abaissé par amour pour nous. C’est pourquoi, nous allons vénérer la croix, avec humilité et reconnaissance pour le don de son Amour offert. En communiant au Corps du Christ, nous recevrons le fruit de la victoire, la vie du Christ Ressuscité. (2014-04-18)

Homélie du 17 avril 2014 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

JEUDI SAINT 17.04.2014

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Il les aima jusqu’au bout »…Voici, frères et sœurs, comment Jean relit le dernier geste de Jésus lors de son dernier repas…Nous tenons là une clef de compréhension des célébrations pascales qui s’ouvrent ce soir…Jésus achève sa course parmi les hommes. Course glorieuse tout d’abord du prophète adulé par les foules. Course peineuse du maitre de plus en plus contesté par les responsables du peuple. Course finalement avortée dans la fin tragique qui se profile…Qu’est venu faire ce prophète ? Annoncer le Royaume de Dieu ? Faire des miracles ? Révéler un autre visage de Dieu qu’il appelle son Père ?

« Il les aima jusqu’au bout »… Certainement les disciples se sont-ils sentis aimés du Christ auprès duquel ils ont vécu pendant 3 ans. Ils ont reconnu que ce maitre les aimait lorsqu’il parlait, car ces paroles faisaient du bien. Elles remettaient debout, elles redonnaient confiance. Ils ont aussi éprouvé son amour à travers les corrections ou les interpellations qui ont pu les bousculer parfois. En ce soir, au cours de ce repas, Jean perçoit avec plus d’intensité combien Jésus aime des siens en se mettant à leurs pieds pour les laver.

« Il les aima jusqu’au bout ». Le Maitre et le Seigneur s’abaisse pour prendre soin de chacun dans ses besoins corporels les plus élémentaires…Et ce « jusqu’au bout » dérange Pierre qui doit accepter de se laisser faire, sans comprendre…Si, c’est pour avoir une part avec Jésus, il accepte…De même si l’on prend l’autre récit entendu, celui de Paul, les disciples qui ont entendu : Prenez et mangez, ceci est mon corps, ont-ils mieux compris ce que leur disait Jésus ? Cependant manger et partager un moment convivial est plus facile à accepter que de se laisser laver les pieds… L’amour humble qui s’exprime là demande en retour l’humilité de l’accueil. Les disciples vivaient le moment présent de ce repas, mais Jésus vivait déjà l’ultime heure du don de lui-même à son Père, et à ses amis. Par le signe du lavement, par le don du pain et du vin, il annonçait et réalisait en même temps le don total de sa vie offerte sans retenue pour ses amis. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne… »

« Il les aima jusqu’au bout ». Cette parole, comment pouvons-nous l’entendre encore pour nous aujourd’hui…Ne se conjugue-t-elle qu’au passé ? En célébrant ce soir, la sainte Cène, mémorial de l’offrande du Christ, nous savons que le « jusqu’au bout » de l’amour du Christ ne s’arrête pas à la vie terrestre de Jésus. Il embrasse toute l’histoire humaine. L’amour du Christ ne cesse d’accomplir son œuvre pour qu’il atteigne « jusqu’au bout » chacune de nos vies. Il tend à l’accomplissement de toute l’histoire humaine en Dieu…En actualisant ce soir, en rendant présent le geste d’offrande de Jésus en son corps livré et en son sang versé, nous accueillons aujourd’hui le salut et l’Amour du Christ. Par l’Eucharistie, par les sacrements, l’Eglise est devenue la servante de l’Amour du Christ qui n’a de cesse de rejoindre chacun. Jusqu’à ce qu’Il vienne, jusqu’à ce que le Christ ait mis tous ses ennemis sous ses pieds, l’Amour du Christ est à l’œuvre chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie.

Il les aima jusqu’au bout…Pour mesurer tout l’impact de cette affirmation de Jean, il nous faut encore faire un dernier pas dans la compréhension…Quand Jésus invite ses disciples à se laver les pieds les uns aux autres, comme lui-même a fait pour eux, il fait d’eux des coopérateurs de son Amour jusqu’à la fin de temps. Jésus nous fait la joie de savoir à quel point il nous aime en chaque eucharistie. Et dans le même temps, à chaque eucharistie, il nous envoie. Il fait de nous des êtres appelés à aimer jusqu’au bout. Jésus a besoin de notre amour donné et offert humblement là où nous sommes pour que s’étende « jusqu’au bout » l’œuvre d’amour commencée depuis la Galilée, il y a 2000 ans. Le monde attend encore la révélation des fils de Dieu qui s’aiment et se servent comme des frères, humblement et joyeusement à l’image de leur Maitre…

En cette eucharistie, laissons-le Christ nous aimer jusqu’au bout, et laissons-le nous transformer en des coopérateurs actifs de son Amour… (2014-04-17)

Homélie du 13 avril 2014 — Dimanche des Rameaux — Frère Guillaume
Cycle : Année A
Info :

Année A - HOMELIE du dimanche des Rameaux et de la Passion -13/04/2014

(Matth. 21,1-11 ; Isaïe 50,4-7 ; Phil. 2,6-11 ; Matthieu 26,14 à 27,66)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Ce dimanche des Rameaux et de la Passion est le seul dimanche de l’Année Liturgique où l’Eglise nous propose d’écouter 2 évangiles. Le premier, au début de la célébration, à l’extérieur, joyeux et lumineux, après la bénédiction des rameaux. Il ouvre la procession qui nous a conduits à l’intérieur de l’église. Et là nous avons écouté le second évangile, long et douloureux, celui de la Passion et de la mort de Jésus en Croix.

Pourquoi 2 évangiles à priori si différents dans leurs tonalités ? Leur rapprochement peut-il faire signe pour nous ? Quel sens donner à cette juxtaposition qui est donc une exception liturgique ?

En fait l’un et l’autre de ces textes orientent, au seuil de la Grande Semaine Sainte qui culminera dimanche prochain à Pâques, vers le mystère profond de l’identité du Christ et de sa mission.

Saint Matthieu emprunte le vocabulaire royal pour exprimer cette identité paradoxale. Jésus est bien le roi de paix, annoncé par le prophète Zacharie, monté sur un petit âne, selon le rite en usage depuis le roi David. Jésus est acclamé par la foule, comme le Messie-Roi, fils de

David. Il n’entre pas à Jérusalem, monté sur un cheval, à la tête d’une armée, comme le ferait un puissant de la terre. Il est le Roi doux et humble de cœur, qui vient à la rencontre de son peuple qui l’acclame dans la joie avec des palmes, des rameaux .

Le renversement d’attitude de cette foule de Jérusalem n’en est que plus impressionnant dans l’évangile de la Passion, où nous l’entendons crier à l’adresse de ce même Jésus : « Salut, roi des juifs ! ». Jésus est devenu le roi humilié, tourné en dérision, bafoué, insulté, maltraité et finalement crucifié et mis à mort. Pilate l’interroge : « es-tu bien le roi des juifs ? » et l’écriteau de la Croix, désignant le motif de sa condamnation porte l’intitulé : « celui-ci est le roi des juifs », écrit en hébreu, grec et latin nous précise l’évangile de Jean. Les soldats romains, eux, ricanent. Les chefs des prêtres se moquent de lui, avec les scribes et les anciens : « il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même. C’est le Roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la Croix, et nous croirons en lui ! »

Frères et sœurs, ce qu’il nous est donné de comprendre dans ce renversement de la foule et de son attitude envers Jésus entre les 2 évangiles renvoie en fait au cœur le plus profond du mystère de la foi, de notre foi.

Mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, souligné et chanté dans l’hymne aux Philippiens de la seconde lecture. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, révèle la grandeur de sa Royauté en portant avec le bois de la Croix tout le péché du monde, tous les péchés des hommes, nos péchés. Ces textes, si nous les écoutons bien nous font entrer alors dans le mystère de l’amour du Christ, dont la puissance se révèle dans la faiblesse : faiblesse d’un petit âne oui, mais aussi faiblesse d’une mort infâme.

Ce dimanche des Rameaux et de la Passion peut et doit nous interpeller. Que sommes-nous venus célébrer en apportant ces petites branches de bois de buis pour les faire bénir et pour les rapporter dans nos maisons ? Sommes-nous prêts à les associer au bois lourd de la Croix porté par Jésus, mais aussi par Simon de Cyrène ?

Vous êtes invités à accrocher ces rameaux aux crucifix, aux icônes de vos maisons, mais plus profondément la liturgie de ce jour nous invite à nous accrocher au Dieu véritable qui se révèle comme l’Arbre de Vie dont les branches rejoignent le Ciel. Ce rîte des Rameaux, encore très populaire dans nos pays de tradition chrétienne, mais tellement sécularisés par ailleurs aujourd’hui, peut garder tout son sens si nous le dépouillons de toute superstition et si nous ne le séparons pas de l’annonce de la Passion et de la Résurrection du Christ.

Si nous comptons simplement sur une petite branche pour soutenir notre existence, nous serons forcèment, un jour ou l’autre déçus par ce Dieu de superstition. Car il y a bien des chances que vienne un jour où ce branchage trop fragile risque de plier et de rompre.

Mais si nous choisissons de nous approcher du Dieu véritable, qui se révèle comme Arbre de Vie, transformant le bois inerte de la Croix en Arbre éternel dont les branches rejoignent le Ciel, alors le mystère de la Passion de Jésus pourra vraiment éclairer et transformer nos vies. Ce mystère nous rejoint dans nos propres souffrances, et nous cesserons de soupçonner ou d’accuser Dieu de nous les envoyer, pour l’accueillir comme notre Espérance qui vient nous en délivrer éternellement

Nous comprendrons alors que Dieu est devenu souffrance et mort afin que nous participions à son bonheur et à sa Vie. Nous avons place dès maintenant , auprès de lui dans son Royaume, qui est tout autant celui de son Fils, et nous pouvons prier avec confiance : « Notre Père qui es aux Cieux, Que ton Règne vienne ! » AMEN (2014-04-13)

Homélie du 06 avril 2014 — 5e dim. du Carême — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - Homélie du 5°dimanche de Carême – 6/04/2014

Ez 37 12-14 ; Rom 8 8-11 ; Jn 11 1-45 - Résurrection de Lazare

Homélie du F.Damase

Texte :

Dimanche dernier nous avions l’évangile de la guérison de l’aveugle-né, la personne importante n’était pas aveugle, bien que ce soit une calamité d’être handicapé par cette infirmité. L’important était la personne du guérisseur – le CHRIST.

Il en va de même aujourd’hui, la personne essentielle n’est pas Lazare, mais Jésus. Qui est-il ? Que dit-il de Lui à travers ce miracle ? Que cherche-t-il à nous faire comprendre de sa personne et de l’œuvre qu’il doit accomplir au nom du Père qui l’envoie ?

Le Christ a préparé longuement et progressivement ses apôtres à découvrir sa personne et à croire en lui. Tout son itinéraire n’a pas d’autre objectif que de faire découvrir à ses disciples son message qui est de les faire entrer dans la VIE en PLENITUDE.

Mais ce miracle est le 7° miracle rapporté par Jean. Il est comme les quatre premiers qui sont Cana (2 1-12), la guérison du fils du fonctionnaire (4 46-54), la multiplication des pains (6 1-15), la marche sur les eaux (6 16-21) ils disent le don et la présence de celui dont la transcendance éclate aux yeux des croyants ; les trois autres : les guérisons de l’infirme de Bézatha (5 1-18) et de l’aveugle-né (9 1-41), la résurrection de Lazare (11 1-45) sont une affirmation du pouvoir de Jésus de donner dès maintenant la vie.

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Prenons deux miracles qui précédent la lecture de ce jour, un dans chaque série.

Tout d’abord, (Jn 4, 46-54) à Cana, Jésus est abordé par un fonctionnaire royal dont le fils était malade à Capharnaüm ; Jésus, sans se déplacer, dit à cet homme « Va, ton fils vit ». L’homme crut à la parole que Jésus avait dite, et il se mit en route pour rentrer chez lui… Cet homme a cru en la puissance de la Parole de Jésus … Parole de Vie qui transcende la distance, mais surtout qui fait ce qu’elle dit, comme la Parole du créateur au début de ce monde. « Il dit et cela fut ».

Ensuite - (Jn 5 1-18) – peu après à la piscine de Bézatha, Jésus rencontre un infirme ; Jésus l’interroge : veux-tu guérir ? – A sa réponse, Jésus lui dit : Prends ton brancard et marche – Or c’était un jour de Sabbat que Jésus avait ordonné à l’homme de prendre son brancard… or le jour du sabbat il est interdit de travailler selon l’avis des Pharisiens …Mais Jésus fait cette réflexion « Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent, et j’œuvre moi aussi »(17) … Les Juifs comprennent très bien que Jésus met à égalité d’importance son œuvre et celle du Père et appelle Dieu son Père. Par conséquent Jésus se fait l’égal du Père… cela leur est insupportable..

Le jour du sabbat, il est interdit de travailler ; car Dieu a travaillé six jours lors de la création du monde et le 7°, il s’est reposé – mais dans le mot travail, il y a trois sens : le travail ordinaire pour transformer le monde, ensuite le travail de mutation sur soi qu’opère le combat de la vie, spécialement le combat spirituel – on pourrait dire la « maturité ou la sagesse » - , enfin le travail au sens du travail créateur de Dieu. (cf TOB Jn 5,17, note o)

Enfin, dans ce miracle de la résurrection de Lazare, Jésus précise : « N’y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu’un marche le jour, il ne bute pas parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais s’il marche la nuit, il bute parce que la lumière n’est pas en lui ! (11 9) ». ie Jésus doit poursuivre la réalisation de sa mission jusqu’au terme fixé par le Père, jusqu’à l’heure de la nuit ! (TOB Jn 11,9 note z)

Qui peut dire valablement

Je suis la Lumière ?

- qui peut dire : « Je SUIS la lumière » - Moi, c’est moi – La lumière est autre chose

Je suis la Vérité ?

- qui peut dire Je SUIS la Vérité – Moi, c’est moi – la Vérité est toujours à chercher

Je suis la Vie ?

- qui peut dire Je SUIS la Vie – Moi, c’est moi – la Vie est un don à recevoir d’un autre !

Qui peut dire je SUIS la lumière, la vérité, la vie, sinon le créateur

Jésus se positionne donc comme l’égal du Père, comme son Fils, comme l’Envoyé pour donner la VIE, la LUMIERE, la VERITE !

Cela les juifs l’ont bien compris ! Certains adhèrent par la foi de se mettre sous la mouvance du Père et de croire en l’œuvre de Jésus, d’autres refusent et veulent mettre Jésus à mort !

Jésus est le Maître de la VIE selon la mission que lui a donné le Père, il chasse les ténèbres de la mort ; il est le Fils de Dieu qui nous conduit au Royaume du Père.

(2014-04-06)

Homélie du 30 mars 2014 — 4e dim. du Carême — Frère Denis
Cycle : Année A
Info :

Année A - 4ème dimanche de carême, 30 mars 1014 -

L'aveugle-né

Homélie du Père Denis

Texte :

Nous le savons, notre Eglise fait un effort soutenu d'évangélisation. A

ceux qui ne connaissent pas encore la Bonne Nouvelle, l'Eglise veut

mieux annoncer qui est le Christ, ce qu'il donne, ce qu'il demande.

Qui donc est-il ?

Nous vivons donc une forte et belle époque ne disons pas de

catéchisme, disons de catéchèse où tous les chrétiens, et nous les

premiers, doivent être et veulent demeurer des disciples, c'est-à-dire

ceux qui apprennent. Cela se fait dans nos messes dominicales, et cela

se fait de plus en plus dans des groupes, stables ou occasionnels,

accueillant des non chrétiens, lisant avec eux la Bible, ce qu'on

appelle l'Ecriture Sainte. Plus audacieux encore, dans plusieurs

grandes villes deux ou trois chrétiens abordent les passants et ouvrent

conversation sur Jésus, le Grand Inconnu souvent.

Catéchèse. Un évêque, mort il y a peu, celui de Milan, a laissé le

souvenir de cette évangélisation vivante, méthodique aussi, à partir

des quatre évangiles. Il proposait de les lire: d'abord celui de Marc

qui présente d'emblée le Christ inaugurant son ministère; ensuite

celui de Matthieu qui nous introduit à l'Eglise s'organisant en corps

du Christ; puis celui de Luc pour découvrir la mission universelle du

christianisme ; enfin celui de Jean où tous et chacun sont appelés à

vivre la religion comme une intimité avec Dieu, une stabilité dans

l'amour.

Ainsi, ce dimanche, c'est de l'évangile selon saint Jean que nous

venons d'entendre une longue page, qui, justement nous révèle ce

qu'est cette intimité avec Dieu : un amour lumineux, manifesté dans le

Christ se disant être la lumière du monde. Etre chrétien, c'est devenir

lumière, clarté, dans nos paroles, nos actes, nos désirs. C'est même, à

notre insu, devenir éclairants pour qui nous regarde vivre. Jean nous

raconte ce que fit Jésus le jour où il a rencontré un passant, un homme

déjà âgé et totalement aveugle, de naissance. Il s'est approché du

visage de l'aveugle, pose sur ses yeux ses propres doigts humides de

terre mêlées de salive, puis envoie l 'homme se laver dans une piscine

proche, en pleine ville. L'aveugle se lave les yeux et tout de suite voit

clair. Jésus avait prévenu ses disciples, je suis la lumière du monde,

celle qui fait voir. Lumière de Dieu ! Consistance des choses, certes,

et signification lentement évidente du secret des choses: bien

regardées, elles nous nous préparent aux choses qui ne passent pas.

Leçon suprême : il ne s'agit pas seulement pour l 'homme de savoir

lire mais d'entendre un appel infini.

Que faire pour entendre cet appel et y répondre? Se mettre en

route et patiemment, progresser de jour en jour. Le plus simple, si l'on

a un missel, serait de relire ce long récit de l'aveugle né. Le relire en

silence, seul, ou en famille, ou en groupes, avec d'autres croyants,

avec des incroyants, allant, nous tous, de lumière en lumière. Lire

aussi ce que saint Paul, écrivant aux chrétiens d'Ephèse, dit au pluriel

pour préciser notre vocation commune qui est de vivre en enfants de

lumière nos relations, nos désirs de toutes sortes, car, dit-il,

maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Et le fruit de la

lumière est tout ce qui est bonté, justice et vérité. Devenir lumineux,

moins compliqués, ne faisant pas des drames avec des rien, vraiment

chrétiens, n'aimant plus les ténèbres de nos mauvaises timidités et de

nos fautes.

Ainsi allons-nous vers Pâques. Moins de trois semaines et

c'est Pâques. Dans la nuit totale du parvis commence la vigile et voici

subitement la lumière passant de main en main à partir du grand cierge

allumé par le prêtre. Et heureux d'être là tous ensemble, nous

chanterons, nous répéterons LUMIERE DU CHRIST! LUMIERE

DU CHRIST !

Le Christ est la lumière du monde. Vivons en enfants de lumière.

(2014-03-30)

Homélie du 23 mars 2014 — 3e dim. du Carême — Frère Jean-Noël
Cycle : Année A
Info :

Année A – 3° Dimanche de Carême – 23 mars 2014

Ex 17 3-7 ; Rom 5 1-8 ; Jn 4 5-42

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

Avions-nous bien noté au début de ce Carême, ce que la liturgie nous faisait demander ?

- Le courage de jeûner à mort ?

- Ou seulement de savoir discerner de combien diminuer, sans que cela fasse trop mal, notre ration quotidienne de sucre, de café, de télé ou d’internet ?

Rien de tout cela ! Seulement : « Accorde nous de progresser dans la connaissance de Jésus, notre sauveur et de nous ouvrir à sa lumière »

Progresser, nous ouvrir » Mais attention ! Déjà à Noël, vous vous souvenez la liturgie, les Écritures, nous avaient rappelé que cela ne se fait pas seulement avec de bonnes intentions, des idées, Non. Jésus paraît, on se bouge !!

- Comme Marie dans les collines de Judée

- Comme les bergers, de nuit !

- Comme les Mages, de si loin !

- Comme Zacharie, Siméon et Anne, au bout d’un long désir, toute une vie

- Comme les premiers disciples au bord du la, sans trainer les pieds.

- On se bouge et la parole se libère pour clamer à tous vents les merveilles de Dieu : « Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël. Mon âme exalte le Seigneur. Maintenant, je peux mourir : j’ai vu »

Se bouger et faire bouger autour !!

Sortir et témoigner de Jésus-Christ , dit la pape François

A mi-course du Carême, on ne va pas changer de cap. Se bouger encore. Justement comme cette femme dont Jean nous dit le chemin, la belle progression. Un vrai cas d’école. Parait.

Cette samaritaine, à la différence des bergers ne veillait pas – je ne vous dirai pas à quoi elle passait ses nuits !! -

À la différence de Siméon, Anne, elle n’attendait rien.

Elle venait de beaucoup plus loin encore que les Mages. Trois fois plus loin : Étrangère, hérétique, femme !! De vraiment loin !!

Mais « Nul n’est trop loin pour Dieu » comme le chante une de nos hymnes de Carême, en écho d’ailleurs avec les Psaumes, les Écritures. Et notre Samaritaine l’apprend. Et c’est la belle progression que nous venons d’entendre :

- Au puits, elle ne reconnait d’abord qu’un juif. Et un juif, ça ne vaut pas cher dan le cœur des Samaritains. Et c’est bien réciproque !!

- Ensuite c’st « serais-tu plus grand que notre père Jacob ? »

- Puis, « je le vois, tu es un prophète »

- Et, prudente, car ça devient risqué : « Ne serais-tu pas le Messie ? »

- Enfin, en chœur avec tout un peuple, la ville évangélisée par elle et qui se bouge : « C’est vraiment lui le sauveur du monde ! »

Belle progression, reconnaissance progressive, oui bien sûr !

Mais à quoi servirait-il de dire « c’est le sauveur, c’est le sauveur ! » sans engagement ?

Et là notre samaritaine s’engage, se risque, se bouge. Certes, difficilement, en se débattant – et c’est encourageant pour nous.

Elle se montre coriace, fine mouche aussi, mais tellement vivante.

Elle passe par toutes les couleurs, luttant pied à pied jusqu’au bout

- D’abord le quasi refus – méprisant – à ce juif

- Puis femme pratique : un essai de récupération : ne plus avoir à faire cette corvée d’eau

- Déstabilisée par l’allusion trop claire à sa vie privée ( pas touch’). C’est la parade : la grosse question alibi (là on se reconnait) : « dis, explique moi : nos pères ont dit que .. »

- Avant finalement de céder, les yeux grands ouverts et le cœur, et de partir « en grande hâte » courir la ville « Venez voir » avec un enthousiasme tel, que toute la ville se bouge : « C’est vraiment lui le Sauveur du monde » !!

Bien, mais nous aujourd’hui ?

Peut-être réentendre quelques paroles fortes de Madeleine Delbrel . Elle sait de quoi elle parle. Elle sait ce que c’est de se laisser bousculer par le Christ Sauveur, elle qui était si loin aussi. Athée notoire. A 20 ans, éblouie par le Christ (C’est le mot qu’elle emploie), sa vie bascule.

Le puits, la source, elle en sait le chemin.

Écoutez-la. Dans « Nous autres gens des rues »

« Si nos solitudes sont mauvaises adductrices de la parole, c’est que notre cœur est absent. C’est parce que notre cœur est dépourvu d’attention que les puits de solitude dont sont parsemées nos journées nous refusent l’eau vive dont ils débordent ».

Oui, si nous savions le Don de Dieu !!

Pourquoi d’ici la Vigile pascale, ne pas laisser ce soupir de Jésus, son souffle, nous travailler, nous pousser au chemin des sources, pour enfin, la Sainte Nuit, confesser ensemble – et pas que des lèvres : « C’est vraiment lui, le Sauveur du monde ».

Et déjà, prier avec Didier Rimaud - une de ses hymnes :

Jésus, qui m’a brûlé le cœur

Au carrefour – au puits – des Écritures

Ne permets pas que leur blessure

En moi se ferme…

Tourne mes sens à l’intérieur ( cf l’attention dont parle M. Delbrel ;

ou encore « aux périphéries » dirait le Pape François)

Force mes pas à l’aventure

Pour que le feu de ton bonheur

A d’autres prennent

Trop des miens sont sans nouvelles !! (2014-03-23)

Homélie du 19 mars 2014 — Saint Joseph — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

2 S 7, 4-5a.12-14a.16 ; Rm 4, 13.16-18.22 ; Mt 1, 16.18-21.24a

Texte :

Frères et sœurs,

A la lumière de cet évangile, on pourrait dire que St Joseph est « l’homme des projets contrariés ». Il avait fait ce projet d’épouser Marie. Elle lui avait été accordée en mariage et voilà qu’elle est enceinte avant qu’ils aient habité ensemble. Devant ce constat, « il forme un nouveau projet », nous dit l’évangile : celui de répudier Marie, mais en secret, peut-être parce qu’il avait perçu que quelque chose de plus grand était en jeu. Il désire donc couper avec Marie. Mais voilà que ce nouveau projet est contrarié par un songe au cours duquel il comprend qu’il lui faut entrer dans un autre projet : celui de Dieu. « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Dans ce projet divin, il a sa part : celle de donner le nom de Jésus, « le Seigneur sauve », à l’enfant qui naitra. Dès lors, sa responsabilité est engagée : il prendra en charge la vie de l’enfant et de sa mère. La suite de l’évangile de Matthieu racontera comment encore à deux reprises, les projets, que Joseph auraient pu légitimement faire sur la vie de famille, vont être bousculés par la nécessité de fuir en Egypte.

La vie de Joseph nous donne à voir la manière avec laquelle Dieu intègre nos projets humains pour les associer au sien. Dieu s’invite dans l’histoire d’amour entre Joseph et Marie. Joseph qui ne comprend pas pense qu’il lui faut rompre cette relation avec Marie. Pour lui, c’est tout ou rien. Mais il va apprendre à vivre son projet initial d’une autre manière, à la manière de Dieu. En accueillant et en accompagnant l’irruption d’une vie qui vient d’ailleurs. Il va permettre à Jésus, le Fils du Très Haut, de prendre toute sa stature humaine en lui offrant le soutien de sa paternité. Les projets de Joseph ont été contrariés pour entrer dans le grand projet de Dieu, « projets de son cœur qui subsistent d’âge en âge », nous assure le psalmiste (Ps 32, 11).

La sainteté de Joseph est toute entière là, dans cette totale docilité au projet de Dieu. Il n’a rien fait d’extraordinaire. Il s’est laissé conduire par les évènements, par cette compréhension intérieure de la Parole de Dieu qui venait contrarier ses projets…

S’il en est ainsi, on comprend que, chemin faisant au cours de l’histoire, la figure de Joseph soit devenue une figure de sainteté de plus en plus vénérée dans l’Eglise. Car finalement Joseph se révèle être très proche et très accessible pour chacun des chrétiens. Joseph se présente à nous comme l’homme qui accepte d’ajuster ses projets et qui consent à les voir contrariés pour être encore plus fidèle à Dieu. N’est-il pas une belle lumière pour nous aujourd’hui encore ? Combien de fois, nos projets sont contrariés par les évènements, par la réalité, et pour nous dans la vie monastique par les exigences de la vie commune ?

Comment vivons-nous ces contrariétés ? En râlant, en nous rebellant ou bien en cherchant à comprendre ce que Dieu peut bien vouloir me dire dans tous ces évènements contrariants ? Demandons par l’intercession de St Joseph, cette grâce de d’ouverture à l’œuvre de l’Esprit, grâce de patience quand l’énervement surgit, grâce d’intelligence du plan de Dieu sur nos vies, plan qui demeure pour toujours. (2014-03-19)

Homélie du 05 mars 2014 — Mercredi des Cendres — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - Mercredi des Cendres - 05.03.2014

Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Déchirez vos cœurs, et non pas vos vêtements » venons-nous d’entendre dans la bouche du prophète Joël. « Déchirez vos cœurs », étrange expression qui laisse entendre que nos cœurs peuvent se couvrir et s’envelopper, comme on se couvre d’un vêtement pour se protéger du froid ou d’une agression… « Déchirez vos cœurs, et revenez au Seigneur, car il est tendre et miséricordieux… » poursuit le prophète. Déchirez le cœur pour revenir au Seigneur qui est tendre et miséricordieux. Le prophète veut-il dire que le cœur du peuple a perdu sa capacité à reconnaitre la tendresse et la miséricorde de son Dieu ? Son cœur est aveuglé. Les protections dans lesquels il s’est réfugié lui ont enlevé toute sensibilité, et peut-être toute capacité de relation vraie avec le Seigneur… S’il veut retrouver l’amitié du Seigneur qui est tendre et miséricordieux, il lui faut déchirer son cœur de toutes ses protections ou de ses vêtements sous lesquels il se blottit….

« Déchirez vos cœurs » : n’est-ce pas le message que nous pouvons entendre, nous-aussi au début de ce carême ? Les autres lectures nous engagent dans le même sens à consentir à revenir vers le Seigneur à cœur ouvert. St Paul exhorte les Corinthiens à se laisser réconcilier avec Dieu. En ôtant le vêtement de la peur, ou celui du repli sur soi, avec confiance, il s’agit d’accueillir l’œuvre de salut que le Seigneur veut opérer aujourd’hui…Et dans l’évangile, Jésus nous entraine à vivre dans la vérité et l’authenticité notre démarche de conversion. En ôtant le vêtement du désir de paraître ou celui de briller aux yeux des autres, Jésus appelle ses disciples à retrouver le lieu caché et authentique de la rencontre vraie avec le Père qui est là dans le secret.

« Déchirer nos cœurs », enlever nos protections, laisser tomber nos défenses et nos apparences, pour nous ouvrir encore davantage à l’amour de notre Père des Cieux, par la prière, le jeûne, et par la charité fraternelle. Déchirez notre cœur afin qu’il devienne plus sensible à l’œuvre de l’Esprit Saint, moins sourd à ces appels comme à ceux de nos frères.

Durant ces quarante jours, nous allons apprendre cela. Ensemble, nous allons marcher vers Pâques en entrant un peu plus dans le grand mouvement d’amour du Christ, qui va le conduire sur la croix à n’être plus qu’un cœur ouvert. Cœur ouvert par notre péché, mais cœur ouvert par amour pour nous. De la déchirure du cœur pécheur à la blessure du cœur par amour de Dieu et des hommes, voilà le chemin que Jésus veut nous enseigner sur la route de Pâques. (2014-03-05)

Homélie du 02 mars 2014 — 8e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

Année A - 8e Dimanche du Temps Ordinaire -

Isaïe 49,14-15; 1 Co 4,1-5; Matthieu : 6,24-34

Homélie du F.Matthieu

Texte :

« Ne vous faites pas de souci...pourquoi tant de souci... » On trouve 6 fois dans notre évangile ce mot « souci... / se soucier... », en fait toujours le même verbe. Ne vous faites pas de souci pour votre nourriture, ni pour votre vêtement, … et surtout pas pour votre argent, le mauvais maître !

Avouons que ces paroles de Jésus nous déconcertent. Sérieusement, comment ne pas avoir le souci du lendemain ?… Et plus encore que nous peut-être, comment des gens jetés à la rue pourraient-ils ne pas s'inquiéter du lieu où ils passeront la nuit ? Combien d’hommes et de femmes ont faim et s’inquiètent de trouver la nourriture de leurs enfants ? A juste titre, non ?

Compter sur Dieu ? Facile à dire… impossible à faire ?

Et puis, n’avons-nous pas appris que Dieu a mis le monde entre nos mains et que c'est nous qui avons la charge de laisser passer à travers nous, par nos pensées, nos actions, son amour pour les autres. Et voilà bien un souci de plus !

Ne pas se faire de souci, cela ne veut pas dire, évidemment, ne rien faire pour se procurer le nécessaire, ne pas travailler. Ce qui est sans doute visé, c’est l'inquiétude, la préoccupation pour l'avenir qui en vient à occuper tout notre esprit. Ce sont ces « réserves dans les greniers », que les oiseaux ne font pas et qui empêchent souvent les humains de reconnaître le don de la vie que Dieu leur fait chaque jour. Mais enfin ce n’est pas simple !

Alors ? Alors est-ce que l’évangile ne voudrait pas surtout nous faire changer de regard ? Ce n’est pas de nous que Jésus veut que nous nous soucions, mais bien plutôt de Dieu. Mais qui est-il donc ce Dieu en qui nous croyons, « notre » Dieu ? Est-ce bien le Dieu de l’évangile, le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus ? Ou seulement encore, une idole faite à notre mesure ?

La 1ère lecture que nous avons entendue, tirée du prophète Isaïe, peut déjà nous mettre sur le chemin de la réponse.

Au début du passage, là aussi, s'exprime le « souci » des hommes, leur inquiétude : « le Seigneur m'a abandonnée, le Seigneur m'a oubliée... » Ecoutons la réponse de Dieu, du Dieu d’Israël à son peuple : « Est-ce qu'une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi je ne t'oublierai pas. »

Ainsi se révèle pour nous un visage bien inattendu de Dieu : le Dieu d’Isaïe apparaît comme une tendre mère : pas plus qu'une mère, ce Dieu-là ne peut « oublier son petit enfant », et cesser de « chérir le fils de ses entrailles ». C'est ainsi qu'il nous voit !... Mais, nous, le voyons nous ainsi ?

Et le Psaume que nous avons chanté tout à l’heure ne nous montre-t-il pas un Dieu sur lequel on peut compter « en tous temps ». Jésus nous affirme qu'aucun d'entre nous « à force de souci ne peut prolonger tant soit peu son existence », mais le psalmiste disait déjà :

« Dieu est pour nous un refuge ».

Et chacun peut dire, à sa suite, en reconnaissance de ce qu’est Dieu en vérité :

« Lui seul est mon rocher, mon salut,

« ma citadelle, je suis inébranlable... ».

Et nous voilà renvoyé encore à cette question : Qui est-il vraiment ton Dieu, ton Dieu, à toi ? Est-ce bien le Dieu du Prophète, le Dieu du Psalmiste ?

Acceptons de nous convertir, de résolument changer notre regard sur Dieu ; dans cette lumière qui nous invite à renoncer à nos idoles pour nous convertir au Dieu vivant, révélé, Jésus peut nous dire : « Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela (nourriture, boisson, vêtement) vous sera donné par-dessus le marché. » Dans ce monde changeant, incertain, quelquefois bien angoissant, nous avons un point fixe, un allié solide, Dieu, notre mère, notre refuge, pourvu que nous croyons bien au Dieu de Jésus !

Dans la 2ème lecture, Paul témoigne lui aussi qu’il ne se fait pas de souci. Il ne parle pas de la nourriture ni du vêtement, mais du « jugement » que les autres portent sur lui, de sa réputation. Apparemment, c'est très différent, et pourtant... Paul s'appuie lui aussi sur Dieu seul, même pour se juger lui-même ; il connaît le vrai visage de son Dieu, c'est lui qui « fera paraître les intentions secrètes », la vérité de chacun. Paul veut seulement « mériter confiance » : c'est cela pour lui « chercher le Royaume. », le Royaume de ce Dieu-là, celui de ses Pères, celui de Jésus, celui qui est le « juste juge ».

Alors notre seul souci, s’il doit y en avoir un, ne devrait-il pas être de renoncer à nos idoles, de convertir notre regard au Dieu vivant et vrai, celui révélé à Isaïe, au Psalmiste, à Paul, manifesté en Jésus pour notre salut et notre bonheur !

Appuyés sur un tel Roc, portés par une telle mère, justifiés par un tel père, nous pourrons alors être « sans soucis » en ce monde !

(2014-03-02)